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Empire allemand

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Cet article concerne le « Deuxième Reich » (1871-1918). Pour le « Premier Reich » (962-1806), voirSaint-Empire romain germanique. Pour l'Allemagne nazie (1933-1945), voirTroisième Reich.

Page d’aide sur l’homonymie

Pour l'éphémère « Empire allemand » de la révolution de Mars, voirEmpire allemand (1848-1849).

Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voirReich allemand etReich.

Empire allemand
(de) Deutsches Reich

 – 
(47 ans, 9 mois et 22 jours)

Drapeau
Drapeau de l'Empire allemand.
Blason
Armoiries de l'Empire allemand (1889).
Deviseenallemand : Gott mit uns (« Dieu est avec nous »)
Hymne

enallemand : Heil dir im Siegerkranz (« Salut à toi dans la couronne du vainqueur »), impérial

en
allemand : Das Lied der Deutschen (« Le Chant des allemands »), non officiel

enallemand : Die Wacht am Rhein (« La Garde au Rhin »), non officiel
Description de cette image, également commentée ci-après
Localisation de l'Empire allemand en Europe.
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte du Reich allemand sous l’Empire. Leroyaume de Prusse avec sesprovinces apparaît en bleu clair.
Informations générales
StatutMonarchie constitutionnelleparlementairefédérale etautoritaire
Texte fondamentalConstitution bismarckienne
CapitaleBerlin
Langue(s)Allemand, comme seule langue officielle, avec minorités linguistiques non officielles :polonais,lituanien,kachoube,slovince,français,sorabe,frison oriental,frison septentrional etdanois.
ReligionProtestantisme,catholicisme,judaïsme
MonnaieGoldmark
Papiermark(à partir de 1914)

Démographie
Population 
• 187141 058 792 hab.(est.)
• 188045 234 061 hab.(est.)
• 189049 428 470 hab.(est.)
• 190056 367 000 hab.(est.)
• 191064 925 993 hab.(est.)
Superficie
Superficie (1910)540 766 km2
Histoire et événements
Unité allemande.
Renvoi deBismarck.
Déclaration de guerre à laRussie.
Déclaration de guerre à laFrance.
Révolution allemande, proclamation de laRépublique.
Armistice.
Abdication formelle deGuillaume II.
Empereur allemand
-Guillaume Ier
1888Frédéric III
-Guillaume II
Chancelier impérial
(1er)-Otto von Bismarck
(Der)-Friedrich Ebert
Parlement
Chambre hauteBundesrat
Chambre basseReichstag

Entités précédentes :

Entités suivantes :

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L'Empire allemand (enallemand :Deutsches Kaiserreich) est lerégime politique de l'Allemagne de 1871 à 1918.État-nation historique de l'Allemagne[1], l'Empire allemand est unemonarchie parlementaireautoritaire avec une organisation territorialefédérale.

Ce régime suit la dissolution de laConfédération germanique (1815-1866). Après la constitution de laconfédération de l'Allemagne du Nord (1867-1871), la politique d'Otto von Bismarck voit la création de l'Empire allemand comme l'aboutissement de la formation d'unrégime impérial dominé par leroyaume de Prusse et lamaison de Hohenzollern, et indépendant de l'Autriche. C'est lasolution petite-allemande (Kleindeutsche Lösung) qui parachève l'unité allemande. Leroi de PrusseGuillaume Ier est proclaméempereur dans lagalerie des Glaces duchâteau de Versailles le, après la victoire de l'Allemagne contre laFrance deNapoléon III à l'issue de laguerre franco-prussienne. La date de proclamation, le, choisie personnellement par le roi Guillaume Ier, est le jour-anniversaire du premier couronnement, celui de l'électeurFrédéric III de Brandebourg, couronné « roi en Prusse » en 1701[2].

Sur le plan politique, économique et social, l'Allemagne impériale est marquée par le développement d'une industrie de pointe, elle passe d'un État rural à un État industrialisé, et le système politique très décentralisé laisse la place à un ensemble avec une forte concentration des pouvoirs. Lesecteur tertiaire se développe, le commerce et la finance prennent une place plus importante. Les réparations de guerre de laFrance encouragent ce développement, qui sera toutefois temporairement ralenti par lekrach de 1873. La place de l'artisanat et de l'agriculture baisse dans le calcul duPIB. Les changements sociaux principaux de cette période sont l'exode rural, l'urbanisation et lacroissance démographique. Cependant, la noblesse garde son prestige et sa mainmise dans la diplomatie, l'armée, la politique et la haute administration[3].

Le développement des politiques intérieure et extérieure se fait sous l'impulsion duchancelier impérialOtto von Bismarck jusqu'en 1890. Cette période est considérée comme une phase relativementlibérale du régime : des réformes intérieures sont menées, leKulturkampf (le combat pour un idéal de société) permet une indépendance de l'Allemagne vis-à-vis des autorités religieusescatholiques, malgré un tournantconservateur en 1878-1879 avec notamment l'adoption delois antisocialistes. L’État resteinterventionniste et met en place des mesures deprotectionnisme économique et un système desécurité sociale. Dans le domaine de lapolitique internationale, Bismarck met en placeun système complexe d'alliances avec les États voisins afin de maintenir l'Empire allemand en position de force face à laFrance.

En 1890, Bismarck est contraint à la démission. Le nouvelempereurGuillaume II mène un règne plus personnel, même s'il reste sous l'influence d'autres personnalités. Ses décisions prennent parfois une tournure incohérente ou imprévisible. Cette période est appelée fréquemment « ère wilhelminienne ».

La montée d'organisations et departis de masse ainsi que l'importance croissante de lapresse renforce le poids de ces derniers dans l'opinion publique. En réaction, le gouvernement mène une politique d'expansion coloniale et d'armement de la flotte très populaires pour compenser des politiques générales anti-sociales-démocrates. L'Allemagne renforce sa domination maritime et devient une puissance rivale des autres puissances coloniales dans le partage du monde, notamment avec leRoyaume-Uni. Mais elle reste isolée, ce qui n'éloigne donc pas le risque d'une guerre. Le jeu d'alliances dessert la stabilité de l'Europe en 1914. Première puissance militaire européenne, l'Empire allemand, contraint de gérer simultanément plusieurs fronts au cours de laPremière Guerre mondiale, est vaincu en 1918 et perd le soutien de la population.

