Abraham Mendelssohn Bartholdy, le père de Felix Mendelssohn.Vue deLucerne, aquarelle, par Felix Mendelssohn (1847).Tombe de Felix Mendelssohn au cimetière de la Trinité deBerlin.
Son grand-père,Moses Mendelssohn, était unphilosophe etrabbin, inspirateur (sans en être fondateur) dujudaïsme réformé. Il avait acquis, par lettre royale pour lui et sa famille, des droits civiques auxquels lesjuifs n'avaient normalement pas accès. Cela lui a permis de s'allier, par mariage, au milieu des affaires.
Abraham, le père de Felix, est un banquier berlinois prospère, qui finit par convertir sa famille auluthéranisme. La maison des Mendelssohn àBerlin est un lieu de rencontre pour l'élite intellectuelle que fréquentent, entre autres,Hegel,Heine et son premier maître de musiqueCarl Friedrich Zelter.
Felix et sa sœurFanny se révèlent des enfants prodiges en musique. À douze ans, en 1821, pour l'anniversaire de son père, il compose son premier opéra,les Deux Précepteurs, pièce qui ironise sur l'éducation rigoureuse qu'il reçoit. Pour autant, Mendelssohn ne se distingue pas par ses opéras, mais plutôt par samusique symphonique, sonœuvre pourpiano, ses pièces religieuses et samusique de chambre. Cette même année 1821, il rencontreGoethe, qui lui porte une grande admiration, déclarant notamment que ses facultés« tenaient du prodige »[2].
La mort deFanny, le 14 mai 1847, lui cause un profond chagrin et lui inspire son dernier quatuor. Cinq mois plus tard, le, à Leipzig, il est pris demaux de tête très violents. Quelques jours plus tard, il est victime d’une nouvelleattaque cérébrale et meurt le, âgé seulement de 38 ans. Il est enterré àBerlin aucimetière de Mehringdamm.
Abraham Mendelssohn, le père de Felix, a abandonné la religion juive ; sa femme Lea et lui ont délibérément choisi de ne pas fairecirconcire leur fils, contrairement à la tradition[4]. Les enfants du couple sont d'abord élevés sans éducation religieuse, avant d'être baptisés par un pasteur réformé en 1816[5], moment où Felix reçoit les prénoms supplémentaires de Jakob et Ludwig. En 1822, Abraham et sa femme se font baptiser à leur tour et prennent officiellement le nom de Mendelssohn Bartholdy (qu'ils utilisaient depuis 1812) pour eux et leurs enfants[6].
L'ajout de Bartholdy a été suggéré par le frère de Lea, Jakob Salomon Bartholdy, qui a hérité d'un domaine de ce nom àLuisenstadt et l'a adopté pour lui-même[7]. Dans une lettre de 1829 à Felix, Abraham présente ce choix comme un moyen de marquer une rupture décisive avec les traditions de son père Moses : « Il ne peut pas plus y avoir de Mendelssohn chrétien que deConfucius juif[8]. » Alors au début de sa carrière musicale, Felix ne renonce pas au nom de Mendelssohn, comme le lui demande Abraham, mais, par respect pour son père, signe ses lettres et fait imprimer sur ses cartes de visite « Mendelssohn Bartholdy »[9]. La même année, sa sœur Fanny lui écrit à propos de « Bartholdy [...] ce nom que nous détestons tous »[10].
D'autres œuvres maîtresses de Mendelssohn sont les deux trios avec pianoOp. 49 en ré mineur etOp. 66 en ut mineur. Si la réputation du premier trio n'est plus à faire, en revanche le deuxième trio reste assez méconnu du grand public, alors qu'il est aussi beau, si ce n'est plus que l'opus 49, avec son premier mouvement d'une grande intensité dramatique, son scherzo endiablé typiquement mendelssohnien, et son final incluant un choral, à l'instar de la5e symphonie, « Réformation ». Ces deux trios pour piano s'inscrivent entre ceux deFranz Schubert (notamment l'op. 100) et ceux deJohannes Brahms, on y retrouve les mêmes sonorités que dans le concerto pour violon, celles d'un Mendelssohn au sommet de son art, plus profond, plus romantique, synthèse des acquis classiques et du romantisme allemand.
Enfin, on peut aussi citer l'octuor à cordes op. 20, œuvre qu'il a composée à l'âge de seize ans, et qui reflète déjà une grande maturité, les sept quatuors à cordes, et plus particulièrement les quatuors op. 44 (trois quatuors) et op. 80, les deux concertos pour piano et grand orchestre op. 25 et op. 40, les sonates pour violon et violoncelle. Bien qu'il n'ait pas eu de succès avec ses opéras de jeunesse, Mendelssohn excelle également dans la musique vocale, ce qui est particulièrement sensible dans leSonge, dans lesPsaumes (lePsaume 42, Op. 42), la2e symphonie, « Chant de louange » et les oratoriosPaulus etElias.
