La colonisation de l'Australie par lesaborigènes d'Australie, il y a plus de 40 000 ans, puis par les Européens dès1788 a considérablement affecté la faune. La chasse, l'introduction d'espèces étrangères et les pratiques de gestion et de développement des terres impliquant la modification ou la destruction des habitats naturels des animaux ont causé de nombreusesextinctions. On peut citer comme exemple la disparition de laperruche de paradis, dubandicoot à pieds de porc et duPotorous platyops. L'utilisation intensive des terres menace toujours la survie de nombreuses espèces. Afin de faire face aux menaces qui pèsent sur lafaune, les autorités australiennes ont adopté de nombreuses lois, tant au niveau fédéral que local, pour l'établissement de zones protégées.
Unkoala, autre animal emblématique de l'Australie. Il puise l'eau dont il a besoin dans les feuilles d'eucalyptus.Laperruche ondulée, un des oiseaux symboles de l'Australie.
Au cours de cette désolidarisation des autres masses continentales et de cette dérive à travers les océans, l'Australie n'a jamais été reliée à une autre masse continentale. Sa faune, de même que sa flore, ont ainsi pu subsister etévoluer sans trop d'influences extérieures et acquérir ainsi un certainendémisme et une singularité dans le règne animal, notamment pour les animaux terrestres comme lesmarsupiaux. De plus, au cours de son transit des latitudes australes en direction de l'équateur, l'Australie a subi deschangements climatiques, notamment unedésertification de l'intérieur des terres puis une apparition d'unclimat tropical au nord-est lorsque lecourant circumpolaire antarctique se mit en place il y a 15 Ma au milieu de l'Oligocène. Ces changements dans le climat et donc dans la flore ont alors accentué cette singularité de la faune australienne en les forçant à s'adapter à ces nouvelles conditions.
Ce n'est qu'à partir du Miocène, lorsque, à certaines époques, des ponts terrestres reliant les différentes îles et péninsules de l'Insulinde atteignaient presque l'Australie, qu'une faune asiatique a pu y s'établir plus facilement. Laligne Wallace marque encore la limite entre lesécozonesaustralasienne etindomalaise.
Du fait de sa géographie, l'Australie possède une grandediversité de climats et donc de nombreuxbiotopes. Peu d'espèces se retrouvent sur l'ensemble du territoire. L'Interim Biogeographic Regionalisation for Australia (IBRA), l'organisme gouvernemental australien chargé de l'étude géographique du continent australien, le divise en 85 biorégions et 404 sous-régions[4]. La carte de cesécorégions est régulièrement mise à jour. D'après leWWF[5], les huit écozones qui regroupent les plus importantes des 40 écorégions définies par cet organisme sont les suivantes :
lesforêts tempérées caducifoliées de laTasmanie au sud-est de l'Australie s'étendent en zones non contiguës. L'eucalyptus est la plante emblématique de ces régions et les espèces animales en dépendent toutes d'une manière ou d'une autre. Il existe aussi certaines zones couvertes deconifères et pour les plus sèches d'acacias. L'endémisme y est moins élevé au Sud qu'au Nord. Le nombre d'espèces qui y vivent est important. Certaines espèces d'oiseaux hivernent d'une de ces zones à l'autre. Cette écozone est menacée principalement par l'urbanisation et l'agriculture. Lechat haret et lerenard roux y sont aussi conjointement responsables de la disparition de plusieurs espèces. Ces zones servaient de refuges aux animaux durant les périodes sèches.
lesforêts, bois et broussailles méditerranéens dans le Sud-Ouest australien (Forêts et broussailles) ainsi que dans le Sud (Mallee et bois). De nombreuses espèces d'oiseaux, ainsi que des espèces de marsupiaux de taille moyenne ont disparu ou sont menacées. Plusieurs espèces du Sud-Ouest sont connues pour être proches de celles qui existaient sur leGondwana[8]. Ce type d'écorégion avec sa faune est le type le plus menacé des écorégions d'Australie.
lesdéserts et broussailles xérophytes : on y trouve surtout des espèces de reptiles, d'insectes et de petits animaux ressemblant aux rongeurs. Dans les zones les plus humides (outback), on y trouve deskangourous roux et desémeus mais aussi de très nombreuxdromadaires, espèces introduites.
latoundra qui occupe 128 km2 sur l'île Macquarie où lafaune aviaire locale est constituée de 55 espèces d'oiseaux marins (comme legorfou de Schlegel ou l'albatros de l'île Campbell) et de 80 espèces d'oiseaux terrestres, souvent endémiques et en danger (30 espèces sont inscrites sur laliste rouge de l'UICN). Le nombre d'espèces d'invertébrés n'est pas élevé mais il est conforme à ce type debiome. L'endémisme y est également élevé, par exemple 36 des 78 espèces deLepidoptera le sont[9]. De nombreux insectes, en raison des vents forts, ont perdu leur capacité à voler. On y trouve naturellement desmammifères marins et des espèces introduites qui menacent l'environnement comme leslapins ou lesrats. Une politique ferme d'éradication y est pratiquée. L'environnement de l'île Macquarie est le moins préservé des îles subarctiques à cause de la présence d'une base humaine permanente.
L'Australie regorge defossiles de mammifères, que ce soit d'espèces vivantes ou d'espèces éteintes, avec de nombreux fossiles de marsupiaux[10]. Des fossiles retrouvés démontrent que lesmonotrèmes sont présents en Australie depuis leCrétacé (145 à 99 Ma)[11],[12] et que les marsupiaux et les mammifères placentaires y vivent depuis l'Éocène (il y a 56 à 34 Ma), époque à laquelle apparaissent les premiers mammifères modernes d'après les découvertes de fossiles. Bien que les marsupiaux et les mammifères placentaires aient coexisté en Australie au cours de l'Éocène, seuls les marsupiaux y ont survécu. Des fossiles de chauves-souris et de rongeurs laissent penser que les mammifères placentaires sont réapparus en Australie au cours duMiocène, époque à laquelle l'Australie s'est rapprochée de l'Insulinde. La concurrence dans l'évolution a amené les marsupiaux à occuper desniches écologiques et, dans de nombreux cas, leurs évolutions les ont amenés à ressembler physiquement aux mammifères placentaires occupant des niches comparables enEurasie et enAmérique du Nord. Ce phénomène est connu sous le nom d'évolution convergente[13]. Par exemple, le super-prédateur de l'Australie, letigre de Tasmanie[14] présente un certain nombre de ressemblances frappantes avec descanidés tels que leloup gris, tandis que lepetauridae, tout comme l'écureuil volant, est adapté au style de vie arboricole ou que leMyrmecobius fasciatus et le fourmilier (Myrmecophagidae) sont tous deux des insectivores qui creusent le sol pour y trouver leur nourriture[15].
