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Emprunt lexical

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Enlinguistique, et plus particulièrement enétymologie,lexicologie etlinguistique comparée, l’emprunt lexical est un type d’emprunt consistant, pour une langue, à adopter dans sonlexique un terme d’une autre langue. L’emprunt peut être direct (une langue emprunte directement à une autre langue) ou indirect (une langue emprunte à une autre langue via une ou plusieurs langues vecteurs). L’emprunt fait partie des moyens dont disposent les locuteurs pour accroître leurlexique, au même titre que lenéologisme, lacatachrèse ou ladérivation (voirlexicalisation pour d’autres détails). Parmétonymie, on parle également d’emprunt pour désigner les mots empruntés eux-mêmes, dans la langue d’arrivée.

Description

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Les emprunts sont le plus souvent desnoms, desverbes, desadjectifs : c’est-à-dire qu’ils appartiennent auxclasses lexicales dont le vocabulaire peut être étendu, dites « ouvertes ». Les classes fermées (pronoms,conjonctions, etc.) ne reçoivent, par définition, que rarement des ajouts. Cela peut arriver cependant,notamment quand la langue donneuse est une langue de prestige[réf. nécessaire]. Lelatin deGaule a ainsi reçu plusieursmots-outils deslangues germaniques après lesgrandes invasions[1]. De plus, la classe de l’emprunt ne correspond pas nécessairement à celle du mot d’origine, et il arrive qu’une langue emprunte un mot appartenant, dans la langue d’origine, à une classe fermée pour en faire un mot d’une classe ouverte – par exemple, en français,quidam est un nom, emprunté aulatin, oùc’est un pronom[réf. nécessaire].

Il faut aussi signaler le cas descalques, qui ne sont pas des emprunts delemmes mais de sens seuls, lesquels sont traduits à la lettre dans la langue d’arrivée. Ainsi, lesuperman anglais et lesurhomme français sont des calques de l’allemandÜbermensch. Dans les deux cas, il s’agit d’une traduction littérale,über signifiant « sur » etMensch « humain ».

Raisons de l’emprunt

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Plusieurs raisons expliquent l’emprunt lexical. Elles ne s’excluent bien sûr pas les unes les autres.

Tout d’abord, unsignifiant pour un signifié nouvellement apparu peut manquer dans la langue empruntant le mot. Ainsi, quand de nouveaux animaux ou des plantes alors inconnues ont été découverts, leur nom a souvent été directement emprunté aux langues des pays qui les abritaient :

  • avocat nous vient dunahuatlauacatl, via lecastillanabogado, « avocat (auxiliaire de justice) » etaguacate, « avocat (fruit de l’avocatier) » (les deux mots s’étant croisés), les premiers exportateurs d’avocats en relation avec les Aztèques ayant été les Espagnols ;
  • puma, d’une manière similaire, remonte auquechua, via le castillan (pour les mêmes raisons) ;
  • café remonte à l’arabeقَهْوَةqahwaʰ, transmis auturc sous la formeqahve et passé en français par l’italien.

En cas d’interférence linguistique, l’emprunt devient très fréquent. Ainsi, le motwassingue (serpillière) utilisé dans le français du Nord de la France est un emprunt auflamand occidentalwassching, ces régions françaises étant en contactadstratique avec des pays parlant cette langue. De même, le superstratfrancique a fourni un grand nombre de mots au français, parmi lesquels, par exemple,guerre,heaume ouframboise. Il n’y a pas là toujours de nécessité réelle à emprunter un terme étranger (serpillière etwassingue, par exemple) : les peuples en contact, cependant, ne s’échangent pas seulement des biens ou des idées. Des mots étrangers sont reproduits parce qu’ils peuvent être entendus plus souvent que les mots vernaculaires.

