On ne doit pas confondre la fantasy avec lafantaisie musicale, ni avec le mot allemandPhantasie ([fantaˈziː][5]Écouterⓘ) qui désigne lefantasme psychologique. Dans la fantasy, comme dans lemerveilleux, le surnaturel est généralement accepté ou même exploité pour définir les règles d'un monde imaginaire et ne suscite pas nécessairement le doute ou la peur. Cette posture distingue la fantasy dufantastique où le surnaturel perturbe les règles du monde habituel, de lascience-fiction qui imagine des progrès scientifiques ou techniques, et de l'horreur où l'irrationnel suscite peur et angoisse.
Dans son acception actuelle, le terme « fantasy » serait apparu pour la première fois auxÉtats-Unis avec la revueThe Magazine of Fantasy en 1949[8],[9]. Employé d'abord dans le domaine littéraire, il s'est étendu par la suite aux arts picturaux, aucinéma, aux jeux (jeu de rôle etjeu vidéo notamment) et à lamusique.
« La fantasy est une littérature fantastique incorporant dans son récit un élément d'irrationnel qui n’est pas traité seulement de manière horrifique, présente généralement un aspect mythique et est souvent incarné par l’irruption ou l’utilisation de la magie. »
— André-François Ruaud, Cartographie du merveilleux[10].
À l'inverse[pas clair], Marie-Cécile Guernier part de la définition du dictionnaire historique Robert : « le mot fantasy se rapporte au mot ancien français fantasie regraphié fantaisie vers 1450. Issu du grecphantasia, « apparition », « image qui s'offre à l'esprit », « imagination », puis du latinphantasia oufantasia, « image, concept » […]. Il se rapproche aussi des mots dérivés des étymons :fantasme […],fantasmagorie,fantastique » ; puis de deux définitions de spécialistes du genre dont celle d'André-François Ruaud : « Une littérature qui se trouve dotée d'une dimension mythique et qui incorpore dans son récit un élément d'irrationnel au traitement non purement horrifique, notamment incarné par l'utilisation de la magie » pour souligner l'insuffisance des critères énoncés à définir la fantasy, qui est « bien plutôt une remise au goût du jour de la littérature d'imagination, entre merveilleux et fantastique, dont on peut repérer les étapes et les traces »[réf. nécessaire].
Selon la chercheuseAnne Besson, qui s'appuie sur la tradition littéraire française distinguant merveilleux et fantastique[11], la fantasy est une incarnation moderne et un prolongement du genre littéraire dumerveilleux et n'est en aucun cas un sous-genre du fantastique. En effet, ce dernier se définit comme l'intrusion du surnaturel dans un cadre réaliste, autrement dit l'apparition de faits inexpliqués et théoriquement inexplicables dans un contexte connu du lecteur. Dans la fantasy, la magie ne pose pas question et les univers « surnaturels » sont acceptés comme naturels et rationnels par le lecteur[12].
De même,J. R. R. Tolkien, auteur fondamental du genre, inscrivait son œuvre dans ce qu'il appelait la « Faërie », sorte de conte de fée.
« LaFaërie recèle bien d'autres choses, en dehors des fées et des elfes, mais aussi des nains, sorcières, trolls, géants et dragons : elle recèle les mers, le soleil, la lune, le ciel ainsi que la terre et toutes les choses qui s'y trouvent : arbres et oiseaux, eau et pierres, pain et vin, et nous-mêmes, mortels, lorsque nous sommes gagnés par l'enchantement. »
Toutefois, compte tenu de latroisième loi de Clarke, selon laquelleToute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie[14], la frontière entre fantasy etscience-fiction est d'autant plus malaisée à définir que certains auteurs de SF, commePoul Anderson ouRobert A. Heinlein, se sont amusés à bâtir des univers autour de cette ambiguïté.
Le point commun de nombreux romans de fantasy est qu'ils se déroulent dans des mondes parallèles, ou dans des contextes qui peuvent éventuellement s'interpréter comme un lointain passé oublié (s'inspirant duMoyen Âge ou de l'Antiquité, voire de laPréhistoire), avec leurs créatures imaginaires, leursmythes, leurs épopées et leur magie. Ce n'est cependant pas le cas de tous lessous-genres de la fantasy[15],[16], puisque lafantasy urbaine se caractérise par un ancrage fort dans un monde contemporain, et que l'on parle descience fantasy ou despace fantasy pour certains univers mêlant un niveau technologique futuriste à des thèmes propres à la fantasy. On parle aussi demédiéval-fantastique (parfois abrégé en « med-fan ») ou de « fantasy médiévale » pour les récits présentant des univers mythiques de typemédiéval où cohabitent généralementhéros,guerriers,magie etsorcellerie, mêlant aux cultures anciennes des éléments surnaturels.
Dans le même temps, aux États-Unis, les revuespulp apparaissent dans les années 1890 et se multiplient au début duXXe siècle[27] : elles publient d'innombrables nouvelles et romans en épisodes appartenant à tous les genres delittératures de l'imaginaire. À partir de 1915 apparaissent despulps spécialisés dans l'un ou l'autre genre ; l'un de ceux qui se consacrent le plus à la fantasy estWeird Tales, qui paraît de 1923 à 1954 et publie en particulier les nouvelles du cycle deConan le Barbare deRobert E. Howard, l'un des pères fondateurs de l'heroic fantasy[27]. C'est aussi dans les revuespulp queHoward Phillips Lovecraft, principalement nouvelliste, publie la plupart de ses textes ; beaucoup relèvent du fantastique ou de l'horreur cosmique, mais quelques-uns sont proches de la fantasy.Clark Ashton Smith, proche de Lovecraft, écrit davantage dans ce genre. La fantasy américaine connaît également des romancières commeEvangeline Walton (qui ne connaît le succès qu'après 1945) avec son cycle desMabinogion. EnAustralie, la romancièrePamela L. Travers publie en 1934 l'histoire d'une gouvernante magicienne,Mary Poppins, destinée initialement à un jeune lectorat.
C'est dans les années 1950 que la fantasy, genre devenu populaire mais manquant encore de reconnaissance, connaît un succès à la fois public et critique avecLe Seigneur des anneaux deJ. R. R. Tolkien (1954-1955), qui devient l'archétype du roman médiéval-fantastique. L'« énorme météore » Tolkien[28] n'est pas le créateur de la fantasy, loin de là, mais il opère une véritable « refondation du genre »[29] qui explique l'importance primordiale que lui accordent les auteurs venus après lui[30]. Le succès duSeigneur des anneaux va croissant dans les années 1950 au Royaume-Uni, puis se diffuse aux États-Unis à partir de 1965 (à la faveur d'une édition pirate) et 1966 (édition autorisée révisée par Tolkien) où le roman connaît un grand succès dans les milieux étudiants[31],[32].
