Pour des articles plus généraux, voirHorreur (littérature) etFilm d'horreur.

Lefolk horror (littéralement « horreur folklorique ») est un sous-genre ducinéma d'horreur et de lalittérature d'horreur détournant des élémentsfolkloriques dans un but horrifique.
Les éléments typiques du folk horror incluent un environnement rural et les thématiques de l'isolement, de la religion et du pouvoir de la nature[1]. Bien que liées au film d'horreurfantastique, de nombreuses œuvresfolk horror tirent leur épouvante des actions et des croyances des protagonistes plutôt que d'éléments explicitementsurnaturels, les histoires étant souvent centrées sur des étrangers naïfs qui se heurtent à des forces inexplicables[2].
Le genre tend à posséder une connotation très politique, principalement du fait de cette représentation d'un clivage, voire d'une opposition, entre la zone rurale (caractérisée par les superstitions et autres croyances païennes) et la zone urbaine (caractérisée par son espritcartésien, ou au contraire sanaïveté)[3],[4].
L'apparition d'éléments d'horreur folklorique enlittérature est principalement due à plusieurs théories et essais rédigés auXIXe siècle, notamment les recherches sur l'évolution socioculturelle parEdward Burnett Tylor,Le Rameau d'or de James Frazer (étude comparative de la mythologie et de la religion), ou encore l'hypothèse du culte des sorcières deMargaret Murray. Ces travaux, ancrésanthropologiquement, ont influencé toute une série d'écrivains du début duXXe siècle, qui ont alors introduit l'idée de survivance païenne et depaganisme dans leurs écritsfantastiques, tels queMontague Rhodes James avecGhost Stories of an Antiquary,Algernon Blackwood avecLe Wendigo etArthur Machen avecLe Grand Dieu Pan (1890)[5], ou encoreThomas Hardy avec sa nouvelleLe Bras flétri (1888)[6].
Dans son magazineHellebore (en) consacré au folk horror, Maria J. Pérez Cuervo citePallinghurst Barrow (1892) deGrant Allen,Witch Wood (1927) deJohn Buchan etRandall's Round (1929) d'Eleanor Scott comme les premiers exemples de fiction d'horreur folklorique. Cuervo soutient que, à la suite de la popularité des théories sur la survie païenne, lesweird fiction et lefantastique ont présenté leszones rurales comme « le domaine de forces irrationnelles qui ne pouvaient être apaisées que par certains rituels », impliquant souvent dessacrifices d'animaux ou d'humains, tel que c'est le cas dans les œuvres deH. P. Lovecraft[7],[8].
Dans lesannées 1950, la figure deShirley Jackson s'impose dans le champ littéraire horrifique américain : sa nouvelleLa Loterie (1948) est considérée parThe Irish Times comme le« texte defolk horror le plus influent d'Amérique du nord » et adaptée entéléfilm sous le même titre en 1996[2]. Son œuvre aborde notamment le thème de la dualité entre citadins et ruraux, où l'adaptation difficile et parfois impossible dans un environnement rural est marquée par un pacte implicite ou un rituel d'acceptation[9],[10],[11]. Jackson elle-même deviendra une influence majeure, inspirant de nombreux auteurs delittérature d'horreur, avec parmi euxStephen King et notamment son romanSimetierre (1983)[12], ses nouvellesLa Saison des pluies (1989), réécriture deLa Loterie[13], ou encoreLes Enfants du maïs[2].
Dans lesannées 1970, Thomas Tryon et son romanHarvest Home (en) (1973) se font figure de proue dufolk horror, où est dépeint le contraste saisissant entre un cadre bucolique et agricole, et des rituels folkloriques. En 1983,T. E. D. Klein fait paraîtreThe Ceremonies, roman qui met en scène encore une fois la relation entre un « citadin naïf et des fermiers religieux »[2].
Bien que les frontières entre lefantastique et lefolk horror soient poreuses, le genre continue d'être exploité en littérature auXXIe siècle[14] :Experimental Film (2015) deGemma Files (en),The Loney (2014) ouStarve Arce (2019) d'Andrew Michael Hurley (en)[2],[15],Un bon Indien est un Indien mort (2022) deStephen Graham Jones, ou encore, du côté de lalittérature française,Le Ciel en sa fureur (2023) d'Adeline Fleury[16]. Adam Scovell, auteur britannique, et malgré les difficultés à définir le genre, identifie quatre éléments clefs dufolk horror : l'environnement (paysage rural), l'isolement, un système de croyances biaisé et une convocation[6],[17].

Adam Scovell, spécialiste du genre, désigne comme l'un des premiers représentants cinématographiques dufolk horror le film finlandaisLe Renne blanc (1952), dans lequel une mariée solitaire se transforme en unrennevampirique, une idée tirée de lamythologie finnoise et de lareligion samie[18]. Cependant, la désignationfolk horror serait d'origine plus récente, la première occurrence relevée du terme étant utilisée en 2004 par le réalisateurPiers Haggard lors d'un entretien rétrospectif sur son filmLa Nuit des maléfices (1971) pour le magazineFangoria[17] dans lequel Haggard souligne les différences entre son film et ceux appartenant au genregothique de la décennie précédente :
« J'ai grandi dans une ferme et il est naturel pour moi d'utiliser la campagne comme un symbole ou une image. Puisqu'il s'agissait d'une histoire de personnes sujettes à des superstitions concernant la vie dans les bois, la poésie sombre de celle-ci m'a séduit. J'essayais de faire un film d'horreur folklorique (folk horror film), je suppose. Pas un film d'horreur. Je n'aimais pas vraiment le style rustique de laHammer, ce n'était pas vraiment pour moi[19]. »
Le terme est ensuite popularisé par l'écrivain et acteurMark Gatiss dans sa série documentaireA History of Horror (en) de 2010 (épisode 2,Home Counties Horror) dans laquelle il cite trois film anglais :Le Grand Inquisiteur (1968),La Nuit des maléfices (1971) etThe Wicker Man (1973) comme œuvres définissant le genre[20],[21]. Adam Scovell, écrivant pour leBritish Film Institute, note que ces trois films, qu'il appelle la « trinité impie » (unholy trinity), n'ont pas grand-chose en commun, si ce n'est leur tonnihiliste, leur cadre rural et qu'ils mettent« l'accent sur le paysage qui isole ensuite les communautés et les individus »[22]. Il suggère que l'intérêt grandissant pour le genre à cette époque est initié par lacontre-culture des années 1960 et le mouvementNew Age[23].
