| Date | – |
|---|---|
| Lieu | Macédoine |
| Issue | Victoire de l’Entente ; Armistice de Thessalonique ; Lancement de la deuxièmeCampagne de Serbie. |
| 650 000 hommes+ 200 avions | + 30 avions |
Batailles
L'expédition de Salonique, aussi nomméeFront d'Orient,Front de Salonique ouFront de Macédoine, est une opération menée par les armées alliées à partir du port grec macédonien deSalonique pendant laPremière Guerre mondiale. Elle est destinée, dans un premier temps, à soutenir l'arméeserbe lors de l'invasion de la Serbie par des unités germano-austro-hongroises etbulgares, à l'aide, notamment, des troupes évacuées desDardanelles ; dans un deuxième temps, à reconstituer cette armée après sa déroute à travers l'Albanie et son évacuation par les ports de la côteAdriatique ; dans un troisième temps, à fixer les troupes desempires centraux et des Bulgares, en particulier après lacapitulation de la Russie à Brest-Litovsk et dans un quatrième temps, à ouvrir un front enMacédoine pour soulager la pression sur le front occidental et reconquérir les territoires perdus.
Elle se déroule de1915 à1918[1]. L'opération est un peu oubliée par les opinions publiques des puissances belligérantes. Toutefois, son intérêt stratégique dans le cadre de la lutte contre les puissances centrales n'est plus à démontrer.
Pour l'armée française, les opérations sur lefront de Macédoine se décomposent ainsi :
| Opérations | Batailles | Combats |
|---|---|---|
| Opérations du Vardar et retraite sur Salonique (octobre à décembre 1915) | Aucune bataille mais des combats | Stroumitza (octobre 1915) Kosturino (octobre 1915) Krivolak-Gradsko (octobre et novembre 1915) Cicevo (novembre 1915) Demir-Kapou (décembre 1915) Merzenci (décembre 1915) Doiran (Anglais) (décembre 1915) |
| Organisation du camp retranché de Salonique (décembre (1915-1916) | ||
| Déploiement des armées alliées après la reconstitution et le transport de l’armée serbe. (mai à août 1916) | Bataille de Doiran (Français - Anglais) (août 1916) | |
| Manœuvre bulgare sur les deux ailes (août 1916) | La Strouma (Français) (18-20 août 1916) Ostrovo (Serbes) | |
| Contre-offensive alliée Manœuvre de Monastir (septembre à novembre 1916) | Bataille du Kaîmaktchalan-Florina (Français-Serbes-Russes) (septembre 1916) Bataille de la Cerna-Monastir (Français-Serbes-Russes, puis Italiens) (octobre et novembre 1916) | |
| Extension du front vers l’Albanie (décembre 1916 à mars 1917) | ||
| Tentative pour dégager Monastir (mars 1917) | Bataille du Lac Prespa (mars 1917) Bataille de la cote 1248 (mars 1917) | |
| Offensives d’ensemble (mai 1917) | Bataille de la Boucle de la Cerna (Français-Italiens-Russes-Serbes) (mai 1917) Bataille du Vardar (Français - Anglais) (mai 1917) | |
| Opérations de Pogradec (septembre - octobre 1917) | Devoli (septembre 1917) Cerava (septembre 1917) Kamia-est (septembre 1917) Golik (octobre 1917) | |
| Opérations du Skra di Legen | Bataille du Skra di Legen (Français-Grecs) (31 mai 1918) | |
| Opérations d’Albanie (mai à juillet 1918) | 1. Ostrovitza (mai 1918) 2. Kamia-ouest (juin 1918) 3. Bofnia (juillet 1918) | |
| Opérations sur la Strouma (Anglais - Grecs) (juin – juillet 1918) | ||
| Rupture du front ennemi de Macédoine (15-30 septembre 1918) | Bataille du Dopbropolje (Français - Serbes) (15 - 16 septembre 1918) Bataille de Monastir-Doiran | Lac Doiran (18-19 septembre 1918) La Dzena (18-20 septembre 1918) La Cerna (19-20 septembre 1918) La Semnica (22-24 septembre 1918) |
| Manœuvre d'Uskub (Français) (24 - 30 septembre 1918) | ||
| Armistice avec la Bulgarie 30 septembre 1918 | ||
| Opération des deux Armées serbes (octobre - novembre 1918) | Leskovats (Artillerie française) Nich Kraguievatz | |
| Opérations de l’A.F.O. et de l’Armée du Danube (Français - Italiens -Grecs) (octobre - novembre 1918) | Kajanic (octobre 1918) Engagement sur le Danube | |
| Opération d’Albanie (Français - Serbes) (octobre - novembre 1918) |

À la suite de l'invasion par les armées austro-allemandes et bulgares de laSerbie, les alliés débarquent àSalonique avec des troupes repliées de l'expédition des Dardanelles. L'idée politique est de se porter au secours des troupes serbes qui se replient vers le sud et de maintenir ainsi le deuxième front queWinston Churchill a tenté de faire ouvrir sur lesDétroits, sans succès.
