L’esperluette ouesperluète (nom féminin), également appeléeéperluette,perluette,perluète,« et » commercial ou« et » américain — enanglais :ampersand —, désigne lelogogramme&. Elle résulte de laligature des lettres de laconjonction de coordination« et » et possède la même signification.
Son inventeur seraitTiron[1], secrétaire deCicéron, également auteur de la première méthode desténographie décrite, lesnotes tironiennes, mais on ne retrouve ce signe typographique dans aucun de ses manuscrits. On cite aussiAlde Manuce, un imprimeur-libraire installé àVenise qui, outre cette création, a révolutionné l’imprimerie par le format qu’il a donné à ses livres, en particulier l’in-octavo, plus petit, moins cher et plus maniable que lesin-quarto ouin-folio.
L’esperluette résulte de laligature due et dut, héritée de l'époque mérovingienne[2]. À l’origine, cette graphie ligaturée était plus ou moins systématiquement utilisée par lescopistesmédiévaux, qui utilisaient de nombreuses autresabréviations. En l’occurrence, on trouve l’esperluette fréquemment employée pour les termeset (&),etc. (&c.).
Alors que le plus souvent, dans les manuscrits européens, seuls ces deux termes étaient abrégés à l'aide de&, les scribes anglais s’en servaient aussi pour n’importe quelle séquence-et- :deberet pouvait être écritdeber&. On trouve cependant aussi de telles graphies enEurope :fazet, dans lesSerments de Strasbourg, est écritfaz&.
Certaines polices, comme la police d'écritureTrebuchet, permettent de voir la ligature entre le« E » et le« t ».
Il suffit de lire ce mot comme si on lisait de l'occitan pour que le sens apparaisse immédiatement :es-per-lou-et signifie enfrançais :C’est pour le « et », indiquant que le caractère & est mis pour le mot « et ».
Évolution de l’esperluette au cours de l’histoire de l'écriture.
L’étymologie du motanglaisampersand rappelle celle de l'occitan.Ampersand est mis pouran - per se - and, c'est-à-dire :An « and » per se (litt. « Un « et » à lui tout seul »).
Cette formulation est devenueampersand à la suite de deux changements phonologiques : uneassimilation, transformant classiquement la suite de phonèmes consonantiques [np] en [mp] plus faciles à prononcer, ainsi qu'uneélision du [e] devant la voyelle [æ][6].
On trouve aussi des explications étymologiques anciennes :
selon leTrésor de la langue française, le&, dernière lettre de l’alphabet, était appeléète, et les enfants apprenaient à l’école élémentaire à réciter l’alphabet en ajoutant après « Z » les motslatins « et, per se, et » (« et, en soi, ‘et’ »), prononcés « ète-per sé-ète », qui se serait transformé en « et, per lui, ète », plus accessible aux enfants comme moyenmnémotechnique. L’appellation du caractère « & » aurait découlé de cette habitude sous la forme deperluète ouesperluette ;
leRobert historique de la langue française, dans son édition de 1992, possède deux articles (« Esperluette » dans les E et « Perluète ou Esperluette, Esperluète » dans les P) qui se contredisent :
le second article évoque l’origine mnémotechnique décrite ci-avant, ainsi que l’influence d'« épeler » et de « pirouette »,
l’autre fait venir esperluette dulatinperna, « jambe, cuisse, jambonneau », par l’intermédiaire depernula qui a donné « perle, perlette ». Le nom du signe viendrait alors de sa forme et non de son sens.
L’esperluette est l'un des rares caractères à avoir le même sens dans de nombreuses langues. Elle est d'un usage courant enanglais, sous le nom d’ampersand. Enfrançais, elle est moins utilisée et même rejetée dans la langue littéraire. Néanmoins, elle est parfois utilisée dans certains ouvrages, dans l’italique[7]. Son utilisation en français est essentiellement circonscrite à un usage commercial et publicitaire, pour les raisons sociales[7]. L’esperluette est ainsi parfois appelée « et commercial ». Elle est classiquement utilisée dans l'abréviation « M. &Mme » (c'est-à-dire « Monsieur et Madame »).
L'esperluette était utilisée comme logo par l'entrepriseFrance Télécom jusqu'en, juste avant le passage sous le nomOrange.
Sous un systèmeUnix, placée en fin de ligne d’uninterpréteur de commandes, elle indique que l’on souhaite exécuter une commande (par exemple unprogramme) en arrière-plan, c'est-à-dire de façonasynchrone dans un sous-interpréteur. Lorsque l'esperluette est doublée (&&) entre deux commandes, elle indique qu'il ne convient d'exécuter la seconde que si la première renvoie un code de succès, ce qui équivaut à effectuer unET logique.
unopérateur unaire qui renvoie l’adresse mémoire d’une variable lorsqu’il précède cette variable, un opérateur de référence lorsqu’il suit un type (avec unesyntaxe inspirée deC) ;
enPHP, il permet aussi de passer une variable par référence, en opposition à un passage par valeur ;
l'opérateur« et » logique, &,aussi appelé « COM » pour Commun,[réf. nécessaire] qui représente la conjonction et réalise lafonction ET de deux valeurs A et B, soit en les considérant comme variables logiques (ou « booléens ») ayant la valeur « vrai » ou « faux », soit en effectuant cette opération bit-à-bit, c'est-à-dire en considérant les deux valeurs écrites en binaire et en appliquant l’opérateur « et » à chaque paire de bits correspondants dans les deux valeurs. Pour l'opération logique (non binaire), l'usage du symbole dédoublé « && » est fréquent. L'évaluation peut alors être faite en « court-circuit » (short-circuit evaluation en anglais[8],[9]), sans évaluer l'expression B si la valeur de A est « faux », puisqu'il suffit que l'un des deux soit faux pour que A && B soit faux ;
dans les URL, « & » sert de liant entre chaque valeur et paramètre de la syntaxe d'une adresse URL. Exemple :http://www.google.fr/webhp?hl=fr&tab=wi. Ce caractère n'est donc pas autorisé dans la chaîne de requête d'une URL lorsqu'il n'a pas de signification et doit obligatoirement être encodé sous la forme « %26 », selon l'encodage-pourcent.
Enlogique linéaire, la conjonction additive est représentée par une esperluette et la disjonction multiplicative est représentée par une esperluette culbutée appelée « par » .
JanTschichold,Métamorphoses de l’esperluette (traduction française de Formenwandlungen der Et-Zeichen, 1953), Paris, Zeug,, 32 p.(ISBN979-10-95902-05-8)