De même, Matthew Sweet, dans son documentaireBlack Aquarius du programme radiophoniqueArchive on 4 (en), affirme que la contre-culture de la fin des années 1960 a mené à ce qu'il appelle une« seconde grande vague d'occultisme pop » qui a imprégné la culture populaire, avec de nombreux films et programmes télévisés contenant des éléments folkloriques ou des rituels occultes[24].
Les filmsLe Terrible Secret (en) (Crowhaven Farm) (1970),The Dark Secret of Harvest Home (en) (1978) etLes Démons du maïs (1984), adaptation de la nouvelle deStephen King écrite en 1976, peuvent être considérés comme des exemples américains cinématographiques dufolk horror[2], aux côtés de production européennes plus ou moins liées au sous-genre telles queLe Fascinant Capitaine Clegg (1962)[18], le film historiqueMarketa Lazarová (1967)[18],Les Vierges de Satan (1968)[25],Meurtre à haute tension (1971),Doomwatch (1972) (adapté de lasérie du même nom (en)) etThe Appointment (1981)[18] et des films australiensPique-nique à Hanging Rock (1975)[26] etCelia (en) (1989)[18].
Comme au cinéma, lepaganisme rural forme la base de nombreuses productions télévisuelles des années 1970, telles que celles issues de la série d'anthologiePlay for Today de laBBC :Robin Redbreast de John Bowen (1970),A Photograph (1977),Penda's Fen (en) deDavid Rudkin (en) (1974) etRed Shift d'Alan Garner (1978), ou de la série d'anthologieDead of Night (en) (1972) tel queThe Exorcism[22],[27]. Des adaptations d'anciennes histoires de fantômes deMontague Rhodes James qui tirent leur horreur d'objets maudits, de la superstition médiévale, des pratiques occultes et des procès de sorcières ont également fourni un flux régulier d'horreur folklorique, deRendez-vous avec la peur deJacques Tourneur (1957),Whistle and I'll Come to You (en) deJonathan Miller (en) (BBC, 1968) àA Ghost Story for Christmas (en) deLawrence Gordon Clark (BBC, 1971-1978)[22].ITV produit pour sa partThe Owl Service (en) (1969),Beasts (en) deNigel Kneale (1976) etChildren of the Stones (en) (1977) dePeter Graham Scott[22], réalisateur duFascinant Capitaine Clegg.
Matthew Sweet observe que des éléments d'occultisme et de paganisme apparaissent jusque dans des programmes pour la jeunesse et des épisodes deDoctor Who en 1970[24]. Le comédienStewart Lee (en), dans sa rétrospective deThe Children of the Stones, identifie la série comme faisant partie du« désenchantement collectif des années 60 » incluant les œuvresThe Owl Service,Timeslip (en) (1970),The Tomorrow People (en) (1973),The Changes (en) (1975) etRaven (en) (1977)[28].
Si, dans lesannées 2000, certains films s'inscrivent partiellement dans le sous-genre, tels queLe Projet Blair Witch (1999) ouLe Village (2004)[4], puisBlackwood (en) (2013)[18] ouThe Wicker Tree (2012)[25],[26], le folk horror connaît un regain d'intérêt dans la deuxième moitié desannées 2010 avecThe Witch (2015),Le Rituel,Incantations,November etErrementari (2017),Le Bon Apôtre (2018),Midsommar (2019, du réalisateur d'Hérédité[26])[25],[29],[26],The Feast (2021)[30],[31], la série téléviséeThe Third Day (2020)[32],[33],Lamb (2021)[34],[35],Enys Men[36] etMen (2022)[37].
À partir desannées 2010, le genre se répand du côté desjeux vidéos ou encore de lamusique : c'est le cas de groupes tels que The Hare and the Moon, English Heretic,The Unseen et The Rowan Amber Mill, qui trouvent leurs influences dans de vieilles traditions folks et dans des films d'horreurs[17], ou encore des albumsDance Fever (2022) etEverybody Scream (2025) du groupe britanniqueFlorence and the Machine, qui puisent leur inspiration dans plusieurs œuvres de folk horror[38],[39].
Du côté des jeux vidéos,Darkwood (2017)[40],Mundaun (2021)[41] etThe Excavation of Hob's Barrow (en) (2022)[42] sont rattachés au genre par certains critiques.
« I grew up on a farm and it's natural for me to use the countryside as symbols or as imagery. As this was a story about people subject to superstitions about living in the woods, the dark poetry of that appealed to me. I was trying to make a folk-horror film, I suppose. Not a campy one. I didn't really like the Hammer campy style, it wasn't for me really. »
| Grandes lignes | |||||||||||||||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Sous-genres |
| ||||||||||||||||||
| Culture | |||||||||||||||||||
| Média |
| ||||||||||||||||||
| Concepts |
| ||||||||||||||||||
| Sujets connexes | |||||||||||||||||||