En 1974, à l'âge de 32 ans, il est élu secrétaire général duParti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), un poste qu'il conserve durant vingt-trois ans. Après avoir été,de facto,chef de l'opposition entre 1977 et 1982, il accède, à 40 ans, à laprésidence du gouvernement. Il reste au pouvoir jusqu'en 1996, quandJosé María Aznar, duParti populaire (PP), lui succède. Il abandonne, un an plus tard, la direction du PSOE. Il continue de siéger auCongrès des députés jusqu'en 2004, puis quitte la vie politique. Figure majeure de laTransition démocratique, il détient le record de candidatures à la présidence du gouvernement, avec sept tentatives dont quatre fructueuses.
Avocat de profession, licencié en droit à l'université de Séville, il rejoint, dans la clandestinité, lePSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) en1963. Il participe à plusieurs manifestations contre l'Espagne franquiste. Dans le contexte de la rénovation du parti, le PSOE del'intérieur dirigé par González et composé principalement de socialistes andalous et basques, l'emporte sur le PSOEexilé, dirigé parRodolfo Llopis. González est donc élu secrétaire général à l'occasion du Congrès en exil deSuresnes en 1974.
Avec la démocratisation de l'Espagne, consécutive à la mort dugénéral Franco et l'accession au trône du roiJuan Carlos Ier, il est élu député en 1977, réélu en 1979 et siège ainsi au Congrès des députés, la chambre basse desCortes, prenant la tête de l'opposition de gauche au gouvernements de centre-droit de l'UCD. Il reste député jusqu'en 2004, année où le PSOE fait son retour au gouvernement.
Il représente les socialistes aux premières élections générales libres de1977 et1979, à chaque fois terminant second derrière le centristeAdolfo Suárez.
Durant ses mandats, il conjugue réformes économiques libérales (privatisations, faibles impôts pour les entreprises) et réformes sociales (extension de la sécurité sociale) qui favorisent l'investissement mais déboucheront sur une grave crise économique dans ses dernières années de pouvoir, générant un taux de chômage de plus de 20 % et une forte augmentation de la dette. Il est l'un des promoteurs de l'Exposition universelle de Séville et desJeux olympiques de Barcelone, deux manifestations qui se déroulent en 1992, et fait adhérer l'Espagne à laCommunauté économique européenne. En1993, il est lauréat duPrix International Charlemagne.
Son administration est secouée entre 1994 et 1995 par plusieurs scandales de corruption, conduisant à la démission du ministre de l'Intérieur, du ministre de l'Agriculture et de plusieurs ténors duPSOE[1]. Le chef de laGarde civile (qui témoignera longuement contre González[2]) et le gouverneur de laBanque d'Espagne[3] sont à leur tour emportés par des affaires de détournements de fonds. Felipe González est quant à lui soupçonné par la justice espagnole d’être l'instigateur desGroupes antiterroristes de libération (GAL), desescadrons paramilitaires clandestins qui se livraient, y compris enFrance, à des exécutions extrajudiciaires de membres de l'ETA ou de militants indépendantistes basques[4]. Dans cette même affaire,José Barrionuevo (ministre de l'Intérieur entre 1982 et 1988) et un secrétaire d’État sont condamnés à des peines d'emprisonnement, tandis que la culpabilité de Felipe González ne peut être prouvée[5]. Plusieurs policiers condamnés pour des actes de torture sont graciés par son gouvernement[6]. En juin 2020, laCIA déclassifie des informations confirmant que Felipe González a autorisé la création des Groupes antiterroristes de libération[7].
Le quotidienEl Diario relève en 2016 que près de 50 % des ministres de Felipe González ont ensuite rejoint des conseils d’administration et des directions d’entreprises privées, lepantouflage étant une pratique courante dans la vie politique espagnole[8].
Felipe González est choisi pour présider, à sa création, le « groupe de réflexion au Conseil européen sur l‘avenir de l‘UE à l‘horizon 2030 », de décembre 2007 jusqu'à la publication du rapport final du groupe en mars 2010[9],[10]. Au cours de sa carrière, il défend à plusieurs reprises une Europe unie en se fondant sur un modèle politique d'intégration fédérale.
Il devient « lobbyste » de l'homme d'affaires mexicainCarlos Slim et est membre du conseil d'administration de la multinationaleGas Natural. Il reste impliqué en politique en conseillant notammentHenrique Capriles, l'un des chefs de l'opposition vénézuélienne[11].
En 2016, il s'oppose àPedro Sánchez, le secrétaire général du PSOE (finalement poussé à la démission par les cadres du parti puis réélu par un vote des militants) et soutient la reconduction du gouvernement conservateur deMariano Rajoy afin d'éviter une crise politique[12]. Il continue de se montrer très critique envers Pedro Sánchez lorsque celui-ci devient président du gouvernement en 2018, auquel il reproche notamment d'avoir signé une coalition avecPodemos et négocié avec les partis indépendantistes basques et catalans. En 2021, il se déclare « orphelin de représentation politique »[13].
Felipe González est connu pour avoir créé et entretenu, avec l'aide du spécialiste Luis Vallejo, une collection debonsaïs, conservée depuis février 2005 auJardin botanique royal de Madrid. Il est également le créateur dejoailleries, comme les pendentifs portés par Sonsoles Espinosa, épouse du président du gouvernement,José Luis Rodríguez Zapatero, lors du mariage duprince des Asturies en 2004.
Comme cela s'est produit avec les précédents chefs du gouvernement, Felipe González se voit offrir par le roi un titre de noblesse lorsqu'il quitte ses fonctions en 1996. Bien que reconnaissant envers le souverain, il refuse alors pour des raisons de cohérence personnelle et politique, fondée sur son statut de chef d'un parti socialiste.
↑« Felipe Gonzalez dans la tourmente »,L'Humanité,(lire en ligne)
↑« Espagne: l'ex-chef de la Garde civile condamné. Poursuivi pour corruption, Roldan avait fait vaciller le pouvoir socialiste. »,Libération.fr,(lire en ligne)
↑a etbMaurice Lemoine,Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d'Etats modernes et autres tentatives de déstabilisation, Don Quichotte,,p. 621
↑« Les socialistes laissent la voie libre à la droite »,L'Humanité,(lire en ligne)
↑« En Espagne, duel d’éléphants socialistes au sujet de l’amnistie des indépendantistes catalans »,Le Monde.fr,(lire en ligne)
↑« La mujer de Felipe González también aparece en «los papeles de Panamá» »,www.larazon.es,(lire en ligne)
↑« Felipe González recibe el título de Hijo Predilecto de Andalucía » [« Felipe González reçoit le titre de Fils préféré de l'Andalousie »],El Mundo,(lire en ligne)