Lefootball féminin, ousoccer féminin, raccourci utilisé pour désigner le football lorsqu'il est pratiqué par les femmes, suit les mêmes règles que celui pratiqué par les hommes. Il connaît un âge d'or au début des années 1920, jusqu'au bannissement des femmes des terrains par la fédération anglaise de football, interdiction qui a duré de 1921 à 1971. En France, l'interdiction faite aux femmes de pratiquer le football a été instaurée sous lerégime de Vichy. Le football féminin gagne en popularité et connaît un essor considérable de sa pratique à partir des années 2010, grâce notamment au soutien de la FIFA et des associations membres.
LeBritish Ladies' Football Club (The North team), en 1895. Debout : Lily Lynn, Nettie Honeyball, Williams, Edwards et Ide. Assises : Compton, F. B. Fenn, Nellie Gilbert, P. Smith, Rosa Thiere et Biggs.
Les femmes jouent au football depuis la fin duXIXe siècle enAngleterre et enÉcosse[1]. Le, une rencontre qualifiée d'« internationale » par la presse oppose l'Angleterre à l'Écosse àEaster Road,Édimbourg[2], et de nombreux matchs dont certains attirent de 4 000 à 5 000 spectateurs sont recensés la même année. Lors de deux d'entre eux, le terrain est envahi après une heure de jeu pour des raisons inconnues, ce qui oblige les joueuses à cesser le match. La presse rend compte de ces rencontres sur un ton très négatif, en focalisant ses commentaires sur l'apparence des footballeuses ou en critiquant leurs techniques de jeu, différentes de celles des hommes. En 1884, un match féminin a lieu àWimbledon[3].
Le, sous la houlette deNettie Honeyball, un match de prestige opposantLondres du Nord et Londres du Sud est organisé àCrouch End, Londres. Les Nordistes s'imposent 7-0 (ou 7-1 selon les sources).
Le, se tient le premier match de football féminin disputé en France. Ce match met aux prises deux équipes duFémina Sport (club omnisports féminin fondé àParis en1912). Un France - Angleterre attire 12 000 spectateurs austade Pershing en 1920[5]. Les clubs parisiens mettent en place le premier championnat juste après laPremière Guerre mondiale[6]. Cette compétition s'ouvre aux clubs de province à partir de la saison1920-1921. Les recettes sont telles, que les joueuses sont rémunérées via la pratique de l'amateurisme marron[7]. Le premier match international entre une formation anglaise de Preston, lesDick-Kerr's Ladies, et une sélection des meilleures joueuses françaises a lieu le. Ce match déplace plus de 25 000 spectateurs àDeepdale. L'Angleterre gagne 2-0[8]. Les Anglaises se déplacent en France en avant de jouer un match devant 53 000 spectateurs àGoodison Park, le[9].
Une jeune gardienne de but.
Le, laFédération anglaise de football interdit à ses membres d'accueillir des femmes sur leur terrain. Cela entraîne la fondation d'une ligue féminine cinq jours plus tard. La situation est comparable en France avec laFédération des sociétés féminines sportives de France (FSFSF) qui gère le football féminin en dehors du cadre de laFFFA[10]. Le décès d'une joueuse, Miss C.V. Richards, en plein match en1926 renforce les tenants de l'interdiction.Henri Desgrange deL'Auto est plus radical encore dès1925 : « Que les jeunes filles fassent du sport entre elles, dans un terrain rigoureusement clos, inaccessible au public : oui d'accord. Mais qu'elles se donnent en spectacle, à certains jours de fêtes, où sera convié le public, qu'elles osent même courir après un ballon dans une prairie qui n'est pas entourée de murs épais, voilà qui est intolérable ! »[11]. Lechampionnat de France de football féminin où brilla notamment leFémina Sport, s'arrête en1933[12]. Pourtant favorable ausport féminin, lerégime de Vichy « interdit rigoureusement » la pratique en1941. Le football est jugé « nocif pour les femmes »[13]. Les références au discours médical pour justifier l’inadaptation des femmes à la pratique, ou tout du moins les spécificités de leur jeu, sont fréquentes[14]. Devenue presque anecdotique, la pratique du football par des femmes perdure après laSeconde Guerre mondiale mais il faut attendre la seconde moitié desannées 1960 pour assister au renouveau du football féminin : en1969-1970, les fédérationsanglaise,française etallemande reconnaissent le football féminin[15]. On recense 2 170 licenciées à laFFF pour la saison1970-71, puis 4900 la saison suivante[16].