Lesmonotrèmes sont — chose rare — des mammifèresovipares. Ils ne mettent donc pas bas mais pondent des œufs. Des cinq espèces vivantes connues de monotrèmes, deux sont présentes en Australie : l'ornithorynque et l'échidné à nez court[16].
L'ornithorynque — mammifère amphibie venimeux pondant des œufs et pourvu d'un bec de canard — est l'une des créatures les plus singulières chez les mammifères. LorsqueJoseph Banks présenta pour la première fois, à la fin duXVIIIe siècle, une fourrure d'ornithorynque à des naturalistes anglais, ceux-ci furent convaincus qu'il s'agissait là d'un canular bien ficelé[16].
L'échidné à nez court est un monotrème tout aussi étrange. Couvert d'une fourrure présentant des piquants, muni d'un long museau tubulaire en guise de gueule, l'échidné peut aussi successivement sortir et rentrer sa langue une centaine de fois par minute pour attraper destermites[17].
L'Australie héberge également la plus grande diversité de marsupiaux au monde. Il s'agit de mammifères possédant une poche abdominale, lemarsupium dans laquelle grandissent leurs petits qui naissent à l'état d'embryons[18].
Les marsupiaux carnivores, de l'ordre desDasyuromorphia, comptent deux familles encore actives et une famille éteinte :
celle desDasyuridae comportant 51 espèces. Aujourd'hui, le plus gros marsupial carnivore encore vivant est lediable de Tasmanie. De la taille d'un petit chien, il sait chasser mais se nourrit essentiellement decharogne. Il a disparu du continent australien il y a environ 3 000 à 600 ans et ne se trouvait plus qu'enTasmanie. Dans le cadre d'un programme de conservation, 26 diables adultes ont été réintroduits en 2020, et 7 petits sont nés en 2021[19]. Il existe quatre espèces deDasyurus, toutes menacées. Les espèces survivantes de la famille desDasyuridae sont aussi appelées « souris marsupiales ». Elles pèsent pour la plupart moins de cent grammes. On rencontre aussi deux espèces detaupes marsupiales, de l'ordre desNotoryctemorphia, dont les déserts d'Australie-Occidentale constituent l'habitat naturel. Ces carnivores dont on sait peu de choses sont rares, ils n'ont pas d'oreilles, sont aveugles et passent la majeure partie de leur temps sous terre.
la famille desThylacinidae avec letigre de Tasmanie qui était le plus gros desDasyuromorphia et dont le dernier spécimen connu est mort en captivité en1936[14].
Les marsupiauxomnivores de l'ordre despéramélémorphes comprennent lesPeramelidae, communément appelésbandicoots, et lesbilbis. L'Australie en compte sept espèces, la plupart menacées. Ces petites créatures présentent de nombreuses caractéristiques physiques communes : un corps potelé, un dos arqué, un long museau légèrement effilé, de grandes oreilles verticales, des pattes longues et fines et une queue mince. L'origine évolutive de ce groupe est peu claire mais il semble partager des caractéristiques propres à la fois aux marsupiauxcarnivores et aux marsupiauxherbivores.
lekoala, l'un des marsupiaux les plus célèbres d'Australie, est une espècearboricole qui se nourrit des feuilles de quelque 120 espèces d'eucalyptus.
leswombats, quant à eux, vivent au sol et se nourrissent d'herbes, delaîches et de racines. Ils utilisent leurs dents avant, similaires à celles des rongeurs, et leurs griffes puissantes pour creuser de vastes réseaux de terriers. Ce sont des animaux essentiellementnocturnes etcrépusculaires.
Lesphalangériformes, groupe varié de marsupiaux arboricoles, comprennent six familles et 26 espèces parmi lesquelles lepossum. Lesphalangériformes sont de taille variable, suivant l'espèce : duCercartetus lepidus aussi appelé « petit possum pygmée » ne pesant que sept grammes aupossum à queue en anneau ou auphalanger renard de la taille d'un chat. Leplaneur de sucre et lephalanger de Norfolk (Petaurus norfolcensis) sont des espèces communes de possums planeurs. Les forêts d'eucalyptus d'Australie orientale sont leur habitat naturel. La plus petite espèce de possum est l'acrobate pygmée. Les possums planeurs ont des membranes, appelées « patagiums », s'étendant du cinquième doigt de leurs pattes avant au premier doigt de leurs pattes arrière. Lorsqu'elles sont déployées, ces membranes leur permettent de planer d'arbre en arbre.
Lesmacropodiformes se divisent en trois familles que l'on retrouve dans tous les environnements d'Australie, à l'exception des zones montagneuses :
la famille despotoroidae compte dix espèces dont lebettong, lepotoroo et lerat-kangourou. Ces petites espèces fabriquent des nids et utilisent leur queue pour transporter les végétaux.
la famille desmacropodidae, qui comprend leskangourous, leswallabys et d'autres espèces associées, comptait jusqu'à 53 espèces. Leurs dimensions varient grandement d'une espèce à l'autre. La plupart des macropodes sont des bipèdes qui se déplacent par bonds. Ils possèdent une queue musclée, des membres arrière grands et puissants avec des pattes minces. Les pattes arrière présentent une disposition particulière de quatre doigts, tandis que les pattes avant, plus courtes, comptent cinq doigts séparés. Le rat kangourou musqué est le plus petit des macropodes et la seule espèce qui ne soit pas bipède, tandis que lekangourou roux, pouvant mesurer jusqu'à deux mètres et peser jusqu'à 85 kilogrammes, représente l'espèce la plus grande.
