Leseucalyptus (du grecεὐ /eu, « bien », etκαλυπτός /kaluptos, « couvert, recouvert ») forment un groupe très riche deplantes dugenreEucalyptus, de lafamille desMyrtaceae et qui regroupait jusqu'en 1995 le genreCorymbia. Les eucalyptus sont originaires d'Australie, ils sont donc indigènes au continent australien, où ils dominent d'ailleurs 95 % des forêts. Plus de six cents espèces étaient recensées dans lesannées 1960[1], et plus de 800 dans lesannées 2000[2]. Les eucalyptus possèdent toute une gamme de mécanismes d’adaptation et ont une croissance rapide, ce qui leur permet d'être présents dans de nombreux environnements. On utilise aussi, moins fréquemment, le motgommier pour parler des eucalyptus.
Un eucalyptus adulte peut, selon l'espèce, se présenter comme unbuisson ou comme unarbre de très haute stature.
On a l'habitude de dire des eucalyptus qu'ils sont :
petits s'ils mesurent moins de dix mètres de haut ;
de taille moyenne s'ils font entre dix et trente mètres ;
grands s'ils mesurent entre trente et soixante mètres ;
très grands s'ils atteignent plus de soixante mètres (certaines espèces atteignant quatre-vingt-dix mètres de hauteur).
Les arbres à tronc unique avec un faîte foliaire occupant la partie terminale du tronc sont des eucalyptus de forêt, et les arbres à tronc unique, mais dont les branches commencent à apparaître à une faible distance au-dessus du sol, sont les eucalyptus de bois.
Lesmallees sont des arbres qui sont divisés en plusieurs troncs au niveau du sol et qui mesurent moins de dix mètres de haut ; le plus souvent ils portent des bouquets de végétation à l'extrémité de petites branches. Ils peuvent former des bosquets plus ou moins denses, qui portent le nom demallees.
Les plus petits eucalyptus forment des buissons de moins de quatre mètres de haut.
Unmallet est un arbre de taille petite ou moyenne, à la base parfois cannelée, possédant des branches pointant vers le haut formant un faîte dense. Il s'agit généralement des espècesEucalyptus occidentalis,E. astringens,E. spathulata,E. gardneri,E. dielsii,E. forrestiana,E. salubris,E. clivicola etE. ornata. Leur écorce lisse a souvent un aspect satiné et peut être de couleur blanche, crème, grise, verte ou cuivre.
UnMarlock, selon le terme utilisé enAustralie-Occidentale, est un arbre de petite taille, au port dressé et au tronc très fin.
L’écorce est très utile pour l’identification et la distinction entre les espèces, car son apparence peut présenter de grandes différences : se décortiquant, dure, fibreuse, floconneuse, lisse, creusée de profonds sillons, etc[1].
La plupart des eucalyptus ont unfeuillage persistant, mais quelques espèces tropicales le perdent à la fin de la saison sèche. Comme chez les autres membres de la famille desMyrtaceae, les feuilles d'eucalyptus sont couvertes de glandes à huile. L'abondante production d'huile est une caractéristique importante de ce genre.
Lesfeuilles, bleutées, ont une curieuse caractéristique : sur les jeunes arbres, elles sont opposées, sessiles, ovales et glauques, et quand l'arbre grandit, elles deviennent alternes, pétiolées, très allongées, parfois un peu courbées comme des lames de faux, et d'un vert luisant. Les deux types de feuillage cohabitent dans les mêmes forêts, donnant l'impression qu'elles sont constituées d'arbres différents.
Cependant, beaucoup d'espèces commeEucalyptus melanophloia etCorymbia setosa gardent toute leur vie le même type de feuilles.Eucalyptus macrocarpa,Eucalyptus rhodantha(en) etEucalyptus crucis(en) sont cultivés commeplantes ornementales, car ils gardent longtemps leurs feuilles juvéniles.Eucalyptus petraea, Eucalyptus dundasii etEucalyptus lansdowneana ont des feuilles d'un vert brillant pendant toute leur existence.Eucalyptus caesia, au contraire des autres, a ses premières feuilles de couleur brillante, alors que les suivantes sont glauques.Cette dualité est utilisée dans la classification des eucalyptus.
