Cet article concerne la période de l'histoire de la Rome antique. Pour les territoires administrés par Rome, voirProvinces romaines. Pour Empire romain (homonymie), voirEmpire romain (homonymie).
Vexillum avec l'aigle et le sigle de l'État romain :SPQR.
L'Empire romain à son extension maximale vers, au moment de la mort deTrajan (avec sesvassaux en rose)[1], s'étend sur un neuvième de la circonférence de la Terre et rassemble un quart de l'humanité[2]. Le sud de laMésopotamie n'est occupé que quelques mois entre l’été et l'automne116/117.
Contrairement à la République, qui étaitoligarchique, l'Empire fut uneautocratie, tout en conservant durant leprincipat des apparences républicaines : le pouvoir politique était principalement détenu par un seul homme, l'empereur, qui s'appuyait sur une bureaucratie sans cesse plus développée, sur uneadministration territoriale importante et sur une puissantearmée. De sa fondation par Auguste jusqu'à la déposition de son dernier empereur,Romulus Augustule, l'Empire eut une histoire intérieure et extérieure complexe, caractérisée, au départ, par une certaine stabilité politique (période duprincipat), puis, à partir duIIIe siècle, par une instabilité de plus en plus importante :crise du troisième siècle etdominat. Les coups d'État et les guerres civiles se multiplient, et l'Empire avait à affronter un nombre grandissant d'ennemis extérieurs.
À cette époque, le pouvoir était devenu un régime absolu, avec une cour et un protocole de type oriental. La fin de la proscription duchristianisme par Constantin, puis son établissement comme religion d'État parThéodose Ier est le fait le plus marquant de la civilisation romaine dans cette période, l'Antiquité tardive. Appuyée sur l'appareil administratif romain, extrêmement développé, l'Église acquit une place prépondérante dans tous les territoires romains avant d'être chassée, par l'expansion de l'islam, d'une partie de ceux-ci.
Éteint en Occident en476, l'Empire romain persista en Orient, autour de sa capitale,Constantinople. À l'Est, il mêla, comme jadis à l'Ouest, des éléments de civilisation grecs et latins, mais la part grecque est devenue prépondérante. Dans la seconde moitié duXIXe siècle, l'appellation « byzantin » (qui date duXVIe siècle mais était peu utilisée) se généralise pour l'Empire romain d'Orient, mais il n'existe pas de fondation ou de début de l'Empire byzantin, qui n'est que lapériode médiévale et finale de l'Empire romain et prend fin en 1453[4]. EnEurope de l'Ouest et centrale, l'Empire d'Occident (800-924) desrois carolingiens, puis leSaint-Empire romain germanique (962-1806), dont les souverains se faisaient encore appeler « empereur des Romains », se considéraient également comme les successeurs légitimes de l'Empire romain enOccident.
De l'Empire d'Auguste à la fin des Antonins ( à 192)
La période dite du « Haut-Empire[N 2] » couvre plus de deux siècles. Cette période, qui commence avec le principat d'Auguste et qui met fin à laRépublique romaine, s'étend jusqu'à lacrise duIIIe siècle, incluant le règne idéalisé de la dynastie desAntonins. C'est une période d'extension et de consolidation de l'Empire, marquée par des périodes de stabilité intérieure et de prospérité économique.
Après avoir vaincuMarc Antoine à labataille navale d'Actium par l'intermédiaire deVipsanius Agrippa en septembre[p 1],[m 1],Octave, fils adoptif et héritier deJules César, devient seul détenteur du pouvoir et « maître incontesté de tout l'Empire »[p 1]. S'ouvre alors une période nouvelle et décisive dans l'instauration duprincipat, un régime politique qui apparaît comme un retour auxinstitutions républicaines[m 2]. Cependant, un rétablissement de laRépublique semble impossible après près d'un siècle deguerres civiles, où les chefs de guerres et hommes politiques prennent, en tant qu'individu, une place prééminente, et admise par tous[m 2]. De plus, Octave est le premier à réussir à trouver le soutien du peuple et de la noblesse, le « consensus universorum »[m 2],[p 2].
L'année suivante, avec Agrippa, il révise la liste des sénateurs (lectio senatus) et recense la population (censoria potestas) grâce à des pouvoirs détachés de la magistrature républicaine decenseur[p 1],[m 3]. Il revêt leconsulat pour la sixième fois, avecVipsanius Agrippa, cette magistrature étant de nouveau légalement partagée[p 1], et sera renouvelé dans cette fonction jusqu'en[m 3].
Le, au terme d'un long discours au Sénat,Octave rend au Sénat et au peuple romain ses pouvoirs et l'État, auquel il a rendu sa liberté et la paix[m 3],[p 1]. Les sénateurs refusent et, selon un scénario certainement préparé, ils lui attribuent le pouvoir proconsulaire pour dix ans[m 3],[p 1]. Les terres romaines sont divisées enprovinces sénatoriales (pacifiées) etimpériales (où se trouvent les forces armées)[m 3],[p 1]. Le, il reçoit le titre sacré « d'Augustus » sur l'initiative du sénateurMunatius Plancus[p 1],[m 4].
Par ce règlement constitutionnel, le régime personnel, régime d'exception jusque-là, entre dans sa période organique[p 3],[m 5].Auguste, reconnu commeprinceps, ce qui signifie le « Prince du Sénat », devient le chef officiel de l'État romain[p 3],[m 5]. Il prend le contrôle absolu de l'armée, 28légions, dont il assure le financement et est protégé en permanence par lagarde prétorienne, stationnée dans l'Urbs[p 4],[p 5] (jusqu'alors aucune troupe n'avait le droit de résider à Rome).
Par définition, le régime comporte un partage d'attribution entre le nouveau pouvoir — leprinceps — et les pouvoirs traditionnels — lescomices (desassemblées législatives), lesmagistratures et leSénat.
Jusqu'en, la situation institutionnelle n'évolue pas, avec le onzièmeconsulat de l'empereur. Cette année-là, une grave crise secoue l'État due à plusieurs causes : une grande épidémie de « peste » ravage l'Italie, une conspiration vise à assassiner Auguste et ce dernier tombe régulièrement malade[p 3],[m 4]. L'empereur dépose le consulat[p 6], qu'il détient depuis sans interruption, et qu'il n'occupe plus que deux fois en et en En échange, le Sénat et le peuple de Rome lui octroient lapuissance tribunitienne complète et à vie, base civile de son pouvoir, et unimperium proconsularius maius (plus grand que celui desproconsuls des provinces sénatoriales)[p 6],[m 4]. À partir de ce moment, Auguste détient un pouvoir absolu[p 6],[m 4],[m 5].
Malgré un aspect civil et démocratique des pouvoirs de l'empereur, détenant légalement la puissance tribunitienne au lieu du consulat annuel, les troubles persistent à chaque absence d'Auguste ou d'Agrippa. Ces pouvoirs militaires et civils sont légitimes, et il refuse leconsulat perpétuel ainsi que lacensure et ladictature, ce qui permet sous les apparences de maintenir les institutions républicaines[p 6], et met fin aux troubles à son retour à Rome[p 7]. En, il refuse une nouvelle fois la censure, reçoit les insignes consulaires à vie et partage le pouvoir pour cinq ans : Agrippa reçoit l'imperium proconsulaire majeur ainsi que la puissance tribunitienne[p 7].
La mort en deLépide,pontifex maximus depuis lesecond triumvirat, permet àAuguste de se faire élire à la plus haute charge religieuse[p 7],[m 6]. En, il reçoit le titre de « Père de la patrie », qui place sous sa protection l'ensemble du peuple romain[p 8].
Ainsi est fondé leprincipat, reposant sur trois bases : militaire — par l'imperium proconsulaire majeur —, civile — par la puissance tribunitienne —, et religieuse — par le grand-pontificat.
Auguste affermit la puissance romaine autour dubassin méditerranéen, cherchant à la fois à organiser et optimiser les frontières de l'Empire[m 7],[p 9].
À la suite de l'ajout de l'Égypte en[m 7],[p 10], il annexe une partie des vassaux, clients et alliés de l'Empire, notamment enSyrie et enAnatolie[m 7],[p 11], puis termine la conquête de l'Hispanie[m 8],[p 12] après avoir pacifié laGaule[m 8],[p 13]. Ensuite, c'est laNorique et laRhétie qui deviennent romaines, grâce aux campagnes deTibère et de son frèreDrusus[m 8],[p 13]. LaDalmatie et laPannonie se révoltent à l'orée d'une campagne contre lesMarcomans menée parTibère, qui se retourne contre les révoltés, qu'il bat difficilement, ayant eu besoin de dégarnir le Rhin pour en venir à bout[p 14],[m 9]. LesMarcomans n'ont pas rejoint la révolte et négocient alors de devenir« ami des Romains »[p 14],[m 9].
En Orient, contrairement àJules César, il cherche à assurer la paix, pensant qu'une campagne militaire serait trop incertaine[m 7]. Il négocie avec le roiPhraatès IV, l'Arménie revient sous la coupe romaine, Auguste récupère les enseignes prises aux légions deCrassus trente ans plus tôt, ainsi que les prisonniers encore en vie[m 7],[p 11]. Ce succès diplomatique a, pour les Romains, la même importance qu'une victoire militaire, mettant l'Empire parthe au même titre qu'un vassal de Rome[m 7].
