Le festival est à l'origine créé pour récompenser le meilleur film (grand prix), le meilleur réalisateur (prix de la mise en scène), le meilleur acteur et la meilleure actrice (prix d'interprétation masculine etprix d'interprétation féminine) de la compétition internationale. D'autres prix décernés par un jury de professionnels, d'artistes et d'intellectuels, apparaissent plus tard comme leprix du jury et surtout, récompense suprême, laPalme d'or qui remplace le grand prix en 1955.
Le Festival de Cannes fait partie des trois principaux festivals cinématographiques internationaux avec laMostra de Venise et laBerlinale. Ces trois festivals reconnus pour leur prestige du point de vue de la critique cinématographique ont tendance à être opposés auxOscars du cinéma américains.
Il est également désigné, localement, sous l'acronyme« FIF » (Festival international du film), notamment par les professionnels de l'hôtellerie.
Le, le conseil d’administration de l’Association française du Festival international du film nomme comme présidente du Festival de CannesIris Knobloch. Elle succède àPierre Lescure.
Note de 1939 avec la décision du gouvernement français de ne plus participer à la Mostra de Venise, mais d’organiser son propre festival à Biarritz, Cannes ou Nice.
Plusieurs villes françaises de villégiature disposant des capacités d'accueil en hôtellerie sont candidates,Aix-les-Bains[5],[6],Biarritz[6],Cannes[6], dontHenri-Georges Clouzot apprécie l’agrément et l’ensoleillement,Le Touquet[6] etVichy[6] mais aussid'autres villes hors de France métropolitaine,Alger,Lucerne etOstende[réf. nécessaire]. Finalement, le responsable du projet, Philippe Erlanger, qui forma l'idée du festival dans le train lors de son retour de laMostra de Venise en 1938[7], retient deux villes : Biarritz et Cannes, les autres ne pouvant en quelques mois construire et aménager une salle de projection pouvant accueillir un millier de spectateurs[6]. Les comités de tourisme et les directeurs de palace des deux villes se livrent alors une bataille pour obtenir le festival[6]. Deux personnalités cannoises, les directeurs de palaces Henri Gendre, propriétaire duGrand Hôtel, et Jean Fillioux, propriétaire duPalm Beach, mettent en avant leurs chambres, leurs équipements ainsi que la salle de projection duCasino municipal de Cannes pouvant accueillir un millier de spectateurs. Le gouvernement décide alors de créer un comité de coordination composé des représentants des différents ministères concernés par le festival[6], pour étudier les atouts de chaque ville, envoyer ses représentants sur place et les départager. Alors que la rumeur donne Cannes gagnante, c'est Biarritz qui est choisie le pour des raisons financières, cette ville ayant décidé de verser une subvention[6].
Mais la ville de Cannes contre-attaque[6]. Les directeurs des palaces recontactent les ministères et le comité décide de réétudier le dossier[6]. La ville de Cannes s'engage à augmenter sa participation financière[6] à 600 000 francs, à mettre à la disposition du comité ses salles de réception et promet de construire unpalais spécialement destiné au festival[note 3]. Biarritz fait une contre-offre mais pas suffisante et décide finalement de retirer sa candidature[6]. Le festival est officiellement attribué à Cannes avec la signature le d'un contrat entre cette ville et l'État[6].
Il est un temps question que le Festival de Cannes et laMostra de Venise aient lieu chaque année en alternance[20]. LaFrance et les professionnels du cinéma ignorent cet accord[21]. En1946, le Festival est un succès et les cinéastes attendent une nouvelle édition en1947[21]. Lorsque l'accord est dévoilé, il est vivement critiqué : certains parlent d'une« capitulation de la France »[21], d'après le magazineLa Technique française.
Le gouvernement refuse de financer un festival annuel et lePalais des Festivals est construit dans la précipitation par le syndicat pour accueillir l'édition de1947[22]. Encore aujourd'hui, la Fédération CGT des syndicats du spectacle siège au conseil d'administration du Festival[23]. Cette année, les organisateurs du Festival décident que le jury se compose d'un représentant par pays[24].
Le Palais des Festivals (également appelépalais Croisette), construit grâce au maire de Cannes, le docteur Raymond Picaud (fils du docteur André Picaud et de Marthe Pabot du Chatelard) est inauguré le soir du (le Festival dura du 12 au 25). La toiture, inachevée[note 5], s'envole lors d'un orage à la fin du Festival. Le bal de clôture et la remise des prix ont lieu auCasino municipal[25].
Robert Favre Le Bret rejoint la direction du Festival en1947 et instaure le principe de lacommission de sélection : leCentre national de la cinématographie doit donner à la commission de sélection les dates et règlements des autres festivals internationaux en précisant les délais de l'envoi des films. Les producteurs sont ensuite informés et peuvent envoyer leurs films à la Commission, qui établit ensuite la sélection. Ces films doivent alors être conformes aux règles de censure de l'époque. Pendant laGuerre froide, la liste est validée par le ministère chargé de la Cinématographie et celui des Affaires étrangères[26]. Ainsi, durant l'année1947, le Festival s'institutionnalise et trouve ses marques au sein de l'Europe, où les festivals de cinéma se multiplient. Le Festival n'a pas eu lieu en1948 ni en1950, officiellement en raison de problèmes budgétaires[27], et peut-être à cause d'un contrat avec la Mostra de Venise qui les faisait se dérouler en alternance un an sur deux[20].
Depuis1951, le Festival a lieu durant le printemps, et abandonne une date proche de celles de la Mostra de Venise et duFestival de Locarno. LaPalme d'or est créée en1955, à l'initiative deRobert Favre Le Bret, pour remplacer le « grand prix du Festival international du film » que l'on décerne au réalisateur du meilleur film de la compétition. Le délégué général réunit le conseil d'administration et invite des joailliers de toute l'Europe présenter le trophée de laPalme d'or[28]. Le conseil opte pour un dessin deLucienne Lazon. La première Palme est remise cette même année àDelbert Mann pourMarty. Le grand prix reprend sa place de1964 à1974 puis disparaît à jamais au profit de la Palme d'or.
Cette même année a lieu le premiermarché du film, qui facilite les échanges entre vendeurs et acheteurs de l'industrie ducinéma, et est devenu la première plate-forme mondiale pour lecommerce international dufilm[30]. En2007, il a accueilli plus de 10 000 participants provenant de91 pays[31].
En1969,Pierre-Henri Deleau crée laQuinzaine des réalisateurs qu'il dirige trente ans. Cet événement est créé pour présenter desfilms étrangers réalisés par des cinéastes méconnus[37], qui ne font pas partie de la sélection. La maxime de la Quinzaine est« Cinéma en liberté ». Pour sa première édition, l'événement est organisé en à peine deux mois, pas assez pour sélectionner les films :62 longs métrages et26 courts métrages sont projetés[38] gratuitement, accessibles à tous.La Première charge, duCubainManuel Octavio Gómez, qui ouvre la première édition de la Quinzaine, reçoit immédiatement après sa projection une attention médiatique remarquée.
En1972,Robert Favre Le Bret est nommé président etMaurice Bessy est élu délégué général. Avant cette date, les films présentés au Festival sont choisis par les États[39]. Maurice Bessy instaure un comité de sélection pour la France et un pour le cinéma international. Ce système pose problème pour la sélection duFestival de Cannes 1972[39]. L'année suivante est inaugurée la section Perspectives du cinéma français, aujourd'hui disparue. Les plus grandes modifications ont lieu en1978[40].
Gilles Jacob arrive alors au poste de délégué général du Festival et crée laCaméra d'or qui récompense le meilleur premier film de toutes les sections par l'intermédiaire d'un jury indépendant. Le gagnant se voit alors offrir un réseau d'affichage publicitaire grâce à un partenariat établi avec les affichagesDauphin, partenaire officiel du festival[41]. Il met également sur pied une nouvelle section de la sélection officielle,Un certain regard, qui aide les films en marge de la distribution. Un film en ressort gagnant parmi20 sélectionnés. LeCinéma de genre est souvent mis à l'honneur dans cette section. De plus,Gilles Jacob réduit la durée du Festival de15 à 13jours (il passe plus tard à onze jours) et diminue le nombre de films sélectionnés[40]. Sous son impulsion, le festival défend la liberté d'expression et de création contre la volonté de régimes autoritaires d'imposer leurs films officiels. Il prend aussi parti contre la censure et les pressions internationales[29]. De fait, les réalisateursCarlos Saura,Luis García Berlanga etJuan Antonio Bardem luttent mieux contre les prescriptions de la dictature franquiste, et le GéorgienOtar Iosseliani, bien accueilli par les festivaliers, évite les foudres deMoscou[note 6]. Des cinéastes issus de pays en voie de développement comme le MalienSouleymane Cissé peuvent trouver une audience internationale, et le financement et la diffusion de leurs œuvres peuvent être facilités[29].
À la télévision, le Festival est couvert parAntenne 2 dans lesannées 1970 et1980, puisCanal+ depuis lesannées 1990. Depuis1993, lescérémonies d'ouverture et de clôture, pendant lesquelles un maître (ou une maîtresse) de cérémonie appelle sur scène les jurys et célébrités qui remettent les prix, sont télédiffusées en clair et en direct[42].
En1998,Gilles Jacob a créé laCinéfondation pour soutenir la création d'œuvres de cinéma dans lemonde et permettre aux nouveauxcinéastes de côtoyer des célébrités[47]. Chaque année, on accueille à Cannes une dizaine deréalisateurs ayant réalisé un ou deuxcourts métrages defiction. Depuis sa création jusqu'en2007,70 cinéastes d'une quarantaine de pays ont ainsi participé au Festival. La Cinéfondation met à disposition desréalisateurs une résidence àParis et une aide à l'écriture d'unscénario. De plus, elle leur offre800 euros par mois, et un accès gratuit à plusieurssallesparisiennes[47]. Depuis lesannées 2000 on a projeté plus de mille films d'étudiants, qui reflètent la diversité et le dynamisme des jeunescinéastes.
L'Atelier est une section de la Cinéfondation, créée en2005 afin de mettre en contact les jeunes réalisateurs avec des célébrités pour laproduction ou ladistribution de leur film[48].
En2002, le Festival international du film prend officiellement le nom deFestival de Cannes, qui le désignait couramment.
En 2018, le festival est, avec la Quinzaine des réalisateurs et la Semaine de la critique, le premier à signer laCharte pour la parité et la diversité dans les festivals de cinéma portée par leCollectif 50/50. Il s'engage ainsi à fournir des statistiques genrées, en particulier sur le nombre de films soumis à sélection, de publier la liste des membres des comités de sélection et programmateurs et enfin de s'engager sur un calendrier de transformation des instances dirigeantes pour parvenir à la parfaite parité[49].
Graphique de comparaison des réalisateurs en compétition officielle au Festival de Cannes (1999-2019)[50].
La situation est semblable concernant les sélections. En2018, à l'occasion du50e anniversaire du festival et à la suite dumouvement MeToo,82 femmes gravissent les marches du Palais des festivals de Cannes pour réclamer l'égalité des sexes dans l'industrie cinématographique. Elles représentent les82 films réalisés par des femmes qui ont été admis en sélection officielle au cours des71 années d'existence du festival, contre 1 866 films pour les hommes[52]. En2023, un nombre record de sept femmes sont admises en compétition, ce qui représente 33 % des réalisateurs en lice pour la Palme d'or, soit le pourcentage le plus élevé jamais atteint[52].
Les Françaises Palmes d'or 2021 et 2023, Julia Ducournau et Justine Triet, font partie de la quinzaine de réalisatrices animant lecollectif 50/50, fondé en à l’initiative de l'association féministe Le Deuxième regard, à la suite de l'affaire Weinstein d' dans le milieu du cinéma qui avait déclenché lemouvement MeToo. Le collectif 50/50 promeut l'égalité des femmes et des hommes et ladiversité dans le cinéma et l'audiovisuel[55] par le recours à des études chiffrées sur les inégalités salariales ou la proportion de femmes par métiers de la production cinématographique.
Au départ simple manifestation touristique et mondaine[note 7], le Festival de Cannes est devenu, au fil des années, le festival de cinéma le plus médiatisé au monde[56], notamment lors de la cérémonie d'ouverture et la montée des marches : le tapis rouge et ses vingt-quatre « marches de la gloire ».
