Cours inférieur de l'Escaut et son estuaire. Au centre : bassins du port d'Anvers. L'agglomération anversoise est visible au sud de la zone portuaire. L'affluent droit au bas de la photo est le Rupel.Source de l'Escaut àGouy.Restes du « Vieil Escaut », àEscautpont (France), avec renaturation spontanée.Anvers et canaux dedrainage des anciens marais (1890).L'Escaut àPecq (Hainaut - Belgique).L'Escaut aux environs deRuien (Flandre-Orientale -Belgique).L'Escaut à la hauteur deLiefkenshoek, près de son estuaire. À gauche : centrale nucléaire deDoel.Le lagunage[Lequel ?] lors desa construction[Quand ?] a été structuré, formes complexes etméandres, de manière à allonger l'écotone eau-sol et à mieux épurer l'eau de l'Escaut. Les pentes très faibles défavorisent l'installation durat musqué ou duragondin. Le lagunage est alimenté par le canal lui-même ; passivement en l'absence de trafic ou plus « activement » lors du passage de chaquepéniche (qui produit une vague avec surpression puis dépression).Berges lagunées[Où ?] après un an d'installation de la végétation. Outre son intérêt écologique, ce lagunage a un intérêtpaysager évident. La promenade ou d'autres activités liées à l'eau peuvent toutefois y être sources de dérangement pour la faune, notamment les oiseaux.
Sonestuaire (Westerschelde) fait jusqu'à cinq kilomètres de largeur et les vasières qu'il a créées présentent une grande richesseécologique, bien qu'il soit artificialisé par lapoldérisation des Pays-Bas. Il ne communique plus avec l'Escaut oriental, un de ses anciens estuaires. Son embouchure est située en face de celle de laTamise juste de l'autre côté de la mer du Nord en Angleterre, fleuve assez comparable à l'Escaut en termes de longueur et de débit, ce qui a beaucoup contribué aux échanges commerciaux entre les Flandres et la Grande-Bretagne depuis le Moyen Âge. Cet estuaire appartient à undelta commun qui comprend aussi les embouchures de laMeuse et duRhin. Il constitue un important nœud d'accès portuaire en Europe, au cœur duRange nord-européen et situé sur la façade maritime de lamégalopole européenne. Le vasteport d'Anvers, le deuxième plus grand port européen de marchandise après celui tout proche deRotterdam, est situé dans l'estuaire de l'Escaut. Les navires qui se rendent au port d'Anvers doivent donc passer par un chenal creusé dans l'estuaire. Mais il donne également l'accès auport de Gand par lecanal Gand-Terneuzen. Les ports deFlessingue et deTerneuzen sont également situés sur l'estuaire. L'estuaire est relié au port de Rotterdam et au Rhin par le largecanal de l'Escaut au Rhin. Il est aussi relié auport de Liège sur la Meuse moyenne par le longcanal Albert, ainsi qu'auport de Bruxelles par lecanal maritime de Bruxelles à l'Escaut.
Une importanteliaison Seine-Escaut pour la navigation de marchandise à grand gabarit, traversant la Picardie, qui permettrait de relierParis et le bassin de laSeine aux bassins de l'Escaut, de la Meuse et du Rhin, est prévue àl'horizon 2030 par laloi française d'orientation des mobilités en 2018.
En France, leschéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE)de l'Escaut[2] est en cours d'élaboration par le syndicat mixte de l'Escaut et affluents (SyMEA)[3]. En Belgique wallonne, il est élaboré par l'intermédiaire des contrats de rivières (contrat de rivière Escaut-Lys)[4] mais également par les réflexions menées au niveau international avec laCommission internationale de l'Escaut, l'Agence de l'eau et d'autres acteurs, pour mieux connaître et protéger le fleuve et sesaquifères transfrontaliers.
Son nom apparaît pour la première fois sous la forme latineScaldis dans lesCommentaires sur la Guerre des Gaules deJules César[5] et à nouveau dansPline l'Ancien[6]. Ce nom d'origineceltique signifie « rivière brillante » ou « belle rivière » et a donnéEscaut en français etSchelde en néerlandais. Selon le spécialistegantois de l’onomastique, M. Gysseling,« ce nom celtique est dérivé de « kal »,racine indo-européenne, « kel », qui veut également dire « lumineux » en néerlandais, « couleur » en latin et « beau » en grec (kallos) et signifiait à l'origine « brillant ». L'Escaut peut donc signifier à l'origine « belle rivière ».
Plusieurs auteurs ont essayé d'avancer une étymologie germanique plus récente, oùSchelde serait alors dérivé duproto-germaniqueskald, « roseau », ou bien duvieil anglaissceald, « superficiel, peu profond ». Ces théories n’ont plus cours aujourd’hui. Non seulement presque tous les noms de rivières en Flandre datent d’avant l'époque germanique, mais encore nous avons une étymologie similaire à proximité : la petite ville d’Escaudain près deCambrai, dont le nom est attesté dans son étymologie dérivée deScaldis (en 847Scaldinium), dans une région où la toponymie est bien celtique. On doit par conséquent donner la préférence à l’origine celtique des nomsEscaut etSchelde. Ces deux noms sont par ailleurs conformes aux évolutions linguistiques respectives des langues néerlandaise et française[7].
L'Escaut prend sa source sur le territoire de la commune deGouy au nord deSaint-Quentin, dans l'Aisne, au pied de l'abbaye du Mont-Saint-Martin (XVIIIe siècle). Cette source est située à 49° 59' 12,95" nord et 3° 15' 59,40" est, à une altitude de97 mètres.
Le Haut-Escaut est parallèle à laSambre et, comme laSambre, a une dominante d'affluents en rive droite. Cette situation est due à la surrection récente du massif ardennais, qui a créé un château d'eau en provenance de l'est.