Contrairement à la plupart des espèces aux feuilles décidues, l’orientation des feuilles d’eucalyptus est plutôt verticale. Cette disposition dans l’arbre a doté certaines espèces d’eucalyptus d’une adaptation particulière : les feuilles possèdent une couche de cellules palissadiques sur chacune de leurs faces. Les cellules palissadiques contenant leschloroplastes permettant laphotosynthèse, l’eucalyptus peut donc capter de l’énergie lumineuse sur chacun des deux côtés de ses feuilles et tirer meilleur parti de la photosynthèse. Desstomates sont également présents sur chaque face des feuilles[1].
« Fleurs » (étamines) d’Eucalyptus leucoxylon dont certaines ne sont pas encore ouvertes et ont encore leur opercule.
Les fleurs sont très variées. Elles ont de très nombreusesétamines qui peuvent être de couleur blanche, crème, jaune, rose ou rouge. Au départ, les étamines sont encloses dans un étui fermé par unopercule (d'où le nom d'eucalyptus du greceu : bien etkaluptos : couvert) formé par la fusion des pétales et/ou des sépales[4]. Pour un même sujet, les opercules peuvent avoir différentes formes. Lorsque les étamines grandissent, elles soulèvent l'opercule et s'étalent pour former la fleur. La pollinisation des fleurs se fait principalement par les insectes, attirés par leur nectar[5].
Les fleurs d'eucalyptus constituent la source denectar la plus abondante pour la production demiel en Australie.
Les fruits d’eucalyptus sont formés par le développement du réceptacle ainsi que de l’ovaire qui s’y attache. Ils contiennent un nombre important d’ovules. Une partie de ces ovules seront fécondés par des grains depollen distincts, lors de la pollinisation, mais ils ne le seront jamais en totalité. Après la fécondation, les graines vont se développer et faire grossir le fruit[5]. Les fruits à maturité ont la forme d'un cône, ils sont secs et de couleur brune, et possèdent des valves qui se soulèvent pour laisser échapper les graines. La plupart des espèces ne fleurissent pas avant l'apparition du feuillage adulte, saufEucalyptus cinerea etEucalyptus perriniana.
La production de semences de petite taille et en très grand nombre pour chaque arbre, procure aux eucalyptus une importante aptitude à la dissémination et à la colonisation des terrains dénudés. Ainsi même si en conditions difficiles un nombre important des graines meurent il en survit toujours suffisamment pour maintenir l’espèce[5].
La plupart des eucalyptus possèdent également des organes de sauvegarde souterrains appelés lignotubes. Ces lignotubes se présentent sous forme de renflements à la base ducollet racinaire ; ce sont des massifs cellulaires indifférenciés contenant des réserves glucidiques comme l’amidon. Les eucalyptus, pour la majorité d'entre eux indigènes de l’Australie, ont évolué dans un environnement difficile, aride et soumis aux incendies répétés. Or, les lignotubes permettent justement à l’eucalyptus d'engendrer de nouvelles pousses si une perturbation majeure vient à détruire l'appareil végétatif aérien de la plante, partiellement ou dans sa totalité. Les lignotubes favorisent donc la survie des espèces d’eucalyptus possédant cette adaptation[5].
Introduit auMaghreb et dans certains pays d'Europe, l'eucalyptus, qui, pour de nombreuses espèces, redoute les fortes gelées, s'est rapidement acclimaté aux conditions méditerranéennes très similaires à celles de lazone Sud-Ouest australienne, mais aussi aux conditions climatiques qui règnent auPays basque et dans les plaines avoisinantes, et ce non sans impact sur la biodiversité locale. On l'a notamment planté enzone humide pour assécher les sols.
