| Exposition internationale des arts et des techniques appliqués à la vie moderne | |
Icône de l'exposition. | |
| Général | |
|---|---|
| Type-BIE | Universelle |
| Catégorie | Expo de seconde catégorie |
| Bâtiment | Palais de Chaillot |
| Surface | 101 ha |
| Fréquentation | 31 040 955 |
| Tarifs | 6 francs Jours populaires : 3 francs Jours de gala : 12 francs |
| Participants | |
| Nombre de pays | 54 |
| Localisation | |
| Pays | |
| Ville | Paris |
| Site | Palais de Chaillot, Champ-de-Mars, Seine |
| Coordonnées | 48° 51′ 44″ nord, 2° 17′ 18″ est |
| Chronologie | |
| Date d'ouverture | |
| Date de clôture | |
| Éditions Universelles | |
| Précédente | Exposition universelle de 1935,Bruxelles |
| Suivante | Foire internationale de New York 1939-1940,New York |
| Éditions spécialisées | |
| Précédente | Exposition spécialisée de 1936 ,Stockholm |
| Suivante | Exposition Aéronautique Internationale de la ligue de défense aérienne de Finlande 1938 ,Helsinki |
| modifier | |
L'Exposition universelle de 1937, officiellementExposition internationale des arts et des techniques appliqués à la vie moderne, qui se tient àParis du 25 mai au 25 novembre1937, est la première exposition universelle organisée enFrance selon les règles de laConvention de Paris de 1928 sur lesexpositions internationales. C'est également le dernier événement de ce genre à avoir eu lieu à Paris et en France.

La loi du 6 juillet 1934 décide l'organisation d'une Exposition internationale à Paris. Le,Edmond Labbé est nommé commissaire général par le gouvernement français. Il a, parmi ses collaborateurs,Henri Giraud etPaul Léon. Edmond Labbé doit rassembler différentes propositions du Parlement français dans un projet d'exposition cohérent. Il choisit de démontrer que l'art et la technique ne s'opposent pas mais que leur union est au contraire indispensable :« le Beau et l'Utile doivent être, dit-il, indissolublement liés ». Dans un contexte de crise économique et de tensions politiques internationales, l'Exposition de 1937 doit également promouvoir la paix : la couleur bleue doit dominer.
Le projet est, à l'origine, regardé comme modeste : l'Exposition s'installe principalement sur leChamp-de-Mars et dans lesjardins du Trocadéro. Les terrains font l'objet de deux agrandissements successifs et s'étendent de l’esplanade des Invalides et dupont de l'Alma jusqu'à l'île aux Cygnes[1], avec des annexes prévues aux portes de l'Ouest de Paris.
De l'avis des architectes modernes, la préparation de l'Exposition internationale pour 1937 avait été mal engagée, ce qu'avait expriméRobert Mallet-Stevens en démissionnant du comité préparatoire. C’est l'arrivée au pouvoir duFront populaire qui relance la participation de l’avant-garde à cette manifestation, alors que le contexte politique international est préoccupant et que le retour à l’ordre stylistique triomphe. Mallet-Stevens, qui intervient pour soutenir à nouveau les tenants de l'architecture moderne au sein du comité d'organisation, se voit alors confier cinq pavillons. Outre deux pavillons significatifs de la politique du gouvernement : celui de la Solidarité nationale et celui de l’Hygiène, dont il organise l’accès par deux rampes majestueuses, le long de la Seine, trois autres bâtiments lui sont commandés par des établissements industriels et commerciaux : le palais de l'Électricité et de la Lumière[2], particulièrement spectaculaire la nuit, le pavillon dumonopole des tabacs et allumettes (suivant affiche) et celui des Cafés du Brésil. Il conçoit également, avec les frèresJean et Joël Martel, leSignal desCiments français, qui prolonge leur expérience des arbres en « ciment armé » de l’Exposition de 1925.

