Lefilage est le fait de produire desfilstextiles à partir de divers matériaux bruts. Cette opération peut se faire à la main, à l'aide d'unfuseau ou d'unrouet. Avec laRévolution industrielle, le filage s'est réalisé dans des usines : lesfilatures. L'importance du filage dans les sociétés fondées sur l'artisanat, de l'Antiquité jusqu'à nos jours, fait que cette activité apparaît régulièrement dans les croyances religieuses, les mythes, contes et légendes, ainsi que les œuvres d'art de nombreuses cultures.
Les fibres naturelles brutes sont courtes et ont peu de résistance ou solidité. On les tord ensemble afin d'obtenir un fil continu plus résistant. Le résultat varie selon le matériau utilisé, sa préparation (fibre cardée ou peignée), le degré de torsion du fil.
Il existe deux types de torsion, qui dépendent de la direction dans laquelle on va filer les fibres : torsion en Z et en S (voir illustration).On peut assembler deux ou plusieurs fils ensemble, c'est le retors. On obtient alors un fil plus épais, régulier et solide.Généralement, on file un brin unique en Z, et on retord plusieurs brins en S.
Lepeignage consiste à paralléliser les fibres et à ne conserver que les plus longues, tout en retirant l'air contenu entre les fibres. Le fil obtenu est lisse et brillant, solide mais moins doux.
Il s'effectue avec unfuseau ou unrouet. Les fibres peuvent être filées sans avoir été lavées ni cardées, c'est le filage ensuint. Mais on peut choisir de laver la laine avant filage. Il est nécessaire de dessuinter la laine à l'aide d'untensioactif ou de cristaux de soude.
Lecardage s'effectue avec une paire de cardes à main, ou une cardeuse à rouleau, et l'on obtient un rouleau avec les cardes à main, ou une nappe avec la cardeuse. On carde généralement les fibres courtes (mérinos,coton). Le peignage s'effectue avec une paire de peignes et l'on obtient un ruban-fil. On peigne généralement les fibres longues (alpaga,mohair). C'est lors du cardage ou du peignage que l'on peut faire des mélanges de matières et de couleurs. Il peut être intéressant par exemple, de mélanger du mohair avec de lalaine afin de conserver l'élasticité de lalaine et la brillance du mohair.
Ensuite arrive l'étape du filage. La manière de filer les fibres dépend du type de fibre et de sa préparation, mais il existe principalement deux manières de filer :
type « laine à carde » : avec de la laine cardée ; on ne pince pas les fibres au moment du filage, et on met peu de torsions. On obtient un fil souple et gonflant.
type « laine à peigne » : on pince le fil en cours de filage pour chasser l'air, et on met davantage de torsion. On obtient un fil fin et lisse.
Une fois que l'on a filé une quantité suffisante de fibres, on peut passer au retors. Le retors consiste à assembler plusieurs brins entre eux afin d'obtenir un brin de laine plus épais, régulier et doux. Puis on met le fil obtenu en écheveau, à l'aide d'un mandrin ou d'un écheveaudoir, ce qui rend le fil plus facile à laver et à teindre éventuellement.
La teinture se fait toujours sur des fibres propres, mais elle peut avoir lieu à tout moment : sur les mèches brutes, sur les nappes cardées, les rubans, ou enfin sur le fil terminé. Une manière peu nocive et amusante pour teindre les fibres animales est d'employer des colorants alimentaires et du vinaigre.
Dans lamythologie grecque et lamythologie romaine, trois divinités du destin ont l'apparence de femmes occupées à travailler la laine : la première la file, la deuxième la tisse et la troisième coupe le fil. Chez les Grecs, ce sont lesMoires, tandis que chez les Romains ce sont lesParques.
Dans le conteLa Belle au bois dormant, la jeune fille se pique le doigt à unfuseau pendant qu'elle file la laine et s'endort pour cent ans jusqu'à ce qu'un prince vienne la réveiller.
Dans le conte des frères GrimmNain Tracassin, un paysan prétend que sa fille est capable de changer la paille en or en la filant comme de la laine. Le roi oblige la jeune fille à réaliser cette transformation pendant toute une nuit ; elle se croit perdue jusqu'à ce qu'un nain lui propose de filer la paille à sa place.
Gérard Dou peint en 1645La Prière de la fileuse montrant une vieille femme priant au milieu de ses ustensiles de travail de la laine. Le tableau est exposé à l'Alte Pinakothek deMunich, enAllemagne.