Pour les articles homonymes, voirJoly.
Eva Joly | |
![]() Eva Joly en 2012. | |
Fonctions | |
---|---|
Présidente de la commission du développement du Parlement européen | |
– (4 ans, 11 mois et 10 jours) | |
Législature | 7e |
Prédécesseur | Josep Borrell |
Successeur | Linda McAvan |
Députée européenne | |
– (9 ans, 11 mois et 17 jours) | |
Élection | 7 juin 2009 |
Réélection | 25 mai 2014 |
Circonscription | Île-de-France |
Législature | 7e et8e |
Groupe politique | Verts/ALE |
Biographie | |
Nom de naissance | Gro Eva Farseth |
Date de naissance | (81 ans) |
Lieu de naissance | Oslo (Norvège) |
Nationalité | Norvégienne Française |
Parti politique | Europe Écologie Les Verts(depuis 2008) |
Diplômée de | Université Panthéon-Assas École nationale de la magistrature |
Profession | Juge d'instruction Avocate |
modifier ![]() |
Eva Joly, néeGro Eva Farseth[1] le àOslo enNorvège, est unemagistratefranco-norvégienne, devenuefemme politique en France. Elle estdéputée européenne (groupeVerts-ALE) de 2009 à 2019.
Nomméejuge d'instruction au pôle financier dupalais de justice de Paris en 1990, elle se fait connaître en instruisant desdossiers politico-financiers médiatisés, tels que des affaires concernantBernard Tapie etl'entreprise Elf.
En 2009, elle est éluedéputée européenne dans lacirconscription Île-de-France, sur la listeEurope Écologie. Elle est candidate d'Europe Écologie Les Verts à l'élection présidentielle de 2012 où elle recueille 2,31 % des voix. Elle est ensuite réélue auParlement européen en 2014.
Depuis 2015, elle exerce comme avocate aubarreau de Paris[2].
Gro Eva Farseth[3] naît le àMotzfeldts gate (rue Motzfeldt), dans un quartier modeste d'Oslo[4], dans une famille d'origine rurale.
Elle passe une partie de son enfance dans le quartier ouvrier deGrünerløkka (blanchisseries, boulangeries, meuneries, voileries, etc.), àOslo, et en fréquente les écoles.
À 18 ans, après avoir fini troisième au concours deMiss Norvège[5], elle quitte son pays natal avant d'exercer divers métiers :fille au pair[6], secrétaire auxDisques Barclay,dactylo,couturière à domicile[7].
En 1967, elle épouse un étudiant en médecine, Pascal Joly, le fils aîné de la famille où elle travaillait au pair, et cousin deSylvie Joly, malgré l'opposition de ses futurs beaux-parents[8]. C'est ainsi qu'elle obtient, à 24 ans, la nationalité française qui vient s'ajouter à sa nationalité norvégienne d'origine. Ils ont une fille, Caroline, qui deviendra avocate au Barreau de Paris, et un fils, Julien, devenu architecte. Tout en poursuivant des études de droit, Eva Joly gagne sa vie commestyliste en décoration d'intérieur[4]. Quand son mari termine ses études de médecine, le couple s'installe à la campagne, àBouray-sur-Juine, près d'Étampes[4]. Eva Joly obtient unelicence endroit et unDEA desciences politiques au sein de l'université Panthéon-Assas[9], et devient conseillère juridique de l'hôpital psychiatrique d'Étampes.
En 1981, elle réussit un concours exceptionnel d'entrée à l'École nationale de la magistrature, et précise : « Il n'y avait pas d'épreuve de culture générale et cela me convenait »[10]. La même année, alors âgée de 38 ans, elle est nommée substitut duprocureur de la République au tribunal de grande instance d'Orléans.
En 1989, elle est détachée aucomité interministériel de restructuration industrielle (CIRI), organisme rattaché auministère de l'Économie et des Finances, qui épaule les entreprises en difficulté dans les zones sinistrées. Elle en devient la première secrétaire générale adjointe à ne pas sortir de l'École nationale d'administration (ENA). Elle est également auditrice de l'Institut des hautes études de Défense nationale, dont elle a suivi l'enseignement en 1996[11].
