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Entier naturel

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Pour les articles homonymes, voirEntier.

Les entiers naturels permettent de compter (une pomme, deux pommes, trois pommes…).

Enmathématiques, unentier naturel, unnombre naturel[1],[2],[3] ou parfois simplement unnaturel[2],[3] est unnombre permettant fondamentalement de compter des objets considérés comme des unités équivalentes : un jeton, deux jetons… une carte, deux cartes, trois cartes… Un tel nombre entier peut s'écrire avec une suite finie dechiffres en toutenotation positionnelle debase entière (sanssigne et sansvirgule), et notamment ennotation décimale positionnelle.

L’étude des entiers naturels est l’objet de l’arithmétique, branche des mathématiques dont l'origine remonte à l'Antiquité grecque. Chaque nombre entier a unsuccesseur unique, c'est-à-dire un entier qui lui est immédiatement supérieur, et la liste des entiers naturels estinfinie[n 1].

Les définitions modernes d’entier naturel sont fondées sur :

Les entiers naturels forment un ensemble, communément désigné par le sigleN{\displaystyle \mathbb {N} }. Ils s'identifient auxentiers relatifspositifs (ou nuls), ainsi qu'auxnombres rationnels positifs (ou nuls) pouvant s'écrire sous la forme d'unefraction de dénominateur 1, et d'une manière plus générale auxréels positifs (ou nuls) departie fractionnaire nulle.

Deux définitions différentes

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La définition originelle de l'ensemble des entiers naturels, due àRichard Dedekind[4], ne comprend pas le nombrezéro[n 2]. Plus récemment, une autre définition a été proposée qui inclut zéro. Ces deux définitions coexistent encore aujourd'hui[5]. Selon les acceptions, la liste des entiers naturels est donc :

  • 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8 ; 9 ; 10 ; 11…

ou

  • 0 ; 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 8 ; 9 ; 10 ; 11…

Quelle que soit la définition choisie, (entiers commençant à zéro ou commençant à un), l'ensemble des entiers naturels est conventionnellement noté « N{\displaystyle \mathbf {N} } » ou « N{\displaystyle \mathbb {N} } », avec tous les risques induits de mésinterprétation. La notation est due àDedekind en 1888, qui l'utilise pour l'ensemble des entiers commençant à un.

Ainsi, dans les ouvrages qui incluent 0 dans les entiers naturels— c'est le cas dans la majorité des ouvrages scolaires en France —, on trouve les notationsN={0,1,2,}{\displaystyle \mathbb {N} =\{0,1,2,\dots \}} etN={1,2,}{\displaystyle \mathbb {N} ^{*}=\{1,2,\dots \}}

Tandis que, dans les ouvrages qui font commencer les entiers naturels à 1, on trouve la notationN={1,2,}{\displaystyle \mathbb {N} =\{1,2,\dots \}} et l'ensemble{0,1,2,}{\displaystyle \{0,1,2,\dots \}} est alors notéW{\displaystyle \mathbb {W} } (whole numbers) ouZ+{\displaystyle \mathbb {Z} _{+}} (entiers relatifs positifs ou nuls) ouN0{\displaystyle \mathbb {N} _{0}}[réf. souhaitée].

On trouve aussi des notations moins ambiguës exposées dans la sectionNotations.

Historique : de l'énumération à l'abstraction

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Article connexe :Nombre figuré.

La notion d'entier naturel, occupant d'abord (et jusqu'auXVIIe siècle[6]) toute l'idée[n 3] denombre, est probablement issue de la notion de collection : le nombre entier est avant tout conçu comme un cardinal. Certains objets ou animaux, tout en étant distincts les uns des autres, peuvent admettre une désignation commune, du fait de leur ressemblance ou d'une autre caractéristique partagée. Leur rassemblement constitue une collection, tel un troupeau de vaches, un collier de perles, un tas de pierres.

Le nombre est en germe dans l'énumération d'une collection, c'est-à-dire le fait de faire défiler tous ses éléments, un à un et sans répétition. Il prend consistance dans le constat que deux énumérations simultanées (d'un troupeau vers un enclos et de cailloux dans un sac, par exemple) se terminent soit toujours en même temps, soit toujours en décalage. Le nombre est enfin représenté lorsque le sac de cailloux ou le bâton à encoches est utilisé pour indiquer une quantité.

