Ferdinand III, surnommé « le Saint », ditsaint Ferdinand de Castille ousaint Ferdinand Roi, né en 1201 et mort en mai 1252 àSéville, estroi de Castille de 1217 à 1252, etroi de León de 1230 à 1252.
Fils du roiAlphonse IX de León et deBérengère de Castille, Ferdinand naît en. Bien qu'issu d'une double lignée royale, Ferdinand n'est tout d'abord pas destiné à régner. Après l'annulation du mariage de ses parents pour cause de consanguinité en 1204, son éducation est assurée àBurgos par sa mère Bérengère[1]. Lorsque le roiAlphonse VIII de Castille, vainqueur desAlmohades àLas Navas de Tolosa, meurt en 1214, son filsHenri lui succède sur le trône sous la régence de sa sœur Bérengère. Henri meurt prématurément trois années plus tard. Bérengère de Castille, fille aînée d'Alphonse VIII, est alors proclamée reine par lesCortes de Castille. La nouvelle souveraine abdique immédiatement en faveur de son jeune fils Ferdinand, qui devient roi en 1217[1].
Une partie de la noblesse castillane se révolte, appuyée par le père de Ferdinand, Alphonse IX, désireux d'annexer le royaume voisin afin d'y régnerde jure uxoris (par le droit de sa femme). Ce dernier pénètre même en Castille et est repoussé par Ferdinand. Fort du soutien des villes et duclergé et aidé par les talents diplomatiques de Bérengère, Ferdinand impose auxLara, la plus puissante maison de Castille, la signature d'un traité àZafra, en 1222, qui met fin à l'agitation du royaume.
Cet épisode constitue l'un des témoignages les plus éloquents de l'influence et de la place de Bérengère durant le règne de son fils. Précieuse conseillère, elle se distingue également par ses qualités politiques dans la négociation et dans la gestion du royaume, dont elle assume la gestion durant les longues campagnes de son fils enal Ándalus. Elle rejoint en cela sa sœur,Blanche de Castille, mère deLouis IX de France, dont elle demeure le plus fidèle conseiller. Les destins des deux familles partagent de nombreux points communs, notamment dans le domaine religieux. Tant Ferdinand que son cousin Louis se montrent actifs dans la lutte contre les Maures : le premier, par laReconquista, le second, par son engagement dans lescroisades. Tous deux sont d'ailleurs canonisés.
En 1217, laReconquista est déjà une affaire avancée dans la péninsule ibérique. Les temps de l'émirat et ducalifat de Cordoue représentent une période difficile pour leschrétiens du Nord. L'idée même deReconquista, qui transparaît dans les chroniques asturiennes et léonaises, demeure à l'état embryonnaire. La chute du pouvoir cordouan, puis le morcellement d'al-Andalus entaïfas qui en résulte auXIe siècle, changent la donne. Les chrétiens reprennent l'initiative avec toujours plus de succès. À l'arrivée desAlmohades, autoritaires à l'obédience religieuse stricte, apparaît l'idée d'une lutte contre les occupants Maures. Le combat contre les Maures cesse de se réduire à des considérations foncières pour prendre des aspects religieux d'une époque marquée par les croisades. La bataille de Las Navas de Tolosa est un événement fort : elle affaiblit considérablement la puissance almohade et ouvre les portes de l'Andalousie.
Les premières opérations militaires sont menées dès 1224 dans la région du haut-Guadalquivir. Les villes deCazorla, d'Úbeda, deBaeza, d'Andújar, d'Otíñar (à proximité deJaén) et d'autres sont attaquées par les armées castillanes. Il s'agit d'opérations de faible envergure, destinées prioritairement à préparer le terrain pour de futures conquêtes. Cette première phase s'interrompt avec la mort d'Alphonse IX de León et les tractations qui mènent à l'union de la Castille et du León.
Renforcées par cette nouvelle configuration de la couronne, les troupes reprennent leurs chevauchées en 1233, avec la conquête deBaeza.Al-Andalus est alors en pleine décomposition : des chefs de guerre locaux se proclament rois dans tous les territoires musulmans et rejoignent la cause des plus puissants au premier rang desquelsIbn Hud, maître du sud-est de la péninsule, etIbn Nasr, autoproclamé roi d'Andújar, qui étend son autorité aux royaumesde Grenade et de Jaén. Le roi de Castille organise à cette période de longues campagnes estivales et charge ses sujets, laïcs ou religieux, de la conquête de telle ou telle place forte, qui reviennent alors aux nobles victorieux.
Vue aérienne de la ville deCordoue, conquise en 1236, dont lagrande mosquée est reconvertie en église puis en cathédrale.