La plupart des bâtiments et aménagements sont temporaires, à quelques exceptions près[4] :
En 1936, les mouvements sociaux nés duFront populaire entraînent de grands retards dans les travaux (sauf pour le pavillon de l'URSS) et de nombreux incidents sur les chantiers : grèves, blocages. L'ouverture est prévue symboliquement le, date importante pour un gouvernement de Front populaire. Tout retard ferait en effet l'objet de moqueries de la part de la droite. Le gouvernement cherche un homme énergique pour la faire respecter : il nommeMax Hymans comme nouveau commissaire général. Il faut payer des sur-salaires pour faire travailler les ouvriers le soir et le dimanche. Max Hymans remplit sa mission, ce qui contribue à former sa réputation d'homme énergique. Certains des bâtiments ne sont pas terminés. D'autres, appelés à durer, ne le seront qu'après l'Exposition, sans que le public ne le remarque, comme lepalais d'Iéna, œuvre d’Auguste Perret, qui ne sera terminé qu'en 1946[5]. Le jour de l'ouverture, les deux pavillons principaux, qui se font symboliquement face de part et d’autre de la tour Eiffel, sont terminés et reçoivent la médaille d'or de l'Exposition : celui de l'Allemagne duTroisième Reich et celui de l'URSS. Mais finalement l'Exposition ouvre le, avec moins d'un mois de retard sur le calendrier prévu.Le Triomphe de la volonté deLeni Riefenstahl y est présenté en grande pompe et reçoit le prix du meilleur documentaire.


Les États souverains, la France et ses colonies, ainsi que desterritoires placés sous mandat, disposent chacun d'un pavillon, pour un total de 55 bâtiments. Les sections étrangères se répartissaient dans lesjardins du Trocadéro, autour des fontaines, et de l'autre côté dupont de l'Alma, aux pieds de latour Eiffel et jusqu'à l'avenue bordant l’École militaire. Lescolonies françaises sont regroupées sur l'île aux Cygnes. Un pavillon du « Comité de la Terre d'Israël » intitulé « Pavillon d'Israël en Palestine » et un restaurant roumain sont également présents.
« Cette rencontre est le dernier espoir pour la paix en Europe. Cinquante nations y sont représentées, mais l'image mythique de cette manifestation reste pour le monde entier celle de deux tours qui se font face : le pavillon de l'Allemagne hitlérienne et de la Russie stalinienne, chacune couronnée de motifs sculpturaux symboliques et agressifs : l'aigle nazi, et le couple de kolkhoziens brandissant la faucille et le marteau[7]. »
L'année de cette Exposition universelle est aussi celle des « grands travaux » deRobert etSonia Delaunay, en même temps que celle des tensions sociales et internationales.
« L'Allemagne, l'URSS, l'Espagne, l'Italie, et même laFrance, se défient dans un concours denéo-classicisme grandiloquent, avec des bâtiments lourds et agressifs à l'opposé de l'objectif initial de l'Exposition qui était deregrouper tout ce qui unit les hommes et rien de ce qui les sépare[8]. »

La France n'est pas plus novatrice que les autres pays, à l'exception de quelques réalisations comme le Palais de l'air et le Palais des chemins de fer décorés parRobert etSonia Delaunay, ainsi que le Pavillon de la lumière deRobert Mallet-Stevens[8] pour lequelRaoul Dufy réaliseLa Fée Électricité, considéré comme le plus grand tableau du monde jusque dans les années 1970, en hommage aux pionniers de l'électricité. Un disjoncteur de 500 000 volts (record mondial de la puissance) a été installé devant la fresque[9].
Situé dans l'axe duchamp-de-Mars, le pavillon de la lumière en ferme la perspective par un mur incurvé de six cents mètres carrés, dont la surface est recouverte de perles, ce qui permet, le soir, de projeter des films enCinémascope dont le procédé est dû au professeurHenri Chrétien[9].
Léon Blum a voulu que l'avant-garde soit présente durant cette manifestation. Il confie la décoration du palais des chemins de fer et du palais de l'air à Robert et Sonia Delaunay à la condition qu'ils fassent travailler cinquante peintres chômeurs. L'entreprise, gigantesque, est constituée d'une peinture de 780 m2 pour le palais de l'air, et d'une composition de 1 772 m2 pour le palais des chemins de fer auxquelles s'ajoutent desbas-reliefs de couleur et un panneau de 150 m2. Réunis dans un garage de laporte Champerret, les artistes ont vécu et travaillé en commun. Il y a notammentJean Bertholle,Léopold Survage,Pierre Hodé,Roger Bissière,Jean Le Moal etAlfred Manessier[8].
Le pavillon de l'Éducation nationale était décoré d'une peinture deGabriel Moiselet (1885-1961), L'Activité dans les écoles supérieures de jeunes filles, qui réalisa également le décor du Comité olympique.