Nommée en 1990juge d'instruction au pôle financier dupalais de justice de Paris, elle instruit des affaires en vue, comme celle deBernard Tapie[12] (article détaillé :affaire Tapie - Crédit lyonnais opposantBernard Tapie auCrédit lyonnais et l'affaire du Phocéa opposant Bernard Tapie à l'administration fiscale), puis se voit confier le dossierBidermann, qui conduit viaElf-Gabon àl'affaire Elf, qu'elle instruit avecLaurence Vichnievsky[13]. Le, Eva Joly fait incarcérerLoïk Le Floch-Prigent, ancienP-DG d'Elf Aquitaine et président en exercice de laSNCF.
Puis elle ouvre les dossiers de l'affaire des frégates de Taïwan et de l'affaireDumas-Deviers-Joncour. En, ellemet en examenRoland Dumas, président duConseil constitutionnel[14], qui est contraint à la démission. Déclaré coupable de recel d'abus de biens sociaux pour avoir profité d'une partie des fonds indûment versés parElf à son ancienne maîtresse,Christine Deviers-Joncour, la11e chambre dutribunal correctionnel de Paris le condamne le à une peine de trente mois d'emprisonnement dont six fermes et à une amende d'un million defrancs (152 000 euros). Le, la9e chambre des appels correctionnels de la cour de Paris infirme le jugement de première instance et prononce sa relaxe.
En 2001, en pleine affaire Elf, Eva Joly est très marquée psychologiquement par le suicide de son ex mari[15]. La même année, elle est lauréate, pour le travail exceptionnel effectué dans cette affaire, du prix de l'intégrité décerné par l'ONGTransparency International[16].
En 2003, elle est l'une des initiatrices de laDéclaration de Paris avec l'ancien procureur deGenèveBernard Bertossa, le juge espagnolBaltasar Garzón, le juge italienAntonio Di Pietro[17] et le ChilienJuan Guzmán Tapia, qui a inculpéAugusto Pinochet.
Après l'affaire Elf, Eva Joly souhaite s'éloigner de la France. Elle explique son départ en Norvège comme un véritable exil pour se mettre à l'abri :« J'ai quitté la France. Je suis partie parce que je ne voulais laisser à personne les moyens et le temps de se venger »[18].
En 2002, elle se met en disponibilité de la magistrature pour devenir conseillère du gouvernement norvégien dans la lutte contre lacorruption et la délinquance financière internationale, déplorant au passage la complaisance en France pour les malversations financières.
Entre 2004 et 2006, pour le compte de l'Agence norvégienne de développement et de coopération, elle est conseillère du président de laRépublique malgache,Marc Ravalomanana[19],[20].
En 2005, elle crée, avec l'appui du ministère des Affaires étrangères, le « Network », réseau privé de juges et d'enquêteurs engagés dans la lutte contre lacorruption. Ses membres représentent notamment plusieurs pays en voie de développement auxquels le Network apporte non seulement un soutien psychologique et moral grâce aux échanges et réunions organisés régulièrement, mais aussi, à l'occasion, une aide matérielle, comme l'exfiltration d'un membre dont la sécurité serait menacée. Comme le disent certains membres du réseau, cette initiative unique et salutaire ne pourra réellement avoir un impact significatif que si une cour internationale est créée afin de poursuivre les criminels financiers, seule façon de faire appliquer les lois communes en vigueur[21].
Son nom est choisi par la promotion 2007 de l'École nationale de la magistrature. Dénonçant toujours la soumission de la magistrature au pouvoir politique, elle a critiqué le projet deNicolas Sarkozy visant à dépénaliser le droit des affaires[22].
En, Eva Joly est appelée par le gouvernementislandais pour servir en tant queconseillère spéciale dans une enquête sur une possiblecriminalité financière qui aurait aggravé la crise financière dans le pays[23].
Elle rend un rapport de 2 000 pages en. La chanteuse islandaiseBjörk estime que cette mission a constitué un apport immense pour son pays[24].
Eva Joly renonce ensuite à ce poste, justifiant son départ par la préparation à lacampagne présidentielle française de 2012, comme candidate dumouvement écologiqueEurope Écologie Les Verts[25].
