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| Nom de naissance | Esperanza Emily Spalding |
|---|---|
| Naissance | (41 ans) Portland (Oregon) |
| Genre musical | Jazz,latin jazz,pop-jazz,bossa nova,smooth jazz,jazz fusion,post-bop |
| Instruments | Contrebasse,bassePiano |
| Années actives | Depuis 2006 |
| Labels | Ayva Music,Heads Up International,Merge Records |
| Site officiel | esperanzaspalding.com |
Esperanza Emily Spalding, née le àPortland (Oregon), est unearrangeuse,compositrice,chanteuse,universitaire,actrice,contrebassiste etbassiste,américaine dejazz.
Lauréate de quatreGrammy Awards, elle est la première artiste de jazz à recevoir leGrammy Award du meilleur nouvel artiste. Elle a notamment été invitée parBarack Obama à jouer lors de la cérémonie de remise duPrix Nobel de la paix. Elle est également la plus jeune enseignante à avoir été embauchée par leBerklee College of Music.
Esperanza Spalding grandit dans lequartier ouvrier de King (en) àPortland[1]. Elle est issue d'une famille métissée : sa mère est d'ascendancegalloise,hispanique etnative-américaine, et son père estafro-américain[2].
Sa mère élève seule ses deux enfants, Esperanza et son frère de sept ans son ainé[3]. Leur mère jongle avec plusieurs emplois (menuisière, agent de sécurité,plongeuse, nounou…), et la famille vit dans la pauvreté, allant jusqu'à vivre dans le grenier d'un ami pendant quelque temps[4]. Pourtant Esperanza Spalding raconte que ces difficultés ne l'ont pas affectée durant son enfance, étant entourée de l'amour de sa famille et ayant« le goût de l'aventure »[4],[5].
Sa mère encourage très tôt Esperanza Spalding à travailler ses qualités musicales. À la maison, on écoute beaucoup derhythm and blues et desoul, avec des artistes tels queSam Cooke,Smokey Robinson ouEarth, Wind and Fire[6]. Sa passion pour la musique naît quand Esperanza Spalding, alors âgée de quatre ans, découvre le violoncellisteYo-Yo Ma dans la série télévisée pour enfantsMister Rogers' Neighborhood[3],[2].
La famille a un piano à la maison, et Esperanza Spalding commence à jouer d'oreille, à écrire des morceaux et à les transposer d'un style à l'autre[4]. Elle commence seule l'apprentissage duviolon à l'âge de cinq ans[3] et intègre la classe enfant d'un orchestre local, l'Oregon Sinfonietta de laChamber Music Society of Oregon, dirigé par Dorothy McCormack[2],[7],[1]. Elle reste dans l'orchestre jusqu'à ses15 ans, elle est alors violoniste soliste[1].
Elle rencontre son mentor, le trompettisteThara Memory (en), quand elle a7 ans. Elle joue alors duhautbois et de laclarinette et se passionne pour les instruments à cordes[8]. Elle fréquente les cours de musique du lycée où travaille sa mère[1].
Comme sa mère est convaincue que le système scolaire n'est pas adapté aux enfants, Esperanza Spalding est scolarisée à la maison à partir de la sixième. Comme sa mère travaille à plein temps, Esperanza se forme elle-même pendant tout son collège, empruntant des livres à la bibliothèque, suivant des cours et passant des examens[4].
Une bourse lui permet de faire ses études secondaires àThe Northwest Academy (en) située dans le centre dePortland, établissement spécialisé dans l'enseignement artistique[4]. C'est dans cet établissement qu'elle se met à la contrebasse, après que son professeur Brian Rose lui ai montré uneligne de basse : elle découvre alors l'improvisation et comprend qu'elle trouvera à s'exprimer ainsi avec cet instrument[3],[1],[4]. Elle termine son lycée en seulement deux ans[8].
Elle suit ensuite des cours de musique à l'Université de Portland, où elle obtient sonBachelor of Music (licence)[9] à16 ans[10]. Elle y reçoit une formation classique de niveau conservatoire supérieur de musique tout en travaillant lejazz, notamment grâce aux cours de contrebasse d'André St. James[11],[8]. Elle obtient ensuite une bourse pour intégrer l'institut d'enseignement supérieur de musique leBerklee College of Music deBoston, d'où elle sort diplômée en 2005[3],[8]. Cette année-là, elle gagne une bourse pour« musicalité exceptionnelle » de la Boston Jazz Society[2].
Esperanza Spalding commence à jouer dans des clubs dePortland avant sa majorité : elle est alors obligée de se faire discrète pour ne pas se faire expulser[8].
Elle joue et chante au sein de l'Albina Jazz Ensemble, avec son sextet et aussi dans un groupe« indie sophisto-pop » appeléNoise for Pretend, avec Ben Workman à la guitare et au chant et Christian Cochran à la batterie[8]. Le groupe sort un premier EP en 2000 et un albumHappy You Near chez Hush Records en 2002[12]. Pour l'enregistrement, le producteur demande que ce soit Spalding qui chante sur la plupart des chansons[4]. Elle joue également dansBlak Scienz Tribe, un groupe dehip-hop[8].