L'eucalyptus peut pousser en moyenne altitude, jusqu'à mille mètres. De grands groupes industriels ont planté plusieurs millions d'hectares de l'espèceEucalyptus globulus pour la fabrication depâte à papier. Cependant, des eucalyptus introduits enAfrique du Sud se développent fortement, en l'absence de parasites qui pourraient en réguler la population. Ce sont là desplantes éthélochores invasives (diffusion par culture sous forme desemences). Ses fruits et ses feuilles éloignant lesinsectes, il a ainsi été planté dans une partie de l'Afrique pour diminuer la propagation dupaludisme. Cela a donné un excellent résultat, non par l'effetrépulsif pour les insectes, mais parce que ses forts besoins en eau ont permis d'assécher lesmarais et d'empêcher ainsi la reproduction desmoustiques, mais avec un danger nouveau : de plus grands risques defeux de forêts de grande ampleur.
Le programmeMEDALUS a montré en zone aride que l'eucalyptus pouvait contribuer à l'érosion des sols et au ruissellement (par rapport à d'autres types d'usage du sol, sur pente).
La plupart des eucalyptus ne supportent pas le gel ou seulement de faibles gelées jusqu'à -3 °C à -5 °C ; parmi les plus résistants le gommier des neiges (Eucalyptus pauciflora) est capable de supporter le froid et le gel jusqu'à environ -20 °C. Deux sous-espèces,E. pauciflora subsp.niphophila etE. pauciflora subsp.debeuzevillei en particulier, sont encore plus résistantes et peuvent tolérer même des hivers assez rigoureux. Certainsécotype d'Eucalyptus glaucescens,Eucalyptus neglecta,Eucalyptus delegatensis,Eucalyptus perriniana subsp. familiaris etEucalyptus dalrympleana ont passé -18c aujardin jungle dans le nord de la France mais il existe une grande variabilité au froid selon le lieu de récolte[6]. Plusieurs autres espèces, notamment des hauts plateaux et des montagnes du centre de la Tasmanie commeEucalyptus coccifera,Eucalyptus subcrenulata,Eucalyptus gunnii ont donné des formes extrêmement résistantes au froid et on a obtenu à partir de semences génétiquement sélectionnées des souches résistantes qui sont plantées pour l'ornement dans les régions froides de différentes parties du monde.
L'Eucalyptus est sensible à divers pathogènes et phytophages, dont certaines espèces qui se sont acclimatées dans les régions où il a été introduit[7] (ex : Psylle de l'Eucalyptus en France[8])
Les eucalyptus sont des arbres à croissance rapide et facile, et sont donc souvent plébiscités dans les programmes de foresterie industrielle dans les pays tropicaux, où ils s'acclimatent en général très facilement, y compris sur des terrains dégradés. Cependant, étant originaires d'Australie, ils peinent souvent à s'intégrer à l'écosystème local, et hébergent relativement peu de biodiversité, d'autant qu'un certain nombre de leurs propriétés les rendent hostiles aux espèces indigènes[10]. D'énormes surfaces de forêt primaires ont ainsi été remplacées par des plantations d'eucalyptus enCalifornie, auBrésil et dans de nombreux pays d'Afrique commeMadagascar ou l'Afrique du sud.
Les feuilles et les racines de l'Eucalyptus produisent une substanceallélopathique : le1,8-cinéole. C'est un agent puissant de destruction de certaines espèces d'herbacées et de bactéries du sol. Ces bactéries étant indispensables à la décomposition de la matière organique et au renouvellement des sols, il a généralement été constaté sur les grandes plantations monospécifiques une baisse de la biodégradabilité, et un appauvrissement notable du sol enazote et en minéraux (calcium en particulier). Des plantations sur terrain acidiphile ont montré, à l'inverse, une stabilisation de la biomasse microbienne et une augmentation de la minéralisation du carbone et de l'azote[11].
Dans certaines conditions, on observe une densification importante de la litière, les feuilles n'étant généralement pas dégradée par la biofaune du sol, ce qui empêche la poussée d'autres plantes sous les eucalyptus[9]. Il est courant de rencontrer une modification de la porosité du sol, avec formation d'une couchehydrophobe d’origine organique. Dans une plantation d'eucalyptus, les minéraux du sol ne redeviennent disponibles qu’à partir de la deuxième année après la coupe des arbres[12]. Une plantation d'eucalyptus de 15 ans contient moins de la moitié d'espèces végétales différentes qu'une plantation dechênes ou dechâtaigniers du même âge[12].