Il s'attaque à reculer la frontière à l'Elbe et non auRhin, et c'estDrusus qui lance l'offensive et conquiert les terres germaines[m 10],[p 15], puisTibère lui succède à sa mort[m 9],[p 14]. Mais le désastre arrive en9, lorsqueVarus se rend enGermanie pour organiser la nouvelle province, etse fait écraser avec troislégions, provoquant la perte de toutes les terres germaines alors conquises[m 9],[p 16]. Ce sera le seul échec d'Auguste[m 9],[p 16].
À sa mort, tout le bassin méditerranéen est sous domination romaine, tous les territoires intérieurs difficiles sont pacifiés[p 16] et l'« Empire est plus cohérent, plus fort, plus équilibré et mieux organisé qu'il ne l'était auparavant »[m 9].
La paix, tant intérieure qu'extérieure, permet àAuguste de renouveler les structures administratives sans heurter l'opinion[m 5],[p 17]. Il se base sur la hiérarchie existante sous la République et l'adapte au nouveau régime[m 5],[p 17]. L'ordre sénatorial est remanié, l'empereur prenant le contrôle de l'album sénatorial et fixe un cens spécifique pour être sénateur, diminuant aussi fortement le nombre de membres du Sénat[m 11],[p 17].
Leschevaliers romains peuvent dorénavant prétendre à se charger des biens de l'État ou de l'empereur[m 11],[p 18]. Une carrière équestre est créée et ils deviennent les meilleurs auxiliaires de l'empereur, en devenantgouverneurs desprovinces en son nom ou en occupant les préfectures à Rome[m 12],[p 18].
Après avoir permis à nombre de membres des élites provinciales de devenir citoyens et en élargissant lacitoyenneté à des zones entières, Auguste rend plus rigoureux son accès et limite lesaffranchissements[m 12]. En outre, l'empereur veut se présenter comme le restaurateur des mœurs, il réforme la justice et promulgue des lois pour limiter la dépopulation des couches élevées de la société mutilées par les guerres civiles[m 12]. Son règne voit le retour de la paix et de l'ordre politique[m 12].
Auguste s'intéresse particulièrement aux problèmes religieux, cherchant avant tout des solutions dans la tradition mais n'hésitant pas non plus à faire quelques innovations très importantes pour l'empire romain[m 13],[p 19].
Lesguerres civiles sont des guerres impies, et chaque Romain qui y a participé y est souillé, signe que lesdieux ont abandonné Rome[m 14]. La paix étant revenue sous le long règne d'Auguste, la concorde entre les dieux et les hommes peut avoir lieu[m 6]
Bien qu'Auguste ne soitpontifex maximus qu'à partir de, il est membre ducollège des pontifes depuis, année à laquelleJules César l'y a introduit[m 6],[p 20]. Il est ensuiteaugure pendant deux ans et occupe d'autres postes religieux, avant d'intégrer plusieurs collèges religieux en tant queAugustus[m 6],[p 20]. Lui-même, en divinisant son père adoptif Jules César, se place au-dessus des hommes[m 6],[p 20].
Cette rénovation de lareligion romaine traditionnelle à laquelle s'ajoute la puissance de l'empereur, se plaçant sous la protection deMars et d'Apollon, devenant un élément essentiel dans la religion, permet aux Romains de penser que l'entente entre les dieux et les hommes est de retour, et que cette harmonie renaissante est annonciateur d'un nouvel âge d'or[m 17],[p 20].
Auguste se doit d'assurer la stabilité du régime après sa mort. L'empereur est souvent malade, et dès le début de son règne, il doit se préoccuper de nommer un successeur, qui se doit d'être un membre de la famille impériale[m 18].
Dès, son premier choix estMarcellus, son neveu, qui épouse alorsJulia, fille d'Auguste, mais il meurt en[m 19],[p 6] et l'empereur se tourne versAgrippa, son plus fidèle et ancien allié[m 19],[p 6]. Agrippa est plus un dépositaire du trône en cas de disparition de l'empereur qu'un successeur. Lorsque leprinceps tombe gravement malade en, celui-ci lui octroie la bague qui lui sert de sceau authentifiant les actes officiels[m 19],[p 7]. Ensuite, Agrippa reçoit unimperium supérieur à tout autre sur toute la partie orientale de l'Empire puis épouse Julia[m 19],[p 7].
Les véritables successeurs auxquels pense Auguste sont les enfants de cette union, ses petits-filsCaius etLucius, qui naissent respectivement en et, et qui sont adoptés par l'empereur[m 19],[p 7]. Agrippa joue le rôle de collègue de l'empereur ayant autant de pouvoirs mais il meurt en, et c'estTibère qui reprend le rôle de protecteur, se mariant à son tour avec Julia[m 19],[p 8]. Tibère et son frèreDrusus reçoivent l'imperium proconsulaire, mais Drusus meurt en Tibère reçoit ensuite la puissance tribunitienne et sonimperium est renouvelé, à l'instar d'Agrippa quelques années plus tôt, mais il se retire soudainement de la vie politique[m 20],[p 8]. Caius et Lucius, les héritiers, atteignent l'âge adulte, et l'empereur les favorise, mais ils meurent tour à tour[m 20],[p 8].
Tibère revient d'exil après sept années et est adopté par Auguste[m 20],[p 8]. De nouveau détenteur des deux pouvoirs majeurs, Tibère devient le collègue d'Auguste, et ses nombreuses campagnes militaires victorieuses le légitiment[m 20],[p 21]. À la mort d'Auguste, Tibère détient toujours l'imperium proconsulaire et la puissance tribunitienne, ce qui fait de lui l'unique détenteur du pouvoir suprême[m 20].
Les évènements autour de la succession d'Auguste sont très importants pour toute la suite duHaut-Empire romain, déterminant les principes de succession pour toute la durée duprincipat[m 20]. Le successeur doit être membre de la famille de l'empereur, et si ce dernier a un fils (naturel ou adopté), c'est celui-ci qui est le successeur légitime, aux yeux de tous[m 20]. De plus, Auguste associe les deux pouvoirs majeurs, l'imperium proconsulaire et la puissance tribunitienne à la désignation d'un successeur[m 20]. Enfin, la place tenue par sa fille, qui épouse trois de ses successeurs possibles, préfigure l'importance des femmes dans la famille impériale[m 20]. La succession impériale se fonde dès lors sur des principes héréditaires[m 20].
Tibère devient empereur en14, succédant officiellement àAuguste car il est depuis12 associé au gouvernement de l'Empire romain, détenant aussi l'imperium proconsulaire et la puissance tribunitienne[m 21],[p 22]. Cependant, il tarde à accepter de devenir empereur, par orgueil — Tibère aurait mal vécu d'être le dernier successeur d'Auguste et souhaite voir les sénateurs le supplier — ou humilité, hésite sur la marche à suivre surprenant le peuple et le Sénat, puis accepte finalement les pleins pouvoirs[m 22],[p 22].
Âgé de 56 ans, il a une grande expérience de l'administration civile et militaire[m 23] et met en place d'importantes réformes dans les domaines économiques et politiques[p 23]. Il fait preuve d'un strict respect de la tradition augustéenne, essayant de respecter toutes les instructions de son père adoptif[p 24]. Son but est de préserver l'Empire, d'assurer la paix interne et externe tout en consolidant le nouvel ordre politique. Il met un terme à la politique d'expansion militaire (à l'exception de l'annexion de la Cappadoce), se limitant à sécuriser les frontières[p 25].
Au début de son règne, il fait preuve d'un grand respect envers leSénat qu'il consulte fréquemment[m 23],[p 26]. Sous son règne, l'Empire prospère et accumule des fonds qui contribuent alors à assainir les finances[p 27].
Tibère, sur ordre d'Auguste, avait adopté son neveuGermanicus, jeune et populaire contrairement à l'empereur[m 23],[p 28]. Sa mort, suspecte, prive l'Empire d'un appui solide et Tibère d'un successeur possible[m 23],[p 29].
Son principat est entaché par une impopularité croissante[m 23],[p 29], due à la préfecture deSéjan — pendant laquelle les procès[m 23],[p 29] et les meurtres se multiplient, dont celui deDrusus[p 29], fils et successeur de Tibère —, à son caractère — il se renferme sur lui-même et ignore son impopularité croissante — et à son éloignement de Rome à la suite de la perte de son fils — à Capri où les rumeurs lui prêtent toute sorte de débauches[m 24],[p 29]. Séjan élimine un à un tous ses rivaux potentiels à l'Empire, instaure dans Rome un climat de terreur, diminue les pouvoirs du Sénat mais le préfet du prétoire tombe à son tour, accusé par l'empereur de trahison[m 24],[p 27].
L'empereur ne retourne cependant plus dans la capitale où il est haï jusqu'à sa mort en37, bien qu'il continue de mener l'Empire d'une main ferme et responsable[p 27]. Sans désigner de successeur, l'empereur défunt favorise la montée deCaligula, fils deGermanicus, et deTiberius Gemellus, son petit-fils[m 24],[p 27].
Caligula est le seul à se présenter pour prendre le pouvoir à l'annonce de la mort de Tibère[m 24],[p 30]. Pendant six mois, les Romains peuvent se féliciter d'un empereur juste, utile et libéral, qui leur fait oublier la sinistre fin du règne deTibère[m 25],[p 30]. Il adopte tout d'abordTiberius Gemellus, avant de le faire assassiner pour trahison[m 25].
Cependant, une grave maladie fait changer dramatiquement Caligula, dont les troubles mentaux resurgissent, qui devient un tyran[p 31]. Les conspirations se multiplient, l'empereur vide les caisses de l'État par ses nombreuses extravagances et fait preuve d'une extrême cruauté, gouvernant en monarque oriental[m 25],[p 32]. Une énième conspiration a raison de lui en41[m 25],[p 33].