L'Empire allemand prend fin le, par l'abdication de l'empereur Guillaume II et la proclamation de larépublique de Weimar, deux jours avant l'armistice qui met fin à laPremière Guerre mondiale.

Dénominations

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Article détaillé :Reich allemand.

Enallemand, « Deutsches Reich », traduit enfrançais parEmpire allemand ou parEmpire germanique[4] peut renvoyer :

  • auSaint-Empire romain germanique (962-1806), en allemand « Heiliges römisches Reich deutscher Nation » ;
  • à l’Empire allemand (1871-1918), parfois appeléDeuxième Reich afin de le placer dans la continuité du Saint-Empire, de fait lePremier Reich ;
  • à larépublique de Weimar (1919-1933[a]), de façon formelle (laConstitution de Weimar est officiellement nomméeVerfassung des Deutschen Reichs) ;
  • à l’Allemagne nazie (1933-1945), appeléeTroisième Reich (« Drittes Reich »), voireReich Grand-Allemand (« Großdeutsches Reich ») à partirde 1943.

Aujourd'hui, si le terme « Reich » évoque en français pour la plupart des personnes leTroisième Reich, il sert tout autant dans la littérature historique à désigner l'Empire allemand. Sans précisions supplémentaires, « Empire allemand » désigne le régime politique de l'Allemagne de 1871 à 1918.

Pour désigner l'Allemagne de la période de 1871 à 1918 sous ses aspects culturels et sociaux, le terme d’Allemagne wilhelminienne est également utilisé, ce en référence aux noms des empereursGuillaume Ier (en allemand : « Wilhelm I. ») etGuillaume II (« Wilhelm II. »), deux des troisempereurs de cette période[b].

Histoire

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La période de fondation

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La fondation de l'Empire allemand (deutsche Reichsgründung) est effective le[5],[6],[7], avec l'entrée en vigueur[8] de la constitution provisoire publiée la veille[9].

Le rapport entre la confédération de l'Allemagne du Nord et l'Empire allemand est le sujet d'unecontroversedoctrinale opposant les défenseurs de la« continuité » (Rechtskontinuität) d'un même État à ceux de la« succession » (Rechtsnachfolge) de deux États[10].

L'Empire allemand résulte d'une extension de laconfédération de l'Allemagne du Nord, mise en place en 1867 après lapaix de Prague et dont la constitution est légèrement remaniée afin à la fois d'incorporer les États allemands du Sud du Main, mais aussi de donner une forme explicitement monarchique à la confédération[11].

Par les traités dits de novembre, lesroyaumes de Bavière et deWurtemberg ainsi que lesgrands-duchés de Bade et, pour la partie située au sud du Main, deHesse, adhèrent à la confédération. Le traité entre laconfédération de l'Allemagne du Nord, legrand-duché de Bade et celui deHesse, est signé àVersailles le, le traité de Berlin du, le traité de Versailles du.

Le,« le jour le plus triste de ma vie », selon le mot du futur empereur[12], l’Empire allemand est proclamé dans lagalerie des Glaces duchâteau de Versailles, à la faveur de ladéfaite de la France.Guillaume Ier, roi dePrusse, devient empereur allemand. La date choisie est symbolique puisqu'elle correspond au170e anniversaire du couronnement deFrédéric Ier comme roi enPrusse, le.

On appelle« période de fondation » (Gründerzeit) la période correspondant au règne de Guillaume Ier, jusqu’en1888, et au mandat d’Otto von Bismarck commechancelier impérial.

Dès sa création, l’Empire est marqué par des crises graves. Bismarck voit un peu partout des ennemis du nouveau régime : lescatholiques regroupés dans le parti duZentrum et contre lequel il mène leKulturkampf ; lesPolonais de laprovince de Posnanie ; lesFrançais d’Alsace-Lorraine ; laLégion guelfe (en) duHanovre ; les socialistes qui se forment enParti social-démocrate (SPD). Après deux attentats contre l’empereur en1878 commis par des individus agissant seuls, Bismarck fait voter par les conservateurs et les libéraux duReichstag, le, uneloi qui interdit les associations socialistes, social-démocrates ou communistes visant le« renversement de l’autorité de l’État ou de l’ordre social établis », ainsi que leurs journaux, leurs rassemblements et leurs membres qui sont menacés d’exil.

En même temps, Bismarck mène unepolitique sociale visant à apaiser certaines revendications sociales et à diminuer l’audience de la social-démocratie : le, la loi sur l’assurance maladie est adoptée, puis en 1889 celle sur l'invalidité et la vieillesse[13].

Les successeurs de Bismarck

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Germania, l'allégorie nationale allemande, à la rescousse de la mère patrie entrant dans laPremière Guerre mondiale, sur une peinture de Friedrich August von Kaulbach en 1914. La légitimation donnée par lepangermanisme se heurte à l'esprit de revanche nourri par les Français.

Le, Guillaume Ier meurt à l’âge de90 ans. Son filsFrédéric III, déjà atteint d’une maladie incurable, lui succède sur le trône et meurt après 99 jours de règne le. Son successeur,Guillaume II, âgé de29 ans et petit-fils de Guillaume Ier, accède alors au trône. On appellera cette année « l’année des Trois Empereurs ». Le règne de Guillaume II est marqué par la primauté de l’empereur dans la politique (wilhelminisme), notamment en politique extérieure où la prudence bismarckienne cède le pas à laWeltpolitik.

Le, Bismarck soumet une demande de mise en congé à l’empereur en raison du conflit qui les oppose en politique extérieure. Deux jours plus tard, le, il est démis de ses fonctions de chancelier impérial et de ministre-président de la Prusse, et le généralLeo von Caprivi lui succède.

Le chancelier Caprivi ne prolonge pas la loi antisocialiste.

Dans les dernières semaines du régime, leparlementarisme sera instauré par laréforme d'.

La chute de l’Empire

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Deux jours avant lafin des hostilités de la Première Guerre mondiale, la « révolution de Novembre » provoque la chute du régime impérial. Le, le chancelierMaximilian von Baden, après avoir décrété l’abdication de l’empereurGuillaume II et la renonciation au trône du prince héritierWilhelm (techniquement, Guillaume III), démissionne et transmet ses pouvoirs àFriedrich Ebert, chef des sociaux-démocrates majoritaires. Le même jour, la république est proclamée parPhilipp Scheidemann et la république socialiste parKarl Liebknecht.