Les marsupiaux représentent près de la moitié des 230 espèces de mammifères d'Australie.
L'Australie présente deux ordres de mammifères placentairesendémiques : leschauves-souris, de l'ordre desChiroptera, représentées par six familles, ainsi que les souris et rats, de l'ordre desRodentia (rongeurs), famille desMuridae (muridés). Cela fait relativement peu de temps que les chauves-souris et les rongeurs sont arrivés en Australie.
Les chauves-souris sont probablement arrivées d'Asie et ne semblent présentes sur le continent, selon les datations de fossiles, que depuis quinze millions d'années. Bien que l'Australie abrite 7 % des espèces de chauves-souris du monde, seuls deuxgenres sont endémiques.
Les premiers rongeurs sont arrivés en Australie il y a cinq à dix millions d'années et ont connu une importante radiation adaptative qui a conduit à les séparer en différentes espèces. Ils sont plus connus sous le nom d'« anciens rongeurs endémiques » et étaient représentés par quatorze genres aujourd'hui disparus. Il y a environ un million d'années, des rats provenant deNouvelle-Guinée sont apparus en Australie et ont alors évolué en sept espèces deRattus, communément appelés « nouveaux endémiques ».
Ledingo est le premier mammifère placentaire à avoir été introduit en Australie par l'Homme.
En s'installant en Australie, les humains ont introduit de nombreux mammifères placentaires. Les premiers furent vraisemblablement lesdingos. Des découvertes de fossiles tendent à prouver que des peuples venant du nord ont amené le dingo il y 5 000 ans[20].
Les eaux du littoral australien abritent quarante-six espèces de mammifères marins, de l'ordre des cétacés. Toutefois, ces espèces étant présentes dans d'autres régions du monde, certains auteurs ne les considèrent pas comme des espèces australiennes. On trouve neuf espèces demysticètes dont l'énormebaleine à bosse. Lesodontocètes (ou cétacés à dents) y sont représentés par 37 espèces, dont les six genres de la famille desziphiidae (baleines à bec) et 26 espèces dedelphinidae (dauphins océaniques), avec parmi celles-ci legrand dauphin et ledauphin à aileron retroussé d'Australie, espèce décrite pour la première fois en 2005. Certainsdelphinidae, comme l'orque, sont présents tout autour du continent, tandis que d'autres, comme ledauphin Irrawaddy, vivent exclusivement dans les eaux plus chaudes du nord. Ledugong (de l'ordre desSirenia) est une espèce marine menacée qui vit dans les eaux du Nord-Est et du Nord-Ouest de l'Australie, plus particulièrement dans ledétroit de Torres. Il peut mesurer jusqu'à trois mètres et peser jusqu'à 400 kilogrammes. Le dugong est le seul mammifère marinherbivore d'Australie. Il se nourrit de plantes aquatiques situées au large des côtes. Cette espèce est menacée notamment par la destruction des fonds marins sur lesquels poussent ces plantes.
Enfin, dix espèces dephoques et delions de mer (famille descarnivora) vivent au large de la côte sud de l'Australie et dans les territoires australiens de l'Antarctique.
L'Australie et ses territoires abritent, selon un inventaire réalisé en 2003[21], 772 espèces d'oiseaux dont 595 nichent en Australie[22]. Sur ce nombre, 350 environ sont endémiques à la région biogéographique regroupant l'Australie, la Nouvelle Guinée et la Nouvelle-Zélande. Les datations des fossiles d'oiseaux sont assez inégales. Toutefois, il existe des traces d'ancêtres d'espèces actuelles remontant à la fin de l'Oligocène[23]. L'histoire de certaines espèces remonte à l'époque duGondwana. C'est le cas par exemple de l'émeu, ducasoar à casque et autres oiseaux de l'ordre desratites[24], duléipoa ocellé et dutallégalle de Latham de la famille desMegapodiidae[25] ainsi que d'un nombre important d'espèces de perroquets endémiques, de l'ordre desPsittaciformes. Les perroquets australiens constituent un sixième de la population mondiale de cet ordre[26] et comprennent par exemple de nombreuxCacatuinae dont lecacatoès rosalbin[27]. Lemartin-chasseur géant, la plus grande espèce de la famille desAlcedinidae, est bien connue pour son cri qui ressemble à s'y méprendre au rire d'un humain[28].
Environ 200 espèces d'oiseaux de mer vivent sur la côte australienne. Nombre de ces espèces sontmigratrices. L'Australie se trouve à l'extrémité Sud du trajet migratoire Asie-Australasie des oiseaux de mer migrateurs, qui s'étend de l'Extrême-Orient russe et de l'Alaska à l'Australie et à laNouvelle-Zélande en passant par l'Asie du Sud-Est. Ce trajet est emprunté par près de deux millions d'oiseaux par an. Lepélican à lunettes est un oiseau de mer de grande taille, très commun, que l'on peut trouver dans la plupart des eaux du littoral et de l'intérieur de l'Australie[43]. Lemanchot pygmée est la seule espèce deSpheniscidae se reproduisant sur le continent australien[44].
Lamigration partielle est très commune pour les espèces du continent : 32 % des passereaux et 44 % des autres espèces d'oiseaux sont partiellement migratrices[45].
La masse continentale australienne, avec environ 860 espèces indigènes, est très riche enreptiles comparativement aux autres continents (l'Amérique du Nord n'en compte qu'environ 280)[46]. Le seul ordre de reptile inexistant en Australie est l'ordre desSphenodontia, endémique à la Nouvelle-Zélande. On y trouve donc descrocodiles, dessquamates et destortues.
LeCrocodile marin est la plus grande espèce de crocodile au monde.
L'Australie abrite descrocodiles de Johnston en eaux douces et descrocodiles à double crête en eaux salées. LeCrocodile marin, surnommésalty par lesAustraliens (diminutif de son nom en anglaissaltwater crocodile, littéralement 'crocodile d'eau salée'), est la plus grande espèce de crocodile vivante. Il peut atteindre sept mètres de longueur et peser jusqu'à une tonne. Il est capable de tuer un humain et ne s'en prive pas à l'occasion. Vivant sur les côtes, dans les rivières et les zones humides du nord de l'Australie, il est élevé pour sa viande et son cuir. Les crocodiles d'eau douce, qui vivent dans le nord de l'Australie, ne sont pas considérés comme des animaux dangereux pour l'homme.