Cependant, le concept d'entier ne naît véritablement que lorsqu'il est départi de ce qu'il représente, c'est-à-dire lorsqu'il ne représente plus ni cailloux, ni encoches, ni vaches : il y a là une première abstraction où chaque objet est considéré comme une unité pure et sans qualité. Ce processus mental est connu sous le nom d'abstraction : il est fait abstraction de la qualité de l'objet pour s'intéresser uniquement à la quantité. Une seconde abstraction mène alors à la considération de ces unités comme une collection d'unités[n 4].

Euclide donne au Livre VII desÉléments la définition suivante : « L'unité est ce relativement à quoi tout objet est appelé Un. » Cette abstraction lui permet de définir ensuite le nombre (entier naturel) comme « collection d'unités[n 5] ».

Représentation des premiers entiers naturels non nuls par des collections de points.
012345678910
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Désignation

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Énonciation

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La désignation des entiers dans le langage n'est pas la même d'une langue à l'autre, même si elle se fonde en général sur quelques méthodes simples.

Les premiers entiers ont un nom spécifique sans lien les uns avec les autres. En français, il s'agit des entiers deun àdix (les noms des entiers deonze àseize sont en fait des déformations de noms composés). Certaines langues n'ont pas de mot spécifique au-delà dedeux[7].

L'accolement de deux noms peut désigner le résultat de l'addition (comme dansdix-sept) ou de la multiplication (comme dansquatre-vingts) des entiers correspondants[8]. D'autres procédés existent utilisant la soustraction, la division ou laprotraction.

Article connexe :Système de numération.

Certains « grands » nombres reçoivent également un nom spécifique, en général certainespuissances d'unebase particulière. Labase dix est la plus répandue aujourd'hui, mais la désignation des entiers en français par exemple conserve la trace d'un usage partiel de labase vingt[8]. Des conventions internationales contradictoires proposent des désignations standardisées pour les cent premières puissances de mille ou du million.

Article connexe :Échelles longue et courte.

Au-delà des limites imposées par le vocabulaire, la langue ne peut que proposer des désignations par accolement : « mille milliards de milliards… »

Écriture chiffrée

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L'écriture des entiers a beaucoup varié dans l'histoire des civilisations. Dans tous les cas, elle utilise un nombre limité dechiffres, symbolisant chacun un entier naturel, et des règles de composition permettant de créer, à partir de ces chiffres, les symboles écrits représentant d'autres entiers.  

  • Les entiers de 1 à 12 représentés en chiffres romains : ils sont tous construits à partir des chiffres 1 (I), 5 (V) et 10 (X).
    Les entiers de 1 à 12 représentés en chiffres romains : ils sont tous construits à partir des chiffres 1 (I), 5 (V) et 10 (X).
  • L'évolution des chiffres indiens puis arabes jusqu'à leur forme contemporaine.
    L'évolution des chiffres indiens puis arabes jusqu'à leur forme contemporaine.
  • Chiffres chinois représentant notamment les entiers de 0 à 10.
    Chiffres chinois représentant notamment les entiers de 0 à 10.

Le système aujourd'hui le plus répandu est celui de lanotation décimale positionnelle : il utilise dix chiffres, dits "arabes" et notés (0,1,2,3,4,5,6,7,8 et 9)[n 6], et, comme chaque entier naturel se décompose de façon unique en une somme de multiples de puissances de dix de façon que chaque coefficient multiplicateur soit strictement inférieur à dix, l'écriture de tout nombre entier supérieur à 9 se fait en accolant ces chiffres rangés par ordre décroissant des puissances de 10 correspondantes.

Ainsi, par exemple, on écrit :1984=1×1000+9×100+8×10+4=1×103+9×102+8×101+4×100{\displaystyle 1984=1\times 1000+9\times 100+8\times 10+4=1\times 10^{3}+9\times 10^{2}+8\times 10^{1}+4\times 10^{0}}.

Codage

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La pratique du calcul a pu s'appuyer sur la manipulation de cailloux ou d'autres symboles concrets[n 7], d'abord pour symboliser une unité par caillou, puis en différenciant la valeur des symboles (un coquillage dénotant par exemple dix cailloux).