Les drapeaux

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La Proclamation de l’Empire auchâteau de Versailles, dans lagalerie des Glaces, le, peinte parAnton von Werner.Au centre, en uniforme blanc, Bismarck.

Le drapeau de l'Empire allemand est également celui de laconfédération d'Allemagne du Nord. Il unit les couleurs de la Prusse (le noir et le blanc, originellement les couleurs de l'Ordre Teutonique) et de laLigue hanséatique (le rouge et le blanc, originellement les couleurs duSaint-Empire romain germanique et du drapeau du Christ).

Le tricolore horizontal noir, blanc et rouge correspondait à la« politique de fer et de sang » du chancelierOtto von Bismarck.

Lors de la proclamation de l'Empire allemand, on vit le développement de nombreux drapeaux basés sur le tricolore noir, blanc et rouge, notamment des pavillons maritimes, des drapeaux coloniaux, des drapeaux officiels, des bannières royales et impériales.

Après avoir cherché à résoudre les profondes divergences d'opinion du public sur la question du drapeau, on en vint à un compromis, qui essayait d'exprimer des différences politiques inconciliables à l'aide de symboles communs. Le drapeau civil adopté fut le tricolore noir, blanc et rouge ; le drapeau d'État était le même, avec les armes de l'Empire au centre. Ces armes étaient constituées de l'aigle noir traditionnel avec des attributs rouges dans un écusson d'or.

Les bannières personnelles de la famille impériale avec le champ jaune d'or, les croix noires et l'écu médiéval au centre étaient utilisées lors des grandes occasions ou des déplacements impériaux (comme la visite de Guillaume II à Damas).

Inspiré du modèle de drapeau prussien, l'Empire allemand met lacroix de fer sur certains de ses drapeaux, dont le drapeau de l'empereur, celui de l'État et celui de l'Armée. Sur le drapeau de l'empereur, on peut voir la croix avec, en son centre, le blason de l'Empire et, sur ses extrémités, la devise allemande :Gott mit uns (« Dieu est avec nous »). Le drapeau de l'Armée, ayant une croix traversante noire, tirant un peu vers la droite, et ayant en son centre un cercle dans lequel se trouve l'aigle impérial, a la croix de fer dans un canton aux couleurs nationales.

  • Drapeau national et drapeau du commerce allemand.
    Drapeau national et drapeau du commerce allemand.
  • Étendard de l'empereur.
    Étendard de l'empereur.
  • Drapeau de guerre de la Marine impériale allemande.
    Drapeau de guerre de la Marine impériale allemande.
  • Pavillon de beaupré des navires de guerre de Marine impériale allemande.
    Pavillon de beaupré des navires de guerre de Marine impériale allemande.
  • Drapeau de service d'État pour la Marine impériale allemande.
    Drapeau de service d'État pour la Marine impériale allemande.

Territoire

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Territoires de l'Empire allemand en 1887 (carte en français).
Position de l'Empire allemand en Europe.

En 1900, le Reich couvrait unesuperficie de 540 667 km2. Il occupait le Nord et l’Ouest de l’Europe centrale, entre la mer (mer du Nord et mer Baltique) et lesAlpes, entre lesVosges et leNiémen à l’est. Il était entouré au nord par leDanemark, à l’est par laRussie, à l’ouest par lesPays-Bas, laBelgique, leLuxembourg et laFrance, et au sud par laSuisse et l’Autriche-Hongrie.

Par sa superficie, l'Empire allemand était le troisième des États européens après laRussie et l’Autriche-Hongrie (la France, amputée de l'Alsace-Lorraine, n'avait plus quant à elle qu'une superficie de 530 000 km2). Mais, contrairement à la Russie, l'Allemagne avait un bon climat et une bonne gestion de son territoire et, contrairement à l'Autriche-Hongrie, l'Allemagne se trouvait sur le plateau central européen et disposait de nombreux accès maritimes.

Sa position au centre est un avantage autant qu'un inconvénient. Le Reich est au carrefour des flux commerciaux ouest-est. Il contrôle donc les flux de marchandises qui vont deParis àSaint-Pétersbourg ou deMoscou àAmsterdam. Cependant, cette situation centrale révèle ses inconvénients lors de laPremière Guerre mondiale, l'Allemagne se trouvant encerclée par l'alliance franco-russe.

Le territoire fédéral comprend deuxenclaves en Suisse : lacommunebadoise deBüsingen et leVerenahof de la commune badoise deWiechs[14].

Capitale

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Lacapitale de l'Empire estBerlin, déjà capitale du royaume de Prusse. Le siège de laCour des comptes de l'Empire (Rechnungshof des Deutschen Reiches) est àPotsdam[15] ; le siège duTribunal de l'Empire (Reichsgericht) — cour suprême de l'ordre judiciaire qui succède, le, au Tribunal supérieur de commerce de l'Empire (Reichsoberhandelsgericht) — est àLeipzig[15].

Édifice institutionnel

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La construction politique voulue par Bismarck étend la constitution de la confédération d'Allemagne du Nord aux États au sud de la rivièreMain, garantissant auxÉtats fédérés une certaine autonomie interne dans un cadre fédéral.

Constitution

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L'Empire allemand est un« État-nation incomplet »[16] : il ne réalise l'unité allemande que dans le cadre de lasolution petite-allemande (kleindeutsche Lösung)[16]. C'est unÉtat fédéral[17],[18] asymétrique[19] etmonarchique[20],[21] dont les vingt-cinq États membres sont[22], d'après lesarticles1er et 6 deConstitution du :

Ces États fédérés sont tous des monarchies, à l'exception des trois villes hanséatiques. Les 25 États de l'Empire allemand, présidé par un« empereur allemand », exercent sur leur territoire la souveraineté et leurs monarques sont les détenteurs de la puissance publique, reconnue par la constitution impériale[23].

Quelques auteurs — tels August von Bulmerincq (1822-1890) etFrédéric de Martens (1845-1909)[24] — ont soutenu que l'Empire allemand était uneconfédération d'États[25]. Un auteur isolé — Albert von Ruville (1855-1934) — a soutenu que l'Empire allemand était unÉtat unitaire[24].

