Le sol de Mars photographié parViking 1 en 1975.Burns Cliff, affleurement rocheux à l'intérieur du cratèreEndurance photographié par leroverMEROpportunity en 2004.Autoportrait deCuriosity pris en 2012 dans lecratère Gale.
L’exploration dusystème martien, qui comprend la planèteMars etses deux satellites, tient une place particulièrement importante dans les programmes scientifiques d'exploration duSystème solaire des principales puissances spatiales. En 2016, plus de quarantesondes,orbiteurs etatterrisseurs ont été envoyés vers la planète depuis le début des années 1960. Cet intérêt répond à plusieurs motivations. Mars constitue d'abord une destination proche, ce qui permet d'y envoyer relativement facilement des engins spatiaux. Par ailleurs, contrairement aux autres planètes du Système solaire, Mars a sans aucun doute connu par le passé des conditions assez proches de celles régnant sur Terre qui ont pu permettre l'apparition de la vie — ce qui reste à confirmer. Depuis l'invention dutélescope, cetteplanète tellurique intrigue les scientifiques comme le grand public. Le premier survol de Mars par la sonde américaineMariner 4 (1964) dévoile une planète beaucoup moins accueillante qu'imaginé, dotée d'uneatmosphère très ténue, sans champ magnétique pour la protéger des rayonnements stérilisants du Soleil et comportant unesurface d'apparence lunaire très ancienne. Toutefois, les observations plus poussées menées par l'orbiteurMariner 9 (1971) montrent que Mars présente en fait unegéologie plus complexe, dont témoignent des traces devolcanisme et des formes peut-être façonnées par deseaux de surface.
Mars a été l'un des enjeux de lacourse à l'espace, affrontement pacifique entre lesÉtats-Unis et l'Union soviétique à l'époque de laguerre froide. L'URSS parvient la première à poser sur le sol de la planète l'atterrisseurMars 3 (1971), mais celui-ci ne survit que vingt secondes. Les deux atterrisseurs américains duprogrammeViking accompagnés par des orbiteurs, qui arrivent sur Mars en 1976, se caractérisent par leur longévité et fournissent une moisson d'informations sur la planète : composition de l'atmosphère,météorologie martienne, premières analyses du sol martienin situ. Une tentative de détection d'unevie microbienne au moyen d'un mini laboratoire embarqué ne fournit pas de résultat déterminant. Durant les vingt ans qui suivent, plus aucune mission n'est lancée vers Mars. Dès cette époque, des projets de missions spatiales habitées sont élaborés. Mais le défi technique et financier soulevé par une telle mission reste dans les années 2010 hors de portée des capacités desagences spatiales les mieux dotées.
Les années 1990 voient la reprise des missions d'exploration de Mars, donnant des résultats contrastés. Pas moins de sept sondes spatiales sont perdues : les deux sondes spatiales duprogramme soviétiquePhobos (1988) lancées vers le satellite naturelPhobos, la sonde de la NASAMars Observer (1992), la sonde soviétiqueMars 96 (1996) développée avec une forte participation européenne, les sondes américainesMars Climate Orbiter (1998) etMars Polar Lander (1998) et enfin la sonde japonaiseNozomi (1998). La NASA connaît toutefois deux succès, l'un essentiellement technologique grâce au petitastromobileSojourner déposé sur le sol martien parMars Pathfinder (1996) et l'autre, scientifique, à travers l'orbiteurMars Global Surveyor (1996), qui collecte des données détaillées sur la planète durant neuf ans. Ce dernier détecte la présence de minéraux qui prouvent que Mars n'a pas toujours été la planète aride que l'on connaît aujourd'hui.
Les années 2000 sont beaucoup plus fructueuses. Au début de cette décennie, la NASA développe plusieurs missions à budget modéré dont l'objectif principal est la recherche de la présence passée et présente d'eau. Ce sont les orbiteurs2001 Mars Odyssey etMars Reconnaissance Orbiter (2005), les deuxroversMER (2003) et l'atterrisseurPhoenix (2007), qui se posent sur lacalotte polaire. L'ensemble des informations recueillies complétées par celles de l'orbiteur européenMars Express (2003) permettent d'esquisser une histoire géologique et climatique de Mars et de préparer la mission particulièrement ambitieuse et coûteuse duroverMars Science Laboratory lancé en 2011. Celui-ci, doté d'une instrumentation scientifique sophistiquée, doit réaliser une étude géologique et minéralogique très poussée qui pourrait permettre de détecter indirectement la présence passée d'unevie sur Mars. Mais cette période est également marquée par l'abandon du projet deretour d'échantillon martien, stoppé pour des raisons techniques et financières, et de celui du réseau de stations météorologiquesMetNet. Malgré larécession économique qui limite les budgets de l'exploration spatiale à partir de 2011, Mars reste une destination très visitée, notamment par les orbiteursMAVEN (étude des mécanismes qui entraînent la disparition de l'atmosphère martienne) etMars Orbiter Mission lancés en 2013, l'orbiteurExoMars Trace Gas Orbiter qui remplit une mission analogue àMAVEN en 2016, l'atterrisseurInSight chargé d'étudier lastructure interne de la planète, ainsi que lesrovers européenExoMars en 2018 etMars 2020 en 2020, ce dernier étant chargé de préparer une future mission de retour d'échantillons sur Terre.
Mars est une planète qui fascine les humains depuis longtemps. Les premières observations au télescope révélèrent des changements de couleur àsa surface, faisant penser à de la végétation qui évoluait selon les saisons. De même,Giovanni Schiaparelli crut voir en 1877 descanaux suggérant l'existence d'une vie intelligente. Ces interprétations suscitèrent rapidement un vif intérêt du public pour la « planète rouge ». Plus tard, les observations des deux lunes,Phobos etDéimos, des calottes polaires, d'Olympus Mons (la plus haute montagne connue duSystème solaire) et deValles Marineris (le plus grand canyon jamais observé) maintinrent l'intérêt pour l'étude et l'exploration de celle-ci.
Mars est uneplanète tellurique qui s'est formée en même temps que laTerre. Elle ne fait cependant que la moitié de sa taille, ne possède qu'unetrès fine atmosphère et sa surface est froide et désertique.
Les missions spatiales firent régulièrement progresser notre connaissance de la planète. En 2015, les buts fixés à l'exploration de Mars par le groupe de travail scientifiqueMars Exploration Program Analysis Group(en) (MEPAG) de la NASA étaient les suivants[1] :
déterminer siMars a abrité la vie à un moment ou un autre de son histoire. S'il y a eu de la vie, s'est-elle répandue partout et peut-elle encore exister ? Des réactions chimiques ont-elles formé des molécules prébiotiques et ont-elles abouti à des structures réplicatives (vivantes) ? ;
comprendre les processus et l'histoire duclimat martien. A-t-elle eu une atmosphère primitive suffisamment dense pour que de l'eau liquide ait pu couler à sa surface ? Quelles ont été les raisons de l'évolution climatique de Mars ? ;
comprendre les origines et l'évolution dusystème géologique martien. La planète est-elle toujours géologiquement active ? En quoi sa structure diffère-t-elle de celle de la Terre ? Pourquoi ces deux planètes ont-elles subi des évolutions si différentes ? ;
préparer l'exploration humaine de Mars. De quelles ressources naturelles pourraient disposer de futurs explorateurs humains ?
Les scientifiques considèrent généralement que les conditions régnant à la surface de Mars étaient proches de celles de la Terre durant la première période de son histoire. Dans la mesure où la vie est apparue relativement tôt sur la Terre, il est possible que celle-ci ait également existé sur Mars. La découverte de la vie sur Mars aurait des répercussions importantes non seulement sur le plan scientifique mais également sociologique[2].
Déterminer si des traces de vie passée sont présentes dans l'environnement martien :
identifier les environnements habitables dans le passé et déterminer les conditions et les processus qui ont pu influencer leur nature et leur habitabilité[3] ;
évaluer les conditions et les processus qui ont pu influencer la préservation et la dégradation des bio-signatures et autres indices d'habitabilité. Identifier les dépôts spécifiques et autres conditions géologiques qui pourraient avoir préservé des bio-signatures[4] ;
déterminer si les bio-signatures d'un écosystème antérieur sont présentes[5].
Déterminer si des traces de vie actuelles sont présentes dans l'environnement martien :
identifier des environnements présentant actuellement un caractère habitable et définir les caractéristiques et les processus qui pourraient avoir une incidence sur le caractère habitable[6] ;
déterminer le potentiel de conditions ou processus spécifiques qui pourraient influer sur la visibilité ou la dégradation de signatures de vie actuelle[7] ;
déterminer si les bio-signatures d'un écosystème contemporain sont présentes[7].
Comprendre les processus et l'histoire du climat martien
La détermination de l'histoire du climat martien vise à comprendre comment le climat de Mars a évolué pour atteindre son état actuel et quels sont les processus qui sont à l'origine de ces changements. Le résultat de ces investigations a des applications à toutes les planètes dotées d'atmosphère dont la Terre[8].
