Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant lesréférences utiles à savérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ».
Né dans une famille de petite noblesse sarde, de tradition républicaine, il passe un baccalauréat classique mais interrompt ses études de droit. Il adhère auPCI et participe à larésistance antifasciste à partir de 1943, ce qui lui vaut d'être emprisonné pendant trois mois.
Non croyant[1], il épouse civilement, le 26 septembre 1957 àCampidoglio, Letizia Laurenti (1928-2017), avec laquelle il a quatre enfants (3 filles et un garçon) :Biancamaria (1959), journaliste à laRai et àMediaset, Maria Stella (1961), Marco (1963), membre deRifondazione Comunista, et Laura (1970), journaliste àMediaset[2].
Il est membre d'une délégation reçue par Staline à Moscou en juillet 1946; Élu au comité central dès 1948 et au secrétariat l'année suivante, il est nommé, en 1949 parPalmiro Togliatti, responsable des jeunesses communistes italiennes.
Dès 1956, il supprime l'obligation pour tout nouvel adhérent du Parti de visiter l'Union soviétique. Sa rapide promotion dans la hiérarchie fait dire à son sujet« Enrico s'est inscrit très jeune … à la direction du Parti. »
Élu député en 1968, il se distingue l'année suivante en critiquant lors d'un congrès à Moscou l'invasion de laTchécoslovaquie par les troupes soviétiques lors duprintemps de Prague.
Berlinguer remplaceLuigi Longo comme secrétaire général en 1972 et s'affirme comme le dirigeant communiste européen le plus indépendant vis-à-vis de l'URSS. Artisan du recentrage du PC italien, qui remporte plus de 30 % des suffrages auxélections de 1976, Berlinguer échoue cependant dans sa stratégie du « compromis historique », qui aurait vu le parti intégrer un gouvernement de coalition avec le centre-droit. En effet, il tire de la chute du gouvernementAllende auChili en 1973 l'analyse que l'union des forces de gauche, PCI et PSI, est insuffisante pour se maintenir durablement au pouvoir. Un compromis historique est donc nécessaire avec laDémocratie chrétienne qui domine, avec l'aide de l'Église catholique, la vie politique et la société civile en Italie. L'opposition déterminée du papePaulVI à toute alliance avec le PCI, et celle desÉtats-Unis, malgré la promesse de Berlinguer de maintenir l'Italie dans l'OTAN, restent insurmontables ; la tension politique née de l'assassinat d'Aldo Moro, partisan du compromis historique, en mai 1978, par les terroristes desBrigades rouges rend caduques la plupart des ouvertures politiques du PCI. Berlinguer est partisan, durant cette crise, d'une extrême fermeté, excluant tout dialogue du monde politique avec les terroristes[réf. nécessaire].
Il appuie en septembre 1980 les ouvriers de laFiat en grève contre la mise au chômage partiel de 24 000 d’entre eux, y compris « s’ils occupent » l’entreprise. L'historien Guido Liguori note que « Berlinguer voulait que le PCI se réapproprie pleinement la représentation de classe. Il voulait soutenir les luttes, surtout quand la situation était la plus dramatique[3]. »
D'après le jugeRosario Priore(it), des agents soviétiques auraient tenté de l’assassiner en octobre 1973 lors d’un voyage enRépublique populaire de Bulgarie[4], à la suite d'un entretien orageux avec les chef de l'état bulgare,Todor Jifkov, sur l'orientation nouvelle donnée au PCI.
En 1975, il propose une politique d'autonomie vis-à-vis de l'URSS aux PC français et espagnol ; c'est l'eurocommunisme, au nom duquel les trois partis communistes critiquent la politique intérieure des pays socialistes et de l'Union soviétique.