L'Alsace-Lorraine est dotée d'un statut particulier, la « région d'Empire » (Reichsland Elsaß-Lothringen), avant de devenir le26e État fédéré, doté d'une constitution propre, à partir du.

L'empereur

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La constitution de l'Empire fait du roi de Prusse, président de la Confédération germanique, un empereur allemand en vertu de son article 11, dépositaire de la souveraineté dans le seul royaume de Prusse, chaque monarque, ou dans le cas des villes libres, chaque Sénat l'exerce sur son territoire[23].

Le titre officiel d'Empereur allemand (deutscher Kaiser) est l'unique titre honorifique[26] que laconstitution impériale du confère auroi de Prusse[27], en tant que porteur (Träger) de la Couronne de Prusse[28]. C'est un titre de fonction (Amtstitel)[26]. Il a été établi à l'initiative du roiLouis II de Bavière[29]. Il a été substitué à trois titres que laconstitution nord-allemande du1er juillet 1867 distinguait[30] : celui de président (Präsidium) de la fédération[31], celui de généralissime (Bundesfeldherr) de l'armée de la fédération[32] et celui de commandant suprême de la marine militaire de la fédération[32].

Le seul pouvoir réel dont dispose l'empereur est la nomination du chancelier fédéral, responsable devant lui seul ; de plus, roi dans un cadre constitutionnel, il dispose du pouvoir de convoquer ou de proroger le Reichstag et le Reichsrat, ainsi que de la possibilité de clore leur session, mais ne dispose pas de droit de veto pour les lois adoptées par les chambres du parlement ; il veille également à l'application des lois de l'Empire et au bon fonctionnement de l'administration impériale[23].

À ces prérogatives restreintes sur le plan intérieur, l'empereur ajoute un certain nombre de prérogatives sur le plan international, celui de déclarer la guerre[c],[23] de signer des traités de paix, ou de recevoir les ambassadeurs accrédités auprès de lui.

De même, chargé de la politique étrangère de la fédération, il exerce le commandement des forces armées de l'Empire[23].

Le chancelier et le gouvernement

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Dépendant directement de l'empereur, le chancelier impérial est nommé directement par ce dernier. Irresponsable devant les chambres, il est cependant garant du bon fonctionnement des institutions, en tant que président duBundesrat[33].

Seul ministre reconnu par la constitution fédérale, le chancelier s'entoure rapidement de secrétaires d'États en nombre sans cesse croissant, des offices impériaux. On en compte deux en 1871, leReichskanzleramt, chargé du Commerce, des Finances fédérales, de la Justice et des Postes, et l'Auswartiges Amt, chargé de la Politique étrangère de l'Empire. À partir de 1872, la chancellerie du Reich s'entoure de secrétaires d'État dans des domaines de plus en plus variés :Marine (1872),Chemins de fer (1873),Postes (1876-1880),Justice (1877),Intérieur, compétent également pour les Affaires économiques et sociales (1879),Trésor (1879) etColonies (1906)[34].

La loi du introduit des modifications dans l'édifice gouvernemental, permettant la création, en 1897, de services administratifs centraux, lesReichsämter ; ces derniers prennent rapidement la direction des affaires centrales, notamment la rédaction des lois soumises aux parlement[34]. À partir desannées 1880, les chefs de cesReichsämter siègent au cabinet prussien avec voix délibérative, permettant la prise en compte des intérêts de la confédération dans la gestion gouvernementale du principal des États de l'Empire[35].

Dans les faits, le chancelier exerce les fonctions de chancelier duroyaume de Prusse, sauf entre 1892 et 1894, période durant laquelle Leo von Caprivi doit abandonner le ministère prussien[33]. Il s'appuie sur le cabinet prussien dans la préparation des lois impériales : pour la majeure partie d'entre elles, ces lois sont rédigées par le cabinet prussien[34].

Le parlement

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Séance au Reichstag en 1905 (peinture deGeorg Waltenberger).

À côté du gouvernement, le parlement impérial vote les lois devant s'appliquer dans tout l'Empire. De ce fait, il constitue un autre facteur d'unité au sein du Reich confédéral[35].

Cependant, ce calcul se révèle vite erroné, les parlementaires dans leur totalité se positionnant rapidement en faveur de l'extension des droits du parlement impérial[36].

Composé de 397 membres, les membres du Reichstag sont élus pour trois, puis cinq ans après une loi d'Empire de 1888[35]. Les députés duReichstag sont élus au suffrage universel uninominal à un tour, un second tour étant organisé en cas deballottage[d],[35]. Au sein des États fédérés, les constitutions garantissent l'existence de chambre basse, mais les modalités de leur élection sont fixées par les constitutions de chacun des États : la composition de la chambre basse de chaque État peut ainsi ne pas se refléter dans la composition de la représentation envoyée par les électeurs de cet État au Reichstag[36].

Le parlement vote les lois de l'Empire ; il dispose également de la capacité d'amender les lois proposées par le chancelier fédéral. Aucun texte de loi ne pouvant être adopté sans l'accord du parlement, la chambre basse prend une importance de plus en plus grande dans le fonctionnement de l'Empire, dès la première législature, durant laquelle est transposé au cadre issu de la proclamation de l'Empire un certain nombre de dispositions adoptées par laconfédération de l'Allemagne du Nord[36].

De plus, le parlement vote le budget annuel de l'Empire, à l'exception du budget dans le cadre d'une programmation pluriannuelle, d'abord quadriennale, puis septennale à partir de 1874, puis quinquennale à partir de 1893[37].