L'Australie est le seul pays où les serpents venimeux sont en plus grand nombre que leurs congénères non venimeux. Les serpents australiens se divisent en sept familles. La famille desélapidés compte les espèces les plus venimeuses : lesOxyuranus dont letaïpan du désert, leserpent brun commun et leserpent-tigre de l'Est. Parmi les 200 espèces d'Elapidae, 86 sont présentes uniquement en Australie. Trente-six espèces de la famille desHydrophiidae, dont de nombreuses sont extrêmement venimeuses, ont pour habitat naturel les eaux du Nord de l'Australie. Deux espèces de serpents de mer de la famille desAcrochordidae habitent également les eaux australiennes. L'Australie ne compte que onze espèces de la famille la plus importante du monde, lesColubridae. Il y a quinze espèces deBoidae (boas) et 31 espèces deTyphlopidae, des serpents primitifs, aveugles et insectivores. Ces espèces, dont aucune n'est endémique, sont considérées comme étant relativement nouvelles et provenant d'Asie.
C'est en Australie que vit le plus grand nombre de lézards au monde. Cinq familles y sont représentées. On trouve à travers le continent australien 114 espèces degeckos, réparties en 18 genres. LesPygopodidae constituent une famille de lézards sans membres, endémiques de la région australienne. Des 34 espèces parmi les huit genres que compte cette famille, une seule n'est pas présente en Australie. Lesagamidés, ou lézards dragons, sont représentés par treize genres, pour un total de 66 espèces, parmi lesquelles figurent lemoloch, ledragon barbu et lelézard à collerette aussi appelé dragon d'Australie. Il y a 26 espèces devarans, de la famille desVaranidae en Australie, où ceux-ci sont plus souvent appelésgoannas. Le plus grand des varans australiens est levaran Perenti, qui peut mesurer jusqu'à deux mètres. Enfin, on trouve 389 espèces deScincidae, réparties en 38 genres. Elles constituent environ 50 % de la population totale de lézards en Australie. C'est dans ce groupe que l'on trouve lestiliquas.
Limnodynastes dumerilii est une espèce commune de grenouille vivant dans l'Est de l'Australie.
L'Australie compte quatre familles endémiques debatraciens et une espèce importée devenueinvasive, lecrapaud buffle[47]. LesMyobatrachidae, ou grenouilles du sud[48], constituent la famille de grenouilles la plus présente en Australie, avec 120 espèces réparties en 21 genres[49]. LesPseudophrynes forment un des membres notables de ce groupe. Ces espèces colorées sont actuellement menacées[50]. Les grenouilles arboricoles, de la famille desHylidae[51], sont nombreuses dans les zones humides des côtes Nord et Est[52]. L'Australie en compte 77 espèces, réparties en trois genres. Les 18 espèces deMicrohylidae, réparties en deux genres, sont présentes uniquement dans les forêts tropicales humides[53]. LeCophixalus exiguus, espèce la plus petite, en fait partie. Il n'existe en Australie qu'une seule espèce de la famille desRanidae, groupe des batraciens le plus répandu dans le monde. Il s'agit de laRana daemeli qui vit exclusivement dans les forêts tropicales duQueensland[54]. Comme dans d'autres endroits, un déclin rapide des populations de grenouilles d'Australie a lieu ces dernières années. Bien qu'on n'en connaisse pas toutes les causes, il peut être attribué, outre l'homme, à lachytridiomycose, une maladie fongique fatale pour les amphibiens[54].
Plus de 4 400 espèces de poissons, dont 90 % sont endémiques, vivent dans les eaux australiennes[55]. Cependant, étant donné la rareté de ses points d'eau douce, l'Australie ne compte que 170 espèces de poissons d'eau douce.
Deux familles de poissons d'eau douce ont des origines anciennes : celle desOsteoglossidae et celle desNeoceratodontidae. Lesdipneustes d'Australie, uniques dans leur famille, sont les dipneustes les plus primitifs. Leur évolution a débuté avant que l'Australie ne se sépare du Gondwana. LeLepidogalaxias salamandroides est l'un des plus petits poissons d'eau douce d'Australie. On le trouve principalement dans le Sud-Ouest du pays. Il est capable de survivre à ladessiccation durant la saison sèche en s'enfouissant dans la boue. Parmi les autres familles ayant de probables origines gondwaniennes, on peut également citer lesRetropinnidae, lesGalaxiidae, lesAplochitonidae et lesPercichthyidae. Hormis les espèces d'eau douce anciennes, 70 % des poissons d'eau douce d'Australie présentent des similitudes avec des espèces marines tropicales des océansPacifique etIndien qui se seraient adaptées aux eaux douces[56]. Toutefois, les fossiles découverts amènent à penser que nombre de ces espèces d'eau douce peuvent avoir également des origines anciennes. Ces espèces incluent lesPetromyzontidae d'eau douce, lesclupéidés, lesPlotosidae, lesMelanotaeniidae et quelque cinquante espèces deGobioidei dont l’Oxyeleotris lineolata. Parmi les poissons d'eau douce locaux prisés par les pêcheurs, on peut citer lebarramundi, lamorue de Murray et laMacquaria ambigua. Enfin, deux espèces menacées de requins d'eau douce (genreGlyphis) sont présentes dans leTerritoire du Nord.
Certaines espèces de poissons d'eau douce exotiques y ont été introduites. C'est le cas, entre autres, de latruite fario, dusaumon de fontaine, de latruite arc-en-ciel, dusaumon atlantique, de l’Oncorhynchus tshawytscha — appelé saumon chinook en anglais — de laperche commune, de lacarpe et de lagambusie[57]. La gambusie est une espèce connue pour son agressivité : elle harcèle d'autres poissons en mordant leursnageoires. Elle est supposée liée au déclin et à l'extinction localisée de plusieurs espèces autochtones de petits poissons. L'introduction de diverses espèces de truites a eu un impact très négatif sur de nombreuses espèces locales de poissons vivant en amont des cours d'eau, comme leMaccullochella macquariensis, laperche Macquarie, les espèces deGalaxiidae ou d'autres espèces comme la grenouille arboricole (Litoria spenceri). La carpe est responsable en grande partie de l'appauvrissement de la flore aquatique, du déclin de certaines espèces locales de petits poissons et d'un niveau deturbidité constamment élevé dans les eaux de la région située entre le fleuveMurray et son affluent la rivièreDarling dans le Sud-Est de l'Australie.
