Du côté paternel, sa famille est originaire du village d'Authie, dans laSomme[10], un des arrière-grands-pères paternels d'Emmanuel Macron, Henri Macron (1894-1964)[11], ingénieurvoyer, étantmaire du village de 1953 à sa mort[12].Il a un fils, André Macron (1920-2010)[13], grand-père d'Emmanuel,cadre (chef de district) à laSNCF[14]. Son autre arrière-grand-père paternel est unBritannique, George Robertson (1887-1956)[15] venu deBristol pour combattre durant laPremière Guerre mondiale et héros de labataille de la Somme, et qui épouse Suzanne Leblond (1895-1973)[16], arrière-grand-mère paternelle d'Emmanuel Macron[17]. Ils ont trois filles, dont Jacqueline Robertson (1922-1998)[18], grand-mère paternelle d'Emmanuel Macron.
Sa famille maternelle est originaire deBagnères-de-Bigorre : ses deux arrière-grands-pères maternels, Fabien Noguès (1886-1959)[19],[20], charpentier[19], et Ernest Arribet (1889-1969)[19], valet de ferme[21], ainsi que ses grands-parents maternels, Jean Noguès (1914–2002)[22] et Germaine Arribet (1916-2013)[23], enseignants[24].
Il grandit dans le quartier résidentiel deHenriville à Amiens[26]. À l'âge de12 ans, il demande à êtrebaptisé contre l'avis de son père :« Je suis allé tout seul à l'église. Ce fut le début d'une période mystique qui a duré plusieurs années. Après quoi, je me suis éloigné de la religion »[27].
Emmanuel Macron explique sa passion pour les lettres par l'influence de sa grand-mère maternelle Germaine Noguès, une professeure de géographie puis directrice d'école, qu'il surnomme « Manette »[28],[29].
Emmanuel Macron n'effectue pas sonservice national en raison de la poursuite de ses études supérieures, qui reportent sa date d'incorporation. Né en décembre 1977, il appartenait aux dernières classes d'âge encore soumises à l'obligation de la conscription. Celle-ci a, en effet, été suspendue en 1996 pour« tous les Français nés après le ». Les derniers appelés (environ 4 380) ont quitté leur caserne en novembre 2001[47].
Il poursuit ses études à l'ENA àStrasbourg dans lapromotionLéopold-Sédar-Senghor (2002-2004)[48] de laquelle il sort classé5e[49]. Mais comme l'un des sujets de l'examen final avait déjà été abordé par certains élèves, leConseil d'État annule le classement final de cette promotion, unrecours[50] ayant été déposé par75 élèves, dont Emmanuel Macron[51],[52]. Pour la première fois depuis la création de l'ENA, une promotion sort donc sans classement final[53], mais cette décision n'aura d'influence ni sur l'affectation d'Emmanuel Macron à l'Inspection des finances[54] ni sur les autres élèves de la promotion[51]. Il fait partie des étudiants militant pour le choix deSenghor comme nom de promotion[55]. À l'ENA, il effectue un stage de six mois à l'ambassade de France àAbuja auNigeria[55],[56], puis un autre à la préfecture de l'Oise[57].
En 2007, il bénéficie duGerman Marshall Fund, qui lui permet de découvrir les États-Unis, pays où il effectue par la suite un stage pour la banque Rothschild[58].
Des éléments de sa biographie publiés dans les médias font l'objet d'incertitudes et de contradictions[59]. Ainsi, Emmanuel Macron semble avoir entretenu pendant un certain temps l'ambiguïté sur un prétendu passage par l'École normale supérieure[60]. Par ailleurs, il indique avoir réalisé unmémoire sur l'intérêt général, en rapport avec laphilosophie du droit deHegel, sous la direction d'Étienne Balibar, mais ce dernier déclare ne pas avoir de souvenir ni de trace de cet épisode[61],[43], précisant : « Peut-être s'agit-il d'une censure inconsciente, je ne sais pas »[62].
Brigitte Trogneux est uneprofesseur de lettres classiques de vingt-quatre ans et huit mois son aînée[68], qui a eu trois enfants d'une union précédente avec André-Louis Auzière (dont elle estséparée depuis 1994 etdivorcée depuis 2006)[69]. Emmanuel Macron l'a rencontrée en 1993, au cours d'un atelier de théâtre qu'elle animait dans sonlycée, alors qu'il était âgé de quinze ans et en classe de seconde[70],[71],[72].
Vie privée
Religion
Il se définit commeagnostique[73], déclarant en même temps :« Aujourd'hui, j'ai une réflexion permanente sur la nature de ma proprefoi. Mon rapport à la spiritualité continue de nourrir ma pensée mais je n'en fais pas un élément de revendication[74]. »
En 2004, à l'issue de ses études à l'ENA, il intègre le corps de l'Inspection générale des finances (IGF)[54],[82]. Emmanuel Macron devient l'un des protégés deJean-Pierre Jouyet qui dirige alors l'IGF[83]. Il participe notamment à des missions sur la « valorisation de la recherche »[84],[85], la « fraude aux prélèvements obligatoires et son contrôle »[86] et « la répartition des prélèvements obligatoires entre générations et la question de l'équité intergénérationnelle »[87]. Alors qu'il est inspecteur des finances, Macron enseigne l'économie[88] durant l'été à la « prep'ENA » dugroupe privé IPESUP[89],[90],[91]. Il enseigne également au sein de la classe préparatoire aux concours de la haute fonction publique de l'Institut d'études politiques de Paris, où il est chargé d'un cours deculture générale[88],[92].
Laurence Parisot lui propose en 2006, le poste de directeur général duMouvement des entreprises de France (MEDEF), qu'elle préside, mais Emmanuel Macron décline l'offre, tout en restant en étroit contact avec celle-ci[93].
Emmanuel Macron est co-rapporteur de la commission sur les professions dudroit en 2008[97].
Il démissionne de l'Inspection des finances en 2016. En tant qu'énarque, il devait dix ans de services à l'État ; n'en ayant effectué que six (ses deux ans comme ministre n'étant pas comptés), il doit s'acquitter de la somme de 54 000 €[98].
Il est promu, fin 2010, associé-gérant au sein de la banque, après avoir travaillé sur la recapitalisation du journalLe Monde et sur le rachat parAtos deSiemens IT Solutions and Services[105]. À l'âge de33 ans seulement, Emmanuel Macron bat ainsi le record de jeunesse d'âge deGrégoire Chertok. Cette ascension rapide apparaît étonnante à certains commentateurs[101], surtout au vu de la différence de bilan entre les deux hommes[106].
La même année, il est nommé gérant et dirige l'une des plus grosses négociations de l'année, le rachat parNestlé de la filiale « laits pour bébé » dePfizer,Wyeth Nutrition[96]. Cette transaction, évaluée à plus de neuf milliards d'euros, lui permet de devenirmillionnaire[71],[100]. François Henrot dira de lui qu'« il aurait été, s'il était resté dans le métier, un des meilleurs en France, sans doute même en Europe »[99]. Le surnom de « Mozart de la finance »[107], parfois utilisé une fois le banquier entré en politique, est cependant critiquée par certains observateurs, car son bilan demeure relativement mince[96],[106]. La journalisteMartine Orange, auteur deRothschild, une banque au pouvoir, indique qu'Emmanuel Macron avait été recruté pour son carnet d'adresses[101].
Entre, date de sa nomination comme associé-gérant, et, celle de son arrivée à l'Élysée comme secrétaire général adjoint, Emmanuel Macron indique avoir gagné2 millions d'euros brut[108]. Selon ses déclarations de revenus et de patrimoine faites à laHaute Autorité pour la transparence de la vie publique, il a gagné plus de2,5 millions d'euros bruts entre 2009 et 2013.
Parcours politique
Débuts (1990-2012)
Militantisme au MDC
À la fin des années 1990, pendant près de deux ans, il milite auMouvement des citoyens (MDC) deJean-Pierre Chevènement[108], sans pour autant que son adhésion à ce parti soit établie[109]. Alors àSciences Po, il effectue un stage au cabinet deGeorges Sarre, maire du11e arrondissement de Paris et proche de Chevènement[110]. Il participe à la campagne de celui-ci pour lesélections municipales de 2001 à Paris[111] et vote pour Jean-Pierre Chevènement au premier tour de l'élection présidentielle de 2002[112]. Il explique :« Autant ladeuxième gauche m'a inspiré sur le social, autant je considère que son rapport à l'État reste très complexé. Je me suis toujours interrogé sur le rôle de l'État, et c'est pour cette raison que je me tourne, plus jeune, vers Jean-Pierre Chevènement ». À la suite du, il considère que l'échec deLionel Jospin et duParti socialiste (PS) s'explique notamment par l'incapacité de la gauche à tenir un discours de fermeté sur les questions de sécurité[109].
Engagement au sein du Parti socialiste
Proche du PS à partir de 2006, les affirmations selon lesquelles il en aurait été membre jusqu'en 2009[71],[113],[114],[g] ont été démenties par la suite[115]. Il collabore également, à partir de 2006, avec lafondation Jean-Jaurès[113], qui en est proche. Par l'intermédiaire deJean-Pierre Jouyet, il rencontre en 2006François Hollande, auprès duquel il s'engage à partir de 2010[71]. Lors de l'élection présidentielle de 2007, il fait partie du groupeles Gracques, composé d'anciens patrons et de hauts fonctionnaires, qui appelle à une alliance entreSégolène Royal etFrançois Bayrou[116],[117]. D'aprèsAnne Fulda,« il dit [en 2016] ne pas se souvenir pour qui il a voté au premier tour mais a déposé un bulletin Ségolène Royal dans l'urne au second »[25]. Selon Raphaëlle Bacqué, Ariane Chemin et Ivanne Trippenbach du journalLe Monde, Emmanuel Macron affirme avoir voté pour François Bayrou au premier tour en 2007[112].
Nicolas Prissette indique :« Dès les premières semaines du quinquennat, le secrétaire général adjoint de34 ans retient l'attention du microcosme : jeune, sémillant, atypique, pas très à gauche. Les journaux lui consacrent des articles. On s'intéresse davantage à ce personnage qu'au secrétaire général Pierre-René Lemas, qui occupe pourtant le poste clé parmi tous les autres, au cœur du pouvoir »[129].
L'été 2012, l'ancienne cellule économique de l'Élysée, dont Macron est devenu le plus haut gradé, étudie un passage temporaire aux37 heures, jusqu'à la fin 2014, avec un bilan prévu pour voir si les Français peuvent repasser aux35 heures, étudie une concentration des hausses d'impôts sur les plus hauts revenus, ainsi que le maintien de la défiscalisation des heures supplémentaires. Ces propositions sont déclinées par François Hollande[130].
