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Poney Eriskaygris à Beinn Sciathan, sur l'île d'Eriskay. | |
| Région d’origine | |
|---|---|
| Région | |
| Caractéristiques | |
| Morphologie | Poney |
| Taille | 1,24 m à 1,38 m |
| Robe | Généralementgrise |
| Tête | Profil rectiligne |
| Pieds | Petits et durs |
| Caractère | Doux et docile |
| Autre | |
| Utilisation | Attelage,loisirs,équitation sur poney |
| modifier | |
L'Eriskay (gaélique écossais :Each Beag nan Eilean) est unerace deponeys originaire del'île du même nom, à l'Ouest de l'Écosse.
Indigène de son île, il est décrit comme proche des chevaux dépeints sur lespierres pictes, bien que cette relation reste controversée. Il descend vraisemblablement duponey celte, constituant l'un des derniers survivants des populations deponeys natifs des Hébrides. L'une de ses lignées a échappé à tout croisement extérieur depuis leXVIe siècle. Destinée au portage de latourbe et desalgues dans des paniers, la race est menacée de disparition avec la motorisation de ces activités, auXXe siècle. Elle est préservée grâce à la constitution d'une association de sauvegarde en 1972.
Ce poney rustique, de robe généralementgrise, fait un bon animal de famille, qui peut être monté par des enfants ou des adultes légers grâce à sa force. Il participe aussi à des gestions de territoires parécopâturage. Très menacé, il bénéficie de programmes de conservation qui ont permis de faire remonter sa population à 420 sujets en 2009.

L'Eriskay a pris le nom de son île natale, située dans lesHébrides extérieures[1]. D'après Giacomo Giammatteo, cela justifie l'usage d'une initiale en majuscule pour nommer la race,Eriskay Pony en anglais[2]. Le nom anglais « Eriskay » est repris en français[3] et en espagnol[4].
La principale source académique à propos de cette race de poneys estScotland's native horse: Its history, breeding and survival publié par leDr enmédecine vétérinaire Robert W. Beck (membre fondateur de la principale association de sauvegarde de la race[P 1]) en 1992[R 1]. Cet ouvrage détaille de quelle manière l'Eriskay a été sauvé de l'extinction[R 1]. Il constitue aussi, d'après la critique qu'en fournit Marace Dareau (Université d'Édimbourg), une défense de l'opinion de son auteur, selon lequel l'Eriskay est la race de chevaux originelle historique de toute l'Écosse, plutôt que leHighland, qui a été croisé avec des chevaux extérieurs[R 1]. Selon Dareau, le« manque de perspicacité scientifique » qui traverse cet ouvrage« jette le doute même sur les domaines dans lesquels Beck, en tant que vétérinaire, a clairement une expertise »[R 1].

L´Eriskay est une race très ancienne, descendante deponeys celtiques et nordiques qui ont étédomestiqués et amenés sur l'île d'Eriskay[1].
D'après Robert W. Beck, l'Eriskay présente une certaine ressemblance avec les chevaux dépeints sur les pierres desPictes retrouvées dans le Nord et l'Ouest de l'Écosse[1],[R 2],[R 1]. Marace Dareau conteste cependant la démonstration de Beck, notant que« ce domaine présente de nombreuses difficultés dont Beck ne tient pas suffisamment compte. Probablement en raison de l'enthousiasme incontestable de l'auteur pour son sujet, il semble tirer toutes les bribes d'informations qu'il peut trouver [...] et il trouve, tant bien que mal, unepierre picte qui les illustre »[R 1].
L'Eriskay vit alors en troupeaux semi-sauvages sur cesîles, situées à l'ouest de l´Écosse et donc de l'île principale deGrande-Bretagne[R 3]. La race est préservée des croisements du fait de son isolement[R 3]. La rareté de la nourriture, qui pousse ces poneys à consommer desalgues échouées sur le rivage[5], entraîne unesélection naturelle et privilégie une taille plutôt réduite[6].
L'Eriskay est le dernier survivant des poneys celtiques des îles écossaises de l'Ouest influencés par les races du nord (du typeFéroé etIslandais), et quipeuplaient autrefois toutes les Hébrides[R 3],[R 4].