En littérature, on ne compte plus le nombre de romans, de nouvelles, de sagas publiés, de qualité inégale, mais assurément teintés d'imaginaire exotique. Essentiellement anglo-saxon à l'origine, le genre se développe plus tardivement en France : il a fallu attendre 1972 pour queLe Seigneur des anneaux soit traduit aux éditionsChristian Bourgois. Les traductions d'auteurs anglo-saxons dominent longtemps le marché de la fantasy en France et en Europe, mais le genre essaime peu à peu dans les différents pays, donnant naissance à de nouvelles générations d'auteurs qui illustrent le genre et le renouvellent parfois de façon originale[33],[34]. En France,Les Chroniques des Crépusculaires deMathieu Gaborit (1995) etLe Secret de Ji de Pierre Grimbert (1997) comptent parmi les premiers succès d'auteurs français, suivis par des auteurs toujours plus nombreux, y comprisdans la littérature de jeunesse. Parmi les classiques européens, on trouve en AllemagneL'Histoire sans fin deMichael Ende (1979)[35],[36], et en ItalieNicolas Eymerich, l'inquisiteur deValerio Evangelisti (1994). En Angleterre, leDisque-monde deTerry Pratchett, dont la série commence en 1983 avecLa Huitième couleur, devient un chef-d'œuvre defantasy humoristique empreinte d'humour anglais. En Espagne, dans un genre un peu différent, les aventures du capitaine Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte (à partir de 1996) réinventent leroman de cape et d'épée, tandis que des auteurs commeJavier Negrete illustrent à la fois l'heroic fantasy (avec le cycle de la Tramorée paru dans les années 2000-2010) et lafantasy mythique (Le Mythe d'Er,Seigneurs de l'Olympe).
Le genre se développe également sur d'autres continents. En Thaïlande,The Mermaid Apprentices (« Les apprenties sirènes ») et les suites de cet ouvrage de la jeune romancièrePieretta Dawn constituent l'un des exemples de l'influence de la sérieHarry Potter. Au Japon, la série-fleuveGuin Saga deKaoru Kurimoto, commencée en 1979, a dépassé les100 volumes, etLes Chroniques de la guerre de Lodoss de Ryo Mizuno paraissent à partir de 1988. Les innovations formelles et stylistiques se multiplient pour renouveler le genre, mais la forme dominante reste celle duroman, autonome ou inclus dans unesuite romanesque.
Dans le domaine de la bande dessinée, la fantasy est présente dès les premiers chefs-d'œuvre du neuvième art :Little Nemo in Slumberland (1905-1913) deWinsor McCay montre un petit garçon voyageant dans le pays des rêves, où il rencontre le roi Morphée et sa fille, la Princesse. En 1937,Prince Vaillant présente une longue épopée dans un cadre inspiré de lalégende arthurienne. Plus tard, en France, certaines séries parues dansSpirou relèvent de la fantasy pour la jeunesse : citons par exempleL'Épervier bleu,Hultrasson le Viking, ou encoreJohan et Pirlouit dePeyo, lancée en 1954, qui se déroule dans un Moyen Âge de fantasy et où lesSchtroumpfs font leur première apparition en 1958. En 1977, la sérieThorgal deJean Van Hamme et deGrzegorz Rosiński, lance véritablement le genre dans la bande dessinée francophone, au départ sans être étiquetée en tant que fantasy, mais devient une valeur sûre du genre dans les années suivantes.La Quête de l'oiseau du temps, dont le premier cycle, dessiné parRégis Loisel sur un scénario deSerge Le Tendre, paraît entre 1983 et 1987, devient également un classique. Clairement identifiée comme de l'heroic fantasy et publiée entre 1994 et 2000, la sérieLanfeust de Troy rencontre un grand succès, sans doute grâce à sa dimension humoristique originale[37]. La bonne santé de la bande dessinée en France a permis la multiplication des séries ces dernières années, donnant lieu à d'autres succès, comme la sérieDonjon deLewis Trondheim etJoann Sfar, lancée en 1998.
Au cinéma, les premiers films de fantasy peuvent remonter aux dessins animés deDisney adaptés des contes de fées, ou bien auMagicien d'Oz de Victor Fleming (1939)[38] ; mais les premiers films de fantasy proprement dits sortent sur les écrans dans les années 1970-1980, avecConan le Barbare deJohn Milius (1981),Dark Crystal deJim Henson (1982), ainsi queL'Histoire sans fin deWolfgang Petersen (1984),Legend deRidley Scott (1985) etWillow deRon Howard (1988). Après un certain déclin dans les années 1990, la fantasy au cinéma connaît un regain spectaculaire avec la trilogieLe Seigneur des anneaux (2001-2003) dePeter Jackson, adaptation du classique de Tolkien, dont l'univers visuel soigné et le souffle épique confèrent aux films de fantasy une ampleur nouvelle. Les adaptations de romans et de cycles romanesques au cinéma se multiplient dans les années 2000, avec les films dérivés deHarry Potter,Le Monde de Narnia,Eragon ou deÀ la croisée des mondes. Avec la démocratisation des techniques de production numériques et la montée en puissance dufinancement participatif, certaines sociétés de production indépendantes comme Arrowstorm Entertainment se sont spécialisées dans la réalisation de films de fantasy à faible budget, mais offrant un rendu jusque-là réservé aux grands studios[39].
La fantasy est également très présente dans le développement desjeux de société[40] et desjeux vidéo[41]. Parmi les nouveaux types de jeux de société inventés à la fin duXXe siècle, le tout premierjeu de rôle,Donjons et Dragons, créé aux États-Unis en 1974 parE. Gary Gygax etDave Arneson, se déroule dans un univers de fantasy inspiré à l'origine parLe Seigneur des Anneaux.Donjons et Dragons et la fantasy anglo-saxonne post-Tolkien inspirent à leur tour le premierjeu de cartes à collectionner,Magic : l'assemblée (lancé en 1993). Les années 1970 et 1980 voient également le développement deswargames et desjeux de figurines, dont certains délaissent la simulation de batailles historiques héritière des soldats de plomb traditionnels pour des univers fantastiques : en fantasy, le premier classique du genre estWarhammer deGames Workshop, lancé en 1983 et dont l'univers est ensuite décliné sur d'autres supports (jeu de rôle, jeux vidéo). En France, citonsConfrontation (1996) deRackham et les autres jeux situés dans l'univers d'Aarklash. Citons également, entre la fin des années 1970 et les années 1990, le concept dulivre-jeu, dont le premier grand succès estLe Sorcier de la Montagne de feu (1982), qui donne naissance à plusieurs collections d'aventures de fantasy, avec des univers commeLoup solitaire.
La musique s'empare également des thèmes et des univers de la fantasy. Dans la deuxième moitié duXXe siècle, lerock progressif emprunte à la fantasy littéraire certaines de ses références : le nom deThe Piper at the Gates of Dawn (1967), premier album du groupePink Floyd, fait référence à un chapitre duVent dans les saules deKenneth Grahame, un classique de la fantasy animalière, dans des chansons inspirées des contes, commeMatilda Mother ouThe Gnome. Dans l'albumIn the Court of the Crimson King du groupeKing Crimson, qui fonde le rock progressif, la chanson qui donne son nom à l'album se déroule dans un univers médiéval. Le développement dans les années 1960-1970 desalbums-concepts ou encore desopéras-rock, qui racontent souvent une histoire cohérente, donne naissance à des intrigues qui relèvent parfois de la fantasy. Lemetal progressif et lemetal symphonique, quoique recourant plus volontiers aufantastique et à l'horreur, s'approprient également le genre : citons par exemple les albums du groupeRhapsody of Fire, qui relatent une seule saga épique, laSaga de l'épée d'émeraude. En dehors de réalisations de cette ampleur, les groupes de rock ou de métal aiment à inclure dans leurs compositions des références à la mythologie ou aux œuvres de fantasy, de façon plus ou moins ponctuelle selon les groupes et les albums. Dans le domaine de lamusique de film, les films de fantasy sont l'occasion pour les compositeurs de réaliser des bandes originales utilisant parfois des orchestres symphoniques (par exemple la bande originale pourLe Seigneur des anneaux composée parHoward Shore), parfois relevant plutôt de la musique synthétique (par exemple la BO deLegend réalisée parTangerine Dream).
La fantasy est composée de nombreux sous-genres dont les définitions, en évolution constante, varient et font l'objet de débats entre critiques littéraires, chercheurs, fans, libraires et éditeurs. De nombreux sous-genres sont en anglais, les premières catégorisations ayant été faites par des auteurs et des critiques anglo-saxons[16].