Dès le 5 octobre 1915, les troupes françaises et britanniques débarquent sous le commandement du généralMaurice Sarrail avec l'accord du premier ministre grecElefthérios Venizélos, mais violant aussi la neutralité de laGrèce. L'idée stratégique est de se porter surNiš pour prendre les troupes bulgares de flanc et arrêter ainsi leur progression enSerbie. En fait, avec l'évolution de la situation, les objectifs sont revus à la baisse. Il s'agit de conserver le contrôle de la voie ferrée qui remonte la vallée duVardar pour garder ouverte la seule voie de communication des Serbes vers l'extérieur qui sert de ravitaillement depuis des mois (munitions, vivres, équipements).

Dès le 14 octobre, les troupes du généralBailloud se portent donc vers le Nord par la voie ferrée, pour tenter de faire leur jonction avec les troupes serbes. Elles font leurbaptême du feu le 21 octobre avec les flanc-gardes bulgares à la gare deStroumitza. Le 25 octobre les éléments de la57e division d'infanterie et du176e régiment d'infanterie ainsi que du2e régiment de Marche d'Afrique continuent à progresser le long de la vallée de laTcherna jusqu'àGradsko. L'idée est de retrouver les troupes serbes àVeles. Mais le plan initial échoue. Les Bulgares coupent la ligne de retraite des Serbes vers le sud. L'armée serbe doit se replier vers l'ouest sous leur pression.
Les122e et57e divisions d'infanterie françaises s'arrêtent donc devantGradsko, le 7 novembre, se fortifient dans le triangle deKavadartsi, formé à l'ouest par laTcherna et à l'est par leVardar ; les points extrêmes de l'avancée alliée lors de cette phase étantMrzen sur la rive gauche de la Tcherna et la cote 850 entre Kosturino et Ormanli sur la frontière bulgare occupée par les Anglais duXVIe corps du généralCharles Monro, la156e division s'appuyant autour de la gare deStroumitsa.

Du1er au 12 décembre, faute d'avoir pu progresser, les troupes alliées se replient surSalonique dans des conditions climatiques difficiles[2], des chutes de neige et des températures négatives (−23 °C ?)[3]. Afin de permettre le retrait de tous les moyens engagés pour la bataille, des combats retardateurs (Krivolak,Demir-Kapou,Gradek) ont lieu sur des lignes prédéterminées jusqu'à la frontière grecque que les Bulgares refusent de franchir à la demande expresse des Allemands. En effet, la Grèce n'a toujours pas choisi son camp, c'est pourquoi laQuadruplice cherche à la ménager.
Pendant ce temps, l'armée serbe subit une cruelle retraite à travers les montagnes duMonténégro et de l'Albanie et doit être évacuée par les ports deMedua,Durrazzo etValona, puis amenée par les navires alliés viaCorfou àSalonique, où elle se reconstitue.

Salonique devient ainsi une ville refuge encerclée de loin par les troupes de l'Alliance et avec l'armée grecque en interposition le long de la frontière[4]. Transformée en camp retranché solidement tenu à l'est, le long de laStrouma, et, à l'ouest, sur leVardar, elle accueille, mi-1916, près de 300 000 hommes (Français, Britanniques, Serbes, Italiens et Russes). Les troupes se fortifient autour de la ville dans ce que les Britanniques appellent la cage aux oiseaux (the birdcage). Les Serbes arrivent de l’Adriatique pour être équipés et formés à la française, casques, canons, uniformes, et ravitaillés.
