Cet article concerne le « Deuxième Reich » (1871-1918). Pour le « Premier Reich » (962-1806), voirSaint-Empire romain germanique. Pour l'Allemagne nazie (1933-1945), voirTroisième Reich.
Sur le plan politique, économique et social, l'Allemagne impériale est marquée par le développement d'une industrie de pointe, elle passe d'un État rural à un État industrialisé, et le système politique très décentralisé laisse la place à un ensemble avec une forte concentration des pouvoirs. Lesecteur tertiaire se développe, le commerce et la finance prennent une place plus importante. Les réparations de guerre de laFrance encouragent ce développement, qui sera toutefois temporairement ralenti par lekrach de 1873. La place de l'artisanat et de l'agriculture baisse dans le calcul duPIB. Les changements sociaux principaux de cette période sont l'exode rural, l'urbanisation et lacroissance démographique. Cependant, la noblesse garde son prestige et sa mainmise dans la diplomatie, l'armée, la politique et la haute administration[3].
En 1890, Bismarck est contraint à la démission. Le nouvelempereurGuillaume II mène un règne plus personnel, même s'il reste sous l'influence d'autres personnalités. Ses décisions prennent parfois une tournure incohérente ou imprévisible. Cette période est appelée fréquemment « ère wilhelminienne ».
La montée d'organisations et departis de masse ainsi que l'importance croissante de lapresse renforce le poids de ces derniers dans l'opinion publique. En réaction, le gouvernement mène une politique d'expansion coloniale et d'armement de la flotte très populaires pour compenser des politiques générales anti-sociales-démocrates. L'Allemagne renforce sa domination maritime et devient une puissance rivale des autres puissances coloniales dans le partage du monde, notamment avec leRoyaume-Uni. Mais elle reste isolée, ce qui n'éloigne donc pas le risque d'une guerre. Le jeu d'alliances dessert la stabilité de l'Europe en 1914. Première puissance militaire européenne, l'Empire allemand, contraint de gérer simultanément plusieurs fronts au cours de laPremière Guerre mondiale, est vaincu en 1918 et perd le soutien de la population.
à l’Allemagne nazie (1933-1945), appeléeTroisième Reich (« Drittes Reich »), voireReich Grand-Allemand (« Großdeutsches Reich ») à partirde 1943.
Aujourd'hui, si le terme « Reich » évoque en français pour la plupart des personnes leTroisième Reich, il sert tout autant dans la littérature historique à désigner l'Empire allemand. Sans précisions supplémentaires, « Empire allemand » désigne le régime politique de l'Allemagne de 1871 à 1918.
Pour désigner l'Allemagne de la période de 1871 à 1918 sous ses aspects culturels et sociaux, le terme d’Allemagne wilhelminienne est également utilisé, ce en référence aux noms des empereursGuillaume Ier (en allemand : « Wilhelm I. ») etGuillaume II (« Wilhelm II. »), deux des troisempereurs de cette période[b].
La fondation de l'Empire allemand (deutsche Reichsgründung) est effective le[5],[6],[7], avec l'entrée en vigueur[8] de la constitution provisoire publiée la veille[9].
Le rapport entre la confédération de l'Allemagne du Nord et l'Empire allemand est le sujet d'unecontroversedoctrinale opposant les défenseurs de la« continuité » (Rechtskontinuität) d'un même État à ceux de la« succession » (Rechtsnachfolge) de deux États[10].
L'Empire allemand résulte d'une extension de laconfédération de l'Allemagne du Nord, mise en place en 1867 après lapaix de Prague et dont la constitution est légèrement remaniée afin à la fois d'incorporer les États allemands du Sud du Main, mais aussi de donner une forme explicitement monarchique à la confédération[11].