Les évènements s'accélèrent en 1236. En l'absence de Ferdinand III, quelques nobles attaquent la ville de Cordoue, avec l'aide de Maures hostiles au pouvoir local. Les Castillans se rendent maîtres du faubourg de l'Axarquía et le monarque, averti, vient les appuyer : le pouvoir musulman, détenant la ville, capitule sans offrir de résistance, en l'absence de secours extérieurs. Le symbole est puissant : l'ancienne capitale desOmeyyades échappe définitivement aux Maures après plus de cinq siècles de présence. La méthode appliquée après ce succès retentissant est dès lors reproduite pour chaque victoire. Sans hostilité à leur égard, les Maures sont simplement priés de quitter la ville, sains et saufs. Après leur départ, les troupes castillanes investissent la ville, ce qui, du point de vue espagnol, est vécu comme une libération. Le, la reconversion de lagrande mosquée de Cordoue de nouveau en église (en effet, elle était à l'origine une cathédrale wisigothique), constitue l'acte le plus symbolique. L'année suivante, en 1237, elle est de nouveau élevée au rang de cathédrale. S'ensuit la conquête du royaume de Cordoue, afin de sécuriser la cité nouvellement libérée. Ces campagnes de conquête s'inscrivent dans la durée, sans précipitation de la part de Ferdinand III, et voient successivement tomber des cités telles qu'Almodóvar del Río,Aguilar de la Frontera, ouÉcija.
Ladécennie 1240 est le théâtre d'autres conquêtes d'importance pour Ferdinand III. En 1243, les gouverneurs de lataïfa de Murcie viennent à la rencontre de l'infantAlphonse. Les dignitaires se soumettent à la Castille, afin de se prémunir face aux menaces d'Aragon (récents conquérants duroyaume de Valence) et desNasrides de plus en plus puissants. Alphonse prend possession du royaume au nom de son père, ajoutant ainsi une nouvelle pièce maîtresse au dispositif castillan, d'autant plus précieuse que Ferdinand III dispose désormais, pour la première fois, d'un accès à laMéditerranée. En échange de leur soumission, les habitants du royaume de Murcie conservent le droit de résider sur leurs terres, particulièrement fertiles.
En 1244, Ferdinand III fait signer par son fils Alphonse letraité d'Almizra, qui définit les frontières exactes entre la Castille et l'Aragon ; ce dernier royaume arrive ainsi au terme de ses possibilités de conquêtes péninsulaires et se lance alors dans sa phase d'expansion méditerranéenne. Le roi séjourne avec sa mère durant un mois et demi auPozuelo, dans la Manche. Il y rencontre pour la dernière fois sa mère, Bérengère, qui meurt deux années plus tard. Après ces quelques semaines dans la région deCuenca, le roi repart définitivement pour l'Andalousie qu'il ne quitte plus jusqu'à sa mort. Les campagnes se succèdent à un rythme quasiment ininterrompu, alternant sans relâche conquêtes, chevauchées et autres sacs dans les royaumes ennemis.
Enthousiasmé par ce succès, Ferdinand III se dirige dès la conquête de Jaén, vers son principal objectif :Séville. En 1247, le roi organise l'offensive depuis Cordoue, qui devient le point de concentration des troupes. Les alentours de la cité almohade commencent à faire l'objet de chevauchées et de sièges victorieux :Alcalá de Guadaíra,Gerena,Guillena,Carmona,Lora del Río,Setefilla(es),Cantillana,Alcalá del Río et d'autres places fortes sont prises afin de libérer les accès à Séville et d'écarter tout danger extérieur lors du siège. Les défenses de Séville sont solides et la population nombreuse. L'implication d'Ibn Nasr est exemplaire durant cette phase : le Nasride respecte scrupuleusement ses engagements.
La conquête de la région duGuadalquivir impliquait deux conséquences majeures et paradoxales. Les terres vidées de leurs habitants musulmans étaient désormais à repeupler et le travail était à peine entamé en 1252. C'est à une tâche immense qu'allait devoir s'attelerAlphonse X : faire venir du Nord du royaume des milliers d'hommes et de femmes prêts à s'investir dans le repeuplement et la réorganisation de l'espace et de l'activité économique d'une région vidée de ses occupants. La mainmise des plus puissants sur la majorité des terres, le climat, les incursions fréquentes de musulmans finirent par décourager nombre de paysans volontaires, qui repartirent vers leurs régions d'origine. Le repeuplement allait requérir des décennies de labeur et de patience. D'autre part, les villes et campagnes où les musulmans avaient été autorisés à demeurer (principalement le royaume de Murcie et l'extrême sud de l'Andalousie, autour deJerez de la Frontera etNiebla) se montreront rétives à l'autorité castillane. La grande révolte desmudéjars de 1264 menaça sérieusement la présence castillane. Pis encore, le moindre mouvement de révolte réveillait l'intérêt et les ardeurs de quelques chefs locaux et du roi de Grenade. Enfin, la noblesse, privée de nouvelles ressources par la raréfaction des terres à conquérir, n'allait pas tarder à revenir à ses basses manœuvres rebelles.
Henri (1230–1304) ; dit « le sénateur » marié en 1300 avecJuana Nunez de Lara(es) dite « le papillon » (vers 1285 morte àPalencia en 1351) – sans postérité ;