La présence des troupes alliées àSalonique est âprement discutée au niveau politique. Les Britanniques, dirigés par legénéral Monro, souhaiteraient se retirer[5] pour disposer de plus de troupes au profit de la Palestine et de l'Irak, sources vitales de ravitaillement en hydrocarbure et cibles prioritaires des troupes de l'Entente.Aristide Briand, président du Conseil, intervient personnellement pour la maintenir en vue de soutenir une entrée en guerre de laRoumanie hésitante, ceci contre l'avis même dugénéral Joffre. La situation est difficile avec le ravitaillement.La Provence II est coulée le 26 février 1916. Les dissensions politiques en Grèce et le manque de coordination entre les Alliés causent beaucoup de soucis…

La ville fait l'objet d'une série d'attaques aériennes. UnAviatik allemand la bombarde le 30 décembre 1916, tuant 1 pâtre et 5 moutons, mais la bombe tombe près d'une troupe grecque en manœuvre sous les ordres du princeAlexandre et explose à 50 m du généralEmmanuel Zymvrakakis. Profitant de cette première agression bulgare sur la ville, Sarrail fait arrêter les consuls de laQuadruplice et les expédie par bateau le jour même[6]. Il s'ensuit d'autres incursions, cette fois-ci de nuit : le 7 janvier, le1er février et le 27 mars 1916, les magasins de l'armée française sont gravement atteints par des bombes. Ces nouveaux bombardements provoquent l'incendie d'une partie de la ville et des pillages durement réprimés. Le 5 mai, le Zeppelin est touché par les canons duHMS Agamemnon, ancré dans la rade de Salonique. Il est alors contraint de se poser dans le delta duVardar, avant d'être finalement détruit par son équipage.

Pendant que les instances politiques prennent leur temps pour décider du niveau d'intervention de chaque allié, de nombreuses incertitudes demeurent. Les Grecs hésitent à prendre parti pour lesempires centraux ou pour l'Entente. Les Anglais menacent de se retirer pour renforcer leurs troupes en Palestine. Joffre hésite à envoyer des troupes françaises en renfort. Les Roumains hésitent à entrer en guerre. Par ailleurs, la troupe subit les affres de la région, grands froid l'hiver, forte chaleur l'été et une importante attaque du paludisme[7]. Les routes ne sont pas adaptées au nombre croissant de troupes et à l'activité d'un front en temps de guerre. Les armées alliées passent donc un grand temps en préparation avec la construction de routes, de puits, de points d'eau, et la reconstruction d'une voie de chemin de fer pour aller versFlórina.
Malgré des effectifs militaires importants, le front deSalonique ne joue qu'un rôle mineur pendant les années 1916 et 1917.




À partir de mars 1916, le généralSarrail s'aperçoit que les forces d'interposition grecques se dégarnissent, vraisemblablement à la suite d'accords entre les Grecs, les Allemands et les Bulgares. Le 4 mai, il fait envoyer un fort détachement surFlórina en direction deMonastir pour prévenir tout débordement des troupes germano-bulgares vers l'ouest.
Le 27 mai, les Bulgares pénètrent en territoire grec. Dans un premier temps, ils prennent, avec l'assentiment des Grecs, lefort du Rupel, sur la route deSalonique àSerrès, qui commande toute laMacédoine orientale. Dans un deuxième temps, à partir du 18 août, l'offensive du Strymon leur permet d'avancer beaucoup plus profondément en territoire grec : à l'est, ils débouchent du Rupel et envahissent toute la Macédoine orientale ; à l'ouest, ils reprennent Florina et marchent surOstrovo (en) etVerria, pour verrouiller l'accès à la Macédoine occidentale.
Après une phase défensive autour deDoiran, de laStrouma et duVardar pendant laquelle ils connaissent un certain nombre de problèmes de coordination, les Alliés reprennent l'initiative. Le plus haut sommet de laMoglena, leKaymakchalan, qui domine la plaine deSalonique, estconquis le 20 août par les Serbes. Ceux-ci empêchent les Bulgares de couper la route deMonastir par la bataille d'Ostrovo (Vegoritida), le 28 août. La ville de Monastir elle-même et son environnement immédiat, la boucle de laTcherna, sont investis le 19 novembre par les troupes françaises.
À l'est, les Alliés lancent une opération sur laStrouma en direction deSerrès. Ils reprennent lefort Rupel mais doivent s'arrêter à quelque distance de la ville. Le front se stabilise alors. Sur le plan tactique, l'offensive est une victoire. En revanche, sur le plan stratégique, elle ne peut empêcher l'offensive des Puissances centrales qui se déroule simultanément de fin août à début décembre et qui s'achève par l'invasion totale de laRoumanie.
