Lefermail-reliquaire à l'aigle est une pièce d'orfèvrerie du milieu duXIVe siècle conservée aumusée de Cluny (musée national du Moyen Âge) àParis. Son numéro d'inventaire est Cl.3292. Il s'agit d'un bijou exceptionnel, exemplaire de l'art de cour dévotionnel duXIVe siècle[1].
Cefermail serti de pierres précieuses mesure 18,5 cm de largeur pour 18,5 cm de hauteur. Il s'agit d'une pièce devermeil gravé au décor ajouré, avec de l'argentémaillé et des émauxchamplevés. Il a la forme d'un losange entouré d'un bord à huit lobes, emblématique de l'art gothique.
Ce losange a un fond lisse avec des hachures gravées représentant des langues de flammes. Le champ est rempli d'un aigle richement décoré de pierres précieuses et tourné héraldiquement vers la gauche, à l'instar de l'aigle deBohême, emblème desPřemyslides. Une petite couronne ornée d'une perle repose sur sa tête. Le corps et les ailes déployées sont recouverts de cabochons de différentes formes. La bordure du losange est ornée d'une alternance de perles et de pierres précieuses. On remarque desaméthystes, dessaphirs, desrubis, desémeraudes, des grenades. La jante émaillée présente quant à elle huit cabochons de cristal qui comprenait chacun larelique d'un saint (dont le nom est écrit en latin sur une minuscule bandelette) :saint André,saint Martin,sainte Marguerite,saints Nicolas etPierre,Hippolyte,Laurent etConstantin (apôtres, martyrs, vierge, évêque et souverain).
Ce bijoureliquaire servait d'agrafe et fermait la chape ou le manteau[2] ; il était porté lors de grands événements ou processions[1]. Les hypothèses qu'il ait été commandé pourCharles V de France ou pour l'empereurCharles IV ont été évoquées. Certains historiens évoquent le pèlerinage en janvier 1378 de l'empereur Charles IV à laSainte-Chapelle et àSaint-Denis au cours duquel il aurait pu offrir ce fermail à son neveu le roi Charles V le Sage qu'il a rencontré. Cette visite pleine de magnificence a été relatée dans lesGrandes Chroniques de France. Ce fermail aurait été donc fabriqué àPrague[3].
Il faisait partie de la collection duprince Pierre Saltykoff, puis de Louis-Fidel Debruge-Duménil et a été acquis aux enchères par le musée de Cluny en 1861.