Buste deClaude enJupiter. Marbre, œuvre romaine, vers 50.
Le règne deTibère, qui laisse un mauvais souvenir aux Romains, suivi par l'autorité tyrannique deCaligula, ainsi que la disparition du dernier représentant direct desIulii, aurait pu mettre à mal le nouveau régime. Mais le principat est ancré dans les esprits, surtout après le long et heureux règne d'Auguste. À sa mort, il n'y a déjà plus personne qui a vécu sous une République stable et prospère. Ainsi, le nouvel empereur se doit d'être un membre de la famille impériale, celle qui a été choisie et protégée par lesdieux[m 25],[p 33].
Ainsi, c'estClaude, jugé inapte parTibère quelques années plus tôt, qui lui succède, choisi par lagarde prétorienne, alors qu'il se terrait par crainte d'être lui aussi assassiné. Frère deGermanicus, il a toujours été épargné et laissé de côté, jugeant son physique ingrat, ses capacités à gouverner limitées, et n'ayant jamais occupé aucune charge importante, hormis unconsulat. LeSénat s'empresse de valider le choix des prétoriens[m 25],[p 33].
Malgré son manque d'expérience politique,Claude se montre un administrateur capable et un grand bâtisseur public. Son règne voit l'Empire s'agrandir : cinq provinces s'ajoutent à l'Empire dont laBretagne, ainsi que, en43, laLycie, les deuxMaurétanies et laThrace. Il étend lacitoyenneté romaine à beaucoup de provinces, dont laGaule où il est né[m 26],[p 34].
Mais c'est un empereur faible, et il meurt empoisonné à l'instigation d'Agrippine en54, après avoir, sur les conseils de celle-ci, adopté son filsNéron, qui lui succède en lieu et place deBritannicus, le fils de Claude, qui meurt peu de temps après lui, dans des conditions troublantes[m 27],[p 35].
Néron accède au pouvoir grâce à sa mère qui a fait pression sur Claude pour faire de Néron son successeur et non Britannicus (qui est le fils biologique de Claude).
Les premières années du règne deNéron, très jeune empereur de 17 ans, sont connues comme des exemples de bonne administration. Lepréfet du prétoireBurrus etSénèque lui font appliquer une politique modérée et populaire. Après la mort deBritannicus en55,Néron écarte sa mère, trop entreprenante, des affaires avant de la faire assassiner en59. Durant les huit premières années de son règne, l'empereur mène une politique commune avec leSénat, laissant à l'assemblée d'importants pouvoirs. Mais ses deux mentors disparaissent :Burrus meurt en62 et Sénèque se retire[m 27],[p 36].
Néron fonde alors sa nouvelle politique sur l'exploit artistique, prenant part à des spectacles, chantant et jouant la comédie et de lalyre. Les premiers procès politiques de son règne commencent pour lèse-majesté dès62. De nombreux scandales éclatent, ainsi que legrand incendie de Rome, qui détruit la plus grande partie de la ville pendant près d'une semaine. Mal entouré, il prend de mauvaises décisions, se voit accusé par une partie de la population de l'incendie, et se met à craindre son entourage et les exploits de certains généraux. Sa popularité, excellente jusque là, tombe en flèche, des conspirations naissent et échouent, telle laconjuration de Pison, et les exécutions se multiplient, Néron poussant mêmeSénèque au suicide[m 27],[p 37].
Néron ordonne un dernier suicide, celui d'un excellent général,Corbulo, ce qui provoque la rébellion de plusieurs militaires, dontGalba soutenu parOthon.Néron se trouve rapidement sans défense et Galba est proclamé empereur, leSénat démet Néron de ses fonctions et le déclare « ennemi public ». Ce dernier s'enfuit et se suicide[m 28],[p 38].
Néron meurt jeune, à peine trente ans, et sans descendance. Aucun membre de la lignée desJulio-Claudiens n'est apte à prendre le pouvoir, et son règne, désastreux, ternit définitivement l'image de sa famille, qui n'est plus bénie et protégée par lesdieux. C'est la fin desJulio-Claudiens, et pour la première fois, un problème de succession se pose : « il faut recréer une légitimité »[m 28].
À la mort deNéron, l'Empire connaît une première crise. Des généraux,Galba,Othon etVitellius sont tour à tour nommés empereurs par leurs troupes puis assassinés en69.
Pendant près de deux ans, la guerre civile affecte tout l'Empire qui vit dans l'incertitude en attendant la prise de pouvoir du plus fort. Durant cette crise, leSénat, qui a vu son pouvoir décliner sous les derniersJulio-Claudiens, se trouve impuissant. C'est lagarde prétorienne et les armées provinciales qui font et défont les empereurs[m 28].
LorsqueVespasien est proclamé empereur, et qu'il met fin au court règne sanglant deVitellius, la population et le Sénat, las d'une nouvelle guerre civile meurtrière, accepte que ce soit la victoire militaire qui décide de celui qui deviendra empereur entre deux dynasties. C'est considéré comme le signe de capacités militaires et stratégiques importantes et de la protection desDieux[m 29].
C'est finalement le chef de l'armée d'Orient,Vespasien, un Italien, qui devient empereur. Par une loi, il reçoit tous les pouvoirs qu'ont détenus lesJulio-Claudiens. Cependant, contrairement à ces derniers, il n'est paspatricien et descend d'une famille de simples notables italiens. Il fonde immédiatement une dynastie, mettant ses deux fils en avant :Titus, qui met fin à la révolte juive que son père combattait avant la guerre civile, etDomitien, présent à Rome lors du règne deVitellius et qui est salué « César » avant l'arrivée de son père. Ils sont tous deux considérés comme étant protégés des Dieux à l'instar de Vespasien, et la nouvelle famille régnante se légitime, donnant ainsi naissance à la dynastie desFlaviens[m 29],[p 39].
Il rétablit l'ordre et la paix à Rome ainsi que dans les provinces révoltées. Pour asseoir son pouvoir, l'empereur va s'inspirer du modèle augustéen en reprenant les grands thèmes de son règne ainsi qu'en monopolisant les magistratures supérieures. Cependant, le Sénat reste sceptique concernant ses origines, bien qu'appréciant ses décisions politiques. De plus, la famille impériale règne en maître absolu, bien que faisant preuve de bonne volonté et gouvernant avec sagesse. Une opposition se forme et Vespasien réorganise le Sénat à l'avantage des élites italienne, narbonnaise et hispanique, d'où proviendront d'ailleurs lesAntonins[p 40].
À l'échelle de l'Empire, il mène une politique entre continuité et innovation. Tout comme ses prédécesseurs, il multiplie les dépenses publiques, notamment leColisée qu'il entreprend, la reconstruction duCapitole et la création d'unnouveau forum à Rome. Il n'oublie pas les provinces où il prend de très nombreuses décisions. Il ne lésine pas sur l'entretien des frontières et fait bâtir de nouvelles voies romaines[p 41].
D'autre part, il recourt à de véritables innovations dans le domaine financier. Les biens de la dynastie julio-claudienne sont versés dans le domaine public, l'empereur ordonne de nombreux cens et cadastre pour lutter contre les fraudes et pour que chacun paie son dû. Le trésor, vidé par le règne deNéron et lors de la guerre civile, accumule à nouveau des fonds[p 42].
Titus succède à son père sans heurt, tel que c'est prévu, lui qui a joué un grand rôle au côté de Vespasien. Jeune général compétent, il est mis en avant par son père, faisant quasiment office de coempereur, occupant le poste depréfet du prétoire pendant huit années et multipliant les consulats[m 30],[p 43].
Devenu empereur, de nombreux vices rappelant ceux deNéron, apparus lors de sa préfecture, s’effacent devant « les plus rares vertus ». Ce changement radical dans son comportement est suivi par une série de catastrophes qui vont, en deux ans, mettre en relief le caractère exemplaire de l’empereur. Lors de sa mort prématurée, il est salué comme l'un des meilleurs empereurs que Rome ait connu, bon et respectueux. Pour beaucoup, s'il avait vécu plus longtemps, son règne aurait tourné au « néronisme »[p 43].
Le deuxième fils deVespasien devient alors à son tour empereur, alors que la succession de Titus n'est pas préparée. Il est reconnu sans problème par lesprétoriens le soir même du décès de l'empereur, puis leSénat, qui ne remettent pas en cause le caractère familial de la fonction impériale.Domitien n'a pas été réellement écarté du pouvoir par son père et son frère pendant leurs règnes, mais il n'a pas un rôle majeur, bien qu'il soit membre de tous les collèges religieux et plusieurs fois consul[m 30],[p 44].
Contrairement à ses deux prédécesseurs, il ne cache pas ses prétentions au despotisme. Au début du règne Domitien se montre libéral et juste. Il est loué pour son sens de la justice, de la religion, et suit de près la politique amorcée parVespasien, faisant preuve d'une bonne administration de l'Empire[p 45].
La conquête de laBretagne parAgricola se poursuit avec brio etDomitien lance une offensive surprise contre le peuple germain duRhin le plus puissant à l'époque, lesChattes, qu'il vainc. La présence romaine en Bretagne et en Germanie est sérieusement renforcée. Il abandonne la politique augustéenne des états-clients et préfère l'annexion pure et simple[p 46].
Mais très vite la situation se dégrade sur le Danube. LesDaces viennent de s'unir et Domitien intervient en personne avec lagarde prétorienne pour les chasser. Finalement, après des revers de généraux romains,Domitien préfère traiter et fait la paix avec le roi dace,Décébale, qui devient un roi client et perçoit des subsides[p 47].