L'estuaire a beaucoup varié avec le temps, déjà vers1800av. J.-C. il était proche de ce qui est aujourd'hui l'Escaut oriental[9]. Puis il s'est orienté vers le nord ; jusque vers 1250, laStriene était le bras principal et se jetait dans laMeuse, après cette date elle a tourné vers l'ouest et la mer du Nord, à l'emplacement de ce qui deviendra plus tard leHaringvliet. En 1431, ce bras a disparu et l'Escaut oriental le remplaça, mais au cours du temps l'accès finit par s'ensabler ; depuis 1867, il est isolé par une digue et l'Escaut occidental devient alors le seul estuaire.
Paysages
Les prairies de fond de vallée ayant fortement régressé, au profit des champs, villes et zones d'activité, ses débordements sont de moins en moins tolérés. En aval, deux bras principaux marquent le paysage ; l'Escaut oriental n'est plus qu'une baie, non reliée au fleuve ; l'Escaut occidental (autrefois appelé leHonte) est de nos jours le seul estuaire du fleuve.
Le district de l'Escaut, comme celui duRhin et d'autres grandsfleuves européens, traversant des zones industrielles et d'agriculture intensive a été et reste trèspollué, notamment au niveau de ses sédiments[10]. Leshabitats naturels s'y sont souvent fortement dégradés ou ont totalement disparu. Certains polluants d'origine industrielle ont fortement régressé, à la suite de la fermeture d'usines anciennes, mais les sédiments sont durablement pollués par certains de ces produits et la faune piscicole est encore parfois fortement contaminée par divers polluants[11], à des taux supérieurs aux normes[12]. Ceci favorise une baisse de l'immunité des espèces touchées et une augmentation des taux deparasitisme, par exemple chez l'anguille européenne qui a fortement régressé depuis30 ans.
Pour répondre à ladirective-cadre sur l'eau qui vise à retrouver un bon étatécologique du bassin pour2015, les habitants et autorités du bassin doivent faire face à de lourds problèmes de gestion :
des conséquences de la dégradation des zones humides (inondations/sécheresses exacerbées, pollution accrue par lesnitrates etphosphates etpesticides…).
Les États devraient appliquer la directive-cadre sur l'eau, avec l'aide en France de l'Agence de l'eau Artois-Picardie, dans le cadre notamment de latrame verte et bleue de la région Nord - Pas-de-Calais. L'Escaut en tant qu'axe nord-sud pourrait potentiellement devenir un corridor biologique d'intérêt majeur dans leréseau écologique paneuropéen, voire jouer un rôle de « corridor climatique ». La démarche « EcoPort » peut aussi contribuer à limiter les impacts négatifs desports de l'Escaut et du bassin fluvial.
En 2012, un nouveau « système d’avertissement et d’alerte contre les pollutions accidentelles de l’Escaut » (SAAE) doit permettre de mieux agir, de manière transfrontalière contre les pollutions accidentelles de l'Escaut et de son bassin.
Le12 janvier 2023, Tereos est condamné à Lille à 500 000 euros d’amende et à plus de9 millions de dommages et intérêts. Le tribunal correctionnel, qui reconnaît la « négligence » du groupe dans l’entretien de la digue, a décidé que la région wallonne touchera8,86 millions d’euros au titre du « préjudice écologique ».Corinne Lepage, avocate de la région de Wallonie, réclamait17 millions d’euros[16].
Traversant une région fortement urbanisée et industrialisée, l'Escaut a été très tôt aménagé et son tracé a été modifié dès l'époque médiévale pour l'alimentation des moulins et des terres agricoles.
Creusée auXVIIIe siècle en amont de la source, une rigole — dite « canal des Torrents » — serpente dans la vallée sèche, afin de drainer les terrains agricoles, s'écoulant dans le fleuve en période très pluvieuse.
Quelque 250écluses etbarrages ont été implantés sur son cours et celui de ses principaux affluents parmi lesquels on peut citer laScarpe, laLys et laSensée.
La longueur de son cours en France est de 29,5[17] + 68,1[18] =97,6 km.
L'Escaut traversant trois pays et sept régions[19], les acteurs de sa gestion sont nombreux et peinent parfois à se coordonner, alors qu'en tant qu'écosystème, elle ne connaît pas de frontières. Ladirective-cadre sur l'eau donne auxÉtats-membres jusqu'à 2015 pour rétablir le bon état écologique du fleuve et de ses affluents.
L'association « Escaut Vivant - Levende Schelde[20] » a été initiée en1994 à Lille parl'eurorégion[Laquelle ?] et des ONG pour encourager une gestion intégrée du fleuve à échelle dubassin versant.Via sa charte, Escaut Vivant vise à encourager sur tout lebassin versant de l'Escaut, une gestion intégrée de l'eau, la réhabilitation fonctionnelle de ses milieux naturels, humides et associés (et en particulier les «délaissés» de l'Escaut, encore appelésbras-mort ou « coupure »), tout en valorisant ses fonctions de transport et de loisirs, et ceci dans la duréevia l'information, la sensibilisation et une restructuration globale du bassin versant appuyée sur les principes dudéveloppement durable.
Escaut sans frontières - Grenzeloze Schelde[21], une association internationale, mène depuis 1992 des actions dans cinq régions du bassin versant de l'Escaut, à savoir le Nord - Pas-de-Calais en France, la Wallonie, la Flandre et Bruxelles en Belgique et la Zélande aux Pays-Bas. Escaut sans frontières a pour objet de s'engagervia une collaboration transfrontalière pour une amélioration et une restauration de l'écosystème des rivières et des canaux du bassin versant de l'Escaut. Pour atteindre ce but, l'association promeut la collecte et l'échange de données, l'organisation d'actions communes, d'activités informatives, de sensibilisation et d'éducation et l'intervention auprès des autorités compétentes.
