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Expansionnisme du Japon Shōwa

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Affiche de propagande de 1940 commémorant le 2600e anniversaire de la fondation mythique de l'empire par l'empereurJinmu.

Cet article retrace l'histoire duJapon impérial pendant la première partie de l'ère Shōwa (entre1926 et1945) et en décrit l'expansionnisme sur la zone de la « sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale ». Mis en œuvre dès l'ère Meiji et poursuivi durant l'ère Taishō, l'expansionnisme japonais s'intensifia durant l'ère Shōwa, jusqu'à aboutir à uneguerre ouverte dans l'ensemble de l'Asie au cours de laSeconde Guerre mondiale. Ladéfaite militaire du Japon en 1945 mit un terme à son expansionnisme militaire.

Fondements idéologiques

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Inauguration le 25 novembre 1940, àMiyazaki, du monument auHakkō ichi'u(八紘一宇?), avec le terme calligraphié par le princeYasuhito Chichibu gravé sur sa face[1].
Emblème de l'Association de Soutien à l'Autorité Impériale (大政翼賛会,Taisei Yokusankai), le parti fondé le 12 octobre 1940 parFumimaro Konoe, qui visait à implanter une structuretotalitaire destinée à promouvoir laguerre totale.
Sadao Araki, ministre de l'Armée, ministre de l'Éducation dans le cabinetKonoe et l'un des principaux théoriciens du régime shôwa
Articles détaillés :Trésor impérial du Japon,Empereur du Japon etShintoïsme.

Comme l'a fait remarquer Noémi Godefroy, maîtresse de Conférences à l'Inalco, lapolitique coloniale mise en place à l'occasion de l'annexion et de la prise de contrôle de l'île de Hokkaidō, notamment à partir desannées 1870, disposa d'un « caractère pionnier » dont l’analyse peut dans une certaine mesure s’avérer utile à la compréhension de la politique extérieure japonaise qui suivra la Restauration de Meiji[2].

Plus tard, ulcérés par le traitement accordé à leur nation par les puissances occidentales lors dutraité de Versailles et opposés auTraité naval de Washington et auTraité naval de Londres, de nombreux politiciens et militaires japonais commeIkki Kita,Sadao Araki etFumimaro Konoe réactualisèrent la doctrine duhakkō ichi'u (les huit coins du monde sous un seul toit) et mirent en place une idéologie fondée sur la supériorité de la race nipponne et son droit à dominer l'Asie. Cette idéologie présentait le Japon comme le centre du monde et prenait assise sur l'institution impériale et l'empereur, considéré comme le descendant de la déesseAmaterasu Omikami. Il est à noter que dans le même temps, l'impérialisme japonais s'appuya sur la thèse alors prédominante en anthropologie physique selon laquelle les Japonais partageaient, en tant que peuple asiatique métissé, des origines communes (notamment avec les Coréens), justifiant ainsi une politique annexionniste dans le but de réunir ce qui s'apparentait à « un seul et unique peuple »[3].

Partageant les mêmes vues ultranationalistes que Kita etShūmei Ōkawa,Nisshō Inoue élabora pour sa part une synthèse d’ultranationalisme et de bouddhisme. Avec laKetsumeidan, il fut l’instigateur en 1932 d’une série d'assassinats politiques dont celui duPremier ministreTsuyoshi Inukai ouvrant la voie à la mainmise des militaires sur la vie politique[4].

À compter du mois d'août 1940, coïncidant avec le 2600e anniversaire de la fondation mythique de la nation, le concept duhakkō ichi'u fut officiellement adopté par le gouvernement Konoe comme devant conduire à l'établissement d'un « nouvel ordre en Asie orientale »[5]. Des pamphlets reprenant ces principes, comme leKokutai no hongi (Les Fondements de la politique nationale), furent distribués gratuitement dans la population et les écoles.