La race est numériquement nombreuse au milieu duXIXe siècle, et répandue sur diverses îles de l'Ouest de l'Écosse[7]. Elle représente l'unique mode de transport local[5]. Ces poneys servent alors essentiellement au portage par lebât, grâce à des paniers tressés et arrimés sur leurdos[7]. Plus rarement, ils servent aulabour des terres, à latraction légère, ou emmènent les enfants à l'école[7],[5].
À la fin duXIXe siècle, les poneys des îles avoisinantes sont croisés avec des chevaux plus grands et plus lourds[7], pour le travail agricole[R 5],[5]. Les descendants de ces croisements, influencés par leFjord, leClydesdale et l'Arabe[7], sont nommésthe cross et assez proches de la raceHighland[R 5]. Le cheptel de l'île d'Eriskay est présumé avoir été préservé de ces croisements grâce à son isolement[7],[5].
Une anecdote datée de février 1941 met en scène ces poneys. Le cargoSSPolitician de laHarrisson Line a faitnaufrage au large de l'île d'Eriskay, avec à son bord 264 000 bouteilles dewhisky destinées au marché américain[8]. Les habitants d'Eriskay ont sauvé des marins puis récupéré une partie de la cargaison, à tel point que même les poneys seraient devenusivres[8],[P 2].

La race est re-découverte très récemment[R 6]. La plus ancienne attestation de l'usage du nom « Eriskay » pour désigner ces poneys remonte en effet à 1968[R 7]. Durant les années 1970, il ne reste qu'une vingtaine de juments sur l'île d'Eriskay[1],[R 8], menacées par la petite taille de leurbiotope et par laconsanguinité[P 3]. Enfévrier 1972, une association est créée par des insulaires pour faire connaître cette race de chevaux[R 5],[R 8]. L'association regroupe des îliens de profil très divers, dont un prêtre, un médecin, un vétérinaire et un zoologue[R 2]. Elle prend un nom engaélique écossais,Comman Each nan Eilean, soit la « société des chevaux de l'île »[R 9]. Elle prend plus tard le nom secondaire d′Eriskay Pony Society pour mieux se faire reconnaître au niveau national et permettre de mieux localiser la race[R 9].
Les Eriskay actuels descendent d'un tout petit nombre de fondateurs, nés dans les années 1960[R 10]. Il ne reste en effet aucun étalon sur l'île d'Eriskay ;Comman Each nan Eilean amène donc des étalons de l'extérieur afin de sauver la race de l'extinction[R 7]. L'association repère un étalon du type de la race sur l'île deRùm, sur un terrain appartenant auNature Conservancy Council[R 8]. Les six étalons extérieurs retenus sont : Rhum Darroch, Callum of Creagach, Prince (officiellement : Nicoldene), Balelone, Fingal et Pharic of Hunthall[R 7]. Ces six étalons ne se sont toutefois pas le plus reproduit, car unpoulain de pure race Eriskay nommé Eric a été découvert[R 7]. Eric donne trois fils : Prince of Caolas, Gille-Eodhnan et Balachan ; ces étalons prolifiques permettent de conserver des lignées pures[R 7]. En plus des étalons extérieurs venus d'îles voisines, la race a été croisée avec des poneysShetland, si bien qu'il ne reste que très peu de poneys génétiquement « purs »[P 3],[R 11].
Les efforts associatifs (poursuivis notamment dans les années 1980[P 4]) permettent de mettre en place des programmes de sauvegarde et d'accroitre la population de poneys, tout en la préservant de l'extinction et de laconsanguinité[R 8]. En 1995,Comman Each nan Eilean obtient la régulation de ces poneys à l'échelon européen[9]. En 1997, 17 naissances de poulains sont enregistrées[R 8]. L'Eriskay fait partie des neuf races de chevaux britanniques incluses dans la liste de surveillance duRare Breeds Survival Trust (RBST) lors de sa création[R 12]. Au début des années 2000, une prime de 150 £ est accordée à chaque propriétaire de ponette poulinière qui en fait la demande, afin d'assurer la sauvegarde de la race[R 13].

L'Eriskay mesure de 1,24 m à 1,38 m d'après la majorité des sources[7],[3],[10], le journaliste britanniqueElwyn Hartley Edwards indiquant 1,22 m à 1,37 m[5], tandis queCAB International annonce 1,22 m à 1,32 m[R 14].
L'Eriskay est assez proche de la race de l'Exmoor[3],[7] et de celle duHighland[R 8].