Avant leXVIIe siècle, l’Escaut prenait sa source à Ponchaux (devenu aujourd’hui un hameau rattaché àBeaurevoir). Au début duXVIIIe siècle, des travaux d’assainissement duvallon de Beaurevoir ont été la cause d'un apport important de terre dans la zone de la source, à la suite de quoi la source de l’Escaut disparut de Ponchaux, pour réapparaître à environ 4 km de là, à son emplacement actuel deGouy, à côté de l’abbaye du Mont-Saint-Martin.
Le Haut-Escaut est marqué par une occupation préhistorique importante, la présence de la rivière favorisant l'implantation humaine. Le site deProville, au sud-ouest deCambrai sur la rive droite de l'Escaut, a livré de nombreux témoins de la Préhistoire. Au cours d'une prospection pédestre dans le Bassin de l'Escaut en janvier-février 1997, la collecte d'un matériel archéologique composé exclusivement d'une industrie lithique à Proville, au lieu-dit « la Marlière » enrichit nos connaissances sur les occupations néolithiques de la région[22]. De nombreux silex taillés ont été découverts notamment plusieursnucléus, des éclats, des lames et des lamelles ainsi que quelques haches polies typiques de la période. Ces dernières années, plusieurs opérations archéologiques se sont déroulées à Proville, au lieu-dit « Le Bois-Chenu » qui a révélé une occupation du Paléolithique supérieur et final confirmée par la présence de burins, de grattoirs et de nucléus et au lieu-dit « la Marlière » avec une fouille programmée dirigée par Gilles Leroy (Service régional de l'archéologie) qui confirme la présence néolithique sur le site.
Plus en aval, le site deBouchain, diagnostiqué en 2012-2013 entre les rues Roger-Darthois et Pépin-d'Héristal, a révélé des témoins archéologiques de la Préhistoire récente. De nombreuxartefacts y ont été mis au jour à savoir de nombreuses pièces lithiques (silex : nucléus, grattoirs, percuteurs, etc.), des gaines de hache en bois de cerf, de la faune (ossements de castor, de sanglier, de bovidé et de cervidé)[23]. Les campagnes de fouilles programmées réalisées entre 2014 et 2018 ont permis entre autres la découverte exceptionnelle de plusieurs fragments d'embarcation monoxyle datée du Néolithique, c'est-à-dire une pirogue, dans un état de conservation exceptionnel, découverte majeure accompagnée d'un riche mobilier archéologique illustrant le travail de la matière dure animale et minérale dans une zone de travail en périphérie d'habitat, comprenant une perle en paragonite provenant de gisements du Mont Viso en Italie, illustrant ainsi les circulations et échange de longue distance[24]. La bilan des campagnes archéologiques a donné lieu à l'expositionVoyage au cœur de l'Escaut néolithique, coordonné par le ministère de la Culture, la ville de Bouchain et l'association Bouchain Patrimoine[25].
ÀValenciennes, la fouille préventive du site archéologique de la rue Jean-Bernier en 2006-2007 a révélé une occupation majeure du Néolithique final dans la partie inférieure du versant oriental de la vallée de l'Escaut. Ce site est caractérisé par la découverte de plusieurs sépultures déposées sur des îlots de la rivière attestant de pratiques funéraires complexes et par un riche mobilier lithique fait de pointes de flèches, de lames, de tranchets, de burins, de grattoirs sur lame, de haches polies retaillées qui en font un site exceptionnel au niveau régional.
Le cours aval de l'Escaut a probablement été bouleversé par lestransgressions marines dite « transgression maritimeDunkerke I etII, pour la périodegallo-romaine etcarolingienne » (maximum vers800, à l'époque de Charlemagne), qui a noyé une partie des Flandres et une grande partie des actuels Pays-Bas.
Depuis la préhistoire, le bassin de l'Escaut a été profondémentanthropisé et étendu vers l'ouest par lespolders. L'Escaut qui traversait l'ancienne et vasteforêt charbonnière a été utilisé pour la navigation fluviale au moins depuis l'Antiquité romaine, et sans doute dès le Néolithique grâce à despirogues et des radeaux.
Après les Romains, lesVikings ont également navigué sur l'Escaut. Duhaut Moyen Âge, il ne reste que peu de traces de navigation, hormis quelques textes et témoignages archéologiques[29],[30].
Mais il a surtout joué un rôle déterminant dans le développement économique et politique exceptionnel de laFlandre, duBrabant et duHainaut auMoyen Âge et aux temps modernes. Il est l'un des quatre fleuves attribués à la « France des quatre fleuves ». Malgré sa faible longueur, l'Escaut relie les villes deCambrai,Valenciennes,Condé-sur-l'Escaut,Tournai,Audenarde,Gand etAnvers, mais aussiDouai,Arras,Lille,Courtrai,Mons,Malines,Louvain etBruxelles sur les affluents de l'Escaut. Ces villes furent des cités particulièrement opulentes et des centres culturels très importants à l’échelle européenne, notamment au Moyen Âge et à la Renaissance, le petit fleuve favorise en effet le commerce fluvial et maritime et met ces villes en constantes relations entre elles et avec le reste de l'Europe via la mer, la région a ainsi connu un phénomène d'urbanisation et une forte densité de population très précoce à l'échelle européenne, permise par la richesse agricole du bassin.
Plusieursportus existent sur l'Escaut à la période carolingienne, notamment à Valenciennes, Tournai, Gand et Anvers[31]. Valenciennes est la première ville portuaire du Haut-Escaut où la rivière commence à "porter bateaux", c'est-à-dire à être navigable grâce à l'apport de la Rhonelle et ce, jusqu'à la fin duXVIIIe siècle[32], ce qui permet l'essor de la ville grâce au commerce fluvial.
