Lafamille Seguin est une famille qui a donné plusieurs ingénieurs et hommes d'affaires ayant joué un rôle essentiel dans le développement industriel de la France auxXIXe siècle etXXe siècle.
Elle a tenu un rôle majeur dans le développement des communications terrestres, en construisant en Europe les premiers ponts suspendus à des câbles en fil de fer, en inventant la chaudière tubulaire à l'origine de l'essor des chemins de fer à traction à vapeur, et en créant laligne de chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon, première ligne de France à expérimenter en1832 la traction par des locomotives à vapeur et à avoir été ouverte simultanément aux marchandises comme aux voyageurs.
La famille Seguin, originaire d'Alexandrie, enÉgypte, a appartenu au culte israélite[1]. Antoine, l'un de ses membres, vient se fixer enDauphiné vers la fin duXVIe siècle. De ses descendants, une branche s'établit àTain-l'Hermitage, une autre àAvignon etMontpellier, enfin un troisième àAnnonay[Note 1], où Marc (1720-1804) épouse Marie-Anne Peyron (1735-1860) et entreprend le commerce de ladraperie ; il est surnommé l'ancêtre par la famille[1].
Arbre descendant de Marc Seguin dit l'ancêtre (1720-1804)
Pour la commodité de lecture, l'arbre descendant de longueur inhabituelle — Marc Seguin ditSeguin Aîné est le père de19 enfants issus de deux lits — est présenté en quatre arbres successifs :
Marc-François Seguin, le père, qui a épousé en1782Augustine Thérèse de Montgolfier, nièce desfrères Montgolfier, est à la tête d'une fabrique dedraps[51] quand il crée en1796 lasociété Seguin etCie[52]. Cette société représente la stabilité et est sollicitée plus tard pour assurer les risques pris par les cinq fils dans leurs ambitieux projets ; elle est liquidée en 1833 après le décès de son fondateur. Le père est le membre modérateur, voire critique, à l'égard des entreprises de ses fils et sa compétence juridique leur est aussi très utile.
Marc[55], l'aîné, est avant tout unscientifique, uninventeur et uningénieur. Il invente puis la fratrie étudie, entreprend, réalise, développe, commercialise et gère[56]. Il expérimente en1822 le premier pont suspendu par des câbles en fil de fer au monde au-dessus de laCance puis construit sur ce modèle, en1825, àTournon-sur-Rhône, le premier grand pont suspendu d'Europe continentale. Il faitbreveter en1827 la chaudière tubulaire conçue pour des bateaux à vapeur naviguant sur leRhône, et deux ans après, il applique cette invention auxlocomotives à vapeur. Lalocomotive Seguin fait ses premiers tours de roue le sur laligne de chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon, concédée aux frères Seguin en1827, première ligne de France à expérimenter en1832 la traction par des locomotives à vapeur et à avoir été ouverte simultanément aux marchandises comme aux voyageurs.
Camille[57] est lecommercial de la fratrie. Jeune, dès 1814, il effectue des voyages de commerce au profit deSeguin etCie[52]. Il prend l'initiative de l'extension de la zone commerciale vers le Sud de la France, ainsi que vers l'Est vers laSuisse francophone. Il joue un rôle central dans la communication entre les frères : il assure par exemple la gestion des fournisseurs de fil de fer au moment de la création du premier pont deTournon, notamment par un voyage enFranche-Comté. Comme ingénieur, il se distingue par une rapidité de conception, une grande hardiesse de vue et une grande sûreté d'appréciation[58].
Jules[59] est ingénieur etmaître de forges. On sait désormais, et notamment pendant la période 1826-1834, que Jules est le grand entrepreneur de nombreux ouvrages d'art, en particulier des ponts métalliques, sous le nom « Seguin », dans la mesure où son frère Marc en a l'interdiction, compte tenu de son contrat concernant la compagnie de chemin de fer. Ceci n'empêche des relations permanentes entre les frères. Il s'associe avec son cousinPierre François de Montgolfier pour créer l'éphémèresociété Seguin Montgolfier d'Ayme &Cie[60], puis lasociété Seguin, Montgolfier etCie[61]. Il dirige aussi laCie Jules Seguin[62]. Jules est aussi connu, comme démocrate, pour engager les ouvriers à ne pas compromettre la République par la précipitation et la violence[63].
