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Expansion de l'islam

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L’Europe, l’Afrique du Nord et l’Asie occidentale auxVIIe – VIIIe siècles : l’expansion de l’Islam en nuances vertes.
La « bascule du front religieux » duVIIe siècle auXVe siècle en Europe selon l’Atlas de Géographie Moderne (Franz Schrader, Vincent Prudent, Ferdinand Anthoine) 1895 :reconquête chrétienne à l'Ouest,avancée islamique à l'Est.

L’expansion de l’islam désigne lapolitique de conquête arabe du milieu desannées 630 et l’expansion concomitante de l’islam auVIIIe siècle.

Dans les années 631, l’attaque desArabes contre l’Empire romain d'Orient (395-1204, 1261-1453) et l’Empire sassanide (224-651) débute. Les deux grandes puissances de l’antiquité tardive sont affaiblies par une guerre de longue date l’une contre l’autre qui a dégarni toutes leurs structures de défense provinciales. Les Byzantins perdent en636 laPalestine et laSyrie, en 640/642 l’Égypte au profit des Arabes. L’Empire perse sassanide s’effondre en 651. Autour de laMéditerranée, alors qu’en Orient leschrétiens résistent enAnatolie (Asie mineure) (jusqu’auXIe siècle) et dans lesBalkans (jusqu’auXIVe siècle), en Occident les Arabes attaquent par la mer et conquièrent leMaghreb en 698 puis leroyaume wisigoth de lapéninsule Ibérique au début duVIIIe siècle.

Plusieurs villes se sont souvent rendues sans combat ou après des négociations avec les conquérants. Leschrétiens, leszoroastriens et lesjuifs sont autorisés à conserver leur foi en tant que « gens du livre », mais doivent payer des taxes spéciales et accepter des restrictions de leurs croyances religieuses. L’islamisation des territoires conquis s’est déroulée à des vitesses différentes. Un peu plus de 300 ans après la conquête militaire, les musulmans ne constituaient pas la majorité de la population dans de nombreuses parties de l’empire.

L’avancée arabe, arrêtée par l’empire byzantin à l’est, se propage vers le nord dans leCaucase et au-delà, vers lesempires des steppeseurasiennes et lesBulgares de la Volga, tandis qu’à l’ouest les Arabes de lapéninsule ibérique ne firent que d’éphémères incursions dans l’empire desFrancs. Ainsi commença au début duMoyen Âge la division persistante de l’Europe et de la Méditerranée en une partie islamique et une partie chrétienne, laquelle sedivisa à son tour auXIe siècle en unOccidentlatin àsuprématie germanique et unOrientgrec àsuprématie byzantine[1].

Contexte

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Article détaillé :Arabie préislamique.

L’islam apparaît enArabie au début duVIIe siècle sous l’impulsion du prophèteMahomet. À cette époque l’Arabie est sous l’influence de trois empires, les empiressassanide,byzantin et leroyaume d'Aksoum situé en dehors des frontières de l’Arabie et qui luttait contre l’Empire himyarite, un empire qui était très influent auMoyen-Orient avant son invasion par les Aksoumites. L’Empire byzantin et le royaume d’Aksoum sont alliés dans une guerre contre l’Empire perse sassanide (voirGuerre perso-byzantine de 602-628). Cette guerre nuit aux axes du commerce de l’ancien monde (route de la soie,route de l'ivoire, des épices, de l'encens et des gemmes) entre Orient et Occident, ce qui profite aux caravaniers et marins de lapéninsule Arabique[2]

Des recherches récentes lient la déstabilisation de ces empires à un refroidissement du climat mondial causé par plusieurs explosions volcaniques très importantes[3]. Lechangement climatique de 535-536 et lapeste de Justinien plongent dès 542 l’Empire byzantin dans une profonde crise.

Premiers siècles

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Site archéologique de labataille de Mu’tah, première bataille opposant les musulmans à l’Empire romain d'Orient.

Ces guerres de conquête contre les anciens empiressassanide etbyzantin répondent à différents objectifs :islamisation sans apport financier ou contribution financière sans conversion,Djihad pour prévenir l’Islam de l’expansion du christianisme, recherche de butins lors derazzias notamment par les nomades intégrés dans les armées musulmanes, contrôle des réseaux commerciaux par l’aristocratie marchande arabe qui est à la tête des armées, etc.