Les États fédérés

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Article connexe :Liste des provinces de Prusse.
Organisation territoriale et recensements de l'Empire allemand (1871-1918)[38]
État fédéréRégimeCapitaleSuperficie en km² (1910)Population (1871)[39]Population (1900)[40]Population (1910)Voix auBundesratSièges auReichstag
Drapeau de la PrusseRoyaume de PrusseMonarchieBerlin348 78024 691 08534 472 50940 165 21917[41]236[42]
Drapeau du Royaume de BavièreRoyaume de BavièreMonarchieMunich75 8704 863 4506 524 3726 887 2916[41]46[43]
Drapeau du Royaume de WurtembergRoyaume de WurtembergMonarchieStuttgart19 5071 818 5392 169 4802 437 574417[43]
Drapeau du Royaume de SaxeRoyaume de SaxeMonarchieDresde14 9932 556 2444 202 2164 806 661423[42]
Drapeau du Grand-duché de BadeGrand-duché de BadeMonarchieKarlsruhe15 0701 461 5621 867 9442 142 833314[43]
Drapeau du Grand-duché de Mecklembourg-SchwerinGrand-duché de Mecklembourg-SchwerinMonarchieSchwerin13 127557 707607 770639 9582[44]6[42]
Drapeau du Grand-duché de HesseGrand-duché de HesseMonarchieDarmstadt7 688852 8941 119 8931 282 05133[42] + 6[43]
Drapeau du Grand-duché d'OldenbourgGrand-duché d'OldenbourgMonarchieOldenbourg6 429314 591399 180483 0421[44]3[42]
Drapeau du Grand-duché de Saxe-Weimar-EisenachGrand-duché de Saxe-Weimar-EisenachMonarchieWeimar3 610286 183362 873417 1491[44]3[42]
Drapeau du Grand-duché de Mecklembourg-StrelitzGrand-duché de Mecklembourg-StrelitzMonarchieNeustrelitz2 92996 982102 602106 4421[44]1[42]
Drapeau du duché de BrunswickDuché de BrunswickMonarchieBrunswick3 672312 170464 333494 3392[44]3[42]
Drapeau du Duché de Saxe-MeiningenDuché de Saxe-MeiningenMonarchieMeiningen2 468187 957250 731278 7621[44]2[42]
Drapeau du Duché d'AnhaltDuché d'AnhaltMonarchieDessau2 299203 437316 085331 1281[44]2[42]
Drapeau du Duché de Saxe-Cobourg et GothaDuché de Saxe-Cobourg et GothaMonarchieCobourg/Gotha1 977174 339229 550257 1771[44]2[42]
Drapeau du Duché de Saxe-AltenbourgDuché de Saxe-AltenbourgMonarchieAltenbourg1 324142 122194 914216 1281[44]1[42]
Drapeau de la principauté de LippePrincipauté de LippeMonarchieDetmold1 215111 135138 952150 9371[44]1[42]
Drapeau du principauté de Waldeck-PyrmontPrincipauté de Waldeck-PyrmontMonarchieArolsen1 12156 22457 91861 7071[44]1[42]
Drapeau de la principauté de Schwarzbourg-RudolstadtPrincipauté de Schwarzbourg-RudolstadtMonarchieRudolstadt94175 52393 059100 7021[44]1[42]
Drapeau de la principauté de Schwarzbourg-SondershausenPrincipauté de Schwarzbourg-SondershausenMonarchieSondershausen86267 19180 89889 9171[44]1[42]
Drapeau de la principauté Reuss branche cadettePrincipauté Reuss branche cadetteMonarchieGera82789 032139 210152 7521[44]1[42]
Drapeau de la Principauté de Schaumbourg-LippePrincipauté de Schaumbourg-LippeMonarchieBückeburg34032 05943 13246 6521[44]1[42]
Principauté de Reuss branche aînéeMonarchieGreiz31645 09468 39672 7691[44]1[42]
Ville libre et hanséantique de HambourgRépubliqueHambourg414338 974768 3491 014 6641[44]3[42]
Ville libre et hanséatique de LübeckRépubliqueLübeck29852 15896 775116 5991[44]1[42]
Ville libre et hanséatique de BrêmeRépubliqueBrême256122 402224 882299 5261[44]1[42]
Terre d'Empire d'Alsace-LorraineMonarchieStrasbourg14 5221 549 7381 719 4701 874 014315[45]
Drapeau de l'Empire allemandEmpire allemandMonarchieBerlin540 85841 058 79256 367 17864 925 99361397[45]

Économie

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Article détaillé :Économie de l'Empire allemand.

Religion, sciences et universités

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Article connexe :Kulturkampf.
Max Weberen 1894.

Dans l'Empire allemand, la religion constituait l'un des principaux repères culturels selon lesquels les individus et la collectivité interprétaient et ordonnaient leur vie et la réalité sociale. Or, les sciences modernes venaient désormais flanquer la religion et parfois s'y substituer. Leur importance croissante était en grande partie due à l'expansion fulgurante des universités. Aux dix-neuf universités déjà existantes en 1871 vinrent s'ajouter celles deStrasbourg, deMünster et deFrancfort-sur-le-Main ainsi que 11 écoles techniques d'enseignement supérieur, issues des anciennes écoles polytechniques. Le nombre des enseignants et des étudiants connut une croissance encore plus marquée.

L'orientation des sciences sur la recherche, caractéristique du monde universitaire allemand depuis la réforme de l'université entreprise au début duXIXe siècle parWilhelm von Humboldt, se poursuivit sous de nouvelles formes avec la fondation en 1911 de laSociété Kaiser-Wilhelm et la création de quatre instituts de recherche fondamentale. C'est ainsi que, notamment dans les domaines de la physique et de la chimie, des hommes de sciences allemands occupèrent dès 1900 une position de premier rang au niveau mondial.Max Planck (1858-1947), le père de laphysique quantique, etAlbert Einstein (1879-1955), avec sathéorie de la relativité, bousculèrent les fondements de l'espace, du temps et de la matière, ouvrant la voie à lacosmologie moderne. Le zoologueErnst Haeckel (1834-1919) contribua beaucoup par ses écrits à la diffusion de lathéorie de l'évolution.Georg Simmel (1858-1918) etMax Weber (1864-1920) donnèrent des impulsions déterminantes pour l'interprétation de la société moderne et posèrent les fondements de la sociologie allemande.

Néanmoins, les antagonismes religieux entre catholiques et protestants ont contribué pour une part notable à la fragmentation de la société et du monde politique, entravant le développement d'une culture de la reconnaissance mutuelle et du compromis, si importante pour la mise en place d'une démocratie pluraliste[46].

Boom démographique

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Carte de la densité de population dans l'Empire.