Les eucalyptus forment des forêts particulièrement inflammables, et ont souvent contribué à une augmentation spectaculaire du nombre d'incendies dans les régions de grande plantation[13],[14].
L'eucalyptus est planté dans de nombreuses régions du monde en raison de sa grande rentabilité, en effet il pousse vite et donne un bois solide. Il est ensuite utilisé pour fabriquer de la pâte à papier, des poteaux électriques et meubles ou sert de bois de chauffage ; on en fait aussi ducharbon de bois. Poussant facilement dans les zones arides ou soumises à de grands vents, les haies d'eucalyptus constituent de bons coupe-vent. Enfin, étant de grands consommateurs d'eau, ils ont souvent été utilisés avec succès pour assécher desmarais pontins et des zones humides dans la région deRome, notamment sousMussolini.
Cette culture est cependant controversée, car cet arbre est très consommateur en eau et appauvrit les sols en minéraux[15],[16].
Il y aurait environ 715 espèces d'eucalyptus admises[17]. Seules quelques-unes ou deshybrides ont été massivement introduites en Europe et dans d'autres régions tempérées et humides du globe.
Eucalyptus gundal : hybride deE. gunnii etE. dalrympleana, introduit en France dans un but de production de biomasse ;
Eucalyptus gunnii : l'eucalyptus à feuilles rondes, utilisé pour parfumer de nombreux produits ménagers ;
Eucalyptus pauciflora : dont une sous espèceE. pauciflora subsp.niphophila, l'eucalyptus à feuilles lancéolées, ou Gommier des neiges (nipho, neige en grec) est le plus rustique de son espèce (-20 °C) ;
L'eucalyptus est toxique pour les humains et les animaux de manière générale. Il contient desglycosides cyanogéniques pouvant libérer de l'acide cyanhydrique, qui agit en bloquant la respiration cellulaire[18]. Seul lekoala a développé une résistance à cette toxicité[19].
L'eucalyptus est utilisée enconfiserie principalement dans la fabrication de gommes au goût dementhe, ainsi que dans la fabrication de pastilles ou de pâtes destinéesau traitement des maux de gorge[réf. nécessaire].
Enquête publiée à l'occasion de la candidature deYoweri Museveni à sa réélection, et narrant un épisode de fuite depuis une maison encerclée, dans les années 1970, à travers des forêts d'eucalyptus.
↑Serventy, V. 1968. Wildlife of Australia. Thomas Nelon Ltd, Canada.
↑abc etdOrganisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. 1982. Les eucalyptus dans les reboisements. FAO, Italie.
↑Dhahri, S., & Ben Jamâa, M. L. (2008).Les insectes ravageurs des eucalyptus en Tunisie. Ann. INRGREF, 12(2), 363-372.
↑Bertaux, F., Phalip, M., Martinez, M., & Schumacher, J. C. (1996).Le psylle de l'eucalyptus : Nouveau ravageur des eucalyptus en France. Phytoma-la Défense des Végétaux, (487), 48-50.
↑a etbBassou D (2003)Impact des plantations d'eucalyptus sur la diversité floristique.
↑a etbAPA Thijs, K. W., Aerts, R., Van de Moortele, P., Musila, W., Gulinck, H., & Muys, B. (2014).Contrasting cloud forest restoration potential between plantations of different exotic tree species. Restoration ecology, 22(4), 472-479,résumé
↑Les effets écologiques de l’eucalyptus, par M.E.D. Poore et C. Fries. Étude FAO Forêts n°59, 1986. Ed. FAO.(ISBN92-5-202286-4).
↑Sciences et Avenir avec AFP, « Les gènes du koala l'aident à digérer l'eucalyptus, toxique pour les autres espèces »,Sciences et Avenir,(lire en ligne, consulté le)