D’autre part, la langue d’un paysdominant, culturellement, économiquement ou politiquement, à une époque donnée devient très fréquemment donneuse de mots :c’est le cas du français dont le vocabulaire militaire (batterie,brigade...)[réf. nécessaire] et la plupart des noms de grade se retrouvent dans toutes les armées européennes depuis l’époque où la France était considérée comme un modèle d’organisation militaire ; c’est aussi celui de l’italien dans le domaine de lamusique, qui a transmis des termes commepiano ouadagio. L’anglais, actuellement, fournit, du fait de son importance dans ce domaine, nombre de mots concernant levocabulaire de l’informatique, commebug oubit, lesquels n’ont pas d’équivalent français préexistant ; cette langue alimente aussi le vocabulaire de la gestion d’entreprise (manager,staff,marketing,budgetetc.). L'emprunt – par un effet de mode – se généralise parfois à outrance, le mot emprunté n'étant parfois qu’unsynonyme, voire moins approprié que l'équivalent préexistant. Par exemple, utiliserposter au lieu depublier dans lesforums de discussion passe souvent pour unanglicisme. En effet, le verbeposter n’a pas, en français, la même acception que le verbeto post en anglais (ce sont desfaux-amis), et le verbepublier convient très bien.

L’emprunt peut aussi faire partie d’un phénomène de mode plus général. Il n’est qu’une des manifestations de la volonté d’imiter uneculture alors sentie comme plus prestigieuse. De tels emprunts à l'anglais sont généralement sentis, enFrance et plus encore auQuébec de manière normative, comme des fautes de goût ou une faiblesse d’expression. Le linguisteClaude Hagège estime que l'usage de termes anglais ne relève pas d'une recherche pour enrichir le vocabulaire des langues européennes ou asiatiques par l'accueil de mots aux nuances plus fines ou aux contenus plus neufs, mais qu'il s'agit simplement de paraître « moderne ». Il qualifie ce comportement de snobisme[2]. À l'inverse, l'anglais soutenu est émaillé d'emprunts au français, telsrendez-vous oudéjà-vu. Néanmoins, la plupart des emprunts redondants – dus à des effets de mode – ne selexicalisent pas.

Mots étrangers plus ou moins bien adaptés

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Les mots d’emprunt, bien que normalement moins nombreux que les mots hérités de la langue-mère (sauf, naturellement, dans lescréoles), sont extrêmement courants dans le vocabulaire des langues : c’est en effet un processus inconscient et un facteur constitutif de la vie des langues. Mais l'intégrité d'une langue n'est assurée que dans la mesure où les emprunts ne dépassent pas un seuil de tolérance, que le linguisteClaude Hagège évalue à 15 % du lexique[3]. C'est la raison pour laquelle des entités normatives, comme l’Académie française ou laDélégation générale à la langue française pour le français de France, et l'Office québécois de la langue française pour le français du Canada, peuvent vouloir contenir le processus d'emprunt dans des limites raisonnables.

Avec le temps, des mots empruntés peuvent s’êtrelexicalisés et ne plus être sentis comme des emprunts. Par exemple, le motredingote est bien un emprunt à l’anglaisriding-coat (« manteau pour aller à cheval »). Sa lexicalisation s’explique par son ancienneté en français (il est attesté depuis leXVIIIe siècle) et apparaît par son adaptation à l’orthographe et ausystème phonologique du français. Nombre de mots sont d’anciens emprunts que seuls les spécialistes d’étymologie peuvent identifier comme tel.

Autre exemple : en anglais « an apron » (un tablier) est une adaptation phono-morphologique du français « un napperon » (petite nappe), l'emprunt n'est a priori reconnaissable ni par sa forme, ni par sa prononciation, ni par son sens, bien que tous trois soient essentiels dans la formation du nouveau lemme en anglais.

À titre indicatif, il est question des réalités de l’emprunt en français (chiffres cités parHenriette Walter dansL’aventure des mots français venus d’ailleurs) :

  • sur 60 000 mots d’un dictionnaire de français usuel, 8 600 sont d’origine étrangère (14,3 %) ;
  • si seuls les 35 000 mots d’un dictionnaire de français courant ne sont que gardés, ce chiffre est ramené à 4 192 (12 %) ;
  • les langues d’origine de ces 4 192 emprunts sont les suivantes[4] :
Langues d'origine des emprunts en français
LangueNombre de motsPourcentage
Anglais105325,0 %
Italien69816,6 %
Germanique ancien54413,0 %
Dialectes gallo-romans48111,5 %
Arabe2145,1 %
Langues celtiques1583,8 %
Espagnol1573,7 %
Néerlandais1513,6 %
Allemand1473,5 %
Persan etsanskrit1092,6 %
Langues amérindiennes992,4 %
Langues d'Asie862,0 %
Langues chamito-sémitiques561,3 %
Langues slaves531,2 %
Autres langues1864,5 %