L'Empire allemand avait une population de 56,3 millions d’habitants en 1900 et de 64,9 millions en 1910. Pourtant, le taux de natalité baisse : il passe de 35,6 pour mille en 1900 à 27,5 pour mille en 1913, tout comme la mortalité qui passe de 23 pour mille à 15 pour mille. La densité moyenne était de120 habitants par km² contre 75,9 en 1871. La population est une population jeune : en 1910, 34 % des Allemands ont moins de15 ans, alors que le quart seulement des Français appartient à cette tranche d'âge.

Les transformations économiques ont provoqué une véritable redistribution de la population. Ce sont surtout les régions rurales de l'Est et de l'Allemagne moyenne qui ont déversé leur trop-plein versBerlin, laRhénanie-Westphalie et les ports de lamer du Nord et de lamer Baltique.

Les migrations intérieures gonflent la population urbaine : 60 % des Allemands vivent, en 1910, dans des localités de plus de 2 000 habitants. Les48 villes de plus de 100 000 habitants (dont Berlin,Hambourg,Brême,Munich,Dresde,Stettin,Rostock etCologne) rassemblent le cinquième de la population totale.

L'expansion économique explique le ralentissement, de plus en plus marqué, de l'émigration. Le Reich devient même un pays d'immigration : les étrangers installés en Allemagne passent de 780 000 (1900) à 1 260 000 (1910). En 1910, lesPolonais constituent presque la moitié des étrangers ; 800 000 travailleurs saisonniers, desSlaves surtout, viennent fournir la main-d'œuvre nécessaire auxjunkers.

La métamorphose de Berlin

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Peinture du château de Berlin, faite auXIXe siècle par un artiste anonyme.

Berlin, qui était la capitale de laPrusse, devint capitale de laconfédération de l'Allemagne du Nord puis capitale de l'Empire allemand en 1871. La ville s'était déjà embellie auxXVIIe et XVIIIe siècles, notamment avecCharlottenbourg, avec le palais dePotsdam, avec de nombreux parcs et autres embellissements. Entre 1830 et 1850, Berlin se couvre de nouveaux palais destyle classique et de nombreuses académies.

En 1858, Guillaume Ier assure la régence de son frère malade. Il devient roi en 1861. Berlin s'agrandit alors de plusieurs faubourgs et compte 524 000 habitants. Le bourgmestre libéral, Seydel, fait tout pour favoriser une industrie berlinoise où les grands entrepreneurs tiennent le haut du pavé :Borsig,Siemens, qui, après le télégraphe, développe le principe de la dynamo,Emil Rathenau, président de la Société berlinoise d'électricité (futureAEG). Le conseiller à la ConstructionJames Hobrecht remplace le vieux mur d'enceinte par un boulevard circulaire, que les installations ferroviaires à l'ouest empêchent toutefois de boucler totalement. En 1866, le nouveau chancelierOtto von Bismarck inaugure la nouvelle synagogue d'Oranienburger Strasse, marquant ainsi son intérêt pour l'émancipation des Juifs, qui se traduit en 1869 par la promulgation d'une « loi sur l'égalité des confessions », étendue à l'ensemble du Reich.

Lors du versement des cinq milliards de francs-or deréparation par la France en 1871, l'économie berlinoise fait un formidable bond en avant. Le« temps des fondateurs » de l'Empire (Gründerzeit) s'ouvre sur une orgie de constructions de styles plus qu'éclectiques. Lenéo-gothique et la brique triomphent : les flèches de cathédrale, les pignons crénelés qui hérissent les usines et les sièges sociaux des grandes entreprises font de leurs dirigeants de véritables« junkers citadins ». Le pont d'Oberbaum, le musée de la Marche, les tribunaux et les nouvelles mairies d'arrondissement, construites vers 1900, seront de la même facture. Parfois un chef-d'œuvre émerge, comme le labyrinthe de pierre du hall d'entrée de l'hôtel de ville de Köpenick (1903) ou les délicatescrénelures du tribunal administratif deWedding (1904) mélange de gothique flamboyant et deJugendstil (style jeunesse).

Le système politique

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L'Empire allemand a été organisé par laconstitution du, modifiée le. Elle repose, pour une large partie, sur la constitution de laconfédération de l'Allemagne du Nord qui était une œuvre d'Otto von Bismarck.

L'empereur allemand est le chef de l'armée et de la marine ; il promulgue les lois et dirige la diplomatie. Il nomme unchancelier impérial (Reichskanzler), qui n'est responsable qu'envers lui, c'est-à-dire qu'il ne dépend pas du parlement élu. C'est, en réalité, le chancelier qui est le maître absolu de l'administration impériale et du gouvernement, puisqu'il préside le Bundesrat ; ministre unique, il décide de l'orientation de la politique et il propose à l'empereur la nomination ou la révocation des secrétaires d'État, des hauts fonctionnaires qui dirigent selon ses ordres les administrations gouvernementales. Les chanceliers sont aussi ministres-présidents de la Prusse.

LeBundesrat, représenté des gouvernements des vingt-cinq États, qui compte soixante et un représentants, dont trois pour l'Alsace-Lorraine, présidée par le chancelier impérial. Elle vote les lois, élabore le budget et contrôle les finances. La Prusse y dispose d'une minorité de blocage et peut imposer son point de vue au reste de l'Empire.

LeReichstag est élu pour trois ans, puis à partir de 1888 pour cinq ans. Il représente le peuple, est élu ausuffrage universel mais n'a aucun moyen d'action sur le chancelier.

Politique diplomatique

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Article détaillé :Politique étrangère de l'Allemagne#Les relations internationales de la naissance de l’Empire allemand jusqu’en 1918.

Rapprochement avec l'Empire austro-hongrois

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Le est un accord — connu sous le nom de« Duplice » — est scellé partraité, entre l'Empire allemand et l'Autriche-Hongrie.

Weltpolitik de Guillaume II

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Article détaillé :Weltpolitik de Guillaume II.

En1890,Leo von Caprivi succède àOtto von Bismarck, le« chancelier de fer », écarté du pouvoir par Guillaume II. Dès son accession au pouvoir, il signe avec leRoyaume-Uni un traité qui suscite la colère des lobbys colonialistes par lequel, en échange de vagues zones d'influences en Afrique, mais surtout de l'îlot stratégique d'Heligoland en mer du Nord, l'Empire allemand renonce ausultanat de Witu, à lacôte des Somalis, et reconnaissait le protectorat britannique surZanzibar.