Chaque année, durant la seconde quinzaine demai, descinéastes, desvedettes, des professionnels de l'industrie cinématographique (producteurs, distributeurs, vendeurs internationaux…) et des milliers dejournalistes se déplacent à Cannes. Les principales projections ont lieu aupalais des festivals et des congrès situé sur la promenade dela Croisette[57].
Depuis l'explosion mondiale du phénomène festivalier dans les années2000, le Festival de Cannes, qui prévaut sur ceux deVenise et deBerlin, est concurrencé par leFestival de Toronto, qui a une approche plus commerciale et moins culturelle que Cannes[note 8]. Néanmoins, le festival de Toronto se déroule en septembre et empiète plus sur la Mostra[58].
Le Festival projette à cette occasion son film le plus long,The War deKen Burns, undocumentaire sur laSeconde Guerre mondiale de14 h, battantParsifal (4 h 40 min) etNos meilleures années (6 h). De plus,Luc Besson, ancien président duFestival de Cannes 2000, crée leFestival Cannes et Banlieues[59], dont le slogan est : « Si tu ne peux pas aller à Cannes, c'est Cannes qui viendra à toi ! », afin d'organiser dans plusieurs villes de banlieue parisienne des projections de films de la sélection officielle, accompagnées d'uncourt métrage retraçant les60 ans du Festival de Cannes.
En60 ans, le Festival de Cannes a promu de nouveaux réalisateurs et cinématographies. Le numérique fut récemment installé dans les salles cannoises, et les cinémas degenre et d'animation font maintenant partie de la sélection.
En 2014, nouvelle ère pour le Festival,Gilles Jacob devient président d'honneur après38 ans de direction du Festival, son successeur estPierre Lescure. Ce dernier est réélu en 2017, puis en 2020[60].
En 2017, le festival fête sa70e édition, en invitant des cinéastes palmés et organise des projections deséries télévisées de cinéastes habitués du festival. Cette édition est marquée par le dilemme concernantNetflix et plus généralement les services destreaming dont les films ne sont pas diffusées dans lessalles.
Dans les années 2020, la sélection officielle se veut le reflet de la production cinématographique mondiale. La compétition met généralement en exergue lecinéma d'auteur ou de recherche. À l'époque, ce sont une soixantaine de personnes qui travaillent à l'année pour l'organisation du festival, un nombre qui croît jusqu'à 700 personnes durant les semaines de festival. D'aprèsMediapart,« pour une vingtaine de jours de travail, la rémunération d’un assistant est de 2 300 euros brut, à raison de 48 heures hebdomadaires. Les équipes de projection bénéficient, elles, d’un taux horaire de 18,50 euros brut par heure »[62].
En 2023, le quotidien britanniqueThe Guardian titre son article surJustine Triet, la gagnante de la Palme d'or qui a critiqué la « répression » des manifestations contre la réforme des retraites[63]. Le journal observe un peu plus tard que la lauréate du prestigieux prix « a déclenché une polémique politique » par une attaque « contre les politiques culturelles du gouvernement français » suivie d'une contre-attaque de la ministre de la Culture,Rima Abdul Malak[63],[64].
Compétition des longs métrages : rassemble une vingtaine de longs métrages chaque année, c'est la section la plus réputée, la plus médiatisée avec de nombreux cinéastes expérimentés ou habitués du festival.
Hors-Compétition : des longs métrages, souvent grand public et à gros budget, sont présentés dans des galas mais également dans des séances spéciales, séances de minuits,films d'ouverture et de clôture.
Un certain regard : la section fut créée en 1978 mais resta non compétitive jusqu'en 1998, quand fut fondé le prixUn certain regard ainsi que des prix annexes variant chaque année. La section propose souvent une vingtaine de films de cinéastes débutants (les premiers films sont courants dansun certain regard mais rares en compétition) mais peut aussi proposer des films en marge, expérimentaux, venant parfois de grands cinéastes.
Cinéfondation : depuis 1998, les films de moins d'une heure, venant de différentes écoles de cinéma, y sont projetés et sont aidés à la production grâce à l’atelier de la cinéfondation.
Cannes Classics : depuis 2004, projette plusieurs films anciens, voire classiques, de cinéastes cultes.
Cinéma de la Plage : depuis 2001 des projections thématiques en plein air sont offertes tous les soirs au public des Cannois et des festivaliers.
D'autres organismes créèrent leurs propres sections qui ne sont pas rattachées avec l'institution officielle du festival mais qui se déroulent durant celui-ci[65].
La particularité de cette section est de ne sélectionner que des premiers et seconds films de cinéastes, afin de les faire découvrir aux festivaliers, et bien souvent d'être ensuite sélectionné en compétition officielle[67]. Plusieurs grands cinéastes furent découverts même s'ils ne peuvent plus concourir dans cette section[68]. En 1988 apparut la sélection des courts métrages (qui ne sont pas obligatoirement les premiers films de leurs auteurs). Seuls une dizaine de longs métrages et une dizaine de courts sont sélectionnés afin que chacun ait une plus grande visibilité[69].
Ungrand prix est attribué au meilleur film de la section. Jusqu'en 2009, il était décerné par les journalistes conviés, depuis 2010, un jury composé de cinéastes et critiques récompense le film. D'autres récompenses sont apparues dans les années 2000 mais il s'agit de prix remis avec des partenaires ou des organismes extérieurs.
Quinzaine des cinéastes (appelée « Quinzaine des réalisateurs » jusqu’en juin 2022)
La quinzaine sélectionne une vingtaine de longs métrages et une dizaine de courts, sans restrictions, de différents milieux.
À l'exception de laCaméra d'or et des prix décernés par un jury et des partenaires indépendants (tel leCICAE et l'Europa cinema award), la section est non compétitive. La seule récompense remise par la société des réalisateurs de films est leCarrosse d'or, une distinction honorifique pour un réalisateur.
Rassemblant une dizaine de longs métrages et quelques courts, la section sélectionne souvent des œuvres de cinéastes débutants, dont beaucoup n'ont pas de distributeurs.
La section est plus en marge que les autres : les premiers films ne sont pas éligibles à la Caméra d'or et il est rare que les prix multi-sélections prennent en compte l'ACID.
Le public découvre la sélection finale, qui comprend une vingtaine de longs métrages en compétition, un mois avant le Festival : certains films sont choisis tardivement, et d'autres sont réservés officieusement depuis plusieurs mois pour que le Festival ait l'exclusivité de diffusion. Un long métrage a la possibilité d'être sélectionné sans que le montage final soit achevé et une version intermédiaire (work in progress) est présentée[71]. Un film ne peut être sélectionné à Cannes s'il a participé à un autre festival international, s'il a été diffusé sur Internet, s'il a été projeté en salles ou distribué ailleurs que dans son pays d'origine et si son tournage s'est achevé plus d'un an avant le début du Festival[72]. La durée maximum d'un film court, sélectionnable pour la compétition ducourt métrage, est de quinze minutes[72]. Une œuvre dont la durée varie entre quinze et soixante minutes ne peut être sélectionnée[72].
L'ancien délégué du Festival,Gilles Jacob, instaure dès sa première année à ce poste le principe du film surprise avecL'Homme de marbre deAndrzej Wajda. Le film, interdit enPologne, a passé la frontière sous un faux titre.L'Homme de fer, du même Andrzej Wajda, a été sélectionné après le début de la compétition, alors que le festival suivait son cours[73],[74]. Gilles Jacob a dit dans une interview pourStudio Magazine qu'il s'agit du« seul cas de figure où un autre candidat aurait pu protester ».
Depuis plusieurs années, il existe des compléments de sélection, si le film est fini de manière plus tardive, ou s'il y eut des hésitations, après la conférence de presse d'annonce de la sélection à la mi-avril. Les Palmes d'or de2008 et2017,Entre les murs etThe Square, furent concernées par ce dispositif[75],[73],[76].
Avant la création de la « Détente » en1972, le comité de sélection indépendant du Festival, les films de la compétition sont choisis par les États qui tentent ensuite de faire pression sur le jury[77].
Actuellement, il existe deux comités de sélection[78]. L'un, créé parGilles Jacob, visionne les films étrangers. Ce comité, qui reçoit les conseils de correspondants à l'international, est composé de quatre membres : un journaliste, un réalisateur, un cinéphile etLaurent Jacob, le fils deGilles Jacob[79],[80]. Le deuxième comité, dont les membres ne sont ni nommés ni connus, prend en charge les films français[79]. Normalement, le règlement impose une limite de trois longs métrages français à la compétition mais par deux fois, une dérogation est prise à titre exceptionnel : lors duFestival 2011,The Artist est basculé en compétition à la dernière minute et devient le quatrième film français à y prendre part et, lors de l'édition 2013, l'organisation annonce que six productions françaises concourent pour laPalme d'or[81],[82]. La même chose se reproduit en 2015, mais des polémiques ont fréquemment lieu sur la qualité de certains films et leur légitimité à être sélectionnés en compétition.
La sélection à Cannes délivre une attention médiatique et critique importante, d'où les nombreuses pressions et parfois les choix difficiles pour sélectionner un film[83],[84].
Les deux comités, soumis au secret professionnel et encadrés parThierry Frémaux, visionnent plus de six films par jour[79],[80]. Avec l'introduction desdocumentaires, dunumérique, desfilms d'animation et des films de genre, le comité a visionné 3 200 longs métrages en2005, et 4 000 en2007[78]. L'avis des membres du comité est consultatif et le délégué général a toujours la décision finale sur la sélection[79],[80]. Selon Thierry Frémaux, il existe un comité de présélection pour faire un tri large avant la sélection[85]. Et que la sélection commence dès la fin du précédent festival de Cannes, en prenant en compte le planning destournages pour l'année suivante[86]. Les journalistes utilisent ce calendrier pour faire des pronostics sur la sélection, en se basant sur les films prêts pour le festival et sur le statut du réalisateur qui peut être un « habitué » avec une sélection probable[87],[88],[73],[89].
Alors qu'en1946, ungrand prix est remis à un film sans mention particulière au genre, un prix du meilleur film est attribué, en1947, par catégories : on retrouve celle des films d’aventure etpoliciers, desdessins animés, des films psychologiques ou d’amour, des films sociaux et descomédies musicales. C’est d'ailleurs la seule année où ce système de récompenses est utilisé. Dès le début, des prix pour la meilleure interprétation et la meilleure réalisation sont décernés. Dans les premières années, la compétition n'a pas d'importance réelle : le Festival cherche surtout à briller par son prestige mondain, touristique et diplomatique et la grande majorité des films sélectionnés est assurée de repartir avec un prix[note 10]. Il faut attendre la décennie suivante pour que le palmarès cannois soit considéré par le monde culturel et valorise un nombre d’œuvres restreint[90].
Dans lesannées 1950, et particulièrement sous la présidence deJean Cocteau, plusieurs prix à l'appellation fantaisiste sont décernés tels que le prix du film lyrique (1952), le prix international du film de la bonne humeur (1953) ou encore le prix International du film le mieux raconté par l'image (1953). Néanmoins, leprix du jury s'impose comme un classique et devient la seconde récompense majeure après le grand prix du Festival.
Avec l'arrivée de laPalme d'or en 1955, le titre des prix octroyés s'homogénéise même si l'on trouve encore un prix de l'humour poétique en1957, décerné àIngmar Bergman pourSourires d'une nuit d'été. Dans lesannées 1960, leprix spécial du jury apparaît en complément duprix du jury et change régulièrement d'intitulé, entre « grand prix spécial du jury » et « grand prix du jury » avant d'être finalement « grand prix ». À l'origine il a la même valeur que la Palme, le premier allant au meilleur film dans la catégorie « Art et Essai » et la seconde au meilleur film destiné au grand public[90]. Mais cette définition n'a jamais été comprise, ni vraiment appliquée par les jurys successifs et cette distinction est aujourd'hui définitivement perçue comme inférieure à laPalme d'or, même si elle reste l'honneur le plus important après celle-ci[90]. Par la suite, il est de nouveau créé des prix-fantaisie pour récompenser des films n'ayant pas obtenu de récompenses « officielles » mais méritant tout de même, selon le jury, d'être mentionnés au palmarès. Ainsi, sont distribués le prix de la meilleure évocation d’une épopée révolutionnaire en1963 àLa Tragédie optimiste de Samson Samsonov, le prix du20e Festival en1966 àFalstaff d'Orson Welles et le prix de l'audace artistique pourCrash deDavid Cronenberg en1996.