Paul[64] est le second de bien des entreprises de ses frères. On lui confère de fortes capacités techniques et aussi un talent certain de négociateur dans les conflits sociaux.
Charles[65] apporte aux entreprises des frères Seguin sa connaissance dulobby, notamment parisien. Très souvent résidant en dehors d'Annonay, et notamment à Paris à partir de 1826, il s'intègre à la bourgeoisie parisienne.
Enfin leur beau-frère Claude Vincent Mignot[66], marié à leur sœur Thérèse, a une activité similaire de maître de forges. Il s'établit à Lyon dès 1820, y apprend la fonderie, et s'implique dans la fabrique créée sur les terrains dePerrache[67] pendant la construction de laLigne de Saint-Étienne à Lyon pour laquelle il réalise de nombreux ponts métalliques. Il fait faillite le et s'associe dans lasociété Seguin frères etCie[68].
(Pour la commodité de lecture, cette partie de l'arbre descendant se limite aux enfants de Marc Seguin ; le cas échéant, elle se poursuit avec les branches des petits-enfants et leurs conjoints s'ils sont référencés dans l'encyclopédieWikipedia.)
Le, âgé de27 ans, Marc Seguin se marie àAnnonay avec la fille d'unnotable de la ville, sa cousine germaineRose Augustine Duret, de8 ans sa cadette.
(Pour la commodité de lecture, cette partie de l'arbre descendant se limite aux enfants de Marc Seguin ; le cas échéant, elle se poursuit avec les branches des petits-enfants et leurs conjoints s'ils sont référencés dans l'encyclopédieWikipedia.)
Il s'éloigne de son rôle d'entrepreneur pour se consacrer à sa famille qui s'agrandit toujours avec la naissance dans cette nouvelle demeure des six autres enfants de son second lit ; en1861, à75 ans, il a la joie d'être encore père pour la dix-neuvième et dernière fois. Il rassemble en un immensephalanstère ses gendres et filles, beaux-frères et belles-sœurs, enfants et petits-enfants, tous si nombreux, qu'on n'est jamais moins de vingt-cinq à table[115].
Comme son père, Augustin Seguin est à la tête d'une famille nombreuse de11 enfants, quatre de son premier mariage avec Félicie Marie Célestine Mangini[Note 10], trois du second avecLouise Marguerite de Montgolfier[Note 11] et quatre du troisième et dernier avec Rose Consiglieri.
Ses filsLouis Lazare Augustin Seguin etLaurent Seguin créent les moteursGnome. Les avions français glanent, avec ce moteur[Note 12], une grande partie des records mondiaux entre1909 et1915, ainsi que leurs pilotes, tels qu’Augustin Louis Seguin, un autre fils, recordman de distance sans escale en1913[165].
Marc, un autre fils, va utiliser les études de son père sur la photographie pour développer la radiologie et équiper l'hôpital d'Annonay. Une de ses filles Rose Seguin-Béchetoille[166],[167] voit certains de ses tableaux exposés au musée municipal vivarois César Filhol[168].
Les « Papeteries de Vidalon-lès-Annonay », propriété de cette famille, ont depuis 1784 le titre de « Manufacture Royale », qui assure le manufacturier contre toute concurrence déloyale ou usurpation de marque, et l'année précédente,Louis XVI lui-même a anobli en la personne de Pierre Montgolfier,le papetier, toute la famille dont les frèresJoseph etÉtienne Montgolfier[6] qui ont inventé en1782 lamontgolfière[Note 13].
Arbre descendant de Pierre de Montgolfier (le papetier)
Avec ses secondes noces, Marc Seguin devient le beau-frère par alliance de deux de ses filles et de leurs maris, ses gendres depuis les premières noces !
Renéde Prandières,Souvenirs de la vie privée de Marc Seguin (1786-1875), Lyon, Société anonyme de l'imprimerie A. Rey,, 48 p.(lire en ligne).
René de Prandières[158], qui est en 1926 le seul survivant de la première génération dans la descendance de Marc Seguin, prononce cetéloge de son beau-père lors de la célébration du centenaire du premier pont suspendu entreTain etTournon[lire en ligne].
↑Porte comme blason : "d'or au chevron d'azur, chargé de 3 besants d'argent et accompagné de 3 têtes de bœuf de sable, 2 en chef, 1 en pointe"[lire en ligne].
↑Depuis Marc l'ancêtre, la filiationagnatique attribue ce même premier prénom Marc à l'aîné de lalignée.