Sous la direction de l'architecteCharles Halley[12],[13], chargé du Programme d’aménagement du commissariat général et des salons de réceptions de la ville de Paris, dans lepalais de Tokyo, occupé actuellement par lemusée d’Art moderne de la ville de Paris,Gaston Suisse, assisté de Jean Durand, réalisa un ensemble de128 panneaux laqués[14].
L’escalier d’honneur et la grande galerie de plus de 200 m2, permettant d'accéder aux salons de réception où les officiels recevaient les personnalités, furent décorés d’un ensemble présentant « l’art et la technique » dans la France de 1937[15]. Pour ce travail,Gaston Suisse réalisa neuf ensembles qui, chacun, symbolisait un des thèmes abordés : les transports terrestres, intercontinentaux, la métallurgie, l’électricité, la technologie moderne, l’agriculture, le travail du bois, de la pierre, et l’artisanat d’art[16].
Pour le palais des chemins de fer,Robert etSonia Delaunay exécutent plusieurs grandes peintures murales de225 mètres carrés chacune[17], parmi lesquelles :Voyages lointains[18]. Sonia Delaunay a créé d'autres peintures monumentales de très grand format pour le palais de l'air, aujourd'hui conservées en Suède àLund aumusée des Esquisses, notammentMoteur d'avion etHélice et tableau de bord ; elle obtiendra la médaille d'or[19]. De ses peintures monumentales, il reste égalementPortugal conservée àParis aumusée national d'Art moderne, dont un dessin,Étude pour Portugal, peinture murale, gouache sur papier, 38,5 × 93 cm, est également conservé auNational Museum of Women in the Arts deWashington[20].
Robert Delaunay aborde ainsi l'art mural à grande échelle. Dès 1935, il avait été pressenti pour participer à cette gigantesque exposition, mais, contrairement à de nombreux artistes, il n'a fait aucun acte de candidature. L'attention a été attirée sur lui grâce à une exposition intituléeRevêtements muraux en relief et en couleurs de Robert Delaunay réalisée cette même année par la revueArt et Décoration. Il s'en explique dans la revueCommune :« Moi artiste, moi manuel, je fais la révolution dans les murs. En ce moment, j'ai trouvé des matériaux nouveaux qui transforment le mur, non seulement extérieurement mais dans sa substance même. Séparer l'homme de l'art ? Jamais. Je ne peux pas séparer l'homme de l'art puisque je lui fais des maisons[21]. » Pour la décoration du palais du chemin de fer, il reproduit à grande échelle son tableauRythme sans fin, avec la volonté de mettre l'avant-garde à portée de tous[22].
Les travaux de Sonia et Robert Delaunay et des autres artistes ayant œuvré dans les deux pavillons ont été présentés aucentre national d'art et de culture Georges-Pompidou, qui conserve dix panneaux monumentaux et plusieurs dessins et maquettes des deux artistes[23], à l'occasion de la rétrospective Robert Delaunay tenue du au[24] et de l'exposition Sonia Delaunay aumusée d'Art moderne de la ville de Paris du au.
Pour lethéâtre de Chaillot, de nombreux panneaux muraux, toujours en place, furent également commandés aux artistes, notamment ceux de l'escalier du foyer confiés aux nabisPierre Bonnard,Édouard Vuillard etKer-Xavier Roussel.
D'autres furent commandés àFernand Léger, qui en confiera la réalisation à grande échelle à son élèveAsger Jorn.