Plusieurs causes expliquent le succès des conquêtes musulmanes, la principale étant l’affaiblissement des empires perse et byzantin, qui sortent épuisés de la guerre perso-byzantine (602 à 628). Pour faciliter le maintien de l’ordre, les provinces des deux empires étaient désarmées, ce qui facilite d’autant les victoires militaires des tribus arabes. Enfin, les populations locales souffrent des conséquences des divisions religieuses (querelle desmonophysites), des destructions des guerres incessantes et d’oppression fiscale. Le résultat est que tout conquérant est vu comme un libérateur apportant des réponses à ces problèmes sociaux, fiscaux et religieux, les autorités musulmanes allégeant lesimpôts fonciers et menant une politique initiale de« tolérance islamique » limitée toutefois auxGens du Livre[4]. Cependant, les problèmes rencontrés par les empires perse et byzantin ne peuvent expliquer à eux seuls la réussite des campagnes militaires musulmanes, le califat sortant d’une guerre civile au moment des premiers conflits.

Un autre élément à prendre en compte est la mobilité des armées arabes, et notamment de la cavalerie légère, qui leur permit de tirer profit du manque de flexibilité des armées perses et byzantines, et donc de prendre le dessus sur des adversaires souvent plus lourdement armés et bien plus nombreux.

Né enArabie, l’islam s’est étendu par la guerre à la Perse dès 636 (Bataille de Cadésie), puis vers l’Irak, l’Iran, la hauteMésopotamie ; et à l’ouest vers laSyrie, laPalestine et l’Égypte (provinces les plus riches de l’Empire byzantin, qui démarrent son enrichissement matériel).

L’islam pénètre le monde chrétien et gréco-romain peu après la mort du prophète de l’islamMahomet. Sous lesOmeyyades, l’expansion continue, les conquêtes territoriales se faisant par voie terrestre jusqu’en Afrique du Nordamazigh à la fin duVIIe siècle et jusqu’aux côtes espagnoles au début duVIIIe siècle. En 712, certains de leurs conquis berbères menés parTariq Ibn Zyad voulant son armée constituée à 100 % deberbères (appelés lesMaures) franchissent ledétroit de Gibraltar (qui doit son nom au conquérant, djebel Tariq "la montagne de Tariq" ; dès leur accostage en terre ibérique, Tariq ibn Ziyad, après avoir ordonné la destruction totale de sa flotte navale par le feu, prononça cette phrase« l’ennemi est devant vous et la mer est derrière vous »)[5] et conquièrent l’Espagne, d’où l’architecture du style mauresque. Ils sont arrêtés àPoitiers en 732 par les troupes dumaire du palais,Charles Martel, grand-père du futurCharlemagne[6].

L’expansion se poursuit ensuite vers l’Asie centrale,Boukhara etKaboul, et ils atteignent la frontière de l’Indus. Ils entrent en contact avec l’Empire byzantin, au niveau de lamer Caspienne et duCaucase au nord.

L’Empire byzantin contrôle alors lamer Méditerranée, ce qui peut entraver les conquêtes arabes. Les Arabes construisent alors une flotte et attaquentConstantinople à trois reprises, mais sans succès, car lefeu grégeois donne un fort avantage tactique aux défenseurs. Ceux-ci, restant maîtres de la mer, bloquent l’expansion musulmane et cessent de commercer avec les Arabes. La mer sera quelque temps une frontière, mais redeviendra rapidement une zone d’échanges. Après une conquête rapide d’un siècle, les frontières ne bougent plus jusqu’auXIe siècle.

Quand les Arabes ont conquis un territoire, ils établissent des camps à part et vivent du fruit de leurs conquêtes et d’impôts (lajizya) versés par les non-musulmans, en échange d’une liberté et d’une protection restreintes. Les musulmans sont enjoints pour leur part de pratiquer laZakât (aumône au pauvre), un descinq piliers de l’islam, mais seront, selon les périodes, libres de la pratiquer à leur gré (sans contrôle réel) ou non.

LeVIIIe siècle est marqué par la forte résistance de l’Empire byzantin, mais aussi par une agitation à la fois politique et religieuse à l’intérieur du monde arabo-musulman. L’unification et l’arabisation des territoires conquis (par la langue, la monnaie, l’administration), ainsi que leur islamisation (écoles instituées pour répandre leCoran, juges formés au droit musulman) sont donc entrepris.