Parmi les classements anglo-saxons les plus connus figure la distinction thématique proposée par plusieurs universitaires américains[43] entre deux catégories de fantasy : lahigh fantasy, qui se déroule exclusivement dans un monde imaginaire (avec des romans commeLe Seigneur des anneaux), et lalow fantasy, dans laquelle un monde imaginaire communique avec le monde « normal » (commeLe Monde de Narnia).
Les principaux sous-genres de la fantasy distinguent différents types d'univers et les grands thèmes évoqués :
On distingue également plusieurs sous-genres selon la tonalité adoptée, plus ou moins sombre ou légère :
lalight fantasy, ou fantasy humoristique, qui parodie les thèmes des autres sous-genres et a recours à l'absurde ;
ladark fantasy, sombre et pessimiste, qui préfère des univers et des récits sombres où le bien ne triomphe que rarement ou alors avec un prix à payer élevé ;
l'heroic fantasy, qui se concentre sur des héros solitaires.
D'autres, enfin, tentent de cerner les phénomènes de rencontres entre la fantasy et d'autres genres littéraires, notamment lascience-fiction et l'horreur.
La classification francophone des genres littéraires fait la distinction entre Fantasy et Merveilleux, contrairement aux anglo-saxons qui regroupent ces deux genres en un. Les différents sous-genres ci-dessus répondent à la classification anglo-saxonne et non francophone.
D'un cycle de fantasy à l'autre, on trouve des créatures imaginaires récurrentes. Elles ont largement contribué à la construction desclichés du genre : barbares « bodybuildés » de l'heroic fantasy[44] ou elfes et dragons de la fantasy tolkienienne. La présence d'un grand nombre de peuples et de créatures merveilleux est l'une des caractéristiques de lahigh fantasy, par opposition à lalow fantasy où ils se font plus discrets.
La grande majorité des créatures récurrentes des œuvres de fantasy provient desmythologies antiques, de l'imaginaire médiéval (voir àBestiaire), descontes, et enfin des premiers univers marquants du genre, en particulier laTerre du Milieu deTolkien, qui influence pour longtemps la conception du monde de fantasy « habituel » avectrolls,elfes,nains,orques (ou « orcs » en suivant l'orthographe anglo-saxonne),gobelins etdragons, ainsi que leshobbits qui sont une invention de Tolkien. Il convient de distinguer les différentspeuples merveilleux et plus ou moins magiques des univers de fantasy, lescréatures de leur faune et de leur flore, et lesmétiers typiques de la fantasy tels que lemagicien, lesorcier ou lebarbare.
La fantasy est un genre fortement marqué par ces différents archétypes ; en tant que tel, il a tendance à les reproduire afin de satisfaire l'horizon d'attente du lectorat[45], au risque de les changer enclichés. Cela peut expliquer la tendance de la fantasy à se parodier elle-même via lafantasy humoristique (light fantasy). Mais ces archétypes de peuples et de créatures fournissent aussi une base à partir de laquelle le genre se développe en prenant ses distances par rapport à ses composantes habituelles. Les orques sont habituellement des créatures maléfiques cantonnées à des seconds rôles peu glorieux, ce qui amène par exemple l'auteur britanniqueStan Nicholls à leur donner enfin le rôle principal dans son cycleOrcs. Les elfes à la Tolkien, critiqués pour leur perfection irréprochable (ils sont plus beaux, plus intelligents, etc.), sont par la suite mis en scène dans certains univers comme des êtres orgueilleux, xénophobes voire franchement détestables, etc. On peut prendre l'exemple des Elder Scrolls. Des créatures comme ledragon, l'une des plus emblématiques du genre, sont mises en scène de manières très diverses selon les œuvres, apparaissant soit comme des prédateurs sanguinaires, soit comme des gardiens du monde pleins de sagesse, soit comme des créatures fondamentalement ambivalentes : ils héritent en cela des diverses représentations du dragon à travers le monde, du dragon carnassier de l'Occident médiéval aux dragons bienveillants d'Asie.
Les êtres et créatures merveilleux forment l'une des principales caractéristiques de la fantasy, et sont également ce par quoi elle aime à se rattacher à des origines lointaines, via la récupération et la réinvention d'éléments venus desmythologies et desfolklores des différentes régions du monde. En dehors des œuvres de fiction proprement dites, l'étude des créatures merveilleuses dufolklore et desmythologies du monde est poursuivie de nos jours par les auteurs se réclamant de l'elficologie.
Les romans de la liste non exhaustive ci-dessous ont durablement marqué l'histoire de la fantasy, fondé des sous-genres ou contribué à faire découvrir la fantasy à un plus large public.
Le Hobbit (titre original :The Hobbit. There and Back Again, 1937) deJ. R. R. Tolkien, Stock, 1969. Fondateur de la fantasy dans la littérature britannique.
Le Monde de Narnia (titre original :The Chronicles of Narnia, 1950-1956) deC.S. Lewis, sept volumes, traductions françaises 1952-2001, Hachette, Flammarion ou Gallimard.
LeCycle d'Elric (titre original :The Elric Saga, 1961) etLa Légende de Hawkmoon (titre original :The History of the Runecraft, 1967) deMichael Moorcock. Auteur prolifique, il a influencé nombre d'auteurs, musiciens et créateurs de jeux vidéo.
Nicolas Eymerich l'inquisiteur (titre original :Nicolas Eymerich inquisitore, 1994) deValerio Evangelisti, Rivages, 1998. Roman fondamental de lafantasy historique et de la fantasy italienne.
Harry Potter (titre originalHarry Potter and the Philosopher's Stone, 1997) deJ.K Rowling,Bloomsbury Publishing, Gallimard, 1998. Œuvre de fantasy la plus vendue au monde (450 millions d'exemplaires). Elle appartient plus particulièrement au sous-genre de lalow fantasy.
L'évolution du domaine de l'illustration se fait dans le sens d'une porosité toujours plus grande entre les différents médias, de sorte que de nombreux illustrateurs sont en fait des artistes à part entière opérant dans plusieurs secteurs.
Dans le même temps, le genre du livre illustré, déjà bien installé, reste extrêmement fécond. Il s'appuie sur les univers de lalittérature d'enfance et de jeunesse : citons par exemple lesMoumines de l'artiste finlandaiseTove Jansson (créés dans les années 1940),Max et les maximonstres deMaurice Sendak (1963), voire, parmi les classiques plus anciens, les aventures deBabar. Mais le genre du livre illustré s'étend de plus en plus à un public adolescent et adulte, avec des ouvrages peut-être inspirés par les manuels dejeu de rôle, qui recourent volontiers à la forme du récit de voyage, du grimoire du sorcier ou du guide touristique pour présenter en détail des créatures comme ledragon (sous forme d'ouvrages dedracologie) ou des pays imaginaires entiers.
En définitive, le métier d'illustrateur s'ouvre de plus en plus à la communication entre les différents médias. Les illustrateurs naviguent de plus en plus facilement d'un support à l'autre, certains devenant même de véritables concepteurs visuels. Cette porosité entre les différents secteurs de l'image reflète les multiples voies de passage actuelles entre les différents médias, ce qui s'explique par le fait qu'un même univers oumonde imaginaire de fantasy peut être facilement exploré (ou exploité, selon les points de vue) sur différents supports, aussi bien des romans que des bandes dessinées, des films ou des jeux.