Cependant le naturel inquiet de Domitien, sa tendance à voir des complots partout, sa violence et son autoritarisme assombrissent la fin de son règne. Il connaît une opposition inexpiable dès le début de son règne, et se met à dos les sénateurs, pourtant nommés en majorité par son père. Cela le rend impitoyable, lui qui a toujours été écarté du pouvoir réel, ne supporte pas l'opposition, et les procès et les exécutions sommaires se multiplient, à l'instar de la fin de règne deNéron. Il est assassiné en96 par une conspiration de palais[p 48].
Après la pacification des provinces conquises, les citoyens romains et les soldats ayant fini leur service (véterans) s'installent dans les villes subjuguées et, bénéficiant de plusieurs privilèges en tant que citoyens romains, développent l'agriculture et le commerce. Ainsi commença l'essor économique et culturel dans les provinces occidentales de l'empire[5]
Nerva donne naissance à la dynastie desAntonins. Cinq empereurs remarquables sur six choisissent, de leur vivant leur successeur car ils n'ont pas de fils, toutefois le choix se porte toujours sur de proches parents. Les règnes deTrajan et de son successeurHadrien correspondent à l'apogée de l'Empire romain.
En septembre96, c’est un sénateur qui monte sur le trône :Nerva, 65 ans, leprinceps senatus, qui a une carrière exemplaire et paraît l'antithèse de Domitien[m 31]. En dépit de ses réalisations politiques, son règne révèle de nombreuses faiblesses, typiques d’un règne de transition[6],[p 49]. La question de la succession demeure alors ouverte mais une guerre civile marquant la fin de la dynastie des Flaviens est évitée, contrairement à la fin de ladynastie julio-claudienne. Nerva, dont le pouvoir est fragilisé par les prétoriens et qui manque de renom militaire, adopte alors solennellement Trajan le[m 31].
Trajan est le premierempereur romain issu d'une famille établie dans une province, mais celle-ci est en fait originaire d'Italie et s'est installée enBétique en tant quecolons. Il est resté dans l’historiographie comme le « meilleur des empereurs romains » (optimus princeps). Après le règne deDomitien, dont les dernières années sont marquées par les persécutions et les exécutions desénateurs romains, et la fin de la dynastie desFlaviens, le court règne deNerva et surtout celui de Trajan marquent le fondement de la dynastie dite des « Antonins ».
Buste deTrajan portant la couronne civique, une courroie d'épée et l'égide.
On considère généralement que c’est sous son règne que l’Empire romain connaît sa plus grande extension avec les conquêtes éphémères de l’Arménie et de laMésopotamie et celle plus pérenne de laDacie ainsi qu'avec l'annexion duroyaume nabatéen de Pétra qui donne naissance à la province d'Arabie Pétrée. Sa conquête de la Dacie enrichit considérablement l'Empire, la nouvelle province possédant plusieurs mines de métal de grande valeur. Par contre, sa conquête des territoires parthes reste inachevée et en péril à la suite d'unegrande révolte judéo-parthe, et il laisse à sa mort une situation économique peu florissante ainsi que la partie orientale de l’Empire exsangue.
En parallèle de cette politique expansionniste, Trajan mène de grands travaux de construction et engage une politique de mesures sociales d'une ampleur inédite. Il est surtout connu pour son vaste programme de construction publique qui a remodelé la ville de Rome et laissé plusieurs monuments durables tels que lesthermes, leforum et lesmarchés de Trajan ainsi que lacolonne Trajane. Il renforce aussi le rôle prépondérant de l’Italie dans l’Empire et la romanisation des provinces.
L'empereurHadrien s'attache à mener une politique plus défensive. Sous son règne, dans plusieurs régions frontières, enAfrique et enBretagne notamment, des fortifications importantes se développent, souvent appeléeslimes. Par ailleurs Hadrien s'attelle à améliorer le fonctionnement de l'Empire.
Dans la continuité d'un effort commencé par d'autres empereurs, il s'attache à favoriser l'intégration des provinciaux, notamment par la création de colonies honoraires : alors que le terme colonie désignait le plus souvent l'installation de colons romains, il est désormais un titre honorifique concédé à une cité et qui donne la citoyenneté romaine à tous ses habitants.
Le règne d'Antonin le Pieux n'est pas marqué de conquêtes, mais plutôt par une volonté de consolidation de l'état actuel. C'est traditionnellement durant son règne qu'on considère que l'Empire romain est à son apogée, du fait de l'absence de guerre et de révolte majeure enprovince.
C'est pourtant cette politique défensive et attentiste qui annonce les difficultés financières et militaires de l'Empire romain.
Les Antonins sont les membres de la famille impériale d'empereurs romains qui ont régné entre 96 et 192 apr. J.-C. Les cinq premiers empereurs Antonins entrent dans l'histoire sous le nom des « Cinq bons empereurs »[7].
Marc Aurèle etLucius Verus succèdent à Antonin. Le second meurt au bout de 8 ans de règne, après avoir combattu les Parthes. Le premier est connu pour être un empereur-philosophe stoïcien.
Sur le plan intérieur, il accomplit une œuvre législative importante.
Il passe 15 ans sur le front du Danube à lutter contre lesBarbares. L'Empire entre en effet dans une période bien moins propice : ses voisins aux frontières semblent plus puissants, l'Empire doit faire face à des difficultés agraires, des famines, à l'épidémie de lapeste antonine.
Marc Aurèle choisit son fils,Commode comme successeur. L'assassinat de celui-ci, qui s'est comporté en tyran durant une grande partie de son règne, met fin à la dynastie desAntonins.
C'est finalement le général de l'armée duDanube, l'AfricainSeptime Sévère qui prend le pouvoir. Il comble de bienfaits l'armée dont il augmente les effectifs et renforce le pouvoir impérial. Les prétoriens qui ont fait et défait tant d'empereurs sont recrutées parmi les légions duDanube fidèles àSeptime Sévère. Il sauve un temps l'Empire de l'anarchie et entame d'importantes réformes politiques, militaires, économiques et sociales. Le brassage culturel qu'apporte l'Empire s'accroît, les religions venues d'Orient deviennent plus populaires dans l'Empire, en particulier le culte deMithra parmi les militaires. Cet aspect a parfois été exagéré par les historiens qui ont décrit les Sévères comme une dynastie orientale, jugement considérablement relativisé aujourd'hui.
Il nomme ses deux filsAuguste mais à sa mort,Caracalla s'empresse de tuer son jeune frèreGeta. Il est connu pour avoir publié en212, lecélèbre édit qui porte son nom donnant à tous les hommes libres de l'Empire la citoyenneté romaine. Il meurt assassiné sur le front parthe sur ordre dupréfet du prétoireMacrin qui ne réussit à prendre sa place que peu de temps. Il nomme son propre filsDiaduménienCésar puisAuguste en218, mais sont tous deux assassinés.
Le cousin de Caracalla,Élagabal devient ensuite empereur mais tout occupé au culte du dieu du même nom il laisse le gouvernement à sa grand-mère,Julia Maesa.
Il est tué par les prétoriens et son cousinSévère Alexandre lui succède pour un règne de 13 ans. Après son assassinat, l'Empire sombre dans une période bien plus troublée, traditionnellement qualifiée d'« anarchie militaire », terme cependant impropre car si le pouvoir impérial est parfois divisé, il n'est jamais absent.
Les difficultés internes sont dues à l'éloignement de plus en plus grand des militaires prêts à imposer de lourds sacrifices aux civils pour protéger l'Empire des menaces d'invasions et de la classe possédante qui accepte difficilement l'accroissement de ses charges fiscales. Sur le plan politique, cela se traduit par la montée de l'ordre équestre, titulaire des grandes préfectures et de plus en plus présente dans les provinces comme gouverneur à la place de la classe sénatoriale[9]. De plus à partir de250, l'Empire romain est touché par des épidémies qui entraînent, au moins régionalement, une dépopulation et une crise économique dont souffrent principalement l'Occident déjà ravagé par les incursions germaniques.
La période comprise entre235 et268 est assez mal connue. Seize empereurs se sont succédé, faits et défaits par le sort des armes. Les empereurs sont créés par un nouveau groupe, l'État-major de l'armée. Il choisit le nouvel empereur, qui est ensuite avalisé par leSénat. Le rang impérial est devenu, aux yeux des militaires, le grade le plus élevé dans la hiérarchie des officiers. AinsiMaximin Ier le Thrace est le premier militaire de carrière à devenir empereur par la volonté seule de ses soldats. Il déploie une grande énergie pour sécuriser la frontière face auxDaces et auxSarmates. Il exige de la classe sénatoriale et des provinces de lourds impôts pour faire face aux dépenses militaires. Cette pression fiscale provoque la révolte des grands propriétaires de la province d'Afrique qui portent officieusement à la tête de l'EmpireGordien Ier, lequel associe au pouvoir son filsGordien II en238. Rapidement, ceux-ci obtiennent le ralliement de nombreux gouverneurs et de nobles, à l'instar deTimésithée, mais surtout du Sénat. Ils sont battus par le gouverneur, resté loyal à Maximin, de la province voisine de Maurétanie.