Depuis1955, le plus prestigieux des prix décernés àCannes reste laPalme d'or, remise au meilleur film de la compétition. Le deuxième prix le plus prestigieux est donc legrand prix.
Le trophée de la Palme d'or est actuellement fabriqué parChopard. Il est basé sur un rectangle de diamant. Des versions miniatures - dites « mini-palmes » - sont données pour les prix d'interprétation depuis2000 et pour les autres prix depuis2018[96]. Les autres prix de la compétition officielle étaient alors sous forme de diplômes (tout comme les prix du certain regard et de la cinéfondation). Il n'y a pas de « Palme d'argent », contrairement à l'Ours d'argent de la Berlinale et auLion d'argent de la Mostra. La Caméra d'or a aussi droit à un trophée stylisé.
Ceci est la liste des prix remis par l’institution officielle. Tous sont remis durant la cérémonie de clôture (sauf les prix du certain regard et de la cinéfondation qui sont remis à part).
Legrand prix récompense au départ le film qui aura manifesté le plus de singularité ou d'esprit de recherche[90]. Il revient aujourd'hui au second meilleur film[90]
D'autres prix spéciaux sont remis au Certain Regard, mais les prix attribués changent annuellement selon le jury (prix du jury, prix spécial, prix d'interprétation…)
Sauf les prix de la semaine de la critique, les autres prix sont remis par des organismes extérieurs au festival et aux sections parallèles. Ainsi leprix FIPRESCI ou leprix ACID consacrent le meilleur film selon un jury (ou vote des adhérents) à part. Certains de ces prix ne concernent qu'une seule sélection quand d’autres prennent en compte tous les films projetés. Et certains de ces prix consacrent des films selon des thématiques précises (l'altersexualité pour laQueer Palm, le journalisme pour leprix François-Chalais…).
Leprix FIPRESCI est décerné par les critiques de cinéma pour soutenir un genre risqué, personnel ou original.
Leprix de la jeunesse décerné par un jury-jeunes récompense un film, première ou seconde œuvre d’un cinéaste.
LaPalme Dog est un trophée humoristique récompensant le meilleur chien parmi les films sélectionnés.
Leprix Orange par l'Association de presse, attribué à acteurs.
Leprix du jury œcuménique est décerné pour la diversité culturelle d'unlong métrage dont les qualités artistiques sont au service d'un message.
Leprix de l'Éducation nationale est décerné, de 2003 à 2010, par un jury d'enseignants, d'élèves et de professionnels à un film de la sélection officielle jugé fort et pouvant faire l'objet d'une étude future ou d'un enseignement en classe[97]
L'acteur et réalisateur américainSean Penn, président du jury en2008.
L'organisation du Festival compose les jurys de la compétition, du Certain Regard, de la caméra d'or et un jury s'occupant de la Cinéfondation et du court métrage.
Le choix du président du jury se fait sur la légitimité : les réalisateurs de la compétition doivent être rassurés sur le fait qu'ils seront jugés par une personnalité de renommée mondiale, dotée d'une excellente connaissance du cinéma et d'un bon discernement[100]. SelonThierry Frémaux, délégué général, le président doit également avoir le niveau et la crédibilité de mener un jury, conduire des débats et élaborer un palmarès[100]. Il se doit par ailleurs de tenir compte de l'avis de ses collègues et de se mettre à leur place[100]. La nomination du président est faite à la suite de plusieurs propositions annuelles de la direction, formulées à l'automne puis soumises au conseil d'administration du festival qui les valide[100]. En2015, la direction innove avec une double présidence du jury, sans précédent dans l'histoire du Festival, tenue par les frères-cinéastes américainsJoel et Ethan Coen[101]. Les autres jurés, majoritairement issus de l'industrie du cinéma international, sont choisis ultérieurement selon leur degré de notoriété ou le niveau de reconnaissance par leurs pairs[100]. De manière générale, un jury se compose selon plusieurs critères diplomatiques et artistiques : il doit être le reflet d'une certaine diversité, tant sur le plan des nationalités, des horizons (écrivains, critiques, artistes, historiens du cinéma…) que des sensibilités esthétiques[100]. S'y côtoient alors aussi bien desvedettes que des personnes apparentées au cinéma de recherche[100].
Les personnalités françaises et étrangères appelées à composer le jury sont donc nommées par le président et le délégué général et leur choix est validé par le conseil d'administration[102]. Ne peut en faire partie quiconque a participé ou est lié à la production, la distribution et la promotion d'un film en compétition[102].
Le règlement concernant les délibérations a évolué avec le temps afin de pallier les excès. Après queBarton Fink, en plus de laPalme d'or, obtint les prix de lameilleure réalisation et de lameilleure interprétation masculine en1991, les jurés n’eurent alors plus le droit de donner plusieurs prix à un même film. Seul l'un des deux prix d’interprétation pouvait s’ajouter à une autre récompense[note 14]. Par trois fois, les membres du jury ont toutefois dérogé à la règle, à savoir en1999 et en2001 avec legrand prix et les deux prix d'interprétation attribués respectivement àL'humanité deBruno Dumont[103] et àLa Pianiste deMichael Haneke[104] puis en2003, année où quatre films seulement ont été récompensés. Le président du juryPatrice Chéreau avait en effet, à ce moment-là, réclamé une « violation exceptionnelle du règlement » qu'il s'était vu accorder et trois films étaient repartis avec deux trophées chacun, dontElephant deGus Van Sant, auréolé de laPalme d'or et duprix de la mise en scène[105].
Depuis, pour assurer un certain équilibre du palmarès, le règlement s'est durci : le jury n'a droit qu'à une seule mentionex æquo pour un prix et cette disposition ne peut plus s'appliquer à laPalme d'or[99]. De plus, une œuvre ne peut obtenir qu'une seule récompense au palmarès même si le film lauréat duprix du jury ou duprix du scénario peut éventuellement, et uniquement sur la délivrance d'une dérogation spéciale par le président du festival, recevoir l'un des deux prix d'interprétation en complément[99].
Le contenu des discussions du jury n'est pas révélé à la presse. Il n'est pas interdit aux jurés de lire les journaux ou de regarder la télévision, mais cela leur est fortement déconseillé[106]. Ils arrivent à Cannes la veille de l'ouverture afin que leur soit expliqué le règlement[100]. Il leur est défendu de révéler leur opinion à d'autres qu'eux ou de la rendre publique[107]. La discrétion est la règle d'or et le secret des débats doit être gardé à jamais[108]. Plusieurs mesures sont prises pour permettre aux délibérations de se dérouler dans une sérénité optimale et une extrême confidentialité[108]. Les membres du jury choisissent l'horaire de la séance du film en compétition à laquelle ils souhaitent assister et sont amenés à la dernière minute dans la salle de projection[108]. Ils sont ensuite raccompagnés avant que les lumières se rallument afin d'éviter rumeurs et conjectures[109]. Néanmoins, la presse émet, chaque année, de nombreuses hypothèses sur les préférences du jury[108].
Il appartient au président du jury d'organiser les réunions préliminaires[100]. En clôture des débats, les jurés procèdent à un vote à scrutin secret pour désigner les gagnants[102]. La décision des votants est prise à la majorité absolue aux deux premiers tours de scrutin et à la majorité relative aux deux tours suivants[102]. Le président du festival et le délégué général assistent aux délibérations, mais n'y participent pas[102]. Ils veillent malgré tout à leur bon déroulement. Il est interdit au jury de prendre ses décisions avant le dimanche de la cérémonie de clôture et celles-ci ne sont révélées qu'au soir, lors de la proclamation du palmarès par le président du jury[109]. Ce dernier n'a pas de double voix même s'il lui appartient de trancher en cas d'égalité[110]. Toutefois, le choix du nombre impair de jurés (neuf au total) depuis les années 2000 évite ce problème. Le lieu de la délibération finale a longtemps été gardé secret pour éviter les fuites et les tentatives d'espionnage[108]. À partir desannées 1980, sauf rares exceptions, elle se déroulait dans lavilla Domergue, ancienne demeure du peintreJean-Gabriel Domergue et actuelle propriété de la mairie de Cannes, située sur les hauteurs de la ville[111]. Le dernier jour du festival, le quartier était bouclé par la police et interdit aux photographes, aux badauds ou aux curieux[106]. Le jury y passait la journée coupé du monde, privé d'Internet et de téléphones portables[112]. Néanmoins, depuis2013, les organisateurs changent une nouvelle fois de point de réunion et la nouvelle villa est à nouveau tenue secrète. Depuis2004, les jurés ont la possibilité de s'exprimer sur leurs choix lors d'une conférence de presse suivant la remise des trophées, sans toutefois être autorisés à évoquer le contenu de leurs délibérations ni les longs métrages écartés du palmarès[113].
D'un point de vue logistique, le président et le délégué général du festival assistent aux délibérations afin de prendre connaissance tout au long de la journée des noms des vainqueurs, et de les contacter immédiatement pour leur faire savoir que leur présence est souhaitée le soir même, lors de la cérémonie de clôture.
Pour certaines vedettes, il est de coutume qu'elles ne soient que de passage au festival, lors d'un aménagement fait dans leur calendrier de tournage pour qu'elles puissent y présenter leurs autres films ; il s'agit donc pour elles de revenir à Cannes au plus vite afin de recevoir leur prix en propre. Cette tradition amène à de nombreuses spéculations lors de la dernière journée du festival, certains guettant les allées et venues à l'aéroport pour établir des pronostics sur les heureux élus[114].
Le Festival de Cannes est dirigé par plusieurs personnes, aux postes très différents[45]. Les diverses fonctions qu'exige Cannes s'expliquent par l'évolution et de la croissance du Festival. Jusqu'en2000, deux personnes se chargent de la direction : le président et le délégué général qui occupe à la fois les places de directeur général et de délégué artistique[45]. Le secrétaire général est placé à l'intendance. Le président est élu par le conseil d'administration du Festival, officiellement nommé « Association française du Festival international du film »[45]. Cette instance repose sur un équilibre entre le monde du cinéma et les pouvoirs publics[115]. Elle comprend 28 membres dont deux représentants de l'exécutif : un délégué duministère de la Culture et un duministère des Affaires étrangères puis des représentants de l'Assemblée nationale et duSénat et enfin des professionnels du cinéma : producteurs et distributeurs mais aussi des membres de sociétés d'auteurs comme l'ARP (société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs) ou laSACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) et de syndicats influents dans le monde du spectacle tels que laCGT[45].
Le président bénéficie d'un mandat de trois ans renouvelable[116]. Il nomme les membres de son équipe, dont le Délégué général, avec l'aval du conseil d'administration qui décide, ou non, de les reconduire dans leurs fonctions[117],[118].
Le tableau ci-dessus présente les personnes qui ont occupé ces fonctions depuis la création du Festival jusqu'à aujourd'hui.
En2001, lorsqueGilles Jacob est promu président, deux personnes sont employées pour le remplacer à son ancien poste de délégué général : une directrice générale (Véronique Cayla) est chargée de l'organisation de l'événement et un délégué artistique (Thierry Frémaux) s'occupe, quant à lui, uniquement de la sélection des films. Un contrôleur financier entre également dans le cercle de la direction du Festival.
Avec le départ deVéronique Cayla au poste de directrice générale,Thierry Frémaux devient en 2007 délégué général et retrouve les fonctions que Gilles Jacob avait auparavant divisées. Aujourd'hui, le délégué général a des responsabilités administratives, financières et comptables accrues[119]. Il est à la fois celui qui décide du contenu artistique du Festival et gère les ressources humaines, la logistique et l'intendance.
Lesecrétaire général s'occupe de la réception d'œuvres et de questions pratiques.