La propagande, présente depuis le début de l'ère Shōwa, atteignit son paroxysme avec l'intensification de la « guerre sainte » (seisen) du Japon contre la Chine et son entrée en guerre contre l'Occident. Chaque soldat déployé sur le front portait sur lui un exemplaire de poche duSenjinkun dont la phrase introductive était :« Le champ de bataille est l'endroit où l'Armée impériale, obéissant au Commandement impérial, démontre sa vraie nature, conquérant lorsqu'elle attaque, remportant la victoire lorsqu'elle engage le combat, afin de mener la Voie impériale aussi loin que possible, de façon que l'ennemi contemple avec admiration les augustes vertus de Sa Majesté »[6]. L'étranger devint dès lors unkichiku (bête), un être inférieur qui ne pouvait qu'être méprisé. Ce mépris favorisa la violence à l'encontre des populations civiles des pays conquis et des prisonniers, conduisant dans certains cas jusqu'aucannibalisme.

Le peuple japonais étant considéré génétiquement supérieur, plusieurs mesures eugénistes furent mises en place par les gouvernements successifs du régime shōwa dans le but de maintenir cette supériorité. Le gouvernement deFumimaro Konoe promulgua ainsi uneLoi nationale sur l'Eugénisme qui ordonnait la stérilisation des handicapés mentaux ou des « déviants » et interdisait l'utilisation des moyenscontraceptifs[7]. Le gouvernement deNaruhiko Higashikuni instaura quant à lui l'une des dernières mesures eugénistes du régime. Le 19 août 1945, le ministère de l'Intérieur ordonna la création d'un service de prostitution afin« d'endiguer la frénésie démente des troupes d'occupation ainsi que de préserver et de conserver la pureté de notre race »[8]. Des clubs de ce type furent rapidement mis en place parYoshio Kodama etRyoichi Sasakawa.

Structure militaire

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Articles détaillés :Quartier général impérial,Armée impériale japonaise,Marine impériale japonaise,Service aérien de l'Armée impériale japonaise etService aérien de la Marine impériale japonaise.
Des soldats saluent l'empereur Shōwa chevauchant l'étalonSirayuki.

Dès le 27 octobre 1937, l'expansion militaire du Japon fut dirigée par leQuartier général impérial (Daihonei), une structure indépendante du conseil des ministres et de laDiète du Japon.

Le commandant de cette institution était l'empereur Shōwa qui, selon l'article 4 de la constitution adoptée sous l'ère Meiji était « …à la tête de l'Empire, combinant en sa personne les pouvoirs de souveraineté, et exerçant ceux-ci conformément aux dispositions de la présente Constitution ». L'article 11 disposait d'autre part que « L'Empereur possède le commandement suprême de l'Armée et de la Marine ».

Pour l'assister dans sa tâche, l'empereur pouvait compter sur le ministre de l'Armée et le ministre de la Marine ainsi que sur deux chefs d'état-major. À ces officiers s'ajoutaient l'inspecteur général de l'entraînement militaire et l'inspecteur général de l'aviation.

Étendard de l'Armée impériale japonaise de 1870 à 1945
Étendard de laMarine impériale japonaise de 1889 à 1945
Article du 13 décembre 1937 duNichi Nichi Shimbun racontant les exploits des sous-lieutenant Mukai et Noda lors d'un concours de décapitation. Le compte s'est arrêté à 106 contre 105.

Les principaux officiers à avoir occupé ces fonctions sont :

Le Quartier-général impérial disposait également d'une division de l'information (Daihonei hōdōbu) qui assurait le contrôle de l'information et la propagande de la guerre, notamment en alimentant les médias écrits et radio. Des journalistes accompagnaient ainsi fréquemment les unités de combat pour rapporter leurs faits d'armes, comme ce fut le cas lors du « concours pour décapiter cent Chinois » qui eut lieu avant lemassacre de Nankin.

Malgré leurs ambitions, les effectifs des Forces armées restent relativement réduits ; si entre 1937 et fin 1941, celles-ci passent de plus de 900 000 hommes à 2,1 millions d'hommes sous les drapeaux ; une agriculture et une industrie exigeant beaucoup demain-d'œuvre et un système deconscription archaïque font que la mobilisation ne concerne au total entre 1937 et 1945 que 7,4 millions de Japonais pour une population de 70 millions d'habitants (en excluant les colonies)[9].

Organismes de développement économique

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Article détaillé :Complexe militaro-industriel japonais.

