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Florine Langweil (née le àWintzenheim et morte le àParis7e[1]) est une marchande d'art, collectionneuse d'art française, spécialiste d’art extrême-oriental, philanthrope et mécène.

Florine Ebstein est née le 10 septembre 1861 à Wintzenheim dans une famille pauvre d'aubergistesjuifs. Ses parents sont Barbe Bluem et Isaac Ebstein. Elle est la sixième d’une famille de sept enfants[2].
Après la mort de ses parents en 1881, elle se rend à Paris et y vit d'abord chez un cousin qui tient une boutique de spécialités alsaciennes. A Paris, elle rencontre Charles Langweil, de 25 ans son aîné, antiquaire, originaire deBohême. Elle l'épouse en 1885 et ils ont deux filles,Berthe et Lily. Charles Langweil abandonne sa famille en 1893, en laissant son commerce et des dettes[3],[4].
Du jour au lendemain, Florine Langweil doit reprendre le magasin d'antiquités de son mari au 4Boulevard des Italiens.
« Lorsque je vins pour la première fois à Paris, en 1882, je ne pensais évidemment pas que je passerais ma vie au milieu des antiquités chinoises et japonaises. Ce fut mon mariage qui, ainsi qu’il arrive à presque toutes les jeunes femmes, décida de mon avenir. »[5].
L'Exposition universelle de Paris en 1867 et le premierCongrès international des Orientalistes tenu à Paris en 1873 ont mis le Japon à la mode et des magasins se spécialisent dans le négoce d'objets d'art oriental dans les années qui suivent. Florine Langweil remplace rapidement l'assortiment du magasin d'antiquités peu performant par des objets d'art d'Extrême-Orient, de laChine et duJapon, s’occupant depuis Paris de l’importation directe des objets d’Extrême-Orient[5]. Elle rapporte avoir développé une méthode commerciale qui lui assure des pièces de qualité sans avoir à se rendre sur place. Elle dirige, depuis Paris, une équipe d’agents et de prospecteurs qui parcourent la Chine, le Japon et la Corée. Ils reçoivent une forte récompense à l’achat mais, si elle considère un envoi comme insatisfaisant ou inintéressant, elle leur retourne les caisses à leurs frais[6]. Elle fait aussi preuve d'une parfaite honnêteté, payant parfois plus cher des pièces qui lui semblent sous estimées. Les affaires la conduisent à voyager en province ou àLondres, car elle comprend très vite l'importance du marché londonien et des collections américaines[5],[2].
Elle établit ainsi la réputation de la maison qui devient l’un des premiers centres artistiques parisiens de l’époque[5].

L'intérêt et le succès sont importants et de nombreux artistes, écrivains et hommes politiques figurent parmi ses clients :Louis Gonse, le joaillier Pierre PaulVever,Georges Clémenceau,Edgar Degas, George Eumorfopoulos,Henri de Toulouse-Lautrec etHenri Rivière qui devient un ami de la famille[3],[7]. Les grands musées tels que ceux deBoston,Hambourg,Düsseldorf ouSaint-Pétersbourg sont également ses clients[3].
Florentine Langweil devient une des plus grandesspécialistes de l’art extrême-oriental, son nom est souvent cité dans les publications, des salles de vente font appel à son expertise et le Vatican la consulte pour expertiser ses collections[3],[8],[9].
Parallèlement à son affaire, Florentine Langweil constitue sa propre collection d'art extrême oriental[10].
Après 10 ans, en 1903, elle peut se permettre d'ouvrir un magasin à une adresse plus prestigieuse, le 26 de laPlace St Georges où elle achète une vaste maison aristocratique[3].Arsène Alexandre, Inspecteur Général des Musées de France, écrit lors de l'ouverture :« Cela ne ressemble pas du tout à une boutique, mais à une maison des mille et une nuits, avec une hôtesse magique et cosmopolite. »[11].
Du 9 au 13 janvier puis du 5 au 30 décembre 1911, elle organise, chez le marchand d'artPaul Durand-Ruel, deux expositions des plus belles pièces de sa collection d’art chinois.