La tête est grande, dotée d'un profil rectiligne et d'un front large[3]. L'encolure est bien musclée[3], implantée haut, sur des épaules inclinées[5]. La poitrine n'est pas très large[5] mais elle est profonde, avec des côtes arrondies[5]. Ledos est fort et de longueur moyenne[5]. Le rein est puissant[5]. Lacroupe présente une légère inclinaison[3] et laqueue est attachée plutôt bas[R 2].
Les jambes sont assez fines et dotées de tendons propres et plats, ainsi que defanons peu abondants[10],[R 2],[5], ce qui lui confère une certaine ressemblance avec leponey Connemara[R 5]. Lepied est assez petit[3]
Les crins (crinière etqueue) sont abondants[3] mais plutôt fins[7]. En hiver, le pelage des poneys pousse et devient très dense, offrant une protection efficace contre les intempéries grâce à sonimperméabilité[7]. L'été, ce pelage est ras[7].
La robe est généralement legris, et beaucoup plus rarement, elle estbaie ounoire[5],[3],[7],[R 14].
Tous lespoulains naissent bais ou noirs, et une majorité d'entre eux évoluent vers le gris[7]. Les chevaux non-gris doivent présenter une zone plus claire autour des yeux et du museau (ditepangaré)[7]. En revanche, laraie de mulet est interdite[7]. Les robesalezan etpie, de même que les robes présentant beaucoup demarques blanches, sont interdites[11].

Lesallures sont courtes et plutôt relevées, avec ungalop confortable sans emphase sur cette allure[7], et un pied sûr[5]. Le tempérament est réputé doux, docile et calme, adapté à la vie en famille, héritage des longues années durant lesquelles ces poneys étaient des animaux de travail vivant à proximité étroite de leurs propriétaires[7],[3],[R 8]. L'espérance de vie est longue[R 8].

L'Eriskay a été influencé par lasélection naturelle, mais aussi par l'être humain, car ces poneys ont majoritairement été utilisés par des femmes et des enfants, dans un contexte où les hommes valides prenaient la mer[R 2].
Sur la base de l'analyse de 32 animaux, l'Eriskay montre un niveau d'hétérozygotie et de diversitéallélique très bas, preuve d'un phénomène d'érosion génétique, avec une hétérorygotie de l'ordre de 0,53 d'après la thèse de V. K. Crew[R 15], ainsi qu'une diversité allélique de 2.51, la plus basse parmi les 23 races nordiques, canadiennes et britanniques étudiées par J. M. Prystupa et son équipe en 2012[R 16]. Alderson attribue ce phénomène au faible nombre d'étalons fondateurs[R 6] ; Prystupaet al. soulignent un effet dugoulet d'étranglement génétique subi par la race durant les années 1970, alors qu'il ne restait plus qu'un seulétalon reproducteur[R 16].
L'Eriskay est génétiquement apparenté aux autresraces de poneys britanniques[R 6], et en particulier à l'Exmoor[R 10]. Le Highland en est aussi relativement proche génétiquement, mais ce dernier est plus proche du cheval de traitClydesdale que des autres poneys britanniques[R 6]. Les Eriskay actuels qui descendent de l'étalon de pure race Eric forment uncluster particulier, qui a échappé à l'influence des chevaux importés vers les îles britanniques à partir duXVIe siècle, ce qui leur confère un intérêt en matière de conservation[R 7],[R 17].
L'Eriskay est sujet à l'abiotrophie cérébelleuse, probablement en raison de saconsanguinité[R 18],[R 19]. L'existence de cettemaladie génétique particulièrement tracée chez la raceArabe questionne la pureté génétique de l'Eriskay, dans la mesure où les cas d'abiotrophie cérébelleuse chez la race voisine duGotland ont été retracés à deux étalons d'origine extérieure[R 18].

Il existe deuxregistres de race pour l'Eriskay :Comann Each nan Eilean - The Eriskay Pony Society, créée en 1972[12] sous le patronage duprince de Galles[12],[13], etThe Eriskay Pony Breed Society, créée en 1986 par d'anciens membres de l'association précédente ayant des divergences de point de vue[11],[12]. Chacun des deux est reconnu comme valable pour cette race[14]. La reconnaissance officielle de l'Eriskay est récente[R 20].
La différence entre ces deux registres de race porte sur le fait queComann Each nan Eilean veut conserver la pureté de la race, tandis queThe Eriskay Pony Breed Society accepte des croisements dans le but d'augmenter ladiversité génétique et les possibilités d'usages de ces poneys[11].The Eriskay Pony Breed Society considère aussi que l'Eriskay peut appartenir à la race Highland, qui est élevée sur l'île principale de Grande-Bretagne ; c'est pourquoi cette société de race maintient un registre séparé et géré en Grande-Bretagne[R 8]. La RBST reconnaît l'Eriskay comme une race séparée devant faire l'objet d'efforts de conservation prioritaires[R 6].
The Eriskay Pony Society organise chaque année un show pour mettre en avant la polyvalence de la race[R 8].