On lui doit les redécouvertes de laPassion selon saint Matthieu deJean-Sébastien Bach, deGeorg Friedrich Haendel et de la9e symphonie (dite « La Grande ») deFranz Schubert dont il dirigea la première exécution auGewandhaus de Leipzig en1839. Ses détracteurs lui reprochent parfois d'écrire une musique parfaitement correcte et policée, visant avant tout à rester dans le domaine du convenable, en évitant toute prise de risque. Son exemple n'en atteint pas moins cependant une rare élégance, tant dans la reconnaissance des talents d'autrui, que dans l'extrême finesse de son style, obtenue par des moyens d'une grande sobriété.
Après sa mort Mendelssohn fut l'objet de la propagande antijuive. Cela commença avecDas Judenthum in der Musik, pamphlet deRichard Wagner, lequel avait pourtant été fortement influencé par ses compositions. L'ouvrage fut publié en 1850 par son auteur sous un pseudonyme, mais en 1869 parut une édition augmentée sous le vrai nom de l'auteur. À la date de la deuxième publication Wagner était déjà un compositeur influent, si bien que son point de vue contribua à faire mépriser l'œuvre de Mendelssohn dans la seconde moitié duXIXe siècle.
En 1933, après la prise du pouvoir par le régime nazi,Joseph Goebbels interdit en sa qualité de président de la « Chambre de la culture du Reich » l'exécution des œuvres de Mendelssohn. Il y en eut néanmoins quelques-unes, par exempleSonge d'une Nuit d'Été en février 1934 à l'occasion du125e anniversaire de Mendelssohn conduit parWilhelm Furtwängler, pourtant vice-président de laChambre de la musique du Reich[12]. Des compositeurs allemands, parmi lesquels on compteCarl Orff[13], furent invités à écrire des alternatives musicales à la musique de Mendelssohn pour leSonge d'une nuit d'été. Bustes et plaques commémoratives de Mendelssohn furent retirés (par exemple, en novembre 1936, le monument de Mendelssohn devant leGewandhaus deLeipzig, ce qui entraîna la protestation publique deFurtwängler). Le maireCarl Friedrich Goerdeler démissionna de son poste en raison de la suppression en son absence du monument de Mendelssohn ; il fut par la suite un des personnages importants de la Résistance allemande[14],[15].
Le démontage d'une statue du compositeur àPrague a servi de prétexte au romanMendelssohn est sur le toit deJiří Weil, dont la déportation des juifs deBohême-Moravie sous et après la gouvernance deReinhard Heydrich constitue le thème.
Pour ses interprétations au piano, Mendelssohn utilisait les instruments du facteur de piano viennoisConrad Graf. En 1832, il demanda àAloys Fuchs d'acheter pour lui un piano de Graf et de le livrer à la maison de ses parents àBerlin[16]. Mendelssohn était si satisfait de cet instrument qu'il décida de commander à Graf deux autres pianos : un pour lui-même et un pour la fiancée de son frère[16].
Ave Maria, op. 23.2, pour chœur mixte à 8 voix et solistes SSAATTBB.
Lauda Sion, op. 73 (1846). Séquence de la solennité du Corps et du Sang du Christ, sur le texte desaint Thomas d'Aquin. Parfois surnommé l'Elias latin, car composé en même temps que l'oratorio.
Verleih uns Frieden gnädiglich, sur un texte deLuther.
Six Proverbes pour l'année liturgique : Pièces vocales & œuvres pour orgue, par le Chœur Sacrum, Andris Veismanis (dir.), Vincent Genvrin (orgue Walcker de la cathédrale de Riga (Lettonie)) -Éditions Hortus (5 Diapason)
On doit à Mendelssohn laMarche nuptiale, extraite de la musique de scène duSonge d'une nuit d'été, aujourd'hui jouée à un grand nombre demariages. Pour un public non averti, leSonge se réduit à cette marche (dont plus grand monde ne sait qu'il s'agit de laMarche des ânes), mais elle n'est pas la plus représentative de l'ensemble.
DansLes Visiteurs,Jean-Marie Poiré utilise le premier mouvement du concerto pour violon (ainsi que le dernier mouvement de la symphonie dite « Écossaise »).
L'ouverture desHébrides est utilisée dans la scène d'introduction du film surréalisteL'Âge d'or deLuis Buñuel, en bande-sonore d'un documentaire sur les scorpions[17].
LaChanson de printemps est souvent utilisée, pour ses premières mesures, par les dessins animés de laWarner Bros. pour illustrer une image particulière, celle par exemple du méchant qui reçoit un coup et des petits oiseaux qui se mettent à voler autour de sa tête alors qu'il est encore étourdi.
I would that my love Opus 63, No. 1, interprétée par Kathleen Ferrier (Alto), Isobel Baillie (Soprano) et Gérald Moore (Piano) est utilisée en générique du début du filmLe Goût des autres (2000) d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri[18].
Son concerto pour violon (en mi mineur) est au cœur d'un orchestre durant un épisode de la série françaiseJoséphine, ange gardien avecMimie Mathy.
Nicolas Dufetel,Felix Mendelssohn : J'ai fait en conscience mon métier de voyageur - Lettres européennes 1830-1832, Le Passeur Éditeur, Paris, 2022, 496 p.(ISBN978-2-36890-886-0)