Il est évident que le locuteur moyen n’a pas conscience d’utiliser si souvent des mots étrangers : tous ne lui apparaissent pas comme tels car certains, anciens dans la langue, ont été adaptés. Ceux qui, en revanche, continuent de sembler étrangers sont les mots que la langue n’a pas complètement assimilés, soit que leur prononciation reste trop éloignée des habitudes graphiques, soit parce qu’ils restent d’un usage trop rare ou limité. Enfin, quand il existe un synonyme vernaculaire d’un emprunt étranger, il est possible que les deux cohabitent jusqu’à ce que l’un disparaisse ou que l’un des deux change de sens, de manière à éviter la redondance.

L’expression populaire :« maintenant, ce mot est dans le dictionnaire » montre bien que les locuteurs, pendant un temps, ont l’intuition que tel mot n’est pas légitime (il « sonne » encore « étranger ») et qu’il faut une autorité extérieure pour en déclarer le caractèrefrançais. En fait, le processus est inverse : lesdictionnaires ne font que sanctionner l’usage (quelle que soit la définition donnée à ce terme) et le représenter. Qu’un mot étranger entre dans le dictionnaire ne signifie pas qu’il a été accepté par une minorité compétente de grammairiens qui auraient le pouvoir de statuer sur la langue (ce qui est une image d’Épinal : la langue appartient aux locuteurs et aucun décret officiel ne peut les contraindre à changer leurs usages du tout au tout) mais qu’il est devenu suffisamment courant pour qu’un dictionnaire le signale.

Désignation de l'emprunt suivant la langue d'emprunt
LangueNom de l'emprunt
(en)anglaisanglicisme
(fr)françaisgallicisme
(la)latinlatinisme
(el)grechellénisme
(de)allemandgermanisme
(es)espagnolhispanisme
(it)italienitalianisme

Certains États peuvent mettre en place des dispositifs législatifs pour limiter le nombre d'emprunts aux langues étrangères. C'est le cas de laFrance, qui a adopté laloi Toubon et ledécret du 3 juillet 1996 relatif à l'enrichissement de la langue française, afin de créer desnéologismes en remplacement des mots étrangers (par exemplecourriel poure-mail). À noter que les « québécismes », « belgicismes » et « helvétismes » désignent des usages linguistiques propres au français du Québec, de Belgique et de Suisse. De même, dans les pays francophones, notamment au Québec, il est question d'hexagonismes ou defrancismes.

Mots adaptés

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Adaptations phonologiques

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En passant d’une langue à une autre, les mots sont susceptibles d’être adaptésphonétiquement, d’autant plus quand ces mots sont empruntés indirectement. En effet, lessystèmes phonologiques des différentes langues ne coïncident que très rarement. Or, l’import de nouveauxphonèmes est un phénomène rare et, au moins, très lent. Par exemple, le mot arabe cité plus haut, قَهْوَةqahwaʰ, ne se prononce pas ainsi en français, langue qui ne connaît ni le [q] ni le [h]. Les francophones, empruntant le mot, ont transformé le [q] en [k], qui lui est relativement proche pour une oreille non entraînée ([q] pouvant passer pour unallophone de /k/ en français, mais pas en arabe). Quant au [h], il est tombé car aucun phonème proche n’existe en français. De même, dans un mot anglais commebug [bɐg], le son [ɐ], absent du français, sera le plus souvent adapté en [œ], le mot étant alors prononcé [bœg].

Les adaptations phonétiques peuvent rendre le mot emprunté méconnaissable quand les deux systèmes phonologiques impliqués sont très différents. Lejaponais, par exemple, emprunte énormément à l’anglais. Or, la structure syllabique du japonais exige dessyllabes ouvertes (se terminant par une voyelle ; une nasale est cependant aussi possible) : c’est pour cette raison que, sisofā reste reconnaissable (sofa),sābisu (service) l’est déjà moins. Pire encore, il faut bien connaître la phonologie japonaise pour reconnaître derrièremiruku le mot anglaismilk (le japonais n’ayant pas de phonème /l/, il le remplace par un /r/ qui, dans cette langue, peut être considéré comme un allophone). Il existe également le cas des emprunts ausanskrit faits enchinois et enjaponais. Ces emprunts, motivés par le fait qu’il n’existait pas de termes préexistant pour désigner des réalités propres aubouddhisme, par exemple, ont dû subir des adaptations importantes pour être lexicalisés : le motbodhisattva devient en japonaisbosatsu et en chinoispúsà [pʰusa] (écrit 菩薩 dans les deux langues).