Délégué artistique
Pour êtredélégué artistique au Festival de Cannes, il faut avoir une haute connaissance de l'histoire de l'art et ducinéma. Cette personne doit ensuite suivre une formation intensive aux techniques cinématographiques puisqu'elle s'occupe de la sélection des films. Elle est chargée de la programmation des longs métrages et établit le déroulement artistique du Festival (rencontres, hommages, leçons de cinéma, etc.).
Délégué général
Ledélégué général s'occupe de la coordination. Il vérifie que les tâches se déroulent normalement et les encadre. Il veille sur l'organisation, le déroulement du programme quotidien et l'intendance, règle les problèmes de fonctionnement et est aussi le représentant des techniciens auprès du président.
Président
Leprésident est le plus haut dirigeant de la manifestation. Son poste est non-rémunéré[121]. Il représente le Festival devant les partenaires financiers, les pouvoirs publics et les médias[121]. Il accueille les célébrités du monde ducinéma en haut des marches durant l'événement[121]. Mais il dirige aussi toutes les autres personnes travaillant pour Cannes[121]. Il a autorité sur la configuration du Festival et les options prises quant à son évolution[121]. Il définit la stratégie, décide des modifications et gère le budget de la manifestation[121]. Cependant, il ne s'occupe pas du contenu artistique, notamment la sélection des films qui incombe au seul délégué artistique[122].
Directeur général
LeDirecteur général est là pour superviser ou attribuer les tâches aux différents services et veiller au bon déroulement global de l'événement. Il gère les besoins, s'occupe des questions administratives et financières et statue sur les effectifs de travail. Il s'agit de la deuxième place la plus importante du Festival.
Par ailleurs, lecinéma français, est soumis à un comité de sélection spécifique, et fournit généralement trois des vingt-deux candidats de la sélection officielle. Jusque dans lesannées 1980, le Comité de sélectionfrançais, composé de quatre à vingt personnes selon les années, était nommé par leministre de la Culture. En1983,Daniel Toscan du Plantier etAlain Terzian persuadent le ministre de laisser le Festival sélectionner lesfilms français. Pour éviter une surcharge de travail,Gilles Jacob crée la même année un comité de sélection consacré aux films français dont il choisit lui-même les conseillers et dont le nombre n’est pas prédéfini[note 15].
Le Festival de Cannes inaugure en1991La leçon de cinéma. Cette leçon est dirigée par un célèbre cinéaste[124]. On remarque notammentNanni Moretti,Oliver Stone,Stephen Frears,Francesco Rosi,Wong Kar-wai,Martin Scorsese,Quentin Tarantino etSydney Pollack. Ainsi, de par leur style, ils illustrent leurs moments forts, leur parcours d'artiste dans le monde du cinéma et leurs visions du film idéal. Ces leçons ont été conçues pour faire aimer et découvrir lecinéma dans un esprit de dialogue créatif et ouvert. Les admirateurs de célébrités pourront ainsi les découvrir plus concrètement qu'à la montée des marches, par exemple. Le public pourra par ailleurs apprendre à connaître le métier deréalisateur, et découvrir la cinématographie. Des leçons de cinéma de cette envergure n'ont jamais été présentées dans des festivals internationaux auparavant, comme à laMostra de Venise ou durant laBerlinale, il aura fallu attendre l'idée deGilles Jacob pour pouvoir y participer.
En2003,La leçon de musique est créée sur le modèle des Leçons de cinéma. C'est ici qu'un grandcompositeur de musiques de film partagera sa carrière musicale avec le public. Se sont succédéNicola Piovani,Howard Shore etAlexandre Desplat par exemple.
Le public, qui a rarement accès aux projections officielles, peut alors avoir un contact direct avec les célébrités devenues « professeurs ». C'est sur le ton de la confession intime qu'un échange unique dans le monde a été mis en place parGilles Jacob. C'est un partage concret où chaque professionnel se livre aux questions des plus curieux, en racontant ses expériences vécues.
Pendant une douzaine de jours, la ville de Cannes est phagocytée par le Festival. Le centre-ville est quadrillé par la police, la circulation automobile est bouleversée et le parcours des transports en commun modifié. LaPromenade de la Croisette et sonPalais des festivals et des congrès sont assaillis par plus de 4 500 journalistes et les abords des palaces par les curieux de tous horizons quand les vedettes sortent pour se rendre au Palais des Festivals. Durant les deux premières semaines demai[note 16], Cannes monte en puissance. Face aux marches, une zone est mise à disposition des chasseurs d'autographes et des photographes amateurs en quête du cliché exclusif, équipés d'échelles et d'escabeaux cadenassés au mobilier urbain et aux barrières de sécurité durant la période du Festival[125]. Les quelque200 photographes professionnels sont situés en bas et de part et d'autre des marches répartis sur des estrades à trois niveaux, aux places numérotées, afin d'immortaliser les stars sous les projecteurs et les caméras de télévision.
Outre les traditionnelles photos prises à leur arrivée au Palais des Festivals, les vedettes et personnalités du cinéma sont astreintes à unphotocall, séance de photos individuelle ou de groupe rassemblant sur le toit du Palais acteurs, réalisateur d'un film, etc[126],[127]. Ces personnalités sont également conviées à participer à laconférence de presse à l'intérieur du Palais, face à un parterre de journalistes et de professionnels de l'industrie du film français et étrangers venus les interroger sur certains aspects du film présenté[128].
Pour cet évènement, le secteur du Palais des Festivals et de la Croisette est métamorphosé[129]: les plages privées installent des structures démontables qui augmentent leur capacité d'accueil, les toits et terrasses des palaces sont transformés en sites destinés aux réceptions, cocktails ou zones de presse et d'interviews[130]. Les façades des résidences sont parées de banderoles au nom des sociétés de production qui louent des appartements sur la Croisette ou des yachts. Le boulevard de la Croisette et, plus généralement, le quartier duCentre - Croisette sont pavoisés avec des oriflammes sur le thème du festival ou des affiches qui retracent l'histoire de l'industrie cinématographique[131]. La plage publique Macé est aménagée en salle de projection à ciel ouvert le temps du Festival[132]. Les navettes d'hélicoptères se multiplient entre Cannes et l'aéroport de Nice-Côte d'Azur qui vit également au rythme des arrivées des vedettes du cinéma[133],[134].
Les échelles et escabeaux des photographes amateurs face à la montée des marches.
Un protocole de rigueur est mis en place. Le tout premier soir a lieu la cérémonie d'ouverture pendant laquelle le maître ou la maîtresse de cérémonie présente les membres du jury et invite sur scène l'équipe du film choisi pour ouvrir les festivités. Le choix du film d'ouverture s'axe sur une œuvre destinée à attirer le maximum d'attention de la part des médias et du public. Il ne préfigure en rien la sélection officielle[135]. La projection est suivie d'un dîner protocolaire dont le coût est traditionnellement partagé entre le festival et les producteurs ou distributeurs du film[120]. Le dernier jour, la cérémonie de clôture met fin au suspense de la compétition et le président du jury annonce le nom des lauréats. Ces derniers se font remettre leur récompense par une célébrité du cinéma et ont droit à un discours de remerciements. Un film de clôture en présence de l'équipe est projeté et un dîner, pris en charge en partie par les producteurs et distributeurs, clôt les festivités[120]. En 2014, la direction fait le choix de projeter un film de répertoire en clôture,Pour une poignée de dollars deSergio Leone, dont la séance est présentée parQuentin Tarantino en l'honneur du cinquantenaire duwestern spaghetti[136],[137].
Façades d'hôtels et de résidences ornées de banderoles des sociétés de production dans le centre-ville de Cannes.
Quotidiennement, les activités se déroulent selon un rituel bien établi. Pour tous les films de la sélection (en et hors compétition,Un certain regard etCannes Classics), l'équipe présente est invitée à participer à une conférence de presse et un photo-call avant d'assister à une projection officielle où les invités foulent le tapis rouge, posent devant les photographes et montent les 24 marches du Palais surnommées les« 24 marches de la gloire »[138]. La montée des marches et du tapis rouge est une idée du journalisteYves Mourousi, chargé en 1984 par le délégué généralGilles Jacob de mettre un peu d'ordre à l'entrée du Palais des Festivals[139]. Avant cela, les marches étaient à nu[140] ou recouvertes d'un tapis bleu de 1946 à 1949[141]. La mythique montée des marches est filmée et ses images sont diffusées dans le monde entier. Elle est aussi l'occasion pour les couturiers de faire connaître leurs dernières créations[142]. Plusieurs centaines de badauds se massent derrière les barrières de sécurité et attendent des heures pour apercevoir des stars et réclamer un autographe ou unselfie.
Quelques Cannois évoquent le Festival d'antan avec nostalgie, au moment où ceux-ci participaient pleinement à la manifestation et recevaient facilement des invitations[143]. La comédienneMarina Vlady avoue dans ledocumentaireCannes, 60 ans d'histoire qu'avant les starlettes venaient à Cannes pour un rendez-vous d'amour et d'amitié, que les célébrités pouvaient parler aux passants dans la rue. Tandis que maintenant, elle blâme les voitures blindées, les gardes du corps… L'actrice dit de plus que le Festival de Cannes vient de perdre un rapport social[note 17]. L'ancien président du FestivalGilles Jacob exprime lui-même, en 2012, un regret face à la monumentalité de l’événement qui aurait perdu de son humanité face au temps oùKirk Douglas jouait au football avec des journalistes et que les stars se rendaient à pied sur la plage :« Il faudrait que le Festival s'arrête de grandir, pour ne pas devenir une gêne. Cannes est la plus belle ville qui soit pour un festival de cinéma, mais il faut que ça reste un plaisir, pas une contrainte. […] Il y a de plus en plus de gens et de médias qui veulent venir, on ne peut pas leur interdire. […] Quand les vedettes descendent au bas des marches, certaines parlent aux gens, d'autres non. Beaucoup ne donnent que du convenu, consacrent une petite journée à la presse, et s'en vont. C'est presque l'usine. »[144],[145].
En général, deux films de la compétition sont projetés chaque jour. Sauf exception pour certaines œuvres n'ayant qu'une projection unique, deux à trois séances quotidiennes pour chaque long métrage sont prévues. Une seule projection est désignée comme l'officielle. Cette dernière se déroule en fin d'après-midi ou en soirée dans le Grand Auditorium Lumière du Palais des Festivals où ont également lieu les cérémonies d'ouverture et de clôture. Des séances de rattrapage sont organisées le lendemain pour les festivaliers retardataires. Lapresse est conviée la veille pour la projection de ces mêmes films ou bien aux séances du matin ouvertes aux personnes possédant une invitation officielle et aux médias. Les projections officielles, de l'après-midi et du soir, se font en présence de l'équipe du film et se déroulent après la célèbre montée des marches. Plusieurs invités s'y pressent : vedettes, notables, professionnels, personnalités politiques, représentants des groupes-partenaires de l'événement et dirigeants d'organismes influents. Quelques festivaliers amateurs, ne pouvant recevoir d'invitations officielles, attendent au pied des marches pour que quelques privilégiés daignent bien leur en offrir mais rares sont les chanceux.
De plus, une priorité d'entrée aux projections est accordée à la presse. Les accréditations des milliers de journalistes, photographes ou rédacteurs présents sont réparties selon cinq niveaux stricts qui déterminent l'ordre d'entrée dans la salle[143]. L'attribution des niveaux d'accréditation est décidée par le service de presse qui tranche en fonction de l'importance des tirages, de l'ampleur de la couverture par le titre, de la fréquence de parution et du nombre d'accréditations demandées[note 18].
Il y a également différents niveaux d'accréditation pour les professionnels du cinéma. Les accréditations considérées comme les « moins importantes » sont les « Cannes Cinéphiles », réservées aux membres d’associations vouées à la promotion du cinéma, aux personnes exerçant une activité cinéphile régulière et à des groupes scolaires de section Cinéma et Audiovisuel en lycées ou universités[146]. Ceux-ci ont plus de difficultés à assister aux projections car les autorisations qui leur sont conférées varient en fonction du quota de places disponibles. Au cours de l'édition 2009, la réglementation change subitement et les « Cannes Cinéphiles », même munis d'un billet pour les projections, n'ont plus eu la possibilité d'entrer dans le Palais. Aucune explication n'est donnée à cette interdiction impromptue mais il semble simplement que les dirigeants du Festival de Cannes ne considèrent pas les « Cannes Cinéphiles » comme assez importants pour bénéficier d'un droit d'entrée. Nombre de festivaliers jugent cette décision comme étant un grave coup porté à la culture, puisque le Festival se prive ainsi brutalement de milliers de cinéphiles[147].