Les sécessions politico-religieuses n’en continuent pas moins : lesAbbassides fondentBagdad. Il y a alors un déplacement vers l’est du centre politique arabo-musulman, déviant les flux d’arrivées de l’Extrême-Orient, mais éloignant ainsi le Centre du pan Ouest de l’empire. La tension qui en résulte provoque de nouvelles sécessions dont émergeront trois grandes zones de califats :abbasside,fatimide etandalouse ; il en résulte aussi une émulation religieuse entre les successeurs de Mahomet.

AuxIXe et Xe siècles, l’Empire arabo-musulman ne s’étend plus sous les Abbassides.

DuVIIe au VIIIe siècle

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Ruines de la cité musulmane d’Ayla (Aqaba enJordanie), construite en650.

Les historiens ont souligné l'importance, la violence et la rapidité de la première conquête qui en un siècle permit rapidement aux Arabes dont, selon certains historiens,« l'état de civilisation était au stade de la tribu, dont les croyances religieuses étaient à peine supérieures au fétichisme et qui passaient leur temps à se faire la guerre, ou à piller les caravanes »[7], de ravir à des empires séculaires et solidement établis un immense espace, du littoral atlantique aux déserts d’Asie centrale[8]. Il faut dire que rien ne préparait les empires byzantin et perse, qui se disputaient la domination du Moyen-Orient et étaient épuisés à la suite de longues luttes, à voir arriver sur ce terrain un troisième adversaire.Héraclius venait de remporter une victoire éclatante contre la Perse deChosroès, l’Empire romain allait enfin pouvoir se concentrer sur l’Occident et vaincre les Lombards qui menaçaient l’Italie, son avenir semblait assuré par cette victoire sur la Perse qui lui restituait la Syrie, la Palestine et l’Égypte. Héraclius reçut alors les félicitations de l’Inde et des Francs[9].

Les Byzantins sont pris de court par l’irruption soudaine de cet adversaire nouveau venu d’une région dont ils ne se méfiaient pas, à l’instar de leurs voisins Perses. L’Islam arrache brusquement à l’Empire la Syrie et l’Égypte qu’il croyait sécurisées. Ces conquêtes font l’objet de terriblesmassacres, en Égypte par exemple, qui subit quatre millions de morts[10], ou lors de la prise deJérusalem et du massacre deMamilla, qui fit d’après différentes sources byzantines entre 24 000 et 90 000 victimes chrétiennes civiles[11]. Après la conquête des côtes, l’Islam devient une puissance maritime, prenantChypre, puisRhodes, laCrête, laSicile, repoussé à Constantinople après un blocus de cinq ans en 677.

Dès laconquête du Maghreb, et ce malgré la résistance berbère dirigée par laKahina, puis de l’Espagne wisigothique (732) et de la Sicile (827), la Méditerranée occidentale devient un « lac musulman ».

Les raids descorsaires musulmans terrorisent les populations chrétiennes de tout le littoral, et en 846 c’est lesac de Rome, de laBasilique Saint-Pierre.

À l’Ouest, les Francs sont parvenus à les repousser sur terre, mais faute de flotte ne peuvent lutter sur mer; il n’y a guère que Byzance et sonfeu grégeois pour maintenir sous son contrôle les mers Égée et Adriatique.

Cette domination navale de l’Islam produit un ralentissement considérable du commerce méditerranéen, du moins pour les chrétiens. Il entraîne un isolement de l’Occident latin, que l’on peut constater dans la quasi-disparition des épices; la raréfaction de l’or, qui est remplacé par le denier d’argent sousPépin le Bref etCharlemagne; le remplacement de l’huile par la cire pour les luminaires; celui du papyrus par le parchemin à la fin duVIIe siècle.

Le monde arabo-musulman, s’il ne se ferme pas totalement au commerce avec les Européens (du moins avec les grandes villes commerçantes italiennes, et les juifs auprès desquels ils s’approvisionnent notamment en esclaves malgré les interdictions répétées en 779, 781 et 845[12]), dédaigne néanmoins laMare Nostrum et se tourne versBagdad et les mondes indien et chinois, bien plus fructueux (illustré par les histoires de marins comme les voyages de Sindibad). Cette fermeture significative du commerce du point de vue européen impose de profonds changements civilisationnels à l’Occident,Pirenne y voit l’une des causes majeures de la chute desmérovingiens, qui tiraient une part substantielle de leurs revenus des taxes sur la circulation des marchandises. Ce déclin, principalement dans le Sud, de l’urbanité et des institutions ecclésiales, avec l’arrêt pendant près de deux siècles de la succession de nombreux sièges épiscopaux et des synodes, l’aristocratie terrienne et régionale supplante les grandes familles sénatoriales qui fournissaient jusque-là l’essentiel du haut personnel ecclésiastique et laïque, et le centre du pouvoir se déplace du pourtour de la Méditerranée vers laSeine et leRhin, régions plus agricoles et moins dangereuses, d’où provient la dynastie descarolingiens.