En 2007-2008, Eva Joly est proche duMouvement démocrate[26] et aurait, selonNicolas Hulot, approchéFrançois Bayrou pour être tête de liste MoDem auxélections européennes[27], mais, ne recevant pas l'investiture souhaitée, elle n'aurait pas donné suite. Elle expliquera plus tard ce départ en jugeant queFrançois Bayrou « n'a pas de programme »[7].
En, elle rejoint le rassemblementEurope Écologie[28], en deuxième position sur la liste des écologistes enÎle-de-France en vue desélections européennes[29]. La liste conduite parDaniel Cohn-Bendit recueille 20,86 % des voix, et elle est éluedéputée européenne, le.
Dès 2010, elle annonce son intention de se présenter sous les couleurs écologistes à l'élection présidentielle française de 2012[30],[31]. Eva Joly est considérée comme la favorite de laprimaire écologiste[32] jusqu'à la déclaration de candidature deNicolas Hulot.
Elle bénéficie du soutien de certains Verts de premier plan, mais pas de la direction[33]. Elle arrive cependant en tête du premier tour, fin, manquant de l'emporter à 63 voix près. Le, elle est proclamée vainqueur de la primaire avec 58,16 % des voix face à Nicolas Hulot : Eva Joly devient ainsi la candidate officielle d'Europe Écologie Les Verts pour l'élection présidentielle de 2012[34].
À deux reprises, Eva Joly tient des propos remarqués surDSK et leprix de l'humour politique lui est décerné pour sa formule« Je connais bienDominique Strauss-Kahn : je l'ai mis en examen »[35], qu'elle prononce en, alors que sa candidature à la présidentielle 2012 se précise et qu'on l'interroge sur ses rivaux socialistes potentiels.
En, pendant les primaires écologistes et la campagne qui les précède, l'ancienne juge d'instruction fait ce commentaire sur l'ex-directeur duFMI, alors que l'affaire du Sofitel de New York est à la une des médias du monde entier : « C'est un homme ; il est riche, puissant et connu, face à une femme, faible, pauvre et inconnue. Il a perdu. »[36].
Le, elle obtient leprix Sophie de l'environnement et du développement durable pour son engagement dans la lutte contre lesparadis fiscaux.
Deux jours après avoir été désignée pour représenterEurope Écologie Les Verts à cette élection, sa campagne provoque une polémique concernant sa première proposition de candidate : le remplacement du défilé militaire de la fête nationale sur les Champs-Élysées par un « défilé citoyen »[37].
Dans les mois qui suivent, elle fait d'autres propositions qui provoquent aussi des polémiques : par exemple, l'abandon dudroit de véto et du siège de la France auConseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies, au profit d'un représentant européen unique[38] et la création dedeuxjours fériés, un pour les juifs et un pour les musulmans, afin que« chaque religion ait un égal traitement dans l'espace public »[39].
Le, en désaccord avec les virulentes critiques qu'elle adresse auParti socialiste alors qu'Europe Écologie Les Verts avait signé avec eux un accord de gouvernement,Yannick Jadot, son porte-parole, démissionne de l'équipe qui dirige sa campagne[40].
Le, la chronique dans laquellePatrick Besson parodie l'accent norvégien de la candidate écologiste[41] déclenche une vive polémique et une réponse d'Eva Joly[42], qui considère que ce billet est « une attaqueraciste »[43].
Le, l'ancienne magistrate est condamnée à une amende avec sursis pour avoir diffaméDavid Douillet[44].
Lors de la campagne, Eva Joly prend position sur ce qu'elle considère comme l'occupation et lacolonisation du Tibet par laChine, soutenant la demande d'une réelle autonomie par l'administration centrale tibétaine et se préoccupant de l'immolation de Tibétains depuis mars 2011[45]. Elle cosigne avecJean-Marc Brûlé etÉlodie Bernard un article sur le Tibet publié parMediapart[46] et critiqueJean-Luc Mélenchon qui soutient la Chine contre le Tibet[47].