Une tenue stricte est exigée lors de la montée des marches[143]. Les hommes sont tenus traditionnellement de porter un smoking et un nœud papillon (des hôtesses au bas des marches en vendant pour les oublieux ou les récalcitrants)[120] et les femmes une robe de soirée, souvent signée par des couturiers de renommée mondiale[148]. Néanmoins,Pablo Picasso se permet, dans un geste de désinvolture, de monter les marches avec une veste en peau de mouton lors duFestival 1953[note 19].
Depuis le début desannées 2000, le Festival a tendance à s'ouvrir plus largement au public, les dirigeants ont créé des soirées de projections de longs métrages divers hors-compétition gratuites où tout le monde peut entrer. De plus, les cinémas de la ville de Cannes, à l'instar de La Licorne situé àLa Bocca, sont invités à participer à la manifestation et ouvrent leurs salles aux films de la sélection officielle.
Pendant le Festival, plusieurs soirées, dîners et galas sont organisés dans lesquels se mêlentVIP et privilégiés munis d'une invitation.
Pendant toute la durée du festival, on entend le même extrait musical avant la diffusion de chaque film dans la salle du Palais des Festivals : il s'agit d'Aquarium, l'une des pièces musicales de la suiteLe Carnaval des animaux deCamille Saint-Saëns. L'organisation du festival a essayé d'en changer, mais elle a dû faire marche arrière tant cet extrait est dorénavant une « marque auditive » du festival[note 20]. Depuis quelques années, lors de chaque remise de prix à la cérémonie de clôture, on entend un extrait d'une musique de film comme lors du63e festival (2010), pour la remise du grand prix on entend la musiqueI Rise, You Fall deSteve Jablonsky qui est une musique du filmTransformers 2 : La Revanche.
Rendez-vous annuel depuis2004, « Cannes fait le mur » est une exposition de diverses photographies grandeurs nature decinéastes, exposées entre les maisons, ou sur des monuments. Ces photos sont imprimées sur deskakémonos, de grandes bâches perforées pour ne pas se balancer avec lapression duvent. Attaché au projet, c'est Denis Rouvre,photographe professionnel, qui s'occupe du choix des images, et des lieux où elles seront suspendues. On les retrouve notamment sur l'espace Ranguin, l'immeuble Alexandra àLa Bocca, sur lelycée Jules Ferry, lamairie de Cannes, ou encore sur l'hôtel Renoir.
Pour ce faire, Corbis-Outline place ses œuvres dans le domaine public et Multiplast fournit gratuitement les bâches[150]. Malgré ce volontariat, ce sont 40 000 € dépensés pour le montage et le démontage des toiles.
Cet évènement est organisé en collaboration entre lamairie de Cannes et le Festival de Cannes[151].
Loin des photographes et des touristes, le studio montable n'est en fait qu'un photomaton, et seul, le cinéaste photographié est totalement libre de faire ses photographies, comme il l'entend. Dévoilés aucannois, sept artistes sont exposés durant le Festival de Cannes dans toute la ville. Parmi les célébrités exposées, on retrouveSamuel L. Jackson,Elijah Wood,Rossy de Palma,Kevin Bacon ou encoreMaïwenn.
Créé en1959, leMarché du film est une des facettescommerciales du Festival international du film de Cannes[152]. Son objectif est de promouvoir des films en chantier et de faire découvrir aux producteurs et distributeurs du monde entier de nouveaux projets[153]. Il est l'un des rendez-vous les plus importants aumonde en ce qui concerne les rencontres, négociations et transactions de l'industrie ducinéma, notamment au niveau des ventes internationales[152]. Chaque année, il offre un aperçu de laproduction actuelle en projetant plus de quatre millefilms, ducinéma d'auteur auxgrosses productions[152]. Le Marché est devenu très important, il comptait dix-mille participants de quatre-vingt-onze pays en2000[152]. Lesproducteurs etdistributeurs y trouvent des partenaires pour le financement de leurs projets defilms, et vendent lesœuvres déjà tournées aux distributeurs ettélévisions du monde entier.
Il se déroule sur douze jours pendant le Festival de Cannes. Pour lesproducteurs, ce marché est très significatif, puisque porter son badge revient à pouvoir participer à toutes les projections officielles[152].
Il se démarque des projets parallèles en étant le premier et le seul à proposer trente salles équipées en matérielnumérique.
En2004, le Marché crée leProducers Network, sous-section de ce dernier, qui aura un succès dès sa première édition[154]. Cette section est réservée auxproducteurs d'au moins un film sorti en salles au cours des trois années précédentes. LeProducers Network aide à la coproduction internationale, par le biais de dialogues entre professionnels. Pour ce faire, les producteurs possèdent chacun vingt minutes pour présenter leur projet à d'autres producteurs plus importants. Chaque année, il accueille cinq centsproducteurs étrangers[155].
Pour faciliter ces échanges de vingt minutes, et la production, leProducers Network a inauguré en2004 une salle où sont disposées des tables rondes, où tous les matins, pendant le Festival, les producteurs viendront déjeuner, et discuter de leurs projets[155]. LeProducers Network se déroule au cœur du Village International.
Si le Festival de Cannes est le deuxième événement le plus médiatisé au monde, c'est grâce aux trois cents chaînes de télévision présentes sur place, comme récemmentOrange Télévision mais surtoutCanal+ qui a déboursé six millions et demi d'euros pour l'édition 2007 par exemple[156], et aux multiples parraineurs. On remarque en particulierKerry Washington,Gong Li etAndie MacDowell lors de lamontée des marches 2007, représentantL'Oréal, groupe industrielfrançais spécialisé dans les cosmétiques et la beauté. D'ailleurs,Penélope Cruz qui avait remporté leprix d'interprétation féminine pourVolver avait été critiquée pour son parrainage avec ce groupe industriel[157]. La collaboration entre le Festival etL'Oréal a fêté ses dix ans en2007 et ses vingt ans en2017[158].
Le transport des célébrités dans Cannes est très prisé.Renault est le transporteur officiel des célébrités jusqu'auPalais des Festivals et des Congrès, et sa Vel Satis fête, en2007, ses vingt-cinq ans de collaboration[159]. Par ailleurs,Audi a signé un contrat avecJean-Roch, directeur du VIP Room, pour trois ans[159]. À partir de 2022,BMW remplace Renault comme transporteur officiel des célébrités, alors que cela faisait environ 40 ans que Renault occupait ce rôle[160].
Aussi, les maîtres de cérémonie sont-ils habillés par des « grands de la mode », qui en profitent pour être vus du public et des médias :Diane Kruger, maîtresse de cérémonie de l'édition 2007, a porté une robe drapée en satin bleu nuit deChanel, firme de la haute couture. Cette robe avait été spécialement créée pour elle parKarl Lagerfeld. C'est ici une autre manière de se faire remarquer par les foules[161].
Des cinéphiles critiquent d'ailleurs la présence qu'ils jugent trop imposante des médias et des grands groupes industriels et financiers, notamment liés au luxe et la mode. Ils soulignent le fait que les prix remis dans les différentes sections sont aussi touchés par les sponsors : laPalme d'or a été redessinée et refondue en 1997 par le joailliersuisseChopard.Mercedes-Benz s'occupe de la remise du prix de laSemaine de la critique et la FondationGan sponsorise les prix duCertain Regard[162]. Depuis 2015,Kering est partenaire officiel du Festival[98].
Le Festival cherche ainsi à être multi-sponsorisé. Les médias retransmettent l’événement dans le monde entier et les sponsors se servent du Festival pour faire leur publicité. Les marques attirent les foules. Le phénomène « événement mondial et mondain » marche ainsi : les publicitaires se battent pour devenir partenaire officiel du Festival et ainsi être vus de tous. Voici les propos du groupeMaxell :« Ce sponsoring est une excellente occasion pour Maxell, le Festival de Cannes est un événement planétaire, diffusé dans le monde entier, et qui jouit d’une reconnaissance importante »[163].
Voici en quelques chiffres la présence des médias (en 2017)[164] :
Le nombre de feuilles d'or qui composent la célèbre Palme en or 18 carats est 19, d'une valeur totale de 20 000 euros, fournie dans le cadre d'un partenariat avec le joaillier suisseChopard.
1800 mètres de tapis rouge utilisé pendant le Festival. Un tapis changé deux fois par jour et recyclé en granulés de polypropylène et réutilisés dans la plasturgie (pare-chocs ou tableaux de bord).
Le budget du Festival de Cannes est de 20 000 000, dont L'État et les collectivités locales (Ville de Cannes, Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur, Conseil général des Alpes Maritimes) en financent la moitié. Le reste provient des sponsors.
Le Festival de Cannes est devenu au long des années l'une des plus importantes cérémonies de cinéma au monde. Il est l'un des premiers événements médiatiques et culturels internationaux[167]. Ce même Festival est reconnu d'utilité publique et commePremière grande manifestation culturelle internationale de l'Après-guerre en1972 par leministère de la Culture[168]. Dans le livreEuropean Cinema : An Introduction, Jill Forbes et Sarah Street affirment que « Cannes est devenue extrêmement important pour les intérêts de la critique et du commerce, de plus les cinéastes peuvent y promouvoir leurs films… »[169].
Le Festival a acquis une notoriété qui se fonde sur l'équilibre entre la qualité artistique desfilms et leur impactcommercial. De nombreusescélébrités ducinéma mondial souhaitent venir assister à la montée des marches afin de se créer une image de marque auprès des différentsmédias présents pour l’événement. Lapresse attaque parfois le Festival, mais celui-ci garde son image. De plus, son influence tend à augmenter d'année en année[170], avec un nombre toujours plus grand de visiteurs venus de l'étranger[note 21].
SelonL'Express, être sélectionné à Cannes correspond à« recevoir la légion d'honneur » ou« entrer dans la mythologie d'un événement »[167]. La présentation d'un long métrage en sélection officielle ou dans les sections parallèles (Semaine de la Critique, Quinzaine des réalisateurs, ACID) revêt une importance capitale pour sa promotion française et internationale. Sa valeur au Marché du film en dépend[167]. Si la réception de la critique et des festivaliers est positive, les enchères montent : son prix de vente croît soudainement[167]. Pour plusieurs distributeurs, les séances cannoises servent de projections-tests[167]. Sur le plan marketing, certains profitent depuis quelques années de l' « effet Cannes » en sortant le film en salles le jour-même de sa présentation au Festival[167].
Producteurs, distributeurs et artistes rêvent également d'une récompense qui est la « cerise sur le gâteau »[171]. Un prix décerné par le jury officiel est un label pour la presse, les cinéphiles et le monde du spectacle[171]. LaPalme d'or est notamment considérée comme l'une des récompenses cinématographiques les plus prestigieuses : gage de qualité pour le public français et international, elle assure à son récipiendaire d'obtenir une renommée mondiale, de trouver facilement un distributeur et de multiplier par dix, voire par cent, le nombre de spectateurs en salles[171]. Il n'est pas rare de voir des films primés à Cannes recevoir, l'année suivante, plusieurs prix et nominations lors des cérémonies de récompenses les plus importantes dont lesOscars du cinéma (La Leçon de piano,Le Pianiste,The Artist,Amour…)[172].
Le Festival a, de plus, un impact local : durant les deux semaines de Festival, la ville de Cannes voit sa population tripler, de70 000 à 210 000habitants[173], le chiffre d'affaires des commerces, hôtels, restaurants de Cannes augmente énormément. Dans les heures précédant l'ouverture du Festival, l'aéroport et la gare de Cannes sont bouleversés. La ville est entièrementrénovée pour le Festival international du film qui rend Cannes rayonnante[174].
À ses débuts, le Festival était surtout un événement mondain et les films étaient un prétexte pour se rencontrer, lors de réceptions et de fêtes dans les villas de laCôte d'Azur. Ces fêtes organisées pour la plupart par La Begum, la femme de l'Agha Khan, dans sa villa Yakimour ont fait la réputation de Cannes[note 22].