↑Marie Anne Petroz est la fille du médecin Antoine Petroz, l'un des fondateurs de l'homéopathie en France[43]. Charles Seguin, son mari, a acquis le château de Draveil en 1854. Il est décédé deux ans plus tard mais sa veuve a accueilli les ambulanciers et les soldats blessés pendant la guerre de 1870[44].
↑L'abbaye de Fontenay est restaurée et remise dans son état primitif parÉdouard Aynard[1], député du Rhône, qui a épousé Rose Pauline de Montgolfier, une petite-fille de Marc Seguin.
↑« Les hostilités, les rivalités grandissaient. Pour les vaincre, il se sentit acculé à l'emploi de moyens que réprouvait son intransigeante honnêteté ; et alors,de Villèle n'étant plus là pour le soutenir, il renonça à la lutte et se retira, quoique n'ayant encore que cinquante-deux ans, à Fontenay, près Montbard, en Bourgogne[114]. »
↑René de Prandières[157], qui est en 1926 le seul survivant de la première génération dans la descendance de Marc Seguin, prononce l'éloge de son beau-père lors de la célébration du centenaire du premier pont suspendu entreTain etTournon[158].
↑D’après le diplôme qui l’accompagne, ainsi que sa traduction officielle en français, l’ordre chinois du Double Dragon fut conféré à « Lei-cheng, Directeur des Établissements de la Buire en France » le. Derrière ce nom chinois se tient un français qui s’appelle réellement Augustin Seguin (1841-1904), ingénieur de l'École centrale des arts et manufactures qui avait réalisé un petit chemin de fer dans le jardin duPalais d'été àPékin pour le compte de l’empereur de Chine[163]
↑Louise Marguerite de Montgolfier et Augustin Seguin sont cousins germains. Leurs mères sont sœurs et filles de Louis Simon Élie Ascension de Montgolfier et de Pauline Claudine Duret[161].
↑Le premier vol mondial d’un hydravion (Henri Fabre, 1910) est réalisé avec un engin équipé d'unmoteur Gnome.
↑En1782, le14 décembre, grâce àÉtienne et Joseph Montgolfier, la premièremontgolfière s'élève à Vidalon-lès-Annonay. Elle est constituée d'un grandsac de papier doublé de toile placé au-dessus d'un feu de paille mouillée et de laine. Elle reste cependant une expérience privée, le premier envol public et officiel d'une montgolfière a lieu le depuis Annonay, très exactement depuis la place des Cordeliers, devant un public de choix : les membres des États particuliers du Vivarais.
↑Mathieu Louis Pierre Duret (1758-1841), le beau-père deMarc Seguin, a fait des études à Paris et à Montpellier, et de retour au pays natal, il est attaché à l'hôpital, comme médecin et administrateur. À la suite du18 brumaire, il est appelé au Conseil général de l'Ardèche qu'il préside ensuite plusieurs fois. Il est également maire d'Annonay de 1815 à 1817. En tant que disciple deJenner, le docteur Duret a été le premier à introduire lavaccine enVivarais[169].
↑Pierre François de Montgolfier, ingénieur enhydraulique, est le cousin germain de la mère deMarc Seguin et l'un des fils de l'illustreJoseph[6]. Il fonde en 1825 avec Marc Seguin et Louis Henri Daniel d'Ayme[171],annonéens comme lui, la « Société de halage sur le Rhône par la vapeur, à points fixes »[172],[60],[173]. Il a déposé auparavant en 1817[174] un brevet, le principe duhalage sur points fixes.
Cet article puise ses sources particulièrement documentées de la basePierfit mise en ligne il y a plus de 10 ans par Guillaume de Tournemire[lire en ligne] du siteGeneanet,site web degénéalogie proposant unebase de données alimentée par les participants et à destination du public où tous les individus contemporains nés il y a moins de 100 ans sont masqués.
La généalogie de la famille Seguin renvoie à des sources référencées et consultables aux différentesarchives départementales des départements concernés ; les fiches individuelles donnent les liens permettant de visionner directement les actes d'État civil de l'individu en question quand cela est possible, à défaut d'afficher une image de l'acte d'État civil du registre correspondant.
↑Xavier Balp,Histoire de Lyon (1793-1873) du siège de Lyon à fin guerre de 1870, Villefranche, Je fais mon livre,, 244 p.(ISBN978-2-9549806-7-6),p. 161