Ferdinand Buisson est né le dans une familleprotestante. Son père normand[2], Pierre Buisson, est un juge de paix, puis juge d'instruction qui a épousé à cinquante-deux ans Adèle Aurélie de Ribeaucourt, vingt-neuf ans, fille d'un tisserandpicard[3].
Il fait ses études secondaires à Saint-Étienne et prépare l'entrée à l'École normale supérieure aulycée Condorcet[4]. Il est recalé à l'École normale supérieure, pour raison de santé (surdité)[5], et prépare une licence de philosophie tout en travaillant comme précepteur[6]. Il est classé deuxième à l'agrégation de philosophie en 1868[7].
Figure historique duprotestantisme libéral, il s'exile volontairement en Suisse sous leSecond Empire, de 1866 à 1870, car il refuse de prêter serment au nouveau pouvoir ; il est professeur à l'Académie de Neuchâtel[8]. En 1867, il suit les trois congrès internationaux de laLigue de la paix et de la liberté. C'est au dernier congrès à Lausanne, en 1869, qu'il lit un discours[9]. Parallèlement, il tente de mettre en place une Église protestante libérale, faisant appel aux pasteursJules Steeg etFélix Pécaut.
Refusant d'enseigner la philosophie, car désireux d'œuvrer en faveur des enfants les plus pauvres, il est, grâce à son amitié avec le ministre de l'Instruction publiqueJules Simon, nommé à la direction des établissements scolaires parisiens. Une violente campagne, menée tant par le parti catholique que les protestants orthodoxes, contraint Jules Simon à faire marche arrière. Buisson sera chargé de réunir une vaste documentation sur les pratiques pédagogiques dans le monde. Soucieux de l'avenir des enfants de l'orphelinat, il se met en relation avec le philanthrope Joseph Gabriel Prévost et place les enfants dans l'orphelinat de Cempuis que celui-ci a créé. En 1880, Buisson nommePaul Robin directeur de l'établissement[9].
Rapport de Claire Bertelot, institutrice de l’école d’Étauliers, à Ferdinand Buisson, inspecteur général de l’Instruction publique, sur ses activités en 1914-1918. 25 juin 1918.Archives nationales de France.
En 1914 et pendant laPremière Guerre mondiale, Buisson se range parmi les patriotes et défend l'Union sacrée[10]. Il est élu de nouveau député de 1919 à 1924, et œuvre à la réconciliation franco-allemande, surtout après l'occupation de laRuhr en 1923. Partisan de la première heure de laSociété des Nations, il invite des pacifistes allemands à Paris et se rend àBerlin[14]. Il reçoit leprix Nobel de la paix en 1927, colauréat avec le professeur allemandLudwig Quidde pour ces efforts de rapprochement entre les peuples. Il le dédie aux instituteurs et institutrices de l'école publique.
Ferdinand Buisson meurt le 16 février 1932 àThieuloy-Saint-Antoine[15], où il est enterré à côté de son épouse Pauline.
LeDictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire
Ferdinand Buisson est le maître d'œuvre duDictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire, pour la rédaction duquel il s'entoura de plus de 350 collaborateurs, et plus particulièrement deJames Guillaume qui en devient le rédacteur en chef. La première édition est publiée parHachette entre 1882 et 1887. Une nouvelle édition paraît en 1911[16]. Buisson rédige plusieurs articles, notammentLaïcité,Intuition etPrière. Son dictionnaire est considéré comme la « bible » de l’école laïque et républicaine, et introduit ce que certains perçoivent comme le concept d'une religion laïque de remplacement, alors que, pour Buisson, il y va de ce qui est la seule chose à retenir du religieux, la conscience morale. Il est également l’auteur de nombreux ouvrages.
La Religion, la Morale et la Science, quatre conférences. Fischbacher, Paris, 1900
Libre Pensée et protestantisme libéral, quatre lettres auProtestant et réponses de Charles Wagner. Fischbacher, Paris, 1903, rééd.Théolib, 2009(ISBN978-2-36500-021-5)
Condorcet. Réédition : Alcan, Paris, 1929
Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire (1887) Alcan, Paris, 1929.
Nouveau dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire , Paris, Hachette, 1911,[(fr) lire en ligne] sur site www.inrp.fr.
Éducation et République. Choix de 111 textes, effectué par Pierre Hayat, avec des notes et une présentation, aux éditions Kimé, Paris, 2003(ISBN2-84174-293-8)
La Politique radicale, 1908
Le Vote des femmes, Paris, H. Dunod et E. Pinat, 1911
L'avenir du sentiment religieux (1914), Fischbacher, 1923
Le Fonds religieux de la morale laïque, inRevue pédagogique
Sommes-nous tous des libres croyants ? Libre pensée et protestantisme libéral, ÉditionsLe Foyer de l'Âme/Église réformée de la Bastille, 1992 (coauteur : le pasteurCharles Wagner)
Souvenirs, Fischbacher, 1916) ;
L'École et la nation en France,L'Année pédagogique, 1913
Conférence sur l'enseignement intuitif[17] (31 août 1878), publiée dansLes Conférences pédagogiques faites aux instituteurs délégués à l'Exposition universelle de 1878[18].
↑Jean-Marie Mayeur et Patrick Cabanel,« Buisson, Ferdinand Édouard », dans Patrick Cabanel etAndré Encrevé,Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Paris, Éditions de Paris Max Chaleil,,p. 510-511.
↑ChristopheCharle, « 17. Buisson (Ferdinand, Edouard) »,Publications de l'Institut national de recherche pédagogique,vol. 2,no 1,,p. 38–40(lire en ligne, consulté le)
↑Cette version contient un article favorable auxsyndicats d'instituteurs, quatre ans après la révocation deMarius Nègre parClemenceau, et alors même que leSyndicat national des instituteurs ne sera constitué qu'en 1920 et reconnude facto par le gouvernement qu’en 1924. La rédaction de cet article a été confiée àÉmile Glay, alors secrétaire adjoint de la Fédération nationale des amicales d'instituteurs et futur secrétaire général adjoint du Syndicat national des instituteurs, présenté comme « disciple » de Ferdinand Buisson.
Ferdinand Buisson. Père de l'école laïque, Genève, Labor et Fides, 2016(ISBN978-2-830915976)
« Ferdinand Édouard Buisson », avecJean-Marie Mayeur, in Patrick Cabanel etAndré Encrevé (dir.),Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 :A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015,p. 510-511
Patrick Dubois,Le Dictionnaire de Ferdinand Buisson.Berne : Lang, 2002(ISBN3-906768-10-4)
Mireille Gueissaz,L'Image énigmatique de Ferdinand Buisson. La vocation républicaine d'un saint puritain, ANRT, 1999, 480 p. + 104 p. d'annexes (présentation du fonds Buisson)
Pierre Hayat, « La dialectique de l'école et de la société chez Ferdinand Buisson »,L'Enseignement philosophique, novembre-décembre 2008
Ferdinand Buisson : fondateur de la laïcité (Colloque),Amiens, SCÉRÉN-CRDP Académie d'Amiens, coll. « Documents, actes et rapports pour l'éducation », 2004. 120 p.,(ISBN2-86615-286-7)
Pierre Nora, « Le Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson, cathédrale de l’école primaire », in P. Nora (dir.),Les Lieux de mémoire. I - La République, Paris, Gallimard, 1984, reéd. Paris, Gallimard, coll. Quarto,p. 327-347
(en)Biographie sur le site de lafondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — leNobel Lecture — qui détaille ses apports)