Pour le pavillon du Luxembourg, dans le salon d’honneur, quatre grandes peintures, deux de sept mètres de long représentant les châteauxde Vianden etde Bourscheid, et deux de cinq mètres représentant les châteauxde Esch-sur-Sûre etde Bourglinster (lb), furent réalisées parPaul Jouve[25], reliées entre elles par des arbres stylisés.
Conçu parLe Corbusier etPierre Jeanneret, cet édifice n'avait aucun rapport avec l'architecture quelque peu « antiquisante » des pavillons de l'URSS, de l'Allemagne et même de certaines réalisations françaises parmi les plus spectaculaires. Le Corbusier avait proposé de construire en grandeur réelle uneunité d'habitation pour trois mille habitants, permettant de montrer aux visiteurs toutes les techniques nouvelles en ce domaine (isothermie, insonorisation, chauffage…)[26]. Une telle réalisation ne pouvait être financée que si le bâtiment restait en l'état après l'Exposition et, de fait, se trouvait définitivement utilisé.Le Parlement et ladirection générale des Beaux-Arts donna[pas clair] son aval au projet, mais se réserva le droit, en tant que propriétaire du terrain, de tout démolir après l'Exposition[27].
L'ambitieux projet fut réduit à un pavillon de toile, sorte de tente ditepavillon des Temps nouveaux[28], soutenue par des pylônes d'acier, et située sur un terrain annexe de la porte Maillot[27].
Le Centre régional, situé à l'ouest du Champ-de-Mars, sur le quai de Seine, entre l'île aux Cygnes et la tour Eiffel, regroupe les pavillons de vingt-cinqrégions françaises.
Lespanneaux de la fontaine du « pavillon landais » se trouvent square des Anciens-Combattants àMont-de-Marsan.
Le peintreYvan Gallé a décoré le pavillon de la région Poitou. Il orna le pavillon d'une monumentalehuile sur toile de huit mètres sur deux, qui représente la côte Atlantique de Nantes à Bordeaux encadrée de deux galions[29] et intitulé logiquementLa côte Atlantique[30]. Le tableau a été vendu en 2008 chez Drouot.
Pierre-Gaston Rigaud réalise la fresqueLot et Garonne - Gers avec son filsJean pour le pavillon de Guyenne et de Gascogne et ils reçoivent une médaille d'or[31].
Le pavillon de la Normandie est dû, entre autres, auDieppoisGeorges Feray et auCoutançaisAndré Robinne.
Le pavillon de la Bretagne se trouve le long des berges de la Seine. Le bâtiment est dessiné par l'architecte rennaisCharles Coüasnon[32] et la scénographie des salles est deJoseph Gauthier,Louis Garin,Jacques Motheau etRené-Yves Creston. Le portail en ferronnerie parEdgar Brandt a été conservé et se trouve maintenant à Rennes, à l'entrée de la Chambre de métiers et de l'artisanat d'Ille-et-Vilaine[33]. Il accueille unemappemonde de faïence de 1,60 m de diamètre réalisée par René-Yves Creston. À la fin de l'exposition, le pavillon est démonté, et remonté en 1938 àSeraincourt (Val-d'Oise) pour servir de mairie[34].
Le Centre des métiers, situé à l'est du Champ-de-Mars, sur le quai de Seine à l'emplacement actuel dumusée du quai Branly, regroupe :