Le,Le Monde regroupe des analyses sur ses mauvais scores dans lessondages d'opinions et sur ses rapports difficiles avec les journalistes, d'où il ressort, entre autres,« qu'elle ne possèderait pas les codes nécessaires » pour mener une campagne électorale, qu'elle« manque de métier », que« les écologistes n'ont pas tranché certains problèmes, et c'est elle qui paie la facture ».Christophe Barbier conclut qu'« on a le droit de ne pas vouloir faire émerger des têtes, de ne pas jouer le jeu de laVe République, mais alors on ne se plaint pas des journalistes, et on ne présente pas de candidat[48] ».
Totalisant 2,31 % des voix (828 345 voix) au premier tour[49], Eva Joly termine sixième de cette élection présidentielle, loin derrièreFrançois Bayrou, devantNicolas Dupont-Aignan, se trouvant ainsi à un niveau légèrement supérieur à celui deDominique Voynet en2007 (1,57 %) mais bien en dessous de celui deNoël Mamère en2002 (5,25 %). Elle appelle, le soir même du premier tour, à voter pourFrançois Hollande au second tour.
Dans le cadre de l’Organisation des Nations unies, pour la Mission d'assistance des Nations unies enAfghanistan (UNAMA), Eva Joly est nommée[50] en, comme l'une des trois membres internationaux d’un organe mixte d'experts anti-corruption (enanglais :Independent Joint Anti-Corruption Monitoring and Evaluation Committee, MEC) enAfghanistan, composé de trois experts nationaux et de trois experts internationaux. Pour son travail au sein de cet organe d'experts des Nations unies, Eva Joly se déplace en Afghanistan au cours du mois de juillet[51] et, en 2014, participait à la présentation du rapport et des recommandations du MEC au Gouvernement[52].
Le, elle lance lelaboratoire d'idées « #engagement » qui se veut une plate-forme d'échange d'idées[53].
Le, elle se dit favorable à un départ d'ÉELV dugouvernement, estimant de celui-ci :« C'est un système libéral et orthodoxe, qui concentre les richesses entre peu de mains, et laisse les territoires et les quartiers difficiles tous seuls », alors que« Nous étions d'accord pour soutenir un gouvernement de gauche avec une politique de gauche : une politique pour les quartiers, contre le chômage. »[54],[55]. Ce départ aura lieu en avril.
En, elle est condamnée pourdiffamation pour des propos visantChristian Vanneste dans le cadre de la polémique sur la déportation des homosexuels en France[56]. Ayant fait appel de cette décision, elle sera à nouveau condamnée le par la Cour d'appel de Paris à verser 800 euros d'amende pour diffamation, et à verser un euro dedommage-intérêts à Christian Vanneste[57].
Également en, elle déclare vouloir deveniravocate[58]. Elle se présente devant le Conseil de l'Ordre de Paris pour s'expliquer sur ses motivations et est inscrite à l'ordre en[59],[60]. Elle défend notamment avec sa fille Caroline le « faucheur de chaises »Jon Palais, militant d'Action non-violente COP21 poursuivi parBNP Paribas pour avoir dénoncé son rôle dans l'évasion fiscale. Il est relaxé par le tribunal de Dax le 23 janvier 2017[61].
Le, elle compte parmi les signataires de l'Appel des 58 : « Nous manifesterons pendant l'état d'urgence »[62],[63].
Le, elle rejoint l'équipe de campagne deBenoît Hamon, candidat PS à l'élection présidentielle[64].
En 2019, Eva Joly rejoint la liste d'Europe Écologie Les Verts « Pour le climat » pour lesélections européennes de 2019 en France. Elle figure en78e et avant-dernière position de la liste[65].
Elle soutientÉric Piolle au premier tour de laprimaire présidentielle de l'écologie de 2021, puisYannick Jadot au second tour, tout en l'appelant à se « radicaliser », face àSandrine Rousseau[66],[67].
Après 2015, elle rejoint l'Independent Commission for the Reform of International Corporate Taxation (ICRICT)[68].
L'affaire Elf a inspiré les auteurs de fictions :
Sur les autres projets Wikimedia :
Candidats |
| ||||
---|---|---|---|---|---|
Primaires | |||||
Autres | |||||
Filmographie |