Le motfoi vient du latinfides qui signifie « confiance ». La foi désigne étymologiquement le fait d'avoirconfiance en quelque chose ou quelqu'un. Il s'agit d'unconcept philosophique, mais de façon élargie ce terme rejoint également la notion decroyance, quand il est relatif à desreligions.
Le motfoi se retrouve dans certaines expressions : agir debonne foi ; la foi des traités, ou encore dans le langage technique : laligne de foi d’uneboussole[1]. En ce sens, le mot a également une définition juridique[2].
Le terme permet aussi de qualifier lafidélité à un engagement ainsi que la confiance absolue, soit en une personne, soit en une affirmation garantie par un témoignage ou un document sûr[3].
Enphilosophie, le mot foi permet de qualifier un sujet, auquel l’esprit adhère fermement, de façon aussi forte que celle qui constitue lacertitude, mais quand la pensée résulte de la foi, elle ne peut pas être justifiée par unedémonstration. Le mot peut alors, dans cette acception, être synonyme du motcroyance et opposé au concept dusavoir. Cependant, la foi ne s’oppose pas au savoir ni à laraison. Elle repose sur desvérités, ayant une attestation de confiance, mais dont il pourrait être vain de vouloir en établir lapreuve par des raisonnements[1]. Ainsi, la citation deBlaise Pascal, extraite de son ouvrage intituléPensées, publié en 1670 :
« on ne prouve pas qu’on doit être aimé, en exposant d’ordre, les causes de l’amour ; cela serait ridicule[4]. »
Le mot foi est parfois défini sans tenir compte de son aspectaffectif et unitaire. La foi augmente notreconnaissance, parce qu'elle donne accès à certaines vérités par la sympathie, la confiance, la pensée aimante. En ce sens, elle se distingue de la croyance, qui est plutôt cognitive et logique, et qui n'est qu'une forme partielle de la foi. Tandis qu'on parle de foi lorsqu'il s'agit d'unamour fondé en raison, associé à laspiritualité, qui aboutit à un savoir réaliste[1].
Dans la philosophie de l'Antiquité, le motfides évoque la confiance que l'on peut avoir en quelqu'un ou, comme une analyse récente le présente comme « la vertu de la fiabilité morale et civique »[5],[Note 1]. D'après Platon, le motpistis (équivalent du latinfides et du françaisfoi) désigne un des modes de connaissance du réel. La certitude peut se réduire à ce qui est évident - ce peut être la position d'une forme descepticisme, qui ne « croit que ce qu'il voit », et révoque en doute tout ce qui n'est pas tangible. Inversement, le sentiment d'évidence peut englober tout le champ de la certitude; c'est, par exemple, la position dufondamentalisme religieux, pour qui rien de ce qui est objet de foi et son cadre suivant le dogme et la doctrine, ne peut être entaché de doute[Note 2]. Le monde platonicien se divise en deux parties : le monde visible, et le monde intelligible qui est le monde desidées. Le premier appelle le second : c’est en partant de l’observation du réel qu’on peut avoir accès aux Idées du monde supérieur. Chacun de ces deux domaines est lui-même divisé en deux. Le monde connaissable est donc divisé en quatre parties : les images, les objets, les idées inférieures et les idées supérieures ; à chacune de ces parties appartient un mode de connaissance spécifique : aux images, la conjecture (eikasia) ; aux objets, la foi (pistis) ; aux idées inférieures, la connaissance discursive (dianoia) ; aux idées supérieures, l’intelligence (nous). Platon résume cela dans un schéma linéaire, auquel on donnera par la suite le surnom d’analogie de la ligne[6].