Dès sa création, l’Empire est marqué par des crises graves. Bismarck voit un peu partout des ennemis du nouveau régime : lescatholiques regroupés dans le parti duZentrum et contre lequel il mène leKulturkampf ; lesPolonais de laprovince de Posnanie ; lesFrançais d’Alsace-Lorraine ; laLégion guelfe(en) duHanovre ; les socialistes qui se forment enParti social-démocrate (SPD). Après deux attentats contre l’empereur en1878 commis par des individus agissant seuls, Bismarck fait voter par les conservateurs et les libéraux duReichstag, le, uneloi qui interdit les associations socialistes, social-démocrates ou communistes visant le« renversement de l’autorité de l’État ou de l’ordre social établis », ainsi que leurs journaux, leurs rassemblements et leurs membres qui sont menacés d’exil.
En même temps, Bismarck mène unepolitique sociale visant à apaiser certaines revendications sociales et à diminuer l’audience de la social-démocratie : le, la loi sur l’assurance maladie est adoptée, puis en 1889 celle sur l'invalidité et la vieillesse[13].
Germania, l'allégorie nationale allemande, à la rescousse de la mère patrie entrant dans laPremière Guerre mondiale, sur une peinture de Friedrich August von Kaulbach en 1914. La légitimation donnée par lepangermanisme se heurte à l'esprit de revanche nourri par les Français.
Le, Bismarck soumet une demande de mise en congé à l’empereur en raison du conflit qui les oppose en politique extérieure. Deux jours plus tard, le, il est démis de ses fonctions de chancelier impérial et de ministre-président de la Prusse, et le généralLeo von Caprivi lui succède.
Le chancelier Caprivi ne prolonge pas la loi antisocialiste.
Le tricolore horizontal noir, blanc et rouge correspondait à la« politique de fer et de sang » du chancelierOtto von Bismarck.
Lors de la proclamation de l'Empire allemand, on vit le développement de nombreux drapeaux basés sur le tricolore noir, blanc et rouge, notamment des pavillons maritimes, des drapeaux coloniaux, des drapeaux officiels, des bannières royales et impériales.
Après avoir cherché à résoudre les profondes divergences d'opinion du public sur la question du drapeau, on en vint à un compromis, qui essayait d'exprimer des différences politiques inconciliables à l'aide de symboles communs. Le drapeau civil adopté fut le tricolore noir, blanc et rouge ; le drapeau d'État était le même, avec les armes de l'Empire au centre. Ces armes étaient constituées de l'aigle noir traditionnel avec des attributs rouges dans un écusson d'or.
Les bannières personnelles de la famille impériale avec le champ jaune d'or, les croix noires et l'écu médiéval au centre étaient utilisées lors des grandes occasions ou des déplacements impériaux (comme la visite de Guillaume II à Damas).
Inspiré du modèle de drapeau prussien, l'Empire allemand met lacroix de fer sur certains de ses drapeaux, dont le drapeau de l'empereur, celui de l'État et celui de l'Armée. Sur le drapeau de l'empereur, on peut voir la croix avec, en son centre, le blason de l'Empire et, sur ses extrémités, la devise allemande :Gott mit uns (« Dieu est avec nous »). Le drapeau de l'Armée, ayant une croix traversante noire, tirant un peu vers la droite, et ayant en son centre un cercle dans lequel se trouve l'aigle impérial, a la croix de fer dans un canton aux couleurs nationales.
Drapeau national et drapeau du commerce allemand.
Étendard de l'empereur.
Drapeau de guerre de la Marine impériale allemande.
Pavillon de beaupré des navires de guerre de Marine impériale allemande.
Drapeau de service d'État pour la Marine impériale allemande.
Sa position au centre est un avantage autant qu'un inconvénient. Le Reich est au carrefour des flux commerciaux ouest-est. Il contrôle donc les flux de marchandises qui vont deParis àSaint-Pétersbourg ou deMoscou àAmsterdam. Cependant, cette situation centrale révèle ses inconvénients lors de laPremière Guerre mondiale, l'Allemagne se trouvant encerclée par l'alliance franco-russe.
La construction politique voulue par Bismarck étend la constitution de la confédération d'Allemagne du Nord aux États au sud de la rivièreMain, garantissant auxÉtats fédérés une certaine autonomie interne dans un cadre fédéral.
Ces États fédérés sont tous des monarchies, à l'exception des trois villes hanséatiques. Les 25 États de l'Empire allemand, présidé par un« empereur allemand », exercent sur leur territoire la souveraineté et leurs monarques sont les détenteurs de la puissance publique, reconnue par la constitution impériale[23].