Un grand nombre d'entreprises et de corporations françaises, publiques et privées, mais aussi étrangères, possèdent un pavillon :
L'Exposition permet la construction du premierplanétarium de France, alors que ce type d'installation existe depuis une dizaine d'années, par exemple àStockholm ouChicago. À la suite d'un débat portant sur son emplacement, il n'est finalement pas intégré au sein du complexe de pavillons mais positionné dans le parc d'attractions[35]. Il est dirigé parReysa Bernson, une astronome ayant consacré une intense activité à l'éducation astronomique notamment de la jeunesse. Il accueille 800 000 visiteurs en six mois, et ce succès contribue à l'installation d'autres planétariums en France dans les années ultérieures[36].
Construit en 1911, leSanta-Maria est un trois-mâts goélette conçu pour la pêche à la morue sur les bancs deTerre-Neuve. En 1933, après 22 campagnes de pêche, il est mis en vente et est acheté par l'armateur François Dauphin, qui le transforme en musée flottant de la Grande Pêche[37]. Musée itinérant, le navire est d'abord démâté àRouen, afin de lui permettre de passer sous les ponts parisiens, puis est remorqué jusqu'àParis en vue de l'Exposition universelle, où il est amarré auquai d'Orsay près dupont Alexandre-III[37]. À l'intérieur sont présentés des objets et des photographies associés à la Grande pêche, mais également quatorzedioramas réalisé par le peintre de marineRoger Chapelet.


Haut de 54 mètres, couronné d'un aigle tenant unecroix gammée dans ses serres, le pavillon de l'Allemagne a été conçu parAlbert Speer, architecte en chef duParti nazi et futurministre des Armements duReich, et aménagé intérieurement par Woldemar Brinkmann. Il a fallu des tonnes de matériaux et un nombre impressionnant d'ouvriers allemands venus par trains entiers d'outre-Rhin pour construire ce mastodonte d'acier recouvert de pierre. Les maquettes du pavillon sont visibles sur le site de la médiathèque de l'architecture et du patrimoine de Paris[38].
« Comment imaginer, devant la pauvreté architecturale de ce néo-classicisme factice et grandiloquent que l'Allemagne était encore, il y a peu de temps, la patrie duBauhaus[8]. »
« Le Pavillon duIIIe Reich est un des deux pavillons vedettes, énormes, qui se font face comme un défi : le pavillon de l'Allemagne surmonté d'un aigle énorme, livré aux mains de l'architecteAlbert Speer en contradiction avec l'inventivité duBauhaus[39], et le pavillon de l'URSS deBoris Iofane, prototype de l'architecte stalinien que domine un gigantesque couple musclé brandissant une faucille et un marteau[26]. »
Des années après l'exposition, Speer dira dans ses mémoires : « Les emplacements étaient répartis de telle manière que le pavillon allemand et le pavillon soviétique devaient se faire face, trait d’ironie de la direction française de l’Exposition. Le hasard voulut qu’au cours d’une de mes visites à Paris, je m’égare dans une salle où se trouvait la maquette secrète du pavillon soviétique. Sur un socle très élevé, une sculpture d’une dizaine de mètres de hauteur s’avançait triomphalement vers le pavillon allemand. Voyant cela, je conçus un cube massif, rythmées par de lourds pilastres, paraissant arrêter cet assaut, tandis que, du haut de la corniche de ma tour, un aigle, la croix gammée dans ses serres, toisait du regard le couple soviétique »[40].
Devant le pavillon, deux ensembles de sculptures, l'unLa Camaraderie à gauche et l'autre,La Famille à droite, sont les œuvres deJosef Thorak, Autrichien, sculpteur officiel du Reich[41]. Elles sont fondues en 1949[42].
La présentation deGuernica a lieu dans le pavillon de laSeconde République espagnole, mais elle n'est pas célébrée comme une réussite. La réception de cette œuvre est fort mauvaise, car la plupart des œuvres récentes du peintre étaient inconnues du grand public. D'autre part, les dirigeantsrépublicains espagnols jugeaient l'œuvre« anti-sociale, ridicule, et tout à fait inadéquate à la saine mentalité du prolétariat. Il fut même question de la retirer du pavillon. Elle fut jugée formaliste par les communistes[43] ».Aragon fit état de sa réserve, et la pire critique vint deClement Greenberg, alors marxiste :« Cette immense peinture fait penser à un fronton portant une scène de bataille, qui serait passé sous un rouleau compresseur en mauvais état[44]. »
Calder expose, devantGuernica, laFontaine de mercure, une fontaine perpétuelle dans laquelle coule dumercure, actuellement conservée à lafondation Miró, en hommage auxmineurs des mines demercure de laville espagnole d'Almadén qui résistaient alors aufranquisme[45],[46].Juan Navarro Ramón expose une toile intituléeTe vengaremos, aujourd'hui conservée àBarcelone aumusée national d'Art de Catalogne. Joan Mirò affirmera son opposition à Franco en réalisant un pochoir-afficheAidez l'Espagne, ainsi qu'un grand panneau intituléEl Segador (le Faucheur), incarnation de la révolte des paysans catalans[47].
Son concepteur est le designerAlvar Aalto[48]. Les architectes français collaborateurs d'Aalto sont :Albert Drouet[49]Alphonse Jouven[50], Bier et Éric Bagge[51]. Alvar Aalto fait partie avecLe Corbusier ducongrès international d'architecture moderne (CIAM) qui se tient cette même année à Paris[27].