En 1913, Florine Langweil, entre-temps devenue très riche, se retire des affaires. Elle achète l'ancien hôtel de Talleyrand,Rue de Varenne, dans lequel elle peut abriter les pièces de sa collection d'art qu'elle a conservées. Elle y vit jusqu'à sa mort, avec seulement une interruption durant laSeconde Guerre mondiale.
Elle reste attachée à sa région d'origine et entretient des relations avec sa famille restée au pays. Au fil des années, elle apporte aide et soutien à l'Alsace, faisant de nombreux dons aumusée Unterlinden de Colmar, soutenant régulièrement les habitants de Wintzenheim par des envois d'effets divers, finançant une crèche dans la commune ou organisant l'aide aux réfugiés.
En plus du musée Unterlinden qui reçoit près de 250 œuvres d'art extrême-oriental, elle fait également bénéficier des musées parisiens (Louvre,musée des arts décoratifs) et alsaciens (Strasbourg,Mulhouse) de ses collections[12],[3].
En 1914, elle offre aumusée Unterlinden deColmar quatre boîtes contenant des objets d'art d'Extrême-Orient[3].
Cependant, laPremière Guerre mondiale empêche de nouvelles donations. Elle fonde alors une organisation d'aide auxréfugiés,La Renaissance des foyers en Alsace, en 1915« Cette œuvre qui s’efforce de substituer aux banales aumônes, l’assistance par le travail, en donnant à faire, aux femmes évacuées d’Alsace, de la couture et du tricot et qui, lorsque le moment sera venu de réinstaller de façon durable les familles chez elles, s'appliquera à remplir les armoires vides. » et installe dans sa maison à Courcelles 28 lits pour des blessés de guerre enconvalescence. De 1915 à 1919, une trentaine de militaires convalescents y sont hébergés. En 1916, elle organise, au profit de l'association, une exposition,Peintures et œuvres d’art anciennes de la Chine et du Japon, tirée des plus célèbres collections de Paris, dont la splendeur fit grand bruit dans la presse[3],[13].
Après la guerre, en 1920, elle lègue au musée de Colmar quatre œuvres deJacques-Émile Blanche,Henri Rivière,Léon Belly etAry Scheffer.
En reconnaissance de tous ces dons, le musée Unterlinden inaugure le 13 juillet 1923 la salle Langweil où est exposée sa collection qu'elle continue d'enrichir par de nouveaux dons[10]. Florine Langweil surveille de près la gestion de ses donations par le musée : en 1931, elle s'oppose à ce que l'étiquetage soit bilingue français/allemand et en 1939 s'oppose au transfert d'une partie des œuvres au Musée d'Histoire naturelle« Je n'admet pas qu'on confonde les objets d'art ancien de la Chine et du Japon avec la pacotille ethnographique ! ».
En 1923, avec Jean-Jacques Waltz, Florine Langweil fonde lePrix de français en Alsace pour les écoles primaires afin de promouvoir la connaissance de la langue française[14]. Plus de 1 700 écoles alsaciennes postulent pour cette distinction, qui est décernée jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale[15],[3].
Au début de la Seconde Guerre mondiale, Florine Langweil s'enfuit àToulouse avec sa fille Berthe et son gendreAndré Noufflard. Elle achète alors une propriété de campagne àBergerac, où elle vit de 1941 à 1943. Elle prend le nom de Langlois pour cacher ses origines juives. Henry Rivière y vit également. Quand la situation devient trop dangereuse, elle passe les derniers mois de la guerre à Paris puis en Normandie[3].
Entre-temps, une grande partie de sa collection est confisquée sur ordre d'Hermann Goering mais la plupart des œuvres ont été restituées en 1949 par laCommission de récupération artistique[16],[3].
À l'exception de quelques pièces qui sont allées au musée Unterlinden, duParavent à douze feuilles à décor de pins et de grues légué auMusée Guimet, la succession de Florine Langweil est vendue auxenchères à l'Hôtel Drouot[3].
Un paravent d’or, où figure l’arrivée en Chine des premiers Hollandais, est acheté par leRijksmuseum d’Amsterdam[7]