De plus, au fur et à mesure que le temps passait, à cause des défrichements, du labour des terres et des rejets urbains, il n'a cessé de s'envaser avec des sédiments qui ont gagné jusqu'à3 mètres d'épaisseur.
LaStriene est l'estuaire principal, ce bras se jette dans laMeuse jusque vers 1250, puis se dirige vers ce qui est maintenant leHaringvliet jusqu'en1421. Ensuite l'Escaut oriental devient le principal estuaire.
La navigation sur l'Escaut est très active à l'époque médiévale, comme en témoignent les droits de vinage pris sur les marchandises transitant sur la rivière. AuXIIIe siècle, on fabriquait àDouai des escarpoises capables d'affronter la mer et les tarifs detonlieu citent sur laScarpe des nefs de10 mètres de long pour 2 de large (de14 à 15 tonneaux), alors qu'àValenciennes ils citent des navires plus importants (jusqu'à48 tonneaux)[33].
D'un point de vue politico-religieux, le fleuve sert en partie de limite religieuse, permettant de distinguer le diocèse d'Arras de celui de Cambrai, séparant parfois les villes en deux, comme c'est le cas pour Valenciennes et Tournai par exemple, et les comtés de Flandre et de Hainaut[34].
La circulation des gros bateaux de commerce était autrefois interrompue à Tournai (doté d'un pont militaire, l'un des rares connus au monde[35]) en raison d'une chute importante (jusqu'à ce que lagénéralité y finance la construction d'une écluse).
Dans le Haut-Escaut, de sa source à Gand, l'Escaut et ses affluents sont dotés de nombreux ouvrages hydrauliques (moulins, vannages, viviers) pour l'alimentation des activités du bord de l'eau. La rivière constitue une artère économique structurante bordée par les métiers d'eau qui se développent sur ses rives (meuniers, blanchisseurs, brasseurs, tanneurs, etc.) et, avant tout, la navigation.
La période est également marquée par d'importants travaux d'assèchement des marais et de réfection des digues de l'Escaut à la suite desinondations répétées du Haut-Escaut qui ont un fort impact sur les villes et villages riverains situées dans la plaine humide, causées par les aléas hydroclimatiques (orages, fonte des neiges, pluies), le suréquipement de la rivière et les inondations militaires tendues lors des sièges, où l'Escaut et ses places fortes jouent un rôle stratégique lors de laguerre de Hollande et de laguerre de Succession d'Espagne[36].
Les guerres civiles, politiques et de religion ont provoqué le déclin d'Anvers et d'une partie du bassin, conduisant en1648 autraité de Munster, lequel ferme l'Escaut vers Anvers, stipulant que les navires devaient décharger àFlessingue afin que des petits bateaux néerlandais transportent ensuite les biens et personne vers Anvers ou ailleurs, en réalité au profit d'Amsterdam, depuis longtemps seule rivale d'Anvers. Ces guerres, dont celle de 1679 empêchèrent« l'exécution des travaux projetés entre Valenciennes et Cambray pour remonter sa partie supérieure, et ils ne furent entrepris qu'après une période de70 années. Commencés en1750, leur achèvement n'eut lieu qu'en1788 au moyen de 15 écluses qui rattrapent une dénivellation de26 mètres. Quatre de ces écluses sont simples, et les onze autres à sas. Leur largeur moyenne est de5,2 m sur44 m de longueur de buse en buse »[38].
En1782, l'Escaut est considéré commenavigable deCambrai jusqu'à la mer, mais sa fermeture vers la mer, imposée par lesProvinces-Unies perdurera (146 ans au total) jusque1794, date de la conquête de la Belgique par les Français, conclue par le traité de paix et d'alliance de La Haye () qui ré-institue la libre circulation des bateaux sur l'Escaut. En 1783, le Bassin Rond est construit entreBouchain et l'écluse d'Ywuy, ouvrant par l'une de ses trois écluses sur lecanal de la Sensée, les deux autres donnant accès aux directions de Bouchain et Cambray.« Ce bassin fait partie du bras de canal partant de l'Escaut à Bouchain, qui longe latéralement ce fleuve, sur une longueur d'environ 420 m, jusqu'un peu au-dessus du bassin Rond où il s'abouche à l'Escaut »[38].
Naviguer de Tournai à Gand, n'était pas non plus sans risques notamment dans la traversée de Tournai« à cause de la rapidité du courant. Des travaux de curement effectués en 1830, partie aux frais de l'administration des ponts et chaussées et partie aux frais de la province, sur toute l'étendue du bassin de l'Escaut dans Tournay, ont rendu la navigation par cette ville beaucoup plus facile et plus active. Les sinuosités nombreuses du fleuve exigent la plus grande attention de la part desmariniers, qui sont obligés de se faire aider depuis Tournai jusqu'à Gand par quatre hommes pour bien gouverner un grand bateau à charge. Ceux d'une plus petite dimension n'en prennent ordinairement que trois. Ces difficultés disparaîtraient si la canalisation de l'Escaut, entre ces deux villes, venait à s'effectuer »[38]. Dans la seconde moitié duXVIIIe siècle, le transport fluvial explose (en1747,72 bateaux suffisaient à transporter les marchandises de Gand et de sa généralité alors que le seul canal de Mons en destination de la Belgique enregistrera 17 340 bateaux de 1827 au (soit une moyenne de 2 312 bateaux/an). Des règlements, ordonnances ou arrêtés imposent des tirant d'eau à ne pas dépasser pour certaines sections de cours d'eau ou écluses (ce qui peut nécessiter de« rompre charge », c'est-à-dire de décharger puis recharger au passage, ou de disposer une partie de la charge sur un autre bateau). Quand des travaux d'approfondissement sont effectués, ils imposent presque d'autres travaux de mise au même niveau en amont ou en aval afin que des bateaux toujours plus gros puissent circuler.
