La plus ancienne auto-dénomination connue des Estoniens estMaarahvas[19],[20]. L'endonyme moderneEesti est considéré comme dérivé du motAesti donné par les ancienspeuples germaniques auxBaltes vivant au Nord-Est de laVistule. L'historien romainTacite mentionne dansLa Germanie en98 av. J.-C. lesAestii, et lesScandinaves appelaient déjà à cette époque les terres au Sud du Golfe de FinlandeEistland (mot qui sert encore de nos jours enislandais à désigner l'Estonie), et ses habitantsEistr. Tacite mentionne un culte de la mère des dieux parmi lesAesti vivant le long de la côte baltique orientale, ce qui s'applique aux anciennes religions païennes des anciens Estoniens et Baltes[21]. Il parle également desFenni(en) qui vivaient à proximité desAesti et seraient les ancêtres des Finnois ou desSamis, proches des Estoniens. Finalement, le motAestii utilisé par Tacite pourrait aussi bien s'appliquer à un peuple spécifique qu'à un groupe d'ethnies différentes habitant une même région[21]. Le termeAesti s'est ensuite transformé enEste[22].
Les Estoniens ont des liens très forts avec lespays nordiques, dus à d'importantes affinités culturelles et religieuses apparues au cours des siècles sous la tutelle de laScandinavie et de l'Allemagne[27]. En fait, les Estoniens se considèrent plutôt Nordiques que Baltes[28],[29], en particulier à cause de ces affinités culturelles et linguistiques avec les Finnois.
Après la reconnaissance de l'indépendance de l'Estonie par la Russie par leTraité de Tartu, qui mit un terme à laguerre d'indépendance de l'Estonie en 1920, les Estoniens résidant en Russie eurent le choix d'obtenir la citoyenneté estonienne et de retourner dans leur patrie. Environ 230 000 Estoniens vivaient en Russie à ce moment-là. Entre 1920 et 1923, seulement 40 000 d'entre eux obtinrent l'autorisation de quitter l'URSS pour retourner en Estonie[31]. Dans le cadre de la politique d'indigénisation (korenizatsia) de l'URSS, les Estoniens purent s'organiser enselsoviet dans l'Oblast de Léningrad et en Sibérie[32], mais ces selsovets furent abolis en 1936-1937, et beaucoup d'Estoniens subirent desrépressions politiques[32].
L'année 1955 voit le début de la réhabilitation des Estoniens et de leur rapatriement petit à petit[34] enRépublique socialiste soviétique d'Estonie. Après la chute de l'URSS, beaucoup d'Estoniens choisirent de retourner vivre en Estonie.
De nos jours, un nombre croissant d'Estoniens choisit de travailler à l'étranger, ce qui fait de l'Estonie le pays d'Europe au plus haut taux d'émigration[35]. Le pays tente d'enrayer ce phénomène en lançant des politiques de natalité et d'incitation au rapatriement, notamment la campagneTalendid koju! (Ramenez vos talents à la maison!)[36].
Comme pour leurs voisins baltes, il existe une importantediaspora estonienne, notamment depuis la fin de laSeconde Guerre mondiale.
Sur les 1 100 000 Estoniens dans le monde, environ 930 000 vivent enEstonie soit 85 % ; les 15 % restants habitent pour l'essentiel auBrésil, enRussie, auxÉtats-Unis (25 000), auCanada, enSuède et enFinlande (plus de 10 000).
Une étude génétique publiée en 2019 a montré la continuité majeure des ascendances des populations locales depuis la période de laculture de la céramique cordée (-3000 à -2200) jusqu'aux Estoniens modernes, avec seulement de légères modifications au cours de différentes périodes. Elle est concordante avec d'autres études décrivant un flux de gènes ayant eu lieu à l'âge du bronze tardif provenant de régions ayant une forte affinité de chasseurs-cueilleurs occidentaux (WHG) et à l'âge du fer provenant de populations apparentées aux Sibériens modernes (inférence conforme aux modèles de variation autosomique que l'on trouve dans la majorité des locuteurs ouraliques les plus à l'ouest).
Toujours selon cette étude, les traits phénotypiques souvent associés aux Européens du Nord modernes, comme les yeux clairs, les cheveux et la peau, ainsi que la tolérance aulactose, remontent à l'âge du bronze dans la Baltique orientale[38].
↑Élisée Reclus, chapitre « Lithuaniens » de l’Europe Scandinave et Russe tome 5 de laNouvelle Géographie Universelle, la Terre et les Hommes, Hachette 1880.
↑Georges Castellan, « Champonnois Suzanne, de Labriolle François, l'Estonie : des Estes aux Estoniens »,Revue des études slaves,t. 69,no 4,,p. 679-681(lire en ligne, consulté le).
Christoph Pan, Beate Sibylle Pfeil, Michael Geistlinger,National Minorities In Europe, Purdue University Press, 2004(ISBN978-3700314431) : « The Peoples of Europe by Demographic Size », table 1,p. 11f.