Emmanuel Macron est notamment l'un des artisans[131],[132], voire à l'origine[133] ducrédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi et dupacte de responsabilité et de solidarité[134]. Concernant ce dernier, il s'oppose à Nicolas Revel, chargé des questions sociales, sur l'opportunité d'inscrire le projet dans lecollectif budgétaire voté avant l'été 2014[135]. La presse fait également état de dissensions avecPhilippe Léglise-Costa, conseiller de François Hollande chargé des questions européennes, ce que ce dernier dément régulièrement[136] ; la revueContexte indique notamment qu'en 2013, il perd un conflit avec celui-ci alors qu'il plaide« pour une stratégie coup-de-poing face à laCommission européenne, qui réclame à cor et à cri le respect des3 % »[137]. Il contribue par ailleurs au choix de l'Élysée de ne pas légiférer sur les salaires des patrons et de privilégier un code de bonne conduite[138]. Il confie avoir songé à quitter son poste à l'automne 2013, estimant que laréforme des retraites présentée par l'exécutif n'était« pas à la hauteur »[116]. Il apparaît dans la liste des invités à la réunion dugroupe Bilderberg de 2014[139] en sa qualité de secrétaire général adjoint de la présidence de la République.
Le, l'Élysée annonce qu'il quitte le cabinet de François Hollande et queLaurence Boone reprend les dossiers économiques et financiers. Son titre et rang protocolaire de secrétaire général adjoint de l'Élysée ne sont en revanche pas conférés à celle-ci, qui ne reprend que le titre de chef du pôle économie et finance[141],[142]. Les observateurs expliquent son départ par ses déceptions de ne pas entrer dans lepremier gouvernement de Manuel Valls et de ne pas obtenir gain de cause sur l'approfondissement des réformes engagées par le gouvernement[135], ou encore par l'arrivée comme secrétaire général deJean-Pierre Jouyet, plus au fait des questions économiques, financières et européennes que son prédécesseurPierre-René Lemas[140],[62]. Alors qu'il espérait récupérer le poste de secrétaire général, il est également déçu de la décision de François Hollande de nommer ce dernier à la tête de laCaisse des dépôts et consignations[62].
Jouyet indique qu'Emmanuel Macron quitte le cabinet de la présidence« pour mener des projets personnels dans les domaines de l'enseignement et de la recherche »[143]. Il cherche, selon les sources, soit à créer une société de conseil financier[144],[62], soit un système multidisciplinaire pour évaluer les élèves[145], soit un fonds d'investissement pour des projets innovants dans le domaine de l'éducation[62], soit aller dans laSilicon Valley monter une entreprise d'enseignement sur internet[146]. Il obtient un poste universitaire à l'université de Berlin au début de l'été 2014 et, avec l'aide d'Alain Minc, le titre deSeniorResearch fellow enéconomie politique à laLondon School of Economics pour y devenirmaître de conférences enpolicy-mix européen ; il se rend une fois par semaine à Londres et Berlin donner des cours[147]. Il cherche également, par l'intermédiaire dePhilippe Aghion, à obtenir un poste à l'université Harvard[62],[66]. Après avoir visité des start-up en Californie avecXavier Niel[58], il s'installe quelques semaines dans les locaux de BDGS, le cabinet d'Antoine Gosset-Grainville, dont il est proche et qui affirmera plus tard :« À l'époque, il essayait de monter une start-up dans le conseil stratégique. Il nous a demandé de l'accompagner sur les aspects juridiques »[148].
Ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique
L'OCDE estime que les mesures d'Emmanuel Macron généreront une hausse duPIB « de 0,3 % à un horizon de cinq ans et de 0,4 % à un horizon de10 ans »[166]. À l'été 2016,Ludovic Subran, chef économiste de l'assureurEuler Hermes, estime à seulement un « demi-dixième de point » (soit 0,05 %) l'apport de la loi Macron à la croissance de la France[167]. Elle a pour mesure phare lalibéralisation du marché desautocars longue distance, dits « autocars Macron »[168],[169].
Emmanuel Macron en juillet 2015 lors d'un sommet franco-chinois àToulouse.
En, Emmanuel Macron fait passer la part de l'État dans le capital deRenault de 15 % à près de 20 %, sans en avertir lePDG,Carlos Ghosn. Il impose ensuite l'application de la nouvelle loi Florange qui permet de donner un droit de vote double aux actionnaires« historiques », ce qui confère à l'État laminorité de blocage. Devant les remontrances deNissan qui s'inquiète de cette progression au capital, l'État s'accorde à limiter sa puissance au sein de Renault et s'interdit d'agir chez Nissan[171]. En mai 2016, Emmanuel Macron appelle Carlos Ghosn à revoir sa rémunération de 2015 à la baisse en menaçant de« légiférer »[172]. Cet épisode dégradera durablement le climat de confiance au sein de l'allianceRenault-Nissan[173].
Au cours de son ministère, Emmanuel Macron laisse faire — accordant le feu vert gouvernemental — ou pilote la vente de secteurs industriels-clés à des sociétés étrangères, agravant la désindustrialisation de la France et une perte de souveraineté, dans des domaines parfois stratégiques[174],[175],[176],[177]. En 2016, en acquérant l'équipementier télécomsAlcatel-Lucent, le groupe finlandaisNokia s'offresa filiale championne mondiale descâbles sous-marins mais supprime 600 emplois en France[174],[177]. Le fleuron des services parapétroliersTechnip, issu de l'Institut français du pétrole en 1958, fusionne début 2017 avec la sociététexaneFMC Technologies pour formerTechnipFMC[175]. Trois plus tard, l'entreprise est scindée :TechnipFMC conserve les brevets et la rentable activité pétrolière sous-marine en laissant à la nouvelle entité française,Technip Energies, les projets à risques, l'ingénierie déclinante et des procès à venir[175],[178],[176]. Entre 2014 et 2025, sous les ministères et présidences de Macron, des groupes américains ont acquis 1 570 entreprises françaises pour une valeur de 130 milliards de dollars, des groupes suisses 346 entreprises pour 58 milliards et des groupes britanniques 967 pour 48 milliards[174]. En 2015, Macron autorise la privatisation partielle de 49 % du capital de l'aéroport de Toulouse-Blagnac à des acquéreurs privés étrangers. Le bilan de cette cession est sévèrement critiqué par laCour des comptes dans un rapport publié en novembre 2018. En avril 2019, la cour administrative d'appel estime que la procédure de cession a été irrégulière[179].
Les salariés licenciés de l'usine Ecopla enIsère, cédée à un groupe italien en 2016, lui reprochent son inaction, tandis que le députéPierre Ribeaud déplore« une absence de prise de conscience » de sa part[180]. Interrogé sur ce sujet, Emmanuel Macron reconnaît« des échecs » et« des limites à l'action publique » :« le rôle des responsables politiques, ce n'est pas de démontrer en toutes circonstances des capacités, des protections que parfois ils n'ont plus »[180].
Selon l'enquêteUber Files menée par un consortium de médias, les communications internes de la start-upUber montrent qu'elle a déployé entre 2014 et 2016 une activité intense et en grande partie secrète delobbying pour faire évoluer favorablement la réglementation et la législation en sa faveur. Emmanuel Macron est en relation directe avec le PDGTravis Kalanick et les lobbyistes de Uber, qu'il rencontre à de nombreuses reprises et en secret, et intervient à la grande satisfaction de la start-up[h] en court-circuitant les décisions de ses collègues du gouvernement et des députés socialistes[181],[182]. En 2017, le lobbyiste qui avait quitté l'entreprise était devenu conseiller senior de son conseil d'administration quand il prend part à lacampagne d'Emmanuel Macron et à la création deLREM avec d'autres personnes impliquées dans les discussions avec Uber :Astrid Panosyan-Bouvet (cofondatrice de LREM), Julie Bonamy (ancienne spécialiste du numérique de LREM) ou Fabrice Comptour (considéré par Uber comme l'un de ses meilleurs soutiens au sein de l'exécutif européen)[183].
En novembre 2014, Emmanuel Macron autorise l'achat de la branche énergie d'Alstom par l'entreprise américaineGeneral Electric (GE). Plus tôt, l'entreprise avait promis au gouvernement de créer environ un millier d'emplois en France, d'ici fin 2018[184],[185]. Dès janvier 2016, le groupe annonce pourtant la suppression de765 emplois en France, au siège de Levallois et dans les activités réseaux électriques[186]. Lorsque fin août 2016, GE annonce la fermeture du site d'Alstom àBelfort, Emmanuel Macron commence à s'attirer des critiques, y compris de la part del'Élysée, de son prédécesseurArnaud Montebourg et deMichel Sapin, son successeur et ancien collègue àBercy, qui déclare qu'il« avait levé le pied depuis un an »[187],[188],[180]. Emmanuel Macron quant à lui condamne la décision d'Alstom de fermer le site, affirmant que la question d'une fermeture à Belfort n'avait jamais fait partie des discussions de 2015 entre Alstom et le Gouvernement et qu'il a agi sur le dossier en 2015 pour« éviter un plan social et des licenciements »[189].
Mediapart souligne qu'à Bercy, Emmanuel Macron s'est« privé de plusieurs moyens d'influencer les décisions stratégiques du groupe Alstom, surtout lors du rachat par le groupe américain General Electric de ses activités énergie — il a notamment refusé de se servir d'un décret, adopté en mai 2014, permettant à l'État de s'opposer à une prise de contrôle d'une entreprise française par un groupe étranger. Il a également donné à General Electric un avantage décisif dans les coentreprises détenues par les deux groupes »[180]. En 2016, Emmanuel Macron met en cause« une surcapacité du secteur ferroviaire français » et affirme que l'idée de sauver Alstom« uniquement par la commande publique, c'est une fausse piste sur le moyen et long terme »[190].
Cette « affaire Alstom » affecte ensuite la présidence Macron[176],[177],[174]. General Electric annonce en octobre 2017 la suppression de350 postes à Grenoble, en juin 2018 un renoncement définitif à sa promesse de création de 1000 postes[185] et en mai 2019 la suppression de 1 050 emplois en France[184]. La gestion du dossier par Emmanuel Macron est alors régulièrement l'objet de critiques[191], reliant notamment l'affaire Alstom avec ladésindustrialisation de la France et un déficit de stratégie à long terme[192],[193],[194],[195]. Emmanuel Macron est accusé par le députéPierre Lellouche d'avoir « présidé » la destruction d'un fleuron de l'industrie française en tant que secrétaire général adjoint de l'Élysée puis ministre de l'économie. Emmanuel Macron affirme cependant n'avoir appris le projet de vente à General Electric qu'en avril 2014 lors d'une fuite dans la presse[196],[197],[198], et il déclare le lors d'une audition à l'Assemblée nationale : « Le gouvernement a été mis devant le fait accompli. Les entreprises discutaient depuis plusieurs mois dans le plus grand secret. […] Le gouvernement s'est trouvé face à un projet totalement ficelé »[196],[199],[198]. En 2019,Alain Marleix, députéLR et ancien président de la commission d'enquête parlementaire sur les décisions de politique industrielle de l'État, saisit le parquet de Paris en mettant en cause Emmanuel Macron[200]. Dans sondiscours de Belfort du 10 février 2022, Emmanuel Macron soutient le rachat par EDF à General Electric des anciennes activités nucléaires d'Alstom, dont la turbine Arabelle, composant essentiel des centrales nucléaires et considérée comme un « joyau » technologique français[191],[201],[202].
Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l'Ifop, relève qu'« en quelques mois à peine, d' à, la proportion de Français qui ne le connaissent pas passe de 47 % à 18 %. Gagner trente points de notoriété en quelques mois, c'est tout à fait exceptionnel »[204]. Il organise son premier meeting en mars 2015, dans leVal-de-Marne[205].
Tout en donnant l'apparence de la loyauté envers le président de la République, il prend régulièrement ses distances avec celui-ci à partir de son entretien à l'hebdomadaireLe 1 du[206]. En avril 2015,Le Monde estime qu'à travers ses prises de parole, Emmanuel Macron« assume désormais son social-libéralisme en pleine lumière, même si son cabinet réfute tout changement d'attitude ou de discours »[207]. Fin 2015, il hésite à quitter le gouvernement en raison duprojet de réforme sur la déchéance de la nationalité, avec lequel il exprime son désaccord ; il y renonce car celui-ci« ne fait pas partie de [son] périmètre ministériel »[208].
En, il dépose à l'Élysée et à Matignon un projet de loi, dit « Macron 2 » ou « nouvelles opportunités économiques » (NOÉ), qui est annulé par un arbitrage de l'exécutif[209],[167],[210].Manuel Valls s'oppose tout particulièrement à ce qu'il présente ce nouveau projet de loi, dont le contenu est confié à d'autres ministères[209]. En février 2016, dans le cadre d'une réunion aupalais de l'Élysée visant à arbitrer le contenu duprojet de loi El Khomri, il accepte de s'effacer au profit de la ministre du Travail, à condition que le projet de loi comprenne deux dispositions qu'il avait prévu d'inclure dans le sien : la réécriture du licenciement économique et le plafonnement des indemnités prud'homales. SiMyriam El Khomri proteste et obtient alors gain de cause selon plusieurs témoignages, ces mesures sont finalement intégrées peu après dans le texte[210],[209]. Selon son conseiller en communicationGaspard Gantzer, qui lui fait cette proposition, François Hollande envisage de le nommer Premier ministre en février 2016[211],[212]. DansLes Leçons du pouvoir, François Hollande indique à ce sujet :« J'écarte d'emblée ce scénario, non par défiance envers lui mais parce que j'estime que Manuel Valls remplit loyalement son rôle et que je ne dois pas bouleverser l'équipe qui avait tenu le choc du terrorisme »[212]. Au contraire, il est rétrogradé dans l'ordre protocolaire du gouvernement à l'occasion du remaniement réduit de février 2016, à l'initiative de Manuel Valls[213],[214]. Alors que Manuel Valls entre en situation de concurrence directe avec lui dès la fin de l'année 2015, les deux hommes occupant un espace politique similaire, un sondageOdoxa teste pour la première fois les intentions de vote en sa faveur pour l'élection présidentielle en janvier 2016[206].
Le, à Amiens, il fonde le partiEn marche (qui reprend ses propres initiales, « E.M. »), qu'il veut « transpartisan » et qu'il définit comme étant à la fois de droite et de gauche[215],[216]. Avec cette initiative, il assume pour la première fois son ambition de se présenter à uneélection présidentielle[217]. Plusieurs députés lui apportent alors leur soutien[218]. Il est alors entouré d'anciens collaborateurs et soutiens deDominique Strauss-Kahn, qui trouvent en lui« un honorable produit de substitution » et le suivront sous sa présidence[219]. Ce lancement s'accompagne de tensions avecFrançois Hollande sur la question de la loyauté d'Emmanuel Macron à son égard[216], et d'une dégradation de ses relations avec le Premier ministreManuel Valls[220]. Emmanuel Macron entretient également de mauvais rapports avecMichel Sapin, ministre des Finances et des Comptes publics[66],[145],[221], mais aussi avec les secrétaires d'ÉtatAxelle Lemaire (numérique), dont il a la tutelle, etChristian Eckert (budget)[222]. Bénéficiant alors d'une très bonne image dans l'opinion, il voit celle-ci se dégrader enjuin 2016, après une altercation filmée avec des syndicalistes et une polémique autour de son paiement de l'impôt sur la fortune (ISF)[223],[224]. Plusieurs journaux (L'Express,Les Échos,Le 1,L'Opinion) soutiennent plus ou moins ouvertement son action[67].
Le 8 mai 2016, il est invité par le maire d'Orléans,Olivier Carré, à présider lesfêtes johanniques, organisées chaque année pour célébrer lalibération de la ville parJeanne d'Arc[225]. Dans son discours, il établit un parallèle implicite entre la vie de Jeanne d'Arc et sa propre trajectoire[226],[227]. En août 2016, il devient le premier ministre d'un gouvernement socialiste à se rendre auPuy du Fou, où il déclare qu'il n'est« pas socialiste »[228].
Démission
Son départ du gouvernement de Manuel Valls est évoqué à plusieurs reprises par la presse à partir de l'été 2015[229]. Il aurait envisagé de démissionner en janvier 2016, après l'annulation de son nouveau projet de loi, puis après le meeting qu'il organise le, au lendemain duquel Manuel Valls demande son renvoi à François Hollande[209],[230]. Lors de son entretien du, François Hollande déclare qu'Emmanuel Macron est tenu à la « solidarité » gouvernementale et à la nécessité de « servir jusqu'au bout » sans « démarche personnelle et encore moins présidentielle »[229]. Le, il démissionne de ses fonctions de ministre pour se consacrer à En marche[231],[232]. Il est remplacé parMichel Sapin[233]. François Hollande confie alors qu'Emmanuel Macron l'a « trahi avec méthode »[234]. Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron déplore le fait que le gouvernement ait « fait beaucoup de choses à moitié », contrairement à ce qu'il préconisait[235]. D'après un sondage de l'Ifop, 84 % des Français approuvent alors le choix d'Emmanuel Macron de quitter ses fonctions ministérielles[236].
SelonLes Décodeurs duMonde, le résultat des réformes lancées par Emmanuel Macron pour « libérer la croissance » est difficilement perceptible[i],[167]. Leproduit intérieur brut (PIB) a ainsi « connu des variations irrégulières », avec du « mieux » — 0,6 % de croissance au premier trimestre 2015 et 0,8 % de croissance au premier trimestre 2016 — et du « moins bon » — 0 % de croissance aux deuxièmes trimestres des années 2015 et 2016[167]. Par ailleurs, le nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A est passé de 3,41 millions lors de sa prise de fonction à 3,51 millions lors de son départ du gouvernement[167].
Emmanuel Macron ayant déclaré en octobre 2016 que la France a besoin d'un chef de l'État « jupitérien »[264] sur le modèle deCharles de Gaulle etFrançois Mitterrand (par opposition au« président normal » queFrançois Hollande entendait incarner), les médias reprennent largement cette métaphore — en le qualifiant de président jupitérien, voire en le surnommant « Jupiter » —[265] pour évoquer le début de sa présidence et les symboles auxquels il recourt (marche vers lapyramide du Louvre le soir de son élection, remontée desChamps-Élysées en véhicule militaire, tentative de sélectionner la presse accréditée pour les voyages officiels, invitation deVladimir Poutine àVersailles[266]). Le chercheur Alexandre Eyries estime qu'Emmanuel Macron « affiche un retour aux sources de laVe avec un pouvoir exécutif absolu »[267],[268].
Le début du quinquennat d'Emmanuel Macron est marqué par l'affaire Richard Ferrand, du nom du ministre de la Cohésion des territoires, accusé deconflits d'intérêts, et par des accusations d'emplois fictifs visant leMoDem, parti deFrançois Bayrou, tout juste nommé ministre de la Justice[269]. Ces révélations interviennent en pleine préparation d'une loi sur la « moralisation » de la vie politique portée par François Bayrou[270]. Sous le feu des critiques, celui-ci,Sylvie Goulard etMarielle de Sarnez ne sont pas reconduits lors de la formation dusecond gouvernement Philippe, à la suite des élections législatives[271],[272].
Mesures économiques
Emmanuel Macronen 2017.
Au début de sa présidence, il fait principalement voter des réformes enmatière fiscale et endroit du travail[273]. Le quotidienLe Monde indique que si Emmanuel Macron souhaitait à la fois « libérer » l'économie et « protéger » les Français, le premier objectif a « pris le pas » sur le second[274].
Il fait également sortir les valeurs mobilières et les placements (actions, assurance-vie…) de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qu'il remplace par l'impôt sur la fortune immobilière (IFI), au périmètre plus limité[275]. Cette mesure, qui coûte 3,2 milliards d'euros au budget français alors qu'elle profite à seulement 300 000 personnes, contribue à sa perception dans l'opinion comme le « président des riches »[276]. Il annonce également la suppression de la taxe visant les Français transférant leur domicile fiscal hors de France (exit tax)[277]. D'après une étude réalisée en 2018 par l'OFCE, les mesures économiques d'Emmanuel Macron auront un effet quasi-nul sur le pouvoir d'achat des classes moyennes et les ménages les plus pauvres verront leur niveau de vie se réduire, alors que les 2 % des Français les plus aisés gagneront 42 % de l'augmentation attendue par l'exécutif[278],[279].
Dans son rapport publié en décembre 2020, le comité d'évaluation des réformes de la fiscalité duSénat indique que les réformes du début du quinquennat sur la fiscalité du capital « ont eu comme corollaire un enrichissement très marqué des 0,1 % les plus fortunés ». Lesdividendes ont augmenté de 60 % en 2018, et cette tendance à la hausse se poursuit en 2019. La fortune des 0,1 % de Français les plus riches s'est ainsi accrue de 25 % entre 2017 et 2019[280].
LaCour des comptes fait part de son scepticisme sur la politique budgétaire menée par l'exécutif, qui suscite en outre l'hostilité d'une majorité de la population[281],[282],[283],[284],[285]. En 2019, leFonds monétaire international (FMI) exprime son inquiétude sur le mécontentement social et sur le niveau d'endettement de la France (98 % du PIB), indiquant que « la dette française a augmenté au cours des dernières années et [que] le pays dispose de peu de marge de manœuvre en cas de crise »[286],[287]. Cependant, ledéficit de 2017 à 2019 se maintient sous les 3 % du PIB, avant une brusque dégradation avec la pandémie de Covid-19[288]. En tout, durant son premier mandat, le poids de la dette publique s'accroit de600 milliards d'euros en cinq ans pour atteindre 2 950 milliards, soit 44 000 euros par Français. L'endettement de l'État franchit la barre symbolique des 100 % du PIB[289],[290].
Selon les chiffres officiels, le chômage au sens duBIT a baissé jusqu'à 7,8 % de la population active (horsMayotte) au premier trimestre 2020, soit son niveau le plus bas depuis lacrise économique de 2008[291]. Emmanuel Macron voit dans cette baisse « l'efficacité des politiques conduites » notamment pour « réduire la peur d'embaucher » (« flexi-sécurité », réforme de l'assurance-chômage, « investissement dans les compétences » ou développement de l'apprentissage et l'alternance)[292]. Cependant, des commentateurs avancent un simple reflet de conjoncture mondiale, ou l'effet des mesures prises par son prédécesseurFrançois Hollande[293]. Enfin, certaines théories, parfois soutenues par des opposants politiques, prétendent que cette baisse est due à des chiffres manipulés, ou à une hausse des radiations, ce que dément l'INSEE[294]. Pendant la crise du Covid-19, le taux de chômage remonte légèrement[291].