Napoléon, cherchant ensuite à« faire d'Anvers le point central desconstructions navales de sonempire », fit exécuter dans cette ville, en1804, des travaux considérables estimés à plus de treize millions[Note 1]. On distingue, parmi ces travaux, deux bassins auxquels nul autre ne peut être comparé pour la beauté de la construction et l'étendue (le plus grand des deux peut contenir jusqu'à quarante vaisseaux de guerre) ; le magnifique et vaste chantier de construction où19 vaisseaux de tout rang se construisaient à la fois, et l'immense bâtiment de lacorderie long de390 mètres sur13,5 m de largeur[38]. Les Anglais ne peuvent tolérer cette menace et en1814 détruisent ces aménagements dont les vestiges seront transportés à Flessingue (ainsi que tous les magasins de la marine) alors que le plus grand des deux bassins de Napoléon est en partie comblé[38].
La liaison par le canal de Saint-Quentin est permise grâce au tunnel souterrain de Riqueval, inauguré par Napoléon le[39]. D'autres travaux d'amélioration du cours de l'Escaut par redressement de ses méandres sont effectués du Cambrésis à la frontière belge entre 1820 et 1880.
En1815, l'Acte final du Congrès de Vienne attribue à l'Escaut et la Meuse un régime de liberté de navigation comparable à celui du Rhin, mais 15 ans plus tard les Pays-Bas annexent ce qui redeviendra plus tard la Belgique, qui s'unit un temps à la Hollande, ce qui relance le commerce à Anvers puis larévolution belge de 1830 y met fin, les Hollandais restant seuls maîtres des bouches de l'Escaut jusqu'en1832.« Depuis Antoing jusqu'à Anvers, il se trouve sept écluses dont six simples et une à sas. Les six premières sont celle d’Antoing ; celles d'amont, dite grande ou de la Machine, et d'aval ou des Trous à Tournay ; d'Audenarde ; des petites planches, à Gand ; de Termonde : cette dernière est à poutrelles, et sert à arrêter au besoin le flux et le reflux de la marée dont les effets se font sentir jusqu'à Gand. Celle à sas est une grande écluse octogone, pouvant contenir plusieurs grands bateaux : elle est située à Gand au lieu dit la Pêcherie, près de la porte de Bruxelles »[38].
À cette époque, de la grande écluse de Gand à la Hollande la navigation hivernale sur l'Escaut (qui peut notamment geler ou sortir de son cours, deux moments où la navigation cessait, de même que durant toute ladébâcle[38]) est encore dangereuse ;« c'est par cette écluse que les bateaux entrent dans le Bas-Escaut, dont la navigation est dangereuse, surtout pendant l'hiver ; il est donc prudent que les bateaux qui naviguent sur cette partie du fleuve soient pontés et munis des agrès nécessaires, et qui consistent, pour les cordages : en un harnat, un cachelin, un demi-cachelin, une esquoite, une treille à bloquer, une treille à tirer à chevaux ; pour les agrès : en deux grandes ancres à la main, plus trois autres dites du Bas-Escaut »[38]. Enfin, faute de machinerie adéquate, manœuvrer les écluses est encore difficile. À Tournai dans les années 1830, les bateaux ne traversent ordinairement la ville qu'une fois par semaine (le mercredi en été et le jeudi en hiver, ou plus tôt ou plus tard en cas de crue ou de « rabais »[38], en coordination avec la ville de Gand où la traversée de l'écluse se faisait le samedi en été et le lundi en hiver. Ceci occasionnait la formation de convois de bateaux (dits« rames ou flottes ») et de files d'attente ;« les rames ou flottes, qui se composent des bateaux venant de la France du côté deMortagne et de la Belgique parAntoing ouCondé, et qui descendent chaque semaine à Tournay, contiennent de 80 à 100 bateaux de toute grandeur, même jusqu'à 120, et quelquefois moins de 80, suivant que l'abondance des eaux permet de continuer la manœuvre de l'écluse d'Audenarde, où leur chute produit l'effet d'une cataracte ». En sens inverse,« la remonte se fait : de Condé à la Folie, par des treilleurs ; depuis la Folie jusqu'à Cambray, au moyen de chevaux ; d'Anvers à Termonde, à l'aide de lamarée ; de Termonde à Gand et de Gand à Escanaffle, par des haleurs dits compagnons, et d'Escanaffle à Tournay, par des chevaux ». Ces métiers disparaitront peu à peu auxXIXe et XXe siècles avec l'apparition des machines à vapeur puis des moteurs au fioul, de même pour les corporations d'ouvriers et en partie demariniers (Par exemple, il y avait à Gand« deux corporations de mariniers désignées sous le nom de corps franc et corps non-franc, qui avaient le privilège exclusif de charger sur l'Escaut et la Lys dans toute l'étendue de la dépendance de Gand »[38]. Ce corps-franc disposait en1747 d'une flotte de 54 bateaux (26 grands, 20 moyens et 8 petits) alors que le corps non-franc en avait 3 grands, 9 moyens et 6 petits, soit 18[38]. Ce privilège s'est éteint avec la réglementation française imposée en Belgique à partir de1794[38]. À cette époque le transport fluvial est encore très lent (en comptant les temps de recherche de clients, de chargement/déchargement, derupture de charge, d'entretien du bateau, de repos forcé quand l'eau gèle (puis lors de la débâcle), ou les immobilisations dues à des étiages sévères ;« un batelier, partant du canal de Mons, se dirigeant vers Paris ou Rouen, et qui peut à peine faire ce voyage trois fois en deux années »[38]).