Aujourd'hui, le Festival est considéré comme un lieu de promotion unique à l'international pour les films et lesacteurs. En dehors des conférences de presse habituelles, la tradition s'est imposée de donner une fête pour les grosses productions. Ces fêtes ont un thème qui est lié aux films, et leur organisation donne lieu à une surenchère de moyens pour marquer les esprits. Il est aussi difficile d'y entrer que dans les projections de la compétition officielle.
De nombreuses célébrités assistent à des soirées privées avec, aux platines, desdiscs jockey de réputation internationale. C'est l'occasion pour beaucoup de se montrer[179].
Lessoirées organisées depuis le début desannées 2000 dans les franchises éphémères des plus grandesdiscothèques dumonde ont néanmoins donné un sérieux coup defrein à l'esprit desfêtes organisées dans desvillas sur les collines environnantes deCannes[note 23]. Pour des raisonséconomiques, mais aussi par facilité, de plus en plus desociétés font appel à ces grandes discothèques (ou sont démarchées par celles-ci plusieurs mois à l'avance) afin d'y organiser leur soirée annuelle, au détriment des soirées en villa[note 24]. De l'avis général (festivaliers et journalistes), les soirées dans ces discothèques conventionnelles sont très loin d'être aussi exceptionnelles que celles en villa, et servent surtout à promouvoir des marques n'ayant aucun rapport avec lecinéma[note 25]
LeGrand Prix automobile de Monaco, l'une des plus célèbres épreuves decompétition automobile, se déroule tous les ans en pleine période de festival et beaucoup de célébrités du cinéma s'y rendent parfois, du fait de la proximité entre Cannes et laprincipauté, à quelques minutes en hélicoptère. L'association des deux événements sur une période de week-ends et jours fériés entraîne un pic de fréquentation[180] de la bande littorale des Alpes-Maritimes et une offre hôtelière particulièrement réduite et à des tarifs prohibitifs[181].
Le but de ce projet était à la base de se ré-approprier ce qui, au départ, leur appartenait[182], laCGT et lemouvement ouvrier ayant joué un rôle prépondérant lors de la création du Festival en1946.
Le Festival est aussi critiqué pour la trop forte représentation du cinéma occidental : en 2011, la presse note que depuis sa création,377 films américains,351 français et185 italiens ont été présentés en sélection officielle au détriment d'œuvres venues d'Asie, du Moyen-Orient et d'Afrique[185].
Sur les69 Palmes d'or décernées, 51 sont revenues à des longs métrages nord-américains ou européens, soit 73 %[185]). Le cinéma américain s'est taillé la part du lion avec16 Palmes d'or remportées depuis 1955 (environ 23 %) contre 9 pour l'Italie et 9 pour la France (environ 13 %)[185].
Certains notent par ailleurs que les films de genre sont très peu représentés à Cannes : peu ou pas de films d'horreur, de kung-fu, etc. ont été sélectionnés en compétition officielle[note 30].
Depuis quelque temps[Quand ?], lecinéma de genre est entré dans le cercle fermé des projections officielles. Un journal écrira même :« Où va le Festival de Cannes ? »[183] à propos de ce nouveau style. Les organisateurs répondront qu'« il va là où va le Cinéma ». Avec l'émergence ducinéma d'animation, ou dudocumentaire, le Festival de Cannes devait se mettre à jour.2009 semble avoir marqué un renouveau puisque la sélection a fait la part belle aux films de genre revisités.
Cannes donne avant tout aux auteurs une crédibilité artistique. À l'étranger,Cannes est idéalisée[183].Apichatpong Weerasethakul, réalisateurthaïlandais, a été connu grâce, en partie, au Festival de Cannes, il déclare d'ailleurs :« une sélection donnait un bol d'air à toute la production nationale pendant deux ans » à Thierry Frémaux. Ainsi, beaucoup de réalisateurs encore méconnus ont pu bénéficier d'une audience internationale grâce à Cannes et jouir d'une reconnaissance de leur travail. Le festival joue le rôle de tremplin et a lancé plusieurs carrières dont celle deQuentin Tarantino avec la sélection en1992 de son premier long-métrageReservoir Dogs en séance spéciale puis avec laPalme d'or décernée àPulp Fiction deux ans plus tard. Très reconnaissant, le réalisateur déclare d'ailleurs :« Cannes m'a fait gagner dix ans. »[191].
Lapresse est un pilier central du Festival de Cannes et elle s'attend à voir les chefs-d'œuvre qui font vibrer le monde. Si Cannes la déçoit, elleattaque[réf. nécessaire].
Depuis lesannées 2000, certains reprochent au Festival de Cannes un mélange des genres contre-productif, à savoir de mettre sur un même plan les paillettes et lecinéma d'auteur[192]. D'autres déplorent le fait qu'il n'invite que des personnalités internationales dont la renommée est acquise et qui n'ont fondamentalement pas besoin des lumières de la sélection officielle[193]. Ainsi, il lui est reproché de se décinéphiliser progressivement sous l'emprise d'un marketing efficace et surpuissant[192]. La presse lui donne même le nom de « Festival désuet » et le compare aux grandesmarques, dont la nécessité n'est pas évidente, mais dont l'intérêt commercial est mis en valeur[193]. Certains lui accordent le rang de plate-forme publicitaire[note 31] pour lesfilms à succès américains, par exemple avec la sélection d'un film de la sagaStar Wars en2005 (Star Wars, épisode III : La Revanche des Sith) et en2006 avec la présentation en ouverture duDa Vinci Code, adapté dubest-seller homonyme deDan Brown. Après sa projection à Cannes,Da Vinci Code sort dans 20 000 cinémas. Aubox-office, il génère 24 000 000 dollars en un week-end. Il s'agit du second meilleur démarrage financier de l'histoire du cinéma[note 32]. Pourtant, lors de l'ouverture du Festival, cette superproduction reçoit un accueil des moins chaleureux de la part des 2 000 journalistes présents pour l'occasion. Elle essuie en effet lazzi, rires glaciaux, huées et papiers assassins, à l'opposé de l'engouement public en salles.
L'intérêt pour les super-productions des journalistes est aussi déçu par le nombre d'entrées des films ayant reçu laPalme d'or : depuis vingt ans, seuls cinq lauréats de la palme ont dépassé le million d'entrées enFrance[192].
D'après certains journalistes, être sélectionné dans la compétition cannoise signifie une sortie dans les salles françaises. En ce qui concerne les autres sections, les films bénéficieront d'une vente prononcée à l'étranger. Effectivement, la présence de plus de 4 000 distributeurs offre une perspective formidable pour les producteurs.
Cannes est devenu depuis quelques années un festival pour lesgrands auteurs[192]. En compétition, on retrouve beaucoup de célébrités du monde du cinéma, qui ont déjà concouru en sélection officielle[192].David Lynch,Clint Eastwood ouDavid Cronenberg sont des habitués du Festival (mais l'on remarquera, en2007, que treize films sur vingt-deux sont de réalisateurs encore jamais venus àCannes)[194]. En2009, la comédienneSandrine Bonnaire a par ailleurs exprimé sa déception face à ce qu'elle estime être un« manque d'audace » de la part des sélectionneurs, ajoutant :« Lars Von Trier, Quentin Tarantino, Pedro Almodovar… : on voit toujours les mêmes »[195].
Le journalLe Monde diplomatique[note 33] écrira que desréalisateurs ne réalisent des films que pour être sélectionnés au Festival et utilisent ainsi cette sélection officielle comme une justification de leur travail dans leur pays, malgré le peu de succès commercial qu’ils y rencontrent.
Une partie de la presse regrette également une quasi-absence de prise de risques chez les sélectionneurs et une sous-représentation des cinémas du Sud[198] avec oubli systématique de films venus d'Afrique ou d'Inde[193]. En effet, pour certains, si quelques films de pays en voie de développement sont sélectionnés, c'est qu'ils bénéficient de crédits internationaux et qu'ils imposent une lecture simple ou schématique des problèmes, de la culture ou du mode de pensée de leur pays, faite uniquement pour toucher le public occidental[193]. Cannes, en ce sens, sous couvert de défendre une forme cinématographique originale et avant-gardiste, deviendrait le temple des nouveaux académismes[193].
Les organisateurs du Festival international seront aussi accablés d'avoir oublié que le cinéma était un art populaire plutôt qu'une industrie[193].
Le Festival de Cannes a souvent été animé par des scandales et des controverses, impliquant indifféremment des journalistes, des célébrités ou le monde politique. D'autres festivals internationaux comme laMostra de Venise ou laBerlinale semblent moins exposés à ce phénomène, peut-être en partie parce qu'ils sont moins médiatisés. En effet, si certains professionnels du cinéma essaient ostensiblement d'éviter les photographes, il n'est pas impensable que d'autres cherchent à faire évènement, sinon scandale, pour tirer profit de la grande concentration de médias durant le Festival de Cannes.
Le public se manifeste quelquefois contre les professionnels du cinéma durant la remise des prix. En1960,L'avventura, premier volet d'une trilogie aussi composée deL'Éclipse etLa Nuit, deMichelangelo Antonioni reçoit un accueil très froid à Cannes. Le film est hué par le public lors de sa projection car l'absence d'éclaircissement sur la disparition d'Anna a été mal comprise. De plus, le public lance des tomates sur le réalisateur et l'actrice lors de la remise duprix du jury[note 34]. Une réaction plus isolée mais non moins radicale a lieu durant le Festival de1987. Cette année-là, le filmYeelen deSouleymane Cissé représente le cinéma africain à Cannes — pour la première fois depuis 1946 — et remporte leprix du jury. Lors de la remise du prix, un homme s'empare du micro et crie :« Alors, sale nègre, quel effet ça te fait d’avoir un prix ? ». Le réalisateur lui arrache le micro et le lui lance au visage.Maurice Pialat, qui a été encouragé parSouleymane Cissé lorsque son film a été hué par le public, s'interpose. C'est la première fois que deuxréalisateurs présents au Festival de Cannes s'unissent contre un membre du public[199].
Les séances de remises dePalmes d'or ne sont pas épargnées par les réactions hostiles du public, notamment durant l'édition 1987, lorsqueMaurice Pialat est récompensé pourSous le soleil de Satan, ou encore en1994 lors de la remise du prix àQuentin Tarantino pour sonPulp Fiction. Les deux réalisateurs réagissent vivement : Pialat répond au public« Si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus ! », et lève le poing au ciel ; Tarantino répond quant à lui par undoigt d'honneur[200].
Les décisions du jury suscitent à plusieurs reprises des polémiques, et sont souvent mal accueillies par la presse et le public. Les présidents du jury, en particulier, sont impliqués dans de nombreuses controverses, notamment pour leur népotisme supposé, leur point de vue jugé hasardeux ou leur parti pris censé outrepasser le simple jugement artistique[201],[202].
L'écrivainFrançoise Sagan est l'actrice d'un des plus grands scandales ayant éclaboussé la manifestation. Sept mois après avoir présidé l'édition 1979, elle dénonce le fonctionnement de l'institution dansLe Matin de Paris. Selon Sagan, la direction du Festival aurait tenté d'influencer le jury (qui penchait plutôt pourLe Tambour deVolker Schlöndorff) en faveur d'Apocalypse Now deFrancis Ford Coppola[203]. Normalement, les membres du jury sont tenus de garder le secret à vie sur les délibérations conduisant au choix des gagnants. Françoise Sagan ne tient donc pas promesse. Finalement, les deux films partagent laPalme d'orex æquo. Cette révélation provoque un mouvement de révolte dans les magazines qui critiquent largement le Festival. Ce dernier répond à ces provocations en rendant publiques les notes de frais faramineuses laissées par Sagan[203] dont 10 000 FRF (5 551,2 EUR2023) d'hôtel[204].