D’une manière générale, avant qu’un mot emprunté ne soit complètement lexicalisé, il existe souvent des locuteurs pour savoir le prononcer d’une manière plus ou moins « correcte », c’est-à-dire plus ou moins proche de sa prononciation originelle. Il existe donc un flottement : le mot françaissweat-shirt est prononcé le plus souvent [switʃœʁt] mais [swɛtʃœʁt] par les locuteurs connaissant l’anglais.

Enfin, il faut tenir compte de la graphie du mot : si, en s’adaptant, un mot garde sa graphie originale (commesweat), il est évident que les locuteurs risquent de le prononcer en suivant les règles de lecture propres à leur langue ou celles supposées des mots étrangers. Si, en français, il est plus souvent entendu [swit], c’est bien parce que ledigrammeea ne renvoie à aucune règle de lecture précise dans cette langue (sauf après ung). Or, pour un locuteur lambda,ea, commeee, est décodé [i] (par contamination avec des mots passés en français ou connus par ailleurs, commebeach-(volley),beatnik ou encoreteasing).

Adaptations grammaticales

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D’autre part, en passant d’une langue à l’autre, un mot étranger n’est plusmorphologiquement analysable. Par exemple, le singuliertaliban est en fait unpluriel persan d'un mot arabe, celui deطَالِبṭālib. Ce qui peut prouver que la lexicalisation fonctionne et que le mot adopté respecte les règlesgrammaticales de la langue empruntant : ainsi,taliban, qui est censé être un pluriel en arabe, s’écrittalibans au pluriel français. De même,touareg est le pluriel detargui. Pourtant, direun targui /des touareg passe, au mieux, pour une bonne connaissance de la langue arabe, au détriment de la grammaire française, au pire pour du pédantisme ;un touareg /des touaregs est bien plus courant, d’autant plus quandon[Qui ?] sait que d’autres mots, plus anciens, ont subi un traitement analogue :chérubin est un pluriel enhébreu (en fait, le pluriel de ce mot se termine par-im) mais il n’existe pas de singulier*chérub en français (au contraire de l’allemand ou de l’anglais). Or, si certains clament qu’il faut direun targui /des touareg, aucun ne veut imposerun chérub /des chérubin. L’adaptation grammaticale fait qu’un mot emprunté devient souvent immotivé, inanalysable. De fait, il sera parfois adapté dans la langue receveuse à partir d’une forme fléchie ou grammaticalement marquée pour donner naissance à un nouveau terme non marqué.

D’une manière similaire, lecastillan d’Amérique du Sud, en situationadstratique avec l’anglais, n’hésite pas à adapter ses emprunts :to rent (« louer ») devient naturellementrentar,to check (« vérifier ») donnechequear au Mexique. De sorte, les termes empruntés peuvent être facilementfléchis. La prédominance de certains types plus réguliers de flexions dans l’adaptation de termes étrangers est d'ailleurs remarquée. Par exemple, la quasi-totalité des verbes importés en français le sont en suivant le premier groupe (verbes en-er à l’infinitif), le plus facile à conjuguer :kidnapper ourapper en sont des exemples (et c’est d’ailleurs le même principe pour lerentar castillan).

Comme précédemment expliqué avec l’adaptation phonologique, les emprunts qui ne sont pas encore parfaitement lexicalisés vont entraîner des dédoublements : tel mot étranger va pouvoir être fléchi dans le respect de salangue de départ (s’il l’était) ou bien dans celle d’arrivée. Des listes de pluriels irréguliers dans de nombreuses langues d’Europe (il suffit de lire celle, impressionnante, proposée par l’article de laWikipédia anglophone consacrée aupluriel anglais) peuvent être aperçues. Encore une fois, si respecter la pluralisation de départ est la marque d’une certaine culture linguistique, c’est aussi une atteinte à la cohérence de sa langue. Les débats sont très houleux, pour le français, entre les tenants des pluriels étrangers ou francisés. La petite liste suivante montrera que la volonté de garder la pluralisation étrangère est souvent une mauvaise idée :