Maximin, ayant eu vent de l'appui accordé par le Sénat aux deux Gordiens, est tué devantAquilée par les troupes dePupien, choisi avecBalbin comme nouvelAuguste. En portant deux empereurs à la tête de l'État, les sénateurs cherchent à recréer les conditions de la République, où le rôle du Sénat était plus important et sur laquelle régnaient deux consuls aux pouvoirs égaux. En mai-juin238,Gordien III, le petit-fils deGordien Ier devient empereur[10]. Alors que l'Empire subit sur ses frontières septentrionales des pressions barbares, l'empereur sassanide du moment attaque entre 238 et 242 et à plusieurs reprises des villes et des camps romains basées en Mésopotamie, en Syrie et en Arménie. En243, Gordien III, accompagné de son beau-père préfet du prétoire et véritable décisionnaire des affaires de l'empireTimésithée, attaque l'Empiresassanide deShapur Ier. Il périt des suites de ses blessures après la défaite de l'armée romaine marchant sur Ctesiphon. Timésithée étant lui aussi mort (de maladie), il est remplacé parPhilippe l'Arabe qui remplace ensuite Gordien à la tête de l'empire. Contrairement aux dires de certains historiens, la thèse de l'assassinat de Gordien par Philippe (celui-ci ayant remplacé le préfet du prétoire puis l'empereur, tous deux morts à peu de temps d'intervalle) est aujourd'hui le plus souvent écartée.
Philippe doit éliminer plusieurs concurrents avant d'être tué en affrontantDèce.Dèce est le premier empereur tué par des barbares, lors de la lourde défaite d'Abrittus face auxGoths en251.Trébonien Galle etÉmilien se succèdent à un rythme rapproché. Ce dernier ne règne que quatre-vingt-huit jours. La légitimité impériale qui reposait sur la victoire est soumise à rude épreuve : la crise militaire encourage les usurpations : les armées cherchant un général efficace et les régions menacées désirant un empereur proche pour les protéger.
Valérien règne associé à son filsGallien. Celui-ci est le dernier aristocrate à parvenir à l'Empire[11]. Ils doivent faire face aux incursions desAlamans et desFrancs enGaule et à l'offensive du souverain sassanideSapor enSyrie. En260,Valérien est même fait prisonnier par les Perses et finit ses jours comme esclave en Iran.Gallien, resté seul empereur, parvient à stopper une invasion des Alamans en les battant en Italie du Nord. Il abandonne laDacie conquise parTrajan qui est devenue trop difficile à défendre et fixe la frontière de l'Empire sur leDanube. Mais il doit faire face à de nombreuses usurpations, celle deMacrien et deQuiétus en Orient, de Régalien enPannonie et dePostume en Gaule qui proclame l'Empire des Gaules.
Les successeurs deGallien sont tous des militaires à qui l'armée a donné une grande rigueur et la foi en l'éternité de l'Empire romain. L'Empire est devenu militaire. À partir de réformes entamées sous Gallien — exclusion des sénateurs du commandement militaire — lesempereurs illyriens font face à la crise et réorganisent la défense de l'Empire.Aurélien réunifie l'Empire en mettant un terme aux sécessionspalmyrénienne etgauloise etfortifie Rome.
Gallien (253-268) entame une mutation profonde de la stratégie militaire. Il répartit plus en profondeur les moyens de défense, en plaçant des détachements (vexillationes) des légions frontalières à l'intérieur du territoire romain — àMilan ouAquilée enItalie, ouSirmium ouSiscia enIllyrie[p 50]. Il constitue une importante cavalerie, techniquement différente de la cavalerie légionnaire, qu'il place sous le commandement autonome d'unmagister equitum[p 50]. Il exclut lessénateurs, souvent incompétents, des emplois militaires et les remplace par deschevaliers, issus de la troupe[p 51]. Il fait entrer dans l'armée des barbares vaincus amorçant par là même la « barbarisation » de l'armée[12]. L'armée absorbe une part toujours plus grande des ressources de l'État. Un impôt spécial, l'annone militaire, est prélevé pour son entretien.
Les fonctions de général en chef et de chef de guerre victorieux que tient traditionnellement l'empereur sont renforcées dans ces périodes de guerres incessantes, et la fonction impériale devient progressivement le sommet de la carrière militaire[13]. À côté des qualificatifs habituels commefelix (« chanceux, heureux »), on associe de plus en plus le termeinvictus (« invaincu »). La victoire et l'armée deviennent la source de la légitimité desempereurs[14]. Les empereurs essaient cependant de trouver une légitimité plus grande en s'appuyant sur la religion.Aurélien place ainsi l'Empire sous la protection deSol Invictus (« le Soleil invaincu »), dont il tire son pouvoir[p 52], et il se fait appeler sur ses monnaiesdeus et dominus (« dieu et seigneur »)[p 52].
L'opposition entre lanobilitas et l'homme nouveau est plus vivace que jamais. L'Empire passe entre les mains de familles n'ayant jamais exercé la fonction impériale. Les empereursnovi laissent à leur famille la noblesse en héritage. Leshonestiores des provinces d'Occident et les dirigeants des peuples barbares voisins, acquièrent eux aussi lanobilitas qui les incorpore aux couches les plus élevées. En ce qui concerne la noblesse romaine, elle garde un immense prestige social mais perd presque toute son autorité politique.
La période dite du « Bas-Empire » ou de « l'Antiquité tardive » couvre près de deux siècles[N 2] (de284 à476 en ce qui concerne la Rome antique). C'est une période complexe où l'Empire est profondément réformé et transformé devant les périls intérieurs et extérieurs qui le menacent, au prix d'une mobilisation toujours plus importante et lourde de la société. Dans le même temps, lechristianisme, d'abord persécuté, est progressivement accepté, encouragé, avant de devenir, en380, la religion officielle et unique du monde romain (par l'édit de Thessalonique).
Dioclétien et l'expérience tétrarchique (284 à 306)
Entre le et le, Dioclétien élève Maximien au rang « d'auguste ». Il le considère alors comme son frère.
Le, Dioclétien se proclame descendant deJupiter, et proclame Maximien descendant d'Hercule.
Le, Dioclétien nommeConstance Chlore « césar », le fait adopter par Maximien.
Le, Dioclétien adopteGalère et se l'adjoint comme césar.
En293 également, Galère épouse la fille de Dioclétien, Prisca, et Constance épouseTheodora, belle-fille de Maximien.
En293, la première Tétrarchie est définitivement ordonnée. Les deux augustes sont dits fils de Jupiter et d'Hercule respectivement, et leurs césars sont considérés comme leur fils — concession au principe dynastique cher au peuple et à l'armée. Pour renforcer les liens, les césars ont épousé les filles des empereurs[15].
« Tétrarchie » est le nom donné au régime politique construit petit à petit parDioclétien, qui a consisté dans les faits pour l'empereur à se choisir des collègues (unauguste et uncésar par auguste) pour l'aider à assurer la défense et l'administration d'un empire immense, attaqué de toutes parts, auquel un seul homme ne peut suffire. Ainsi, l'autorité, « loin d'être divisée en quatre, […] est multipliée par quatre »[16]. D'autres réformes, administratives, militaires et fiscales en particulier, ont été entreprises durant cette période, qui cherchent à mettre fin aux problèmes issus de laCrise duIIIe siècle.
Le,Dioclétien, suivant l'habitude de l'époque, est proclaméauguste par une des armées régionales, celle d'Orient, àNicomédie, après qu'il a tué l'assassin de l'empereurNumérien[p 56]. L'empereur légitime,Carin, refuse de le reconnaître[17], et l'affronte sur laMorava. Il gagne la bataille, mais est assassiné peu après, etDioclétien devient ainsi le seulempereur du monde romain[p 57].
L'époque est alors troublée : l'usurpateurCarausius gouverne laBretagne, la Gaule est en proie à la révolte desBagaudes, les frontières duRhin et duDanube sont menacées par les barbares, lesPerses suscitent des troubles en Orient et l'Égypte est très agitée[p 56]. Quelques mois après son arrivée au pouvoir,Dioclétien comprend qu'il ne peut diriger seul l'Empire et confie àMaximien le soin de s'occuper de laGaule et de laGermanie en tant quecésar puis, l'année suivante, d'auguste[p 56]. C'est alors le système dit de la « dyarchie ».
En293, devant l'échec face àCarausius,Dioclétien renforce la division des tâches : il donne àMaximien un adjoint qui porte le titre decésar,Constance Chlore et s'en choisit lui-même un,Galère[18]. C'est ainsi que les besoins de l'Empire donnent par hasard naissance à la « Tétrarchie »[N 3], c'est-à-dire « le pouvoir à quatre ». Il n'y a pas de partage territorial de l'Empire romain[N 4] — il y a toujours unepréfecture du prétoire par exemple,« ce qui est décisif »[p 58] —, mais les quatre hommes se répartissent le commandement des troupes et les secteurs dans lesquels ils interviennent.
Dioclétien reste cependant au sommet[19]. Il domine par sa personnalité ses collègues, il est le plus ancien desaugustes et il est qualifié deJovius, « Jovien », c'est-à-dire « descendant deJupiter », ce qui lui confère une primauté religieuse[20]. Il faut également se souvenir que c'est Dioclétien qui a choisi ses collègues, présentés par lui à l'armée — et leurdies imperii (jour anniversaire de leur arrivée au pouvoir) est le jour de leur désignation[p 59].
Grâce à la collaboration de ces quatre hommes, la défense de l'Empire est assurée avec efficacité. LesBagaudes sont vaincus en285 ou286,Allectus, successeur deCarausius, est vaincu en296 parConstance Chlore, les peuplades germaniques vaincues également (soumission du roi desFrancs, Gennobaud, victoire sur lesAlamans àVindonissa vers297)[p 60]. EnAfrique,Maximien Hercule rétablit le calme et la sécurité en296 et297[p 61], et il fortifie la frontière, abandonnant peut-être certaines portions du territoire romain, enMaurétanie Tingitane notamment[21]. En290-294, depuisSirmium,Dioclétien défend leDanube, contre lesIazyges notamment, et construit de nouveaux forts pour solidifier la frontière[p 61]. En297,Galère mène une importante campagne contre lesCarpes et lesBastarnes sur le Bas-Danube, et les vainc, rétablissant la tranquillité dans la région pour une dizaine d'années[p 61].