On peut considérerLittle Nemo in Slumberland (1905-1913) deWinsor McCay comme l'une des premières BD de fantasy : Nemo voyage dans le pays des rêves, où il rencontre le roi Morphée et sa fille, la Princesse.Popeye (1929) contient un élément de fantasy en la personne de Haggy, la sorcière des mers, mère de Brutus. En 1937,Prince Vaillant présente une longue épopée dans un cadre inspiré de lalégende arthurienne.
En France, certaines séries parues dansSpirou à partir des années 1950 relèvent de la fantasy pour la jeunesse. Citons par exempleL'Épervier bleu,Hultrasson le Viking, ou encoreJohan et Pirlouit dePeyo, lancée en 1958, qui se déroule dans un Moyen Âge de fantasy et où les fameuxSchtroumpfs font leur première apparition en 1958.Astérix (1959) correspond à la définition du genre, puisqu'une composante de merveilleux est présentevia la potion magique de Panoramix, mais la série ne se réclame pas du genre et on la range plutôt parmi les bandes dessinées historiques, malgré les nombreuses libertés prises avec l'Histoire. En 1977, la sérieThorgal deJean Van Hamme et deGrzegorz Rosiński, dont les premières histoires paraissent dansTintin en 1979, lance véritablement le genre dans la bande dessinée francophone, toujours sans être étiquetée en tant que fantasy (elle mêle en effet des éléments de fantasy et descience-fiction). Elle devient au fil du temps une valeur sûre du genre, avec un univers mêlantmythologie nordique et références historiques au haut Moyen Âge. Quelques années plus tard,Rosiński etVan Hamme réalisent ensemble une histoire autonome tout aussi frappante avecLe Grand Pouvoir du Chninkel, une étrange relecture duNouveau Testament dans un univers de fantasy, publiée d'abord par épisodes dans la revue(À SUIVRE) à partir de 1986 puis deux ans plus tard en album.
La Quête de l'oiseau du temps, dont le premier cycle, dessiné parLoisel sur un scénario deLe Tendre, est publiée en épisodes dans la revueImagine en 1975, puis paraît en albums entre 1983 et 1987 : elle devient également un classique du genre, et fait connaître Loisel. Celui-ci se lance en 1990 dansPeter Pan, une adaptation deBarrie, œuvre de longue haleine puisque le sixième et dernier tome paraît en 2004.Légendes des Contrées Oubliées, deChevalier et Ségur, paraît entre 1987 et 1992 et connaît une adaptation en jeu de rôle. Clairement identifiée comme de l'heroic fantasy et publiée entre 1994 et 2000, la sérieLanfeust de Troy rencontre un vif succès : l'univers de Troy est ensuite décliné en plusieurs autres séries et adapté à divers supports. La bonne santé de la bande dessinée en France permet la multiplication des albums et des séries originales, donnant lieu à d'autres succès, commeDonjon deLewis Trondheim etJoann Sfar, autre série de fantasy humoristique lancée en 1998, ouDe cape et de crocs d'Ayroles etMasbou, lancée en 1995, série de fantasy animalière truffée de références à la littérature classique.
Parmi lesmangasjaponais qui commencent à être publiés et connus en France à partir des années 1990, citons les principaux univers de fantasy que représententDragon Ball d'Akira Toriyama (publié à partir de 1984 au Japon et de 1993 en France) qui s'inspire du roman fantastique chinoisLe Voyage en Occident,Sailor Moon (publié à partir de 1994 au Japon, 1995 en France) qui lance le genre de lamagical girl,Ranma ½ (publié en France à partir de 1994) où les personnages principaux sont victimes de malédictions cocasses,Fly (Dragon Quest : La Quête de Daï, publié à partir de 1989 au Japon et en France en 1996 à la suite de la diffusion de l'animeFly), qui s'inspire des jeux vidéoDragon Quest,Kenshin le vagabond (publié au Japon à partir de 1994, en France en 1996) qui se déroule pendant l'époque d'Edo, ainsi que des classiques plus anciens commeLe Roi Léo d'Osamu Tezuka (publié au Japon à partir de 1950). Parmi les succès récents, citonsNaruto (publié au Japon depuis 1999, en France depuis 2002) qui connaît un succès immense en racontant les aventures d'un jeuneninja dans un Japon peuplé de créaturesmythologiques,Death Note (depuis 2003) où un lycéen se retrouve en possession d'un cahier aux pouvoirs inquiétants ayant appartenu à un dieu de la mort,Fullmetal Alchemist (depuis 2001) relatant la quête de deux alchimistes en quête de lapierre philosophale dans un pays où l'alchimie tient une place primordiale, ou encoreYu-Gi-Oh! (depuis 1996) où un jeune garçon se trouve possédé par l'esprit d'un pharaon dont le destin est lié à un puissant jeu de cartes magique.
Parmi les récentesbandes dessinées en ligne, beaucoup abordent des thèmes liés à la fantasy, soit directement en décrivant des univers merveilleux, soit indirectement, via l'évocation et la satire du monde desjeux de rôle,jeux vidéo,jeux de société et autres aspects de la culturegeek. Citons par exempleDork Tower (1997), créée par le dessinateur et illustrateur de jeuxJohn Kovalic, qui met en scène desrôlistes, desgamers et desgeeks.
Les univers de la fantasy littéraire entretiennent souvent des rapports étroits avec la musique, via l'archétype du barde ou du ménestrel ; on pense aussi aux nombreux poèmes, souvent chantés ou accompagnés de musique, présents dans l'œuvre deJ. R. R. Tolkien. La présence de la fantasy dans le domaine musical proprement dit peut revêtir deux formes. D'un côté, la composition de morceaux ou d'œuvres entières puise parfois aux mêmes sources que la fantasy et décrit le même genre d'univers, à savoir des univers merveilleux sur des thèmes mythologiques, légendaires ou folkloriques. D'un autre côté, on trouve dans certaines compositions des références explicites à des œuvres littéraires de fantasy ; cette pratique tend actuellement à se répandre dans certains genres musicaux comme le rock, le metal ou la variété.
Durant cette même période, les compositeurs russes recourent encore régulièrement à ce type d'inspiration. En 1910, le balletL'Oiseau de feu d'Igor Stravinsky, encore une fois adapté d'unconte, remporte un immense succès.Serge Prokofiev présente, avecL'Amour des trois oranges (1921), un opéra situé dans un univers médiéval merveilleux et mettant en scène un prince assisté d'un mage. On ne peut pas ne pas citer aussi, malgré l'absence de merveilleux, son fameux conte musical pour enfants,Pierre et le loup (1936).
Dans la deuxième moitié duXXe siècle, lerock progressif emprunte au genre certaines de ses références. Le nom deThe Piper at the Gates of Dawn (1967), premier album du groupePink Floyd, fait référence à un chapitre duVent dans les saules deKenneth Grahame, un classique de la fantasy animalière, avec des chansons inspirées des contes, commeMatilda Mother ouThe Gnome. De même, on trouve parfois des thèmes médiévaux-fantastiques chezLed Zeppelin, par exemple la chansonThe Battle of Evermore dansLed Zeppelin IV (1971). Le groupe fait plusieurs références auSeigneur des Anneaux de Tolkien dans des chansons commeRamble On (1968) ouOver the Hills and Far Away (1973)[46],[47]. Dans l'albumIn the Court of the Crimson King du groupeKing Crimson, qui fonde lerock progressif, la chanson qui donne son nom à l'album se déroule dans un univers médiéval-fantastique. L'attachement des milieux du rock à la fantasy transparaît également dans un projet (jamais abouti) d'adaptation cinématographique duSeigneur des Anneaux entamé par le groupe britannique desBeatles mais qui s'était heurté au refus de l'auteur[46]. La musiquemetal s'empare à son tour des thèmes de la fantasy, d'abord à partir de références à l'univers de Tolkien chez des groupes comme Battlelore, Black Jade ou Summoning ; ce dernier groupe chante quelques chansons en langue orque[47].