L'impérialisme Shōwa visait notamment à assurer au Japon le contrôle de pays producteurs de pétrole, de fer, de bois, de caoutchouc, deriz et desoja. C'était aussi un moyen d'offrir des débouchés à une population japonaise qui était en croissance constante depuis1854.

Afin d'assurer le développement économique de l'Empire, le gouvernementKonoe mit en place laKōa-in, l'Agence de développement de l'Asie orientale, dont le rôle était de structurer l'exploitation des colonies, notamment par le biais d'un système de travaux forcés. Selon un document retrouvé en 2007 par le journaliste Reiji Yoshida, la Kōa-in fournissait des fonds aux trafiquants de drogue en Chine en vue de l'utilisation d'une partie des bénéfices de la vente de l'opium, de l'héroïne et de lamorphine au profit des gouvernements d'occupation duMandchoukouo, de Nanjing et de Mongolie[10].

Des ententes furent également conclues avec lesZaibatsu, notammentNissan etMitsubishi, qui participèrent activement à l'effort de guerre en fabriquant des équipements militaires.

À compter de 1937, l'empereur institua l'opération Lys d'or, en confiant la supervision à son frèreYasuhito Chichibu et à son cousin,Tsuneyoshi Takeda. Cette opération avait pour but de rassembler les richesses pillées dans les territoires conquis.

Chronologie de l'expansion impériale

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L'expansion impériale et la zone d'extension maximale de lasphère de coprospérité de la Grande Asie orientale.

Royaume de Ryūkyū (1872-1879)

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Leroyaume de Ryūkyū, situé sur l'archipel desÎles Ryūkyū, chapelet d'îles allant de l’île deKyūshū à l'île deTaïwan. Il est habité par une population parlant deslangues japoniques, mais ayant de plus étroites relations avec laChine qu'avec le Japon. C'est une des premières conquêtes de l'empire du Japon.

Taïwan (1895) et Corée (1910)

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Articles détaillés :Guerre sino-japonaise (1894-1895),Histoire de l'île de Taïwan etHistoire de la Corée sous occupation japonaise.

Taïwan et laCorée furent incorporées à l'Empire dès l'ère Meiji, le sort de la première étant une conséquence de la première guerre sino-japonaise.

Cette annexion fut suivie d'une phase d'assimilation sociale et culturelle coïncidant avec le début de l'ère Shōwa. Ainsi, l'enseignement des langues autochtones étant interdit, les citoyens furent contraints de renoncer à leur nom d'origine.

Une partie des Coréens fut déportée vers l'archipel nippon afin de travailler dans les usines japonaises (voirZainichi), et des Coréennes furent utilisées comme « femmes de réconfort » par l'armée impériale japonaise. Les Coréens émigrés au Japon furent également victimes de répressions, leséisme de Kanto, qui toucha Tokyo en 1923, étant notamment le prétexte à des représailles et des massacres contre cette population[11].

Le Japon abandonna la Corée en1945, à la suite de sa défaite qui signa la fin de laSeconde Guerre mondiale.

Îles du Pacifique

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Articles détaillés :Mandat des îles du Pacifique etNanshin-ron.
Carte des mandats internationaux dans le Pacifique (1921).
Carte des mandats internationaux dans le Pacifique (1921).

Les Îles du Pacifique intègrent les possessions impériales japonaises à l'issue de laPremière Guerre mondiale à laquelle le Japon participe contre l'Empire allemand au nom de son traité d'alliance avec le Royaume-Uni, et en échange de la domination sur les territoires allemands en Chine et dans le Pacifique Sud. Lamarine japonaise s'est emparée des possessions allemandes dans les archipels desMariannes, desCarolines, desîles Marshall et desPalaos en octobre 1914.

Après la fin de la Première Guerre mondiale, le protectorat de la Nouvelle-Guinée allemande a été divisé entre les vainqueurs par letraité de Versailles : la partie sud du protectorat a été mandatée pour passer sousadministration australienne et l'occupation japonaise de la partie nord du protectorat, constituée des îles micronésiennes au nord de l'équateur, est officiellement reconnue par le traité. Le Japon s'est vu confier unmandat de classe C de la Société des Nations pour gouverner ces îles. Les termes du mandat spécifiaient que les îles devaient être démilitarisées et que le Japon ne devait pas étendre son influence plus loin dans le Pacifique. Le mandat fait l'objet d'un examen annuel par la Commission des mandats permanents de la Société des Nations. Mais dès la fin des années 1920, Tokyo rejetait les demandes de visite officielle ou d'inspection internationale. En 1933, le Japon a notifié son retrait de la Société des Nations, retrait qui est devenu effectif deux ans plus tard.