Il n'est pas rare de voir l'organisation faire preuve d'ingérence dans les choix des jurés. Ces derniers ne jouissent d'une entière souveraineté que dans les années 1980, ce qui a fait l'objet de nombreuses discordes. Par exemple, lorsqueRoberto Rossellini accepte de présider le jury du30e Festival à condition qu'on l'autorise à animer un colloque sur l'avenir du cinéma, la préférence du président du festivalRobert Favre Le Bret pour la Palme va àUne journée particulière d'Ettore Scola[note 35]. Pour éviter toute prescription, Rossellini ruse pour ne pas dévoiler son opinion et cherche à réunir son jury sans jamais prévenir la direction. Un conflit éclate lorsque les jurés refusent que les organisateurs assistent aux ultimes délibérations et la décision finale est prise en toute hâte[note 36]. LaPalme d'or revint àPadre padrone desfrères Taviani et le film de Scola repart bredouille, ce qui déclenche la colère de Favre Le Bret qui boycotte la cérémonie de clôture et menace de supprimer la compétition ou du moins de ne plus nommer au jury des « amateurs éclairés »[note 37]. Rossellini meurt d'une crise cardiaque une semaine après la fin du festival.
Il arrive aussi que les controverses prennent origine dans les désaccords, les conflits ou les coups d'éclat au sein du jury. Lors duFestival de Cannes 1987, le long métrageLes Yeux noirs deNikita Mikhalkov est largement favori. Mais le réalisateur soviétiqueElem Klimov aurait déclaré :« Si cette ordure, ce salopard de Mikhalkov est récompensé, je me retire du jury et ferai connaître ma décision avec éclats »[203]. Ses camarades auraient cédé à cette exigence impérieuse et décerné laPalme d'or àMaurice Pialat pourSous le soleil de Satan, hué, lors de la cérémonie de clôture, par l'assistance dont les faveurs allaient au film de Mikhalkov et auxAiles du désir deWim Wenders[203]. Néanmoins,Yves Montand, qui préside l'édition, justifie fièrement ce choix en affirmant que la Palme a été attribuée à l'unanimité :« Nous avons considéré que le travail qu'a essayé de faire Pialat et qu'il a réussi, mettait le cinéma sur un autre niveau, à un autre étage. On peut forcément être sensible à des films un peu plus abordables, un peu plus faciles mais heureusement qu'il y a des Pialat, des Godard et des Resnais pour porter le cinéma à une autre hauteur. Je me réjouis que nous ayons voté à l'unanimité. »[205].
En 2009, l'ancien président du festivalGilles Jacob rompt le silence et dévoile les coulisses de la manifestation[note 38]. Il révèle le secret de délibérations et met au jour l'autoritarisme de certains présidents du jury.Kirk Douglas, par exemple, imposa unex æquo en1980 pour laPalme d'or et put ainsi voir triompherQue le spectacle commence deBob Fosse. Il prétexta ensuite une maladie pour ne pas rejoindre ses camarades qui souhaitaient revoter le prix pour le seulAkira Kurosawa avecKagemusha, l'Ombre du guerrier[note 39]. En1989,Wim Wenders qui remplaçaitFrancis Ford Coppola, démissionnaire de la présidence du jury, fait attribuer d'autorité laPalme d'or àSexe, Mensonges et Vidéo, le premier long métrage deSteven Soderbergh et leprix d'interprétation masculine àJames Spader, souhaitant même accorder au film tous les prix[206]. En1991,Roman Polanski n'aime aucun film et prive ses jurés de toute parole[note 40] jusqu'à ce qu'arriveBarton Fink desfrères Coen. Il s'agit de la seule œuvre qu'il apprécie, étant par ailleurs très proche de son propre cinéma[110],[note 41],[201]. Il n'hésite pas à désorganiser le vote et à multiplier les entorses au règlement[207] : la veille des délibérations, il fait voter laPalme d'or à ses collègues après les avoir fait boire et refuse toute remise en cause du prix le lendemain[note 42]. Polanski œuvre ensuite pour que deux nouveaux trophées (ceux de lameilleure mise en scène et dumeilleur acteur) soient décernés aux frères Coen à défaut de toutes les récompenses du palmarès comme le fut son souhait[note 43]. Le cas ne s'était jamais produit etBarton Fink devient le film le plus primé de l'histoire du festival[note 44]. Gilles Jacob doit prendre des mesures pour éviter qu'un film ne puisse, à l'avenir, gagner trop de prix[208]. En1997, la présidence d'Isabelle Adjani est aussi émaillée d'incidents. La comédienne régente d'une main de fer l'emploi du temps de ses collègues, les forçant notamment à assister aux séances du matin et à suivre son régime alimentaire[note 45]. En conséquence, elle déclenche une fronde au sein du jury et ne sait affirmer son choix pour la Palme qu'elle souhaite attribuer, sans en faire mystère, àDe beaux lendemains d'Atom Egoyan[112]. À la suite d'une proposition manœuvrière du cinéaste italienNanni Moretti, elle accepta que la récompense suprême soit attribuéeex æquo à deux films, sans s'assurer au préalable que son film favori soit l'un d'entre eux[209]. Le vote est sans appel :L'Anguille deShōhei Imamura etLe Goût de la cerise d'Abbas Kiarostami sont palmés etDe beaux lendemains se contente dugrand prix[note 46],[210],[197].
Récemment, les critiques ont accueilli avec circonspection la décision des présidentsQuentin Tarantino (en 2004) etIsabelle Huppert (en 2009), soupçonnés de partialité et de favoritisme dans l'attribution de laPalme d'or[211],[212]. Le premier récompenseMichael Moore pourFahrenheit 9/11 (les deux cinéastes sont produits parBob etHarvey Weinstein et Moore dénonce violemment la politique deGeorge W. Bush avant les élections présidentielles de 2004)[213]. La seconde honoreMichael Haneke pourLe Ruban blanc, un cinéaste qui compte parmi ses amis et avec qui elle a tourné quatre films dontLa Pianiste qui lui a valu son second prix d'interprétation cannois[214].
Lors de la65e édition,Nanni Moretti, qui préside le jury, se voit soupçonné d'avoir cédé à unconflit d'intérêts en privilégiant son producteur et distributeur français historique Jean Labadie et des amis cinéastes commeKen Loach etMatteo Garrone[215],[216],[217],[218],[219],[220],[221]. Néanmoins,Thierry Frémaux rappelle que les délibérations sont soumises à un règlement strict dans la mesure où les gagnants sont désignés par un vote où chaque juré, président compris, n'a qu'une seule voix[222].
Les cérémonies et les conférences de presse sont retransmises en direct et sont donc émaillées d'incidents ou doivent faire face à des imprévus de taille.
En1999,Sophie Marceau, qui remet laPalme d'or, suscite les huées et sifflets du public pour ses hésitations et achoppements verbaux durant son discours sur scène[223].Kristin Scott Thomas, maîtresse de cérémonie, doit intervenir. Coupant la parole à Sophie Marceau, elle demande directement àDavid Cronenberg, président du jury, d'annoncer le nom des deux gagnants (Jean-Pierre et Luc Dardenne, pourRosetta). Le discours erratique de Sophie Marceau pourrait être transcrit ainsi :« Plutôt que de faire la guerre, on fait du cinéma et je vous dis que ça fait rêver les gens, et ça leur donne un… un but, un projet, euh… à court terme et quelque chose qui reste pour toujours, euh… »[224]. L'incident ne met pas fin à la carrière de l'actrice (qui a tourné une vingtaine de films depuis lors), et le Festival se poursuit normalement par un discours des frères Dardenne.
En2007, pour les 60 ans du Festival, trente-cinq réalisateurs ont participé au film à sketchesChacun son cinéma. L'un d'entre eux,Roman Polanski, critique les journalistes lors de la conférence de presse après la projection officielle. Il évoque, pour la presse,« une occasion unique d'avoir une assemblée de metteurs en scène importants », gâchée selon lui par« des questions tellement pauvres ». Le réalisateur franco-polonais décide ensuite qu'il est temps d'aller manger et quitte la salle[225],[note 47].
Après avoir fait souffler un vent de scandale sur la Croisette en 2009 avec son filmAntichrist[226],[227],[228], le cinéaste danois multi-récompenséLars von Trier multiplie les provocations, lors duFestival 2011, à l'occasion de la projection deMelancholia[229]. Lors de la conférence de presse[230], lorsqu'une journaliste duTimes revient sur des propos tenus dans une interview pour un magazine danois dans laquelle il avoue son« goût pour l'esthétique nazie », notamment pourAlbert Speer, il revient sur ses origines qu'il a longtemps cru juives avant de découvrir que son père était allemand[231], affirmant, tout en faisant volontairement l'amalgame :« J'ai alors découvert que j’étais un nazi, car ma famille est allemande »[232]. Il poursuit sa provocation en parlant d'Hitler :« Aussi ça m'a fait plaisir. Que puis-je dire, je comprends Hitler, mais je pense qu'il a fait beaucoup de mal. Je crois que je comprends l'homme, l'homme n'est pas intrinsèquement bon, mais je le comprends dans un sens »[232],« J’ai un peu d’empathie pour lui »[233],[234],[235],« Mais je ne suis pas pour la Seconde Guerre mondiale, je ne suis pas contre les juifs, surtout pas »[232]. Il complète ensuite ses dires avec un commentaire sur la situation actuelle :« Je suis très en faveur des juifs, non pas trop car Israël pose des problèmes »[232]. Prenant conscience de l'ambiguïté de sa déclaration, il annonce :« Je ne sais pas comment je vais me sortir de cette phrase » avant de conclure« Je suis un nazi ! »[236]. Il revient également sur la question de départ de la journaliste en expliquant à propos de Speer :« Même s'il ne fut peut-être pas l'une des meilleures créatures de Dieu, il avait ce talent qu'il a pu exercer [grâce au régime nazi] »[237].
Le soir même, sur la demande de la direction du festival[232], von Trier publie un communiqué d'excuses :« Si j'ai pu blesser quelqu'un par les propos que j'ai tenus ce matin, je tiens sincèrement à m'en excuser. Je ne suis ni antisémite, ni raciste, ni nazi »[237]. La direction cannoise fait savoir, dans un autre communiqué, que le cinéaste s'est« laissé entraîner à une provocation »[237] et« tient à réaffirmer qu'elle n'admettra jamais que la manifestation puisse être le théâtre, sur de tels sujets, de semblables déclarations. »[232]. La presse s'empare rapidement des propos polémiques du réalisateur[232] et en diffuse des extraits sans toujours les contextualiser ni en retranscrire la tonalité générale[236]. Malgré les excuses de Lars von Trier, la direction du festival, à l'issue d'un conseil d'administration extraordinaire[238], le déclare « persona non grata » mais laisse son filmMelancholia en compétition, cherchant à dissocier clairement« l'homme de l'œuvre »[239]. Tout en réitérant ses excuses, von Trier accepte cette décision, se disant« fier d'avoir été déclarépersona non grata »[238] et soulignant le fait qu'il s'agisse de« la première fois dans l'histoire du cinéma que cela se produit »[238], ce que confirmeGilles Jacob[238]. Par la suite, le réalisateur s'explique longuement sur cette affaire, affirmant avoir seulement souhaité faire preuve d'un humour volontairement choquant et regrettant que celui-ci ait été mal interprété[240]. Il confesse :« C'était vraiment bête »[241]. Il réitère par ailleurs ses excuses et son respect envers la direction du festival et sa décision[241] tout en soulignant le fait qu'il considère laShoah comme« le pire des crimes jamais perpétrés » et rappelant que son goût pour l'esthétique nazie n'est en rien lié à ses convictions politiques[241]. Toutefois, il estime que son exclusion du festival s'explique ainsi :« Les Français ont eux-mêmes maltraité les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale […] c'est un sujet sensible pour eux »[241].
La sélection des films au Festival, qui implique initialement la participation des États[note 48] est parfois l'objet de rapports de force diplomatiques et politiques pouvant, dans un cas extrême, conduire à la censure d'un film[242]. Le règlement du Festival stipule que les films projetés ne doivent pas heurter la sensibilité des autres pays présents à Cannes (article 5 du règlement[243]). Ainsi, en1952, Robert Favre Le Bret évince, à la demande duQuai d'Orsay,Les statues meurent aussi, charge anticolonialiste coréalisée parAlain Resnais etChris Marker[244]. En1956, laFrance accède à la demande de l'Allemagne (Jacques Mandelbaum montre que la Franceanticipa cette demande[245]), qui souhaite le retrait de la sélection officielle d'undocumentaire d'Alain Resnais,Nuit et Brouillard, qui traitait de laShoah, descamps de concentration et descamps d’extermination. Cette censure suscite de vives protestations en France et outre-Rhin[245],[246],[244]. La délégation allemande finit d'ailleurs par claquer la porte en raison de la non-sélection du film d'Helmut KäutnerCiel sans étoiles, décision prise pour ne pas choquer la délégation russe[247].
