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Florent Carton, sieur d'Ancourt, ditDancourt, est unacteur etauteur dramatiquefrançais né àFontainebleau, le et mort auchâteau de Courcelles-le-Roy àBeaulieu-sur-Loire, le.
Issu d'une famille noble, fils de Florent Carton, écuyer, et de Louise de Londé — par laquelle il descend desBudé — qui l'élève, Dancourt fait ses études à Paris dans le Collège des Jésuites. Le pèreLa Rue, qui est son maître, veut en vain l'engager dans laSociété de Jésus. Il étudie le droit, se fait recevoir avocat à l'âge de 17 ans et exerce quelque temps auParlement de Paris.
Il quitte la profession d'avocat à 18 ans pour épouser à Paris le — après avoir enlevé sa promise âgée de 16 ans —[1]Thérèse Le Noir de La Thorillière, fille du comédienLa Thorillière. Trois mois après ce scandale, François Le Noir de La Thorillière meurt de chagrin le[1].
Malgré les résistances de sa famille, il entre avec sa jeune épouse, en 1685, dans la troupe de laComédie-Française, dont il devientsociétaire jusqu'à sa retraite le. La facilité avec laquelle il s’exprime le fait choisir pour orateur de la troupe dans les circonstances d’apparat. Sa physionomie est expressive, son jeu plein de verve ; il joue fort bien le haut comique et excelle dans l'interprétation duMisanthrope.
L’année même où il entre au théâtre comme acteur, Dancourt fait jouer sa première comédie,Le Notaire obligeant ou les Fonds perdus. Elle réussit et, dès lors, l'auteur produit avec une fécondité extrême, entre 1683 et l'année de sa mort, plus de 80comédies. Il collabore notamment avecMarc-Antoine Charpentier pour sonDialogue d'Angélique et Médor d'aprèsOrlando furioso ditL'Arioste, donné le authéâtre de Guénégaud et où est fondée, le, la troupe de la Comédie-Française. Le succès, malgré la bienveillance du public à son égard, est loin d'être toujours le même, et dont la plus célèbre estLe Chevalier à la mode, en cinq actes, en prose en 1687.
La plupart de ses œuvres sont jouées tout au long duXVIIIe siècle. Celles qui ont le plus de succès sont :Le Notaire obligeant,Les Bourgeoises de qualité,Les Vendanges de Suresnes,Les Vacances,Le Mari retrouvé,Les Trois Cousines[2],Le Galant Jardinier,La Maison de campagne,La Foire de Bezons.
Dancourt exploitant habilement à la scène les aventures piquantes de l'époque, la chronique scandaleuse de la ville et de la cour, plus d'un spectateur peut craindre de se reconnaître sur la scène. Cette préoccupation n'est probablement pas étrangère à la fâcheuse aventure qui lui arrive un jour quand le marquis de Sablé est à moitié ivre à la représentation deL'Opéra de village jouée en 1691. Comme on chantait :« En parterre il bout’ra nos prés ; Choux et poireaux seront sablés », le marquis s'imagine que Dancourt veut l'offenser et il se lève pour aller le souffleter.
Suivant Voltaire,« ce queRegnard était à l'égard deMolière dans la haute comédie, le comédien Dancourt l’était dans la farce »[3]. La plupart de ses pièces sont en prose. Le dialogue en est très vif et très enjoué mais l'auteur s'écarte souvent de l'objet de son œuvre, pour montrer de l'esprit et courir après un bon mot.Charles Palissot de Montenoy dit :« par le caractère de vérité qu'il a su donner à ses personnages, Dancourt peut être regardé en quelque sorte comme leTéniers de la comédie »[note 1].

Dancourt a créé le genre villageois. Il sait retracer avec une grande fidélité, la malice et la naïveté des paysans. Il a pareillement peint d'une manière vraie les chevaliers d'industrie et les femmes d'intrigue. Son chef-d'œuvre estLe Chevalier à la mode, comédie en cinq actes, en prose, écrite en collaboration avec Sainctyon (ou Saint-Yon) (1687). Les autres pièces de Dancourt les mieux réussies sontLe Mari retrouvé (1698),Les Bourgeoises de qualité (1700),Les Trois cousines (1700) etLe Galant jardinier (1704).