Le Japon a mis en place dans les îles du Pacifique une économie coloniale basée principalement sur la culture de lacanne à sucre, confiée au monopoleNanyo Kohatsu Kabushiki Kaisha.

Chine

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Après sa victoire sur la Chine et l'annexion deTaïwan, le JaponMeiji s'imposa parmi les puissances étrangères qui asseyaient à l'époque leur domination politique et économique sur la Chine. L'empire du Japon tint un rôle important dans la répression de larévolte des Boxers et fut l'une des nations concernées par leprotocole de paix Boxer. Après laguerre russo-japonaise, le Japon s'empara de l'ancienne concessionrusse dans leGuandong. Le Japon obtint également des concessions àTianjin et àHankou.

En1914, entré en guerre aux côtés desAlliés lors de laPremière Guerre mondiale, le Japon occupa les concessions de l'Empire allemand dans leShandong[12]. En1915, le gouvernement japonais deShigenobu Ōkuma présenta au président chinoisYuan Shikai une liste deVingt et une demandes visant à accroître le poids économique et politique du Japon en Chine, et à faire de la Chine une forme de protectorat[13]. La proposition fut initialement refusée par la Chine, mais le Japon présenta ensuite une version abrégée de treize demandes, assorties d'un ultimatum, que le pouvoir chinois finit par accepter. Les pays occidentaux, et notamment lesÉtats-Unis, s'inquiétèrent des visées du Japon en Chine et de ses méthodes diplomatiques : un compromis finit par être trouvé avec les États-Unis concernant leShandong, où le Japon souhaitait pérenniser sa présence : les visées japonaises sur la province furent accompagnées en1918 par un accord secret avec le gouvernement chinois, puis entérinées en1919 à laconférence de paix de Paris et incluses dans letraité de Versailles. Cette validation des visées japonaises déclencha en Chine une réaction nationaliste connue sous le nom demouvement du 4 Mai. Le gouvernement chinois finit par refuser en juin de signer le traité de Versailles[14]. Durant lapériode des seigneurs de la guerre, le Japon tira avantage du désordre politique en Chine et appuya certaines factions, comme laclique du Fengtian deZhang Zuolin.

Invasion de la Mandchourie (1931)

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Articles détaillés :Incident de Mukden,Invasion japonaise de la Mandchourie etMandchoukouo.

Entre1926 et1945, l'empire du Japon poursuivit sa politique expansionniste initiée avec l'annexion de la Corée en 1910. Ainsi, en1931, l'armée duKantogun s'empara de laMandchouriechinoise. Dès lors, cette région devint un nouvel État sous protection impériale, nomméMandchoukouo, officiellement gouverné par l'ancien empereur chinoisPu Yi. Le gouvernement japonais y implanta notamment l'unité 731 et mit en place laKōa-in, qui, avec la collaboration de laKempeitai, asservit dans des travaux forcés plusieurs millions de civils chinois.

Seconde Guerre sino-japonaise

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Articles détaillés :Guerre de Shanghai (1932),Guerre sino-japonaise (1937-1945) etGouvernements collaborateurs chinois.
Samedi sanglant » : enfant chinois pleurant dans les décombres d'une gare deShanghai après le bombardement de la ville par l'aviation de la Marine impériale japonaise, le 28 août 1937.

Des heurts eurent lieu en1932 et1936, entre les troupes japonaises et chinoises, àShanghai, autour de laGrande Muraille et enMongolie-Intérieure. Un traité de paix, signé en 1933, instaura une zone démilitarisée s'étendant deTianjin àPékin. Fin1935, le gouvernement duHebei proclama son autonomie et entama une politique de collaboration avec les Japonais, permettant à l'Empire de mettre la région sous sa tutelle. En 1936, le Japon commença à soutenir les autonomistes mongols, qui créèrent le gouvernement duMengjiang.