Le, letraité de Londres par lequel les grandes puissances du moment (Autriche, France, Grande-Bretagne, Prusse et Russie) reconnaissent le nouvel État belge confirme à nouveau la liberté de naviguer sur l'Escaut, chaque pays entretenant les berges et fonds à ses frais.
Un nouveautraité de Londres le[40] ajoute les Pays-Bas à ces pays qui reconnaissent la Belgique, mais il reconnait un droit de péage sur tous les navires utilisant l'Escaut pour rejoindre Anvers voté peu de temps auparavant[41], ce qui va freiner le développement du port d'Anvers et irriter les autorités belges qui vont s'efforcer de faire disparaitre cette taxe. En1863 (traité du), après des négociations longues et difficiles avec les Pays-Bas,Auguste Lambermont obtint la levée du péage sur l'Escaut, perçu depuis 1839[42], pour un coût de17 millions de florins, avec signature ce même d'un traité belgo-hollandais sur le régime des prises d'eau à la Meuse[43] permettant ainsi le développement du port d'Anvers.
Selon lePrécis historique et statistique des canaux et rivières navigables de la Belgique et d'une partie de la France de B De Rives, publié en1835, les 30 canaux artificiels (soit638 km) et les parties navigables de rivières encore naturelles (763 km sur la Demer, la Dendre, la Durme, la Dyle, l'Escaut, la Haine, la Lys, la Nèthe, le Rupel, la Scarpe et la Trouille) formaient alors un total de 1 401 km de voies navigables dans le bassin de l'Escaut[45]. Les bateaux et péniches étaient alors encore parfois munies de voiles et tirées partraction animale voire par des hommes. En 1835, sa« largeur moyenne depuisCambray jusqu'àGànd est d'environ 35 à 40 mètres. Cette largeur augmente à partir de Gand jusqu'àTermonde, où elle est de plus de 200 m, et de 665 m àAnvers dans leshautes marées (…) Sa profondeur depuis Cambray jusqu'à Valenciennes est en moyenne de 1,60 m ; celle moyenne de Valenciennes à Condé, de 1,90 m ; de Condé àMortagne, de 2 m ; et, à partir de ce point jusqu'à Anvers, cette profondeur augmente progressivement jusqu'à celle de 6 m dans les basses marées au port de cette dernière ville. Les marées extraordinaires y élèvent les eaux de 3,25 m à 4 m, et même jusqu'à 6,76 m dans lessyzygies. Les vaisseaux de guerre remontent ce fleuve à lamarée haute à plus d'une lieue au-dessus d'Anvers, dont le vaste et beau port peut contenir deux mille navires, d'autant plus en sûreté qu'ils jettent l'ancre jusqu'aux bords des quais auxquels aboutissent quatre canaux bordés de magasins ».
L’Escaut en amont d’Anvers, le soir, 1892 Collection privée.
En 1867, le kreekrak est construit, c'est une digue qui isole le fleuve de l'Escaut oriental, désormais l'Escaut occidental en est le seul estuaire.
Après-guerre la pollution de l'Escaut est flagrante et inquiète tous les États riverains, motivant la création d'uneCommission tripartite permanente des eaux polluées cadrée par un protocole du conclu par la Belgique, la France et le grand-duché de Luxembourg[46].
En1963, le traité du[47] prévoit la construction d'un canal reliant l'Escaut au Rhin et précise les droits des pays riverains sur l'usage des eaux de l'Escaut et de la Meuse. Commemesure compensatoire à unesalinisation accrue dubassin de Zélande (aux Pays-Bas), la Belgique doit offrir une quantité d'eau douce provenant implicitement au départ de la Meuse, ce qui est encouragé par les Flamands qui profitent du développement d'Anvers mais jugé scandaleusement léonin par les Wallons qui perdent de l'eau en quelque sorte au seul profit de Rotterdam et sans compensations[48]. Le gouvernement belge négocie pour que les Pays-Bas aménagent l'Escaut méridional pour y faciliter letransport maritime avec (le) trois traités signés dont l'un concerne la Meuse et deux concernent l'Escaut (afin de redresser le coude de Bath et construire le canal de Baalhoek).
Divers juristes et ONG les ont néanmoins jugés très décevant, surtout par rapport aux projets antérieurement défendus. Leur peu d'ambition résulterait selon une analyse juridique de Joe Verhoeven[50] de l'irruption de la France et des régions autonomes de Belgique dans les jeux traditionnellement hollando-belge des relations de négociations.
AuXXe siècle, la Belgique avait besoin des Pays-Bas qui contrôlaient l'accès du port d'Anvers à la mer du Nord pour permettre auport d'Anvers et à Anvers de s'épanouir, malgré la concurrence decelui de Rotterdam, mais inversement les Pays-Bas dépendaient de la Meuse qui traverse la Belgique comme première source d'eau potable. Depuis 1993 la décentralisation et la révision constitutionnelle belges permettent aux régions autonomes belges de conclure des traités avec d'autres pays, ce qui renforce la divergence d'intérêts entre Wallons et Flamands quant à l'usage des eaux de la Meuse qui avait motivé l'aide des Pays-Bas au développement de Rotterdam[51].
En1992, la Belgique signe laConvention d'Helsinki du sur la protection et l'utilisation des cours d'eau transfrontières et des lacs internationaux.
Le, grâce à des négociations entamées à Paris les 6 et et conclues à Namur en, advient la signature desAccords de Charleville-Mézières, qui après ratification encadreront le fonctionnement d'uneCommission internationale de l'Escaut[52]. L'Allemagne et leGrand-Duché de Luxembourg, sans être signataires ont été observateurs officiels de la préparation des accords de Charleville-Mézières et ils restent libres d'y adhérer[53].