Déterminer les caractéristiques du climat martien actuel et les processus associés :
identifier les processus qui contrôlent la distribution actuelle de la poussière, de l'eau et dudioxyde de carbone dans les basses couches de l'atmosphère sur une période d'une journée, d'une saison et de plusieurs années[9] ;
définir les processus qui contrôlent la dynamique et la structure thermique des couches hautes de l'atmosphère et de l'environnement plasmatique[10] ;
définir les processus qui contrôlent la composition chimique de l'atmosphère et de l'environnement plasmatique[11] ;
définir les processus qui contrôlent les échanges des volatils et de la poussière entre les réservoirs constitués par la surface de la planète et son atmosphère[12].
Déterminer l'histoire récente du climat martien actuel et les processus associés :
déterminer comment ont évolué la composition chimique et la masse de l'atmosphère martienne au cours du passé récent[13] ;
identifier les traces des changements climatiques récents présents dans les structures géologiques et minéralogiques des régions polaires[14] ;
identifier les traces des changements climatiques récents présents dans les structures géologiques et minéralogiques des régions situées à l'équateur et aux latitudes moyennes[15].
Déterminer les caractéristiques de l'ancien climat de Mars et des processus associés :
déterminer comment ont évolué la composition chimique et la masse de l'atmosphère martienne depuis les origines jusqu'à aujourd'hui[16] ;
identifier et interpréter les indices chimiques et physiques des périodes climatiques passées et les facteurs qui ont influé sur le climat[17] ;
déterminer le taux d'échappement atmosphérique actuel des éléments chimiques clés et déterminer les processus qui contrôlent celui-ci[18].
Comprendre les origines et l'évolution du système géologique martien
La connaissance de la composition, la structure et l'histoire est fondamentale pour comprendre globalement lesystème solaire mais fournit également des indications sur l'histoire de la Terre et les processus qui l'ont façonnée. Dans le système solaire, Mars a présenté par le passé ce qui se rapproche le plus de l'environnement terrestre. Lagéologie de Mars fournit un éclairage sur pratiquement toutes les conditions pouvant conduire à l'apparition de la vie et à sa préservation. L'étude de sa structure interne fournit des indications importantes sur de nombreux sujets comme l'énergie géothermique, les environnements primitifs des planètes et les sources des volatils[19].
Recenser les traces de l'histoire géologique de Mars préservées dans la croûte de la planète et en déduire les processus qui les ont créées :
identifier et caractériser les environnements géologiques présents et passés et les processus touchant la croûte planétaire[20] ;
déterminer les âges absolu et relatif des unités géologiques et des événements de l'histoire de Mars[21] ;
déterminer l'ampleur, la nature, la chronologie et l'origine des changements climatiques ayant affecté l'ensemble de la planète[22].
Déterminer la structure, la composition, la dynamique et l'évolution de la structure interne de Mars :
identifier et caractériser les manifestations des interactions entre la croûte et le manteau planétaire[23] ;
déterminer de manière quantitative l'âge et les processus d'accrétion, de différenciation et d'évolution thermique de Mars[24].
Identifier les indices de l'histoire de Mars préservés dans ses lunes :
déterminer la densité et le type desplanétésimaux situés dans le voisinage de l'orbite de Mars au moment de la formation de la planète et les implications concernant la formation des lunes de Mars[25] ;
déterminer le volume des impacteurs situés à proximité de Mars et les matériaux dont ils étaient constitués durant l'histoire de Mars à partir des traces laissées sur les lunes de la planète[26].
L'exploration spatiale non habitée de Mars peut permettre d'obtenir suffisamment d'informations sur les conditions régnant sur la planète pour mener une mission avec un équipage humain dans des conditions de coût, risques et performance acceptables[27]. Dans ce but, on peut considérer les objectifs de quatre types de mission.
Mission orbitale (et phase orbitale d'une mission en surface) :
déterminer les conditions atmosphériques pouvant avoir un impact sur les phases d'aérocapture ou d'aérofreinage d'un vaisseau spatial dimensionné pour une mission avec équipage (priorité élevée) ;
déterminer la densité et la taille des particules en orbite qui pourraient affecter la mise en orbite de vaisseaux cargo ou avec équipage (priorité moyenne).
Mission à la surface de Mars :
déterminer les caractéristiques de l'atmosphère de Mars qui pourraient affecter les phases derentrée atmosphérique de descente et d'atterrissage, les équipements au sol, lesastronautes, et le retour en orbite (priorité élevée)[28] ;
déterminer si l'environnement de Mars avec lequel l'équipage peut se retrouver en contact présente un risque biologique raisonnable et évaluer le risque présenté par le retour sur Terre d'échantillons martiens (priorité élevée)[29] ;
déterminer les régions de Mars présentant un intérêt scientifique important (régions spéciales selon la définition duCOSPAR) (priorité élevée)[30] ;
évaluer la résistance de systèmes de production de ressources (eau, air, carburant) in situ (ISRU) aux conditions rencontrées sur Mars en particulier à la poussière (priorité élevée)[31] ;
déterminer les risques liés à l'atterrissage et à la mise en place des équipements au sol dus aux caractéristiques particulières du sol martien : éjection de matériau par le souffle des moteurs à l'atterrissage, résistance du sol, obstacles à l'atterrissage, risques d'enlisement (priorité moyenne)[32] ;
déterminer les risques pour la santé ou les performances de l'équipage créés par le rayonnement ionisant et aux effets toxiques de la poussière martienne (priorité basse)[33].
Mission à la surface de Phobos ou Deimos :
déterminer les caractéristiques géologiques, géophysiques et la composition des lunes de Mars de manière à pouvoir définir les objectifs scientifiques d'une mission à leur surface, planifier les opérations et identifier les ressources disponibles (priorité haute)[34] ;
déterminer les conditions régnant à la surface des lunes de Mars et l'environnement bas autour de celles-ci pour concevoir le déroulement de leur mission : champ gravitationnel,régolithe, charges électrostatiques, plasma, etc. (priorité haute)[35].
Création d'un poste permanent à la surface de Mars :
déterminer les ressources en eau susceptibles d'être exploitées pour répondre aux besoins d'une mission de longue durée (priorité haute)[36].
La planète Mars est identifiée par les premiers astronomes de l'Antiquité : sa luminosité importante, son absence de scintillement (qui distingue les planètes des étoiles) et sa couleur rouge accentuée en font un objet particulièrement visible et remarquable. Les Grecs la baptisentArès (Mars dans lamythologie romaine), du nom du dieu de la guerre et plus généralement du désordre, car son mouvement leur semble particulièrement erratique (Mars, vu de la Terre, parcourt globalement lezodiaque d'est en ouest, mais semble rebrousser chemin avant de repartir dans le bon sens). C'est l'astronome allemandJohannes Kepler qui, après une étude de 8 ans des déplacements de la planète, parvient en 1609 à mettre sa trajectoire en équations, en établissant leslois de Kepler qui régissent le mouvement des planètes autour du Soleil. Dans les années 1670, les astronomesJean Richer depuis laGuyane etJean-Dominique Cassini depuisParis mesurent laparallaxe de Mars qui leur permet de déterminer la distance Mars-Terre, qui s'avère vingt fois plus grande que les estimations de l'époque[37].
L'envoi d'une mission vers Mars présente des difficultés techniques qui ont été progressivement surmontées permettant une sophistication croissante des missions. Mars est survolé pour la première fois par la sonde spatialeMariner 4 de laNASA tandis queMariner 9 réussit la première mise en orbite en 1971. Faire atterrir un engin spatial sur Mars nécessite de survivre à unerentrée atmosphérique puis d'effectuer un atterrissage en douceur sur un terrain souvent peu propice. Le premieratterrissage est réussi en 1971 par la sonde soviétiqueMars 3, mais ce sont les deux engins américainsViking qui parviennent à déposer en 1976 sur le sol martien unecharge utile scientifique significative. Le pilotage sur le sol martien d'un engin mobile soulève d'autres problèmes liés principalement à la distance qui ne permet pas à des opérateurs de diriger ces engins comme sur la Lune. Le premierastromobile (rover) s'est posé sur Mars en 1997 avecPathfinder/Sojourner (NASA) mais la distance franchie est très faible. Il faut attendre 2004 pour que des engins dotés d'une réelle autonomie, lesrovers de la NASASpirit etOpportunity, débutent avec succès une mission ambitieuse.
La prochaine étape consistera àramener un échantillon du sol martien sur Terre. Une mission de ce type se situe à la limite des capacités techniques actuelles car il faut poser une masse particulièrement importante sur le sol martien puis parvenir à lancer depuis la surface une fusée assez puissante pour s'extraire du puits gravitationnel martien. Les moyens financiers nécessaires sont largement supérieurs à tous ceux requis jusque-là par une mission martienne et aucune mission de ce type n'est programmée et ne sera lancée avant 2020.