À la fin de 1916, le front passe donc sur les hauteurs qui dominent le camp retranché, notamment au sud dulac Doïran, dans la vallée du Vardar, au-dessus deGevgueli, sur les crêtes de la Moglena autour de Monastir et de la boucle de la Tcherna jusqu'aulac Prespa. Les Allemands et les Bulgares se fortifient sur ces positions dominantes.
Parallèlement, et pour faire cesser l'attitude ambiguë du roi et du gouvernement grecs, les troupes du généralSarrail investissentAthènes le 2 décembre, à la suite d'incidents importants où sont tués des marins français : ce sont lesvêpres grecques.

Pendant toute l'année 1917, l'activité des troupes se résume à une guerre de position le long du front atteint fin 1916, notamment autour deMonastir et duLac Doïran. Quelques combats émergent de cette période :
En outre, les soldats sont très affectés par la dysenterie, le scorbut, les maladies vénériennes et le paludisme. La concentration de réfugiés, les marécages qui font de laMacédoine le dernier point d'Europe où le paludisme sévit et un service médical peu développé favorisent toutes sortes d'épidémies (cf.Camp de Salonique).
Le général Sarrail est limogé et remplacé par le généralAdolphe Guillaumat le 14 décembre 1917, à cause de ses erreurs militaires.
Depuis le printemps 1918, le front est essentiellement tenu par l'armée bulgare, appuyée certes par quelques unités autrichiennes et allemandes, mais en situation d'infériorité numérique face à une armée d'Orient commandée parFranchet d'Espérey, et composée de troupes françaises, anglaises, grecques et serbes[8].
À partir de l'été 1918, l'état-major de l'armée de Salonique propose une offensive contre les lignes bulgares. Les Britanniques s'y opposent car ils souhaitent un accord politique avec la Bulgarie pour l'exclure du conflit[9].
Peu à peu, cependant, les forces alliées s'étoffent. Le généralAdolphe Guillaumat qui a remplacé Sarrail prend des mesures pour lutter contre les maladies et le mauvais moral. Il fait notamment assainir la région par un plan "paludisme". Venu pour conclure à l'inutilité du théâtre d'opération, il convainc les autorités françaises de continuer à le renforcer. En outre, il organise une véritable superstructure multinationale qui lui permet de donner des ordres sans froisser les particularismes. Dans un premier temps, il améliore ses relations personnelles avec les différents chefs alliés. Dans un deuxième temps, il crée un véritable état-major interallié où la France joue le rôle de nation-cadre mais où il laisse un certain nombre de responsabilités aux officiers étrangers. Dans un troisième temps, il fait mettre en place des procédures communes qu'il diffuse sous forme de cours dans des centres d'instructionad hoc. Dans un quatrième temps, il soutient les efforts de l'armée grecque pour se mettre au niveau. En mai 1918, il dispose de 650 000 hommes à savoir, d'ouest en est :
Les Russes ont disparu à la suite des événements dans leur pays. Leurs bataillons ont été dissous en janvier 1918 et ont été désarmés. Certains soldats sont restés comme ouvriers, d'autres, les plus radicaux, ont été emmenés en Afrique du Nord. Par ailleurs, les Italiens déploient le16e Corps d'armée en Albanie, qui n'obéit qu'àRome et qui n'est donc pas sous commandement opérationnel de l'Armée d'Orient.
En juin, le général Guillaumat est rappelé à Paris par Clemenceau. Il est remplacé par le généralLouis Franchet d'Espérey.
Celui-ci prépare avec ardeur une offensive majeure. Il fait construire des routes et des voies ferrées à voie étroite (600 millimètres) pour amener l'artillerie et les munitions le long du front. Il fait effectuer des relevés cartographiques et fait mettre en place des réseaux filaires de communication.
En septembre, l'armée grecque reconstituée atteint sa capacité opérationnelle et se joint aux alliés. Elle s'illustre lors de laprise du Skra di Legen le.
Les effectifs par puissances belligérantes dans les Balkans sont, en, de 210 000 Français, 138 000 Britanniques, 119 000 Serbes, 157 000 Grecs, et 43 000 Italiens opposés à 550 000 Bulgares (appuyés par quelques forces austro-hongroises), 18 000 Allemands, et 25 000 Turcs[10].