L'invasion de la Chine continentale fut autorisée par l'empereur Shōwa en juillet1937. Dès le mois d'août, ce dernier autorisa la suspension des dispositions des conventions internationales sur la protection des prisonniers de guerre (comme laconvention de La Haye de 1899) auxquelles le Japon était partie prenante.

Les troupes de l'armée impériale remontèrent tout d'abord leChang Jiang, s'assurant la maîtrise deShanghai en bombardant la ville, puis deNankin où elles se livrèrent à un terrible carnage (massacre de Nankin) et enfin deWuhan au printemps 1939, après y avoir utilisé à maintes reprises lesarmes chimiques.

L'armée japonaise se ravitaille sur le terrain et sa progression est donc accompagnée d'une politique de pillages. En outre, elle procède à la production et au commerce d'opium à grande échelle[15]..

Après des succès initiaux, l'armée japonaise se vit opposer une vive résistance de la part de l'armée nationaliste deTchang Kaï-chek et par les troupes communistes deMao Zedong. Confrontée à un territoire trop vaste et incapable de capitaliser sur ses gains, l'armée japonaise se trouva dès lors enlisée et, en dépit de l'utilisation de moyens souvent extrêmes notamment àWuhan,Guangzhou etChangde (armes chimiques et bactériologiques) ne parvinrent pas à réduire la résistance chinoise. À partir de la fin1941, l'armée impériale se livra dans le nord de la Chine à une politique de répression de grande ampleur connue sous le nom dePolitique des Trois Tout, qui aurait causé la mort d'environ 2,7 millions de civils chinois. Ce n'est qu'avec l'opérationIchi-Go, lancée en 1944, que les troupes deHirohito purent connaître un succès relativement durable en prenant une partie des terres sous contrôle de larépublique de Chine.

En mars 1940, les deux gouvernements collaborationnistes mis en place àPékin en 1937 et àNankin en 1938 furent fusionnés à Nankin sous le nom degouvernement national réorganisé de la république de Chine, avec à sa tête l'ancien premier ministre nationalisteWang Jingwei. Ce gouvernement ne détenait en pratique aucune réelle autonomie et servait essentiellement à des fins de propagande pour démontrer l'efficacité de laSphère de coprospérité de la grande Asie orientale. Il conclut des ententes avec le Japon et leMandchoukouo et signa lepacte anti-Komintern en 1941.

Indochine française (1940)

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Article détaillé :Invasion japonaise de l'Indochine.

L'insistance du Quartier-général impérial, désireux de stationner des troupes enIndochine dans le but de prendre à revers les forces nationalistes chinoises, amena le gouvernement deHanoi à adopter une politique de collaboration avec l'Empire japonais. Le piétinement des pourparlers amorcés dès le mois d'août 1940 entre le gouvernement colonial français et l'état-major entraîna l'occupation brutale deLang Son et deDong Dang. Les combats se poursuivirent en dépit d'une entente de collaboration conclue le 22 septembre, et conduisirent au bombardement deHaiphong. Au total, plus de 800 soldats français périrent au cours des combats. Le 26 septembre, le Quartier-général impérial mit finalement un terme au conflit. Legouvernement de Vichy passa en 1941 des accords avec le Japon qui faisaient bénéficier celui-ci de la clause de la nation favorisée et aboutissaient à une intégration de l'Indochine à lasphère de coprospérité de la grande Asie orientale.

Inquiets de l'avancée des forces Shōwa enExtrême-Orient, les États-Unis, le Royaume-Uni et les Pays-Bas imposèrent au Japon à l'été 1941 un embargo sur les produits pétroliers, après avoir signifié un ultimatum officiel demandant le retrait de ces forces de l'Indochine et de la Chine (à l'exclusion duMandchoukouo). En réaction à cet embargo,Hirohito autorisa l'attaque de Pearl Harbor et le déclenchement de la guerre de la grande Asie orientale.

Alliance avec la Thaïlande (1941)

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Articles détaillés :Histoire de la Thaïlande,Guerre franco-thaïlandaise etInvasion japonaise de la Thaïlande.