LePhyllopteryx, de la famille desSyngnathidae (Syngnathus et hippocampes), vit dans les eaux du sud de l'Australie.
La plupart des espèces de poissons d'Australie sont des espèces marines. LesMuraenidae présentent une caractéristique intéressante, de même que lesHolocentridae, lesSyngnathus et leshippocampes. En effet, les mâles couvent les œufs de leur partenaire dans une poche spécialisée. Il existe 80 espèces demérous vivant dans les eaux australiennes, dont l'un des plus grosOsteichthyes : l’Epinephelus lanceolatus ou mérou géant, qui peut mesurer jusqu'à 2,7 mètres et peser jusqu'à 400 kilogrammes. La famille desCarangidae, qui regroupe cinquante espèces de poissons argentés se rassemblant en bancs, et lesLutjanidae font l'objet d'une importante pêche commerciale. LaGrande barrière de corail abrite une faune très variée de poissons, petits et moyens, dont lespoissons demoiselles, despoissons-papillons, desPomacanthidae, desgobies, desApogonidae, desLabridae, desBalistidae et despoissons chirurgiens. Il existe également un certain nombre de poissons venimeux, dont lepoisson-pierre, larascasse volante et plusieurs espèces de la famille desTetraodontidae. Tous contiennent des toxines pouvant tuer un être humain. Il y a onze espèces venimeuses deDasyatidae, dont la plus grosse est laDasyatis brevicaudata. Lesbarracudas sont une des plus grosses espèces de laGrande barrière de corail. Toutefois, il ne faut jamais manger de gros poissons provenant de la barrière de corail car on courrait alors le risque d'un empoisonnement à laciguatera.
Lesrequins occupent tout le littoral australien ainsi que les zones estuariennes. On en compte 166 espèces, dont trente espèces de la famille desCarcharhinidae, 32 de la famille desScyliorhinidae, six espèces de la famille desOrectolobidae et quarante espèces deSqualidae. Il y a trois espèces de la famille desHeterodontidae (que les australiens appellent « requins à tête de taureau ») : lerequin dormeur taureau (Heterodontus portusjacksoni ou « requin de Port Jackson »), lerequin dormeur zèbre et lerequin dormeur à crête. On a recensé en 2006 septattaques de requins non provoquées en Australie dont une fut mortelle[58]. Seules trois espèces de requin représentent une véritable menace pour les humains: lerequin bouledogue, lerequin tigre et legrand requin blanc. Certaines plages très fréquentées du Queensland et deNouvelle-Galles du Sud sont protégées par des filets à requins. Ce procédé a permis de réduire la population d'espèces dangereuses mais aussi d'espèces inoffensives de requins, les requins étant pris dans les filets. Lasurpêche est à l'origine d'un déclin inquiétant de la population de requins dans les eaux australiennes à tel point que certaines espèces sont à présent menacées. En 1988, unrequin grande gueule a été retrouvé sur une plage dePerth. Cette espèce est peu connue mais la découverte d'un spécimen amène à penser qu'elle est présente au large des côtes australiennes.
Parmi les 200 000 espèces animales estimées présentes en Australie, 96 % sont des invertébrés. Même si la diversité des invertébrés n'est pas connue dans son ensemble, 90 % desinsectes et desmollusques sont considérés comme étant endémiques[1]. Les invertébrés occupent de nombreusesniches écologiques et jouent un rôle important dans chaque écosystème pour la décomposition, lapollinisation ou en tant que source de nourriture. Le plus grand groupe d'invertébrés est formé par les insectes. Ils constituent 75 % des espèces animales connues en Australie.
Un tiers des espèces d'insectes recensées en Australie est en risque d’extinction[59].
L'Australie abrite une grande variété d'arachnides, incluant 135 espèces d'araignées suffisamment connues pour bénéficier d'un nom commun. Nombre d'espèces sont très venimeuses comme celles de la famille desHexathelidae et laveuve noire à dos rouge dont les morsures peuvent être fatales. Il existe des milliers d'espèces d'acariens dont destiques. L'Australie compte également huit espèces depseudoscorpions et neuf espèces descorpions.
La sous-classe desOligochaeta compte de nombreuses familles de vers aquatiques mais seulement deux familles devers terrestres locaux : lesEnchytraeidae et lesMegascolecidae. Cette dernière comprend le ver le plus gros du monde, lever géant de Gippsland qu'on ne trouve que dans leGippsland, dans l'État de Victoria. Mesurant 80 centimètres de long en moyenne, certains spécimens peuvent atteindre jusqu'à 3,7 mètres.
Traditionnellement, les aborigènes australiens ont recours à l'entomophagie.
La grande famille desParastacidae comprend 124 espèces d'écrevisses d'eau douce dont la plus petite écrevisse du monde – laTenuibranchiurus glypticus qui mesure moins de trente millimètres de long – et la plus grande écrevisse du monde – l’Astacopsis gouldi qui vit enTasmanie et peut mesurer jusqu'à 76 centimètres pour un poids de 4,5 kilogrammes. Parmi celle-ci, le genreCherax comprend leCherax destructor ainsi qu'une espèce d'élevage :Cherax quadricarinatus. Le genreEngaeus, plus connu sous le nom d'écrevisse de terre, compte également plusieurs espèces vivant en Australie. Les espèces appartenant à ce genre ne sont pas totalement aquatiques. Elles passent en effet la plus grande partie de leur vie dans des terriers. L'Australie compte également sept espèces de crabes d'eau douce appartenant au genreAustrothelphusa. Ces derniers vivent à proximité de cours d'eau dans des terriers qu'ils peuvent boucher en cas de sècheresse et où ils peuvent survivre plusieurs années. LesAnaspididae sont une famille primitive decrustacés qu'on ne trouve qu'en Tasmanie. Ils forment un groupe unique et présentent des ressemblances avec des fossiles vieux de 200 Ma.