En face, laXIe Armée allemande dugénéral von Steuben, est essentiellement composée de Bulgares. LeFeld-maréchal Mackensen dirige donc trois armées bulgares, laIre,IIe etIVe, depuis son QG deBucarest.
Le 15 septembre, Le généralLouis Franchet d'Espérey lance une offensive vers le nord, en direction de laSerbie. Il fait progresser ses troupes sur deux axes Ouest et Est. Pour conquérir la vallée duVardar et progresser profondément enSerbie occupée, une alternative s'offre à lui :
Franchet d'Esperey choisit la seconde option. Français et Serbes coupent donc à travers la montagne de la Moglena pour surprendre les germano-bulgares sur leurs lignes de ravitaillement dans la région de Prilep.
Le 15 septembre, après une préparation d'artillerie intense, les divisions françaises et serbes s'emparent duDobro Polje (1 830 m), du Sokol (1 825 m), de la Djena et du Vetrenik, sommets fortifiés par les Bulgares et les Allemands qui ouvrent la route dePrilep, objectif des Français et deGradsko objectif des Serbes. À la suite de ce succès, les Français s'emparent de Prilep le 23 septembre. Puis, la brigade des Chasseurs d'Afrique suivie par la brigade coloniale chevauchent à travers la montagne afin de créer la surprise. Le 29 septembre, elles s'emparent d'Uskub (aujourd'huiSkopje) où se trouve la zone arrière de théâtre de laXIe Armée. Celle-ci est obligée de replier ce qui lui reste sur Kalkandelen (aujourd'huiTetovo). Elle se voit donc obligée de capituler. L'armée bulgare est ainsi coupée en deux. La route de Sofia est ouverte. LaBulgarie demande alors, sans délai, un armistice qui est ratifié le 5 octobre.
Sur une aile formée par les Britanniques et les Grecs, l'attaque est plus frontale. Il s'agit de s'emparer des positions extrêmement solides qui se sont améliorées progressivement autour dulac Doïran et le long de laStrouma. Le 18 et 19 septembre, la bataille fait rage. Les Alliés ont beaucoup de difficultés, se heurtent aux défenses bulgares et ne progressent quasiment pas sur les objectifs qui leur ont été assignés, « Pip Ridge » et le « Grand-Couronné ». Après une bataille très meurtrière et peu concluante, la situation se débloque rapidement, le 20 septembre dès que les Bulgares se retirent, à la suite de la rupture des Serbes et des Français sur Prilep. Les Grecs et les Britanniques s'emparent alors deKostourino et deStroumitsa.
Pour contrer immédiatement la disparition de laBulgarie du théâtre, les Allemands et les Autrichiens cherchent à établir un nouveau front enRoumanie alors que les Turcs se couvrent avec cinq divisions sur la Thrace. La continuité entre l'Alliance et les Turcs est rompue. La ligne de chemin de fer Berlin-Bagdad est coupée.
UneArmée du Danube est créée le 28 octobre avec deux divisions françaises sous les ordres du général Berthelot. Elle se dirige vers laRoumanie pour affronter les forces allemandes qui s'y sont regroupées. Elle atteint Bucarest le1er décembre. Elle est appuyée vers l'ouest par les Serbes qui remontent le Danube par lesPortes de Fer. Au 11 novembre, l'armée d'Orient est étirée sur un front de 1 200 km, de la Thrace aux frontières nord de laSerbie en passant par laRoumanie.
À la fin de la campagne, du 18 au 25 décembre, une partie de l'armée d'Orient est redéployée àOdessa contre les Soviets en Ukraine. Ce n'est qu'en 1919 qu'elle est rapatriée et démobilisée.
L'écrivainRoger Vercel, engagé et blessé sur le front de France durant la Première Guerre mondiale, servit ensuite sur le front d'Orient dans l'armée de Salonique et ne fut démobilisé que nettement après l'armistice de novembre 1918, après que son unité ait été redirigée vers la Crimée dans le cadre de la politique anti-bolchévique du « cordon sanitaire » voulue par les gouvernements alliés de l'époque. C'est de cette expérience assez amère de soldats d'une « guerre oubliée » qu'il a tiré la substance de son romanCapitaine Conan, qui obtient le Prix Goncourt 1935 et qui est ensuiteadapté au cinéma parBertrand Tavernier, dans un film largement salué par la critique.