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Article premier de laDéclaration universelle des droits de l’homme (voir le texte en français) :Artikkel 1. Kõik inimesed sünnivad vabadena ja võrdsetena oma väärikuselt ja õigustelt. Neile on antud mõistus ja südametunnistus ja nende suhtumist üksteisesse peab kandma vendluse vaim.
Il peut y avoir intercompréhension entre un locuteur du finnois et un locuteur estonien : les difficultés seraient de l'ordre de tournures grammaticales différentes, mais ce sont surtout les accents différents qui apporteraient des difficultés. Enfin, le finnois a intégré un certain nombre de mots suédois dans son vocabulaire, tandis que les Estoniens ont emprunté des mots de vocabulaire d'origine allemande, bas-allemande ou russe.
La base de données linguistiquesGlottolog ne reconnait pas quant à elle le võro et inclut troisvariétés dans l'estonien[2] : l'estonien côtier du Nord-Est, l'estonien côtier du Nord (comprenant l'estonien de l'Est, l'estonien insulaire, l'estonien moyen, l'estonien du Nord-Ouest), et l'estonien du Sud (comprenant l'estonien de Mulgi, l'estonien de Seto, et l'estonien de Tartu).
L'alphabet estonien comporte 27 lettres et est ordonné ainsi :
A a, B b, D d, E e, F f, G g, H h, I i, J j, K k, L l, M m, N n, O o, P p, R r, S s, Š š, Z z, Ž ž, T t, U u, V v, Õ õ, Ä ä, Ö ö, Ü ü
Les positions dez etž dans cet alphabet sont à noter, ainsi que l'appartenance à cet alphabet des lettres diacritiquées en tant que lettres à part entière.
Les lettresF,Š,Z etŽ sont quatre lettres rencontrées uniquement dans certains mots d'emprunts. Il est également important de noter l'absence des lettresC,Q,W,X etY, qui ne sont utilisées que dans des noms propres et ne le sont pas dans les mots de racine estonienne et sont exclues de l'alphabet officiel estonien.
Quelques-unes des lettres de l'alphabet ont des prononciations particulières ou différentes du français :õ note /ɤ/ (unevoyelle postérieure non arrondie, semblable à uno français, mais vraiment postérieur, prononcé sans arrondissement des lèvres) ;ä produit le phonème /æ/ comme enfinnois (a très ouvert comme danscat enanglais) ;ö,ü produisent respectivement les phonèmes /ø/ et /y/ comme en allemand, correspondant auxeu fermé etu du français. Quant aux lettresš etž, elles se prononcent respectivement /ʃ/ et /ʒ/, correspondant auxch etj du français.
Hormis ces quelques lettres, il faut prêter attention au fait queE se prononce [e] (é), que leR est roulé, que leS est toujours dur (comme dans le motjadis) et enfin, que leU a la même prononciation queou en français. Il faut également veiller à aspirer leH.
Enfin, en estonien, une voyelle double note une voyelle longue et une double consonne note une consonnegéminée. Ceci a une valeurphonémique, qui peut différencier deux mots.
Sur le plan phonologique, l’estonien se caractérise notamment par l’existence de troisdurées vocaliques etconsonantiques : la plupart desphonèmes peuvent être brefs, longs ou surlongs. Cette présentation des faits a néanmoins été remise en question dans les années 1990. Plutôt que de décrire la durée des phonèmes, de nombreux linguistes préfèrent aujourd’hui décrire les trois « durées »syllabiques (voire des groupes de deux syllabes) et réduisent le système ternaire traditionnel à un emboîtement de deux oppositions binaires : les syllabesaccentuées peuvent être brèves ou longues et les syllabes longues peuvent porter un « accent » fort ou faible, le terme d’« accent » désignant ici un ensemble de traits essentiellementprosodiques comprenant l’énergie articulatoire, la courbe intonative et la longueur relative de la syllabe accentuée et de la syllabe suivante.
L’accent tonique est sur la première syllabe des mots, sauf dans les mots d'emprunt relativement récents, où il s'est souvent maintenu à la place qu'il avait dans la langue d'origine.
L'orthographe ne distingue pas les phonèmes longs et surlongs ; les uns comme les autres sont notés par une lettre double, tandis que les phonèmes brefs sont notés par une lettre simple. La seule exception concerne lesocclusives, pour lesquelles trois graphies différentes existent : les brèves sont notéesb,d,g, les longuesp,t,k, et les surlonguespp,tt,kk.
Typologiquement, l’estonien représente une forme de transition entrelangue agglutinante etlangue flexionnelle. Il a subi au cours de son histoire une forte influence de l'allemand, dans son vocabulaire comme dans sa syntaxe. Il a par exemple développé un système de verbes àparticules dont la forme et le fonctionnement rappellent les verbes àparticules séparables de l'allemand.
L’une des particularités de ce système casuel est l'absence d'accusatif ; lecomplément d'objet peut être marqué, selon les contextes, par le nominatif, le génitif ou le partitif.
L’adjectif épithète s'accorde en cas et en nombre avec le substantif qu'il détermine, sauf au terminatif, à l'essif, à l'abessif et au comitatif où il n'y a pas d'accord en cas (l'adjectif est alors au génitif).