Distance Terre-Mars et fenêtres de lancement (ici pour les années 2012-2024, tels que planifiés en 2022).
Une sonde spatiale ne peut rejoindre en ligne droite Mars. Le choix de sa trajectoire et, de manière liée, sa date de lancement sont contraints par les règles de lamécanique spatiale. En fonction des positions respectives de Mars et de la Terre autour du soleil, lesfenêtres de lancement sont rares : on ne peut envoyer d'engins vers Mars que tous les deux ans (26 mois exactement), sur des périodes relativement courtes :
Mars se déplace sur une orbite située à l'extérieur de celle de la Terre et sur le même plan que celle-ci. Sa distance avec la Terre varie fortement : lorsqu'elle se situe derrière leSoleil vu de la Terre, elle se trouve à 400 millions de kilomètres (plus de mille fois la distance Terre-Lune parcourue en trois jours par les astronautes du programmeApollo), tandis qu'elle n'est éloignée que de 56 millions de kilomètres lorsqu'elle occupe sa position la plus proche de la Terre ;
la trajectoire qui consomme le moins de carburant consiste à lancer le vaisseau sur uneorbite elliptique qui tangente l'orbite terrienne au départ et l'orbite martienne à son arrivée (orbite de Hohmann). Cette trajectoire ne peut être parcourue dans un temps et avec une dépense d'énergie raisonnables que lorsque Mars est enopposition avec la Terre. Cette configuration se reproduit à peu près tous les26 mois. Le temps mis par un vaisseau pour parcourir le trajet Terre-Mars dans la configuration la plus favorable tout en minimisant la consommation de carburant est de258 jours. En dépensant relativement peu de carburant supplémentaire, on peut faire chuter cette durée à180 jours.
Le vol interplanétaire de la sonde spatialeMSL : un exemple typique de transit entre la Terre et Mars.
Schéma 1 : trajectoire d'entrée de plusieurs sondes martiennes.
Pour faire atterrir une sonde spatiale sur le sol martien, il est nécessaire d'annuler la vitesse que celle-ci va acquérir automatiquement en plongeant vers le sol martien. Si la sonde s'est mise auparavant enorbite basse autour de Mars, elle doit décélérer d'environ4,1km/s. Dans le cas général pour économiser du carburant, l'atterrisseur en provenance de la Terre plonge directement vers le sol martien et sa vitesse est comprise pour les missions américaines entre 4,5 (sondesViking) et7,5km/s (Mars Pathfinder). Pour annuler cette vitesse, il existe plusieurs méthodes qui sont en pratique combinées :
l'aérofreinage utilise les forces detraînée c'est-à-dire le frottement de l'atmosphère. C'est ce que font les vaisseaux habités qui reviennent sur Terre en décélérant légèrement ce qui fait décroître leur orbite de manière à entamer le processus. L'atmosphère fait alors tout le travail et la seule pénalité en poids est constituée par la masse dubouclier thermique qui protège le vaisseau de l'élévation de température très forte durant la phase de freinage (la masse de ce bouclier peut être néanmoins significative). Cette méthode peut être utilisée à toutes les vitesses ;
l'utilisation d'un parachute ne permet de réduire la vitesse qu'à partir du moment où celle-ci se situe autour de Mach 1. Par ailleurs, elle n'est pas suffisante pour poser la sonde sur le sol car la vitesse résiduelle est trop importante (a fortiori sur Mars à l'atmosphère ténue) et cette phase de vol passif ne permet pas d'éviter une zone d'atterrissage parsemée d'obstacles ;
on peut également annuler la vitesse en ayant recours à lapoussée demoteurs-fusées. Cette solution est extrêmement coûteuse car elle nécessite de consacrer une grande partie de la masse du vaisseau au carburant utilisé. La masse qui doit être sacrifiée est proportionnelle à la gravité de la planète : poser sur la Lune le moduleApollo sacrifie ainsi la moitié du poids du vaisseau au profit du carburant avec une vitesse à annuler trois fois plus faible que sur Mars. Si on a recours à la méthode coûteuse consistant à utiliser des moteurs-fusées sur une partie significative du vol (pour produire une décélération comprise entre 0,9 et1,4km/s, 20 à 30 % de la masse du vaisseau est sacrifiée au profit du carburant selon l'étude de Braun et Manning), sa mise en œuvre est difficile car, à vitessehypersonique, l'éjection des gaz des moteurs perturbe l'écoulement aérodynamique[41] ;
pour poser la sonde sur le sol sans l'endommager, plusieurs techniques ont été utilisées : dans le cas d'un atterrisseur fixe, recours aux moteurs fusées solidaires de la sonde, utilisation decoussins gonflables (« Airbags ») ou recours à un étage grue à la manière du robotMars Science Laboratory (MSL).
La densité très faible de l'atmosphère de Mars (1 % de celle de la Terre) la place, pour le scénario de descente, dans une situation intermédiaire entre la Terre et la Lune. Le robotMars Science Laboratory, qui a atterri sur Mars le, est obligé de recourir à des moteurs pour se freiner à partir de l'altitude de 1 500 mètres. Le problème devient d'autant plus aigu que la charge à poser est lourde. Le deuxième problème soulevé par la faiblesse de la traînée atmosphérique sur Mars est que la vitesse ne devient inférieure àMach 1 que lorsque le vaisseau est très près du sol : le vaisseau dispose de très peu de temps pour modifier le site d'atterrissage si la trajectoire du vaisseau l'amène sur une zone parsemée d'obstacles ou le conduit à une trop grande distance du lieu visé. La précision de l'atterrissage obtenue est de quelques kilomètres pour le robotMSL qui a recours aux techniques les plus pointues. De plus, cette contrainte interdit l'atterrissage sur des zones situées à des altitudes trop élevées car la couche de l'atmosphère traversée est d'autant plus réduite que l'altitude est élevée (soit près de 50 % de la superficie de Mars)[41].
Des recherches sont menées à la NASA pour améliorer l'efficacité du freinage dans une atmosphère peu dense. Différentes techniques sont à l'étude[42] :
bouclier thermique gonflable offrant une surface de freinage beaucoup plus importante dans la phase haute de la descente[Note 1],[43] ;
structure en forme d'anneau gonflable en remorque du vaisseau à la manière d'uneancre flottante durant la phase haute du vol ;
ballute (croisement entre un parachute et un ballon) déployé avant l'entrée dans l'atmosphère martienne et travaillant également à la manière d'une ancre flottante ;
parachute de très grande dimension (près de90 mètres de diamètre pour un module pesant50 tonnes) déployé alors que le vaisseau est à vitesse hypersonique.
Comparaison des performances des différents atterrisseurs martiens américains[44]
Un engin spatial fixe à la surface de Mars ne peut étudier que son environnement immédiat. Une fois maîtrisée la technique de l'atterrissage, l'étape suivante est de disposer d'un engin capable de se déplacer pour aller étudier d'autres sites comme lesLunokhod déposés par les Soviétiques sur la Lune au début des années 1970. Cet objectif soulève plusieurs problèmes. Il faut à la suite de l'atterrissage que l'astromobile (ourover) puisse quitter l'engin spatial qui l'a amené au sol, ce qui suppose des mécanismes destinés à libérer le rover puis à lui donner accès au sol dans toutes les configurations de terrain envisageables. À charge scientifique identique, lerover ajoute une masse importante alors que celle-ci est restreinte comme il a été vu plus haut. Enfin, le pilotage d'un robot sur une planète au sol accidenté dont l'éloignement ne permet pas un système de téléprésence nécessite la mise au point de logiciels sophistiqués de reconnaissance de forme et de pilotage.
Les soviétiques se lancent dans l'exploration deMars dès octobre 1960, trois ans seulement après le lancement réussi du premiersatellite artificielSpoutnik 1. Mais durant quatre ans, ils ne cesseront d'essuyer des échecs. L'agence spatiale américaine, la NASA, qui ne dispose pas à ses débuts de lanceurs suffisamment puissants, ne lance ses premières missions vers Mars que quatre ans plus tard avec leprogrammeMariner. Ces premières tentatives sont couronnées de succès avec les toutes premières images de la planète rouge envoyées en juillet 1965 parMariner 4.
Timbre soviétique de 1964 représentant la sondeMars 1.
Dès 1960, l'Union soviétique, qui, contrairement aux États-Unis, dispose déjà à cette époque des lanceurs puissants requis pour des missions d'exploration interplanétaire, envoie deuxsondes spatiales versMars. Leur objectif est de photographier la surface de la planète mais également d'étudier le milieu interplanétaire et ses effets sur les équipements embarqués. Mais les deux tentativesMarsnik 1 (Mars 1960A) lancé le etMarsnik 2 (Marsnik 1960B) lancé quatre jours plus tard échouent à la suite de défaillances du lanceur. En 1962, trois nouvelles tentatives sont effectuées. Le,Spoutnik 22 (aussi nommé Mars 1962A) explose au cours de la manœuvre d'insertion en orbite terrestre.
