Chef de file de lagénération perdue[2] et représentant de l'ère du jazz, il est aussi celui qui lance la carrière d'Ernest Hemingway[3],[4], rencontré auDingo Bar pour la première fois, fin d'avril 1925. Son roman le plus célèbre resteGatsby le Magnifique, succès planétaire qui fut adapté de nombreuses fois au cinéma, à la télévision ou sur scène.
Il se marie en 1920 avecZelda Sayre, une jeune fille du Sud qui sera sonégérie (et l'autrice d'un roman autobiographique :Accordez-moi cette valse, publié en 1932). Ils ont une fille, Frances Scott Fitzgerald, qu'ils surnomment « Scottie ».
Son père, Edward Fitzgerald, est d'origine relativement modeste ; né dans une ferme du Maryland, il s'est installé à Saint Paul après son mariage. À la naissance de son fils, il y exerce comme directeur d'une manufacture de meubles qui fait faillite deux ans plus tard. Engagé ensuite parProcter & Gamble, il est un commis-voyageur sans ambition, vu comme un « raté » par Scott[5]. Sa mère, Mary (Mollie) McQuillan, est l'une des trois filles d'un homme d'affaires d'origine irlandaise ayant fait fortune grâce à l'expansion économique qu'entraîne laGuerre de Sécession ; élevée au couvent de la Visitation de Saint-Paul puis à New York, elle parcourt également l'Europe pour parfaire une éducation soignée.
Dans les mois qui précédent la naissance de Scott, Edward et Mollie voient leurs deux filles, de un et trois ans, mourir prématurément. L'écrivain y fait allusion dans son registre, quarante ans plus tard :
« Eh bien, trois mois avant ma naissance, ma mère perdit ses deux autres enfants et je pense que ce double décès est la première chose qui m'advint, bien que je ne sache pas exactement comment. Je pense que c'est à partir de ce moment-là que je commençai à être un écrivain[6]. »
Une troisième fille meurt à la naissance en1900, mais l'année suivante, Annabelle voit le jour à New York. En 1908 la famille revient s'installer à Saint-Paul, sans parvenir à trouver une stabilité financière et sociale. Cependant, les déconvenues professionnelles d'Edward sont compensées par l'argent hérité par Mollie. Ainsi, le jeune Scott devient l'élève de l'école privéeSaint-Paul Academy(en). Rapidement impopulaire, il rêve de gloire tout en se considérant comme différent des autres garçons. Lecteur éclectique et assidu, il commence à écrire des poèmes et des nouvelles qu'il publie dans le journal de l'établissement huppé où il est inscrit en 1911 : l'écoleNewman dans leNew Jersey. C'est là qu'il rêve d'entrer dans une des toutes meilleures universités du pays :Princeton, où le jeune Scott connaîtra ses premières grandes désillusions[1].
Sa prétention et son immaturité l'excluent rapidement de l'impitoyable société estudiantine, alors que ses efforts pour intégrer l'équipe defootball de l'université se révèlent vains : cet échec le marque toute sa vie. Ce n'est que lors de sa deuxième année dans le New Jersey que le futur écrivain parvient à se faire des amis, ainsi qu'une place dans les journaux de l'université. Accompagné d'Edmund Wilson etJohn Peale Bishop, Scott participe ainsi à l'écriture d'une comédie musicale duPrinceton Triangle Club et offre sa plume au magazine humoristiquePrinceton Tiger et auNassau Literary Magazine... Reste queButler,Byron,Coleridge etKeats deviennent vite trop envahissants. Scott néglige ses études au profit de la poésie, et quitte Princeton sans en être diplômé.
L'armée est le plus à même de réaliser ses rêves de gloire. Il s'y engage en1917, à l'entrée en guerre des États-Unis lors de laPremière Guerre mondiale et, enjuin 1918, est envoyé à Camp Sheridan, près deMontgomery, en tant que sous-lieutenant. C'est là qu'il tombe amoureux de l'excentriqueZelda Sayre, dix-huit ans et pleine d'esprit[7]. C'est pour la conquérir qu'il écrit l'ébauche de ce qui sera son premier roman :Le Romantique Égotiste. Rejeté deux fois parMaxwell Perkins, il est finalement accepté enjuillet 1919 sous le titre deL'Envers du paradis, et paraît en librairie le[1]. Le roman connaît un énorme succès et fait de son auteur le représentant de toute une génération, celle de l'ère du jazz[8]. Les retombées financières permettent à l'écrivain d'épouser Zelda[1].
Comme nombre de leurs compatriotes, Francis Scott Fitzgerald et son épouse décident de tirer profit du dollar fort et émigrent enFrance, àParis et sur laCôte d'Azur, où ils fréquentent l'hôtel du Cap Eden Roc à l'été 1922, puis les villas America, Paquita etEilenroc avant la villa Saint-Louis, qui depuis est devenue l'Hôtel Belles Rives.