Il en est de même au Brésil, où leDécret-loi 3199 de 1941 interdit aux femmes un certain nombre de sports « incompatibles avec leur nature ». Dans un texte d'application de 1964, en vigueur jusqu'en 1979 mais longtemps intégré dans les mentalités après l'abrogation de la loi, le football figure dans la liste des sports interdits, aux côtés des football en salle, beach soccer, water-polo, polo, rugby, haltérophilie, baseball et de tous les sports de combat[17]
Le football féminin n'est pas encore reconnu officiellement par les instances majeures comme laFIFA ou l'UEFA, ce qui n'empêche pas des associations différentes plus modestes de lancer des compétitions féminines internationales. Ainsi, une première « Coupe d'Europe » est organisée en Italie en1969[18], mettant aux prises l'Angleterre, laFrance, l'Italie et le club danois du BK Femina. Une seconde et dernière édition suivra, dix ans plus tard. De même au niveau mondial, et toujours en Italie, une première « Coupe du monde » est jouée en juillet1970[19]. Une seconde édition a lieu en 1971 au Mexique puis la compétition est abandonnée. Faute de reconnaissance officielle et de moyens, aucun de ces tournois ne parvient donc à s'inscrire dans la duré, les lacunes et l'amateurisme de l'organisation étant aussi pointées du doigt. À l'aube des années 1980, l'UEFA[20] puis laFIFA réalisent que le temps est venu de mettre en place des compétitions officielles pour les femmes dignes de ce nom (voirChampionnat d'Europe de football féminin etCoupe du monde de football féminin)[21].
À la suite du renouveau du football féminin qui débute à la fin desannées 1960, cette discipline a pu mettre en place des compétitions calquées sur le modèle masculin avec des championnats nationaux, des épreuves internationales de clubs et d'équipes nationales. EnEurope, ce mouvement est encadré par les fédérations nationales tandis qu'auxÉtats-Unis, c'est le sport scolaire et les universités qui rendent possible cette évolution. AuRoyaume-Uni, l'engouement pour le football après une victoire en 1966 amène la fédération anglaise de football à mettre fin à son bannissement des femmes en 1971[22], bannissement pour lequel elle présente ses excuses en 2009 lors de festivités organisées pour célébrer la mémoire deLily Parr[23].
En 1975, l'Asian Ladies' Football Confederation (ALFC) organise la première Coupe d'Asie et Pacifique des Nations de football. La compétition a lieu à Hong Kong. La seconde édition est organisée en 1977 par l'ALFC et la Chinese Taipei Football Association à Taïwan. Parmi les participants à ces deux premières éditions : Australie, Hong Kong, Indonésie, Japon, Nouvelle-Zélande, Malaisie, Singapour, Taïwan, Thaïlande... Devant leur succès, la Chinese Taipei Football Association organise du 8 au 23 octobre1978 àTaïwan le premierWomen's World Invitational Tournament (appeléecoupe Chunghua lors de la première édition). Les trois équipes nationales présentes (Taïwan, Thaïlande et Australie) ont déjà participé à la Coupe d'Asie et Pacifique des Nations de football. Les nouvelles équipes invitées sont des clubs. Les footballeuses duStade de Reims, qui représentent le football féminin français, enlèvent le titre à égalité parfaite avec les Finlandaises duHelsingin Jalkapalloklubi[24].
Aux États-Unis, l'adoption le23 juin1972 duTitle IX interdit toute forme de discrimination liée au sexe dans les programmes éducatifs soutenus par l'État et amène ainsi les universités à se servir de manière égale de l'argent public pour financer le sport masculin et féminin : cette mesure déterminante pousse les femmes étudiantes à privilégier lesoccer plutôt que des sports où les hommes excellent[25],[26]. Le soccer féminin en profite pleinement même si la pratique à haut niveau se limite seulement à quelques universités américaines : lesTar Heels de la Caroline du Nord au premier chef. Disposant d'une base de joueuses considérable de plusieurs millions de pratiquantes (plus que toutes les nations de l'UEFA réunies), on voit émerger une équipe nationale américaine de premier plan qui remporte deuxCoupes du monde en1991 et1999, quatre médailles d'or et une d'argent lors des cinqtournois olympiques (1996-2012). Contrairement à sa version masculine, le tournoi olympique féminin met en présence les meilleures formations, sans conditions d'âge et s'impose dès sa première édition en 1996 comme l'un des rendez-vous majeurs du calendrier.
