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L'enclos Saint-Laurent est le nom d'un emplacement sur lequel se tenait autrefois la foire Saint-Laurent, àParis. Il était situé au nord de la rue Saint-Laurent, de larue du Faubourg-Saint-Denis à larue du Faubourg-Saint-Martin, entre l'église Saint-Laurent de Paris et l'actuellegare de l'Est et dépendait alors de lamaison Saint-Lazare.
Avant de s'appeler « arrondissement de l'Entrepôt », le10e arrondissement a porté le nom d'arrondissement de « l'enclos-Saint-Laurent[1] ».
AuXIIe siècle, une foire est accordée aux lépreux de Saint-Lazare par le roi de FranceLouis VI le Gros. Cette foire, dite « Saint-Lazare » ou « Saint-Ladre », connaitra un développement important etPhilippe Auguste la rachète vers 1181[2] ou 1183[3] pour la transférer aux Champeaux ; ce qui sera à l'origine desHalles de Paris[4].
En dédommagement de ce transfert, le roi Philippe Auguste autorise la léproserie de Saint-Lazare, installée au nord du faubourg Saint-Denis, à ouvrir une foire « d'un jour » à proximité de l'enclos Saint-Laurent[2].
En 1661, lesprêtres de la Mission reprennent la gestion de la foire et développent celle-ci, ils installent cette foire entreSaint-Lazare et lesRécollets, toujours dans l'enclos Saint-Laurent[3], et l'entourent de murs sur une superficie de 5arpents, soit environ 2,5 hectares.
La foire durait alors trois mois, de juillet à septembre[2] ; elle prendra le nom de « foire Saint-Laurent ».
![Détail du quartier du Faubourg Saint Martin. Paris au XVIIIe siècle. Plan de Paris : en 20 planches : fac-similé ([Reprod. en fac-sim.]) / dessiné et gravé sous les ordres de Michel-Etienne Turgot.](/image.pl?url=https%3a%2f%2ffr.wikipedia.org%2f%2fupload.wikimedia.org%2fwikipedia%2fcommons%2fthumb%2ff%2ff9%2fTurgot_map_of_Paris_-_Sheet_13_-_Biblioth%25C3%25A8que_nationale_de_France.jpg%2f960px-Turgot_map_of_Paris_-_Sheet_13_-_Biblioth%25C3%25A8que_nationale_de_France.jpg&f=jpg&w=240)


Dès leXVIIe siècle, lethéâtre de la foire se développe, à la foire Saint-Germain en hiver et à la foire Saint-Laurent en été, attirant des auteurs renommés[5].
Un théâtre en dur y sera installé.
En 1743,Adolphe Blaise est chef de l'orchestre de la Foire Saint-Laurent.
C'est à la foire Saint-Laurent qu'on joue les premiers vaudevilles deLouis Anseaume[6] (1721-1784), dontLe Boulevard (Anseaume / Farin de Hautemer) en 1753[7] etLa Veuve indécise (Anseaume / Vadé) en 1759[8],Charles-Simon Favart[6] (1710-1792) dontL'Amour au village (Carolet / Favart) en 1752[9],Louis Fuzelier[6] (1672/1674-1752) dontHomère juge en[10] ?,Colombine bohémienne ouFourbine, en 1713[10],La Revue des amours en 1718[9],La Rencontre des opéras en 1723[9],Télégone Arlequin en 1727[9] etLe Départ de l'Opéra-Comique (Panard / Fuzelier) en 1750[9],Alain-René Lesage[6] (1668-1747) dontLes Arrêts de l'amour (Orneval / Lesage / Aubert) etArlequin aux antipodes en 1716[10] etLa Bazoche du Parnasse en 1738[11],Jacques-Philippe d'Orneval[6] (?-1766) dontLes Arrêts de l'amour (Orneval / Lesage / Aubert) en 1716[10],Charles-François Panard[6] (1689-1765) dontLe Départ de l'Opéra-Comique (Panard / Fuzelier) en 1750[9],Alexis Piron[6] (1689-1773) dontLe P (pucelage) ou la rose, ouLes Fêtes (jardins) de l'hymen en 1726[9],Jean-Joseph Vadé[6] (1720-1757) dontLa Veuve indécise (Anseaume / Vadé) en 1759[8] etLa Pipe cassée en 1778[9].
On citera aussiMichel-Jean Sedaine dontLe Diable à quatre ou La double métamorphose est représenté pour la première fois à la foire Saint-Laurent en 1756[12],[7],L’Huître et les Plaideurs ou Le tribunal de la chicane est représenté pour la première fois à la foire Saint-Laurent en 1759[7] etOn ne s’avise jamais de tout est représenté pour la première fois à la foire Saint-Laurent en 1761[7].
C'est sur les tréteaux des théâtres de la foire de Saint-Laurent et de Saint-Germain qu'est né l'opéra-comique[13].
En 1752,Jean Monnet directeur de l'Opéra-Comique fait construire un théâtre, le théâtre Jean-Monnet, à l'intérieur de la foire Saint-Laurent[14], c'estFrançois Boucher qui peint le décor intérieur de ce théâtre[15].
En 1781 est installé parRegnard de Pleinchesne à la foire Saint-Laurent un établissement appelé la « Redoute chinoise », qui réunit dans un même local divers genres d'amusements : des jeux de toutes sortes, de campagne, de bague[16], de galet, des roues de fortune et des balançoires et propose également un jardin avec des chanteurs de rues, un café, un restaurant et un salon de danse[17].
En, une« fête académique, donnée, par extraordinaire, à l'occasion de la paix[18] » est organisée à la Redoute chinoise, foire Saint-Laurent, par la loge desNeuf Sœurs en présence deBenjamin Franklin, ministre plénipotentiaire des États-Unis de l'Amérique et membre de la loge.
À cette occasion un jeton sera frappé par la loge à l'effigie de Benjamin Franklin[19].

La foire Saint-Laurent est supprimée lors de laRévolution qui crie au scandale de mœurs.
Le terrain reste en friche jusqu'en 1826, année où la baronne de Bellecôte fait tracer deux voies nouvelles à travers le terrain, la rue Neuve-Chabrol, devenue larue du 8-Mai-1945, et la rue du Marché-Saint-Laurent, tandis qu'un marché à comestibles, le marché Saint-Laurent dit « marché de comestibles et foire perpétuelle Saint-Laurent », est construit en 1835[2].
Dans les années 1840, la construction de lagare de l'Est et le percement duboulevard de Strasbourg font disparaître les traces de l'enclos Saint-Laurent.
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