Le pavillon du Comité de la Terre d'Israël, dont le fronton portait « Pavillon d'Israël en Palestine » présentait des documents sur la structure politique et sociale de la patrie juive de Palestine, sur le développement économique, l'agriculture, l'industrie, la vie intellectuelle, les recherches techniques et le tourisme. Il y était évoqué les figures de LordArthur Balfour, deDizengoff, le fondateur deTel Aviv, du baronEdmond de Rothschild et du poèteHaïm Nahman Bialik[52].

Le pavillon du Portugal, alors connu sous le nom d'Estado Novo pendant lerégime salazariste, fut imaginé et créé par l'architecte, photographe et peintre portugaisFrancisco Keil do Amaral[53]. Ce dernier a souhaité conciliermodernisme ettraditionalisme, en montrant que la production du pays avait su évoluer sans que le progrès industriel n'anéantisse l'héritage culturel et ancestral portugais, représenté à travers la mise en avant de divers objets typiques de l'artisanat de chaquerégions du Portugal. Le pavillon a été officiellement inauguré le[54] sous le nom « Pavillon des Temps Nouveaux » (Pavilhão dos Novos Tempos) et António Ferro en fut lecommissaire d'exposition[55]. Le pavillon aborde une forme compacte avec des touches Art déco et symétriques, avec des balcons à l'étage supérieur et un large couloir au rez-de-chaussée. Son volume est plus élevé dans le bloc central et le tout est marqué par lesarmoiries du Portugal, couronnées par de fines colonnades où sont dépeintes des croix du Christ, qui se fondent dans un jeu de lignesperpendiculaires[56][réf. à confirmer].
Le bâtiment se trouvait juste à côté de celui de l'Allemagne, en bord du quai de la Seine où était ancré des reproductions derabelo, des barques qui transportent les tonneaux de vin duporto sur leDouro, tout en côtoyant diverses terrasses et esplanades[57]. L'intérieur du pavillon abritait une salle descolonies portugaises, une salle d'exposition sur l'artisanat, une salle sur les découvertes scientifiques récentes ainsi que sur la synthèse des produits agricoles et d'une salle sur le tourisme. Dans le salon d'honneur trônait une statue duprésident de la République portugaise, le généralÓscar Carmona. En 1942, le régime portugais remettra le pavillon à l'honneur avec un film commémoratif et documentaire d'António Lopes Ribeiro[58],[59].

« Il est construit dans le style d'un décor de cinéma pompeusement artificiel qui entend rappeler les fastes de laRome antique[8]. »
On peut en voir plusieurs facettes sur le site de la médiathèque de l'architecture et du patrimoine[60]. Conçu parMarcello Piacentini, cette réalisation était, selon Hugo Delarbre, un succès en termes de propagande et un bel exemple de l'esthétique fasciste dans lestyle licteur[61]. Il est surmonté d'une statue équestre symbolisant le génie de l'Italie[62].
Le pavillon japonais, avec sa structure métallique légère ajourée de portiques et claustras élevée sur de fins pilotis et sa passerelle d'accès, a été réalisé parJunzō Sakakura, un disciple deLe Corbusier, qui deviendra le fer de lance du mouvement moderne au Japon, après avoir obtenu le Grand Prix de l'exposition pour ce pavillon national[63].