EnÉgypte,province en proie à une grande agitation intérieure renforcée par une réforme fiscale sévère en287,Dioclétien combat l'usurpateurDomitius Domitianus en297-298[p 61]. Il fortifie ensuite le pays contre lesBlemmyes, renforce les garnisons pour garantir la paix civile et réforme l'administration provinciale (division en trois provinces, nomination de commandants militaires distincts des gouverneurs civils)[22],[p 62].
À l'automne296 ou en297, la guerre contre lesPerses reprend à l'initiative du roiNarseh[22]. En297,Galère, accouru du Bas-Danube, est vaincu enMésopotamie durant le printemps[22]. Quelques mois plus tard, une campagne bien mieux préparée permet aucésar de remporter une victoire sur l'Araxe contreNarseh, de prendreNisibe et de pousser jusqu'àCtésiphon[p 63]. Lapaix est signée avec lesSassanides en298 àNisibe, en présence deDioclétien : le roi d'ArménieTiridate, favorable aux Romains, est reconnu par les Perses, des territoires au-delà duTigre sont annexés et placés sous l'autorité de satrapes arméniens, la frontière plus au sud revient à celle deSeptime Sévère[p 63]. La frontière enSyrie est consolidée par la construction de laStrata diocletiana[N 5],[p 64].
Le régime tétrarchique a ainsi montré son efficacité — il a rétabli l'ordre aux frontières, compromis depuis un demi-siècle — et sa souplesse — lesaugustes n'hésitant pas à prendre en charge le ressort territorial descésars si nécessaire[23]. Les tétrarques exaltent alors latranquillitas, la« tranquillité » retrouvée dans leur propagande[23].
À partir de l'année298, la paix est assurée aux frontières, etDioclétien se concentre alors sur les réformes intérieures[p 64]. Elles portent principalement sur l'organisation administrative de l'Empire, sur l'armée et sur la fiscalité.
Les diocèses de l'Empire en300 et les préfectures prétoriennes en395.
Sur le plan administratif,Dioclétien multiplie lesprovinces pour rapprocher legouverneur des cités, renforcer le contrôle sur ces dernières[24] et affaiblir les gouverneurs[25] — on passe ainsi d'une quarantaine de provinces en284 à une centaine en305. Il compense cela par une nouvelle circonscription administrative, le « diocèse », qui est regroupement de provinces, à la tête desquels il place unvicaire.
Il accentue également (mais ne systématise pas) la séparation entre les pouvoirs militaires et civils, déjà entamée durant laCrise duIIIe siècle[26]. Lesgouverneurs sont ainsi dépouillés le plus souvent du commandement des troupes stationnées dans leurprovince — ce qui a aussi pour but de rendre les sécessions plus difficiles à mener[26]. Tous les chefs militaires, gouverneurs et vicaires sont nommés par l'empereur, et souvent pris dans l'ordre équestre, dont les membres doivent leurs privilèges à l'empereur[26]. Les troupes les aguerries — c'est-à-dire leslégions — sont placées sous le commandement d'unduc (dux), indépendant du pouvoir civil, et dont la zone d'action s'étend bien souvent à plusieurs provinces[27].
Sur le plan fiscal, remettant en ordre un système éprouvé par l'anarchie militaire, et désirant procurer de nouvelle ressources à l'État[28],Dioclétien dès287 réforme les impôts en créant la « capitation » (capitatio)[29], dont le fonctionnement est complexe et encore débattu aujourd'hui[p 66]. Il met également en place un nouveau système de recrutement pour l'armée, original, qui assimile la fourniture d'une recrue à un impôt[30]. Le principe est de fournir soit une ou plusieurs recrues (c'est lapraebitio tironicum) selon le taux d'imposition, soit payer une somme en espèce (l'aurum tironicum) qui permet à l'État d'acheter des recrues[31],[pi 1].
Pour lutter contre l'inflation enfin,Dioclétien en301 promulgue « l'édit des prix », ou « édit du Maximum ». Cette mesure de limitation des prix est toutefois un échec[32].
Sur le plan militaire,Dioclétien revient à la stratégie duHaut-Empire de la défense aux frontières : les troupes sont positionnées en un « cordon frontalier »[27]. L'instauration de laTétrarchie, avec ses quatre dirigeants, permet une décentralisation du commandement[33]. Philippe Richardot souligne que l'on affaire ici à« stratégie de riposte immédiate. […] l'objectif de Dioclétien est d'arrêter l'ennemi aux frontières et non pas à l'intérieur du territoire romain »[34].
La période tétrarchique est marquée par un grand nombre de constructions militaires dans tout l'Empire[35] : la frontière un peu partout est renforcée par de nouveaux forts, des tours et des routes en rocades[p 67] — telle laStrata diocletiana en Syrie.
Pour certains historiens, commePaul Petit,Dioclétien constitue auprès de chaque tétrarque une petite force d'accompagnement (comitatus), sans commune mesure avec la réserve qu'avait crééeGallien[p 68], pour d'autres, à l'instar deRené Rémondon, une telle armée de campagne n'a été réunie qu'exceptionnellement, pour des opérations militaires précises[27]. Quoi qu'il en soit, cette force d'accompagnement des empereurs est faite avec lesprétoriens renforcés par des détachements (vexillationes) des troupes frontalières, et elle est appeléecomitatus[N 7]. Ces armées d'accompagnement sont placées sous le commandement direct des tétrarques et sont en fait des« gardes impériales élargies »[p 68].
Dès287 sont attestées les appellations de « Jovien » (Jovius, deJupiter) et de « Herculéen » (Herculius, et d'Hercule), qui font deDioclétien et deMaximien les descendants des deux dieux[39], mais, à la différence de certains prédécesseurs[N 8], les tétrarques ne sont pas des dieux mais ils sont « engendrés par les dieux »[p 69] quand ils accèdent au trône impérial[p 69]. Ils ne deviennent fils de dieux et ne sont inspirés par la grâce divine qu'à partir du jour de leur investiture (ledies natalis)[40], et perdent cette filiation après leur abdication : la présence divine est attachée à leur fonction, non à leur personne[p 69].
La filiation divine est renforcée par la sacralisation de l'empereur dans la vie de tous les jours. Celui-ci porte un diadème[N 9] orné de pierres précieuses qui symbolise son pouvoir, et baiser le bas du grand manteau pourpre qui couvre l'empereur (rite de l'adoratio) est un honneur pour ses sujets[pi 2]. Le rituel de la cour se raidit, il souligne la « surhumanité » de l'empereur[41].
Le vocabulaire change également : la titulature impériale s'enrichit, à côté des mentions habituelles, d'une « terminologie adulatrice et emphatique »[pi 3] à partir d'Aurélien. L'appellation dedominus noster (« notre maître ») fait son apparition, l'empereur est ditvictor ac triumphator (« victorieux et triomphant »)[pi 4].
Il ne faut pas pour autant voirDioclétien comme un homme bouleversant la mentalité romaine. À bien des égards, il est plusromain que certains de ces prédécesseurs : le dieuSol Invictus est abandonné pour un retour à la divinité tutélaire traditionnelle de Rome,Jupiter, les empereurs ne sont pas divinisés, mais inspirés par les dieux[N 10], lelatin est imposé dans les provinces d'Orient… PourRoger Rémondon,« les innovations de Dioclétien ne sont souvent que des méthodes révolutionnaires de conservation »[42].
Le, pour la célébration des vingt ans de règne (vicennalia) du premierauguste,Dioclétien, le collège impérial tout entier se réunit — pour la seule fois de son histoire — et se rend àRome[43].Galère est rappelé sur leDanube, mais les quatre hommes ont eu le temps de se concerter enItalie du Nord. C'est peut-être à cette occasion queDioclétien fait promettre àMaximien d'abdiquer conjointement avec lui en305, après avoir accompli ses propres vingt ans de règne[p 70].
Cette hypothèse est contestée, mais il demeure qu'en305, les deuxaugustes abdiquent le même jour () pour laisser la place à leursCésars,Galère (Orient) etConstance Chlore (Occident), qui deviennent à leur touraugustes[p 71]. Constance est leprimus Augustus, le « premier auguste »[44].
Les raisons profondes qui ont conduit lesempereurs à abdiquer sont inconnues. On a émis de nombreuses hypothèses, religieuses ou pratiques, dont l'une est de vouloir éviter des successions « à chaud », après le décès d'un desaugustes[p 72].Dioclétien écarte ainsi de la succession les fils naturels de sescésars,Constantin — fils deConstance Chlore — etMaxence — fils deMaximien[p 72]. Le principe de l'hérédité, qui conserve toujours les faveurs des armées, est donc balayé[45].
Les deux nouveauxcésars sontSévère en Occident etMaximin II Daïa en Orient, tous deux amis deGalère[p 71]. Le territoire impérial semble à cette occasion divisé d'une manière plus arrêtée.
Après l'abdication des deuxaugustes le, le régime fonctionne bien jusqu'au, jusqu'à ce que meureConstance Chlore, et que soit proclaméempereur par ses troupes son fils, Constantin, le futurConstantin Ier. La crise ouverte à cette date dure près de vingt ans, et ne prend fin qu'avec la réunion de tout l'Empire sous le pouvoir de Constantin.