Les eaux australiennes abritent une immense variété d'invertébrés marins, laGrande barrière de corail constituant une source importante de diversité. Parmi les différentes familles, on peut citer celle deséponges, celle descnidaires (qui comprend lesscyphozoaires,coraux,anémones de mer etcténophores), celle deséchinodermes (qui comprend lesoursins,étoiles de mer,ophiures,concombres de mer etbrachiopodes) et l'embranchement desmollusques (qui comprend lesescargots,limaces,berniques,calamars,pieuvres,Cardiidae,huîtres,palourdes etchitons). L'Australie compte également des invertébrés venimeux comme lecuboméduse, laHapalochlaena ou pieuvre à anneaux bleus, ainsi que dix espèces de la famille desConidae dont le venin peut provoquer chez l'Homme une insuffisance respiratoire fatale. Les populations d'étoiles de merAcanthaster planci, qui vivent à proximité des barrières de corail, sont généralement peu denses. Cependant, pour des raisons encore méconnues, il arrive qu'elles se reproduisent à tel point que leurdensité de population devient excessive. Les coraux sont alors dévorés à un rythme trop élevé pour qu'ils puissent se régénérer, ce qui pose un véritable problème pour la gestion de la barrière de corail. Il existe d'autres invertébrés marins qui posent problème : ainsi, leCentrostephanus rodgersii et leHeliocidaris erythrogramma[62] ont largement élargi leur habitat naturel et formé des zones envahies d'oursins et vides d'autres espèces en raison de lasurpêche de leurs prédateurs naturels comme lesHaliotis et lesJasus edwardsii ou langoustes de Nouvelle-Zélande. Les espèces d'invertébrés nuisibles introduites comprennent laMusculista senhousia ou moule asiatique, laPerna canaliculus, aussi connue sous le nom de moule de Nouvelle-Zélande, laMytilopsis sallei, aussi appelée moule à bandes noires, et l'Asterias amurensis ou étoile de mer du Pacifique Nord, lesquelles ont entraîné un déplacement des mollusques locaux.
Les eaux australiennes abritent de nombreuses espècesendémiques decrustacés marins. Laclasse la plus connue est certainement celle desMalacostraca, à laquelle appartiennent toutes les espèces comestibles de crustacés. Les mers chaudes se situant au Nord de l'Australie constituent l'habitat de nombreuses espèces de crustacésdécapodes dont font partie lescrabes, lesanomuras, lesnéphropidés, lesThalassinidea et lesDendrobranchiata. Le super-ordre desPeracarida, qui comprend lesamphipodes et lesisopodes, compte davantage d'espèces dans les eaux plus froides du Sud de l'Australie. Les classesRemipedia,Cephalocarida,Branchiopoda,Maxillopoda etOstracoda forment également une faune marine moins connue. On peut citer des espèces notables comme lePseudocarcinus gigas. Également appelé crabe géant de Tasmanie, c'est le deuxième plus gros crabe du monde ; il pèse jusqu'à treize kilogrammes et on le trouve en eau profonde. Enfin, les langoustes australiennes, comme lePanulirus cygnus, se démarquent d'autres espèces de la famille desnéphropidés du fait qu'elles ne possèdent pas de pinces.
Wallaby à queue cornée ou waurong (Onychogalea lunata) est une espèce marsupial disparue dans lesannées 1950 mais reconnue disparue uniquement en1982.
Pendant au moins 40 000 ans, la faune australienne a eu une large influence sur le style de vie desaborigènes d'Australie qui trouvaient dans de nombreuses espèces une source de nourriture et de vêtements. Ce fut le cas de nombreux vertébrés, comme les macropodes, les possums, les phoques, les poissons ou lepuffin à bec grêle. Parmi les invertébrés appréciés comme source de nourriture, on peut également citer les chenilles d'un papillon nocturne, lebogong (Agrotis infusa), lafourmi à miel et les mollusques. Lefire-stick farming (brûlis), souvent employé par les aborigènes, a beaucoup modifié la faune et la flore. Ce terme australien désigne une pratique qui consistait à brûler de vastes étendues de terrains pour faciliter la chasse et favoriser la pousse de nouvelles espèces de plantes[63]. Il serait responsable de la disparition, vers la fin dupléistocène, de grands herbivores regroupés sous l'appellation demégafaune australienne, au régime alimentaire spécialisé, tels que les oiseaux incapables de voler du genreGenyornis. L'aridité accrue, survenue au cours de la période de glaciation qui a eu lieu il y a 18 000 ans, aurait également eu un impact sur l'extinction de la mégafaune. Cependant, cet argument s'oppose au fait que ces espèces avaient survécu durant deux millions d'années à plusieurs périodes glaciaires arides avant de s'éteindre brusquement. Aussi, les rôles respectifs joués par la chasse et la modification du paysage telles que pratiquées par les aborigènes d'Australie d'une part et par la période de glaciation d'autre part font aujourd'hui l'objet de débats. À l'heure actuelle, le gouvernement australien, qui avait pendant longtemps interdit la pratique du brûlis, revient en arrière et encourage à nouveau cette méthode dans certaines régions.
Il est admis que ce sont les colons européens qui ont eu le plus d'impact, et de loin, sur les espèces natives d'Australie. Depuisleur arrivée, l'exploitation directe de la faune locale, la destruction deshabitats naturels, l'introduction de prédateurs exotiques ainsi que d'herbivores – entrant en compétition avec les espèces australiennes – ont provoqué l'extinction d'une trentaine d'espèces de mammifères[64], 23 espèces d'oiseaux et plusieurs espèces de grenouilles. La croissance de l'urbanisation, surtout dans les zones fragiles comme les écozones de type méditerranéen, a un impact direct sur labiodiversité. On observe une augmentation de la salinité des sols sur de grandes surfaces (surtout dans le Sud-Ouest) à cause du captage des eaux souterraines. Parce que cela modifie la flore et donc que cela a un effet sur le bétail, les autorités australiennes ont cherché à en limiter les dégâts. Cette salinité a également un effet sur la faune sauvage terrestre ou aquatique[65] et ce problème est aujourd'hui devenu un enjeu environnemental important.