Lanotation positionnelle a permis de différencier les valeurs des symboles en fonction de leur position et non plus leur nature, ce qui s'est traduit par le développement de l'abaque et duboulier. Ce principe est toujours en vigueur dans lescalculatrices etordinateurs.

Article détaillé :Entier (informatique).

Arithmétique élémentaire

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Article détaillé :Arithmétique.

Un peu d'histoire

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Dès l'Antiquité, les entiers naturels et leurs propriétés sont étudiés par des mathématiciens : les travaux de l'école pythagoricienne[9] et ceux d'Euclide ont définissent ainsi les bases de l'arithmétique élémentaire[10], encore enseignée aujourd'hui dans leprimaire[11] et une grande partie dusecondaire[12].

L'arithmétique élémentaire considère que le concept d'entier et ceux d'addition comme de multiplication sont admis[13]. Plusieurs de leurs propriétés sont également admises, comme celles illustrées par les exemples ci-dessous :

De l'addition est déduite la soustraction, et de la multiplication ladivision euclidienne.

Animation illustrant le plus petit des triplets pythagoriciens (3, 4, 5).

Les raisonnements des mathématiciens antiques, souvent appuyés sur la géométrie[14], et ceux de leurs successeurs, permettent d'énoncer un très grand nombre de propriétés des nombres entiers, dont certaines sont indiquées ci-dessous :

Représentation des opérations

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En représentant chaque entier par une collection d'objets (des cailloux ou des jetons par exemple), l'opération d'addition correspond à réunir deux collections, tandis que lasoustraction revient à retirer une collection d'une autre, ce qui montre l'impossibilité de soustraire (dans les entiers naturels[n 8]) un nombre à un autre strictement plus petit.

Lamultiplication de deux entiers naturels correspond au remplissage d'unrectangle dont deux côtés adjacents représentent chacun l'un des facteurs. Cette correspondance met en évidence la relation qui existe, pour les nombres entiers naturels, entre addition et multiplication[n 9]. Par exemple , multiplier 2 par 3 est équivalent à additionner 2 deux fois avec lui-même :2×3=2+2+2{\displaystyle 2\times 3=2+2+2}.

Ladivision euclidienne d'un entier (appelédividende) par un autre (appelédiviseur et nécessairement non nul) est illustrée par le rangement de la collection représentant le dividende en un rectangle dont un côté représente le diviseur. Le nombre de rangées complètes représente alors lequotient tandis que l'éventuelle rangée incomplète représente lereste, nécessairement strictement inférieur au diviseur.

Multiple et diviseur

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Étant donné un entier naturel non nul, l’ensemble de sesmultiples estinfini mais régulièrement réparti et facile à décrire par unesuite arithmétique. Par exemple, les multiples de 2 sont les nombrespairs, qui sont alternés avec les nombres impairs parmi tous les entiers.

Au contraire, l’ensemble desdiviseurs d’un entier non nul est toujoursfini et sa répartition n’a pas du tout le même genre de régularité. Il contient certes toujours le nombre à diviser et le nombre 1, les éventuels autres diviseurs se situant entre ces deux extrêmes. Mais il est en général difficile de lister ces autres diviseurs à partir d’une écriture du nombre dans unebase donnée.

Ce problème est lié en partie à la rareté de critères simples pour déterminer sans calcul si un nombre est divisible par un autre. Dans un système denumération positionnelle décimale, plusieurscritères de divisibilité sont connus pour de petits diviseurs (surtout pour 2, 3, 5, 9 et 10), mais en dehors de ces quelques cas, c’est essentiellement la division euclidienne qui permet de répondre à cette question.

Article détaillé :Divisibilité.

Ensemble des entiers naturels : approches et définitions formelles

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Depuis la fin duXIXe siècle, plusieurs mathématiciens se sont intéressés à la définition formelle des entiers, de leur ensemble, de certaines de leurs propriétés, et à la notation correspondante.

Existence

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Quelle que soit la manière d’introduire les entiers naturels, l’existence d’un ensemble les contenant tous, repose sur une forme ou une autre de l’axiome de l’infini.