Pendant ses études àBerklee, elle joue dans le groupe dePatti Austin, avecJoe Lovano puis avecPat Metheny[4].
Encouragée parPat Metheny[13], elle enregistre en 2005Junjo, son premier album, sur lequel elle chante et joue de la basse[14],[2].

Son deuxième albumEsperanza, premier à sortir sur un label important, parait en 2008[4]. Elle y mêle le jazz avec lamusique brésilienne etargentine, ainsi qu'avec lefunk, lapop et lerhythm and blues, et elle chante enanglais,espagnol etportugais. L'album est un succès publie et critique, et lui apporte une grande visibilité sur la scène musicale[2],[4]. Elle fait plusieurs apparitions à la télévision, etBarack Obama l'invite jouer à laMaison-Blanche plusieurs fois, et elle participe en2009 à la cérémonie de remise duPrix Nobel de la paix au président américain[15],[2],[16].
S'affirmant disque après disque, elle compose la majorité des titres de son albumChamber Music Society (2010) sur lequel elle invite notamment le BrésilienMilton Nascimento et la chanteuseGretchen Parlato. Elle propose ici unemusique de chambre ouverte à l'improvisation[17],[18]. La même année, elle joue dans le groupe deMcCoy Tyner avecRavi Coltrane et Francisco Mela[4], etPrince l'invite à jouer, elle participe également au concert de sonBET Lifetime Achievement Award[6].
En 2011, elle est la première artiste de jazz à obtenir unGrammy Award dans la catégorie « meilleur nouvel artiste », doublantJustin Bieber,Drake,Florence and the Machine etMumford and Sons[3],[19]. On la compare alors àNorah Jones, qui avait récolté cinqGrammy Awards en 2003[14]. Cette victoire entraine un vandalisme de sa page Wikipédia anglophone de la part de fans de Bieber, et un changement des règles des Grammys, rendant plus difficile pour les artistes indépendants de remporter cette victoire[20],[21],[16].
Avec son quatrième albumRadio Music Society, paru en 2012, elle ouvre son univers musical à d'autres genres plus orientéspop, comme lasoul etR&B[22]. L'album est un succès critique et public, se hissant directement à la dixième place duBillboard 200, et à la première place des ventes de jazz, et il remporte leGrammy Award du meilleur album de jazz vocal[22].
En 2012, elle est invitée sur l'albumUnorthodox Jukebox deBruno Mars, et l'année suivante surThe Electric Lady deJanelle Monáe[6].
En 2013, sur l'invitation de l'Orchestre philharmonique de Los Angeles, le saxophoniste et compositeurWayne Shorter écritGaia, une suite pour orchestre et quartet de jazz de plus de20 minutes composé pour la voix de Spalding, qui a écrit le livret[23],[24].
Elle retourne ensuite àPortland, sa ville natale, pour prendre du recul et échapper à la pression de l'industrie musicale[20]. Elle y écritEmily's D+Evolution, unalbum-concept paru en 2016 invoquant Emily, unalter ego évoquant une part d'enfance et de créativité. L'album est également un succès critique[20].
En 2017,Exposure est entièrement créé en77 heures, en live surFacebook[10]. L'artiste n'a rien préparé à l'avance et compte sur son instinct[13].
L'année suivante parait12 Little Spells, un album inspiré par lereiki, unemédecine alternativejaponaise. Chaque chanson est dédiée à une partie du corps[10].
En2018, laNational Public Radio la qualifie de« génie du Jazz duXXIe siècle »[6].
En2018,Esa-Pekka Salonen, directeur musical de l'Orchestre symphonique de San Francisco, annonce qu'il ferait appel à Esperanza Spalding, avec d'autres compositeurs et musiciens, afin d'élaborer les futurs programmes[25]. Elle joueGaia deWayne Shorter à l'ouverture de la saison 2021[23].
Elle collabore une nouvelle fois avecWayne Shorter surIphigenia, un opéra basé surIphigénie en Tauride d'Euripide. Spalding écrit le livret à partir de la musique de Shorter, et interprète le personnage principal. Elle prend le parti pris de mettre en scène plusieurs incarnations du personnage d'Iphigénie, et de lui donner une voix[26]. Alors que la maladie affecte de plus en plus le compositeur, Spalding décide en 2018 de mettre ses projets de côté pour se consacrer à la réalisation de l'opéra, afin que Shorter puisse le voir sur scène avant de mourir. Elle arrête de tourner, prend une année de disponibilité de son cours à l'Université Harvard et s'installe àLos Angeles, pour travailler quotidiennement avec le compositeur[26],[27]. La première a lieu le àBoston[28].
En 2022 parait son albumSongwrights Apothecary Lab, sur lequel elle continue d'explorer les pouvoirs de guérison de la musique[29]. Il remporte leGrammy Award du meilleur album de jazz vocal en 2022[30].