En dépit d'une baisse moins marquée que sur la période précédente, le déclin industriel de la France se poursuit avec la perte de 16 000 emplois salariés entre début 2017 et fin septembre 2021[295]. Pour le quotidien conservateurThe Daily Telegraph, « gonflé par ses politiques fiscales confiscatoires et malgré ses politiques commerciales protectionnistes, l'État français n'a pas réussi à empêcher la descente de ses régions industrielles vers un déclin terminal »[296].
Réformes de l'Éducation nationale
En matière d'éducation, Emmanuel Macron met en place un programme prévoyant des classes deCP à douze élèves dans les écoles défavorisées[l],[297],[298], fait voter l'interdiction des téléphones portables dans les écoles et les collèges[299],[300], ainsi qu'unenouvelle formule du baccalauréat, qui doit comprendre une part de contrôle continu à partir de 2021[301],[302], malgré l'opposition duConseil supérieur de l'éducation du[303]. Après legrand débat national, il annonce qu'aucune nouvelle fermeture d'école n'aura lieu pendant son quinquennat sans l'accord des maires[304],[305].
Politique d'administration de la justice
Sa présidence est marquée par plusieurs polémiques sur l'indépendance de la justice. Il propose, dans un discours prononcé devant leConseil constitutionnel le, une réforme de la justice[306]. En novembre 2018, des magistrats dénoncent une « reprise en main politique duministère public » avec son choix de nommerRémy Heitz commeprocureur de Paris, contre les candidats retenus par la ministre de la JusticeNicole Belloubet[307],[308]. Sa décision de suspendre le volet sur l'indépendance du parquet de larévision constitutionnelle ainsi que les perquisitions médiatisées au siège deLa France insoumise interrogent l'opposition[309]. En octobre 2019, il est interpellé après la diffusion d'une note confidentielle du ministère de la Justice envisageant de maintenir ou supprimer des postes de juges d'instruction en fonction des résultats allant être obtenus par La République en marche auxélections municipales de 2020[309],[310].
Lesélections sénatoriales de 2017 constituent la première défaite électorale d'Emmanuel Macron[312]. Initialement, La République en marche espérait doubler son nombre de sénateurs, mais ses espérances sont progressivement revues à la baisse, notamment en raison de l'annonce par le gouvernement de coupes budgétaires aux collectivités territoriales[313]. Le scrutin, auquel participent essentiellement des grands électeurs élus lors des municipales de 2014, est un sévère échec pour le parti présidentiel, qui ne parvient pas à remporter de sièges supplémentaires[314],[315]. Ce résultat complique le projet de réforme constitutionnelle d'Emmanuel Macron, car, pourréviser la Constitution, il faut que les deux chambres approuvent le même texte, et que le projet soit appuyé par une majorité de trois cinquièmes des parlementaires (députés et sénateurs)[316].
Auxélections européennes de 2019 — dans la campagne desquelles Emmanuel Macron s'implique fortement[317] —, laliste de la majorité présidentielle arrive en deuxième position avec 22 % des voix, un point derrière celle duRassemblement national, mais parvient à rallier une part significative de l'électoratLes Républicains[318]. Lors desélections municipales de 2020, la majorité ne remporte aucune métropole : àParis, pourtant longtemps jugée gagnable,Agnès Buzyn n'arrive qu'en troisième position, tandis que dans d'autres grandes communes les candidats LREM perdent en dépit de nombreuses alliances avec la droite, notamment face àEurope Écologie Les Verts[319],[320]. Cet échec de l'implantation territoriale du parti présidentiel se poursuit à l'occasion des électionsrégionales etdépartementales de 2021, LREM et ses alliés n'obtenant aucune région et ne jouant pas de rôle décisif au second tour[321].
Lors de la campagne présidentielle de 2017, la réforme des retraites est l'un des sujets du programme d'Emmanuel Macron[330], qui souhaite réformer lesystème par répartition en place. Lancé à la fin de l'année 2019, leprojet de réforme fait face à unimportant mouvement social et se voit repoussésine die en mars 2020 du fait de la pandémie de Covid-19[331]. En juillet 2021, Emmanuel Macron annonce qu'il souhaite que la réforme puisse garantir un minimum de 1 000 euros par mois, tout en prenant en compte la difficulté des métiers, mais aussi qu'il faut allonger le temps de travail « parce que nous vivons plus longtemps » et mettre fin aux « 42 régimes différents », facteur selon lui d'inégalités majeures[332],[333].
Évolution de sa cote de popularité
Évolution de la popularité d'Emmanuel Macron de à.
Emmanuel Macron voit sa cote de popularité de début de mandat s'établir à un niveau compris entre 45 % (selon Elabe) et 62 % (selon l'Ifop) de satisfaction[334]. Sa popularité est ainsi sensiblement inférieure à celles de ses prédécesseurs au début de leur mandat[335],[336].
À l'été 2017, les instituts de sondage font état d'une baisse de sa popularité dans une proportion jamais vue depuisJacques Chirac en 1995[337],[338]. Selon l'Ifop, sa cote de satisfaction connaît une baisse de24 points de pourcentage en trois mois[339],[340]. Plusieurs éléments sont avancés par les sondeurs pour expliquer ce phénomène quasi inédit sous laVe République[341] : mise en place par l'exécutif d'unepolitique de rigueur ; difficulté à satisfaire sur la durée son électorat, composé à la fois de sympathisants de droite et de gauche ; déclarations jugées humiliantes envers le chef d'État-Major des armées,Pierre de Villiers[340],[342]. Dans une tribune publiée par leNew York Times, Chris Bickerton, maître de conférences à l'université de Cambridge, désigne son « attitude arrogante à l'égard du pouvoir » et le « vide de son projet politique » comme raisons de sa perte de popularité[343],[344].
Sa chute de popularité est particulièrement marquée chez les catégories populaires (ouvriers et employés), alors qu'il avait déjà réalisé ses moins bons résultats chez celles-ci au premier tour de la présidentielle ;Jérôme Fourquet de l'Ifop etChloé Morin de lafondation Jean-Jaurès considèrent que « pour l'essentiel, c'est l'insécurité économique, que la politique menée est perçue comme aggravant davantage, ainsi que le sentiment d'injustice sociale, nourri par un certain nombre d'annonces fiscales récentes, qui sont à l'origine de la fracture qui se dessine entre le représentant d'une France « en marche » et celle qui se sent de moins en moins prise en compte voire, aux dires de certains, méprisée »[345].
Emmanuel Macron aux cérémonies du.
De novembre 2017 à janvier 2018, les sondages indiquent une hausse continue de sa popularité[346],[347],. SelonBrice Teinturier, ce regain donne une « grande originalité » à la courbe de popularité d'Emmanuel Macron au regard de celles de ses prédécesseurs ; il l'explique par les réformes qu'il mène, le respect de la plupart de ses promesses de campagne et la faible structuration de l'opposition à son égard[348]. Un sondage Odoxa de décembre 2017 indique que la proportion d'opinions favorables à son égard s'établit à 54 %, mais qu'il reste considéré à 67 % comme le « président des riches »[349],[350] ; le même institut indique en février 2018 que 69 % des Français le considèrent comme éloigné des intérêts de la France rurale[351].
Cependant, à l'été-automne 2018, il atteint ses plus faibles cotes de popularité, étant crédité de 21 à 34 % d'opinions favorables, soit un niveau plus faible que celui du Premier ministre,Édouard Philippe, et souvent inférieur à celui de ses prédécesseurs au même moment de leur présidence[352]. SelonFrédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop, l'affaire Benalla a été un « déclic pour déclencher une vague de jugements négatifs » mais c'est la politique économique d'Emmanuel Macron qui serait la principale source de mécontentement : d'après lui, « Macron n'est plus seulement dénoncé comme le président des riches mais comme celui qui s'attaquerait aux pauvres, celui dont la politique nuirait auxclasses moyennes »[352]. Il souffre également de l'usage d'expressions qui passent pour arrogantes ou traduisant un mépris de classe[m] et de ses critiques envers les Français lors de déplacements à l'étranger[353],[354].
En, l'universitaire Bruno Cautrès, sur la base d'un sondage BVA, identifie quatre groupes de Français dont les attitudes diffèrent à l'égard d'Emmanuel Macron[355] :
un premier qui « partage une forte adhésion à sa personne » en valorisant principalement sa « stature présidentielle », mais qui « ne pèse que 6 % des électeurs », réunissant « davantage des hommes que de femmes, des électeurs jeunes (18-24 ans) ou des seniors (plus de65 ans), des retraités, des cadres supérieurs ou des travailleurs indépendants » ;
un deuxième qui « est celui d'un soutien positif mais plus modéré à Emmanuel Macron », représente 26 % des Français interrogés par BVA et« partage plusieurs traits avec le groupe des « macronistes convaincus » » en étant « plus diversifié » ;
un troisième présenté comme celui des « opposants modérés », se situant « plutôt à gauche », regroupant « 41 % des personnes interrogées, soit le groupe le plus nombreux », « avant tout composé de catégories sociales intermédiaires ou populaires (ouvriers), de chômeurs, plutôt des femmes que des hommes, des 35-49 ans ou des étudiants » ;
un quatrième présenté comme celui des « opposants convaincus », plutôt proches duRN, deLFI, plus rarement d'autres partis de gauche, représentant 27 % des personnes interrogées, « composé de classes moyennes plutôt basses, de catégories populaires (ouvriers, employés), ou de petits indépendants, généralement âgés ou retraités » et peu favorables à l'intégration européenne.
Lapandémie de Covid-19 et leconfinement qui s'ensuit lui permettent dans un premier temps de connaître une hausse de popularité inédite sous sa présidence, même s'il reste en deçà du niveau d'opinions favorables de ses débuts. Cependant, peu avant le déconfinement, en mai 2020, sa cote s'érode à nouveau alors que celle d'Édouard Philippe continue de croître, dépassant celle du chef de l'État de façon encore plus nette qu'auparavant.Pascal Perrineau, directeur duCEVIPOF, explique cette situation par son « hyperprésidence » et une « dimension personnelle » : alors que le président est avant tout perçu comme « arrogant », « autoritaire » et « changeant », le chef du gouvernement est vu davantage comme « rassurant », « tenace » et « authentique »[356].
En, une nette majorité de Français se dit insatisfaite du bilan d'Emmanuel Macron, selon un sondageYouGov[357]. En mars 2024, Emmanuel Macron satisfait 28 % des Français et en mécontente 72 %. Selon Frédéric Dabi, directeur de l'Ifop, « le mécontentement très vif à l'égard du président se concentre principalement sur l'Ukraine et la question de l'envoi de troupes » occidentales au sol[358]. En octobre 2024, sa cote de confiance tombe à 17 % se situant en dessous de son niveau lors de la crise des « gilets jaunes »[359].