L'Europe et l'Amérique du Sud ne restent pas inactives, mais décident d'appliquer les mêmes schémas que ceux suivis par les pratiquants masculins. Les fédérations mettent ainsi en place des compétitions nationales dont le niveau s'élève progressivement, puis intègrent à leurs sélections nationales une équipe nationale féminine. LaNorvège, vainqueur de laCoupe du monde 1995 et deux fois championne d'Europe en1987 et1993, et l'Allemagne, quatre fois championne d'Europe de1989 à1997, en s'appuyant sur des bases de joueuses plus nombreuses, dominent la fin duXXe siècle. La Norvège connaît ensuite un net recul dans la hiérarchie à la suite de la montée en puissance d'autres nations comme l'Angleterre, laSuède et laFrance en Europe, leBrésil en Amérique du Sud et laChine enAsie, tandis que l'Allemagne s'impose comme référence mondiale en remportant les Coupes du monde2003 et2007 et deux nouveaux titres européens en2001 et2005.
LaFIFA publie quatre fois par an depuis juillet2003 un classement des meilleures équipes nationales de football féminin. Ceclassement est dominé par lesÉtats-Unis et l'Allemagne depuis plusieurs années[27].
Match international de football féminin (Brésil contre États-Unis lors de la finale desJeux panaméricains de 2007).
Au niveau des clubs, des intérêts privésaméricains mettent en place le premier championnatprofessionnel féminin en2001 : laWomen's United Soccer Association (WUSA). Huit franchises rassemblant les meilleures joueuses du monde, et pas seulement américaines, s'affrontent pendant trois saisons. À la fin de l'édition2003, la Ligue cesse ses activités en raison d'importants déficits financiers. Ce championnat professionnel ne reprend qu'en 2009 avec laWomen's Professional Soccer. Depuis, les meilleures compétitions de clubs se disputent aussi enAllemagne, enSuède ou enAngleterre, où les joueuses évoluent comme semi-professionnelles. À noter qu'en France le statut dejoueur fédéral (semi-professionnel), est autorisé pour les joueuses à partir de 2009. Ainsi, l'Olympique lyonnais a mis sur pieds une équipe féminine professionnelle depuis l'incorporation de lasection féminine du FC Lyon au sein de l'OL en2004[28]. La professionnalisation envisagée en France en 2023 avec un rattachement à la FFF[29] voit l'opposition de l'union nationale des joueurs professionnels, auquel sont rattachés les joueurs masculins[30].
Les médias français ne donnent que peu d'espace au football féminin. La demi-finale de laCoupe UEFA féminine à laquelle participait le club français de l'Olympique lyonnais fut traitée en une brève de moins de 70 mots dans le journalL'Équipe[31] alors qu'une demi-finale de coupe d'Europe des clubs champions impliquant un club français dans n'importe quelle autre discipline, (masculine ou féminine confondus), bénéficie d'un traitement bien plus important. La diffusion en France, Espagne, Allemagne, Angleterre et Italie de la Coupe du monde féminine de 2023 est remise en cause par la FIFA, les montants proposés par les chaînes de TV — de 20 à 100 fois inférieurs à ceux pratiqués pour le tournoi masculin, alors que l'audience n'est inférieure que de moitié — étant jugés inéquitables[32].
Tandis que plusieurs clubs de l'Hexagone traînent des pieds pour mettre en place des équipes féminines, enAllemagne la situation est toute différente. LaFédération allemande annonce ainsi en avril2008 avoir dépassé le cap du million de licenciées féminines[33]. La France présente un des taux les plus faibles des pays occidentaux : en 2000, les footballeuses représentent seulement 1,4 % des effectifs de la fédération française (soit 28 065 licenciées)[34] ; on ne compte que 60 521 licenciées féminines au[35]. Les meilleurs clubs européens se rencontrent chaque saison depuis la saison 2001-2002 enCoupe UEFA féminine. Les clubs allemands et suédois dominent les palmarès, mais l'équipe féminine de l'Olympique lyonnais est triple tenante du trophée en mai 2011, 2012 et 2016 et devient le meilleur club d'Europe.
En 2011, le Japon devient la quatrième nation à gagner la Coupe du monde en disposant des États-Unis (2-2 a.p et 3-1 aux tirs au but).
En France, en 2015, le football reste, avec le rugby, le sport olympique le moins pratiqué par les femmes[36].
Selon les estimations établies par un rapport de l'Unesco[37], il existe en 2019,33 millions de pratiquantes dans le monde, dont 125 000 en France[38].