Désireux de venger l'affront qui avait été fait au royaume deSiam en 1893 et 1904 lors des traités territoriaux imposés par la France, le gouvernement du premier ministrePlaek Pibulsonggram profita de l'invasion de la France par l'Allemagne et se lança en 1941 dans unesérie d'attaques contre l'Indochine française, fidèle à Vichy. Les forces navales des deux États s'affrontèrent notamment lors de la bataille deKoh Chang. Aucun des deux camps n'étant en mesure de s'imposer, le litige fut finalement tranché par le Japon, déjà présent dans le nord du territoire et qui avait offert ses services de médiation. Ce dernier, désireux de se ménager un allié en Asie, trancha en faveur de la Thaïlande et lui octroya des territoires du Laos et du Cambodge.

Dès lors, la Thaïlande bascula progressivement dans le camp nippon, ce qui entraina des représailles commerciales du Royaume-Uni et des États-Unis qui imposèrent en avril 1941 un embargo sur le pétrole.

La Thaïlande tarda cependant à donner au Japon l'autorisation de faire transiter ses forces armées par son territoire, ce qui était nécessaire à l'attaque contre la Malaisie. Le 8 décembre 1941, le Japon décida de passer outre et, afin de pouvoir attaquer la Malaisie, envahit le territoire thaïlandais. Après de brefs heurts entre les troupes thaïlandaises et japonaises, Phibunsongkhram permit aux forces Shōwa de stationner sur son territoire. Convaincu par l'avance des Japonais en Malaisie, il conclut le 21 décembre une alliance militaire qui mena à la déclaration de guerre contre les alliés du 25 janvier 1942.

L'armée Shōwa implanta plusieurs dizaines de camps de prisonniers sur le sol thaïlandais ; ces hommes étaient tenus de travailler à la construction de la voie ferrée devant faire le lien entreBangkok etRangoon. Environ 200 000 civils et 60 000 prisonniers de guerre ont travaillé à ces chantiers. Le taux de mortalité surpassait de loin la moyenne constatée dans les autres camps japonais, qui s'élevait à 27 %[16]. Environ 100 000 civils et 16 000 prisonniers de guerre y ont trouvé la mort. Une version édulcorée de leur sort a été présentée dansLe Pont de la rivière Kwaï.

En août 1944, le gouvernement de Phibunsongkhram fut renversé et le régent,Pridi Phanomyong, en profita pour se rapprocher progressivement des alliés et encourager le mouvement de libérationSeri Thai dont fut issu le nouveau Premier ministreKhuang Abhaiwongse.

Entrée dans le conflit mondial

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Article détaillé :Guerre du Pacifique.

En décembre 1941, l'empire du Japon, allié depuis septembre 1940 à l'Allemagne nazie et auroyaume d'Italie dans le cadre de l'Axe Rome-Berlin-Tokyo, déclencha la guerre contre les possessions occidentales en Asie et en Océanie.

Pearl Harbor

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Article détaillé :Attaque de Pearl Harbor.

L'attaque contre la flotte desÉtats-Unis àPearl Harbor est l'épisode le plus connu du déclenchement des hostilités. Plusieurs autres attaques eurent néanmoins lieu le même jour, dans le cadre d'une offensive multiple et de grande envergure.

Malaisie (1941)

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Articles détaillés :Bataille de Malaisie etBataille de Singapour.

L'invasion de la Malaisie débuta le même jour que le bombardement dePearl Harbor, le 8 décembre 1941 (le 7 selon l'autre fuseau). L'armée Shōwa y affronta une coalition de soldats malais, britanniques, indiens et australiens. Les forces alliées furent vaincues en moins de deux mois, subissant près de 50 000 pertes. Nombre de combattants se réfugièrent àSingapour qui futprise en deux semaines. Les Britanniques capitulant le 15 février 1942, 80 000 soldats anglais, indiens, canadiens et australiens rendirent les armes. En guise de représailles, car la reddition étant une provocation pour elle, l'armée Shōwa commit le massacre deSook Ching, tuant près de 20 000 civils.

Birmanie

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Article détaillé :Campagne de Birmanie.