Huit jours plus tard,Mars 1, qui doit survoler Mars afin de prendre des images de sa surface et transmettre des données sur sa structure atmosphérique ainsi que sur le rayonnement cosmique, réussit à échapper à l'attraction terrestre mais, alors qu'elle est à mi-distance de son objectif, la sonde interrompt subitement ses communications. Le, alors qu'aucun survol de la planète n'a jamais réussi, nia fortiori la moindre mise en orbite,Spoutnik 24 (Mars 1962B) emporte le premier atterrisseur jamais conçu. Là encore, la mission avorte, l'injection sur une orbite de transit ayant échoué. En 1964, l'URSS fait une ultime tentative avecZond 2, le afin de devancer au dernier moment la sonde américaineMariner 4, partie deux jours plus tôt (lire ci-dessous). Mais c'est un nouvel échec : le lancement est réussi mais la communication est perdue alors que la sonde fait route vers Mars.
La première fusée américaine à disposer d'une capacité suffisante pour lancer des sondes interplanétaires est l'Atlas-Agena. Celle-ci est utilisée pour la première fois en 1962 pour lancer versVénus deux sondes spatialesMariner. Vénus constitue en effet une cible plus facile que Mars qui est à la fois plus éloignée du Soleil et de la Terre. Une sonde martienne nécessite une meilleure isolation thermique, une redondance plus poussée (compte tenu de la durée du transit) et un équipement radio plus puissant[45].
Le, le lancement deMariner 4 est un succès et la sonde entame son voyage de huit mois vers Mars. Le,Mariner 4 survole Mars et fournit les premières images détaillées de sa surface. Les22 photos d'une qualité moyenne qui sont prises, couvrent environ 1 % de la superficie de Mars : elles révèlent un paysage de type lunaire couvert decratères d'impact qui d'après leur aspect remontent à une période comprise entre deux et quatre milliards d'années. En apparence la planète ne connaît et n'a connu aucun phénomène d'érosion qui trahisse la présence d'eau. La partie photographiée ne présente par ailleurs aucun relief, montagne ou vallée. Cette vision déprimante met fin aux spéculations d'une Mars planète jumelle de la Terre popularisée par des auteurs de fiction commeEdgar Rice Burroughs etH.G. Wells. La pression atmosphérique mesurée est tellement faible (4,1 à7,0millibars, soit 0,5 % decelle de la Terre) que les scientifiques émettent l'hypothèse que les calottes polaires ne sont pas couvertes de glace d'eau mais dedioxyde de carbone. La température de surface mesurée,−100°C, est également beaucoup plus basse que prévu. Enfin, aucunchamp magnétique n'est détecté alors que l'existence de celui-ci est une condition indispensable pour permettre à des êtres vivants de survivre en surface[Note 3],[46].
Les canyons de Noctis Labyrinthus photographiés parMariner 9.
Pour lafenêtre de lancement suivante, en, la NASA décide, pour des raisons budgétaires, de ne pas tenter un atterrissage mais de lancer deux orbiteurs chargés d'étudier de manière systématique la surface de Mars en particulier les calottes polaires et certaines formations détectées sur les photos prises en 1969 qui s'écartent du modèle lunaire. Ces engins sont nettement plus lourds (près d'une tonne) car ils emportent unerétrofusée pour la mise en orbite autour de Mars ; ils sont désormais lancés par desfuséesAtlas Centaur. La première,Mariner 8, est lancée le mais elle est victime d'une défaillance de son lanceur. Ce qui réjouit les Russes car deux jours plus tard, le 10, ils lancent en secret un engin baptiséCosmos 419, dans le but de concurrencer les Américains. Mais eux aussi connaissent l'échec car leur fusée ne parvient pas à quitter l'orbite terrestre. C'est finalementMariner 9, lancée trois semaines plus tard, le, qui va devenir le le premiersatellite artificiel d'une autre planète que la Terre.
À la suite des échecs des missions martiennes de 1969, les soviétiques décident d'abandonner laplateforme M-69 pour le modèle 3M développé par les ingénieurs du bureau d'étudesLavotchkine. Celle-ci deviendra la plateforme standard pour l'exploration du système solaire jusqu'au milieu des années 1980. Lafenêtre de lancement de 1971 offre une occasion exceptionnelle car les positions respectives de Mars et de la Terre sont dans une configuration qui ne se reproduit que tous les 15 à17 ans et qui permet aux lanceurs d'envoyer vers Mars des engins de masse bien plus importante. La masse des nouvelles sondes spatiales en forme de champignon atteint ainsi4,5 tonnes[50].
Un orbiteur et deux atterrisseurs sont programmés par les soviétiques en 1971 comme cela se pratique à cette époque en raison de la faible fiabilité des lanceurs et des engins spatiaux. Le lancement de l'orbiteurCosmos 419 le est un échec mais les deux atterrisseurs sont placés avec succès sur une orbite de transit vers Mars le (Mars 2 et le 28 maiMars 3[51]). Le premier arrive en vue de Mars le 27 novembre où il a été précédé par la sonde spatialeMariner 9 arrivée deux semaines plus tôt. Les Soviétiques espèrent au moins que l'atterrisseur va remplir sa mission mais, ayant pénétré dans l'atmosphère sous uneincidence trop élevée, celui-ci traverse l'atmosphère martienne avec une vitesse trop élevée et s'écrase sur le sol avant d'avoir pu ouvrir son parachute, devenant le premier objet humain à parvenir jusque-là.Mars 3 parvient sans encombre jusqu'à Mars et l'atterrisseur est largué par sonvaisseau mère le et se pose près deSirenum Fossae. L'atterrisseur devait immédiatement après son atterrissage effectuer un panorama du site à l'aide d'une caméra similaire à celle utilisée par les engins lunaires soviétiques comportant un miroir rotatif pour balayer l'horizon. Selon les soviétiques, un signal est reçu durant 14,5 secondes par le vaisseau mère avant d'être interrompu définitivement. Après traitement des signaux sur Terre, l'image ne se révèle être que du bruit. Les soviétiques émettent l'hypothèse que la sonde spatiale s'est peut être enfoncée dans des sables très fins ou que les conditions météorologiques ont contrarié la qualité de la transmission alors que les pays occidentaux soupçonnent l'Union soviétique de vouloir seulement marquer des points dans la course à l'Espace quitte à travestir les faitsUlivi.
Fin juillet 1973 s'ouvre une nouvelle fenêtre de tir vers Mars. Alors que les Américains n'ont programmé, pour des raisons budgétaires, aucune mission, les Soviétiques ne lancent pas moins de quatre sondes spatiales :Mars 4 etMars 5 sont des orbiteurs tandisMars 6 etMars 7 sont des atterrisseurs. Celles-ci sont de masse beaucoup moins élevées (environ 3,3 à 3,5 tonnes contre 4,5 tonnes) du fait d'une configuration des planètes beaucoup moins favorable. La livraison de composants électroniques défectueux est détectée avant le lancement mais les ingénieurs n'ont pas le temps de les remplacer avant le lancement. Il en découle des défaillances qui ne permettront pas àMars 4 etMars 7 de remplir leurs objectifs.Mars 5 connaît un succès partiel, transmettant60 images avant de subir une avarie, en mars 1974.Mars 6 constitue donc l'ultime chance pour les Soviétiques de transmettre les premières images du sol martien. Le, pendant les premiers temps de sa descente, l'engin émet correctement. Mais les transmissions sont interrompues moins de trois minutes après l'ouverture des parachutes, au moment où lesrétrofusées doivent être mises en marche. L'origine de l'anomalie ne sera jamais identifiée[52].
Première image transmise de la surface deMars parViking 1 quelques minutes après son atterrissage.
En 1975, deuxsondes américaines sont envoyées vers Mars,Viking 1 le etViking 2 le, composées chacune d'un satellite d'observation et d'un module d'atterrissage. Les orbiteurs doivent réaliser une cartographie précise de la surface de Mars tandis que les atterrisseurs sont conçus pour détecter une éventuelleforme de vie élémentaire. Au bout d'un voyage de dix mois, les deux sondes parviennent à se placer sur leur orbite. Le,Viking 1 Lander est détaché de son module orbital. Après une descente de quelques heures, il touche le sol martien à l'ouest deChryse Planitia et transmet ses premières images.Viking 2 Lander atterrit quant à lui le à200 kilomètres à l'ouest ducratère d'impact Mie situé dansUtopia Planitia.