AprèsBeaux et damnés qui est un roman déjà très représentatif de son auteur, Fitzgerald écrit à la Villa Marie de Valescure, quartier deSaint-Raphaël, ce qui est considéré comme son chef-d'œuvre,Gatsby le Magnifique. Le 27 octobre 1924, depuis la Villa Marie, il envoie le manuscrit à son éditeurMaxwell Perkins, deséditions Scribner (qui publient Fitzgerald depuis ses débuts): enchanté par le style de l'écrivain, il se met à rêver d'une grande destinée pour le roman. À la parution deGatsby le Magnifique, enavril 1925, malgré les bonnes critiques, les ventes ne décollent pas, même si elles lui rapportent la jolie somme de 28 000 dollars. Cela ne satisfait guère l'écrivain, qui est forcé de continuer à écrire des nouvelles, que leSaturday Evening Post et d'autres journaux lui achètent encore un bon prix. Gatsby, ruiné, n'en devenait pour autant ni riche ni pauvre comme Nick (narrateur deGatsby le Magnifique) : Fitzgerald le montre comme un riche paressence se trouvant pauvre plutôt paraccident et de façon provisoire : la fortune lui revient vite tandis que Nick, lui, ne quitte jamais vraiment sa condition initiale malgré quelques gains momentanés. Une grande partie des nouvelles ultérieures porte en filigrane ce même message, à un point que mentionnent tous les commentateurs de Fitzgerald :Les riches sont différents. Même dans une nouvelle sentimentale commeTrois heures entre deux avions, le souci d'afficher comme d'évaluer un statut social est décrit sans complaisance.
La tombe de Zelda et Scott à Rockville, Maryland, avec la dernière phrase deGatsby le Magnifique gravée dans la pierre :« Car c'est ainsi que nous allons, barques luttant contre un courant qui nous ramène sans cesse vers le passé. »
Après l'aventure deZelda avecÉdouard Jozan, aviateur français rencontré sur laRiviera, Francis Scott perd sa bonne humeur et devient invivable. Et son succès, quoique très relatif commercialement, relègue Zelda à un rôle secondaire en totale contradiction avec sa nature. Les efforts soutenus de Zelda pour atteindre la célébrité - peinture, danse, littérature - se révèlent vains, et saschizophrénie apparaît.
Dès la fin de1926 Scott est appelé àHollywood et Zelda commence à perdre la tête : elle entend désormais parler les fleurs, ce qui oblige son mari à entamer une tournée des cliniques psychiatriques, une situation qui rend les dernières années de l'écrivain aussi coûteuses que déprimantes. Entre les visites à son épouse (Fitzgerald fait interner Zelda enSuisse, puis àAsheville ; toujours dans les meilleures cliniques), son proprealcoolisme, les dépressions et les soucis financiers (évoqués dans le recueil de nouvellesLa Fêlure, dont la nouvelle du même nom), Scott Fitzgerald parvient toutefois - au bout de neuf ans - à écrireTendre est la nuit. Cet ouvrage est fortement inspiré de sa femme, Zelda, et de leur relation[9].
À Paris, le couple vit auno 58rue de Vaugirard entre avril et octobre 1928[10]. Entre 1928 et 1929, ils sont entreNice etParis. Ils s'installent ensuite au 10rue Pergolèse entre 1929 et 1931. En 1935, à l'auberge de Grove Park à Asheville, pendant qu'il se fait soigner pour unetuberculose, il commande environ trente bières par jour. Il tente de sesuicider dans le même hôtel l'année suivante en avalant un flacon de morphine[11]. C'est àHollywood le 21 décembre1940 que Scott Fitzgerald meurt d'unecrise cardiaque[1] alors qu'il exerce la profession de scénariste, qu'il déteste. Il laisse le prometteur romanLe Dernier Nabab inachevé.
Sa femme meurt quelques années plus tard, en 1948, dans l'incendie qui ravage lesanatorium d'Asheville, où elle est internée[1],[12].
L'expérience àHollywood se révéla amère pour Fitzgerald, tout comme pourWilliam Faulkner[14]. Au-delà des nombreux films décevants et de la situation, seul un long-métrage crédita Fitzgerald de seul scénariste,Femmes, même si le film fut largement réécrit[15],[16],[17],[18].
En 2021, Netflix confirme qu'il prépare une nouvelle adaptation en mini-série du chef-d'œuvre de F. Scott Fitzgerald qui se veut plus inclusive, par le créateur de la sérieVikings prévue pour 2022[20].
Élisabeth Bouzonviller sous la direction de Roland Tissot,Francis Scott Fitzgerald ou la plénitude du silence, thèse de doctorat en Études anglophones, université Louis Lumière Lyon 2, 1998, 467 p. Texte intégral[1]
Si de nombreuses biographies de Francis Scott Fitzgerald existent, celle de Matthew Bruccoli fait référence. Elle est disponible en poche :Francis Scott Fitzgerald - Une certaine grandeur épique, Éditions de la Table ronde.
L'université de Caroline du Sud dispose d'un très richesite internet (en anglais) consacré à Francis Scott Fitzgerald. On y trouve notamment de nombreuses photos, ainsi qu'une bibliographie exhaustive.