Ces accords concernent le fleuve de la source à l'estuaire, et tout son bassin versant et reconnaissent une certaine urgence écologique à agir ; il se base sur une perspective de« gestion intégrée[54] » du bassin versant (mais chaque État restant seul responsable de la gestion de son territoire) et dedéveloppement durable[55] (et non « soutenable ») sur 4 principes (formulés par convention d'Helsinki du 17 mars 1992), mais qu'il édulcore pour partie selon Verhoeven (1997)[52] :
« leprincipe de précaution en vertu duquel la mise en œuvre de mesures destinées à éviter que le rejet de substances dangereuses puisse avoir un impact transfrontière significatif, n'est pas différée au motif que la recherche scientifique n'a pas pleinement démontré l'existence d'un lien de causalité entre l'un et l'autre »
« le principe de prévention » imposant le recours à « des technologies propres »
« le principe de maîtrise et de réduction par priorité à la source de la pollution », en utilisant« les meilleures technologies disponibles et les meilleures pratiques environnementales » pour de réduire« les rejets ponctuels et diffus de substances dangereuses »
« leprincipe du pollueur-payeur, en vertu duquel les coûts des mesures de prévention, de maîtrise et de réduction de la pollution sont à la charge du pollueur ».
L'accord a perdu une partie de sa substance au cours des négociations :
ils ne mentionnent plus les eaux souterraines (ce qui était pourtant prévu par les premiers projets d'accord)
ils ne concernent pas les matières nucléaires qui relèvent en Belgique des compétences de l'État fédéral et non des régions, dans le cadre du traitéEuratom
ils engagent bien les États à œuvrer pour la qualité de l'eau, mais d'une manière modérée par l'utilisation (ambiguë et de précaution) d'expressions telles que« dans des conditions économiques acceptables » (et en prévenant toute« distorsions de concurrence » et« dans mesure du possible… »[56] de la qualité de l'« écosystème aquatique ») ; ils ne parlent plus de quantité d'eau. Ceci est dû aux vives protestations faites par la Wallonie« contre le projet hollando-belge de 1975 relatif à la Meuse qui obligeait la Belgique à garantir un débit minimum en période d'étiage, ce qui impliquait la construction d'importants barrages en région wallonne »[52]
les mesures encouragées par le traité ne sont pas nécessairement uniformes ou coordonnées ni de même niveau de cohérence écologique, mais pour prévenir les distorsions de concurrence, les parties signataires doivent« agi[r] de manière comparable sur tout le bassin versant »[57], ce qui risquait de niveler par le bas les exigences de qualité et quantité demesures restauratoires. Un article permet toutefois aux parties le souhaitant de prendre« individuellement ou conjointement » des mesures plus rigoureuses[58] et au moins les mesures imposées par lecadre européen pour l'eau[59] qui fixe rapidement des objectifs de « bon état écologique » pour toute l'Europe, qui impliquent aussi une gestion des masses d'eau, appuyée sur des objectifs qualitatifs, mais aussi quantitatifs), mais la date butoir de2015 et l'objectif de qualité ne sera sans doute pas atteint dans une bonne partie du bassin de l'Escaut.
L'accord concerne aussi« tous les canaux se jetant directement ou indirectement dans [le] fleuve[60] ».
Les bateaux sont bien moins nombreux, mais beaucoup plus grands et lourds, plus rapides grâce à leur motorisation. Nombre de ces canaux ont depuis été mis à grand gabarit et le dernier projet en date est celui duCanal Seine-Nord. Les sédiments de la Deûle, de la Scarpe, de l'Escaut ont été gravement pollués sur une grande partie de leurs cours, par les Industries métallurgiques et chimiques notamment.
En avril 2020, une grave pollution est causée par la rupture d'une digue d’un bassin de décantation de la sucrerieTereos, implantée àThun-Saint-Martin en France, quelques kilomètres en aval deCambrai.
Il faut aussi payer pour le transport du bois parflottage (troncs ou autres bois) ; Par exemple, à l'écluse d'Antoing, le règlement précise :« les troncs d'arbres ou de bois flottés paieront par corde[62], à chaque bureau, le droit déterminé par tonneau sur les bateaux à charge entière »[61]. Pour cette même écluse d'Antoing, sont exemptés de tous droits[61] :
« Les bateaux appartenant à l'État, et employés pour le service personnel de S. M., celui des princes et princesses de la famille royale, ainsi que pour le service de terre et de mer »
« Les nacelles et autres embarcations dont la capacité est moindre d'un tonneau et demi »
« Ceux uniquement chargés decendres, defumier et autresengrais, ainsi que ceux qui transportent desrécoltes ou deslégumes, mais seulement lorsque le propriétaire de ces derniers objets réside dans le rayon d'une lieue, ou 6,000 mètres, des péages. »
« Les bateaux uniquement chargés d'objets d'artillerie et équipemens militaires appartenant à l’État, ce qui devra être constaté par un certificat délivré par un officier supérieur »
« Les bateaux uniquement chargés pour les travaux de la navigation, et munis d'une lettre de service de l'ingénieur en chef de la province »
À cette époque (1822), les navires ne sont pas encore immatriculés, mais sur l'Escaut« tout bateau portera l'indication de son nom et de son tonnage en caractères très distincts, ainsi qu'il sera prescrit »[61] et« Les jauges d'enfoncement, déterminées par les réglemens existans ou à fixer par des réglemens particuliers du collége des états, seront indiquées d'une manière apparente sur tous les bateaux. Les jauges seront placées pour les charges entières et demi-charges d'été et d'hiver, aux frais des propriétaires des bateaux, d'après les dispositions qui pourront être prises, à cet effet, par l'administration provinciale »[61].