Il conçoit le courant eurocommuniste comme une alternative à gauche à la social-démocratie et au socialisme soviétique avec pour objectif le « dépassement du capitalisme ». Il s’en explique notamment dans un article intituléL’identité du PCI, paru en août 1978 : « Nous voulons parvenir à réaliser, dans l’Occident européen, un modèle économique, social, étatique, qui ne soit plus capitaliste mais qui ne recopie aucun modèle et ne répète aucune des expériences socialistes jusqu’ici réalisées, et qui, en même temps, ne se réduise pas à exhumer des expériences de type social-démocrate, lesquelles se sont limitées à la gestion du capitalisme. Nous sommes pour la troisième solution, laquelle répond justement à l’impossibilité de se satisfaire de la situation mondiale actuelle[3]. »
En 1976, devant les délégués duXXVe congrès duPCUS, à Moscou, Berlinguer réclame un « système pluraliste » de socialisme, qui sera traduit en russe par « système multiforme ». En 1981, il déclare, au cours d'un interview :« la force progressiste issue de laRévolution d'Octobre est définitivement épuisée. »[réf. nécessaire]
Concernant l'eurocommunisme, le soutien des communistes français à la politique étrangère soviétique et l'éclatement du parti espagnol après le retrait deSantiago Carrillo désagrègent cette union. Le soutien logistique de l'URSS aux Brigades rouges accentue la rupture du PCI avec les pays socialistes car Berlinguer y voit la main de Moscou pour contrer sa stratégie d'accès au pouvoir. Il condamne fermement l'invasion de l'Afghanistan par l'Armée rouge en décembre 1979, l'état de siège en Pologne dedécembre 1981 et soutient le gouvernement italien dans lacrise des euromissiles dans lesannées 1980. En novembre 1982, il se rend aux obsèques deLéonid Brejnev, mais n'est pas reçu par son successeur,Iouri Andropov, qui entend ainsi lui exprimer son mécontentement.
Le soir du 7 juin 1984, alors qu'il tient une réunion publique sur une place dePadoue dans le cadre de la campagne pour lesélections européennes, Berlinguer est brusquement frappé de malaise. Il achève péniblement son discours, soutenu par la foule qui scande son prénom, parle encore une minute avant d'abandonner le micro[5]. Il est emmené à son hôtel où il sombre dans le coma. Hospitalisé, il est opéré en urgence d'unehémorragie cérébrale mais meurt le 11 juin, âgé de 62 ans. Six jours plus tard, son parti arrive pour la seule fois de son histoire en tête d'élections, avec une avance de 0,3 % sur la Démocratie chrétienne (33,3 % contre 33 %).
Avec cette disparition, le PCI est privé d'un chef charismatique et populaire, alors même que le parti éprouve des difficultés à renouveler son offre politique. Dans les années qui suivent, le Parti communiste subit une érosion de ses résultats électoraux :Achille Occhetto, devenu chef du parti en 1988, pousse plus loin les conclusions de Berlinguer en concluant à la nécessité d'une refonte idéologique totale. Sous sa direction, le PCI s'auto-dissout en 1991 et laisse la place auParti démocrate de la gauche qui, tout en revendiquant son héritage, renonce à l'identité communiste. Les cadres du PCI hostiles à cet abandon de l'étiquette communiste fondent alors de leur côté leParti de la refondation communiste.
Berlinguer a estimé, dès la fin des années 1960, que le modèle soviétique n'était pas adapté à l'Occident ; l'invasion de la Tchécoslovaquie en 1968 et de l'Afghanistan en 1979 le convaincront que l'Union soviétique ferait toujours passer ses intérêts géopolitiques avant la cause du socialisme, et l'épisode des Brigades rouges le renforcera dans cette analyse. Si la stratégie eurocommuniste de Berlinguer de compromis historique avec la Démocratie chrétienne s'est montrée électoralement payante, elle n'a jamais pu, à l'inverse duPCF, déboucher sur une participation à un gouvernement.
2014 :Quando c'era Berlinguer, documentaire deWalter Veltroni, ancien maire de Rome ; 117 minDiffusion sur Arte en décembre 2015[7] sous le titreQuand il y avait Berlinguer, dans un montage de51 min