  • pluralisationitalienne :scenario /scenari,spaghetto /spaghetti ougraffito /graffiti, etc., au lieu de la pluralisation française :scénario /scénarios,spaghetti /spaghettis ougraffiti /graffitis, etc. ;
  • pluralisationlatine :maximum /maxima,papyrus /papyri,forum /fora, etc., au lieu demaximum /maximums,papyrus /papyrus,forum /forums, etc. ;
  • pluralisationgrecque :topos /topoï,kouros /kouroï,korê /koraï, etc., au lieu detopos /topos,kouros /kouros,korê /korês, etc.

La liste pourrait être allongée à l’envi car ces pluriels « irréguliers » ne sont pas les seuls, loin de là. Il est pourtant aisé de plaider en faveur d’une francisation complète. En effet, par cohérence, il faudrait aussi considérer les pluralisations suivantes :

  • de l’italien :une pizza /des pizze (prononcé[ˈpɪt͡sɛ]),une chipolata /des chipolate (en réalité la graphie correcte en italien seraitcipollata/cipollate),une diva /des dive,un raviolo /des ravioli ;
  • du latin :un opus /des opéra,un géranium / des gérania,un abdomen /des abdomina ;
  • du grec :un problème /des problémata,un côlon /des côla,un titan /des titanes,unnarthex /des narthekes.

Garder la pluralisation étrangère ne se fait que dans les cas où les règles le permettant sont simples. Dès qu’elle demande une meilleure connaissance grammaticale de la langue concernée, elle est abandonnée. De plus, les termes absorbés par le français depuis longtemps sont tellement lexicalisés qu’ils n’apparaissent plus comme étrangers. Par cohérence, il faudrait aussi les fléchir comme ils l’étaient dans la langue de départ. Pire, que dire des termes empruntés à des langues comme lenahuatl ? Faut-il exiger que le pluriel decoyote soitcocoyoh ? De même pour leslangues isolantes :un thé /des thé serait plus cohérent.

Bref, la lexicalisation grammaticale permet d’éviter ces écueils et ces incohérences.

Adaptations sémantiques

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Après l'emprunt, les mots peuvent changer de sens,d’autant plus quand les langues sont génétiquement éloignées[réf. nécessaire]. Généralement, le sens dans la langue receveuse sera plus restreint que le sens dans la langue donneuse[5].

Si l’on reprend l’exemple dutaliban français, il est constaté que lePetit Robert le définit comme un « membre d’un mouvement islamiste militaire afghan prétendant appliquer intégralement la loi coranique ». Or, en arabe, le terme renvoie simplement à l’idée d’« étudiant en théologie ». Le mottaliban a en effet été importé en français quand les événements enAfghanistan ont fait connaître ce mouvement islamiste composé d’extrémistes religieux. En arabe, le mot ne connote cependant pas de telles notions négatives et ne se limite pas à la désignation des seuls Afghans.

Parfois, c’est parce que le mot emprunté a évolué dans la langue d’arrivée que le sens originel s’est perdu, exactement comme le font des mots hérités (ainsi, le terme hérité du latinrem, « quelque chose », donne en françaisrien). Par exemple, parmi de très nombreux exemples, le cas detruchement qui, initialement, signifiait bien « traducteur intermédiaire servant d’interprète entre deux personnes », sens qu’a bien le mot arabe à l’origine, soitتُرْجُمَانturǧumān. En évoluant en français, le terme en est venu, actuellement, à désigner principalement un intermédiaire, rarement humain, dans l’expressionpar le truchement de.

D’autre part, beaucoup defaux-amis trouvent leur explication par un emprunt ayant subi une adaptationsémantique. Ainsi, lecitronfromagedanois n’est pas un fromage au citron mais une crème sucrée au citron. Le danois, en empruntant des termes français qui ne renvoient pas à des équivalents danois précis, a donné àfromage un sens qu’il n’a pas, sauf, peut-être, dansfromage blanc. D’une manière similaire, lejourney anglais signifie « voyage ». Il vient bien du françaisjournée. Il faut comprendre « un voyage durant une journée » pour saisir les raisons de l’adaptation.