Dans le domaine de la musique de film, les films de fantasy sont l'occasion pour les compositeurs de réaliser des bandes originales utilisant parfois des orchestres symphoniques (par exemple la bande originale deLe Seigneur des anneaux composée parHoward Shore), parfois relevant plutôt de la musique synthétique (par exemple la BO deLegend réalisée parTangerine Dream).
Le genre tout récent dessagas MP3, qui se présentent sous forme de feuilletons audio écoutables et téléchargeables sur Internet, connaît son premier succès en France avec une série fantasy humoristique,Le Donjon de Naheulbeuk, créée en 2001 par John Lang et diffusée gratuitement sur le Web. La série remporte un grand succès en France (en octobre 2006, les nouveaux épisodes étaient téléchargés 80 000 fois durant le mois suivant leur sortie[48]) et donne lieu ensuite à des adaptations sur d'autres supports (BD, roman, figurines). On peut également citer la sérieReflets d'Acide, créée par JBX, qui est une parodie du jeu de rôleDonjons et Dragons (et donnera lieu à la création d'un jeu de rôle:Reflets d'Acier), ou le podcast des frères McElroy,The Adventure Zone. Il est remarquable que ces séries audio, conçues sur le modèle des feuilletons radiophoniques avec dialogues, bruitages et musique de fond, donnent également lieu à la création de chansons à part entière, diffusées d'abord sous forme de fichiers MP3 mais susceptibles d'être chantées ensuite dans de véritables concertslive.
On peut considérerLe Magicien d'Oz deVictor Fleming, sorti en 1939, comme l'un des premiers films de fantasy, adressé surtout au jeune public[49]. Certainspéplums italiens des années 1950 et 1960, par exemple ceux mettant en scèneHercule etMaciste, s'inspirent si librement de lamythologie qu'ils constituent de véritables précurseurs aux films de fantasy des années 1980, même si on préfère les rattacher au genre dupéplum : citons par exempleHercule à la conquête de l'Atlantide deVittorio Cottafavi (1961) ouMaciste en enfer deRiccardo Freda (1962)[50]. Les effets spéciaux deRay Harryhausen sur certains de ces péplums, en particulierLe Septième Voyage de Sinbad (1958) ouJason et les Argonautes deDon Chaffey (1963), marquent l'histoire des effets spéciaux et préparent le terrain à ceux des films de fantasy.
Parmi les films britanniques relevant de l'absurde et du merveilleux,Monty Python : Sacré Graal !, sorti en 1975, peut se rattacher au genre dans la mesure où il parodie lalégende arthurienne. De même, l'imaginaire du réalisateurTerry Gilliam s'inspire en bonne partie de l'univers des contes de fées, en particulier pour certains de ses premiers films,Jabberwocky (1975) etBandits, bandits (1981)[51].
Mais c'est le cinéma du début des années 1980 qui apporte à la fantasy son second succès public après le domaine romanesque. En 1981,Conan le Barbare, deJohn Milius, adapté des romans deRobert E. Howard, fait un carton au box-office avec un héros créé cinquante ans plus tôt et consacreArnold Schwarzenegger[52]. La même année,Excalibur, de John Boorman, connaît lui aussi un succès phénoménal. L'année suivante,Dark Crystal, réalisé parJim Henson etFrank Oz, frappe par son univers très original inspiré de l'œuvre de l'illustrateurBrian Froud et sa technique originale utilisant des marionnettes ; le film devient rapidement un classique de la fantasy au cinéma. Jim Henson réalise aussiLabyrinthe, moins connu, en 1986, qui mêle marionnettes et acteurs (notammentDavid Bowie dans le rôle du roigobelin). En 1984,Wolfgang Petersen adapte au cinéma le roman le plus fameux de la fantasy allemande avecL'Histoire sans fin. En 1985 sortLegend deRidley Scott, mettant en scène un univers proche des contes de fées où les héros luttent contre le démon Darkness.Kalidor, sorti la même année et comptant sur le succès de Schwarzenegger, adapte une nouvelle fois l'univers deRobert E. Howard et campeBrigitte Nielsen enRed Sonja, mais marque moins les mémoires. En 1988,Willow deRon Howard, sur un scénario deGeorge Lucas et Bob Dolman, devient unfilm culte malgré un premier accueil en demi-teinte.
Après une longue éclipse cinématographique durant les années 1990, la fantasy redevient à la mode au tournant duXXIe siècle. Au début des années 2000,Peter Jackson réalise en trois filmsl'adaptation deLe Seigneur des Anneaux, qui rencontre un grand succès critique et commercial, notamment grâce aux progrès réalisés dans le domaine des effets spéciaux, et confère une ampleur nouvelle à la fantasy cinématographique.Chris Columbus, quant à lui, adapte au cinéma, dès 2001, les différents épisodes d'Harry Potter. En 2005, c'est au tour d'un livre méconnu en France mais culte au Royaume-Uni,Le Lion, la Sorcière blanche et l'Armoire magique, second tome deLe Monde de Narnia deC. S. Lewis, d'être adapté, suivi en 2006 parEragon, adaptation du roman de Christopher Paolini et en 2007 parStardust, le mystère de l'étoile, adaptation du roman deNeil Gaiman. Contrairement à la tendance des années 1980 où beaucoup de films de fantasy étaient des histoires originales, les films des années 2000 comprennent une majorité d'adaptations d'œuvres littéraires ou d'univers de jeux.
Aux États-Unis, dès avant le premier long-métrage du pionnier américainWalt Disney,Blanche-Neige et les Sept Nains, qui sort sur les écrans en 1937, lesSilly Symphonies, courts-métrages produits entre 1929 et 1939, comprennent plusieurs adaptations de contes d'Andersen, Perrault, des frères Grimm, et mettent aussi en scène des épisodes mythologiques. Certains, commeLa Danse macabre, abordent des thèmes relevant du fantastique. L'adaptation de contes et de légendes, les principales sources du genre, forment rapidement un pilier de la tradition Disney[49], dèsBlanche-Neige et les Sept Nains (1937) puis avecPinocchio (1940) adapté du livre de Collodi.Fantasia (1940) comprend plusieurs séquences relevant du genre, en particulier la mémorableadaptation deL'Apprenti sorcier figurant Mickey en robe et chapeau de sorcier. Bien moins connu,Le Dragon récalcitrant (1941) est une histoire de fantasy humoristique mettant en scène un dragon qui n'a aucune envie d'affronter des chevaliers : il s'inspire librement d'un livre pour enfants deKenneth Grahame ; cet auteur fournira d'autres inspirations au studio, puisqueLe Crapaud et le Maître d'école (1949) présente, dans sa première partie, une adaptation du roman de Grahame le plus connu,Le Vent dans les saules, principal représentant de la fantasy animalière. En 1953,Peter Pan adapte la pièce deJ. M. Barrie. En 1963,Merlin l'Enchanteur présente la vision disneyenne de lalégende arthurienne. En 1973,Robin des Bois donne une version du personnage deRobin des Bois qui y intègre de nombreux éléments en provenance duRoman de Renart : le résultat, malgré l'absence d'élément magique explicite, se rapproche encore une fois de la fantasy animalière.