Si les entiers naturels sont introduits avant la théorie des ensembles, celle-ci étant construite comme une extension de l’arithmétique, l’axiome de l’infini sous sa forme la plus simple énonce :il existe au moins un ensemble (infini) contenant tous les entiers naturels[16]. D’où l’existence de l’ensemble des entiers naturels par application de l’axiome de compréhension.

Si les entiers naturels sont introduits comme les cardinaux finis, l’existence peut être démontrée à partir de l’axiome :il existe au moins un ensemble infini[17]. On montre que tout cardinal fini est inférieur au cardinal d’un ensemble infini. Par ailleurs leschéma d'axiomes de remplacement permet de montrer que pour tout cardinal, il existe un ensemble des cardinaux qui lui sont inférieurs. L’ensemble des cardinaux inférieurs au cardinal d’un ensemble infini contient donc tous les entiers naturels.

Si les entiers naturels sont introduits par la méthode de Von Neumann, l’existence résulte directement de l’axiome de l’infini sous la forme :Il existe un ensemble auquel appartient l'ensemble vide et qui est clos par application du successeur xx ∪ {x} . L’ensemble des entiers naturels est alors l’intersection de tous les ensembles vérifiant cette propriété.

Notations

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Différentes notations pour l'ensemble des entiers, comprenant ou non zéro.

En 1894,Giuseppe Peano utilise les notations « N » pour « nombre entier strictement positif » et « N0 » pour « nombre entier positif ou nul » dans sesNotations de logique mathématique[18] qui servent d'introduction à son grand projet de formalisation des mathématiques, leFormulaire de mathématiques[19]. Il l'utilise commeprédicat une notion très proche de celle d'ensemble. Ainsi Peano écrit « x ε N » (qu'on écrit aujourd'hui « xN{\displaystyle x\in \mathbb {N} } ») ce qui pour lui se lit « x est un nombre entier strictement positif ».

La notation historique de l'ensemble des entiers naturels en imprimerie devient « N », lettre capitale grasse. En écriture manuscrite (et particulièrement autableau noir), ce caractère a été distingué de la lettre « N » utilisée pour d'autres usages par le doublement de la première barre verticale, ou de la barre oblique, « N{\displaystyle \mathbb {N} } ». Ce dernier choix a été adopté pour la policegras de tableau noir. L'édition mathématique moderne utilise maintenant les caractères « doublés », mais l'usage du gras typographique perdure également.

Construction par les cardinaux

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Frege a songé (dansLes Fondements de l'arithmétique, 1884) à définir les entiers en termes de classe debijectabilité.

Cette idée consiste à définir chaque entiern comme lerassemblement de tous les ensembles ayantn éléments.

Cette très séduisante définition se heurte auparadoxe de Russell si l'on souhaite, en vue d'un monisme ontologique, qu'un telrassemblement soit, aussi, un ensemble.

Ceci car, sauf pour l'entier 0, identifié à l'ensemble contenant uniquement l'ensemble vide, pour tout autre entiern le rassemblement des ensembles ayantn éléments est uneclasse propre et donc n'est pas un ensemble.

La définition de Frege conduit donc à une impasse[20]. Pour en sortir, les mathématiciens ont cherché à définir un représentant dans chaque classe de bijectabilité, appelé cardinal de chacun des éléments de la classe. Cela peut être réalisé par le τ deHilbert[17] ou par un axiome adéquat garantissant la possibilité du choix d’un tel représentant dans chaque classe de bijectabilité[21]. Un cardinal a est dit fini s’il est différent de a + 1. Les entiers naturels sont définis comme les cardinaux finis.

  • 0 = Card (∅)
  • 1 = Card ({a})
  • 2 = Card ({a, b})

Théorie des ensembles et construction par les ordinaux

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Article détaillé :Construction des entiers naturels.

Les entiers naturels peuvent être définis comme desordinaux, c'est-à-dire, par la méthode devon Neumann, comme des ensemblesbien ordonnés tous comparables parinclusion. Les entiers naturels sont les ordinaux finis, ceux dont l'ordre réciproque est aussi un bon ordre, ou encore les ordinauxsuccesseurs dont tous les minorants sont aussi des ordinaux successeurs.