Les dernières puissances navales occidentales commeNaples,Gaète,Amalfi et bientôtVenise, sont obligées de traiter avec les musulmans pour garder le contact avec l’Orient et ses richesses, formant un cas d’exception sur le continent européen, où l’idée antique de la civilisation méditerranéenne peut en quelque sorte subsister[13].

En Orient

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Péninsule Arabique

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Conquêtes des débuts de l’islam.

On date la révélation du prophète Mahomet à environ610.

En622,Mahomet, chassé dela Mecque[14], se réfugie àMédine ; c’est l’an I de l’hégire.

À partir de cette date, il commence à étendre son audience et son pouvoir (voirtribus musulmanes et juives de Yathrib) et parvient à conquérirLa Mecque. À sa mort en632, il a conquis toute la péninsule Arabique.

L’intense activité militaire et diplomatique qu’a été laRidda peut être considérée comme la répression d’uneapostasie, une reconquête ou une conquête.

Un exemple est le cas particulier deMusaylima (ouBanû Hanifâ), dernière confédération de tribus du Hedjaz à être réfractaire aux demandes musulmanes.

D’autres exemples isolés sontAyhala le Noir au Yémen,Tulayha al-Asadî dans le Nedjd, et la prophétesseSajâh desTamîm et desTaghlib.

Proche-Orient

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Article détaillé :Guerres arabo-byzantines.

Au Proche-Orient à l’arrivée desArabes, l’Empire byzantin est fortement affaibli par sa lutte contre lesPersessassanides.

Les Perses ont prisJérusalem en614 et l’ont gardée quinze ans, jusqu’en629. Lesmusulmans prennent donc une ville affaiblie en638.

Moyen-Orient et Asie centrale

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Deux des troismadrasas du Registan àSamarcande.
Articles détaillés :Conquête musulmane de la Perse,conquête musulmane de la Transoxiane,conquêtes musulmanes des Indes etinvasion omeyyade en Inde.

LesArabes, menés par les troupes du généralQutayba ben Muslim, conquièrent vers712 les territoires des actuelsOuzbékistan etKirghizistan[15]. Ils y entrent au contact avec les Chinois pendant le règne du premier abbassideAbou al-`Abbâs à lavictoire de Talas. Ils "apprennent" l’islam aux peuplescentre-asiatiques pratiquant jusqu’alors lezoroastrisme.

Le contrôle arabe de l’Asie centrale se consolide à la suite de labataille de Talas (auKirghizistan près de la ville actuellekazakh deTaraz) contre les Chinois en751. Cette victoire qui marque l’avancée la plus à l’Est des armées arabes est également l’occasion d’acquérir un certain nombre de techniques chinoises dont celle de la fabrication dupapier. Lors de la bataille de Talas, les Arabes, victorieux, font prisonniers de nombreux Chinois et récupèrent ainsi le secret. Ils comprennent rapidement l’intérêt de ce nouveau support pour propager l’islam, etSamarcande en devient le tout premier centre de production du papier du mondemusulman. Par ailleurs, ils en améliorent la fabrication en incorporant à sa préparation des chiffons.Hâroun ar-Rachîd impose l’usage du papier dans toutes les administrations de l’empire. Le papier arrive alors dans le reste du monde connu et enOccident grâce aux conquêtes arabes enAsie centrale. On le retrouve àBagdad en793, auCaire en900, àXàtiva (San Felipe,Espagne) en1056 et enfin enFrance au début duXIVe siècle.

Les conquérants arabes se frottent aussi à laPerse et vont, à l’est, jusqu’à l’Indus. Quelques populations turques se convertissent à l’islam. AuXIIIe siècle, le monde islamique joue un rôle important pour le commerce entre l’Europe, l’Inde et la Chine, les Arabes ayant, à cette époque et jusqu’à l’arrivée des Portugais en Inde, le monopole du commerce sur lacôte de Malabar. Les Arabes naviguent alors par de petits bateaux à voile nommésboutres.Tamerlan (1336-1405), Turcconverti à l’islam, fonde un Empire dit mongol mais turc de fait, dont l’existence reste éphémère. L’un de ses successeurs,Babur, restaure l’empire, en Inde surtout, que l’on va nommermoghol. EnInde se produisent nombre de syncrétismes dont la tentative de l’empereur mogholAkbar, qui promulgue l’un des premiersédits de tolérance.