On cite encore :La Désolation des Joueuses (1687),Les Vendanges de Suresnes (1694),Le Divertissement de Sceaux (1705),Le Diable boiteux (1707),La Comédie des comédiens (1710), etc.
La Folle enchère en 1690 lui a été attribuée. Elle est jouée sous son nom et il en perçoit les droits, puis elle est reproduite dans sesŒuvres Complètes éditées en 1760. Néanmoins, elle est l'œuvre deMadame Ulrich dont il est l'amant[4].
L'édition la plus complète desŒuvres de Dancourt est celle de 1760 en douze volumes (in-12). SesŒuvres choisies sont publiées en 1810 en cinq volumes (in-18).
Retraité, il s'enferme dans un château qu'il possède dans l'Orléanais, où il achève sa vie dans les pratiques de la dévotion, traduisant lesPsaumes en vers, et composant une tragédie sacrée. Florent Dancourt meurt le en son domaine deCourcelles-le-Roy[5].
Ses deux filles,Marie-Anne-Armande, diteManon, etMarie-Anne-Michelle, diteMimi, sont aussi comédiennes au même théâtre. Sa petite filleThérèse Boutinon des Hayes tient un important salon à Paris. Son beau-frère, Pierre Le Noir (1659-1731), est sociétaire de laComédie-Française en reprenant le nom de scène de son père,La Thorillière.
Jugé par certains comme un auteur de « troisième ordre », Dancourt n’en est pas moins, selon d’autres, le père duvaudeville moderne : sescomédies de mœurs sont légères et alertes, peu morales sans jamais être indécentes, pleines de verve et de naturel. Dancourt rend avec réalisme la société de son temps et met en scène les travers de l’homme, caricaturant les bourgeois vaniteux et ridicules, les ingénues fort peu innocentes, les magistrats véreux. Son univers est proche d’un Molière, même si les personnages sont différents, son langage est celui d’unLesage en moins cru, sessoubrettes annoncentMarivaux.
Cet auteur prolifique touche aux genres les plus variés, puisqu'on trouve dans son œuvre des intermèdes, desparodies d'opéras, des divertissements de cour, des fantaisies mythologiques, des comédies en cinq actes et surtout de courtes pièces en prose, les « dancourades », écrites en langage parlé. Leur nouveauté pique la curiosité du public, car elles font allusion à l'actualité ou à la mode. La satire des mœurs y est en général superficielle, car la comédie se fait plus amorale : Dancourt montre sans condamner, si bien que sa lucidité a pu passer pour du cynisme. L’intrigue, on ne peut plus simple, est prétexte à une revue de personnages ridicules, souvent pittoresques et individualisés dans leur appartenance sociale (notaires, procureurs, commerçants, financiers, militaires, chevaliers d'industrie).
Ces courtes œuvres prennent parfois de grandes libertés avec la convention théâtrale en montrant leur invraisemblance même ; dansLes Vendanges de Suresnes (1659), les paysans et les vendanges disparaissent derrière les danses, les déguisements et les mascarades, comme si la comédie abandonnait son souci mimétique pour jouer un peu avec lui-même et rechercher d'autres façons de séduire le public en dévoilant les ficelles de ses mécanismes.

Florent Carton dit Dancourt possédait un blason[6]. En 1868, les édiles parisiens décident de donner le nom derue Dancourt à la rue du Théâtre dans le18e arrondissement[7]. De cette rue, est née auXXe siècle lavilla Dancourt, voie privée jouxtant la rue Dancourt[8].
Il existe aussi une rue Florent-Dancourt àSuresnes (Hauts-de-Seine), la commune souhaitant rendre hommage à l'auteur de la pièceLes Vendanges de Suresnes.
De même, une rue Dancourt se trouve àFontainebleau, sa ville natale.
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