Le plus petitordinal infini est laborne supérieure de tous les ordinaux finis, qui sont les entiers naturels. Il a été introduit parGeorg Cantor qui l'a noté ω (lettre minuscule grecqueoméga) ou ω0[22].John von Neumann a montré que les ordinaux pouvaient être définis de façon à identifier un ordinal à l'ensemble de ses minorants stricts, et l'ordinal ω s'identifie alors à l'ensemble des entiers naturels (un entier naturel étant lui-même identifié à l'ensemble des entiers naturels qui lui sont strictement inférieurs). Enthéorie des ensembles, la lettre ω est donc aussi utilisée pour désigner l'ensemble des entiers naturels. L'axiome de l'infini permet de montrer l'existence de cet ensemble.

Unensemble dénombrable est un ensemble qui a même cardinal que l'ensemble des entiers naturels (on précise parfois « infini dénombrable », dénombrable pouvant aussi signifier « fini ou de même cardinal queN{\displaystyle \mathbb {N} } »). Lecardinal dudénombrable, celui deN{\displaystyle \mathbb {N} }, est le plus petit cardinal infini, il est noté ℵ0,aleph-zéro.

Axiomatique de Peano

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Article détaillé :Axiomes de Peano.

Quelle que soit la façon d'introduire les entiers naturels, ceux-ci ont les mêmes propriétés fondamentales à partir desquelles on développe l'arithmétique.Richard Dedekind etGiuseppe Peano en ont proposé indépendamment des axiomatisations qui étaient essentiellement équivalentes[23]. Il s'agissait d'axiomatisation que l'on dit parfois aujourd'hui du second ordre : la notion d'ensemble (ou deprédicat) est supposée connue et n'est pas prise en compte par l'axiomatisation. Voici une présentation moderne de cesaxiomes (ditsaxiomes de Peano)[24] :

  1. L'élément appelé zéro et noté 0, est un entier naturel[n 10] ;
  2. Tout entier natureln a un unique successeur, souvent notés(n) ouS n (ou autres variantes) ;
  3. Aucun entier naturel n'a 0 pour successeur ;
  4. Deux entiers naturels ayant même successeur sont égaux ;
  5. Si un ensemble d'entiers naturels contient 0 et contient le successeur de chacun de ses éléments, alors cet ensemble est égal àN{\displaystyle \mathbb {N} }.

Le premier axiome permet de poser que l'ensemble des entiers naturels n'est pasvide, le second que le successeur est unefonction, le quatrième que cette fonction estinjective, le troisième qu'il possède un premier élément (ces deux axiomes assurent que l'ensemble des entiers naturels est infini). Le cinquième est une formulation duprincipe de récurrence.

Une propriété importante, démontrée parRichard Dedekind à partir de ces axiomes, est le principe dedéfinition par récurrence. Il permet par exemple de définir les opérations usuelles.

Opérations et relations d'ordre dans l'ensemble des entiers naturels

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L'ensemble des entiers naturels peut être doté d'opérations d'addition et de multiplicationassociatives,commutatives, munies deneutres et satisfaisant une propriété dedistributivité : l'ensemble des entiers naturels est donc unsemi-anneau. On peut démontrer que l'opération "addition" est entièrement définie par les axiomes de Peano, ainsi que l'opération "multiplication"[25]: elles sont donc uniques[n 11].

Il estordonné pour la relation d'ordre usuelle induite par l'addition, qui lui donne une structure debon ordre, c'est-à-dire que toute partie non vide admet un plus petit élément. Cette propriété est à la base duraisonnement par récurrence[24].

L'ensemble est également muni de la relation dedivisibilité qui est unordre partiel.

Au delà des entiers naturels

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Délaissés pendant plusieurs siècles au profit de l'analyse et de la géométrie[26], l'arithmétique, et notamment les entiers naturels, redeviennent un important sujet d'étude auXIXe siècle, à une époque où de multiples tentatives vont être faites pour trouver des fondements solides aux mathématiques et unifier arithmétique, algèbre et géométrie[n 12].Leopold Kronecker, l'un des mathématiciens qui relancent l'arithmétique, déclare alors que "Dieu a créé les entiers naturels, tout le reste est création de l'homme"[27].