Quelques auteurs — tels August von Bulmerincq (1822-1890) etFrédéric de Martens (1845-1909)[24] — ont soutenu que l'Empire allemand était uneconfédération d'États[25]. Un auteur isolé — Albert von Ruville (1855-1934) — a soutenu que l'Empire allemand était unÉtat unitaire[24].
La constitution de l'Empire fait du roi de Prusse, président de la Confédération germanique, un empereur allemand en vertu de son article 11, dépositaire de la souveraineté dans le seul royaume de Prusse, chaque monarque, ou dans le cas des villes libres, chaque Sénat l'exerce sur son territoire[23].
Le titre officiel d'Empereur allemand (deutscher Kaiser) est l'unique titre honorifique[26] que laconstitution impériale du confère auroi de Prusse[27], en tant que porteur (Träger) de la Couronne de Prusse[28]. C'est un titre de fonction (Amtstitel)[26]. Il a été établi à l'initiative du roiLouis II de Bavière[29]. Il a été substitué à trois titres que laconstitution nord-allemande du distinguait[30] : celui de président (Präsidium) de la fédération[31], celui de généralissime (Bundesfeldherr) de l'armée de la fédération[32] et celui de commandant suprême de la marine militaire de la fédération[32].
Le seul pouvoir réel dont dispose l'empereur est la nomination du chancelier fédéral, responsable devant lui seul ; de plus, roi dans un cadre constitutionnel, il dispose du pouvoir de convoquer ou de proroger le Reichstag et le Reichsrat, ainsi que de la possibilité de clore leur session, mais ne dispose pas de droit de veto pour les lois adoptées par les chambres du parlement ; il veille également à l'application des lois de l'Empire et au bon fonctionnement de l'administration impériale[23].
À ces prérogatives restreintes sur le plan intérieur, l'empereur ajoute un certain nombre de prérogatives sur le plan international, celui de déclarer la guerre[c],[23] de signer des traités de paix, ou de recevoir les ambassadeurs accrédités auprès de lui.
De même, chargé de la politique étrangère de la fédération, il exerce le commandement des forces armées de l'Empire[23].
Dépendant directement de l'empereur, le chancelier impérial est nommé directement par ce dernier. Irresponsable devant les chambres, il est cependant garant du bon fonctionnement des institutions, en tant que président duBundesrat[33].
Seul ministre reconnu par la constitution fédérale, le chancelier s'entoure rapidement de secrétaires d'États en nombre sans cesse croissant, des offices impériaux. On en compte deux en 1871, leReichskanzleramt, chargé du Commerce, des Finances fédérales, de la Justice et des Postes, et l'Auswartiges Amt, chargé de la Politique étrangère de l'Empire. À partir de 1872, la chancellerie du Reich s'entoure de secrétaires d'État dans des domaines de plus en plus variés :Marine (1872),Chemins de fer (1873),Postes (1876-1880),Justice (1877),Intérieur, compétent également pour les Affaires économiques et sociales (1879),Trésor (1879) etColonies (1906)[34].
La loi du introduit des modifications dans l'édifice gouvernemental, permettant la création, en 1897, de services administratifs centraux, lesReichsämter ; ces derniers prennent rapidement la direction des affaires centrales, notamment la rédaction des lois soumises aux parlement[34]. À partir desannées 1880, les chefs de cesReichsämter siègent au cabinet prussien avec voix délibérative, permettant la prise en compte des intérêts de la confédération dans la gestion gouvernementale du principal des États de l'Empire[35].
Dans les faits, le chancelier exerce les fonctions de chancelier duroyaume de Prusse, sauf entre 1892 et 1894, période durant laquelle Leo von Caprivi doit abandonner le ministère prussien[33]. Il s'appuie sur le cabinet prussien dans la préparation des lois impériales : pour la majeure partie d'entre elles, ces lois sont rédigées par le cabinet prussien[34].
À côté du gouvernement, le parlement impérial vote les lois devant s'appliquer dans tout l'Empire. De ce fait, il constitue un autre facteur d'unité au sein du Reich confédéral[35].
