Estagel est une commune de2 083 hectares située au centre desCorbières catalanes, dans la vallée de l'Agly, en contact avec lesFenouillèdes.Sans atteindre de grandes altitudes, le territoire communal d’Estagel est très vallonné, comme toutes les Corbières. Il est coupé par l'Agly[5], leVerdouble et leMaury (rivière), qui, en raison de l’orographie, ouvrent des vallées sinueuses et très coupées dans les terrains qu'elles traversent. La partie la plus plate de la municipalité est le Pla d’Estagel, où se trouve la grande majorité de la ville.
La partie plate de la municipalité, près du lit de la rivière de L’Agly, a quelques canaux d’irrigation, tels que l’Agulla (deux différents), le Rec de Jau, le Rec del Molí, le Rec del Pla, le Rec d’en Carbassa, avec le tunnel d’alimentation Rec de Jau.Près de l’Agly se trouve le Gorg d’en Moïses à l’ouest de la municipalité et la Pastera, à l’est.Quant aux autres cours d’eau, tous sont des affluents de l’Agly.[réf. nécessaire]
L’inventaire deszones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) a pour objectif de réaliser une couverture des zones les plus intéressantes sur le plan écologique, essentiellement dans la perspective d’améliorer la connaissance du patrimoine naturel national et de fournir aux différents décideurs un outil d’aide à la prise en compte de l’environnement dans l’aménagement du territoire.Quatre ZNIEFF detype 1[Note 3] sont recensées sur la commune[19] :
Au, Estagel est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[I 2].Elle appartient à l'unité urbaine d'Estagel[Note 5], une unité urbaine monocommunale constituant une ville isolée[I 3],[I 1]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Perpignan, dont elle est une commune de la couronne[Note 6],[I 1]. Cette aire, qui regroupe 118 communes, est catégorisée dans les aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants[I 4],[I 5].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (54,5 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (57,7 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (53,4 %), cultures permanentes (33,9 %), zones agricoles hétérogènes (7,5 %), zones urbanisées (4,1 %), forêts (1,1 %)[26]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Cinq routes départementales traversent la commune d’Estagel : la D - 1 (Estagel - D - 614, àPézilla-la-Rivière), qui quitte Estagel vers le sud-est, traverse ce secteur de la commune, et relie cette ville à l’extrémité sud-ouest de la commune de Calce et Pezilla-la-Riviere, où elle arrive en 11,6 kilomètres.
Le D - 9 (D - 117, à Maury - D - 21, àCaramany), qui traverse le coin nord-ouest de la municipalité, loin du village et foulant une très petite partie du territoire d’Estagel.
Le D - 17 (Estagel - D -13, àTarerach), relie le village d’Estagel au village de Tarerach en passant par une grande partie desFenouillèdes, par les communes de Latour de France (4,2 kilomètres),Cassagnes (Pyrénées-Orientales) (10,8),Belesta (13,6),Montalba-le-Château (19,7 kilomètres) etRodès, qui ne traverse qu’au nord de la commune, avant d’atteindre Tarerach, 28 kilomètres.
Le D - 117 (Perpignan - à Estagel), qui vient de Perpignan (25,5 kilomètres), en passant parRivesaltes (à 15,9),Espira-de-l'Agly (13,6) et Cases-de-Pène à 8,9 kilomètres. A l’ouest, il atteint la frontière des pays catalans, dans la municipalité d’Estagel, et se rend à Maury.
Enfin, le D - 612 (Estagel -Millas), qui relie ces deux villes en 13,1 kilomètres, en passant par les municipalités de Montner, Belesta et Millas. Il ne traverse aucun village, mais à un demi-kilomètre de Montner, qui se trouve à 4,8 kilomètres d’Estagel.
Estagel est inclus dans la ligne 9 de la Compagnie de Transports Perpignan Méditerranée, Perpignan - Vingrau, qui rejoint ces deux villes à travers le Vernet, Rivesaltes, Espira de l’Agly, Cases-de-Pène, Estagel, Tautavel et Vingrau. Il propose neuf services quotidiens en direction de Perpignan et dix vers Vingrau, du lundi au samedi.
Il y a aussi la ligne 23 de la Compagnie de Transports Perpignan Méditerranée, Estagel - Cassagnes, qui relie ces deux villes à Montner. Il offre cinq services quotidiens en direction d’Estagel et quatre vers Cassagnes, du lundi au samedi.
Estagel a une gare sur la ligne de chemin de fer appeléeTrain du pays Cathare et du Fenouillèdes; Les caractéristiques de cette ligne de train touristique signifient que les arrêts deviennent discrétionnaires, selon la conception de chacun des trains qui passent à travers elle. La gare d’Estagel est située au nord du village, sur la rive gauche de l’Agly[27]. Elle est bien sûr très petite, et ne possède qu'une bâche qui sert de protection contre pluie et soleil. Elle reste à côté de l'ancienne gare (aujourd'hui propriété privée) qui était d'une taille bien plus importante.
Certaines parties du territoire communal sont susceptibles d’être affectées par lerisque d’inondation par crue torrentielle de cours d'eau dubassin de l'Agly[30].