Même si aucune forme de vie n'est détectée, leprogrammeViking est une réussite totale, car les engins émettent des informations beaucoup plus longtemps que prévu : six ans pourViking 1, quatre pourViking 2. Durant tout ce temps, la quantité de données transmises est colossale. Les atterrisseurs analysent en effet la composition de l’atmosphère et dusol martiens et collectent des données météorologiques sur plus de trois années martiennes (six années terrestres). Les orbiteurs, quant à eux, photographient la quasi-totalité de la planète avec une résolution inférieure à300 mètres par pixel et notent les importantes variations de pression atmosphérique liées au cycle dudioxyde de carbone. Au sol comme depuis les orbites, l'observation détaillée met en évidence la présence passée d'eau liquide à sa surface, relançant ainsi la question de la vie sur la « planète rouge ». Enfin, face aux échecs successifs des Soviétiques, les missionsViking démontrent la supériorité des Américains dans le domaine technologique.
Les observations effectuées par les deuxorbiteurs et les deuxatterrisseurs du programmeViking ont démontré que l'histoire géologique et climatique de Mars est complexe, et que l'environnement martien continue de se modifier. Mais ces observations ont finalement soulevé autant de questions qu'elles ont apporté de réponses. L'origine et l'histoire des formations de surface découvertes depuis l'orbite et attribuées sans certitude à l'action d'anciens cours d'eau ou de lacs sont une énigme de même que ladichotomie manifeste entre hémisphère sud et nord est une énigme. Parmi les autres interrogations figurent[53] :
l'existence de traces de la présence d'eau qui reste à confirmer ;
la nature des matériaux dont sont composées lescalottes polaires et l'évolution de celles-ci ;
les caractéristiques de la circulation atmosphérique de Mars.
Dès le début des années 1980, il devient clair pour lesplanétologues que, pour répondre à ces questions, la prochaine mission d'exploration de Mars devait être unorbiteur circulant sur uneorbite héliosynchrone durant uneannée martienne complète et disposant d'une suite d'instruments permettant de recueillir des données à la fois sur l'atmosphère, la surface et la structure interne.
Le succès des missionsViking est suivi d'une période de plus de vingt ans sans nouvelle mission américaine sur le sol martien. La majorité des scientifiques et des ingénieurs impliqués dans le programmeViking espèrent d'autres missions, aux objectifs plus ambitieux, mais les administrateurs de la NASA sont moins enthousiastes. Alors que les Américains ont démontré leur suprématie sur la Lune et sur Mars et que les Soviétiques, à travers le programmeSaliout, multiplient les vols de longue durée autour de la Terre, un nouveau type de rivalité se joue entre les deux nations, axé sur la maîtrise de l'espace circumterrestre. Le développement de lanavette spatiale draine alors l'essentiel des ressources de l'agence spatiale. L'envoi d'hommes autour de la terre, sans être jugé aussi passionnant que l'exploration de contrées lointaines, suscite (auprès du grand public et des décideurs politiques) plus d'intérêt que les paysages désertiques extraterrestres. Certes, des équipes de scientifiques et d'ingénieurs américaines, russes et européennes élaborent différents projets, parfois très détaillés. Mais, durant deux décennies, aucun d'entre eux ne se concrétise hormis l'envoi de deux sondes soviétiques en 1988, qui ne parviendront pas à destination[54].
Quinze ans après les résultats décevants de leurprogrammeMars, les soviétiques s'intéressent à nouveau àMars. Cette fois, le principal objet d’étude n'est pas la planète elle-même mais l'un de ses deux satellites naturels :Phobos. Deux sondes sont envoyées vers Mars :Phobos 1 le etPhobos 2 le. Les deux lancements se déroulent correctement jusqu’au oùPhobos 1 interrompt brutalement ses communications à la suite d'une erreur humaine.Phobos 2 reste donc la seule sonde à pouvoir accomplir sa mission. Mais le, alors que la sonde n’est plus qu’à50 mètres de Phobos et qu’elle s’apprête à lancer ses deux atterrisseurs, les communications sont une nouvelle fois perdues. On estime aujourd'hui que ce dysfonctionnement a été provoqué par des particules émises lors d'uneéruption solaire.
La décennie est marquée par un bref retour des Américains vers la planète (avec notamment l'envoi du premierrover), la continuation des échecs russes et l'entrée du Japon dans l'exploration de la planète rouge, mais qui connait lui aussi la déconvenue. Au total, sur sept missions lancées, seulement deux sont des succès.
Dix-sept ans après leprogrammeViking, soit le temps nécessaire pour dépouiller les données envoyées par les deux sondes jumelles, laNASA décide de retourner vers Mars en lançantMars Observer le. Mais le, soit trois jours avant la date prévue pour l’insertion sur son orbite martienne, le contact est perdu pour des raisons indéterminées[Note 4].Mars Observer est alors lasonde la plus coûteuse envoyée par la NASA (813 millions de dollars).
L'échec de cette mission entraîne une révision complète de la stratégie américaine d’exploration duSystème solaire : la NASA lancera désormais des sondes moins sophistiquées mais à budget serré : l'objectif est de ne pas tout perdre en cas d’échec tout en permettant la réalisation d'un plus grand nombre de missions, d'un cycle de développement raccourci. La devise« better, faster, cheaper » (« mieux, plus vite, moins cher ») accompagne le nouveauprogrammeDiscovery. Dans le cadre de ce programme et comme à chaqueconjonction favorable de Mars et de la Terre (environ tous les deux ans), la NASA prévoit d’envoyer à la fois une sonde de typeorbiteur, qui doit effectuer ses observations depuis son altitude, et une autre de typeatterrisseur, œuvrant depuis le sol.
Les objectifs initialement assignés à la sondeMars Observer sont ventilés entre les orbiteurs beaucoup plus légers du nouveau programme. Il est donc prévu que des copies des instruments deMars Observer seront donc embarquées sur les sondesMars Global Surveyor, en 1996,Mars Climate Orbiter (en 1998),Mars Odyssey (en 2001) etMars Reconnaissance Orbiter (en 2005)[55].
La série noire des missions martiennes des années 1980 et 1990
Toujours en quête d'un succès franc et massif, les Russes mettent au point une mission qui doit faire date dans l'exploration de la planète rouge. En collaboration avec l’Union européenne et les États-Unis, ils conçoivent une sonde de 6 180 kilogrammes composée d’un satellite d’observation, de deux modules d’atterrissage et de deux pénétrateurs.Mars 96 est lancé le,il est l'engin le mieux équipé jamais lancé par l’homme[non neutre]. Mais une défaillance de son lanceur, unefuséeProton, cause sa perte le lendemain du décollage. La mission est un nouvel échec pour la Russie.
La première sonde du programme « Better, faster, cheaper » (enfrançais :« mieux, plus vite, moins cher »), lancée le, est l’atterrisseurMars Pathfinder. qui se pose sur le sol martien (très exactement dans la région d’Ares Vallis), le, plus de vingt ans après lesViking. Il libère le premierrobot mobile,Sojourner, qui explore les environs immédiats, parcourant une centaine de mètres jusqu'à l'arrêt des transmissions le.
Lancé le, soit un mois avantMars Pathfinder,Mars Global Surveyor arrive autour de Mars deux mois après lui, le. Pendant neuf ans, l’orbiteur étudie l'ensemble de la surface de Mars, son atmosphère et sa structure interne et nous renvoie plus de données sur la planète que toutes les autres missions réunies. Parmi les découvertes importantes, il révèle la présence dedépôts sédimentaires et d’hématites dans la région deMeridiani Planum, apportant ainsi deux preuves supplémentaires de laprésence d’eau liquide dans un passé lointain. Il découvre également unchamp magnétique fossile, dont la structure pourrait traduire une anciennetectonique des plaques. Enfin, il permet de mieux comprendre le cycle de l’eau et produit une carte topographique globale, d'où son nom.
Fin 1998/début 1999, la NASA lance deux nouvelles sondes,Mars Climate Orbiter etMars Polar Lander. Toutes les deux sont victimes de défaillances à trois mois d'intervalle avant d’avoir débuté la partie scientifique de leur mission[57]. Face à cette série de défaillances, visiblement liées à sa nouvelle doctrine, la NASA suspend toutes les missions futures de son programme d'exploration martienne, notamment les sondesMars Surveyor 2001 en voie d'achèvement.
L'année 1998 marque l’entrée duJapon dans l’exploration interplanétaire. L’objectif est de placer une sonde en orbite autour de Mars afin d’étudier les interactions de son atmosphère avec levent solaire.Nozomi est lancée le. Rapidement victime d'une série d'incidents, dont une panne de son propulseur, elle doit repousser son rendez-vous avec Mars de 1999 à 2004. En 2002, alors qu'elle s'est placée enorbite héliocentrique et profite de l'assistance gravitationnelle de laTerre, la sonde est victime d'une forteéruption solaire qui met à mal ses circuits électriques, faisant craindre le pire. En effet, n'ayant pas été conçue pour atterrir sur Mars,Nozomi n'a pas subi la décontamination recommandée par le COSPAR. Si elle venait à s'écraser sur la planète, les effets pourraient donc être catastrophiques. Face à l'inquiétude de lacommunauté scientifique, elle rate volontairement son objectif et passe à 1 000 kilomètres de la planète rouge le.