Certains historiens des mathématiques considèrent que les avancées réalisées à cette époque grâce à l'étude des entiers et leur axiomisation sont à la base d'une très grande partie des mathématiques, affirmant même qu'à partir du milieu des années 1800 "les entiers sont devenus le fondement de toutes lesmathématiques classiques"[28] . Le présent chapitre donne, à titre d'exemples des conséquences que les mathématiciens ont tirées de l'étude des entiers, la construction progressive, à partir des entiers, de tous les nombres.

Construction des entiers relatifs

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Représentation sur une droite des entiers relatifs de -4 à +10.

En partant des entiers naturels, les mathématiciens ont pu formellement définir lesentiers relatifs et construire leurensemble, communément appeléZ{\displaystyle \mathbb {Z} }. L'origine de cette construction serait la volonté de définir des nombres tels que, pour tousa{\displaystyle a} etc{\displaystyle c} donnés, on puisse trouverb{\displaystyle b} tel quea+b=c{\displaystyle a+b=c}, ce qui est impossible avec des entiers naturels sia>c{\displaystyle a>c} . Lesnombres négatifs ont été utilisés dès l'Antiquité en Asie[n 13], mais il leur a fallu longtemps pour être admis en Occident[29] : introduits par la géométrie, leur définition formelle date duXIXe siècle[28]. Les nombres relatifs sont alors définis à partir de couples d'entiers naturels et d'unerelation d'équivalence. Quant à l'addition comme la multiplication, elles sont déduites de celles définies pour les entiers naturels. L'ensembleZ{\displaystyle \mathbb {Z} } peut être considéré comme constitué de la réunion de l'ensemble des entiers naturels[n 14],N{\displaystyle \mathbb {N} }, et de celui de leurs opposés(N){\displaystyle (-\mathbb {N} )}.

Construction des nombres rationnels

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Illustration de calculs sur les fractions 1/4 et 1/8.

Lesnombres rationnels sont ceux qui peuvent se comprendre comme lequotient de deux entiers, et s'écrirea/b{\displaystyle a/b}. Certains d'entre eux étaient connus, souvent comme mesure géométrique, et utilisés dès l'Antiquité, notamment par les Egyptiens. La définition formelle de ces nombres, et laconstruction de leur ensemble usuellement dénomméQ{\displaystyle \mathbb {Q} }, datent duXIXe siècle, selon une approche partant deZ{\displaystyle \mathbb {Z} } semblable à celle utilisée pour construireZ{\displaystyle \mathbb {Z} } à partir deN{\displaystyle \mathbb {N} }[28]. Les entiers relatifs appartiennent àQ{\displaystyle \mathbb {Q} }, où ils sont tous les rationnels pouvant s'écrire sous la formea/1{\displaystyle a/1}.

La construction de tous les nombres à partir des entiers naturels.

Construction des nombres réels et des nombres complexes

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Les mathématiciens de la Grèce antique savaient déjà que laracine carrée de2{\displaystyle 2}, qui sera notée2{\displaystyle {\sqrt {2}}}, ne pouvait être représentée ni calculée par le rapport de deux entiers[30]. Et, vers 1760, il est démontré que lenombreπ ne peut pas l'être non plus. De tels nombres sont dénommés "irrationnels". C'est vers la fin des années 1860 que sont formellement définis les nombres réels, rationnels comme irrationnels, et l'ensembleR{\displaystyle \mathbb {R} } qu'ils constituent. Deux méthodes ont été utilisées[31] : lacoupure de Dedekind appliquée à l'ensembleQ{\displaystyle \mathbb {Q} } des nombres rationnels, et une construction à partir dessuites de Cauchy. Et, à partir de couples de nombres réels, les mathématiciens définissent lesnombres complexes, dont l'ensemble est communément désigné parC{\displaystyle \mathbb {C} }.