Les causes de l'échec de la deuxième Tétrarchie sont multiples. La rivalité entreGalère etConstance Chlore en est une, la déception des fils naturels des ancienscésars en est une autre[p 71].Roger Rémondon analyse également la faillite du système dioclétianien par l'incompatibilité des deux règles sur lesquels il était fixé[44] : la cooptation, choix arbitraire et humain qui désigne les successeurs — et même lesempereurs :Licinius en308, qui est d'emblée coopté commeauguste —, et l'automaticité de la succession — lescésars deviennent automatiquementaugustes, et le plus ancien devient leprimus Augustus, « premier auguste ».« Or Dioclétien fait reposer cette automaticité sur la cooptation »[46]. Le mode de transmission du pouvoir ne saurait donc être stable.
De même, le pouvoir impérial, légitimé par lareligion (la filiation divine desaugustes), s'en trouve paradoxalement affaibli[47] : sa légitimité ne demeure que tant qu'on croit aux dieux sur lesquels elle repose. Dans le même ordre d'idées, l'inspiration divine revendiquée par les augustes, indépendante de leur personne, attachée à leur fonction, signifie qu'il suffit de s'emparer du pouvoir pour s'en trouver pourvu ; Dioclétien n'a pas défini rigoureusement les conditions d'accès à cette filiation / inspiration divine[44].
Ainsi, l'équilibre précaire établi en305 lors de l'avènement de la deuxième Tétrarchie est compromis par un événement imprévu dès306 : le,Constance Chlore meurt à Eburacum (York). Le même jour, les soldats présents sur place, sans doute soudoyés parConstantin (fils du défunt), proclament ce dernierempereur[p 71]. C'est le retour du principe héréditaire et du choix des armées, comme durant l'Anarchie militaire. Galère, hostile à cette usurpation, s'y résout car il est trop loin pour la combattre : il élèveSévère au rang d'auguste, et lui adjoint Constantin pourcésar[p 73].
Maxence, fils de l'ancien augusteMaximien, jaloux de la réussite de Constantin, prend le pouvoir àRome le grâce à l'appui desprétoriens et de la plèbe mécontente des impôts, en tant queprinceps seulement. Son père Maximien revient à ses côtés et reprend son titre d'auguste. L'empereur légitime,Sévère, envoyé contre les usurpateurs parGalère, est tué par ses soldats — qui avaient servi sous Maximien — en. Galère marche à son tour contre les rebelles mais, craignant de connaître le même sort, fait machine arrière[p 73].
La même année (307),Maximien se fait reconnaîtreauguste parConstantin, et son filsMaxence se proclame auguste également[p 73]. LaTétrarchie est ruinée : le pouvoir est partagé entre quatre augustes (Galère, Constantin, Maximien et Maxence) et un césar (Maximin Daïa).
Il force alorsMaximien à se retirer une seconde fois, et reconstitue une tétrarchie : en Orient,Galère reste auguste avecMaximin II Daïa pour césar ; en Occident,Constantin est reconnu césar, et un nouvel auguste est envoyé,Licinius. C'est, pour reprendrePaul Petit,« un replâtrage hasardeux » : le principe d'hérédité n'est pas démenti puisque Constantin reste césar, et Licinius devient auguste sans passer par lecésarat, ce qui contrevient à la théorie[p 74]. De plus, deux usurpateurs sont exclus de ces négociations :Maxence continue de gouverner l'Italie, etDomitius Alexander l'Afrique.
Les deux césars protestent alors d'être maintenus dans des rôles subalternes. En310, Galère cède et les reconnaît commeaugustes — Maximin s'étant déjà fait proclamer empereur par ses troupes auparavant. Ainsi, en310, l'Empire compte sept augustes (carMaximien a repris une fois de plus son titre)[p 74].
Après s'être assuré de la neutralité de Licinius, Constantin franchit lesAlpes en312, et défait Maxence à labataille du pont Milvius le[p 75]. Il entre ensuite triomphalement àRome. Enfévrier oumars313, Constantin rencontre Licinius àMilan ; les deux hommes s'accordent sur une politique tolérante vis-à-vis deschrétiens, qu'ils précisent dans une lettre à leur fonctionnaire (dite « édit de Milan »)[48]. Dans les faits, ils reprennent les dispositions de l'édit de tolérance de Galère, promulgué en, peu avant sa mort, tout en supprimant ce qui en diminuait la portée[p 76]. Le,Licinius vaincMaximin près dePérinthe, enThrace[p 77]. L'Empire est donc maintenant dominé par deuxaugustes seulement.
Les deux hommes se préparent alors longuement à l'affrontement suivant, réunissant des forces terrestres et navales importantes —Paul Petit parle de 150 à 170 000 soldats[p 79]. La guerre finale éclate en324, à l'instigation de Constantin. Licinius est battu près d'Andrinople, sa flotte détruite par le fils de Constantin,Crispus, etByzance assiégée. Enseptembre324, Licinius, passé en Asie, est vaincu définitivement àChrysopolis. Il se rend, et est exécuté l'année suivante[p 79].
L'Empire est réunifié sous un seulempereur, pour la première fois depuis285.
Solidus de313 représentant Constantin[N 12] (Cabinet des médailles, Paris). Noter les symboles de l'idéologie solaire : le profil deSol Invictus double celui de l'empereur ; son bouclier a un char solaire.
Constantin Ier règne alors seul pendant treize ans, jusqu'en337. Comme le souligneJean-Michel Carrié, tout en tournant la page de laTétrarchie, il ne ramène pas toutefois l'Empire à sa situation de283. La plupart des réformes dioclétianiennes sont maintenues, et modifiées pour les pérenniser — et seul le système, idéaliste, de transmission du pouvoir, est complètement abandonné.
L'administration territoriale, l'administration centrale de l'État, sont transformées, l'armée est profondément réformée et acquiert une organisation durable, qu'elle conserve durant tout leIVe siècle. Lechristianisme, sans devenir religion d'État, est, sous Constantin, favorisé par le pouvoir. C'est également à Constantin que revient la fondation de la ville deConstantinople, sur le site de l'ancienneByzance, qui sera la capitale de l'Empire romain d'Orient jusqu'en1453.
L'importance et la nature de l'œuvre de Constantin justifient à la fois les jugements d'Ammien Marcellin, défavorable à l'empereur, mis dans la bouche deJulien, et deJean-Michel Carrié, plus neutre : il est pour le premier lenovator turbatorque priscarum legum et moris antiquitus receptui,« le novateur et violateur des anciennes lois et des coutumes reçues de toute antiquité »[50], et, pour le second,« [situé] au niveau d'un nouvelOctavien Auguste donnant lui aussi forme achevée aux expériences qui l'avaient précédé »[51].
Le premier événement notable de son règne en tant que seul maître de l'Empire est la réunion duconcile de Nicée en325, que l'empereur a convoqué et préside. Il agit alors pour préserver l'unité de l'Église, menacée par l'arianisme. Constantin, qui considère tenir son pouvoir deDieu, s'investit grandement dans les affaires ecclésiastiques[p 80]. Il consacre également, le, le site de la futureConstantinople[pi 5].
En326,Constantin se rend àRome pour fêter sesvicennalia (vingt ans de règne). Il fait tuer, àPola, son fils,Crispus, accusé d'avoir violenté sa belle-mère, l'impératrice, puis, peu après les festivités, son épouseFausta, accusée d'adultère[pi 6] — ces accusations surviennent alors que l'empereur promulgue des lois moralisatrices (qui lui ordonnent ainsi d'agir aussi sévèrement qu'il l'a fait)[pi 7]. À la suite de ces crimes, sa mèreHélène fait un pèlerinage enTerre sainte, resté célèbre[pi 8]. La plupart des auteurs s'accordent pour dire que le traumatisme de ces événements a renforcé l'influence deschrétiens sur Constantin[p 81].
Dans les années327-329 il s'établit principalement sur la frontièredanubienne, et il lutte contre les barbares,Goths notamment. EnGaule, lecésarConstantin II se fixe, sur ordre de son père, àTrèves en328. Il lutte alors contre lesAlamans, et le calme revient sur cette frontière[pi 9].
Ensuite, à partir de330, il passe la plus grande partie de son temps dans sa nouvelle capitale,Constantinople, où la cour et l'administration centrale se sont installées[pi 10]. L'année suivante il fait dresser un inventaire des biens des temples païens et confisque les métaux utilisables, pour lutter contre la crise financière (l'empereur dépense beaucoup)[pi 11].
Constantin meurt en337, à la veille d'une reprise du conflit avec lesPerses, avec qui les relations ont commencé à se dégrader dès333 (Constance puisHannibalianus, ce dernier en tant que « roi des rois », furent envoyés pour gérer la situation et peut-être même faire campagne enArménie[p 83]).
Dans le domaine de l'administration de l'Empire,Constantin Ier a opéré plusieurs réformes, dont la plus importante est la « régionalisation » de lapréfecture du prétoire.
À la suite de labataille du pont Milvius en312, lescohortes prétoriennes sont supprimées[52]. Leur chef, lepréfet du prétoire, perd ainsi ses attributions militaires. Ensuite, à partir probablement de317, Constantin fait assister lescésars[N 14] qu'il envoie en mission par un préfet du prétoire, tout en conservant à ses côtés un préfet. L'évolution est donc empirique, et elle se concrétise lors du partage territorial de335 : chaquecésar possède unpréfet du prétoire. À la mort de l'empereur, la division du territoire opéré par ses fils fixe définitivement « le caractère régional de cette institution »[p 84].