Le, trois premiers cas demaladie à coronavirus 2019 (Covid-19), unvirus découvert le mois précédent dans la ville deWuhan (Chine), sont recensés en France[360]. Alors que le nombre de malades se multiplie, Emmanuel Macron, en concertation avec l'opposition, décide de maintenir le premier tour desélections municipales au. Au lendemain d'un vote marqué par un taux d'abstention record, Emmanuel Macron annonce, afin de stopper ladiffusion exponentielle du virus, que la population seraconfinée à domicile à partir du lendemain et que tous les lieux recevant du public considérés comme non indispensables à la vie seront fermés ; il déclare à plusieurs reprises quele pays est « en guerre » et fait savoir que le second tour des municipales est repoussésine die.
Le, l'Élysée annonce qu'Emmanuel Macron a été testé positif à la Covid-19[361]. Un dîner ayant eu lieu la veille du diagnostic suscite une polémique pour avoir réuni plus de six convives, seuil maximal recommandé par le président lui-même, bien que les règles de distanciation physique aient été respectées selon l'Élysée[362]. Le président de la République s'isole alors àLa Lanterne, àVersailles, où il continue de travailler. Après sept jours d'isolement, la présidence annonce qu'il ne présente plus de symptômes, ce qui lui permet de regagner le palais de l'Élysée[363],[364].
En, face à une nouvelle augmentation du nombre de cas, un second confinement national est décrété par Emmanuel Macron.
Unecampagne de vaccination se met en place, mais l'Union européenne souffre de lenteurs administratives importantes. Le, en raison d'effets secondaires aigus sur plusieurs personnes dans le monde et à la suite d'une décision similaire de l'Allemagne, le président de la République annonce que la France suspend la vaccination par levaccin AstraZeneca en attendant la recommandation officielle de l'Agence européenne des médicaments (AEM)[365], qui émet finalement une recommandation en faveur du vaccin[366].
Le, alors qu'il avait refusé un troisième confinement national à la fin du mois de janvier précédent contre notamment l'avis duConseil scientifique Covid-19[367],[368], Emmanuel Macron annonce l'extension des mesures de confinement déjà en vigueur dans seize départements à tout le territoire métropolitain, ainsi que la fermeture des crèches, écoles, collèges et lycées[369]. Il fait lever progressivement les restrictions sanitaires à compter du suivant. SelonLe Monde, son choix de reporter les mesures réclamées dès janvier par des scientifiques a généré plus de 14 000 décès et 112 000 hospitalisations supplémentaires[370].
Les mesures décidées par l'exécutif, similaires à celles prises dans de nombreux pays, ont desconséquences économiques, sociales et environnementales importantes et font peser des incertitudes sur lesdroits fondamentaux de la population. En contrepartie, Emmanuel Macron multiplie les aides publiques aux entreprises et aux particuliers, sa formule du « quoi qu'il en coûte » — qui s'absout du principe d'équilibre des finances publiques — devenant leleitmotiv du gouvernement[371]. Elle se traduit notamment par des déficits et une dégradation des finances publiques[295].
Le, souhaitant rendre maximale l'incitation de la vaccination contre la Covid, Emmanuel Macron annonce l'extension de l'obligation de présentation d'un « passe sanitaire » à de nombreux lieux de la vie quotidienne (bars, restaurants, hôpitaux, trains et bus pour les trajets de longue distance, etc.)[372]. Ces annonces, considérées comme un moyen de rendre la vaccination obligatoire de fait et réduisant la liberté de chacun, entraînent de nombreuses manifestations dans le pays[373],[374]. LaDéfenseure des droits,Claire Hédon, émet des réserves concernant leprojet de loi et pointe de nombreux points allant à l'encontre deslibertés publiques[375],[376]. Le projet suscite de nouveau de vives réactions et nombreuses manifestations d'opposition[377],[378]. Le 5 août, après adoption par le Parlement, le Conseil constitutionnel ne juge pas inconstitutionnelles l'extension du passe sanitaire et la vaccination obligatoire pour le personnel soignant, mais censure l'isolement obligatoire des malades, de même que la rupture anticipée d'unCDD ou d'un contrat d'intérim en cas de non-présentation du passe[379].
Emmanuel Macron suscite une crise diplomatique avec laPologne en, alors qu'il souhaite modifier le statut destravailleurs détachés contre la volonté du gouvernement polonais : il déclare que« la Pologne n'est en rien ce qui définit le cap de l'Europe » et que« le peuple polonais mérite mieux » que la position adoptée par sa présidente du Conseil des ministres,Beata Szydło[380],[381],[382] ; en retour, celle-ci dénonce l'« arrogance » du président français, ajoutant qu'il devrait essayer d'« avoir les mêmes résultats économiques et le même niveau de sécurité de ses citoyens que ceux garantis par la Pologne »[382].
En,Angela Merkel, présentée comme sa principale alliée, s'oppose publiquement à son souhait de doter lazone euro d'une capacité budgétaire. La chancelière allemande voit dans ce projet le risque que les pays du Sud de la zone relâchent leur effort budgétaire[383].
Sur lacrise migratoire, Emmanuel Macron fait face à l'opposition de plusieurs pays européens hostiles à l'accueil de migrants, dont la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et l'Autriche[384],[385]. Fin 2018, il qualifie les dirigeants hongrois et polonais d'« esprits fous » qui « mentent à leur peuple »[386]. L'opposition entre Emmanuel Macron etViktor Orbán est soulignée par les médias, qui indiquent qu'ils essaient de reconfigurer la vie politique européenne autour de leurs figures respectives[387].
En vue des élections européennes de 2019, il fait publier une tribune dans les28 pays de l'UE, mais celle-ci reçoit un accueil mitigé : la Commission européenne rappelle que plusieurs des propositions du président français sont déjà en place tandis que plusieurs États jugent ses mesures confuses ou irréalistes[388],[389].
En 2019,Le Figaro relève que le budget de la zone euro reste très mince, qu'aucun mécanisme de stabilisation en cas de crise économique n'a été mis en place, que le projet français de taxe sur les géants du numérique n'a pas abouti et que la France est isolée sur la question duBrexit[390]. En effet, Emmanuel Macron se montre parmi les plus intransigeants sur la question du retrait du Royaume-Uni, ce qui l'isole au sein des dirigeants européens et fait dire à la presse britannique qu'il est le principal responsable de l'enlisement des négociations entre le Royaume-Uni et l'UE[391],[392],[393].
Il échoue à établir des listes transnationales auxélections européennes de 2019[394]. En juin et juillet 2019, alors que l'influence française se trouve réduite au sein de laneuvième législature du Parlement européen, il fait en sorte d'écarter de la course à la présidence de la Commission européenne la candidature deManfred Weber, pourtant désignéspitzenkandidat par le PPE, arrivé en tête du scrutin. Cette attitude lui vaut des critiques[Qui ?] sur sa conception de la démocratie européenne et les reproches de plusieurs de ses partenaires européens, notamment de l'Allemagne et de la Belgique, sur une gestion jugée peu diplomatique et solitaire[390]. Il suggère à Angela Merkel le nom d'Ursula von der Leyen, finalement désignée[395]. En octobre 2019, fait inédit pour la France, le Parlement européen rejette la candidature deSylvie Goulard car elle faisait l'objet dedeux enquêtes pour des soupçons d'emplois fictifs. Emmanuel Macron l'avait proposée pour devenir commissaire européenne dans lacommission Von der Leyen[396],[397].
Longtemps réticent à un nouvelélargissement de l'Union européenne, préférant« approfondir » l'UE à 27, il acte son changement de position lors du sommet de Bratislava du forum Globsec le 31 mai 2023 : il soutient les candidatures des pays des Balkans occidentaux, ainsi que l'ouverture de négociations officielles en vue d'uneadhésion de l'Ukraine etde la Moldavie[398].
Politique étrangère et diplomatie
Emmanuel Macron etDonald Trump lors d'un sommet de l'OTAN, en 2018.
Le, il s'élève contre la décision deDonald Trump de retirer les États-Unis de l'accord de Paris sur le climat, lors d'une allocution télévisée qu'il prononce en français puis en anglais[n],[399],[400]. Il conclut son intervention en paraphrasant le slogan de campagne du président américain Trump (« Make America Great Again », également slogan de la campagne victorieuse deRonald Reagan en 1980) par « Make our Planet Great Again », une formule qui fait le tour du monde[401] et bat le record de partages surTwitter pour un compte français[402].
En novembre 2018, Emmanuel Macron évoque l'idée d'une armée européenne, ce qui lui attire les critiques du président américain alors que l'entente entre les deux hommes était jusqu'ici soulignée[403],[404].
En novembre 2017, il s'investit dans la crise auLiban, où le Premier ministreSaad Hariri avait démissionné, sous la pression de l'Arabie saoudite selon certains[405].
Dans le cadre de laguerre civile syrienne, Emmanuel Macron reste sur une ligne proche de celle deFrançois Hollande[406],[407] : il réaffirme son soutien à l'opposition syrienne[408],[409] mais change cependant de rhétorique en affirmant ouvertement ne pas vouloir faire de« la destitution deBachar el-Assad une condition préalable à des discussions. […] Daech est notre ennemi, Bachar est l'ennemi du peuple syrien »[410],[411],[412],[406],[413].
Élu peu après l'attaque chimique de Khan Cheikhoun, Emmanuel Macron déclare, le, qu'une nouvelle utilisation d'armes chimiques en Syrie serait une « ligne rouge » qui, si elle était franchie, ferait l'objet d'une « riposte immédiate »[414]. Une semaine après l'attaque chimique de Douma du, la France participe à desbombardements contre des sites liés au programme d'armement chimique syrien[415]. Emmanuel Macron affirme alors que la France détient des « preuves » de l'usage d'armes chimiques contre des civils par le régime de Bachar el-Assad[416]. Cette riposte est soutenue par leParti socialiste, mais condamnée par leFront national etLa France insoumise, tandis queLes Républicains sont divisés[417],[418],[419]. Parmi eux, plusieurs personnalités appellent à la divulgation des « preuves » évoquées par Emmanuel Macron et dénoncent une intervention sans mandat de l'ONU ni vote du Parlement[416],[420].
Plusieurs analystes notent la perte d'influence de la France sur le continent africain[296] en compétition notamment avec la diplomatie russe[421] ou chinoise[422]. Confrontée à des pays comme la Chine, l'Inde ou l'Allemagne, la France voit son influence s'éroder, en particulier sur les plans économique et commercial[423].
AuMali, confronté à l'hostilité de la junte au pouvoir[424], Emmanuel Macron est contraint d'annoncer en 2022 le retrait des troupes françaises du pays[425]. Cette décision sonne la fin de l'opération Barkhane et, selon Rémi Carayol, illustre « l'échec de la France à sortir de cette guerre par le haut »[426].Renaud Girard considère également, qu'au bout de huit ans, l'opération Barkhane n'a pas obtenu de « résultat patent »[427].
Lors de son premier discours à l'ONU, le, Emmanuel Macron défend une vision« multilatéraliste » des relations internationales[428].