Notes et références

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Notes

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  1. Georg Cantor est le premier mathématicien à avoir étudié les différents infinis, il s'est appuyé sur l'ensemble ordonné des entiers naturels pour définir une première base d'infini et ensuite mieux découvrir les autres ensembles infinis.
  2. Sous l'entrée « nombre », le Lexis (1975) définit un « nombre naturel » comme« chacun des entiers de la suite 1,2,3, etc. », et lePetit Robert (1977) donne« À l'origine, et dans le cas le plus simple des nombres naturels (1,2,3,4…)[…] » ; l'Académie française, dans la neuvième édition de son dictionnaire, sous l'entrée « entier », définit un « nombre entier naturel » comme un« nombre entier positif » et, sous l'entrée « positif », précise qu'un « nombre positif » est« supérieur à zéro ».
  3. Des nombres non entiers sont manipulés dès leIIIe millénaire avant notre ère dans lacivilisation mésopotamienne, mais ils n'ont pas le statut théorique de nombre.
  4. La construction philosophique du concept de nombre est exposée en détail dansDe l'infini mathématique de Louis Couturat.
  5. Cette définition peut rétrospectivement être appliquée au nombrezéro, une collection ne comprenant aucune unité.
  6. La graphie des chiffres peut subir des variations plus ou moins importantes d'un pays à l'autre.
  7. Le mot « calcul » est apparenté au mot « caillou »[1].
  8. La soustraction est toujours possible dans lesentiers relatifs.
  9. Une partie de l'explication mathématique formelle de cette relation apparemment étonnante est donnée dans les parties de cet article dédiées aux axiomes de Peano et aux conséquences qu'ils ont sur la définition des opérations addition et multiplication dans l'ensemble des entiers naturels.
  10. Peano utilise en fait 1 (un), ce qui correspond aux usages de l'époque mais ne change rien fondamentalement
  11. La démonstration de cette unicité fait aussi apparaitre une relation entre l'élément neutre de l'addition z et l'élément neutre de la multiplication u : si on note s la fonction "successeur" dans l'ensemble des entiers, alors s(z) = u. Ce qui veut dire que l'entier immédiatement supérieur à "0", usuellement noté "1", est aussi l'entier neutre de la multiplication.
  12. Un sujet, en particulier, résistait jusqu'alors aux mathématiciens : comment concilier le caractère discret des nombres entiers avec les notions de continuité maniées par l'algèbre et de grandeurs, elles aussi continues, utilisées par la géométrie.
  13. L'utilisation de tels nombres négatifs n'était pas appuyée sur des définitions formelles, mais sur des considérations pratiques. Par exemple une dette pouvait être associée à un nombre négatif.
  14. Y compris 0.

Références

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  1. Alloprof, « Les nombres naturels (ℕ) »(consulté le).
  2. a etbPierre Mathonet, « Nombres et algèbre »,Ulg,‎(lire en ligne)
  3. a etbHEFF - Département Pédagogique Buls - De Mot, « LA NUMERATION »,HEFF - Département Pédagogique Buls - De Mot,‎(lire en ligne)
  4. (de) Richard Dedekind,Was sind und sollen die Zahlen?, 1888,2e éd. Friedrich Vieweg et fils 1893 (lire en ligne).
  5. (en)Eric W. Weisstein, « Natural Number », surMathWorld.
  6. Christian Houzel, « Qu'est-ce qu'un nombre ? »,Histoire des nombres, Tallandier 2007.
  7. Georges Ifrah, introduction àHistoire universelle des chiffres, tome 1, édition Robert Laffont (1994),p. 9, § « Les premiers tâtonnements ».
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  10. a etbBourbaki 1960,p. 110-111.
  11. « Programmes et horaires à l'école élémentaire », surMinistère de l'Education Nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche(consulté le)
  12. « Cours maths 6ème - Encyclopédie maths - Educastream », surwww.educastream.com(consulté le)
  13. Bourbaki 1960,p. 38.
  14. Bourbaki 1960,p. 69.
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  16. A.A.Fraenkel, Abstract Set Theory (1961) North-Holland, Amsterdam
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  28. ab etcBourbaki 1960,p. 37.
  29. Bourbaki 1960,p. 30-31.
  30. Bourbaki 1960,p. 93.
  31. Bourbaki 1960,p. 44, 152, 153, 165.

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  • Quel que soita non nul :a0 =1
  • Quel que soitn :1n =1
  • 4n = 22.n
  • 8n = 23.n
  • 9n = 32.n
  • 16n = 24.n
  • Les valeurs sont accessibles jusqu'à10 milliards exclu.
Puissances de   2
Puissances de   3
Puissances de   5
Puissances de   6
Puissances de   7
Puissances de 10
Puissances de 11
Puissances de 12
Puissances de 13
Puissances de 14
Puissances de 15
Puissances de 17
Puissances de 18
Puissances de 19
Puissances de 20
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