Ces poneys étaient autrefoisbâtés pour transporter lesalgues et latourbe[5], usages qui ont perduré jusque durant lesannées 1980[P 5]. Désormais, l'Eriskay est surtout uncheval de loisir[15], apte à l'attelage et à l'équitation pour enfants[11],[16]. Il peut être monté par un adulte, grâce à sa force : lors du trek de 2017 à Inverness, ces poneys ont couvert 17miles en portant des adultes[P 6]. Ces caractéristiques en font un excellent poney de famille[10]. Ces poneys ont concouru en attelage jusqu'au niveau international[11]. L'Eriskay est également apte auconcours complet, ausaut d'obstacles, audressage, à la chasse, à l'équitation western et au travail de traction légère[11].
Les poneys présents sur l'île sont habitués à la présence de touristes, et viennent spontanément à la rencontre des visiteurs, y compris des enfants[17].
L'île d'Eriskay étant très peu peuplée, avec seulement une trentaine d'enfants qui vont à l'école primaire sur l'île, de nombreux enfants s'y rendent en chevauchant l'un de ces poneys[R 5]. La nature très calme de ces poneys en fait de bons auxiliaires enéquithérapie auprès d'enfants en situation de handicap[11].
L'Eriskay est aussi un excellent poney d'écopâturage, grâce à sa grande rusticité[11]. Il est ainsi adapté aux différents programmes deréensauvagement européens[R 21].

L'Eriskay est considéré comme unerace rare locale native duRoyaume-Uni[15], propre à l'Écosse, dans les Hébrides[R 22]. Il est considéré par l'étude de l'université d'Uppsala (2010) comme une race locale européenne en danger d'extinction et sous mesures de protection[R 23].
Un petit nombre de ces poneys perdure sur son île d'origine[1]. Il existe aussi un troupeau sauvage surHoly Island[1], comptant 34 poneys en 2017[P 7], descendants de cinq chevaux amenés dans les années 1970 afin de peupler une réserve naturelle créée par des propriétaires terriens[18]. La race est enfin présente sur l'île principale deGrande-Bretagne, notamment en Écosse, dans leKent et enCornouailles[R 8].
Un programme de conservation a été mis en action à la fin duXXe siècle[15].Indigène, il est considéré depuis 2002 comme rare au niveau national parRare Breeds Survival Trust[15], et reste classé en 2020 comme une race en danger critique d'extinction[1], ce qui signifie qu'il existe moins de 300 femelles aptes à se reproduire[18]. En 2012, laFAO relève l'existence de 27 juments aptes à se reproduire, pour seulement 7 inscrites austud-book[15]. La base de données DAD-IS l'indique également comme race en danger d'extinction[15], fournissant les relevés de population suivants (sans indiquer leur provenance ni leur fiabilité) :
| Année | 1999 | 2002 | 2006 | 2013 | 2015 | 2017 | 2018 | 2019 |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Population[15] | < 32 | 17 | 12 | 13 | 11 | 4 | 2 | 6 |
Selon la bénévole en programmes de conservation animale Sophie McCallum, en 2006, la population est estimée à environ 300 poneys[18], puis en 2009, elle est estimée à environ 420 poneys dans le monde[1].

Le poètegaélique écossaisDonald MacDonald (gd) (Dòmhnall Aonghais Bhàin) a été commissionné par laComann Each nan Eilean - The Eriskay Pony Society pour composer un poème en l'honneur du poney Eriskay, afin de commémorer la publication du registre de race originel en 1972[19]. Ce poème fait référence à l'usage du poney en tant qu'animal de bât utilisé pour transporter les algues et la tourbe, ainsi qu'à sa nature généreuse envers les enfants :
Bha iad troimh na linntean ann sna tìmean chaidh air ruaig;
Thàirneadh iad a' mhòine gu fògairt chur air fuachd
Is làimhsicheadh an òigridh iad 's bha iomadh spòrs 'nan cuairt[19],[20]
Ce poney est considéré comme une icône de son île originelle[21],[22] et comme un descendant vivant des chevaux des Pictes[23]. Fin 2020, unecollecte de fonds est en cours afin de construire un centre de mise en valeur des poneys et de leur patrimoine, probablement dans l'ancienne école primaire d'Eriskay, qui a fermé en 2014 et a été reprise par l′Eriskay Heritage Society[P 5].
L'Eriskay est cité dans les romansa Book of Death and Fish de Ian Stephen (2014)[24],The Remnant de Charlie Fletcher (2017)[25], etCome by the Hills de Cameron McNeish (2020), dans lequel il est décrit comme la race de chevaux la plus rare de toute l'Europe[26].
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