LaBirmanie fut envahie en janvier 1942. La prise de la capitaleRangoon fut achevée le 7 mars, les alliés se réfugiant dès lors dans le nord du pays, espérant faire la jonction avec les forces chinoises. Le 10 mai, laThaïlande, alliée du Japon franchit la frontière birmane dans le but de rétablir l'ancien territoire duroyaume d'Ayutthaya, s'emparant deKengtung et refoulant les Chinois auYunnan.

Les progrès rapides de l'armée japonaise génèrent un grand nombre de prisonniers, contraints aux travaux forcés dans des conditions particulièrement éprouvantes ; sur les 150 000 prisonniers affectés à la ligne de chemin de fer Taimen (entre la Thaïlande et la Birmanie), 42 000 moururent[15].

Le point tournant survint en août 1943, avec la création du Commandement de l'Asie du Sud-Est, regroupant les alliés sous les ordres deLouis Mountbatten. Dès lors, la coalition sino-américaine, comprenant notamment laForce X et l'unité Galahad, envisage de reprendre la Haute Birmanie, alors que la14e armée britannique lorgne du côté de la Birmanie centrale et des villes deMeiktila etMandalay, l'objectif ultime étant la capitaleRangoon.

Après la déroute de l'opération U-Go, l'armée impériale japonaise ne sera plus en mesure de défendre ses conquêtes birmanes et sa résistance s'effondrera au printemps 1945.

Gros titres d'un journal anglophone du24 avril 1942 lors de la conquête desPhilippines par le généralMasaharu Homma. L'expansionnisme du Japon paraît irrésistible.

Philippines (1941)

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Articles détaillés :Bataille des Philippines (1941-1942),Bataille de la mer des Philippines,Bataille du golfe de Leyte etMarche de la mort de Bataan.

Après une série de raids aériens lancés peu après l'invasion de laMalaisie et le bombardement dePearl Harbor, les forces impériales débarquèrent auxPhilippines le 10 décembre 1941 et amorcèrent des combats avec les alliés philippins et américains, entrainant les batailles deBataan et deCorregidor. Les troupes alliées furent toutefois rapidement débordées au point où leur commandant,Douglas MacArthur, choisit de fuir enAustralie en mars.

Le 9 avril, l'occupation de la péninsule deBataan était complétée avec la reddition de 75 000 soldats alliés qui furent soumis à lamarche de la mort de Bataan. Cette marche forcée qui dura du 9 avril au1er mai, entraîna la mort de plus de 20 000 hommes[17]. Les derniers défenseurs, cernés àCorregidor, rendirent finalement les armes le 8 mai après une bataille acharnée.

L'occupation shōwa complétée, lesforces de résistance se lancèrent dans une guérilla qui dura jusqu'en octobre 1944, date à laquelle elles rejoignirent les troupes américaines et australiennes débarquées àLeyte.

Indes orientales néerlandaises

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Article détaillé :Campagne des Indes orientales néerlandaises.

L'attaque sur lesIndes orientales néerlandaises, à cheval entre l'Asie du sud-est et l'Océanie, avait pour objectif de s'emparer des importantes ressources naturelles de la colonie.

Océanie

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Articles détaillés :Campagne des îles Salomon,Campagne de Nouvelle-Guinée,Bataille de Saipan etInvasion de Guam (1941).
Article connexe :Plan japonais d'invasion de l'Australie.

Dans le cadre de leur offensive, les troupes japonaises poussèrent leur avance jusqu'enOcéanie, leurs attaques visant notamment à couper les voies de communication des forces alliées.

Infléchissement de la politique japonaise dans les pays occupés

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Les participants à la conférence de la grande Asie orientale. De gauche à droite :Ba Maw, chef suprême de l'État de Birmanie,Zhang Jinghui, Premier ministre duMandchoukouo,Wang Jingwei, président dugouvernement national réorganisé de la république de Chine,Hideki Tojo, Premier ministre de l'empire du Japon,Wan Waithayakon, représentant duroyaume de Thaïlande,José P. Laurel, président de larépublique des Philippines etSubhas Chandra Bose, chef dugouvernement provisoire de l'Inde libre.