Cependant, ce calcul se révèle vite erroné, les parlementaires dans leur totalité se positionnant rapidement en faveur de l'extension des droits du parlement impérial[36].
Composé de 397 membres, les membres du Reichstag sont élus pour trois, puis cinq ans après une loi d'Empire de 1888[35]. Les députés duReichstag sont élus au suffrage universel uninominal à un tour, un second tour étant organisé en cas deballottage[d],[35]. Au sein des États fédérés, les constitutions garantissent l'existence de chambre basse, mais les modalités de leur élection sont fixées par les constitutions de chacun des États : la composition de la chambre basse de chaque État peut ainsi ne pas se refléter dans la composition de la représentation envoyée par les électeurs de cet État au Reichstag[36].
Le parlement vote les lois de l'Empire ; il dispose également de la capacité d'amender les lois proposées par le chancelier fédéral. Aucun texte de loi ne pouvant être adopté sans l'accord du parlement, la chambre basse prend une importance de plus en plus grande dans le fonctionnement de l'Empire, dès la première législature, durant laquelle est transposé au cadre issu de la proclamation de l'Empire un certain nombre de dispositions adoptées par laconfédération de l'Allemagne du Nord[36].
De plus, le parlement vote le budget annuel de l'Empire, à l'exception du budget dans le cadre d'une programmation pluriannuelle, d'abord quadriennale, puis septennale à partir de 1874, puis quinquennale à partir de 1893[37].
Dans l'Empire allemand, la religion constituait l'un des principaux repères culturels selon lesquels les individus et la collectivité interprétaient et ordonnaient leur vie et la réalité sociale. Or, les sciences modernes venaient désormais flanquer la religion et parfois s'y substituer. Leur importance croissante était en grande partie due à l'expansion fulgurante des universités. Aux dix-neuf universités déjà existantes en 1871 vinrent s'ajouter celles deStrasbourg, deMünster et deFrancfort-sur-le-Main ainsi que 11 écoles techniques d'enseignement supérieur, issues des anciennes écoles polytechniques. Le nombre des enseignants et des étudiants connut une croissance encore plus marquée.
L'orientation des sciences sur la recherche, caractéristique du monde universitaire allemand depuis la réforme de l'université entreprise au début duXIXe siècle parWilhelm von Humboldt, se poursuivit sous de nouvelles formes avec la fondation en 1911 de laSociété Kaiser-Wilhelm et la création de quatre instituts de recherche fondamentale. C'est ainsi que, notamment dans les domaines de la physique et de la chimie, des hommes de sciences allemands occupèrent dès 1900 une position de premier rang au niveau mondial.Max Planck (1858-1947), le père de laphysique quantique, etAlbert Einstein (1879-1955), avec sathéorie de la relativité, bousculèrent les fondements de l'espace, du temps et de la matière, ouvrant la voie à lacosmologie moderne. Le zoologueErnst Haeckel (1834-1919) contribua beaucoup par ses écrits à la diffusion de lathéorie de l'évolution.Georg Simmel (1858-1918) etMax Weber (1864-1920) donnèrent des impulsions déterminantes pour l'interprétation de la société moderne et posèrent les fondements de la sociologie allemande.
Néanmoins, les antagonismes religieux entre catholiques et protestants ont contribué pour une part notable à la fragmentation de la société et du monde politique, entravant le développement d'une culture de la reconnaissance mutuelle et du compromis, si importante pour la mise en place d'une démocratie pluraliste[46].
L'Empire allemand avait une population de 56,3 millions d’habitants en 1900 et de 64,9 millions en 1910. Pourtant, le taux de natalité baisse : il passe de 35,6 pour mille en 1900 à 27,5 pour mille en 1913, tout comme la mortalité qui passe de 23 pour mille à 15 pour mille. La densité moyenne était de120 habitants par km² contre 75,9 en 1871. La population est une population jeune : en 1910, 34 % des Allemands ont moins de15 ans, alors que le quart seulement des Français appartient à cette tranche d'âge.