Le système verbal se caractérise par l'absence de temps dédié aufutur (le « présent » est le temps du « non-passé ») et par l’existence de formes spéciales pour exprimer l'action accomplie par une personne indéterminée (l’équivalent du « on » français) ainsi que le discours rapporté (mode verbal spécifique appelé « mode oblique » ou « médiatif »). Il existe au moins deux infinitifs : le premier, terminé par le suffixe-ma, est la forme qui figure dans les dictionnaires ; il est utilisé par exemple après les verbes signifiant « devoir » ou « commencer à ». Le deuxième infinitif, terminé surtout en-da ou en-ta (mais aussi en-la,-na ou-ra), s’utilise par exemple après les verbes signifiant « pouvoir », « vouloir », « aimer ». Certaines grammaires considèrent aussi comme un infinitif spécifique la forme en-vat (correspondant au médiatif présent) lorsqu'elle est employée après un verbe d'apparence (signifiant « sembler »).
La première transcription connue d’un mot estonien remonte peut-être auVIIIe siècle : dans saCosmographie,Aethicus Ister mentionne une île du nom de Taraconta (Tharaconta). Certains auteurs pensent qu’il désignait peut-être par là l’Estonie ou sa plus grande île,Saaremaa.Taraconta peut en effet être interprété commeTaara +kond. Taara était, selon certains, l’un des principaux dieux des anciens Estoniens ; le suffixe-kond désigne quant à lui une communauté de personnes, comme dans le motperekond « famille », ou une entité territoriale, comme dansmaakond « province ».Taraconta pourrait ainsi désigner les Estoniens comme les adorateurs de Taara.
À partir duXIIIe siècle, des sources écrites plus abondantes permettent d’avoir une idée plus précise de l’état de développement de la langue. C’est en effet à cette époque que les croisés allemands et scandinaves atteignent l’Estonie, qui était alors l’une des dernières terres païennes d’Europe. Les croisades contre les Estoniens ont été décrites au cours de la première moitié duXIIIe siècle dans la chronique latineHeinrici Chronicon Livoniae (chronique d'Henri le Letton), qui contient des mots et des fragments de phrase en estonien.
De nombreux noms propres et toponymes estoniens sont également attestés dès leXIIIe siècle. Un rôle d’impôt danois (Liber Census Daniae), établi entre1219 et1220, comprend environ 500 toponymes du nord de l’Estonie.
À la suite descroisades, une noblesse et une bourgeoisie allemandes s’établirent sur le territoire de l’ancienneLivonie, qui couvrait l’Estonie et laLettonie actuelles. Bien que l’Estonie ait changé plusieurs fois de maître au cours de sept siècles d’occupation étrangère (Danemark,Pologne,Suède,Russie), l’estonien fut surtout influencé par lebas-allemand et lehaut-allemand, ainsi que par le dialecte allemand de la Baltique qui se développa à partir d’eux. En particulier, le vocabulaire lié à la ville et la modernité s'inspire largement de l'allemand.
Le premier texte estonien conservé est celui du manuscrit de Kullamaa, qui date des années1524-1528. Il s’agit d’une traduction des principales prières catholiques (« Notre Père », « Je vous salue Marie » et « Je crois en Dieu »). Lorsque laRéforme parvint en Estonie, la prédication en langue vernaculaire rendit nécessaire la traduction des textes religieux en estonien du nord et en estonien du sud.
Les premières grammaires et les premiers dictionnaires furent rédigés auXVIIe siècle. On dispose depuis cette époque d’un nombre important de textes conservés.
Au cours du Réveil national qui se produisit au milieu duXIXe siècle, l’estonien, qui n’était auparavant que la langue des paysans, devint rapidement une langue de culture, notamment grâce à l’Université de Tartu, un des principaux foyers intellectuels. Il commença à être utilisé en littérature et dans les sciences. À la même époque furent publiées les premières études linguistiques en estonien. En 1884,Karl August Hermann fit paraître la première grammaire estonienne en estonien, qui contribua de façon importante à la standardisation de la langue.
Dans la deuxième moitié duXIXe siècle, la population autochtone commença à se désigner sous le nom d’eesti, probablement emprunté deux siècles plus tôt ausuédois ou à l’allemand. Auparavant, la majorité des Estoniens se désignaient sous le nom demaarahvas « les gens du pays » et appelaient leur languemaakeel « la langue du pays ».
Durant les premières décennies duXXe siècle, les intellectuels estoniens se donnèrent pour mission de développer leur langue pour l’adapter à la culture européenne moderne. Un rôle important dans ce processus fut joué par le linguiste (et professeur de français)Johannes Aavik, qui s’efforça d’enrichir et d’embellir la langue littéraire. Il utilisa abondamment les ressources fournies par le finnois et les dialectes, mais créa également des mots et des morphèmes grammaticaux artificiels. Le français inspira nombre de ses propositions. Parallèlement à cette « rénovation linguistique » (keeleuuendus) lancée par Aavik, un autre courant, dirigé par Johannes Voldemar Veski, se concentra sur l’élaboration des normes et le développement de la terminologie. Plusieurs milliers de termes, dans tous les domaines du savoir et de la vie, furent créés pendant cette période. Au cours duXXe siècle, un rôle essentiel dans la fixation de la langue standard fut joué par les dictionnaires normatifs. Le premier d’entre eux parut en1918.
Pendant la périodesoviétique (1940-1991), la standardisation de la langue et le strict respect des normes devinrent une forme de résistance nationale. C’était une façon de s’opposer à l’idéologie soviétique, symbolisée par la languerusse. La langue était l’un des constituants fondamentaux de l’identité estonienne. Les autorités n’avaient d’ailleurs interdit ni l’étude scientifique de l’estonien ni son emploi dans aucun domaine de la vie publique (y compris l’éducation), ce qui permit aux Estoniens et à leur langue de résister à larussification et à la colonisation.Dans les années 1990, les attitudes à l’égard de la norme linguistique se sont assouplies. Lessociolectes et autres variétés linguistiques non standard sont revenus à l’honneur.