Certaines des productions souvent du studioPixar, en particulierMonstres et Cie (2001), peuvent se rapprocher de lafantasy urbaine ou duréalisme magique. Les studiosDreamWorks SKG, de leur côté, connaissent un grand succès en fantasy humoristique avecShrek (2001), dont le personnage principal est un ogre à peau verte, et dont l'univers rassemble les personnages des contes. Parmi les œuvres de réalisateurs en dehors des grands studios, citons les films d'animation deRalph Bakshi et deDon Bluth.Ralph Bakshi réalise en 1977Les Sorciers de la guerre (Wizards), puis en 1978Le Seigneur des anneaux d'après le roman de Tolkien, obtenant un succès commercial malgré un accueil critique médiocre ; en 1983, il revient à la fantasy avecTygra, la glace et le feu, proche des univers à laConan.Don Bluth réalise en 1982Brisby et le Secret de NIMH d'après la trilogie desRats de NIMH de Robert C. O'Brien, et sa suiteLa Légende de Brisby (1998) ; ce sont des dessins animés de fantasy animalière mâtinée descience-fiction dont les personnages principaux sont des souris. En 2008,La Légende de Despereaux, d'après le roman éponyme de Kate DiCamillo paru en 2003, met également en scène une souris, dans un contexte plus médiéval.
Dans les années 2000, la série de fantasy qui marque le petit écran en France estKaamelott, une série humoristique inspirée de lalégende arthurienne. Créée parAlexandre Astier et Jean-Yves Robin, la série fait ses débuts sur M6 en janvier 2005, et connaît six saisons (ou « livres ») dont la dernière est diffusée en 2009. L'humour des premières saisons repose sur des dialogues à laMichel Audiard[55]. Le succès croissant de la série lui vaut d'être adaptée sur d'autres supports (livres, BD, film).
La sérieLegend of the Seeker a été lancée auxÉtats-Unis le avec Craig Horner et Bridget Regan, adaptation dela Première Leçon du sorcier, du célèbre cycle del'Épée de vérité, deTerry Goodkind. Son producteurSam Raimi (la saga Spider man, Hercule, Xena) travaille avec Disney-ABC Domestic Television et ABC Studios ainsi qu'avecJohn Shiban (X-Files). La série tournée en Nouvelle-Zélande, bénéficie de bonnes audiences avec une moyenne de deux millions de téléspectateurs/ épisode et est reconduite pour un an.
Merlin, série britannique créée par Johnny Capps et Julian Jones, a débuté en 2008 surBBC1, avecColin Morgan etBradley James dans le casting mais aussiAnthony Head (Buffy),John Hurt,Santiago Cabrera (Heroes). En septembre 2008, plus de six millions de téléspectateurs anglais ont découvert le premier épisode. Déjà diffusée aux États-Unis, sur NBC, en janvier 2009,Merlin est ensuite reconduite pour un an ; la série est diffusée sur Canal + familly depuis le 11 avril 2009.
La fantasy sur petit écran gagne ses lettres de noblesse lorsqueHBO adapte entre 2011 et 2019 lesromans à succès deGeorge R. R. Martin : ce seraGame of Thrones, véritable phénomène planétaire qui, durant huit saisons, racontera une interminable guerre de succession entre différentes familles nobles pour le trône du continent deWesteros.
GoT, comme l'appellent les fans, fait l'objet de nombreuses critiques pour ses scènes de violence et de sexe très crues et fréquentes mais a une influence considérable, et de nos jours de nombreuses séries de fantasy sont tournées. HBO a ainsi dès 2019 proposéHis Dark Materials (d'après le classique dePullman) etNetflix lance la même annéeThe Witcher, inspiré de la saga polonaiseLe Sorceleur, qui met en scène unchasseur de monstres professionnel dans un monde très sombre influencé par lesmythes slaves et lescontes populaireseuropéens. Dans la veine de la fantasy historique, on peut citerBritannia, qui intègre des éléments surnaturels (en l'occurrence liés à la magie druidique) à un contexte bien réel (ici, laconquête par Rome de la Grande-Bretagne). Toujours sur Netflix,Ragnarök aborde le thème de l'écologie en prenant pour héros un adolescent norvégien d'aujourd'hui confronté à la situation catastrophique régnant sur la ville d'Edda, qui s'avèrera être le fruit des activités de la famille de magnats locaux (en fait desgéants sous forme humaine).
Dans les années 1960, que penser desPierrafeu (Hanna etBarbera, 1960-66), avec leur préhistoire à la technologie improbable ?Fantasy historique,uchronie, joyeuxabsurde ? Plutôt un peu de tout cela à la fois. En France, les années 1960 sont marquées par le succès de la sérieLe Manège enchanté (France, 1964) qui reprend en 2007.
Plus récemment, dans les années 1990-2000, citonsDragon Flyz (France, 1997), qui met en scène des chevaucheurs de dragons dans un futur post-apocalyptique,Dragon Booster (Canada, 2004) où humains et dragons cohabitent pacifiquement à Dragon City, ou encoreChasseurs de dragons (France, 2006).
Les cinq téléfilms italiensLa Caverne de la Rose d'Or (Fantaghirò), diffusés entre 1991 et 1996, ont pour personnage principal la princesse Fantaghiro, qui tente de sauver son royaume ; l'intrigue relève de laromantic fantasy. En 1998 est réalisé le téléfilm américainMerlin, de Steve Barron, une version de lalégende arthurienne centrée sur Merlin. Une suite,L'Apprenti de Merlin, est réalisée en 2006.
En 2000,Le10e Royaume, mini-série (outélésuite) en cinq épisodes adaptée du roman éponyme deKristine Kathryn Rusch et Dean Wesley Smith, met en scène la confrontation entre les neuf royaumes des contes de fée et le dixième, le monde réel[56]. En 2001,L'Odyssée fantastique de Philip Spink, diffusée sur TV1000, relate le voyage d'un professeur d'université veuf et de ses filles dans un royaume féerique[56]. En 2002,Dinotopia, téléfilm adapté de la série de romans pour la jeunesse créée parJames Gurney, décrit l'île de Dinotopia, qui vit séparée du reste du monde, et où humains et dinosaures cohabitent pacifiquement. L'année 2004 voit la création deLegend of Earthsea, adaptation libre ducycle de Terremer d'Ursula K. Le Guin, et traduit en français sous le titreLa Prophétie du sorcier.
En 2007,Deux princesses pour un royaume (en VOTin Man), diffusé aux États-Unis sur Sci Fi Channel, présente une variation inspirée deLe Magicien d'Oz. En 2009,Knights of Bloodsteel,mini-série américaine avec David James Elliott et Natassia Malthe, met en scène un groupe de héros tentant de s'opposer aux desseins du maléfique Œil de dragon, qui convoite une pierre précieuse conférant de puissants pouvoirs magiques.
Après la Seconde Guerre mondiale, leswargames se développent et donnent naissance auxjeux de figurines, héritiers des traditionnels soldats de plomb. Ces jeux, d'abord consacrés exclusivement à la reconstitution en miniature des batailles du passé, créent par la suite, parallèlement aux jeux historiques, des univers fantastiques relevant entre autres de la fantasy. Cette branche des wargames donne lieu à la création de toute une série de nouveaux jeux de société très marqués par les univers de fantasy[57].
Exemple de partie deDonjons et Dragons autour d'un scénario classique de typeporte-monstre-trésor : feuilles de personnages, écran du meneur de jeu, dés, figurines, etc.