Rivalité navale anglo-allemande

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Articles détaillés :Kaiserliche Marine etRoyal Navy.

À la fin duXIXe siècle, l'Empire britannique, première puissance navale et coloniale de l'époque, tient à confirmer la supériorité de saRoyal Navy. En 1888, la peur d'un conflit naval avec la France et l'accroissement de la flotte russe font redémarrer la construction navale : leBritish Naval Defence Act de 1889 entraîne la construction de huit nouveauxcuirassés britanniques. Dans ces dernières années duXIXe et au tout début du XXe siècle, la course à la construction des cuirassés est attisée par l'opposition entre le Royaume-Uni et l'Allemagne. Les lois allemandes de 1898 et 1900 autorisent la construction d'une flotte de38 cuirassés, ce qui menace l'équilibre naval[47]. Si la Grande-Bretagne répond par davantage de nouveaux navires, elle n'en a pas moins perdu une grande partie de sa suprématie. En 1883, le Royaume-Uni possède38 cuirassés, deux fois plus que la France et à peu près autant que le reste du monde réuni.

La crise marocaine (1905-1906)

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Article détaillé :Conférence d'Algésiras.

En1893, Caprivi est à son tour remplacé au poste de chancelier impérial, changement politique qui marque une nouvelle orientation dans la politique diplomatique et coloniale du versatile Guillaume II. Dès ce moment la course aux colonies s'accélère et l'Empire allemand en Afrique se consolide.

Rapprochement avec l'Empire ottoman

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AuXIXe siècle, l'Empire ottoman – surnommé« l'homme malade de l'Europe » par l'empereur russeNicolas Ier en 1853, lors d'une conversation avec l'ambassadeur britannique – diminue territorialement, mais entame un processus de modernisation afin de retrouver sa puissance et sa prospérité d'antan.

En1913, la défaite ottomane lors de ladeuxième guerre balkanique amène lesJeunes-Turcs (Parti Union et Progrès) au pouvoir. Leur volonté de relever l'Empire les entraîne dans l'alliance avec l'Empire allemand.

La société allemande : la caste dirigeante

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Article détaillé :Société de l'Empire allemand.

L'empereur

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Guillaume II en uniforme.
Article connexe :Liste des souverains d'Allemagne.

Trois empereurs se succédèrent de 1871 à 1918.Guillaume Ier (1797-1888), roi dePrusse depuis 1861, n'avait tout d´abord pas voulu être empereur, s´adonna donc surtout à son royaume et ordonna àBismarck la direction de l'Empire allemand. À sa mort, son filsFrédéric III (1831-1888) monta sur le trône mais ne régna que quelques mois. On le disait favorable aulibéralisme mais frappé par la maladie il mourut avant d'entreprendre de vastes changements. Il en alla tout autrement pourGuillaume II (1859-1941). Lorsqu'il accède à la dignité impériale, il est âgé de 29 ans et régnera 30 ans sur la Prusse et le Reich. Jeune et impétueux, il aspire à gouverner par lui-même, et, en 1890, Bismarck finit par démissionner. Les chanceliers qu'il nommera par la suite ne seront que les instruments dociles de sa volonté. Dans ce Reich qui est encore une monarchie semi-féodale, l'empereur va imposer ses conceptions personnelles à des chanceliers et secrétaires d'État pusillanimes, choisis pour leur connaissance de labureaucratie plus que pour leurs qualités politiques.

Personnalité complexe, esprit doué mais impulsif, vaniteux, despotique, il ne supporte pas ceux qui osent le critiquer et entend tout régenter : le conflit avec Bismarck était donc inévitable. Complexé par un bras gauche atrophié, Guillaume II essaie de compenser ce handicap par une agitation fébrile et brouillonne (il voyage constamment, prononce d'innombrables discours, change d'uniforme plusieurs fois par jour…), et par l'affirmation incessante de la grandeur de l'Allemagne pour laquelle il revendique une« place au soleil ». Personnalité « médiatique » avant l'heure, il est omniprésent, par ses discours, ses interviews retentissantes et par le culte dont il fait l'objet : portraits, souvenirs commémoratifs, et jusqu'à son port de moustaches que ses sujets s'empressent d'imiter.

Plus que tout autre souverain allemand, Guillaume II aura su être en adéquation avec les aspirations de son peuple et s'identifier au désir de reconnaissance et aussi d'expansion de la nouvelle Allemagne impériale (à qui on a pu donner le nom d'Allemagne wilhelmienne, Wilhelm signifiant Guillaume). Il a su cristalliser sur sa personne les peurs et les désirs de ses sujets, et a, aux yeux de l'étranger, souvent personnifié un aspect agressif dunationalisme allemand[48].

Les princes souverains

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Quatre royaumes, six grands-duchés, cinq duchés et sept principautés, ont, dans ce nouveau Reich, conservé d'importantes prérogatives. SiBerlin va progressivement devenir la capitale politique et économique de l'Allemagne, les capitales des États souverains perpétuent la tradition culturelle desResidenzstädte (de). Les rois deSaxe essayèrent de maintenir la grande tradition qui avait fait deDresde un des plus importants centres artistiques d'Allemagne. Le duc deSaxe-Meiningen pouvait se vanter d'accueillir dans sa résidence une des meilleures troupes de théâtre d'Allemagne.Munich était un des centres artistiques et intellectuels de tout premier plan qui cherchait à contrebalancer l'influence de Berlin.

Mais à côté de ces États brillants, dans lesquels se développait une vie politique active, existaient des États beaucoup plus rétrogrades, comme les deux duchés deMecklembourg (Schwerin etStrelitz), restés à l'écart des grandes transformations politiques et économiques duXIXe siècle.

Si les princes régnants surent demeurer très populaires parmi leurs sujets, c'est qu'ils incarnaient une légitimité parfois teintée du particularisme, comme enBavière, et qu'ils perpétuaient aussi une tradition culturelle qui s'opposait aux appétits hégémoniques de laPrusse. Par l'intermédiaire duBundesrat, ils surent mettre en échec les velléités centralisatrices du Reich.

Néanmoins, les grandes mutations que connut l'Allemagne dans les deux dernières décennies du siècle se firent sans eux. L'essor industriel, le développement des grands centres urbains, l'expansion commerciale ont modelé une Allemagne nouvelle, fort différente des traditions archaïques et désuètes que pouvait incarner l'Allemagne des Princes.