Les mouvements de terrains susceptibles de se produire sur la commune sont soit des mouvements liés auretrait-gonflement des argiles, soit des glissements de terrains, soit des chutes de blocs, soit des effondrements liés à descavités souterraines[31]. Une cartographie nationale de l'aléaretrait-gonflement des argiles permet de connaître les sols argileux ou marneux susceptibles vis-à-vis de ce phénomène[32]. L'inventaire national des cavités souterraines permet par ailleurs de localiser celles situées sur la commune[33].
Ces risques naturels sont pris en compte dans l'aménagement du territoire de la commune par le biais d'unplan de prévention des risques inondations et mouvements de terrains[34].
Carte des zones inondables.
Carte des zones d'aléa retrait-gonflement des argiles.
Dans le département des Pyrénées-Orientales, on dénombre sept grands barrages susceptibles d’occasionner des dégâts en cas derupture. La commune fait partie des 66 communes susceptibles d’être touchées par l’onde de submersion consécutive à la rupture d’un de ces barrages, lebarrage de Caramany sur l'Agly, un ouvrage de57 m de hauteur construit en 1994[36].
Dans plusieurs parties du territoire national, leradon, accumulé dans certains logements ou autres locaux, peut constituer une source significative d’exposition de la population auxrayonnements ionisants. Toutes les communes du département sont concernées par le risque radon à un niveau plus ou moins élevé. Selon la classification de 2018, la commune d'Estagel est classée en zone 3, à savoir zone à potentiel radon significatif[37].
Le nom de la commune est mentionné dans un texte dès l'an 806 sous la formeStagello, puis, duXe au XIIe siècle, sous la formeVilla Stagello.Estagel apparait auXIVe siècle etEstagell auXVIe siècle. Ce nom est issu d'un radicallatin qui se retrouve dans le verbeStare, auquel est accolé le diminutif-ellum. Deux hypothèses sont proposées pour la signification de l'étymologie. La première vient du nomStatio, qui désigne un lieu où on réside provisoirement. Dans ce cas, le nom du village serait issu d'un lieu d'accueil pour les voyageurs, d'une auberge. L'autre est basée surStaticum, résidence permanente. La signification du nom serait alors « demeure modeste » ou « petite ferme »[39].
Les échantillons d’habitat à Estagel remontent à des temps très reculés : la présence de l’homme de Tautavel en est un signe. Lors de la construction de la ligne de chemin de fer, en 1885, une grotte est apparue près de la gare, avec des morceaux de silex et d’aiguilles osseuses, du Paléolithique supérieur (de −35 000 à −10 000 ans) ; aussi un ossuairechalcolithique, avec des céramiques de l’âge du cuivre (-2 000 à -750 ans)[40]. Récemment, dans un autre endroit, des ossements d'il y a 5 000 ans ont été découverts.
La première mention d’Estagel est faite dans une bulle du papeAgapet II en 951. Dans une autre bulle, celle-ci de 1119, du papeGelase II (tous deux parlent des possessions de l’abbaye de Lagrasse), l’église de Saint Vincent est mentionnée dans villa Stagello ou Estagellum[43]. Étant une ville frontalière, l’histoire d’Estagel est convulsive. Elle a été définie comme tel dans letraité de Corbeil (1258), et a maintenu cette caractéristique jusqu’autraité des Pyrénées en 1659. Le passage des armées à travers ces régions était constant.
L’abbaye de Lagrasse conserva la Seigneurie d’Estagel jusqu’à la fin de l’Ancien-Régime; Cependant, les rois, catalans et aragonais, conservaient certains droits, ce qui conduisait à une convention de pariatge (condominium d’un territoire entre deux seigneurs) signée le 22 avril 1317 entre le roiSanche de Majorque et le serviteur de Lagrasse, pour laquelle le roi conserva la moitié de la juridiction pénale. Ces droits ont été inclus dans la création du Vicomte de Perellós, créé en faveur de Ramon de Perellós en 1391.
Jusqu’au traité des Pyrénées, Estagel continua à vivre un trafic constant d’armées[44], et fut occupé à plusieurs reprises par les Catalans, les Espagnols, et les Français (deux fois); même lesHuguenot y sont arrivés : en 1542, la garnison catalane deForça Réal vu l’incendie et le pillage de l’enceinte de la ville et de son église par les troupes françaises. Des années plus tard, à l’été 1639, quatre compagnies françaises arrivent à Estagel pour assurer le passage des provisions à travers la vallée de l’Agly en provenance duLanguedoc. Les habitants du village enfermés dans l’enceinte du village, se sont battus avec les nouveaux arrivants, qui ont dû battre en retraite. Le lendemain vint plus de troupes françaises, et les 230 habitants d’Estagel résistèrent pendant 26 heures, jusqu’à ce qu’ils capitulent, avec la promesse d’être respectés. Avec le traité des Pyrénées est venu le calme: Estagel n’était plus la frontière; seuls quelques raids espagnols ont troublés la tranquillité d’esprit[45].