Sondes spatiales des années 1990
Photo du premier robot mobile,Sojourner, à la surface deMars.
Mars Global Surveyor (vue d'artiste).
Projets avortés : le retour d'échantillon et le réseau martien
Un des objectifs majeurs desplanétologues spécialistes de Mars est de pouvoir analyser un échantillon du sol martien dans des laboratoires sur Terre. En 1988, un projet de retour d'échantillon est élaboré mais son coût, évalué à l'époque à sept milliards de dollars américains[Note 5], est jugé beaucoup trop élevé par les décideurs.
Au cours des années 1990, le projet de retour d'échantillon est réactivé par la NASA en partenariat avec leCNES : le scénario est élaboré en s'appuyant sur la « doctrine » des missions à bas coûts (« better, faster, cheaper », enfrançais :« mieux, plus vite, moins cher ») promulguée par l'administrateur de la NASA de l'époqueDaniel Goldin. Mais l'échec des deux missions martiennes de 1999,Mars Polar Lander etMars Climate Orbiter, produits de cette politique, ainsi qu'une approche plus réaliste des coûts[Note 6] mettent fin au projet de retour d'échantillon au début desannées 2000. La communauté scientifique poursuivait un autre objectif majeur consistant à mettre en place un réseaugéophysique constitué de stations automatiques statiques disposées à la surface de Mars chargées de collecter des donnéesmétéorologiques,sismologiques etgéologiques. Au cours des années 1990, plusieurs projets (MarsNet,InterMarsNet[Note 7]) sont élaborés dans le cadre d'une coopération internationale pour mettre sur pied ce réseau de stations mais tous échouent pour des raisons financières[58].
Au début des années 2000, les projets martiens d'envergure ne sont plus à l'ordre du jour au sein de la NASA comme dans le cadre d'une coopération internationale, faute d'appuis financiers. Néanmoins, pas moins de cinqsondes, dont une européenne, sont lancées vers Mars. Toutes ont pour objectif principal l'étude de l'eau au cours de l'histoire géologique de la planète rouge. À la différence de la décennie précédente où de nombreux échecs avaient été enregistrés, celle-ci est marquée par la réussite. L'agence spatiale américaine, en particulier, développe lesroversMars Exploration Rover (MER) aux capacités qui s'annonçaient limitées[59] mais qui se révèlent en réalité étonnantes. Le roverOpportunity a notamment survécu15 ans à la surface de Mars, jusqu'en.
En 2001, laNASA renoue toutefois avec le succès grâce à l'orbiteur2001 Mars Odyssey, rescapé du programme« better, faster, cheaper » (« mieux, plus vite, moins cher ») et qui a des caractéristiques très proches deMars Climate Orbiter. Lancé le et d'une masse de 725 kg, il atteint Mars le. Ses objectifs principaux sont de dresser une carte de la distribution des minéraux et des éléments chimiques à la surface de Mars et de détecter la présence éventuelle d'eau à l'aide de ses trois instruments scientifiques hérités en partie de la missionMars Observer. Ceux-ci mettent effectivement en évidence de grandes quantités de glace stockées sous les deux pôles et détectent une présence particulièrement importante depotassium. Le spectromètre imageur THEMIS établit une carte globale de Mars en lumière visible et en infrarouge et détecte de grandes concentrations d'olivine qui prouvent que la période sèche que connait Mars a débuté il y a très longtemps. Enfin, les données fournies sont utilisées pour sélectionner les sites d'atterrissages des roversMars Exploration Rover (MER). La sonde, dont la mission a été prolongée à plusieurs reprises, est mise en mode de survie en 2012, par suite d'une légère anomalie, puis remise en service. Elle reste opérationnelle en 2016, quinze ans après son lancement, servant notamment de relais de télécommunications entre laTerre et les engins actifs au sol, tels que les rovers MER etMars Science Laboratory (MSL, ouCuriosity).
OrbiteurMars Express et atterrisseurBeagle 2 (2003)
À la suite de l'échec de la sonde russeMars 96, l'Agence spatiale européenne (ESA) décide de reprendre une partie des objectifs de sa mission : recherche de traces d'eau et de vie (passée ou présente), cartographie, étude de la composition de l'atmosphère. Le, la sonde est lancée ducosmodrome de Baïkonour. La charge utile comprend deux parties : un orbiteur,Mars Express, et un atterrisseur,Beagle 2, qui possède un perforateur, un petitspectromètre de masse et d'autres appareillages placés sur un bras robotisé. La sonde se met autour de Mars le, recueille un grand nombre de données : elle fournit des images tridimensionnelles du relief, découvre de grandes quantités de glace d'eau à proximité du pôle sud, met en évidence la présence d'argile, un minéral essentiel dans la problématique de l'eau sur Mars et confirme la présence deméthane dans l'atmosphère, relançant ainsi l'espoir de découvrir un jour une forme de vie sur la « planète rouge ». Il est prévu que sa mission s'achève fin 2016[60]. L'atterrisseur, en revanche, a une vie plus brève : le, après avoir été largué comme prévu, il rompt ses communications avant d'avoir atteint la surface.
Lors de la fenêtre de tir suivante en 2003, l'agence spatiale américaine lance les deux missionsMars Exploration Rover : chacune emporte unastromobile (rover) ayant pour objectif d’étudier lagéologie de la planète Mars et en particulier le rôle joué par l’eau dans l’histoire de la planète. Le premier astromobile,Spirit, atterrit en dans lecratère Gusev, qui pourrait être le lit d'un ancien lac. Le second,Opportunity, se pose peu après dansMeridiani Planum où deshématites, détectées depuis l'orbite parMars Global Surveyor, pourraient avoir été créées en présence d'eau liquide. Chaque astromobile pèse environ 185 kg et se déplace sur six roues mues par l’énergie électrique fournie par despanneaux solaires. Il est équipé de trois paires de caméras utilisées pour la navigation et de plusieurs instruments scientifiques : unecaméra panoramique située sur un mât à 1,5 mètre de hauteur, un outil pour abraser la surface des roches porté par un bras articulé sur lequel se trouvent également unspectromètre àrayons X, unspectromètre Mössbauer et une caméra microscope. Enfin, unspectromètre infrarouge est utilisé pour l’analyse des roches et de l’atmosphère. Les deux robots découvrent plusieurs formations rocheuses qui résultent probablement de l’action de l’eau dans le passé : billes d’hématite grise etsilicates. Les rovers ont également permis d’étudier les phénomènes météorologiques, d’observer des nuages et de caractériser les propriétés des couches de l’atmosphère martienne.
Conçus pour ne survivre que 90 jours et parcourir tout au plus600 mètres, les deux astromobiles démontrent une résistance exceptionnelle : les liaisons avecSpirit cessent en 2009 et celles avecOpportunity, en, après avoir parcouru plus de 44 km.
Vue panoramique du cratèreEndurance prise par le roverMER Opportunity.
L'atterrisseurPhoenix est lancé le. Comme2001Mars Odyssey, il provient d'un rescapé du programme« better, faster, cheaper »,Mars Surveyor 2001, rééquipé en partie avec des instruments récents. Il se pose à la surface de Mars le, à proximité de lacalotte polaire Nord, dans la région deVastitas Borealis, où d'importants stocks de glace ont été détectés juste au-dessous de la surface. L'objectif de la mission est l'étude de l'eau liquide à la surface dans un passé récent ainsi que l'observation du climat de la planète. Les instruments dePhoenix confirment la présence de glace d'eau sur le site et fournissent des informations détaillées sur la composition du sol et la météorologie locale. Comme cela était envisagé, la sonde ne survit pas à son premier hiver martien.
Phobos-Grunt, lancé fin 2011, devait marquer, dans le domaine de l'exploration duSystème solaire, le retour de laRussie héritière du programme spatial de l'Union soviétique après un hiatus de15 ans. L'objectif de la mission est d'étudier la lunePhobos après s'être posé sur son sol et de ramener sur Terre un échantillon de son sol[61]. La sonde emporte une vingtaine d'instruments scientifiques, dont certains développés par l'Allemagne, la France, l'Italie et la Suisse[62]. Elle emporte également le petit orbiteurchinoisYinghuo 1, qui devait être placé en orbite autour de Mars pour étudier les interactions entre l'atmosphère de la planète et levent solaire[63]. Mais la sonde spatiale une fois en orbite terrestre ne parvient pas à rejoindre son orbite de transit vers Mars et est détruite en rentrant dans l'atmosphère terrestre en[64].
Mars Science Laboratory astromobileCuriosity (2011)
Le rover utilise le laser de ChemCam pour analyser à distance la composition d'une roche (vue d'artiste).