Les transformations économiques ont provoqué une véritable redistribution de la population. Ce sont surtout les régions rurales de l'Est et de l'Allemagne moyenne qui ont déversé leur trop-plein versBerlin, laRhénanie-Westphalie et les ports de lamer du Nord et de lamer Baltique.
Les migrations intérieures gonflent la population urbaine : 60 % des Allemands vivent, en 1910, dans des localités de plus de 2 000 habitants. Les48 villes de plus de 100 000 habitants (dont Berlin,Hambourg,Brême,Munich,Dresde,Stettin,Rostock etCologne) rassemblent le cinquième de la population totale.
L'expansion économique explique le ralentissement, de plus en plus marqué, de l'émigration. Le Reich devient même un pays d'immigration : les étrangers installés en Allemagne passent de 780 000 (1900) à 1 260 000 (1910). En 1910, lesPolonais constituent presque la moitié des étrangers ; 800 000 travailleurs saisonniers, desSlaves surtout, viennent fournir la main-d'œuvre nécessaire auxjunkers.
Lors du versement des cinq milliards de francs-or deréparation par la France en 1871, l'économie berlinoise fait un formidable bond en avant. Le« temps des fondateurs » de l'Empire (Gründerzeit) s'ouvre sur une orgie de constructions de styles plus qu'éclectiques. Lenéo-gothique et la brique triomphent : les flèches de cathédrale, les pignons crénelés qui hérissent les usines et les sièges sociaux des grandes entreprises font de leurs dirigeants de véritables« junkers citadins ». Le pont d'Oberbaum, le musée de la Marche, les tribunaux et les nouvelles mairies d'arrondissement, construites vers 1900, seront de la même facture. Parfois un chef-d'œuvre émerge, comme le labyrinthe de pierre du hall d'entrée de l'hôtel de ville de Köpenick (1903) ou les délicatescrénelures du tribunal administratif deWedding (1904) mélange de gothique flamboyant et deJugendstil (style jeunesse).
L'empereur allemand est le chef de l'armée et de la marine ; il promulgue les lois et dirige la diplomatie. Il nomme unchancelier impérial (Reichskanzler), qui n'est responsable qu'envers lui, c'est-à-dire qu'il ne dépend pas du parlement élu. C'est, en réalité, le chancelier qui est le maître absolu de l'administration impériale et du gouvernement, puisqu'il préside le Bundesrat ; ministre unique, il décide de l'orientation de la politique et il propose à l'empereur la nomination ou la révocation des secrétaires d'État, des hauts fonctionnaires qui dirigent selon ses ordres les administrations gouvernementales. Les chanceliers sont aussi ministres-présidents de la Prusse.
LeBundesrat, représenté des gouvernements des vingt-cinq États, qui compte soixante et un représentants, dont trois pour l'Alsace-Lorraine, présidée par le chancelier impérial. Elle vote les lois, élabore le budget et contrôle les finances. La Prusse y dispose d'une minorité de blocage et peut imposer son point de vue au reste de l'Empire.
LeReichstag est élu pour trois ans, puis à partir de 1888 pour cinq ans. Il représente le peuple, est élu ausuffrage universel mais n'a aucun moyen d'action sur le chancelier.
AuXIXe siècle, l'Empire ottoman – surnommé« l'homme malade de l'Europe » par l'empereur russeNicolas Ier en 1853, lors d'une conversation avec l'ambassadeur britannique – diminue territorialement, mais entame un processus de modernisation afin de retrouver sa puissance et sa prospérité d'antan.
En1913, la défaite ottomane lors de ladeuxième guerre balkanique amène lesJeunes-Turcs (Parti Union et Progrès) au pouvoir. Leur volonté de relever l'Empire les entraîne dans l'alliance avec l'Empire allemand.