L’expansion de l’islam se poursuit vers l’Asie du Sud-Est et la Chine, tout d’abord par l’intermédiaire des marchands.

L’Égypte

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Les pyramides de Gizeh.
Article détaillé :Conquête musulmane de l'Égypte.

Une armée d’environ 4 000Arabes, dirigée parAmr ibn al-As, a été envoyé par lecalifeOmar ibn al-Khattâb pour répandre l’Islam dans le pays des anciens pharaons. Les Arabes arrivèrent en Égypte depuis laPalestine en décembre639 et avancèrent rapidement jusqu’à ce qu’ils atteignent ledelta du Nil. Les garnisons impériales se retirèrent dans les villes fortifiées où elles résistèrent avec succès pendant un an ou plus ; mais les Arabes ont demandé des renforts et 5 000 autres soldats sont arrivés en Égypte en640. Renforcés, ils ont vaincu les Byzantins à labataille d’Héliopolis. Amr se dirige ensuite versAlexandrie, qui se rend grâce à un accord signé le 8 novembre641. Il semble que lesThébaïdes se soient rendus sans résistance en échange de nombreuses concessions islamiques.

L’Afrique

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Grande mosquée de Kairouan, fondée en 670 par le général arabe Oqba Ibn Nafaa,Kairouan,Tunisie.
Article détaillé :Conquête musulmane du Maghreb.

Les troupes d’Oqba Ibn Nafaa entrent enIfriqya, nom donné à cette ancienne province romaine, mais il se heurte à la résistance deKusayla, un chef de tribu berbère. Oqba Ibn Nafaa fonde la ville deKairouan qu’il utilise comme base pour de futures opérations. En683, lors d’une terrible bataille, Oqba meurt ainsi que la plupart de ses hommes. Kusayla marche alors sur Kairouan, il y règnera près de cinq ans, mais des renforts venus de Syrie destituent le roi.

La conquête duMaghreb reprend et aussitôt un nouveau soulèvement gagne la région desAurès, Dihya (Kahena) parvient à rassembler plusieurs tribusberbères et repousse provisoirement les soldats musulmans jusqu’enTripolitaine (l’actuelleLibye).Carthage est prise en698, la résistance est dominée à partir de702 et l’Afrique du Nord est « officiellement » conquise en711. Cette même année, les premiers contingents berbères et arabes passent enAndalousie, dirigés parTariq ibn Ziyad. À la phase d’organisation militaire de la conquête, va se substituer l’administration d’un territoire encore partiellement insoumis, et non converti.

Le Maroc, région fortement individualisée jusque là, morcelée entre de nombreuses tribus autonomes, connaît avec l’islam pour la première fois une véritable unité par la cohésion religieuse ainsi créée entre les tribus[16].

Les populations afro-arabo-persanes d’Afrique de l’Est qui commerçaient depuis des siècles avec les Arabes sont islamisées dès leVIIIe siècle. Laculture swahilie est à la fois le fruit de ce métissage et de l’islamisation de la région.

L’Europe

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Article détaillé :Conquête musulmane de l'Hispanie,invasion omeyyade en France,présence sarrasine au nord des Pyrénées etAl-Andalus#La traversée des Pyrénées et la conquête de la Septimanie.
Alcázar de Séville, coupole du salon des Ambassadeurs.

Dès leVIIe siècle, de la péninsule Arabique jusqu’à lapéninsule Ibérique en passant par leMaghreb, l’expansion de l’islam se fait selon le principe de la « guerre juste » oujihad, que l'on ne mène pas au nom des Hommes mais « au nom de Dieu »[17].

Ces territoiresalors chrétiens avaient été le théâtre de luttes intestines entre les églisesnicéenne (« catholique et orthodoxe » selon sa propre auto-désignation) et les variantesarianiste etdonatistes considérées comme « hérétiques » et, de ce fait, longuement persécutée par le pouvoir impérial. Ce qui explique l’accueil « facile » aux conquérants fait par la majorité d’entre eux au moins enAfrique du Nord. Cetteterre hispanique devient lepays d'al-Andalûs pour huit siècles, avec uneconvivencia plus ou moins tolérante selon les périodes[18].