Au début des années 2000, la NASA demande auMars Science Program Synthesis Group, groupe de travail représentant la communauté scientifique internationale, d'identifier les orientations à donner à l'exploration martienne pour la décennie 2010-2020. Le résultat de ces travaux est publié en 2003[65]. La recherche de l'eau qui avait servi de fil conducteur aux missions des années 1990 est remplacée par celle des composants permettant l'apparition de la vie. Quatre priorités ont été fixées :
S'il est prouvé que Mars a connu une période chaude et humide, analyser les couches de sédiments et rechercher la présence de signes du vivant dans le passé de Mars ;
Si des indices d'activités hydrothermales actuelles ou passées sont identifiés, explorer les sites en recherchant des signes de vie présente ou passée ;
S'il existe des indices de présence de vie sur Mars et si un soutien politique existe, lancer une mission de retour d'échantillon s'appuyant sur un rover pour la collecte du sol ;
S'il s'avère que Mars n'a pas connu de période chaude et humide, étudier l'histoire des gaz volatils sur Mars, déterminer les conditions régnant initialement sur Mars et l'évolution qu'a connue la planète afin d'aboutir à une compréhension globale des évolutions de Mars, Vénus et de la Terre.
Faites glisser votre souris sur la carte pour faire apparaitre les noms des 60principales formations martiennes et cliquer sur ces liens pour faire apparaitre les articles sur celles-ci. Les couleurs de la carte sous-jacente correspondant à l'altitude déterminée par l'altimètre embarqué sur la sonde spatialeMars Global Surveyor. Les couleurs blanche et marron indiquent les altitudes les plus élevées comprises entre +8 et +12 km, suivies par les couleurs rouges et roses (entre +3 et +8 km). Le jaune correspond au niveau 0. Les verts et bleu correspondant aux altitudes les plus basses (jusqu'à -8 km). Lesaxes sont constitués par lalatitude et lalongitude. Lespôles ne sont pas affichés.
En orbite elliptique depuis le, l'objectif deMAVEN, sonde de 2,5 tonnes, est de déterminer les mécanismes à l'origine de la disparition de l’atmosphère, notamment d'étudier les interactions entre l'atmosphère résiduelle et levent solaire. Les instruments embarqués permettent en particulier d'étudier les caractéristiques de la partie supérieure de l’atmosphère de la planète, qui est exposée au bombardement solaire. En évaluant la vitesse d'échappement actuelle des atomes dans l'espace ainsi que les proportions d'isotopes stables présents dans l'atmosphère, les scientifiques espèrent pouvoir reconstituer l'évolution historique de l'atmosphère martienne.
Le module d'InSight, qui s'est posé sur Mars, en cours d'assemblage avec ses panneaux solaires déployés.
Mars Orbiter Mission s'est placé en orbite autour de Mars trois jours aprèsMAVEN, le. Cet engin de 1,3 tonne est le premier envoyé par l'Inde vers la planète rouge. Selon l'agence spatiale indienne, la mission MOM entend avant tout démontrer que l'ISRO est capable de développer un engin pouvant s'échapper de l'orbite terrestre, de réaliser un transit de 300 jours vers Mars, de s'insérer en orbite autour de la planète et d'y conduire des opérations. Il s'agit donc de prouver la capacité de l'Inde dans les domaines de la navigation spatiale, des télécommunications longue distance et de la mise au point des automatismes nécessaires. L'objectif scientifique (détecter les traces de méthane et rechercher les vestiges de la présence d'eau à la surface), de toute façon limité par la charge utile réduite, est secondaire[70].
OrbiteurExoMars TGO et atterrisseurExoMars EDM (2016)
ExoMars TGO est unorbiteur de l'Agence spatiale européenne développé avec une participation importante de l'agence spatiale russeRoscosmos. Lancé le par une fuséeProton et d'une masse de 4,3 tonnes, il doit étudier l'atmosphère martienne dès sa mise en orbite, en octobre, puis servir de relais de télécommunications entre la Terre et les engins européens du programmeExomars qui se poseront ultérieurement sur le sol. L'instrumentation scientifique est en partie fournie par la Russie.
InSight, dont le lancement a eu lieu le, est unatterrisseur fixe qui emporte deux instruments scientifiques et qui doit se poser sur le sol martien à proximité de l'équateur : unsismomètre et un capteur de flux de chaleur qui doit être enfoncé jusqu'à une profondeur de cinq mètres sous la surface du sol. Tous deux doivent fournir des données qui contribueront à mieux connaitre la structure et la composition interne de la planète, un des aspects de la planète qui n'a jusqu'à présent été étudié par aucun des engins qui se sont posés sur Mars. L'objectif scientifique de la mission est de reconstituer le processus de formation et d'évolution des planètes rocheuses duSystème solaire[74].
Mars 2020 est unastromobile (enanglais :rover) développé par le centreJPL rattaché à l'agence spatialeaméricaine. Hormis sacharge utile, l'engin spatial est pratiquement de même conception que la sondeMars Science Laboratory et de son roverCuriosity qui s'est posé avec succès sur Mars en. L'un des principaux objectifs assignés à cette nouvelle mission est la collecte d'échantillons du sol martien qui devraient être retournés sur Terre par unemission de retour d'échantillons qui reste à programmer. Le rover nomméPerseverence contient également l'hélicoptèreIngenuity devant valider la possibilité d'un vol dans l'atmosphère martienne. Il s'est posé avec succès le etIngenuity a effectué son premier vol le.
LeroverRosalind Franklin, conçu par l'Agence spatiale européenne avec initialement une participation de la Russie pour le module de descente, et faisant partie du programmeExoMars, doit être lancé en 2028[77]. Il a pour objectifs principaux la recherche de signes de vie passée ou présente, l'étude de la distribution de l'eau dans le sous-sol martien, le référencement des dangers liés à l'environnement martien pour de futures missions habitées et l'étude de la structure interne de Mars[78]. Initialement prévue pour 2018, la mission a du être repoussée à 2020[79] puis à 2022 jusqu'à lafenêtre de tir suivante afin de poursuivre des tests, liés notamment à l'ouverture des parachutes[80]. Le, l'Agence spatiale européenne (ESA) annonce que, dans le cadre dessanctions contre la Russie, elle suspend sa collaboration avec Roscosmos sur ce projet. Son directeur estime que le lancement pourrait avoir lieu au mieux en 2026. En cas de rupture définitive de coopération avec la Russie, le programme est retardé au moins jusqu'en 2028[81].
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En 2016, l'importance de Mars dans les programmes des principales agences spatiales ne diminue pas et pour la communauté scientifique la planète présente toujours autant d'attrait. Plusieurs missions sont à l'étude, parfois depuis plusieurs décennies comme lamission de retour d'échantillons martiens, mais aucune d'entre elles ne devrait disposer d'un budget permettant un lancement avant 2020.
Le scénario de référence de la NASA (2009) pour une mission vers Mars (2009) : scénario de conjonction, sept fuséesAres V et uneAres I, propulsion nucléaire, fabrication de carburant sur place, prépositionnement de vaisseaux.Véhicule pressurisé, habitat et vaisseau de retour (scénario NASA).
Certaines sondes spatiales incluent dans leurs objectifs la préparation d'éventuelles missions habitées versMars notamment à travers la mesure de l'environnement radiatif sur le trajet vers Mars et en surface. Mais unemission habitée vers Mars, au-delà de son coût estimé à plusieurs centaines de milliards de dollars, nécessitera un appui politique sans faille et de longue durée et constitue un défi technique et humain sans commune mesure avec leprogrammeApollo qui avait mobilisé à son époque des moyens sans précédent :
construction de lanceurs lourds, capables de placer au minimum100 tonnes en orbite basse ;
mise au point de techniques d'atterrissage permettant de faire atterrir des masses de plusieurs dizaines de tonnes ;
système de support-vie de longue durée (de l'ordre de900 jours) ;
fiabilité des équipements qui ne peuvent être réparés ou dont la redondance ne peut être systématiquement assurée ;
gestion des problèmes psychologiques d'un équipage confiné dans un espace restreint dans un contexte particulièrement stressant : en cas d'accident, pas de retour possible avant la date programmée ;
Wernher von Braun est le premier à faire une étude technique détaillée d'une mission vers Mars[86],[87]. Le projet de Von Braun consistait à envoyer près d'un millier de fusées à trois étages qui mettaient en orbite les éléments de la mission vers Mars ; ceux-ci étaient assemblés depuis une station spatiale en orbite terrestre[87],[88]. À la suite du succès duprogrammeApollo, Von Braun se fit l'avocat d'une mission habitée martienne qui devait être l'objectif du programme des missions habitées de la NASA[89]. Dans le scénario proposé, des lanceursSaturnV étaient utilisés pour mettre en orbite des étages à propulsion nucléaire (NERVA) : ceux-ci étaient utilisés pour propulser deux vaisseaux avec des équipages de six hommes. La mission devait être lancée au début des années 1980. La proposition fut étudiée par le présidentRichard Nixon et repoussée en faveur de lanavette spatiale.