En mars 2019,Michelle Bachelet,haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, demande une enquête sur les cas rapportés d'« usage excessif de la force » etviolences policières face aumouvement des Gilets jaunes. Le Gouvernement français s'étonne de trouver la France sur une liste qui comporte desrégimes autoritaires comme leSoudan, leZimbabwe et leVenezuela qui torturent ou tuent des manifestants, affirmant qu'en France aucun mort n'est à déplorer. Michelle Bachelet invite le Gouvernement français à dialoguer avec les manifestants, et rappelle que « même dans des États prospères, des gens se sentent exclus des bénéfices du développement et privés de droits économiques et sociaux »[429],[430].
En mai 2025, Emmanuel Macron reçoit le président syrienAhmed al-Charaa à l'Élysée, dans un contexte où les exactions contre les minorités et les violences confessionnelles se sont multipliées[434],[435]. Cette visite est décrite comme « un exercice d'équilibrisme diplomatique » pour le président français[436].
En septembre 2019, il effectue une visite officielle dans les septparoisses de la principauté, suivant la « règle non écrite » qui veut que les présidents français se rendent toujours une fois en Andorre au cours de leur mandat[441],[437]. Il est le premier président français à avoir un portrait officiel spécifique à sa fonction de coprince[442].
Durant sa présidence,les sondages le donnent quasi-systématiquement en tête du premier tour et réélu au second mais avec une avance plus faible qu'en 2017[444].
Selon les médias, il prépare sa candidature à un second mandat à partir du début de l'année 2021[445],[446]. Alors qu'il défend son bilan dans des allocutions télévisées consacrées à la pandémie de Covid-19 et formule des promesses de réformes, l'opposition demande le décompte de son temps de parole en vue de l'élection présidentielle à venir[447]. Le contexte électoral est marqué par un débat grandissant sur laconcentration des médias, qui lui serait favorable[448],[449],[450]. En outre, la campagne intervient en pleineprésidence française du Conseil de l'Union européenne[451],[452].
Dans un entretien auParisien en janvier 2022, il dit avoir « envie » d'être candidat[453]. Son entourage fait savoir qu'il ne participera pas aux débats organisés entre les candidats au premier tour de l'élection[454]. Le, Emmanuel Macron annonce dans uneLettre aux Français sa candidature à un second mandat de président de la République, à la veille de la clôture des candidatures par leConseil constitutionnel où il rassemble 2 098 parrainages d'élus. Le slogan desa campagne est « Avec vous », selon le site préfigurant sa candidature lancé discrètement le[455].
La Commission nationale de contrôle de la campagne électorale en vue de l'élection présidentielle lui reproche d'utiliser son compte officiel de chef de l'État sur Twitter pour faire campagne[456]. Le 7 mars, il confirme également son refus de participer à un débat avant le premier tour lors de son premier déplacement à Poissy[457]. SelonLibération, le président craint notamment une confrontation directe avecPhilippe Poutou, ne voulant pas être pris pour cible par le candidattrotskiste commeFrançois Fillon l'avait été lors du précédent scrutin[458],[459],[460].
Au soir du, il arrive en tête du premier tour avec 27,85 % soit une progression de 3,8 % par rapport à 2017. Il devance une nouvelle fois la candidate du RNMarine Le Pen (23,15 %). Il bénéficie d'un appel au report de voix d'une partie des candidats de gauche (Yannick Jadot,Fabien Roussel etAnne Hidalgo) face à sa concurrente soutenue par la droite souverainiste (Éric Zemmour,Nicolas Dupont-Aignan).
Ledébat d'entre-deux-tours opposant Emmanuel Macron et Marine Le Pen a lieu le mercredi surTF1,France 2,BFM TV,France Info,LCI etCNews, dans des conditions très proches de celles du débat d'entre-deux-tours de 2017[461]. Auparavant, le président par intérim du Rassemblement nationalJordan Bardella, avait déjà débattu des principaux sujets de l'entre-deux-tours avec le ministre de l'IntérieurGérald Darmanin sur BFM TV le 13 avril et avec le ministre de la SantéOlivier Véran sur LCI le 18 avril[462]
Le, au soir du second tour de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron est réélu président de la République face à Marine Le Pen, avec un score annoncé de 58% des voix[463]. Il reçoit les félicitations de chefs de gouvernement étrangers, tels queBoris Johnson,Olaf Scholz, et de la présidente de la Commission européenne,Ursula von der Leyen[464]. LeConseil constitutionnel proclame un résultat de 58,55 %, soit 18 768 639 voix, contre 41,45 % et 13 288 686 voix pour Marine Le Pen[465]. Emmanuel Macron est ainsi le premier président de laVe République à être réélu depuis l'instauration de l'élection présidentielle au suffrage universel, hors période decohabitation[466],[o].
La deuxième cérémonie d'investiture d'Emmanuel Macron a lieu le samedi 7 mai 2022 aupalais de l'Élysée, en présence du gouvernement et de nombreux invités. Son second mandat débute officiellement le 14 mai suivant, à0 heure[467].
Il reçoit la démission du premier ministreJean Castex et nommeÉlisabeth Borne comme nouveau chef du gouvernement, qui devient la deuxième femme à occuper ce poste aprèsÉdith Cresson.
Échec à reconduire une majorité absolue à l'Assemblée nationale
Les élections législatives qui suivent son élection voient l'opposition de gauche s'unir au sein de laNouvelle Union populaire écologique et sociale avec l'objectif de pousser Emmanuel Macron à une cohabitation avecJean-Luc Mélenchon[468]. Lors du premier tour du scrutin, la NUPES fait jeu égal avec la majorité du président regroupée dans la coalitionEnsemble[469], avec un score d'environ 26%. LeRassemblement national obtient de son côté son meilleur score à un scrutin législatif avec 18,68% des suffrages[470].
Les projections en sièges des sondages de l'entre-deux tours laissent entrevoir la possibilité qu'Emmanuel Macron puisse perdre sa majorité. Le président et les membres de sa coalition concentrent dès lors toutes leurs attaques sur la NUPES et son programme de gouvernement[471],[472]. Emmanuel Macron rompt finalement avec lefront républicain lors d'une prise de parole improvisée sur le tarmac d'Orly[473] au cours de laquelle il refuse de donner une consigne de vote dans les circonscriptions où le second tour oppose un candidat de la NUPES à un candidat RN, réclamant plutôt « une majorité solide » au nom de « l'intérêt supérieur de la nation »[474]. Cette déclaration est vivement critiquée par les membres de la NUPES qui appellent à faire barrage en sa faveur lors du scrutin présidentiel deux mois auparavant[475].
Aucune des deux coalitions ne parvient à obtenir lamajorité absolue mais Emmanuel Macron dispose d'unemajorité relative de députés[476], une situation similaire à celle deFrançois Mitterrand lors de sapropre réélection. Toutefois, l'élection de89 députés du Rassemblement national, dans unmode de scrutin historiquement défavorable à l'extrême droite, questionne certains observateurs sur sa responsabilité dans ce score historique en refusant clairement d'appeler à voter pour les candidats de la gauche face aux candidats nationalistes, alors qu'il affirmait que son premier mandat ne donnerait plus aucune raison de « voter pour les extrêmes »[477],[478],[479].
Difficultés de gouvernance
Après les élections législatives, Élisabeth Borne présente ladémission de son gouvernement à Emmanuel Macron — démission traditionnelle à la suite d'unscrutin législatif — mais celui-ci la refuse « afin que le gouvernement puisse demeurer à la tâche », une première dans l'histoire de laVe République[480]. Après avoir reçu les différents présidents de groupe de la nouvelle assemblée, le président se dit prêt à ouvrir le gouvernement aux partis d'oppositions, à l'exception duRassemblement national mais aussi deLa France insoumise, qu'il considère tous deux comme « ne s'[inscrivant] pas comme des partis de gouvernement »[481]. Cette proposition est rejetée par les différents partis.
Les débuts de lanouvelle législature sont houleux, la Première ministre refusant de solliciter la confiance des députés[482]. L'absence de majorité absolue du camp présidentiel combinée à l'absence de consensus avec les oppositions voit le gouvernement utiliser plus d'une vingtaine de fois le controverséarticle 49.3 de la Constitution pour valider ses projets de lois sans vote au Parlement[483]. Bien que des motions de censure soient à chaque fois déposées par la NUPES d'une part et le Rassemblement national d'autre part, le refus desRépublicains de voter une quelconque motion permet au gouvernement de se maintenir[484].
La presse et les observateurs évoquent dès la mi-mars 2023 une « crise sociale et politique » liée à la longueur et la dureté dumouvement social contestant la réforme des retraites et la décision de déclencher pour la onzième fois en moins d'un an l'article 49.3 pour la faire adopter sans vote, ce qui est sans précédent pour une réforme des retraites[485],[486]. Emmanuel Macron refuse notamment de rencontrer les syndicats, qui demandent à être reçus par le président[487].
Pour tenter de « reprendre la main », il laisse sa Première ministre les recevoir début avril mais ceux-ci ne restent qu'une petite heure avec elle.Laurent Berger, le numéro un de la CFDT affirme alors que cette « crise sociale est en train de se transformer en crise démocratique ». L'entourage du président a immédiatement contesté cette vision des choses[488] et mis en avant le fait que ce projet de réforme des retraites avait, lors de l'élection présidentielle, été « porté, expliqué et assumé » par le président français. Les tensions sont telles que par mesure de sécurité et pour éviter les provocations, la visite en France du nouveauroi du Royaume-UniCharles III, prévue fin mars est reportée, en concertation avec les autorités anglaises[489].
Le 14 avril 2023, leconseil constitutionnel déclare la réforme conforme à la Constitution. Dans les heures qui suivent, Emmanuel Macron promulgue la loi, qui est aussitôt inscrite auJournal officiel[490] et annonce sa seconde allocution télévisée en un mois, pendant laquelle desconcerts de casseroles ont lieu dans de nombreuses villes de France[491],[492] puis au cours de ses déplacements officiels dans les semaines qui suivent[493],[494],[495],[496].
Le 27 juin 2023,Nahel Merzouk, un jeune franco-algérien de17 ans est abattu à bout portant par un policier àNanterre. La version policière, présentant cette mort comme consécutive à unrefus d'obtempérer et l'usage de son arme par le policier comme un cas delégitime défense, est contredite dans les heures qui suivent par la diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux et le témoignage des deux passagers. L'événement provoque de violentes émeutes dans les jours qui suivent, considérées comme dépassant en intensitécelles de 2005[497]. Jugeant la mort de Nahel « inexplicable » et « inexcusable »[498], Emmanuel Macron évoque auprès des policiers mobilisés dans les émeutes l'idée de sanctionner financièrement les familles de délinquants « à la première connerie »[499] et de couper les réseaux sociaux lors des épisodes de violences urbaines voire de les obliger à supprimer tout contenu appelant à la révolte[500], proposition vivement critiquée par l'opposition[501].