LeRoyaume uni des Pays-Bas fait en outre payer des taxes très élevées aux transports qui veulent gagner Anvers, taxes qui seront sources de longues discordes. Des taxes supplémentaires et plus générales peuvent s'ajouter à ces droits d'usage ou de passage (ex : ledécime par franc, imposé par les lois des 28 avril 1816 et 25 mars 1817 en France).
« Jusque vers l'année1784, les quatre ponts existant à Tournay sur l'Escaut étaient dormans. Cette ville, ayant demandé l'autorisation de les changer en ponts tournans, en obtint l'octroi le 23 avril 1784 de LL. AA. RR. Marie et Albert, gouverneurs des Pays-Bas, ainsi que l'autorisation de percevoir le péage ci-après sur tous les bateaux qui y passeraient »[38]. Dans le Hainaut belge, en 1822 les taxes sont perçues par l'éclusier ou le sous-conservateur de l'Escaut,« dans les deux directions, sans avoir égard au point de départ des bateaux qui arrivent, ni à celui de débarquement des bateaux qui en partent », avec à l'écluse d'Antoing une exemption pour certains :« Les bateaux chargés de chaux, soit en remonte, soit en descente, sont exempts des droits au bureau d'Antoing »[61].
↑À l'époque, Anvers se trouvant dans l'Empire français, la monnaie dont il s'agit est le franc français de l'époque, ditfranc-or ou franc germinal, créé en 1803.
↑Charriau, A., 2009.Étude de la contamination organique et métallique associée aux sédiments du district hydrographique international de l’Escaut. In: Chemistry. Université de Lille-1, Lille.
↑« Responsable de la pollution de l’Escaut, le sucrier Tereos condamné à verser plus de 9 millions d’euros »,Le Monde, 12 janvier 2023,lire en ligne, consulté le 17 janvier 2023.
↑I. Praud et E. Martial, « « Des indices d'une occupation néolithique dans le Bassin de l'Escaut à Proville « la Marlière » »,Cahiers de Préhistoire du Nord,no 20,.
↑Philippe Feray,Bouchain, rue Roger Darthois et rue Pépin d'Héristal. Occupations médiévale/moderne et mésolithique,.
↑DRAC-SRA, collection Archéologie des Hauts-de-France, « Bouchain. Voyage au coeur de l'Escaut néolithique. »,n°1,(lire en ligne).
↑Stéphanie Pirez-Huart, « Divisions socio-politiques et occupation de l’espace. L'exemple de Valenciennes au bas Moyen Âge »,Divisions urbaines. Représentations, mémoires, réalités, Stuttgart, Ibidem-Verlag, 2017, p. 195-216.
↑Laëtitia Deudon, « Construction et évolution de la vulnérabilité dans la vallée de l’Escaut (France) et la vallée du Saint-Laurent (Québec),XVIIe – XIXe siècles »,VertigO - La revue en Sciences de L'environnement,vol. 16,no 3,(lire en ligne).
↑Deudon Laëtitia,Sociétés et milieux fluviaux : une approche comparative. La vallée du Saint-Laurent au regard de la vallée de l'Escaut (17e - 19e siècles), Trois-Rivières, Centre interuniversitaire d'études québécoises - Ciéq,(ISBN978-2-921926-58-4,lire en ligne), p. 57-70.
↑Protocole du 8 avril 1950 créant une Commission tripartite permanente des eaux polluées (Mon. b., 4 juin 1950).
↑traduit dans le droit belge par la Loi du 17 mars 1965 ; Mon. b., 7 avril 1965.
↑Verhoeven J (1979) « Le Meuse et l'évolution du droit des fleuves internationaux », Mélanges Fernand Dehousse, vol. I, 1979,p. 139 et s.
↑d'Argent P. (1997) « L'évolution du statut juridique de la Meuse et de l'Escaut : une mise en perspective des accords de Charleville-Mézières du 26 avril 1994 », RBDI 19997/1.
↑Joe Verhoeven, juriste et professeur à l'Université catholique de Louvain.
↑abcde etfRèglement des états-députés de laprovince de Hainaut, en date du 13 avril 1822, approuvé le 16 août suivant par le roi des Pays-Bas, et relatif à la navigation dans cette province
Commission internationale de l’Escaut (2010)Rapport 2010 de la qualité de l’Escaut et de l’avancement de la coordination des programmes de surveillance et du RHME2e génération
DEUDON Laëtitia, "Une géohistoire de l'aménagement de la vallée de l'Escaut",in Minette F., Verleene S.,Habiter l'inondable. Penser l'inondation comme une opportunité de projet de territoires, en vallée de l'Escaut, en Tournaisis et ailleurs, Université catholique de Louvain - LOCI / Contrat de rivière Escat-Lys, 2018, compte-rendu :https://escaut.hypotheses.org/89
Étienne Schoonhoven,Le Rachat du péage de l'Escaut et son influence sur l'épanouissement du port d'Anvers, Anvers, Rotary Club Anvers, 1963, 37 p.
Gulinck M, Legrand R & Dassonville G (1969). La nappe aquifère franco-belge du Calcaire Carbonifère. Bull. Soc. Belge Geol., 78, 235-251.
Lichtervelde (comte de) Joseph François (1815),Mémoire sur les fonds ruraux du département de l'Escaut (Version numérisée par Google) ; imprimé à Gand, par P.F. de Goesin-Verhaeghe, en août 1815 - 179 pages. Voir aussiFamille de Lichtervelde
E. Obled, Bataille de l'Escaut et de laSensée Mai 1940,Nord Patrimoine, 2002, 183 p
J.David, « Recherches sur le cours primitif de L'Escaut »,Bulletins de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique,t. 16,no 1,(lire en ligne),p. 257-283
LEFEBVRE Annie,Histoire d'un fleuve. L'Escaut. 400 km de villes et de traditions, Cambrai, Nord Patrimoine Editions, 2000.