À la suite du succès des sondes martiennesViking, une série de conférences furent données entre 1981 et 1996 sous le titre the Case for Mars[90] à l'université du Colorado à Boulder. Ces conférences défendaient le principe de l'exploration de Mars par des missions habitées en présentant les concepts et les technologies nécessaires et étaient suivies d'ateliers de travail destinés à détailler le déroulement des missions. L'un des concepts de base était la réutilisation des ressources martiennes pour fabriquer le carburant nécessaire au voyage de retour. L'étude fut publiée dans une série de volumes[91],[92] publiés par l'American Astronautical Society. Des conférences ultérieures présentèrent un certain nombre de concepts alternatifs dont celui de « Mars Direct » préconisé parRobert Zubrin et David Baker ; les « Footsteps to Mars » proposition deGeoffrey A. Landis[93], qui proposait de réaliser des missions intermédiaires avant d'atterrir sur Mars, dont celle de poser un équipage sur Phobos et leGreat Exploration proposé par leLawrence Livermore National Laboratory, entre autres.
En 1989, en réponse à une demande du président des États-Unis, la NASA réalise une étude sur les projets d'exploration habitée de la Lune et de Mars qui doit prendre la suite de laStation spatiale internationale. Le rapport qui en résulte, appelé le90-day study[94], propose un plan à long terme consistant à compléter la Station spatiale internationale, jugée comme étant une étape incontournable, puis de retourner sur la Lune pour y établir une base permanente et enfin envoyer des hommes sur Mars. Ce rapport est largement critiqué comme trop ambitieux et trop coûteux et tous les fonds destinés à l'exploration habitée au-delà de l'orbite terrestre sont supprimés par le Congrès[95].
À la fin des années 1990, la NASA définit plusieurs scénarios d'exploration habitée de Mars. L'un des plus remarquables, souvent cité, est leDesign reference mission 3.0 (DRM 3.0). L'étude a été réalisée par l'équipe d'exploration de Mars duCentre spatial Lyndon B. Johnson (JSC). Des personnes représentant les différents centres de recherche de la NASA ont défini un scénario de référence d'exploration de Mars par l'homme. Le plan décrit les premières missions sur Mars en développant les concepts utilisés et les technologies mises en œuvre. Cette étude repose sur des études précédentes principalement sur les travaux du Groupe de Synthèse (1991) et de Zubrin (1991) pour l'utilisation de carburants produits à partir de l'atmosphère martienne. L'objectif principal de cette étude était de stimuler la réflexion et la découverte d'approches alternatives pouvant améliorer la faisabilité ainsi que réduire les risques et les coûts.
Le président américainGeorge W. Bush est à l'origine d'un document programme publié le et intituléVision for Space Exploration. Ce document prévoit la mise en place d'un avant-poste sur la Lune vers 2020. Des missions préalables durant la décennie 2010-2020 doivent permettre la mise au point des techniques nécessaires[96]. Le,Michael Griffin, alors administrateur de la NASA, a suggéré qu'une mission habitée vers Mars pourrait être lancée vers 2037[97]. La NASA a également envisagé de lancer des missions vers Mars depuis la Lune[98]. Cette option n'a toutefois pas été retenue car elle nécessiterait l'installation d'un véritable complexe industriel sur la Lune qui serait difficile à exploiter et à entretenir. L'ESA prévoit également la possibilité de missions habitées vers Mars sans fixer de date précise[99].
Les données collectées par les missions spatiales ont permis de reconstituer une grande partie l'histoire de Mars, mais de nombreuses questions restent en suspens[100] :
Mars a connu une période chaude avec une atmosphère dense durant les500 premiers millions d'années. Il y a 3,9 à4 milliards d'années, lenoyau métallique (fer etnickel) de la planète s'est tellement refroidi que les mouvements deconvection au sein du métal liquide ont cessé. Le champ magnétique généré par cettedynamo naturelle a alors disparu. L'atmosphère, qui n'était plus protégée duvent solaire, s'est progressivement échappée dans l'espace en mettant fin à l'effet de serre et en entrainant un refroidissement progressif de la surface. Il y a3,5 milliards d'années la surface de Mars est devenue le désert glacé actuel ;
l'eau a coulé à la surface de Mars durant deux périodes distinctes de son histoire. Il y a environ4,1 milliards d'années des fleuves relativement courts (quelques centaines de kilomètres) et larges (quelques kilomètres) ont laissé des traces sur les parties les plus anciennes de la surface sous forme de vallées ramifiées comme Nanedi Vallis. Certains indices donnent à penser que l'origine des eaux était souterraine. Ces écoulements ont duré entre quelques centaines et quelques milliers d'années. Le deuxième épisode hydrique se situe il y a 3,7 à3 milliards d'années. D'énormes écoulements (débits allant jusqu'à 1 km3/s soit des milliers de fois le débit du fleuveAmazone) se sont produits sur des périodes très brèves (quelques jours à quelques semaines) en creusant des vallées relativement rectilignes larges de 10 à100 kilomètres et dont la longueur peut atteindre 2000 kilomètres. Ces vallées de débâcle auraient eu pour origine la fonte de la glace stockée dans le sous-sol provoquée notamment par des éruptions volcaniques ;
le sous-sol de Mars conserve une épaisse couche de glace d'eau (jusqu'à450 mètres selon certaines estimations) enfouies plus ou moins profondément : elle débute à150 mètres de profondeur au niveau de l'équateur et vient affleurer la surface au niveau des pôles ;
des deltas et donc des lacs associés aux vallées ramifiées ont laissé leurs traces à la surface de Mars ce qui implique que l'eau a pu subsister à l'état liquide sur des périodes plus ou moins longues (la durée d'existence de ces lacs est encore inconnue). Cela fait de ces sites, tels que lecratère Jezero (lieu d'atterrissage deMars 2020), des endroits propices à la formation de la vie. Des argiles hydratées datant de la période d'apparition des vallées ramifiées (4,1 milliards d'années) et des sulfates hydratés correspondant au deuxième épisode hydrique témoignent de l'action de l'eau à la surface de Mars ;
aucune trace de vie présente n'a été détectée à la surface. Si elle subsiste c'est à de grandes profondeurs là ou la pression et la température peuvent lui être favorables. La détection par les orbiteurs martiens, notammentExoMars Trace Gas Orbiter, de traces deméthane très ténues et fluctuantes pourrait en être la manifestation mais beaucoup d'autres explications, basées sur des sources non biologiques, sont envisageables. En ce qui concerne les indices de vie passée, aucune donnée prouvant son existence n'a jusqu'à présent été découverte avec les instruments aux capacités limitées utilisés jusque-là à la surface de Mars.
Selon André Debus duCNES, un milliard de bactéries auraient été amenées sur Mars par les différentes explorations américaines et européennes[102],[103].
↑Le testIRVE II (pourInflatable Reentry Vehicle Experiment) est effectué avec succès par la NASA sur une version de trois mètres de diamètre déployée dans l'atmosphère terrestre à haute altitude et à grande vitesse le.
↑Ce centre continue à diriger en 2012 la majorité des programmes interplanétaires.
↑Un champ magnétique planétaire protège l'atmosphère et la surface duvent solaire.
↑La cause la plus probable évoquée par la commission d'enquête est une fuite des ergols à la suite d'une réaction chimique dans les tuyaux d'alimentation ayant entrainé une perte du contrôle d'attitude et la décharge des batteries.
↑Ce coût incluait unorbiteur de typeMars Reconnaissance Orbiter chargé de repérer les zones géologiques intéressantes, un rover chargé d'effectuer des prélèvements et un engin chargé de ramener l'échantillon de sol sur Terre.
↑Le coût du projet de retour d'échantillon estimé initialement à650 millions de dollars est réévalué à plus de 2 milliards de dollars.
↑Wernher von Braun, “Manned Mars Landing Presentation to the Space Task Group,” presentation materials, August 1969 (referenced by Portree, 2001op cit.
(en)MEPAG,Mars Science Goals, Objectives, Investigations, and Priorities : 2015 Version, NASA,(lire en ligne[PDF])
Objectifs et priorités du programme spatial martien de la NASA définis en juin 2015 par le groupe de travail de la communauté scientifique américaine MEPAG.
(en)Erik M. Conway,Exploration and engineering : the Jet propulsion laboratory and the quest for Mars, Baltimore, Johns Hopkins University Press,, 418 p.(ISBN978-1-4214-1605-2,lire en ligne) — Histoire du programme d'exploration martien duJet Propulsion Laboratory.
Contexte scientifique et politique, enjeux, scénarios et difficultés d'un projet de mission habitée vers Mars, centré sur le scénario de référence de la NASA et actualisé avec les données disponibles au premier trimestre 2020.
« Planet-Terre » : site de l'ENS de Lyon, qui propose, dans son dossier Les nouvelles de Mars, une synthèse actualisée des résultats des différentes missions martiennes en cours et publie régulièrement des bulletins documentés sur la géologie martienne