Le tout premierjeu de rôle,Donjons et Dragons, publié en 1974 parGary Gygax etDave Arneson via la sociétéTSR, dérive d'un wargame,Chainmail (1966), visant à reconstituer des escarmouches médiévales ; la réduction de l'échelle, de la gestion d'une armée à celle d'un petit groupe de personnages, et l'intervention d'un arbitre en la personne d'un meneur de jeu, aboutissent à l'invention du principe dujeu de rôle. Dans le même temps, des éléments relevant du médiéval-fantastique sont introduits dans l'univers du jeu, qui s'inspire de plus en plus de celui duSeigneur des anneaux[58]. Les premières aventures simulées parDonjons et Dragons consistent, comme le titre l'indique, en l'exploration par un petit groupe de joueurs (incarnant chacun un personnage) de « donjons » aux souterrains peuplés de monstres gardant divers trésors. Au fil du temps, certains univers deDonjons et Dragons parmi les plus étoffés, en particulier lesRoyaumes oubliés etLancedragon, donneront lieu à leur tour à des séries de romans.
Avec le temps, les univers de jeu s'enrichissent et se complexifient, et différents genres de jeux apparaissent[40].Tunnels & Trolls de Ken St. André, en 1975, est le premier jeu de rôle de fantasy parodique. En 1978,Steve Perrin etGreg Stafford publientRuneQuest, qui connaît un succès durable grâce à son univers riche et épique. SiRunequest présente un univers original, de nombreux jeux se consacrent à l'adaptation de classiques de la fantasy, commeStormbringer (1983) de Ken St André, d'aprèsLe Cycle d'Elric deMichael Moorcock, LeJeu de rôle des Terres du Milieu (1984) d'aprèsLe Seigneur des anneaux,Elfquest (1984) d'après lescomics éponymes, ou encoreConan (1985) d'après les aventures deConan le Barbare deRobert E. Howard, qui donne lieu à plusieurs autres adaptations par la suite.Shadowrun (FASA, 1989) réalise un univers hybride qui mêle des peuples de fantasy à des thèmes relevant de l'anticipation et ducyberpunk. En France, parmi les créations originales relevant de la fantasy, citonsRêve de Dragon (1985) de Denis Gerfaud, qui s'attache à renouveler le genre via l'onirisme et l'humour. En Allemagne, le classique du genre équivalent àDonjons et Dragons estL'Œil noir (1984) d'Ulrich Kiesow.
Dans le même temps, lesjeux de figurines poursuivent leur propre évolution[40]. En 1983, la compagnie britanniqueGames Workshop lanceWarhammer Fantasy Battle, jeu de batailles de figurines fantastiques dans un univers de fantasy mêlant des éléments génériques à diverses touches originales, certaines inspirées par l'œuvre deMichael Moorcock. L'univers deWarhammer est ensuite adapté enjeu de rôle en 1986, puis sur d'autres supports encore.Games Workshop domine longtemps le marché, et réalise l'adaptation en jeu de figurines duLe Seigneur des anneaux après la sortie des films dePeter Jackson en 2000. D'autres jeux se développent néanmoins, par exempleChronopia (1997) ouDemonworld (1999).
En France, des gammes de figurines comme celles deFenryll (fondé en 1991) proposent un matériel destiné aussi bien aux jeux de batailles qu'aux joueurs de jeux de rôle désirant utiliser des figurines pendant leurs parties.Rackham, fondée en 1997, lanceConfrontation (1997), jeu d'escarmouche, puisRag'narok (2003), son équivalent à l'échelle des batailles, dans l'univers d'Aarklash, décliné par la suite sur d'autres supports.
De nombreux univers de jeux, y compris ceux du jeu de rôleDonjons et Dragons et des jeux vidéoWarcraft, sont déclinés par la suite en gammes de figurines. L'évolution récente, dans les années 2000, s'oriente vers un rapprochement entre jeux de figurines et jeux à collectionner, avec le lancement de jeux de figurines à collectionner comme leDungeons & Dragons miniatures game, influencés par le succès deHeroClix (2002), qui avait inventé le principe avec des figurines desuper-héros.
Le concept dulivre-jeu, ou « livre dont vous êtes le héros », connaît l'un de ses premiers succès avec une aventure de fantasy,Le Sorcier de la Montagne de feu deSteve Jackson etIan Livingstone, en 1982[40]. La vogue des livres-jeux dans les années 1980 et 1990 voit la création de plusieurs autres séries de fantasy. Parmi les plus connues figurentSorcellerie ! de Steve Jackson (1983-1985), dans la collectionDéfis fantastiques, etLoup solitaire deJoe Dever etGary Chalk (lancée en 1984) dont l'univers,Magnamund, est ensuite adapté en jeu de rôle.
Parmi les jeux de société « classiques » inspirés par la fantasy, on peut citerÉlixir (1993) etIl était une fois (1993), qui s'inspirent de l'univers des contes de fées, ou encoreCitadelles (2000) qui propose d'édifier des villes médiévales-fantastiques. En 2004,Munchkin deSteve Jackson, illustré parJohn Kovalic, parodie les jeux de rôle en général etDonjons et Dragons en particulier. Il existe également de nombreux jeux de société dérivés des grandes licences commerciales de fantasy, commeLe Seigneur des anneaux ouWarcraft.
Les jeux vidéo de fantasy[41] se répandent très vite au cours de l'histoire du jeu vidéo, aussi bien sur bornes d'arcade que sur ordinateurs personnels et consoles.
Dans le domaine dujeu d'arcade,Pac-Man (1980) montre sans doute le plus improbable héros de fantasy jamais conçu, avec son disque jaune évoluant dans un labyrinthe en échappant à des fantômes.Donkey Kong (1981) a recours aux ficelles des contes : Jumpman, futurMario, doit sauver la princesse des griffes d'un gorille géant — mais le héros est un plombier moustachu. Après le krach du jeu vidéo en 1983 et la perte de vitesse du marché de l'arcade, quelques titres aux graphismes plus élaborés continuent à sortir ; en fantasy, citonsGhosts'n Goblins (Capcom, 1985) et ses suites, ou encoreGolden Axe (1989).
Les jeux d'aventure se développent en partie sous l'influence desjeux de rôle papier :Colossal Cave Adventure, créé à partir de 1972 et commercialisé en 1980, a pour auteur Willie Crowther, unrôliste. Ce jeu devient le premierjeu d'aventure textuel, ancêtre des jeux d'aventure graphiques et initiateur desfictions interactives. La sociétéInfocom, créée par un groupe d'étudiants du MIT, lance l'un des premiers titres marquants,Zork (1980) qui connaît plusieurs suites, et met le joueur dans la peau d'un aventurier parcourant des « donjons » souterrains en quête de trésors. Créée en 1980, la société On-Line Systems, qui devient deux ans plus tardSierra On-Line, produit de nombreux jeux aux thèmes de fantasy, certains dérivés de films, par exempleDark Crystal (1982) ; Sierra lance surtout plusieurs séries à succès, la plus connue étantKing's Quest (1984), qui introduit la 3D dans les jeux d'aventure. LucasArts, créé en 1982, prend possession du marché du genre de l'aventure avec la série desMonkey Island (dont le premier opus sort en 1990) et les jeuxIndiana Jones, qui ne relèvent pas complètement de la fantasy. Mais en 1993,Myst, développé parCyan, renouvelle profondément le genre par son environnement en 3D, son ambiance novatrice et un univers de fantasy particulièrement détaillé. Parmi les jeux français,Atlantis: The Lost Tales (1997) deCryo Interactive remporte un certain succès en mêlant aventure de fantasy et inspirations historiques.