Extension de la zone du crapaud buffle de 1939 à 1980.
Les espèces invasives sont une menace pour labiodiversité de l'Australie. Leur contrôle ou leur destruction grève lourdement l'agriculture australienne. La gestion et le contrôle d'introduction desplantes envahissantes ont coûté 3,5 milliards dedollars australiens. Certaines maladies liées à des moisissures ou des parasites importés accidentellement affectent beaucoup de plantes et d'animaux autochtones.
L'Australie compte 56 espèces de vertébrés « envahissants ». La plupart d'entre eux sont des animaux domestiques retournés à l'état sauvage car devenus inutiles. C'est le cas par exemple desdromadaires, devenus sans utilité avec l'apparition du rail dans lesannées 1920 et qui ont été remis en liberté[66]. D'autres ont été introduits comme prédateurs d'espèces autochtones considérées comme nuisibles. Par exemple, en1935, lecrapaud buffle[67] fut introduit en vue de réduire la population d'insectes s'attaquant aux cultures decanne à sucre. Lespigeons bisets, lesétourneaux sansonnets ou lesmartins tristes ont été introduits pour lutter contre lescriquets. Enfin des animaux ont été introduits pour lachasse récréative comme le renard roux en1855[68], le lapin et lelièvre du Cap.
Ces animaux causent des dégâts principalement en détruisant certaines espèces végétales autochtones, en entrant en concurrence avec des espèces autochtones ou en étant des prédateurs trop efficaces comme lerenard roux[68] ou lechat haret[69]. Le crapaud buffle est aujourd'hui considéré comme nuisible ; en effet, en se répandant partout en Australie, il fait concurrence dans sa recherche de nourriture à des insectivores endémiques. De plus, le venin qu'il produit est toxique pour la faune locale et pour les humains.
Les plus gros animaux et leslapins[70] causent des problèmes d'érosion et d'épuisement des sols. L'explosion démographique de certaines espèces, sans réels prédateurs, cause aussi des problèmes d'épuisement des ressources végétales. On peut citer lesdromadaires qui sont plus de 500 000[66], leschevaux sauvages, appelésbrumbies[71], les cervidés[72], lesânes communs sauvages, lesânes sauvages d'Afrique. Par exemple, leschèvres sauvages[73] épuisent la flore des zones sèches et entrent en concurrence avec lesPetrogale xanthopus et ainsi les exposent aux prédateurs comme le renard et l'aigle australien. Par contre, s'ils dégradent les sols, lescochons sauvages[74] sont surtout capturés car ils détruisent les cultures agricoles.
Plusieurs espèces de poissons dont les tilapias et les carpes ont bouleversé les écosystèmes des eaux douces australiennes. De très nombreuses espèces autochtones ont disparu. Les espèces marines locales souffrent de l'intrusion d'espèces qui voyagent sur les coques des bateaux. L'invasion desAsterias amurensis touche plus particulièrement la Tasmanie. De nombreux insectes comme certaines fourmisSolenopsis invicta[75] etAnoplolepis gracilipes[76], l'abeille à miel ou laguêpe germanique posent problème. Certaines espèces ont été introduites récemment, comme la guêpeErynniopsis antennata en 2001 pour parasiter le coléoptère invasifPyrrhalta luteola qui attaque lesormes locaux. Ce coléoptère a été découvert en1989 dans l'État de Victoria.
La politique de gestion animale s'articule sur plusieurs axes, la destruction des espèces nuisibles ou invasives, l'introduction de nouvelles espèces, souvent à cause du problème précédent et dans le but de tenter de limiter la dégradation de l'environnement, nuisible aux espèces locales.
Carte de répartition du dingo, de ses hybrides et du tracé de la barrière censée les arrêter.
Avant de prendre conscience des dangers sur l'environnement liés à la disparition des espèces autochtones, les autorités australiennes finançaient des primes à l'abattage pour toutes les espèces dites nuisibles, en fait celles qui gênaient les exploitants agricoles. Ainsi, leloup de Tasmanie a disparu tandis que les populations dediable de Tasmanie, dechat marsupial à queue tachetée, d'aigle australien ont fortement décru.
Les autorités ont cependant pris conscience très tôt des dégâts que pouvaient causer les espèces introduites car, à partir de1893 de manière intermittente puis de manière systématique depuis2003, elles versent des primes pour l'abattage desrenards roux. Ceci seulement trente ans après leur introduction. Le gouvernement duQueensland verse des primes pour la régulation duchat haret. Par contre, il y a régulièrement des controverses au sujet de versement de primes pour l'abattage desdingos. En effet, le dingo en détruisant le chat sauvage et le renard roux aurait un effet bénéfique sur les espèces indigènes.
Les populations de cervidés, de bovidés et de chameaux sont contrôlées par la chasse. Les animaux sont souvent tirés d'hélicoptère. Si l'éradication d'espèces comme le buffle semble possible au premier abord, elle n'est pas appliquée pour deux raisons : d'une part il n'est pas forcément simple de trouver tous les animaux, d'autre part les aborigènes sont devenus dépendants de leur présence[77] (il y eut toutefois une campagne d'abattage des buffles dans les années 1980).
Les kangourous sont souvent perçus comme des animaux nuisibles et massivement abattus, avec le soutien des autorités[78]. Chaque année 3 millions de kangourous sont tués pour un usage commercial, ainsi que 1,1 million de jeunes tués ou laissés à la mort en conséquence de la perte de leur mère.
La population de renard est efficacement et sévèrement contrôlée grâce aufluoroacétate de sodium mais ce poison tue également certaines espèces locales comme lediable de Tasmanie. Dans le Sud-Ouest australien, ce poison est beaucoup plus adapté car les espèces locales sont immunisées grâce à la synthèse du poison par une plante autochtone.
En1950, lamyxomatose, une maladie virale, a été volontairement introduite pour contrôler la population de lapins. Leur population est passée de 600 millions à 100 millions en quelques années. En1991, après adaptation génétique et résistance au virus, leur population est estimée à 200 à 300 millions d'individus. En1996, un nouveau virus a été introduit.
Un programme de contrôle du crapaud buffle tente de prévenir l'extension de l'espèce versDarwin et l'Ouest australien. La technique choisie est le piégeage.