Construit par l'architecte luxembourgeois Nicolas Schmit-Noesen dans les jardins conçus par l’architecte paysagiste urbaniste Henry Luja[64], le pavillon du grand-duché du Luxembourg, d'une conception volontairement sobre dans ses lignes extérieures, met en valeur ses parties artistiques. Sa façade principale supporte un grand bas-relief réalisé par les artistes luxembourgeois Pierre Blanc, Kratzenberg, Nossbuch et Deitz.« La décoration de la porte principale est formée de figures allégorique représentant le travail de la terre, le travail du sous-sol et le travail du fer réalisées par Gustave Frémont »[65].
À l'intérieur, dans la salle d’honneur du pavillon, sur grand fond doré et gravé, se détache le portrait en pied deS.A.RMme la grande-duchesse de Luxembourg par le peintreHubert-Denis Etcheverry, entouré par quatre grandes peintures dePaul Jouve, qui revêtent les panneaux latéraux. Elles reproduisent quatre vieux châteaux forts :Vianden,Bourscheid,Esch-sur-Sûre etBourglinster (lb)[66].

Il fait face au pavillon de l'Allemagne. On ne trouve, dans cette architecture, aucune trace de la périodeconstructiviste russe. Le pavillon de l'URSS, long de 160 m, a été conçu parBoris Iofane[67] etVera Moukhina, qui a réalisé la sculpture. Il a une façade recouverte de marbre sur laquelle est inscrit « 1917-1937 » pour bien marquer que l'histoire de ce pays a commencé il y a vingt ans[8].
Le film soviétiqueLes Marins de Kronstadt deEfim Dzigan a reçu le grand prix de l'Exposition[68].
500 ouvrages sont exposés dans le pavillon, destinés à relayer l'idéologie soviétique dans les domaines économiques, technologiques, artistiques ou encore pédagogiques[69].

Le pavillon de l'URSS est surmonté du groupe sculptéL'Ouvrier et la Kolkhozienne (taille 25 m) deVera Moukhina qui, après l'exposition, a été exposé sur un piédestal auCentre panrusse des expositions àMoscou[70]. En 2007, le gouvernement russe décide de créer une reproduction du pavillon soviétique, en y replaçant la sculpture, reproduction inaugurée en2009[71].
Les statues en béton destinées à l'ornement du pavillon soviétique furent déplacées auchâteau de Baillet, puis détruites pendant l'Occupation et les morceaux déposés après guerre dans la glacière du parc. Redécouvertes en 2004, elles sont restaurées et présentées au public en 2010 auparc de la Villette[72].
Lors de l'exposition se tient unCongrès international des activités féminines[73].
Une expositionConstantin Guys est organisée aumusée des Arts décoratifs, parArmand Dorville[74].
L'Exposition est un moment attendu avec ferveur, si l'on en croit la presse de l'époque. Plusieurs numéros du magazineRegards en font leur sujet principal au printemps 1937 : la préparation de l'Exposition, de jour comme de nuit, fait ainsi la une et le sujet de plusieurs pages dans le numéro du 8 avril 1937. Il en est encore question dans celui du 15 avril. Le 20 mai 1937, Regards consacre à nouveau plusieurs pages à l'Exposition, présente les principaux bâtiments et offre un plan à ses lecteurs. L'Exposition fait encore la une du numéro suivant (27 mai 1937)[75].
Le cinéma n'est pas en reste : l'Exposition est le sujet d'un film sonore de 21 minutes produit par Les Films Populaires[76], à la teneur très politique sous couvert d'une présentation « touristique » des pavillons (l'aigle surmontant le pavillon allemand est montré comme le symbole de la menace hitlérienne, tandis que la statue équestre de Mussolini est tournée en ridicule). L'Exposition est encore au centre de deux films emblématiques du Front Populaire (Le Temps des cerises[77], deJean-Paul Le Chanois, etLes Bâtisseurs[78], deJean Epstein, sortis respectivement en 1937 et 1938), ainsi que de la comédie policière belgeLes Gangsters de l'expo, d'Émile-Georges De Meyst (1937).
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