Le rôle de ces préfet du prétoire d'un nouveau genre est d'être des « vice-rois »[pi 14]. Ils représentent l'empereur dans des vastes circonscriptions territoriales, qui regroupent plusieursdiocèses. Leur rôle est civil et judiciaire, ils n'ont aucune prérogative militaire[p 84].
L'autre réforme principale du règne deConstantin Ier est le développement de la cour et de l'administration centrale. Lacour grossit par l'augmentation du personnel du palais (organisé autour de la « chambre sacrée » —sacrum cubiculum) et par la multiplication descomites[N 15], c'est-à-dire des « compagnons » (francisés souvent en comtes). Ce sont des hommes de confiance chargés de divers missions qui court-circuitent l'administration traditionnelle. À la fin du règne, le titre devient purement honorifique[pi 15]. L'administration centrale est elle aussi agrandie, parLicinius etConstantin[p 84] et organisée militairement[pi 16]. Lesagentes in rebus, porteurs de dépêches et espion de l'empereur, apparaissent à cette époque[p 85].
Les hauts-fonctionnaires et certains comtes privilégiés participent au conseil privé de l'empereur, appeléconsistorium (sacrum), « consistoire (sacré) ». C'est une institution permanente qui remplace leconsilium principis duHaut-Empire[53]. Si le terme de « consistoire » n'est attesté qu'à partir deConstance II, la réalité de ce qu'il désigne date de l'époque deConstantin Ier[pi 17].
Constantin Ier a passé une bonne partie de son règne en campagne : contre les barbares et contre ses compétiteurs durant les guerres civiles de laTétrarchie. Comme le souligneYann Le Bohec, c'est un « empereur à cheval »[54]. Les différentes réformes qu'il a menées sont empiriques, et répondent aux nécessités du moment[52].
L'autre grande réforme qu'on a souvent imputée àConstantin est celle de la stratégie globale de défense : il aurait réuni autour de lui une armée de manœuvre puissante, lescomitatenses, dérivés descomitatus pré-tétrarchiques et tétrarchiques, et installé aux frontières des « soldats-paysans » de qualité médiocre[p 86]. Les travaux les plus récents ont profondément remis en cause cette façon de voir les choses.
PourYann Le Bohec ouJean-Michel Carrié par exemple, les unités ditescomitatenses[N 18] sont des unités des armées frontalières qu'on a voulu honorer d'un titre spécial, et non des unités d'une armée centrale[56],[57]. La qualification delimitanei (« troupes frontalières ») n'est plus péjorative par ailleurs : elle désigne simplement les soldats des frontières[58]. La majorité des soldats de l'armée romaine demeurent cantonnée dans les provinces, mais une armée centrale, qu'on dit « d'intervention » a bien été développée au cours duIVe siècle[58]. Elle est constituée de troupes « palatines » (légions palatines et auxiliaires palatins)[59], et de la garde impériale du Bas-Empire (scholes palatines notamment).
Un des césars,Julien, responsable de laGaule, remporte une grande victoire sur lesAlamans en357 (bataille d'Argentoratum), et il se montre bon général et homme d'État[p 87]. Ses soldats le proclament empereur à son corps défendant àLutèce enfévrier360, mécontentés par la volonté deConstance II d'affaiblir uncésar trop puissant[p 87]. Celui-ci meurt l'année suivante, alors qu'il marche contre l'usurpateur, en désignant Julien comme successeur[p 87].Julien, cousin du défunt empereur, renonce auchristianisme par amour de la pensée grecque[p 87], d'où son surnom d'« apostat ». Il tente de restaurer lepaganisme, en abolissant les mesures persécutrices deConstance II et en essayant d'organiser un clergé païen[p 88]. Il meurt après 18 mois de règne, en363, dans une escarmouche (bataille de Ctesiphon) au cours de la retraite qui suivit une campagne contre lesPerses.
De nos jours, le surnom d'apostat, jugé insultant, est plutôt remplacé par celui de « philosophe ».
Ses successeurs sontJovien puisValentinien Ier enOccident etValens enOrient. En364 en effet, Valentinien, devant l'ampleur des menaces extérieures[pi 18], et conscient que les tâches sont trop nombreuses pour un seulempereur[60] prend son frère Valens comme coempereur et lui confie la partie orientale de l'Empire. Les deux frères se divisent « l'armée, les fonctionnaires, les ressources de l'État »[60]. Pour la première fois, au lieu de l'Empire indivisible où il n'y a que des partages d'attributions, on voit apparaître deuxÉtats distincts[pi 19]. Les deux parties de l'Empire se referment alors sur elles-mêmes[61].
Le,Théodose Ier meurt, après avoir partagé l'Empire entre ses deux jeunes fils :Arcadius l'aîné reçoit l'Orient etHonorius l'Occident. Ce partage est dans la continuité des règnes précédents — notamment celui deValentinien etValens — et l'unité de l'Empire demeure, renforcée parStilicon, qui doit veiller sur eux[p 95]. Le partage se veut donc purement administratif. Les circonstances ont toutefois fait que ce partage a été le dernier, avant les reconquêtes deJustinien.
Honorius né le et mort le est un des empereurs romains régnant lors des invasions barbares.
Fait co-empereur de l'Empire Romain avec son frère aînéArcadius en 393,Honorius hérite de la partie occidentale de l'Empire en 395.
Son règne, durant pourtant 30 ans est marqué par son incompréhension des crises secouant l'Empire ainsi que de son incapacité à y répondre.
Dès le début de son règne, le pouvoir est exercé majoritairement par un régent :Stilicon. Celui-ci dirige réellement l'Empire de 395 à 408.Stilicon se rend célèbre pour son ardeur plus importante à combattre d'autres Romains que les « barbares » arrivant dans l'Empire, mais fut tout de même un régent compétent et efficace jusqu'à son exécution en 408.
C'est sous le règne d'Honorius, en hiver 406-407, que des groupes de barbares (Suèves, Alains et Vandales) franchissent le Rhin et pénètrent dans l'Empire. En 410, les Wisigoths d'Alaric pillent Rome ce qui est un véritable choc dans l'empire. Honorius négocie alors avec les Wisigoths un foedus : ils obtiennent le statut de fédérés, c'est-à-dire d'alliés de Rome, et des terres en échange d'un service militaire. Ainsi, 418 correspond à la date de création du premier royaume barbare, celui du royaume wisigothique en Aquitaine.
En 476, Oreste refusa d'accorder auxHérules d'Odoacre le statut de fédérés, poussant Odoacre à prendre Rome et à envoyer les insignes impériaux à Constantinople, s'établissant comme roi d'Italie. Si le pouvoir romain se maintint dans des poches isolées après 476, la cité de Rome elle-même était gouvernée par des barbares, et le contrôle de Rome sur l'Occident avait pris fin. La convention veut que l'Empire d'Occident ait disparu le, lorsque Odoacre déposa Romulus Augustule. Mais dans les faits, les choses ne sont pas aussi simples.
Julius Nepos prétendait toujours au titre d'empereur d'Occident depuis son réduit deDalmatie, et était reconnu comme tel par l'empereur byzantinZénon, ainsi que parSyagrius, qui était parvenu à sauvegarder une enclave romaine dans le nord de la Gaule. Odoacre, souverain autoproclamé de l'Italie, commença à négocier avec Zénon, qui finit par lui accorder le titre depatrice, le reconnaissant comme son vice-roi en Italie. Zénon insista cependant pour qu'Odoacre rende hommage à Nepos comme empereur d'Occident. Odoacre accepta, allant jusqu'à frapper des pièces au nom de Nepos dans toute l'Italie. Il ne s'agissait cependant que d'un geste purement politique, et Odoacre ne rendit aucun territoire à Nepos. Ce dernier fut finalement assassiné en 480, et Odoacre conquit peu après la Dalmatie.
Romulus Augustule fut épargné par Odoacre qui, bien qu'ayant assassiné son père, eut pitié de lui et lui donna une pension et une villa enCampanie, villa qui devint un monastère. On trouve trace de lui au milieu des années 500, ce qui laisse à penser qu'il aurait survécu à Julius Népos.
↑a etbLes dates de début et de fin des périodes historiographiques de l'Empire romain sont discutées, et, comme tous les découpages historiques, celles-ci sont quelque peu artificielles.
↑On parle parfois de l'Empire commepatrimonium indivisum, « patrimoine indivi », d'après un desPanégyriques latins (XI, 6, 3).
↑Ensemble de routes et de forts sur 360 kilomètres, couvrant la Phénicie et le sud de la Syrie, conçu pour garantir le territoire romain contre les pillards arabes et les entreprises militaires perses.
↑René Rémondon souligne la proximité de cette inspiration divine avec la notion ancienne et très romaine d'auctoritas.
↑Celui-ci régnant surtout sur la péninsule balkanique, grâce à un compromis conclu avec Maximin.
↑La pièce porte la devise suivante :invictus constantinus max[imus] aug[ustus], c'est-à-dire « Constantin auguste, le plus grand, invaincu ».
↑LesGoths doivent fournir un contingent militaire en échange de rations alimentaires. L'évêquearienUlfilas, goth lui aussi, est chargé de les convertir auchristianisme.
↑Bennett, Julian,Trajan: Optimus Princeps : a Life and Times, Routledge,(ISBN978-0-415-16524-2,lire en ligne). Fig. 1. Regions east of theEuphrates river were held only in the years 116–117.
Isaac Asimov, Benjamin Van Blancke (Illustrations) et Christophe Jaquet (Traduction),La République romaine, Belles Lettres,, 289 p.(ISBN978-2251455075).