Au cours des émeutes, de multiples signalements de violences policières ont lieu, pour lesquels la France est épinglée dans les jours qui suivent par l'ONU, leConseil de l'Europe etAmnesty International[502]. L'un d'entre eux prend de l'ampleur au cours du mois de juillet, celui d'un jeune homme de22 ans du nom de Hedi àMarseille, passé à tabac par des policiers et frôlant la mort. La mise endétention provisoire des policiers suspects provoque une fronde de certains de leurs collègues qui se mettent enarrêt maladie indus, réclamant un statut spécial en cas d'accusations pour des faits effectués dans le cadre de leurs missions[503]. Ledirecteur général de la police nationaleFrédéric Veaux et lepréfet de ParisLaurent Nuñez apportent leur soutien aux policiers suspectés, une position jugée comme violant ledevoir de réserve[504] et que le monde judiciaire et l'opposition de gauche jugent « gravissime » voire d'atteinte à laséparation des pouvoirs[505],[506].
Lors d'une interview donnée àTF1 etFrance 2 le 24 juillet, le président dit vouloir « entendre l'émotion » des policiers et sans condamner les propos de Frédéric Veaux, rappelle que « nul en République n'est au-dessus de la loi »[507]. Les oppositions manifestent leur colère : les responsables LFI accusent le président« d'encourager les abus de la police » ; au contraire, les responsables LR et RN lui reprochent de ne pas soutenir les policiers[508].
Lesattaques terroristes du Hamas du 7 octobre 2023 relancent les hostilités duconflit israélo-palestinien. Emmanuel Macron déclare le lendemain « [condamner] fermement les attaques des terroristes du Hamas qui frappent actuellement Israël » et « [exprimer sa] pleine solidarité avec les victimes, leurs familles et leurs proches ». Il propose la création d'une coalition internationale contre leHamas lors de sa visite en Israël à la fin de mois d'octobre[509]. Selon une information parue dansLe Monde,Bernard-Henri Lévy aurait suggéré au président de la République« de bâtir une coalition anti-Hamas sur le même modèle que celle visant l'organisation État islamique »[510]. Lévy lui-même évoque cet épisode dans son livreNuit blanche. Cette idée refroidit les relations diplomatiques avec les pays arabes de la région[511] et ne trouve pas d'écho sur la scène internationale[512].
Emmanuel Macron exhorte Israël à cesser les bombardements dans labande de Gaza lors d'un entretien accordé à laBBC au mois de novembre, provoquant une vive réaction de l'état hébreu[513],[514] qui pousse Emmanuel Macron à clarifier ses propos[515]. Dans la même période, il ne participe pas à la « marche civique » contre l'antisémitisme, organisée par les présidents des deux chambres du ParlementYaël Braun-Pivet etGérard Larcher, qui se tient le 12 novembre 2023 à Paris[516], marche dont la présence duRassemblement national suscite une polémique à gauche et dans le camp du président[517],[518].
Il réaffirme le 15 novembre la position française d'unesolution à deux États avec « la sécurité pour Israël, et un État pour les Palestiniens »[519], alors que certains ambassadeurs du Moyen-Orient pointaient un virage pro-israélien de sa part, en rupture avec la position historique de la France[520],[521]. Ses prises de positions dans le conflit suscitent également des réserves avec les diplomates duQuai d'Orsay, exclus des décisions du président[522],[523],[524].
Fin juillet 2025, il annonce que la France reconnaîtra officiellement un État palestinien en septembre de la même année, celle-ci devenant ainsi le premier pays duG7 à le faire[525]. Par la suite, il est accusé parMarco Rubio, le secrétaire d'État américain, d'être responsable par cette décision de l'échec des négociations entre Israël et le Hamas[526]
Tensions dans la majorité sur la loi immigration de 2023
En décembre 2023, après le vote à l'Assemblée nationale d'une motion de rejet par les oppositions de la version du projet deloi immigration présenté par legouvernement Borne, Emmanuel Macron décide de légiférer en passant par unecommission mixte paritaire, qui reprend la version durcie par le Sénat, afin de ne pas utiliser à nouveau l'article 49.3, ni renoncer au projet de loi. Il refuse dans le même temps la démission deGérald Darmanin, que les médias jugent affaibli politiquement par ce revers[527],[528]. Le 19 décembre, le projet de loi issu de la commission mixte paritaire est adopté grâce aux voix des Républicains et duRassemblement national[529],[530], provoquant l'embarras dans le camp présidentiel[529]. Marine Le Pen qualifie l'adoption du texte de « victoire idéologique » tandis que les membres de la NUPES parle d'un « naufrage » du gouvernement[531]. La presse étrangère voit cette adoption comme un échec du macronisme[532] et une absence debarrage à l'extrême droite[533] seulement quelques mois avant leprochain scrutin européen[534], où les partis nationalistes européens pourraient remporter un nombre important de sièges[535],[536].
La majorité sort divisée de la séquence parlementaire : certains députés commeGilles Le Gendre etSacha Houlié votent contre le texte présenté, malgré la promesse de la part d'Emmanuel Macron d'un portefeuille ministériel en échange d'un vote favorable pour le deuxième[537], tandis que cinq ministres du gouvernement menacent de démissionner en cas d'adoption du texte. Seul le ministre de la SantéAurélien Rousseau tient parole après le vote. L'aile gauche de la majorité parle également de « renoncements aux valeurs du macronisme »[529]. Le président admet, comme certains ministres, que de nombreuses mesures votées sont contraires à la constitution, et saisit leConseil constitutionnel[538],[539]. Il est alors accusé de se défausser[540], ce que le président du Conseil des SagesLaurent Fabius ne manque pas de lui faire remarquer lors de la présentation de ses vœux au début de l'année 2024, en affirmant qu'ils ne sont pas « une chambre d'appel des choix duParlement »[541],[542].
Gouvernement Gabriel Attal et campagne des élections européennes de 2024
Emmanuel Macron commence l'année 2024 par la nomination deGabriel Attal au poste de Premier ministre pour succéder àÉlisabeth Borne[543], qui laisse entendre dans sa lettre de démission qu'il s'agit d'une demande du président lui-même[544]. Les ministres s'étant opposés à la loi immigration, à l'exception deSylvie Retailleau, ne sont pas reconduits dans lenouveau gouvernement[545]. L'absence de la plupart des ministres issus de la gauche sous les gouvernements précédents et la nomination de plusieurs figures proches deNicolas Sarkozy — commeRachida Dati — sont commentées par les médias comme une « droitisation » de l'exécutif voire un retour dusarkozysme[546],[547],[548],[549], ainsi que la fin du « en même temps »[550],[551],[552],[553],[554]. Les débuts du gouvernement, dirigé par le plus jeune Premier ministre de laVe République, sont émaillés par les polémiques deAmélie Oudéa-Castéra — nommée ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques — autour de ses propos sur l'école publique et son conflit d'intérêts vis-à-vis du collège Stanislas[555].
En vue desélections européennes de 2024, Emmanuel Macron est également confronté à une absence de figure majeure pour mener la liste de sa coalition pour le Parlement européen[556], la plupart de ses ministres refusant de se présenter au scrutin[557],[558]. Il choisit finalement la députée européenneValérie Hayer, vue « un choix par défaut »[559],[560],[561]. Tout comme en 2019, il s'implique personnellement dans la campagne face aux intentions de votes en faveur duRassemblement national deJordan Bardella, qui demande une dissolution de l'Assemblée nationale en cas de victoire[562]. Lors de son deuxième discours de laSorbonne en avril, le président tente de focaliser le débat sur la construction européenne, sans parvenir à intéresser l'opinion[562]. Dans les dernières semaines de campagne, la liste macroniste chute dans les intentions de vote au profit de la listesocialiste menée parRaphaël Glucksmann[563].
Le Rassemblement national finit largement en tête du scrutin avec 31,37 %, un score plus de deux fois plus élevé que les 14,30 % de la liste de Valérie Hayer qui manque de finir à la troisième place face à Raphaël Glucksmann, qui obtient 13,83 % des suffrages[564],[565].
Il motive la dissolution pour clarifier le paysage politique, afin de mettre en lumière les« incohérences » des deux blocs d'opposition — leclivage gauche-droite — tentés de nouer des« alliances contre nature » alors qu'il est l'auteur de la doctrine du« en même temps »[567],[568]. Son initiative suscite le désarroi dans la majorité, mais il affirme que la« dissolution instaure une dynamique [dont le] mouvement est dorénavant de [leur] côté »[569]. Espérant briser la gauche, il obtient l'inverse avec une large coalition du spectre des forces politiques sous leNouveau Front populaire[567]. Quant à la droite, elle se recompose après la crise suivant la proposition d'alliance entre le parti conservateurLes Républicains et le parti d'extrême droiteRassemblement national[568]. Après les résultats du premier tour des élections législatives de 2024 qui voit une confirmation de l'affaiblissement du parti présidentiel et la « décomposition de sa majorité », Emmanuel Macron est largement critiqué par la presse pour avoir placé le pays dans l'alternative de voter pour leRassemblement national ou de connaître un possible blocage institutionnel[570],[571].
Le second tour voit finalement émerger unemajorité relative pour la coalition du Nouveau Front populaire, tandis que le camp présidentiel parvient à devenir la deuxième force de l'Assemblée grâce aufront républicain de l'électorat de gauche[572],[573],[574]. Emmanuel Macron refuse néanmoins dans un premier temps la démission deGabriel Attal au lendemain des législatives afin d'assurer la « stabilité du pays » le temps d'avoir « la structuration de la nouvelle Assemblée nationale »[575],[576], une démarche fortement contestée par les partis d'opposition[577]. La démission dugouvernement Attal est finalement acceptée le, sans qu'Emmanuel Macron ne nomme un successeur, maintenant les ministres dans un gouvernement de gestion des affaires courantes[578].
Période de gouvernement démissionnaire
Le, après deux semaines de tractations internes difficiles, leNouveau Front populaire proposeLucie Castets comme Première ministre, une heure avant une interview prévue d'Emmanuel Macron[579], au cours de laquelle il annonce son refus de nommer un nouveau locataire à Matignon dans l'immédiat, affirmant qu'« il est faux de dire que le Nouveau Front populaire aurait une majorité, quelle qu'elle soit » et que« la question n'est pas un nom. La question, c'est quelle majorité peut se dégager à l'Assemblée pour qu'un gouvernement de la France puisse passer des réformes, passer un budget et faire avancer le pays »[580],[581]. Il appelle les partis à s'entendre, en étant capables de« sortir […] de leurs évidences » et de« savoir faire des compromis ». Il écarte l'hypothèse d'une démission et demande une trêve politique en raison desJeux olympiques qui débutent le 26 juillet[582].