En revanche les courants duchristianisme ont considéré d’abord très négativement l’émergence de l’islam. Cette nouvellereligion faisait obstacle à leur revendication d’universalisme (« catholique » signifiantuniversel), et les références aux messages de laBible leur apparaissaient, ainsi qu’auxJuifs, plutôt comme unehérésieschismatique (pour les courants qui utilisent ce concept) que comme une reconnaissance. Au mieux, l’islam leur apparaissait comme une forme de concurrence légère, partageant sa reconnaissance du Dieu unique, mais réfutant en revanche l’idée deTrinité et ayant par ailleurs besoin d’une évangélisation.

Jusqu’à l’arrivée des TurcsSeldjoukides, pourtant, la cohabitation àJérusalem se passe sans difficulté majeure, malgré les invasions répétées de l’Europe par des troupesmaures se réclamant de l’islam. La situation change totalement avec l’occupation turque, qui entend interdire aux chrétiens le passage vers leslieux saints.

Une tension se crée alors. Pour l’Occident chrétien, lemahométan devient l’infidèle par excellence, et Mahomet (déformé parfois enbaphomet) celle d’un démon perfide, qui prêche au nom de Dieu pour détourner les fidèles de lavraie foi. Parfois on l’assimile à l’Antéchrist, parfois plus simplement on rappelle une parole attribuée par les Évangiles àJésus et mettant en garde contre defaux prophètes qui viendront après lui.

LeKrak des Chevaliers enSyrie.

La conquête islamique est motivée :

  • pour les chefs de guerre, par l’envie d’étendre leur territoire ;
  • pour les populations préparées à cette fin, par une nécessité perçue de répandre la « vraie foi ».

L’acmé de la civilisation musulmane (sur le plan du développement scientifique et technique) se situe auxVIIIe et XIIIe siècles[19].

Les bénéfices culturels et techniques retirés par les territoires occidentaux issus de l’expansion musulmane sont objet d’un débat d’historiens concernant les transmissions.

Articles détaillés :Civilisation islamique en al-Andalus etSciences et techniques islamiques.
Bataille de Poitiers, en octobre 732.

Autant que la victoire de732 parCharles Martel, il arrête leraid militaire d’Abd al-Rahman versSaint Martin de Tours àPoitiers, c’est l’échec du siège deConstantinople qui cesse la progression des armées arabes. Les établissements maures perdureront longtemps sur les rives ouest Européennes de la Méditerranée : laSicile fut conquise à partir de827,Malte en870, lesBaléares en 902.

On connaîtra le mouvement inverse de « guerre juste » aussi, quelques siècles plus tard, dans laReconquista de la péninsule ibérique qui débute véritablement à labataille de Las Navas de Tolosa, la première victoire de cette campagne, et s’achève auXVe siècle par la conquête des derniersreinos de Taïfa en1492 (conquête de Grenade). Cette date correspond aussi selonArnold Joseph Toynbee à l’extermination des derniers noyaux de résistance chrétienne enÉgypte. Quelquescroisades préalables destinées à reconquérir letombeau du Christ avaient rouvert aux pays chrétiens la route desépices en s’emparant deséchelles du Levant tel le port d’Ascalon, enPalestine.

L’Inde

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Jama Masjid ou Grande Mosquée, àDelhi.

L’histoire de l’islam aux Indes ne s’arrête pas aux frontières de l’Inde dans ses frontières de 1947 et de 1971. Elle est inséparable de la progression musulmane dans le sous-continent indien dans son ensemble. On date la percée musulmane par les Arabes en 711. LeXIe siècle incarne le début de la véritable expansion de l’Islam en Inde, notamment avec l’arrivée de nombreuses tribus turco-mongoles musulmanes, dans le sillage de l’empire deGengis Khan et le chaos desinvasions mongoles en Asie centrale.

En 1414,Sayyîd s’empare du trône deDelhi, puisBahlul fonde la lignée desLodi en 1451. En 1526 la dynastie des Lodi s’éteint, victime des conquêtes lancées parBabur, descendant deTamerlan. Il fonde ce qui deviendra l’Empire moghol, dernière dynastie régnante de l’Inde, qui parviendra à mettre la quasi-totalité du sous-continent indien sous la domination de souverains musulmans. Cette période prendra fin avec lacolonisation britannique.

La conquête ottomane

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Conquêtes de l’Empire ottoman.
Article détaillé :Expansion de l'Empire ottoman.