Aristote y voit l'adhésion qu'un orateur persuasif et talentueux obtient de son auditoire. Lafoi-pistis est la force de conviction et le socle de croyances communes. Aristote rapproche le motpistis du verbepeithomai, qui signifie persuader, convaincre un interlocuteur. Son point de départ est donc une réflexion sur le discours et le langage. Tout discours, pour Aristote, repose sur un socle de convictions que partagent l'orateur et son auditoire. Lapistis aristotélicienne est donc à la fois force de conviction, ensemble de croyances communes qui forment le socle de la réflexion, et confiance accordée à l’orateur :« Si notre connaissance, notre croyance, provient de prémices premières, ce sont celles-ci que nous connaissons le mieux et auxquelles nous croyons davantage, parce que c’est par elle que nous connaissons les conséquences » (Seconde Analytique, 72a 30). Pour Aristote en effet, nous ne pouvons raisonner que parce que nous partageons des convictions communes. Ces convictions sont préalables à toute démarche scientifique. Ainsi, le soleil nous paraît plus petit que la terre : pourtant, nous savons qu'il est plus grand (De anima III, 3, 428 b4) ; une tellefoi n'est fondée sur aucune expérience mais est indispensable à tout ce que nous pouvons dire à propos du cosmos.
Ni Platon, ni Aristote n'imaginent que lafoi ait une quelconque dimension religieuse, car pour eux le religieux est d'un autre domaine : celui de la crainte et du respect dû aux divinités. Toutefois, les premiers théologiens chrétiens (lesPères de l'Église), soucieux d'établir un dialogue avec la philosophie, auront soin de montrer que les deux grands penseurs de l'Antiquité connaissaient la foi et en faisaient usage dans leurs travaux. Ce souciapologétique aura pour lechristianisme une conséquence décisive : la foi, qui relève, dans laBible, d'uneconfiance en Dieu, sera désormais comprise comme une démarche de l'intelligence. L'accent va être alors mis sur la dimension intellectuelle et rationnelle de l'acte de foi.[réf. nécessaire]
« lorsqu’on croit quelque chose sur le témoignage d’autrui, ou c’estDieu qu’on en croit, et alors c’est la foi divine : ou c’est l’homme, et alors c’est la foi humaine. La foi divine n'est sujette à aucune erreur parce qu'elle s'appuie sur le témoignage de Dieu, qui ne peut tromper ni être trompé. La foi humaine, dans certains cas, peut aussi être indubitable, quand ce que les hommes rapportent passe pour constant dans tout le genre humain, sans que personne le contredise : par exemple, qu'il y a une ville nommée Alep[8]. »
Dans un contexte desécularisation, la foi formulée dans les textes de la religion catholique, peut devenir synonyme de confiance. Ainsi, de nombreux auteurs (ex. :Joseph Murphy) estiment que la « foi » toute-puissante dont il est question dans l'Évangile (« Ta foi t'a sauvé », la « foi qui soulève les montagnes ») est une simple question de confiance dans la vie, et non de confiance en Dieu dans le cadre d'une religion.[réf. nécessaire]
Lorsqu'on parle d'acte de foi, on parle de sa manifestation à l'égard d'une personne, d'une croyance ou d'une idée. Il peut s'agir de l'expression symbolique de la foi religieuse, exprimée en général sous forme deprière[1].
Dans le domaine religieux, la foi induit souvent unedévotion et des comportements, qui prennent une formesymbolique. La foi est la condition de toutereligion et la motivation de sa pratique, cependant, la pratique religieuse associée à la foi peut prendre différentes formes, qu'on qualifie alors deculte[Note 4].[réf. nécessaire]
Représentation allégorique de la foi dans les arts
Dans lareligion chrétienne, la foi est une des troisvertus théologale avec l'espérance et lacharité. C'est pourquoi, ce thème a inspiré de nombreux artistes. L'allégorie de la foi, dans l'art sacré, est souvent représentée par une femme tenant une croix et un calice, ou bien simplement par une femme (dans la sculpture de l'opéra de Paris par exemple), comme on peut le voir sur les illustrations ci-dessous :
↑C'est laVulgate qui l'utilise, dans ses traductions latines, pour traduire le mothébreuemunah qui désigne l'attitude de l'homme devant Dieu et le mot grecpistis qui, ayant la même racine indo-européenne, a le même champ sémantique quefides. Le latin utiliserait plutôt le motreligio, dans le sens d'une observance scrupuleuse des rites (ainsiCicéron), et legrecthreskeia), dans le même sens.
↑Pour Platon (la République, livre VI), la foi permet de connaître certaines réalités du monde.
↑Pour approfondir ce sujet, voir l'article intitulé :foi et raison.