Trois empereurs se succédèrent de 1871 à 1918.Guillaume Ier (1797-1888), roi dePrusse depuis 1861, n'avait tout d´abord pas voulu être empereur, s´adonna donc surtout à son royaume et ordonna àBismarck la direction de l'Empire allemand. À sa mort, son filsFrédéric III (1831-1888) monta sur le trône mais ne régna que quelques mois. On le disait favorable aulibéralisme mais frappé par la maladie il mourut avant d'entreprendre de vastes changements. Il en alla tout autrement pourGuillaume II (1859-1941). Lorsqu'il accède à la dignité impériale, il est âgé de 29 ans et régnera 30 ans sur la Prusse et le Reich. Jeune et impétueux, il aspire à gouverner par lui-même, et, en 1890, Bismarck finit par démissionner. Les chanceliers qu'il nommera par la suite ne seront que les instruments dociles de sa volonté. Dans ce Reich qui est encore une monarchie semi-féodale, l'empereur va imposer ses conceptions personnelles à des chanceliers et secrétaires d'État pusillanimes, choisis pour leur connaissance de labureaucratie plus que pour leurs qualités politiques.
Quatre royaumes, six grands-duchés, cinq duchés et sept principautés, ont, dans ce nouveau Reich, conservé d'importantes prérogatives. SiBerlin va progressivement devenir la capitale politique et économique de l'Allemagne, les capitales des États souverains perpétuent la tradition culturelle desResidenzstädte(de). Les rois deSaxe essayèrent de maintenir la grande tradition qui avait fait deDresde un des plus importants centres artistiques d'Allemagne. Le duc deSaxe-Meiningen pouvait se vanter d'accueillir dans sa résidence une des meilleures troupes de théâtre d'Allemagne.Munich était un des centres artistiques et intellectuels de tout premier plan qui cherchait à contrebalancer l'influence de Berlin.
Mais à côté de ces États brillants, dans lesquels se développait une vie politique active, existaient des États beaucoup plus rétrogrades, comme les deux duchés deMecklembourg (Schwerin etStrelitz), restés à l'écart des grandes transformations politiques et économiques duXIXe siècle.
Si les princes régnants surent demeurer très populaires parmi leurs sujets, c'est qu'ils incarnaient une légitimité parfois teintée du particularisme, comme enBavière, et qu'ils perpétuaient aussi une tradition culturelle qui s'opposait aux appétits hégémoniques de laPrusse. Par l'intermédiaire duBundesrat, ils surent mettre en échec les velléités centralisatrices du Reich.
Néanmoins, les grandes mutations que connut l'Allemagne dans les deux dernières décennies du siècle se firent sans eux. L'essor industriel, le développement des grands centres urbains, l'expansion commerciale ont modelé une Allemagne nouvelle, fort différente des traditions archaïques et désuètes que pouvait incarner l'Allemagne des Princes.
La confédération d'Allemagne du Nord entretient une force armée, le Reich en reprend le principe et les modalités d'organisation.
Le nombre de ses soldats est fixé par la constitution à 1 % de la population totale de l'Empire relevée lors du dernier recensement[37].
Le budget pour l'entretien de cette armée impériale est adopté par le parlement dans le cadre d'une programmation pluriannuelle et est fixé par la constitution à un montant par habitant de l'Empire à 225thalers par an et par homme mobilisé[37].
L'Allemagne est en particulier intéressée par le potentiel agricole du Cameroun et confie à de grandes firmes le soin de l'exploiter et de l'exporter. Le chancelier Bismarck définit l'ordre des priorités comme suit : le marchand d'abord, le soldat ensuite. Ce serait en effet sous l'influence de l'homme d'affaires Adolph Woermann, dont la compagnie a implanté une maison de commerce àDouala, que Bismarck, d’abord sceptique sur l’intérêt du projet colonial, s'est laissé convaincre. De grandes compagnies commerciales allemandes (Woermann, Jantzen und Thoermalen) et compagnies concessionnaires (Sudkamerun Gesellschaft, Nord-West Kamerun Gesellschaft) s'implantent massivement dans la colonie. Laissant les grandes compagnies imposer leur ordre, l'administration se contente de les épauler, de les protéger, et de tenter d'éliminer les rébellions indigènes. L'Allemagne envisage de se bâtir un grand empire africain, qui relierait, à travers le Congo, le Kamerun à ses possessions d'Afrique orientale. « LeCongo belge, indique le ministre allemand des Affaires étrangères peu avant la Première Guerre mondiale, est une trop grande colonie pour un trop petit pays »[49].
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