AuIXe siècle, on note la progression de peuples turco-mongols de la région des montagnesAltaï et dulac Baïkal vers l’ouest; ces peuples s’islamisent progressivement. Par la suite, appelées en renfort par lecalifeabbasside pour calmer les agitations, des populations turques appeléesSeldjoukides s’installent à Bagdad auXIe siècle.

L’islam s’étend en Asie Mineure et en Inde. Un prince afghan converti à l’islam instaure un sultanat en Inde. Il y a différentes influentes familles dans les tribus turques en Asie Mineure, et la famille Osman, implantée près d’Istanbul, va entreprendre la conquête de l’Asie Mineure et des Balkans.Constantinople tombe en1453. L’expansion de l’islam en Europe a été le fait desOttomans en particulier sur lesAlbanais et sur les Slaves deBosnie adeptes dubogomilisme.

L’Asie du Sud-Est insulaire

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Article détaillé :Islam en Indonésie.

Époque contemporaine

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Carte des pays musulmans au début duXXIe siècle.
Articles détaillés :Division du monde dans l'islam etNombre de musulmans par pays.

En2010, le nombre demusulmans dans le monde est estimé à 1,6 milliard, soit 23,2 % de la population mondiale[20].

Depuis leur indépendance, certains pays de la bande sahélienne d’Afrique noire ont noué des relations religieuses avec les pays arabes musulmans (Niger, Mali, Tchad) plutôt qu’avec les anciens colonisateurs. LesAfricains du Sahel et lesArabes musulmans avaient des contacts approfondis des siècles avant l’arrivée desEuropéens car les caravanes de chameaux menées par les Arabes, transportaient des esclaves noirs, le sel, l’or et l’ivoire à travers le Sahara. La facilité de diffusion de l’islam en Afrique s’explique aussi par le fait que ce sont les pays du Golfe, finançant la construction de Mosquées et de madrassas, et non plus des évangélisateurs comme dans le cas du christianisme[21]. Il est à noter qu’il y a très peu d’échanges religieux entre les pays du Nord et du Sud du Sahel. En revanche, la rivalité entre les pays sahéliens d’Afrique Noire, et la bande côtière, datent de bien avant la colonisation, et ont un fond ethnique lié à la pratique de l’esclavage des noirs notamment.

Cette expansion est aussi source de tensions et de conflits. EnCôte d’Ivoire ou auNigeria, par exemple, l’opposition entre les populations musulmanes dans le nord du pays et les populations chrétiennes du sud alimente une instabilité permanente qui peut aller jusqu’au conflit armé à l’échelle nationale (Côte d’Ivoire) ou en tout cas à des attaques et représailles dans les régions « mixtes » (Nigeria). Aux questions religieuses se greffent cependant des intérêts économiques et politiques (partage des richesses et du pouvoir politique) dans la genèse des affrontements.

La diffusion de l’islam hors du monde arabo-musulman traditionnel s’explique aussi en partie par la croissance des flux migratoires à partir des pays de religion et de culture musulmane. C’est le cas dans les pays occidentaux où l’immigration de populations musulmanes s’est développée depuis lesannées 1950. Cette immigration a un impact aussi bien démographique, ethnique, religieux, culturel, sécuritaire[22], et politique dans les pays occidentaux.

L’islam continue aussi sa diffusion vers l’est en Asie. EnIndonésie notamment, l’islam, arrivé avec des marchands arabes, indiens etchinois qui faisaient escales dans les ports deJava etSumatra depuis au moins leXIIe siècle, a eu une progression plutôt lente. De nos jours, 88 % de la population indonésienne est administrativement enregistrée comme musulmane.

Projections

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Une étude conduite en 2015 par lePew Research Center s’attache à établir l’évolution des religions dans lapopulation mondiale. Le tableau ci-dessous indique le pourcentage de musulmans dans les différentes régions du monde de 2010 à 2050[20].

Région20102020203020402050
Afrique du Nord etMoyen-Orient93,0 %93,1 %93,3 %93,5 %93,7 %
Afrique subsaharienne30,2 %31,4 %32,8 %34,1 %35,2 %
Asie etOcéanie24,3 %25,7 %27,0 %28,3 %29,5 %
Europe (sans la Turquie)5,9 %6,8 %7,8 %9,0 %10,2 %
Amérique du Nord (États-Unis et Canada)1,0 %1,3 %1,7 %2,0 %2,4 %
Amérique du Sud,Amérique centrale etCaraïbes0,1 %0,1 %0,1 %0,1 %0,1 %
Monde23,2 %24,9 %26,5 %28,1 %29,7 %

Si les tendances démographiques actuelles se poursuivent, l’islam pourrait dépasser le christianisme et devenir la première religion au monde d’ici 2070[20].