Lejeu vidéo de rôle fait ses débuts en 1980 avecRogue, très inspiré deDonjons et Dragons puisque le joueur y explore des souterrains en quête de trésors. En 1981,Ultima I lance la série durable desUltima, devenue un classique. La sérieWizardry (dont le premier opus sort en 1981) connaît également le succès. L'histoire du genre est marquée par plusieurs séries de fantasy au succès durable lancées parNintendo sur consoles dans les années 1980.Dragon Quest, en 1986, influence de nombreux titres suivants. La même année,The Legend of Zelda, deShigeru Miyamoto, dont l'intrigue de base reprend un schéma narratif classique (un héros, Link, doit sauver la princesse Zelda et le royaume du maléfique Ganon) dans un univers très détaillé, connaît un succès considérable. Une autre série tout aussi durable estFinal Fantasy, lancée en 1987 et qui donne lieu à au moins une vingtaine de titres, mêlant selon les épisodes fantasy etscience-fiction ; la série est créée parHironobu Sakaguchi, et l'artisteYoshitaka Amano contribue à la conception visuelle des premiers titres. En 1996,Pokémon, qui met en scène l'élevage et l'affrontement de « monstres de poche » dans un monde contemporain, permet à Nintendo de rebondir et connaît à son tour un succès considérable.
Alors queDark Age of Camelot se veut être unsequel à lalégende arthurienne,Golden Sun (2001) conserve un cadre conventionnel, etFable (2004) innove par la liberté qu'il laisse au joueur, les actions du héros déterminant son évolution en bien ou en mal et sa réputation. Parallèlement à ces jeux sur consoles, le jeu vidéo de rôle dans des univers de fantasy se développe sur ordinateur avec des séries commeMight and Magic (1986). En 1988,Pool of Radiance opère un retour aux sources en adaptant lesRoyaumes oubliés, l'univers principal du jeu de rôleDonjons et Dragons. Dans les années 1990, la sérieThe Elder Scrolls (qui commence en 1994) développe un univers vaste qui laisse une grande liberté d'action au joueur. En 1998,Baldur's Gate opère à son tour un retour aux sources, plus remarqué et plus durable, en développant une saga dans l'univers desRoyaumes oubliés, et va jusqu'à adapter pour l'ordinateur les règles officielles du jeu de rôle papier. Sur le même principe, viennent ensuiteIcewind Dale (2000), puisNeverwinter Nights (2002), remarqué pour les nombreux outils de création de parties qu'il fournit aux joueurs.
Dans le genre des jeux de stratégie, le premier titre de fantasy à marquer le genre estWarcraft: Orcs and Humans (1995), premier titre de la sérieWarcraft deBlizzard Entertainment, qui opte pour la stratégie en temps réel ; ses suites remportent un succès croissant. En 1996,Dragon Force de Sega propose un hybride entre le jeu de rôle et le jeu de stratégie où les séquences d'aventure alternent avec les batailles : le titre remporte un vif succès. En 1997 commence la sérieMyth de Bungie Software, qui se concentre sur la gestion de troupes. Parmi les jeux de stratégie au tour par tour, citonsHeroes of Might and Magic (1995) dans l'univers deMight and Magic,Age of Wonders (2000) et ses suites. Lejeu de figurines donne lieu à des adaptations, avecWarhammer : Dans l'ombre du rat cornu (1995), dans l'univers deWarhammer.
Il existe des parcs d'attractions dont les thèmes recoupent ceux de la fantasy. Les plus connus sont sans doute ceux deWalt Disney Parks and Resorts. Le premierDisneyland, enCalifornie, ouvre en 1955 ; le plus grand est leWalt Disney World Resort, enFloride, ouvert en 1971. Ces deux parcs proposent des attractions liées à l'univers Disney et inspirées des contes de fées. D'autres parcs à thème dans le monde se consacrent également à des univers de fantasy :
À ses débuts, la fantasy se confondait avec lascience-fiction : de ce fait, beaucoup de conventions et de prix littéraires récompensant des auteurs et illustrateurs de fantasy sont à l'origine des prix descience-fiction étendus depuis aux différents genres de l'imaginaire, comme la fantasy et parfois lefantastique.
La plus ancienne convention du genre est la World Fantasy Convention, créée en 1975, qui se tient auxÉtats-Unis tous les ans, chaque année dans une ville différente, et réunit aussi bien des auteurs et des éditeurs que des artistes ou des universitaires. C'est pendant cette convention que sont remis lesPrix World Fantasy.
La plus importante manifestation du genre dans le monde en termes d'entrées est sans doute le festival desUtopiales, créé en France en 1998, qui se tient actuellement àNantes. Elle a la particularité de favoriser les échanges entre les différents supports du genre (livres, illustration, BD, films, etc.). En 2002 ont été crééesles Imaginales, un festival qui a lieu àÉpinal, dédié aux littératures de l'imaginaire et au roman historique, qui se consacre plus particulièrement à la fantasy. Il existe également des rassemblements dédiés aux jeux : aux États-Unis, citons laE3 consacrée aux jeux vidéo, laGen Con consacrée aux jeux de rôle. Dans le monde francophone,Trolls et Légendes, se déroulant tous les deux ans depuis 2005 à Mons (Belgique), est considéré comme le plus important et le plus diversifié (musique, littérature, bande dessinée, jeux, illustration, cinéma, animations et artisanat).
Une autre grande manifestation est le festival bi-annuelCidre et Dragon, créé en 2006 àMerville-Franceville par l'association RaidTolkien. Il propose au grand public une « Aventure Vivante » qui s'inscrit dans un marché et un camp installé dans toute la ville. De nombreuses animations ludiques et culturelles liées à l'imaginaire sont accessibles au grand public.
↑C'est ce que faitAndré-François Ruaud, qui fait remonter les origines lointaines de la fantasy auxmythologies[17]. Anne Besson se montre plus critique : elle remarque que« la fantasy réinvente sa propre naissance en légende » et« [se rattache] à de glorieux ancêtres » tels que le mythe, mais fait également remarquer que« [la] définition elle-même [de la fantasy] est directement intéressée par ce brouillage de la chronologie » car la création de ce« mythe d'origine » du genre est rendue plus facile par le fait que la fantasy actuelle partage réellement des points communs avec les ancêtres et les précurseurs dont elle se réclame[18].
↑Concernant ce problème complexe de la relation entre le classement générique d'un texte et l'effet produit sur le lecteur,Jacques Goimard a recours à la catégorie du merveilleux pour en montrer la présence dès les mythes antiques[20]. Il conclut cependant son étude en notant qu'à la fin du Moyen Âge, « l'histoire du merveilleux archaïque se termine, celle de la fantasy n'est pas commencée »[21], ce qui revient à dire que la fantasy proprement dite, en tant que genre littéraire, n'apparaît qu'ensuite.
↑Par exemple, dans le volume collectif dirigé parKaren Haber,Méditations sur la Terre du Milieu, paru aux États-Unis en 2001, des auteurs américains de fantasy célèbres (Terry Pratchett,Ursula K. Le Guin,Robin Hobb) évoquent leur dette envers Tolkien. Le volume est traduit chezBragelonne en 2003, dans une édition augmentée de plusieurs témoignages d'auteurs de fantasy français.
↑Alexis Nevil,« Michael Ende ou Icare inversé », dans André-François Ruaud,Panorama illustré de la fantasy et du merveilleux, Les moutons électriques,,p. 239–241.
↑Sur l'archétype du barbare en fantasy, voir par exemple cette étude de cas sur la représentation du barbare dans le jeu vidéoDiablo II : « Des barbares très corrects ? Essai d'analyse du regard sur la barbarie à travers leur figure dans un jeu vidéo », Thomas Richard, inQuaderni, vol.50,no 50-51, 2003,p. 53-72 (lire en ligne, surPersée, consulté le 4 octobre 2010).
↑Sur le concept d'horizon d'attente, voir notammentH. R. Jauss,Pour une esthétique de la réception, Gallimard, coll. « Tel », 1978.