Les salaires des femmes restent toutefois très inférieurs à ceux des hommes : en se basant sur les chiffres de l'année 2018, la footballeuseAda Hegerberg (gagnante duballon d'or France football féminin 2018) est la femme ayant le plus gros salaire des footballeuses féminines, avec 400 000 euros sur l'année ; côté hommes, le footballeur le mieux payé en 2018 estLionel Messi (gagnant du Ballon d'orFrance football 2019) avec un salaire s'élevant à126 millions d'euros annuel[39],[40]. Au niveau des clubs, le rapport entre les salaires moyens des hommes et des femmes est de 27 à 1[41]. Dans plusieurs pays, des joueuses ont contesté cette inégalité auprès de leur fédération[42].
Alors qu'en 2021 aux États-Unis lafédération américaine de soccer annonce qu'elle va proposer des contrats identiques aux hommes et aux femmes, il n'y a que neuf fédérations nationales de football sur les 211 existantes à proposer une telle égalité salariale, dont l'Irlande[41].
En France, la première compétition de football féminin fut lechampionnat de France, organisé entre1919 et1932. La première rencontre internationale officielle entre l'Angleterre et la France a lieu en 1921, àDeepdale, attirant 25 000 spectateurs[8].
Les premiers tournois internationaux notables sont la « Coupe d'Europe » en Italie (une édition en 1969, l'autre en 1979), et la « Coupe du monde » (deux éditions, en Italie en 1970 et au Mexique en 1971). Puis vient le « Mundialito », petit tournoi organisé entre 1981 et 1988. Ces tentatives ont cependant été sans suite et restent sans reconnaissance officielle, car mises sur pied par des associations secondaires ou éphémères. Il faut attendre la prise en charge du football féminin par les plus grandes instances (UEFA, FIFA) pour voir apparaître les grandes compétitions officielles, similaires à celles organisées pour les hommes.
Le record d'affluence pour un match de championnat national entre clubs de football féminin a eu lieu à l'Estadio Metropolitano, lors de la rencontre du 17 mars 2019 opposant l'Atlético Madrid auFC Barcelone, réunissant 60 739 spectateurs[44].
Levoile a longtemps été prohibé dans les rencontres internationales officielles defootball jusqu'à ce que laFIFA décide d'assouplir les règlements, en2014[45]. Des incidents survenus les années précédentes ont en effet incité les instances du football à revoir leur position sur la question. En, quelques footballeuses iraniennes junior ne sont pas autorisées à jouer lors desJeux olympiques de la jeunesse de 2010 pour cause de port du voile[46]. En juin 2011, àAmman, lors du second tour de qualifications de la zone asiatique pour lesJeux olympiques de 2012, lesIraniennes refusent de retirer leur voile à la demande de l'arbitre afin de se mettre en conformité avec le règlement au moment d'affronter leur premier adversaire, laJordanie. Elles déclarent donc forfait et quittent le tournoi qualificatif[47],[48]. Saisi par laConfédération asiatique de football etAli ben Al Hussein, prince deJordanie et vice-président de la FIFA[49], l'International Football Association Board se réunit le au siège de la FIFA à Zurich et décide à l’unanimité d'autoriser temporairement le port du foulard, selon des spécifications (équipement, couleur et dessin) définies avant la réunion annuelle de travail de l’IFAB du à Glasgow[50]. Cette autorisation du voile est confirmée par la FIFA le[51].
↑« Secret history of women's football reveals how riots during Auld Enemy clash led to Scotland banning the developing game »,Dailyrecord.co.uk,(lire en ligne, consulté le).
↑Christine Mennesson « La gestion de la pratique des femmes dans deux sports « masculins » : des formes contrastées de la domination masculine », Staps 1/2004 (no 63),p. 89-106.
↑Christine Mennesson « La gestion de la pratique des femmes dans deux sports « masculins » : des formes contrastées de la domination masculine », Staps 1/2004 (no 63),p. 89-106.
↑FIFA, « L’IFAB prend trois décisions historiques à l’unanimité », surgnet.tn,(consulté le) :« Équipement des joueurs, et spécialement le port du foulard. L’IFAB a convenu d’approuver à l’unanimité – de façon temporaire pour une période d’essai – le port du foulard. Le design, la couleur et le matériel autorisés seront définis et confirmés à l’issue de la réunion annuelle de travail de l’IFAB à Glasgow en octobre 2012. »
↑Agence France-Presse, « Voile et turban acceptés dans le foot », surfrancetvinfo.fr,(consulté le) :« Ce voile ou ce turban n'est pas celui de tous les jours. Il doit être en accord avec la tenue du joueur, ne pas être rattaché à son maillot, ne pas constituer un danger pour celui qui le porte ou autrui, et ne doit avoir aucune partie qui dépasse. »