Face aux difficultés militaires, le Japon tenta d'infléchir sa politique en promouvant la coopération avec les pays occupés, et en suscitant des gouvernements collaborateurs et indépendantistes dans certaines colonies occidentales, jusque-là sous administration militaire japonaise.

Pour pallier les pertes, la conscription est imposée aux Coréens et entre 200 000 et 300 000 sont ainsi recrutés. Plus de 200 000 femmes asiatiques (jusqu'à 400 000 selon les estimations) dont la plupart venues deCorée, et pour d'autres deChine, deFormose et des pays d'Asie du Sud furent enrôlées comme « femmes de réconfort ». Souvent mineures, elles étaient recrutées sous de faux prétextes ou enlevées par les forces d'occupation et rassemblées dans des maisons closes, à la disposition des soldats[15].

LaConférence de la Grande Asie orientale, les 5 et 6 novembre1943, réunit des représentants de tous les gouvernements alliés du Japon. Ce fut l'un des principaux outils de propagande de ce changement de politique, qui mettait en avant la Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale comme un concept de réorganisation de l'Asie de l'Est sur une base d'auto-suffisance. Cette adaptation du discours politique japonais vint cependant trop tard dans le conflit pour avoir de réels effets.

Coup d'arrêt à l'expansionnisme duJapon

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Articles détaillés :Bataille d'Okinawa,Bataille d'Iwo Jima,Bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki,Invasion soviétique de la Mandchourie etReddition du Japon.

En 1945, le Japon était repoussé sur tous les fronts, en Chine, aux Philippines, en Birmanie, en Océanie, tandis que les troupes des États-Unis débarquaient sur son sol. Le, l'empereurHirohitoannonça la capitulation du pays. La signature desactes officiels de reddition eut lieu le. Le Japon dut rétrocéder laMandchourie, laCorée etTaïwan, et subir une période d'occupation alliée.

Toutefois, si l'armée est supprimée, les États-Unis maintiennent en fonction de nombreux dirigeants, y compris l'empereur. Dans les décennies qui suivent et jusqu'à aujourd'hui, les chaines de télévision traitent rarement des crimes de guerre et la presse ouvre largement ses pages à des auteurs négationnistes[15].

Notes et références

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  1. David C. Earhart,Certain Victory, 2008,p. 63
  2. Noémi Godefroy, « Hokkaidō, an zéro »,Cipango [En ligne],‎ mis en ligne le 17 juin 2013, consulté le 07 janvier 2021(lire en ligne)
  3. Arnaud Nanta, « Reconstruire une identité nationale »,Cipango [En ligne],‎ mis en ligne le 12 octobre 2012, consulté le 08 janvier 2021(lire en ligne)
  4. (fr)Bouddhisme et terrorisme dans le Japon ultranationaliste. La Conjuration du Sang, Pierre Lavelle, novembre 2005
  5. Walter Edwards. "Forging Tradition for a Holy War: TheHakkō ichiu Tower in Miyazaki and Japanese Wartime Ideology."Journal of Japanese Studies 29:2 2003,p. 309.
  6. John W. Dower,Embracing Defeat, 1999,p. 278
  7. Rihito Kimura,Jurisprudence in Genetics, Waseda University[1], Jennifer Robertson,Blood Talks,[2]
  8. H. Bix,Hirohito and the making of modern Japan, Perennial, 2001,p. 538
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  10. Reiji Yoshida,« Japan profited as opium dealer in wartime China »,The Japan Times, 30 août 2007.
  11. X. Robillard-Martel, « Le racisme envers les Coréens japonais - L'Asie en 1000 mots », surasie1000mots-cetase.org(consulté le)
  12. John King Fairbank,La Grande révolution chinoise 1800-1989, Flammarion, 1989, page 263
  13. John King Fairbank,La Grande révolution chinoise 1800-1989, Flammarion, 1989, page 250
  14. Traité de Versailles de 1919, site de l'université de Perpignan
  15. abc etdHirofumi Hayashi, « Féroce colonisation japonaise »,Le Monde diplomatique,‎(lire en ligne)
  16. (en)Yuki Tanaka,Hidden horrors, Japanese war crimes in WW II, Westview press, 1996,p. 2
  17. Le monde en guerre

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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