En 2014, le gouvernement d'Australie-Occidentale lance un « plan requins » visant à tuer tout requin de plus de 3 mètres nageant à moins d'un kilomètre des côtes[79].
La population australienne a été sensibilisée aux problèmes causés par les pigeons, cependant aucun programme de limitation pour le pigeon mais aussi pour l'étourneau ou le martin n'a été mis en place.
Pour lescriquets pèlerins, espèce originaire d'Inde, très ravageurs, de nombreuses techniques ont été essayées comme l'introduction de prédateurs (crapaud buffle), l'empoisonnement par les pesticides, l'introduction de spores de champignons parasites (Metarhizium anisopliae var acridum)[80]. Elles sont restées sans succès réel et ont entrainé, au bout du compte, des dommages sur de nombreuses autres espèces quels que soient les moyens utilisés. Une nouvelle technique qui consiste en la libération d'hormones de croissance perturbatrices est le dernier moyen utilisé en date.
Du fait de la lenteur du recyclage desbouses debovinés, liée à l'absence d'insectes coprophages spécialisés, les autorités australiennes ont décidé d'introduire des espèces étrangères[81]. En effet, il n'existait pas sur place d'insectes, notamment des coléoptères de lafamille desScarabaeidae, adaptés à ce type d'excréments. Les espèces locales étaient adaptées au recyclage d'excréments secs de petite taille comme ceux desmarsupiaux. Elles ne l'étaient pas pour des grandes quantités d'excréments humides comme les bouses de bovidés. Or l'absence de recyclage efficace provoquait unedégradation des sols, une croissance d'espèces herbacées indésirables et le pullulement de deux espèces de mouches (Haematobia irritans et surtout deMusca vetustissima, deux espèces nuisibles pour les troupeaux)[82].
Les premières expériences datent de1908. En1968 et1982, leCSIRO étudie le potentiel d'adaptation de 45 espèces d'insectes venant d'Afrique, d'Europe et d'Asie. Plusieurs espèces se sont acclimatées[83] (Onthophagus binodis,O. taurus,O. gazella,Euoniticellus pallipes etEuoniticellus fulvus dans le sud-ouest etOnitis alexis dans la région du nord dePerth). Pour en accroitre l'efficacité, cesbousiers sontélevés puis relâchés. L'introduction d'autres espèces est testée ; elle dépend de leur capacité à s'adapter et à leur non dangerosité vis-à-vis de l'environnement. Outre l'amélioration considérable du recyclage des bouses, le nombre de diptères nuisibles a décru. Des entomologistes, commeIan Murray Mackerras, ont complété la lutte contre ces insectes par l'introduction d'hyménoptères parasitoïdes[84] pour éradiquer ces mouches uxorilocales.
Pour résoudre les problèmes liés à la surpêche, l'État a instauré des quotas[85].
La législation australienne prévoit laprotection de la plupart des espèces locales. Elle crée de nombreux parcs nationaux. Elle limite les prélèvements autorisés (puffin à bec grêle). Elle interdit la destruction d'espècesa priori nuisibles ou dangereuses (crocodiles, serpents, etc). Toutefois, les kangourous, qui pullulent en Australie, y font exception.
La législation australienne prévoit laprotection de la plupart des espèces. La loi fédéraleEnvironment Protection and Biodiversity Conservation Act a été votée en1999 pour permettre à l'Australie de remplir ses engagements en tant que signataire de laConvention sur la diversité biologique de1992. Cette loi protège la totalité de la faune native et prévoit l'identification et la protection desespèces menacées. Chaque État et chaque Territoire dispose d'une liste réglementaire de ses espèces menacées. Actuellement, 380 espèces animales sont classées comme étant en danger ou menacées selon les termes de l’EPBC Act, tandis que d'autres espèces sont protégées conformément à la législation locale[86]. À plus large échelle, une opération consistant à cataloguer toutes les espèces vivant en Australie a été entreprise. Il s'agit là d'une étape clé pour la conservation de la faune et de labiodiversité australienne. En 1973, le gouvernement fédéral a lancé l'Australian Biological Resources Study (ABRS - étude des ressources biologiques australiennes). Ce projet a pour but de coordonner la recherche en matière de taxinomie, d'identification, de classification et de distribution de la flore et de la faune. L'ABRS alimente une base de données en ligne gratuite qui catalogue une grande partie de la faune et de la flore australienne décrite.
L'Australie est un pays membre de laCommission baleinière internationale et s'oppose fermement à la chasse à la baleine. Toutes les espèces decétacés sont protégées dans ses eaux territoriales. L'Australie est également signataire de laCITES et interdit l'exportation d'espèces en danger. Des zones protégées ont été créées dans chaque État et Territoire afin de protéger et de préserver les écosystèmes uniques du pays. Ces zones protégées incluent les parcs nationaux, les réserves, ainsi que 64zones humides enregistrées selon les termes de laConvention de Ramsar et seize sites inscrits aupatrimoine mondial de l'UNESCO. En 2002, 10 % du territoire australien, soit 77 461 951 km2, étaient classés comme zone protégée[87]. De nombreuses zones marines protégées ont été créées afin de sauvegarder la biodiversité marine. Ces zones couvraient en 2002 environ 7 %, soit 646 000 km2, des eaux territoriales australiennes[88]. LaGrande barrière de corail est gérée par laGreat Barrier Reef Marine Park Authority, selon une législation fédérale et locale spécifique. Certaines pêcheries australiennes sont déjà surexploitées et des quotas ont dû être instaurés pour la pérennité de la pêche de certaines espèces.
Selon les conclusions du rapport sur l'état de l'environnement australien (The State of the Environment Report)[89] de 2001, rédigé par des chercheurs indépendants à l'attention du gouvernement fédéral, la situation de l'environnement et de la gestion environnementale en Australie n'a fait qu'empirer depuis le précédent rapport de 1996. Le rapport indique que de nombreux processus, tels que lasalinité, le changement des conditions hydrologiques, la déforestation, lafragmentation des écosystèmes, la mauvaise gestion de l'environnement côtier et les espèces envahissantes, constituent un problème majeur pour la biodiversité australienne.
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