Dans le même temps, les droits seigneuriaux d'Estagel, entre les mains des vicomtes de Perellós depuis 1391, passèrent en 1595 à Alexis Albert par décision de justice, après la dissolution du vicomte. Puis au marquis de Blanes, qui les avait au moment de la Révolution française.
En 1851, Estagel est la commune des Pyrénées-Orientales qui s’oppose le plus vigoureusement aucoup d'État du 2 décembre 1851. L’opinion, probablement influencée parÉtienne Arago, soutient le conseil municipal qui proteste contre le coup d’État en s’appuyant sur l’article 68 de laconstitution française de 1848. Le 7 décembre, le préfet Pougeard-Dulimbert décide d’intervenir, avec l’appui de l’armée (20e régiment d'infanterie de ligne et cavalerie). Il fait quelques arrestations, mais son convoi est pris en embuscade et doit ouvrir le feu pour revenir à Perpignan[46].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[51]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[52].
Estagel dispose d’une maternelle, construite relativement récemment[59], d’une école primaire, appelée Étienne Gony[60], et du collège Irène Joliot-Curie[61], qui accueille des élèves de Cases-de-Pène, Cassagnes, Estagel,Lansac, Latour de France, Montner,Planèzes,Rasiguères, Tautavel etVingrau, tous trois dans le système éducatif public. Pour les études secondaires, les garçons et les filles du village vont aux lycées de Perpignan ou Rivesaltes, de préférence. Il y a aussi un jardin d’enfants et la bibliothèque municipale Marie Arago[62].
En 2018, la population âgée de 15 à 64 ans s'élève à 1 144 personnes, parmi lesquelles on compte 73,1 % d'actifs (59,3 % ayant un emploi et 13,8 % de chômeurs) et 26,9 % d'inactifs[Note 10],[I 8]. En 2018, letaux de chômage communal (au sens du recensement) des15-64 ans est supérieur à celui de la France et du département, alors qu'il était inférieur à celui du département en 2008.
La commune fait partie de la couronne de l'aire d'attraction de Perpignan, du fait qu'au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle[Carte 2],[I 11]. Elle compte 452 emplois en 2018, contre 462 en 2013 et 465 en 2008. Le nombre d'actifs ayant un emploi résidant dans la commune est de 686, soit unindicateur de concentration d'emploi de 66 % et un taux d'activité parmi les 15 ans ou plus de 50,6 %[I 12].
Sur ces 686 actifs de 15 ans ou plus ayant un emploi, 243 travaillent dans la commune, soit 35 % des habitants[I 13]. Pour se rendre au travail, 79,3 % des habitants utilisent un véhicule personnel ou de fonction à quatre roues, 2,8 % lestransports en commun, 12,4 % s'y rendent en deux-roues, à vélo ou à pied et 5,5 % n'ont pas besoin de transport (travail au domicile)[I 14].
Estagel est une ville essentiellement agricole : plus de2 000 hectares cultivés, presque tous pour des vignobles d’origine contrôlée (Rivesaltes etMuscat-de-rivesaltes, doux tous les deux, et Côte du Roussillon Village). Il y a un petit échantillon d’arbres fruitiers (abricots et pêches), et peu d’autre. La grande production de vins d’Estagel[64] s’explique par le fait que les vignobles de cette ville ont des vignobles dans les termes voisins : Tautavel, Montner et Latour de France. L’ancienne coopérative de producteurs de vin d’Estagel faisait partie de deux groupes : la cave coopérative Agly et la coopérative Saint Vincent[65].
Statue deFrançois Arago : la première statue, œuvre d'Alexandre Oliva, est inaugurée an 1865, mais fondue en 1942 ; une deuxième statue, œuvre deMarcel Homs, est inaugurée en 1957[67] ;
↑Dans les sites Natura 2000, lesÉtats membres s'engagent à maintenir dans un état de conservation favorable les types d'habitats et d'espèces concernés, par le biais de mesures réglementaires, administratives ou contractuelles[16].
↑Les ZNIEFF detype 1 sont des secteurs d’une superficie en général limitée, caractérisés par la présence d’espèces, d’association d’espèces ou de milieux rares, remarquables, ou caractéristiques du milieu du patrimoine naturel régional ou national.
↑Les ZNIEFF detype 2 sont de grands ensembles naturels riches, ou peu modifiés, qui offrent des potentialités biologiques importantes.
↑Une unité urbaine est, en France, une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. Une commune doit avoir plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑Un ménage fiscal est constitué par le regroupement desfoyers fiscaux répertoriés dans un même logement. Son existence, une année donnée, tient au fait que coïncident au moins une déclaration indépendante de revenus et l’occupation d’un logement connu à lataxe d’habitation.
↑La part des ménages fiscaux imposés est le pourcentage des ménages fiscaux qui ont un impôt à acquitter au titre de l'impôt sur le revenu des personnes physiques. L'impôt à acquitter pour un ménage fiscal correspond à la somme des impôts à acquitter par les foyers fiscaux qui le composent.
↑Les inactifs regroupent, au sens de l'Insee, les élèves, les étudiants, les stagiaires non rémunérés, les pré-retraités, les retraités et les autres inactifs.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155,lire en ligne, consulté le)