Ce mouvement ne reste pas sans effet, car depuis cette édition du Festival, aucun film n'a été retiré d'une sélection déjà communiquée au public pour des motifs similaires. Pourtant, en1959, c'est au tour d'Hiroshima, mon amour d'être disqualifié, à l'initiative deRobert Favre Le Bret, pour éviter de voir la partie documentaire très réaliste du film de Resnais heurter la délégation américaine[248].François Guérif affirme cependant qu'en 1966,La Guerre est finie d'Alain Resnais a été radié de la compétition « après opposition du gouvernement espagnol »[247], et sur arbitrage du Quai d'Orsay[249]. En 1968, Alain Resnais n'attend pas la fin des événements et s'auto-disqualifie en retirant lui-mêmeJe t'aime, je t'aime de la compétition,« pulvérisant son propre record »[250].
Le réalisateurClaude Pinoteau explique quant à lui que son filmLe Silencieux (1973) a été sélectionné à Cannes mais qu'il a été retiré quand le réalisateur soviétiqueSergueï Bondartchouk a été nommé président du jury[251] ; cette affirmation est sujette à caution dans la mesure où Bondartchouk ne figure pas dans le jury de 1973. En2007, la Fondation du cinéma Farabi, rattachée au ministère de la cultureiranien, adresse une critique par courrier à l'attaché culturel de l'ambassade de France deTéhéran, estimant que la sélection du filmPersepolis deMarjane Satrapi est« un acte politique ou même anticulturel » qui présente« un tableau irréel des conséquences et des réussites de la révolution islamique »[note 49],[252]. Ainsi, le Festival de Cannes a beaucoup évolué depuis1956, la censure ayant apparemment disparu bien que les pressions diplomatiques demeurent.
D'autres fois, malgré une pression de l'État, des acteurs, ou réalisateurs, viennent présenter leurs films à Cannes. Ainsi,Jiang Wen, dont le filmLes Démons à ma porte (Guizi lai le) a été récompensé par legrand prix du jury en2000, a été interdit de tournage durant plus de cinq ans enChine[253]. Les autorités de Pékin trouvent alors son film antipatriotique, notamment pour sa représentation, jugée dégradante, de villageois veules et opportunistes durant l'occupation japonaise dans lesannées 1940[254],[255]. Il est de plus reproché à l'auteur d'avoir présenté son film à Cannes sans visa officiel[254].
Certaines personnalités médiatiques sont également à l'origine de vives polémiques. Lorsque laPalme d'or est attribuée àUnderground d'Emir Kusturica en1995, au lendemain dumassacre de Tuzla,Alain Finkielkraut publie une tribune dansLe Monde intitulée « L'imposture Kusturica »[256]. L'auteur y accuse le cinéaste de capitaliser sur la souffrance desmartyrs de Sarajevo et de se livrer à une propagande pro-serbe honteuse sous couvert d'exprimer sa nostalgie de l'ancienne Yougoslavie[256],[257].Bernard-Henri Lévy renchérit dansLe Point et reproche au réalisateur d'avoir« choisi le camp des bourreaux » lors desguerres yougoslaves et de faire d'Underground une arme idéologique au service desnationalistes serbes[256]. Kusturica exerce son droit de réponse dans la tribune « Mon imposture » où il récuse les accusations proférées à son encontre[256]. Il affirme également que ni Finkielkraut ni Lévy n'ont vu le film, ce que les intéressés confirment tout en maintenant leurs déclarations[258],[259].
Malgré le prestige mondial et l'entière autonomie dont jouit le Festival aujourd'hui, de nombreux scandales politiques éclatent encore en raison la sélection de certains films. En2010 par exemple,Sandro Bondi le ministre italien de la Culture décide de boycotter le festival en raison de la projection hors-compétition du filmDraquila - L'Italie qui tremble deSabina Guzzanti traitant de la manière dont legouvernement Berlusconi a géré les conséquences duséisme de 2009 à L'Aquila[260],[261]. Cette même année, est organisée à l'initiative du députéLionnel Luca, une manifestation pour protester contre la présentation en compétition du filmHors-la-loi deRachid Bouchareb, taxé de révisionnisme, de falsification de l'histoire franco-algérienne et de dégradation volontaire de l'image des Français lors dumassacre de Sétif en1945[262],[263]. Quelques jours plus tard, c'est la présentation du filmSoleil trompeur 2 qui s'accompagne d'une polémique touchant son metteur en scèneNikita Mikhalkov, accusé, par 97 réalisateurs russes pétitionnaires, de despotisme, de détournement des aides publiques et de trop grande proximité avec le Premier ministre d'alors,Vladimir Poutine, dans sa gestion de l'Union des cinéastes russes[264].
Le, une tribune publiée dansLe Monde à l'initiative du groupe féministeLa Barbe est largement reprise par les médias, en France et à l'étranger. Elle dénonce le fait que les vingt-deux films de la sélection officielle du65e Festival ont tous été réalisés par des hommes[265]. Le lendemain, Thierry Frémaux se défend de sexisme dans l'hebdomadaireL'Express[266]. Gilles Jacob met fin à la polémique en affirmant que Thierry Frémaux et son équipe seraient à l'avenir plus« sensibles » à la sélection de films de femmes[267].
Les différends entre Cannes et l'Église catholique se poursuivent de nos jours, par exemple en2006, pour leDa Vinci Code deRon Howard. Ce long métrage ouvre leFestival de Cannes 2006, bien qu'il soit critiqué dans le monde religieux. Des associationscatholiques dénoncent le film, même si leVatican condamne tout boycott et action contre ce long métrage, affirmant qu'« il y [a] plus important à faire dans le monde, que les faits du film [sont] faux, et qu'il ne [sert] donc à rien de se défendre »[note 51].
Le Festival de Cannes a souvent eu des imprévus, des controverses. Des starlettes qui se font photographier, à une partie de la poitrine qui sort de la robe, souvent ce sont des imprévus qui créaient du mouvement à la montée des marches. En1946, première vraie édition du Festival, les organisateurs proposent des projections gratuites au public et aux professionnels. Mais, les commerçants ne l'entendent pas de la même oreille, et font grève durant la totalité du Festival : ils pensent que cela pourrait nuire à leurs activités économiques[271]. Cette même année, lors de la première projection, celle du film d'Alfred HitchcockLes Enchaînés, les techniciens mélangèrent les bobines de pellicule et la projection est une vraie catastrophe[272]. Il n'y a pas eu de nouvelle séance et le film repart bredouille du festival. Lors de l'édition 1967,Gunter Sachs, le mari deBrigitte Bardot, aurait marchandé la venue de sa conjointe en échange de la projection dudocumentaireBatouk qu'il a produit.
Autre controverse majeure en1975 avec l'explosion duPalais des Festivals. Cet attentat a été provoqué par Le Comité de lutte populaire contre la perversion du peuple, fort heureusement pour la direction du Festival, personne n'a été blessé, et la cérémonie a pu continuer[273].
Les photographes ont parfois provoqué une médiatisation alternative du Festival à cause de quelques célébrités féminines, notamment pour des raisons plus ou moins érotiques.
Lors duFestival de Cannes 1954, alors que le festival n'en est qu'à sa8e édition,Simone Silva pose au bord de l'eau avecRobert Mitchum pour des photographes. Alors que le soleil chauffait, les photographes demandent une pose sexy à l'actrice qui finit par enlever sonsoutien-gorge, l'acteur pressant alors ses seins contre lui[274]. Le cliché fait le tour du monde, provoquant un énorme scandale autour du Festival et de l'actrice[note 52]. Simone Silva est contrainte de quitter le festival.
En1983, alors que les travaux inachevés du nouveau Palais des Festivals menacent de mettre fin à la36e édition,Isabelle Adjani refuse de participer à la conférence de presse et au photocall du filmL'Été meurtrier et provoque la première, et unique, grève des photographes : ils déposent leurs appareils au pied des marches et tournèrent le dos à la star lors de sa montée des marches pour protester contre son attitude[note 53].
Un autre événement fit le tour du monde en2005 : alors qu'elle monte les marches, une bretelle de la robe deSophie Marceau se détache et un de ses seins est accidentellement mis à nu. Sans le vouloir, elle devient l'un des événements duFestival de Cannes 2005 et celui de2015. En2008, l'actrice pornoYasmine provoque quant à elle un scandale volontaire en soulevant sa robe sur les marches alors qu'elle n'a pas de culotte en dessous[276]. Autre événement, l'actriceBella Hadid fait parler d'elle en robe ultrasexy ultrafendue lors duFestival de Cannes 2017[277]
Le Festival de Cannes a souvent été critiqué[note 54]. Mais il n'est pas le seul à avoir été touché, quelques films ont aussi dû subir les commentaires de certains magazines.
Lors duFestival de Cannes 1973, une partie des critiques présents, accompagnés par le public, se déchaînent contre le long métrageLa Grande Bouffe deMarco Ferreri : « Immonde et scatologique » pourTélé 7 jours, « cinéma de pot de chambre » pourMinute, « l'enfer et l'ordure, le cauchemar et la complaisance, l'ennui et les latrines » pourJean Cau dansParis Match. Mais l'équipe du film n'en tient pas compte et riposte. Ainsi,Philippe Noiret déclare plus tard :« Nous tendions un miroir aux gens et ils n'ont pas aimé se voir dedans. C'est révélateur d'une grande connerie »[278]. On verra aussi le réalisateur, Marco Ferreri, du haut d'un balcon, envoyer des baisers aux gens qui le huent, avec la braguette ouverte[279].
Cette même année,La Maman et la Putain deJean Eustache provoque également une forte polémique du fait de ses dialogues crus et la réception par le réalisateur duprix spécial du jury, lors de la cérémonie de clôture, sera accompagnée de sifflets[278].
En1985, ce n'est pas la critique qui se déchaîne, mais le journalisteNoël Godin qui a alors décidé d'entarterJean-Luc Godard, venu présenter son filmDétective.
Les pannes techniques, essentiellement causées par des prestataires, peuvent perturber les projections du festival comme cela fut le cas en 2017, dans le Grand Théâtre Lumière du Palais du Festival, pour le filmOkja du Sud-CoréenBong Joon-ho, en lice pour la Palme d'or, avec une interruption de 7 à 8 minutes pour un problème technique[280].
Peu de temps après la mort deFrançois Truffaut, lors duFestival de Cannes 1985, ses comédiens principaux se réunissent sur scène pour un dernier hommage et une photo. Quelques années plus tard, en1989, les enfants et petits enfants deCharlie Chaplin montent sur scène pour le centenaire de sa naissance.
De1946 à2011,67 grands prix et palmes du meilleur film ont été décernés. Voici le classement des nations les plus récompensées par la Palme d'or depuis 1955 :
États-Unis :16 palmes.
Italie :9 palmes.
France :8 palmes.
Royaume-Uni :7 palmes.
Japon :3 palmes.
Danemark :3 palmes.
La palme d'or a fait son apparition en 1955 et a été remplacée entre 1964 et 1974 par le terme grand prix du festival.
Les journalistes ont été de plus en plus présents au Festival :
↑Marie Persidat, « Val-d’Oise : quand l’ancien maire deValmondois créait le Festival de Cannes : À la demande du ministreJean Zay, Georges Huisman avait organisé le premier festival de cinéma cannois en 1939. Une exposition retrace cet épisode historique fort »,Le Parisien, édition du Val-d'Oise,(lire en ligne, consulté le).
↑« Rétrospective du Festival de Cannes », surCommune de Cannes, Chapitre :Robert Favre Le Bret et la Commission de sélection entrent en scène(consulté le).
↑« Julia Ducournau, dame de « Titane » : portrait d’une réalisatrice nourrie au cinéma d’horreur et à la mythologie »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
La version du 6 juillet 2007 de cet article a été reconnue comme « article de qualité », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.