En conclusion, un mot emprunté arrive parfois vierge de sesconnotations, voire de sadénotation de départ : la langue qui emprunte, ne saisissant souvent qu’une partie duchamp sémantique, elle lui garde (ou donne) unsignifié parfois très éloigné, le spécialisant (taliban :étudiant en théologieislamiste afghan) ou le réduisant à l’un des constituants de sa dénotation (truchement :traducteur intermédiaireintermédiaire).

Aussi, les mots qu’une langue (A) emprunte à une autre (B) sont révélateurs des clichés que possèdent les locuteurs de A sur ceux de B : ainsi, ce sont principalement des termes liés aux relations amoureuses et à la mode que les Japonais ont emprunté aux francophones, lesquels, lorsqu’ils ont repris des mots issus de diverseslangues en Afrique, ont surtout récupéré des termes dénotant la sauvagerie, le caractère primaire, la musique dans ce qu’elle a de rythmé et d’endiablant. C’est, du reste, le sujet d’un ouvrage consacré à cette question,Toutes les Suédoises s’appellent Ingrid, de Patrice Louis (Arléa, Paris, 2004).

Adaptations graphiques

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Il est ici question de cas dans lesquels un mot est emprunté à une langue utilisant la même écriture que celle de la langue qui emprunte : pour le passage d’un mot arabe au français, par exemple, entre seulement en ligne de compte la prononciation et non la graphie. En effet, ce sont les sonstranscrits et non lesgraphèmes.

Deux grands types de langues se distinguent, lors de l’emprunt :

  • les langues qui, comme le français, gardent l’orthographe du mot étranger (exception faite des éventuels signesdiacritiques n'existant pas en français) ;
  • les langues qui adaptent la prononciation du mot à ses habitudes graphiques.

Lefrançais appartient au premier type : les emprunts defootball (de l’anglais) et dehandball (de l’allemand) se sont faits dans le respect de la graphie originelle. Les locuteurs se doivent donc d’apprendre l’orthographe et la prononciation de ces mots, qui ne respectent pas les habitudes des autres mots. Ainsi, le premier sera dit /futbol/, le second /hãdbal/. L’anglais suit un même principe, allant même jusqu’à conserver les signes absents de son alphabet : il est fréquent quevoilà oudéjà vu soient écrits avec leurs accents, alors que l’anglais ne les utilise normalement pas. Les langues de ce type sont généralement celles dotées d’une orthographe complexe car ancienne et peu réformée. L’adaptation graphique y est quasi nulle : la tâche d’apprentissage de l’orthographe est d’autant plus difficile. Plus préoccupant, des phénomènes de contamination apparaissent :de nombreux Français prononcentépizootie (normalement /epizooti/) « à l’anglaise » : /epizuti/[réf. nécessaire], habitués qu’ils sont à ce que ledigramme d’origine anglaiseoo soit rendu par /u/ alors que, dans ce mot, le radicalzoo est emprunté augrec ancienζῷον /zōion, « être vivant, animal », qui donnezoologique.

Dans le second type, lecastillan et leturc peuvent compter. Dans la première langue, le motfootball est rendu de manière transparente parfútbol, dans la seconde parfutbol. Dans ce cas, l’adaptation graphique permet aux locuteurs de prononcer ou écrire directement le mot sans avoir à connaître des règles de prononciation (après adaptation phonétique) d’une autre langue.

Dans le cas de mots empruntés à une langue utilisant un autre système d'écriture, latranslittération introduit une source supplémentaire d'adaptations et d'évolutions. Exemples :

  • La graphiegh est la translittération conventionnelle du phonème [ʁ] (r grasseillé et non roulé, r parisien) à partir de l'arabe, mais les locuteurs français ne sont pas au courant de cette convention et prononcent /bagdad/ le nom de la ville de Baghdad, alors que /baʁdad/ serait à la fois plus adapté aux coutumes phonatoires du français et plus proche de la prononciation d'origine.
  • Laromanisation officielle du chinois n'est pas basée sur la prononciation des lettres dans une langue européenne particulière, et la prononciation « à la française » des mots translittérés peut être très éloignée de la prononciation chinoise. L'exemple le plus connu est le motBeijing (en romanisation officielle), qui se prononce en chinois de manière assez proche de l'orthographe françaisePékin.