Cette croissance continue de l’islam s’explique par le fait que les musulmans sont en moyenne plus jeunes et ont plus d’enfants que les membres des autres religions[20].

Repères chronologiques

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Notes et références

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  1. (en)Herwig Wolfram,L'Empire romain et de ses peuples germaniques, University of California Press, new ed. 2005(ISBN 978-0520244900).
  2. Christian Grataloup,Géohistoire, Paris, Les Arènes,, 447 p.(ISBN 979-10-375-1015-0),p. 170.
  3. (en) Ulf Büntgen, Vladimir S. Myglan, Fredrik Charpentier Ljungqvist, Michael McCormick, Nicola Di Cosmo, Michael Sigl, Johann Jungclaus, Sebastian Wagner, Paul J. Krusic, Jan Esper, Jed O. Kaplan, Michiel A. C. de Vaan, Jürg Luterbacher, Lukas Wacker, Willy Tegel & Alexander V. Kirdyanov, « Cooling and societal change during the Late Antique Little Ice Age from 536 to around 660 AD »,Nature Geoscience,no 9,‎,p. 231-236(lire en ligne).
  4. Khaled Ridha,Le Prophète de l'islam et ses califes : religion, classes sociales et pouvoir, Éditions Publibook,,p. 212-218.
  5. On remarquera la similitude avec l'expression latine « brûler ses vaisseaux » (ustulare).
  6. Suzanne Citron,Le Mythe national : l'histoire de France revisitée,Éditions de l'Atelier,,p. 56-57.
  7. Henri Pirenne,Mahomet et Charlemagne, Paris,Presses universitaires de France,,p. 107.
  8. Thierry Bianquis, Pierre Guichard et Mathieu Tillier,Les Débuts du monde musulman,VIIe  ‑  Xe siècles. De Muhammad aux dynasties autonomes, éd. PUF/Nouvelle Clio, 2012,p. 108.
  9. Henri Pirenne,Op. cit.,p. 107-108.
  10. Livre "Islam et terrorisme - édition actualisée" de Mark A. Gabriel.
  11. Un article de février 2017 du journal israélien "Jérusalem Post" avance 60 000 morts. Les sources byzantines avancent que ce massacre fut perpétré "par les musulmans et leurs alliés juifs".
  12. Ibid.,p. 195.
  13. Ibid.,p. 107-136.
  14. « Médine »,dictionnaire Larousse.
  15. (fr)Jacques Barrat, Coline Ferro et Charlotte Wang,Géopolitique de l'Ouzbékistan, éd. L'Harmattan, Paris, 2011,p. 44
  16. Bernard Lugan,Les particularités de l'islam marocain, clio.fr, mai 2000
  17. Denis Gril, « De l'usage sanctifiant des biens en islam », revue de l'histoire des religions,.
  18. (en) Nirmal Dass, « Andalusia, or The Legend of Islamic Spain »,The New Rambler,‎(lire en ligne)
  19. « Cette civilisation musulmane, maintenant si abaissée, a été autrefois très brillante. Elle a eu des savants, des philosophes. Elle a été, pendant des siècles, la maîtresse de l’Occident chrétien. […] de l’an 775 à peu près, jusque vers le milieu duXIIIe siècle, c’est-à-dire pendant cinq cents ans environ, il y a eu dans les pays musulmans des savants, des penseurs très distingués. » Ernest Renan, voir Wikiquote.
  20. abc etd(en)The Pew Forum - The Future of World Religions: Population Growth Projections, 2010-2050.
  21. Voir suruta.univ-lyon2.fr.
  22. Jean-Marc Leclerc, « Un rapport explosif sur l'islam radical dans les prisons françaises »,Le Figaro,‎(lire en ligneAccès libre, consulté le).
  23. Christian Julien Robin, « L’Arabie dans le Coran : Réexamen de quelques termes à la lumière des inscriptions préislamiques »,Les origines du Coran, le Coran des origines, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres « Actes de colloque »,‎,p. 27-74(lire en ligne).
  24. Jurisprudence and Law – Islam Reorienting the Veil, University of North Carolina (2009)
  25. Moshe GilA history of Palestine, 634-1099 Cambridge University Press, 1997(ISBN 978-0-521-59984-9).
  26. Lemireet al. 2016,p. 195.

Voir aussi

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