Les chanceliers impériaux

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TitulaireMandatPartiNote
PrinceOtto von Bismarck
1815-1898
Du auSans étiquette
Bismarck futministre-président et ministre des Affaires étrangères duroyaume de Prusse de 1862 à 1890, ainsi quechancelier confédéral de 1867 à 1871 etchancelier impérial de 1871 à 1890.
ComteLeo von Caprivi
1831-1899
Du auSans étiquette
PrinceClovis de Hohenlohe-Schillingsfürst
1819-1901
Du auSans étiquette
PrinceBernhard von Bülow
1849-1929
Du auSans étiquette
Theobald von Bethmann Hollweg
1856-1921
Du auSans étiquette
Georg Michaelis
1857-1936
Du auSans étiquette
ComteGeorg von Hertling
1843-1919
Du auSans étiquette
PrinceMax de Bade
1867-1929
Du auSans étiquette

Forces armées impériales

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Articles détaillés :Forces armées de l'Empire allemand etKaiserliche Marine.

La confédération d'Allemagne du Nord entretient une force armée, le Reich en reprend le principe et les modalités d'organisation.

Le nombre de ses soldats est fixé par la constitution à 1 % de la population totale de l'Empire relevée lors du dernier recensement[37].

Le budget pour l'entretien de cette armée impériale est adopté par le parlement dans le cadre d'une programmation pluriannuelle et est fixé par la constitution à un montant par habitant de l'Empire à 225thalers par an et par homme mobilisé[37].

Empire colonial

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Article détaillé :Empire colonial allemand.
Apogée de l'empire colonial allemand en 1914.

L'Allemagne s’empare des actuelsCameroun,Togo,Tanzanie etNamibie en Afrique, ainsi que desîles Carolines,îles Marshall,îles Mariannes,Palaos,Nauru,îles Truk et de laNouvelle-Guinée allemande dans le Pacifique. Les populations de ces colonies sont condamnées aux travaux forcés et doivent fournir les matières premières pour l’industrie allemande.

L'Allemagne est en particulier intéressée par le potentiel agricole du Cameroun et confie à de grandes firmes le soin de l'exploiter et de l'exporter. Le chancelier Bismarck définit l'ordre des priorités comme suit : le marchand d'abord, le soldat ensuite. Ce serait en effet sous l'influence de l'homme d'affaires Adolph Woermann, dont la compagnie a implanté une maison de commerce àDouala, que Bismarck, d’abord sceptique sur l’intérêt du projet colonial, s'est laissé convaincre. De grandes compagnies commerciales allemandes (Woermann, Jantzen und Thoermalen) et compagnies concessionnaires (Sudkamerun Gesellschaft, Nord-West Kamerun Gesellschaft) s'implantent massivement dans la colonie. Laissant les grandes compagnies imposer leur ordre, l'administration se contente de les épauler, de les protéger, et de tenter d'éliminer les rébellions indigènes. L'Allemagne envisage de se bâtir un grand empire africain, qui relierait, à travers le Congo, le Kamerun à ses possessions d'Afrique orientale. « LeCongo belge, indique le ministre allemand des Affaires étrangères peu avant la Première Guerre mondiale, est une trop grande colonie pour un trop petit pays »[49].

La colonisation de la Namibie donne lieu au premiergénocide duXXe siècle. L’Allemagne impériale organise ladestruction systématique des populationsHéréros qui représentent alors 40 % de la population[50].

Notes et références

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Notes

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  1. En fait, la république de Weimar ne prend fin qu'en 1945, car l'Allemagne nazie n'a pas formellement abrogé laConstitution de Weimar ; cela n'a été fait officiellement qu'à l'issue de laSeconde Guerre mondiale, de fait par le général Eisenhower qui arrête les membres dugouvernement de Flensbourg le, puis par la mise en place de l'administration quadripartite alliée le qui suit. À titre d’exemple, le maréchalHindenburg resteprésident du Reich jusqu'à sa mort en, date à partir de laquelle, parplébiscite,Hitler cumule les fonctions de président du Reich et dechancelier du Reich, et se fait ainsi officiellement appelerFührer und Reichskanzler (transcription française communément utilisée : « Führer etchancelier du Reich »).
  2. Le troisième,Frédéric III, malade, n'ayant régné en 1888 que les cent jours qui ont précédé sa mort.
  3. Uniquement dans le cas où le Reich se trouve agressé. En 1914, la déclaration de guerre est approuvéea posteriori par les chambres.
  4. Rapidement, les partis politiques s'entendent pour faire barrage aux candidats socialistes.

Références

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  1. Kitchen 2011,p. 108.
  2. Christopher Clark,Histoire de la Prusse, Tempus, 2014,p. 105).
  3. (de)F.-W. Henning,Die Industrialisierung in Deutschland 1800 bis 1914, Paderborn, Schöningh,(ISBN 978-3-506-99161-4),p. 203 et suiv..
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  8. Jouanjan 2001,p. 401.
  9. Hamann 2015,p. 14 et 37.
  10. Hamann 2015,p. 14.
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  13. Christoph Conrad (de), « La naissance de la retraite moderne : l'Allemagne dans une comparaison internationale (1850-1960) »,Population,no 3,‎,p. 531-563(lire en ligne).
  14. Bureau fédéral de statistique 1912,p. 12,col. 2.
  15. a etbDauss 2004,p. 10.
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  19. Maulin 2003,1re part.,chap. 1er,n. 9.
  20. Flizot 2017,p. 134.
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  38. (de) « Gemeindeverzeichnis Deutschland 1900 », surgemeindeverzeichnis.de(consulté le).
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  46. (de)Benjamin Ziemann (en), « Religion, Konfession und säkulares Wissen »,Informationen zur politischen Bildung,no 329« Das Deutsche Kaiserreich 1871-1918 »,‎,p. 26-27.
  47. Lawrence Sondhaus,Naval Warfare 1815-1914(ISBN 0-415-21478-5).
  48. Hinzelin 1913,p. à préciser.
  49. Thomas Deltombe, Manuel Domergue, Jacob Tatsita,Kamerun !, La Découverte,.
  50. Anaïs Kien, « La Namibie, histoire d’une colonie allemande »[audio], surFrance Culture,.

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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