Elle enregistre auVillage Vanguard un album en duo avecFred Hersch,Alive at the Village Vanguard (en), paru en 2023. En parait un autre album enregistré en duo avecMilton Nascimento, Milton + esperanza[31].
En2005, après l'obtention de son diplôme, Esperanza Spalding est engagée par leBerklee College of Music comme assistante (instructor) alors qu'elle n'est âgée que de20 ans, ce qui fait d'elle la plus jeune enseignante que Berklee ait jamais eue devantPat Metheny[32],[33],[3].
Depuis2017, Esperanza Spalding enseigne l'écriture musicale à l'université Harvard[34],[35],[9].
En 2013, avec le soutien d'Amnesty International et deHuman Rights Watch, elle écrit et chanteWe Are America, qui milite pour la fermeture ducamp de Guantánamo, en soutien à la volonté deBarack Obama[5]. Plusieurs artistes y font des apparitions :Stevie Wonder,Janelle Monáe,Savion Glover etHarry Belafonte[1],[36].
En 2017, elle participe au « Peace Ball » duMusée national de l'histoire et de la culture afro-américaines[35].
En 2023 elle publieNão Ao Marco Temporal, une chanson en portugais et en anglais qui s'inscrit dans la lutte des droits despeuples indigènes du Brésil, et en particulier contre la règle selon laquelle les peuples autochtones n'ont le droit de revendiquer une terre que s'ils y étaient déjà à la promulgation de laConstitution brésilienne de 1988[37].
En 2019, Esperanza Spalding étudie lebouddhisme de Nichiren, une branche dubouddhisme japonais[34].
« Si on regarde dans l'histoire de la musique, il y a très peu de gens qui réussissent dans autant de domaines qu'Esperanza. C'est une contrebassiste virtuose, sa voix est capable de toutes les acrobaties, ses compositions ne tombent pas dans la facilité, ses paroles sont poétiques… Et elle agence tout ça d'une manière commercialement efficace. C'est un sacré exemple pour les jeunes musiciennes. »
À l'inverse du mouvementnéo-bop des années 1980, incarné par lesYoung Lions dont fait partieWynton Marsalis, qui s'inscrit dans le respect de la tradition du jazz, Esperanza Spalding fait partie d'une génération de musiciens qui cherche à ouvrir les frontières du jazz, à la manière deChris Potter,Kurt Rosenwinkel,Brad Mehldau ouJason Moran[4]. Spalding cherche à intégrer de nouveaux éléments au jazz, pour éviter d'en faire« une pièce de musée »[4]. Ainsi, sa musique est plurielle et ne se limite pas qu'à un genre, intègrant des éléments desoul, d'art rock ou d'avant-pop[38].
Une de ses grandes influences estWayne Shorter, avec qui elle a longtemps joué : le saxophoniste s'est réinventé sans cesse, passant entre autres du quintet deMiles Davis au groupe dejazz fusionWeather Report. Auprès de lui, elle a notamment appris à travailler de façon plus spontanée, sans planifier ou prévoir de résultat, et à laisser libre cours à l'inspiration de l'instant, comme elle l'a fait sur son albumExposure[4],[39]. Elle déclare aimer égalementTune-Yards,Nicholas Payton,MF DOOM etGeri Allen[39].
Si Esperanza Spalding est une chanteuse de jazz, elle n'en respecte que peu les stéréotypes éculés : sa voix agile rappelle plutôtDiana Ross ouElis Regina, elle n'écrit pas de chanson d'amour, elle ne joue pas avec les codes de la séduction et préfère chanter avec puissance et intelligence qu'avec une langueur émotionnelle[6].
Son jeu de basse est lyrique et élégant[6].
Le succès public de Spalding, qui dépasse de loin celui des autres musiciens de jazz, s'explique probablement par plusieurs facteurs. Alors que nombre de ses collègues explorent lesrythmes impairs et les mélodies abstraites, sa musique reste proche de l'idée de danse, à l'origine du jazz. Ses talents de chanteuse lui offrent les oreilles d'un public parfois rebuté par les improvisations purement instrumentales[4]. Pour autant, elle ne sacrifie rien à la sophistication mélodique et harmonique propre au jazz, et démontre une connaissance approfondie du répertoire[4].
Plutôt que d'apprendre des lignes de basse, elle préfère transposer des solos de cuivres sur son instrument. Elle a appris la batterie pour enrichir son vocabulaire rythmique, et elle travaille lesInventions deBach, jouant une voix avec sa basse et chantant une autre[4].
Sa trajectoire n'a pas suivi le canon habituel des musiciens de jazz, qui font d'abord leurs armes en tant quesideman : même si elle a accompagné de nombreux musiciens réputés et a participé à de nombreusesjam sessions, elle a commencé à jouer sa propre musique très rapidement[6],[16],[33].
Elle est également lauréate d'unImage Award for Outstanding Jazz Artist décerné par laNAACP[44],[35].

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