Réemprunts et croisements

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Il est possible de conclure en signalant que le terme d'emprunt est mal choisi : une langue n’emprunte pas un mot étranger mais le prend. Il n’y a pas de restitution et la langue qui subit l’emprunt ne perd rien. Ses locuteurs n’ont même pas forcément conscience des emprunts en question. Pourtant, il existe des cas intéressants deréemprunt entre les langues. Sachant combien les emprunts font subir aux mots des modifications phonétiques et sémantiques importantes, ces cas méritent examen.

Un tel réemprunt (dit aussi prêté-rendu) peut être illustré avec le nom françaisbudget [bydʒɛ], emprunté auXVIIIe siècle à l’anglaisbudget [ˈbʌdʒɪt], qui l’avait lui-même pris à l’ancien françaisbougette /budʒetə/, au sens de « petit sac de cuir » (diminutif debouge), le nomrecord, emprunté à l’anglais à la fin duXIXe siècle, lequel l’avait pris au françaisrecorder « se rappeler » auXIIIe siècle, ou encore le mottunnel en français, emprunté à l’anglais auXVe siècle, laquelle langue l’avait elle-même emprunté à l’ancien françaistonnelle « longue voûte en berceau » auMoyen Âge. Dans les deux premiers cas, il est notable que nibougette nirecorder n’existent encore dans le lexique français actuel et que seuls les emprunts à l’anglais les y ont préservés de manière indirecte (d’autant plus indirecte que lerecord est un nom qui ne peut plus être rattaché à un verbe).

Quant aux croisements, ce sont des emprunts dont l’étymologie est complexe parce qu’elle fait appel à plusieurs mots différents qui s’influencent les uns les autres, parfois par étymologie populaire. Par exemple,asticoter vient dumoyen françaisdasticoter (aussitasticoter « discuter, tergiverser » en lorrain ;testicoter enpicard), emprunt à l’allemandDass dich Gott... « Que Dieu te... », formule préparatoire à un juron. Au départ, le mot signifiait « parler allemand » puis « contester » et « jurer ». C’est par croisement avecd’asticot, juron de même origine obtenu parmécoupure, etastiquer que la forme sans consonne initiale peut être obtenue,asticoter, peut-être aussi par influence deestiquer, dunéerlandaissteken « piquer ».

Notes et références

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  1. Grevisse et Goosse 2008, § 153,a.
  2. Hagège 2006.
  3. Hagège 2006,p. 42.
  4. Henriette Walter,L'aventure des mots français venus d'ailleurs, Robert Laffont, 1997,p. 17.
  5. Grevisse et Goosse 2008, § 153,c.

Annexes

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Bibliographie

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  • Jean Tournier,Structures lexicales de l’anglais, Nathan, 1991. 9782091907529
  • Jean Tournier,Précis de lexicologie anglaise, Ellipses, 2004. 9782729817985
  • Jean Tournier,Introduction descriptive à la lexicogénétique de l’anglais contemporain, Champion-Slatkine, 2007. 9782051020183
  • Avec intérêt, de divers dictionnaires étymologiques, comme leDictionnaire étymologique de la langue française de Bloch et Wartburg ou celui d’Alain Rey et, pour l’anglais, leConcise Oxford Dictionary of English Etymology (édité par T. F. Hoad aux Presses universitaires d’Oxford) ;
  • de nombreux ouvrages de vulgarisation d’Henriette Walter traitent de cette question, dontL’aventure des langues en Occident,Le français dans tous les sens,Honni soit qui mal y pense ouL’aventure des mots français venus d’ailleurs, entre autres ;
  • pour des analyses plus détaillées,L’étymologie anglaise de Paul Baquet,coll. « Que sais-je ? », nº 1652 (Presses universitaires de France), etToutes les Suédoises s’appellent Ingrid de Patrice Louis (Arléa) permettent de s’initier aux principales problématiques que l’emprunt soulève.
  • Claude Hagège,Combat pour le français, au nom de la diversité des langues et des cultures, ;
  • Maurice Grevisse et André Goosse,Le Bon Usage : grammaire française, Bruxelles, De Boeck-Duculot,,14e éd., 1600 p.(ISBN 978-2-8011-1404-9)

Articles connexes

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