Unenfeu (du latininfodere, « enterrer »), désigne uneniche funéraire pratiquée dans les murs pour abriter untombeau. Cette case funéraire correspond le plus souvent à l'espace aménagé en surélévation par rapport au sol d'un édifice religieux (église,cimetière, galeries ducloître). Dérivée de l'arcosolium antique, cette niche à fond plat ou légèrement incliné était généralement réservée aux dignitaires laïcs ou ecclésiastiques qui manifestaient une volonté de transmettre une mémoire politique ou spirituelle. Elle comportait généralement ungisant, unepierre tombale, unsarcophage, voire uneurne funéraire ou une simple dalle sans inscription. Aujourd'hui, dans le cadre d'obsèques parinhumation, l'enfeu est un espace dans le cimetière qui reçoit un ou plusieurscercueils, et correspond aucolumbarium en sépulturecinéraire.
Déverbal du verbe enfouir, le terme enfeu, depuis le Moyen Âge et jusqu'auXVIIIe siècle, ne s'applique qu'aucaveau creusé dans le sol pour recevoir les dépouilles mortelles[1].
Un enfeu, en tant qu'édifice funéraire, peut être superposé à un autre, voire à plusieurs autres. Il est couronné d'unearcature enplein cintre, d'unearcade gothique ou d'unevoûte d'ogive et parfois surmonté depignons ou degables. Le plafond peut être plat ou à voûtes d'ogive et parfois àclé pendante. Desgisants peuvent figurer en dessous ou au-dessus, ces sculptures funéraires reposant sur un socle en forme desarcophage ou de lit de parade, surmonté d'une dalle funéraire. Plusieursniches aménagées sur son pourtour oubas-reliefs sculptés (médaillons) peuvent montrer le défunt à différents moments de sa vie. Des représentations de saints peuvent aussi y figurer, ainsi que desex-voto. Le soubassement ou la peinture murale sont parfois animés par des pleurants.
Parfois était encastrée et scellée dans la dalle une lame de cuivre et de bronze incisée, servant de support à une figuration gravée ou en bas-relief du défunt[2].
Le droit d'enfeu, comme le droit de sépulture dans l'église, n'était pas réservé qu'aux familles nobles. Certains bourgeois obtenaient ce droit, moyennant le versement à lafabrique d'une rente annuelle (payable en numéraire ou parfois engrains) dont le montant variait selon le lieu de l'inhumation. Les droits d'enfeu et de sépulture entraînaient des abus (des familles sans aucun droit faisant construire des enfeus ou descaveaux dans les églises, avec la connivence du clergé paroissial), ce qui suscitait fréquemment des procès et l'intervention des évêques[3],[4].
Palliatif du manque de place dans les cimetières actuels, certaines communes développent des produits industriels, tels lescaveaux prêts à poser, ou, plus sophistiqués, des infrastructures surélevées et parfois enterrées, en éléments préfabriqués (caveaux), appelées enfeus[5].
Ces enfeus en concessions sont généralement construites en enfilade. Les enfeus sont aussi une solution d’inhumation là où les sols très rocailleux rendent difficile le creusement d'une tombe[6].