Après la fin des Jeux olympiques, il appelle de nouveau les partis à « travailler ensemble », renvoyant les forces politiques à l'exemple qu'ont donné tous ceux qui ont participé au succès de l'organisation des Jeux[583]. Après avoir reçu les différents partis à l'Élysée, il déclare dans un communiqué publié le 26 août qu'il exclut, « au nom de la stabilité institutionnelle », d'appeler la gauche à former un gouvernement duNouveau Front populaire autour deLucie Castets[584],[585]. Le président ne souhaite également pas que la gauche abroge saréforme des retraites et augmente lesalaire minimum[586],[587]. Ce nouveau refus de nommer un nouveauPremier ministre plusieurs semaines après la défaite de son camp aux deux derniers scrutins nationaux est vu comme le début d'unecrise politique inédite sous laVe République[588],[589]. En conséquence, les insoumis menace de déclencher uneprocédure de destitution du président de la République, une démarche qui ne fait pas l'unanimité au sein de la coalition de gauche[590].
Continuant de consulter les différents mouvements politiques, les noms deBernard Cazeneuve et deXavier Bertrand circulent début septembre mais se heurtent au refus duParti socialiste de soutenir inconditionnellement leur ancien Premier ministre pour le premier[591] et à la vive hostilité duRassemblement national pour le second[592]. Simultanément, la procédure de destitution est déclenchée par les insoumis le 3 septembre[593],[594],[595]. Emmanuel Macron nomme finalementMichel Barnier le 5 septembre après plus d'une cinquantaine de jours avec un gouvernement démissionnaire[596],[597],[598], battant un record de 37 jours datant de 1957 sous laQuatrième République[599]. Plusieurs observateurs notent que dans cette configuration, lenouveau gouvernement est entièrement dépendant du Rassemblement national - désormais en situation d'arbitre - pour appliquer sa politique, parlant même d'« accord tacite » entre le président etMarine Le Pen[600],[601],[602],[603],[604]. La procédure de destitution des insoumis est par la suite rejetée par la commission des lois le 2 octobre[605].
Instabilité gouvernementale
Legouvernement Barnier est finalement censuré le, trois mois après sa nomination, après l'utilisation de l'article 49.3 de la Constitution pour approuver la première lecture du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour l'année 2025, une première depuis le renversement dugouvernement Pompidou en 1962. Alors que plusieurs élus éparpillés sur l'ensemble de l'échiquier politique français l'appellent à la démission pour sortir de la crise[606],[607], il l'exclut une nouvelle fois lors d'une prise de parole le[608]. Emmanuel Macron est tenu, par une partie de la presse française et internationale, responsable de la crise dans laquelle se trouve le pays, laSüddeutsche Zeitung qualifiant le président de « saboteur de la République »,El Clarin le décrivant en « président plus affaibli que jamais », leCorriere Della Sera affirmant que « le macronisme est mort » et laBerliner Zeitung ne voyant une sortie possible de cette crise que par sa démission[609],[610],[611].
Après une semaine de discussions avec les partis, il envisage de nommerRoland Lescure mais, après une discussion avecFrançois Bayrou le 13 décembre, consent à nommer le président duModem comme nouveau chef du gouvernement après que ce dernier ait menacé de retirer son parti de la coalition présidentielle[612],[613],[614],[615]. Après plusieurs semaines de négociations avec les partis de gauche — en dehors deLa France insoumise qui refuse toute discussion[616] —, le budget de 2025 est finalement voté le 6 février après une nouvelle utilisation de l'article 49.3[617],[618], les socialistes acceptant au nom de la stabilité de ne pas censurer le texte[619]. Legouvernement Bayrou est finalement renversé le après avoir sollicité unvote de confiance[620].
Son successeurSébastien Lecornu, nommé le lendemain, est contraint à la démission le dans les heures suivant la formation de son gouvernement en raison des réactions hostiles de Bruno Retailleau[621],[622]. Après avoir exclu dans un premier temps de composer un nouveau gouvernement[623], Sébastien Lecornu est renommé Premier ministre dans les jours suivant et parvient à se maintenir en acceptant notamment de soumettre au vote un gel de l'âge de départ légal à la retraite à 62 ans 9 mois jusqu'en janvier 2028 lors du vote du budget de 2026 et ne pas utiliser l'article 49 alinéa 3 afin de s'assurer de la non-censure duParti Socialiste[624],[625]. L'un des plus importants symboles de laprésidence d'Emmanuel Macron est ainsi partiellement annulé par l'Assemblée nationale le 12 novembre[626] bien que le président qualifie ce vote de« décalage »[627],[628], une citation reprise parLa France insoumise qui choisit de voter contre ce gel aux côtés desRépublicains etHorizons, exigeant une abrogation claire[629].
De son côté, Emmanuel Macron atteint fin octobre 2025 un record d'impopularité, sa cote de confiance tombant à 11 %, égalant ainsi le pire score deFrançois Hollande sous laVe République[630].
Alors qu'il l'assume en 2014, il renie à partir de 2016 la qualification desocialiste, tout comme celle decentriste[634],[635],[636]. Dans son ouvrageRévolution de 2016, il se présente à la fois comme un« homme de gauche » et un« libéral »,« si par libéralisme on entend confiance en l'homme »[637].
AvecEn marche, il affirme souhaiter dépasser le clivage existant entrela gauche et la droite au profit de celui entre« progressistes » et« conservateurs »[638],[639]. Lors de la campagne présidentielle de 2017, ses propositions mêlent des mesures considérées comme étant de gauche et d'autres de droite[640],[641],[642],[643]. Pour en faire part dans une même phrase, il a régulièrement recours à l'expression« en même temps »[46]. Avec le lancement d'En marche et le recours à une rhétoriqueantisystème, il est parfois qualifié depopuliste, terme qu'il rejette et revendique alternativement en fonction du sens qui lui est donné[642],[644],[645],[646]. Dans le même temps, il est décrit comme un représentant des élites et accusé de servir leurs intérêts[647],[648].
Proche deMichel Rocard[p], il revendique une filiation politique avecPierre Mendès France etFrançois Mitterrand[649],[650],[42],[651],[652].Mediapart relève au cours de sa campagne de 2017 qu'il« mobilise dans ses discours et entretiens un panthéon hétéroclite de figures politiques et intellectuelles » (« plus de 80 auteurs et intellectuels, philosophes, artistes et écrivains, souvent des classiques »), avecCharles de Gaulle comme« référence favorite »[653].
Emmanuel Macron est souvent dit proche du paradigmeschumpétérien et de la théorie de ladestruction créatrice[665],[666], quoiqu'il est parfois accusé de mal comprendre la pensée économique[667],[668] et qu'il tente lui-même de s'écarter du mouvement pour adopter une position pluspragmatique[665].
Questions économiques et fiscales
Durant lacampagne présidentielle de 2012, il s'oppose à la suppression deniches fiscales[42],[669]. LorsqueArnaud Montebourg tente de sauver les emplois menacés du siteArcelorMittal deFlorange, il affirme que la« gauche romantique » doit« ouvrir les yeux »[670]. En février 2017, il annonce vouloir supprimer 120 000 postes de fonctionnaires en ne renouvelant pas certains postes[671].
À quelques mois de distance, il tient des propos contradictoires ou opposés : c'est le cas notamment pour les35 heures, le droit du travail, l'indemnisation dégressive du chômage, le diesel, le cannabis, la colonisation ou le mariage pour les couples de même sexe[672],[673]. En vue de la présidentielle de 2017, il déclare vouloir exonérer 80 % des Français de lataxe d'habitation, l'État prenant en charge le déficit de ressources pour les communes[674],[675].
En septembre 2022,Jean-Bernard Lévy, PDG du groupeÉlectricité de France, met en cause la stratégie du gouvernement et pointe du doigt les erreurs en matière denucléaire indiquant que sa stratégie avait été basée sur laprogrammation pluriannuelle de l'énergie de 2020 réduisant la part du nucléaire dans le mix électrique à 50 %. Il explique ainsi avoir recruté des employés pour fermer douze réacteurs et non pour en créer six à quatorze, comme le veut lediscours prononcé par le Président de la République à Belfort le 10 février 2022. Ces propos sont tenus alors que 32 réacteurs sont à l'arrêt et qu'EDF affiche une disponibilité de son parc historiquement faible, alourdissant lacrise énergétique qui touche le pays[676]. Peu après, Emmanuel Macron condamne fermement les propos de Jean-Bernard Lévy, défendant la politique nucléaire de son gouvernement, notamment la fermeture de lacentrale de Fessenheim[676].
Santé
En matière de santé, il ne remet pas en cause le dispositif dutiers payant mais estime qu'il faut revenir sur le paiement des médecins à l'acte« pour faire face à la surcharge de travail » ainsi qu'à« une nouvelle sociologie de médecins qui veulent travailler autrement », mais aussi pour« un problème d'efficacité »[677]. Il propose de« prendre en charge à 100 % l'optique, l'audition et le dentaire »[678], une mesure qui, selon le quotidienLes Échos, coûterait 4,4 milliards sans que le candidat précise si ce surcoût sera payé par laSécurité sociale ou par les mutuelles[679].
Éducation
PourL'Obs, les propositions d'Emmanuel Macron s'inscrivent« dans l'esprit de la loi de refondation de l'école de l'ex-ministre de l'ÉducationVincent Peillon (priorité auprimaire), avec un soupçon de libéralisme de droite (plus d'autonomie aux écoles) et un message rassurant envoyé aux élites sociales (maintien desclasses prépas et desgrandes écoles puisque le système marche) »[680].
Il propose que les réseaux d'éducation prioritaire (ex-ZEP) enrôlent des professeurs expérimentés, mieux payés, et disposant d'une plus grande liberté pédagogique[680]. Il propose d'enrichir l'offre scolaire dans les collèges de quartiers populaires pour qu'ils attirent les bons élèves du secteur, voire des élèves venus d'ailleurs par dérogation ; ces mesures font l'objet d'une expérimentation du gouvernement à la rentrée 2016[680]. Il conforte le besoin d'un collège unique et propose une réforme de la carte scolaire[681].
Selon lui, l'enseignement professionnel« doit devenir une priorité de l'Éducation nationale » mais il évoque une réforme organisationnelle proche de celle mise en place en Allemagne, avec la proposition d'une décentralisation. Il déclare :« L'État doit définir les programmes et le cadre de l'enseignement professionnel, et la gestion de ces filières doit être transférée aux régions »[682].
Logement
En 2016, Emmanuel Macron propose de relancer« de manière brutale » la production de logements par« unepolitique de l'offre », quitte à« réduire » des« normes »,« certains droits et certaines capacités de recours » pour« accélérer les opérations » immobilières[683]. Il réitère ces propositions en mai 2023[684] mais son action politique dans le domaine lors de son premier quinquennat est critiquée[685], notamment par la fondation Abbé Pierre[686],[687] et les acteurs du logement[688].
En 2011, dans la revueEsprit, Emmanuel Macron écrit que l'élection présidentielle« n'apportera pas plus qu'auparavant le démiurge », et appelle à retrouver le temps long de la« délibération permanente », cette« double vertu duparlementarisme et de ladémocratie sociale que notre République a encore trop souvent tendance à négliger »[689].
Il regrette en 2015, l'absence de la figure symbolique du roi, qui crée selon lui un vide dans la vie politique française[690], et affirme qu'il ne croit pas au« président normal », image sur laquelle François Hollande avait fait campagne[652].
Pendant sa campagne de 2017, il propose d'introduire lescrutin proportionnel à l'Assemblée nationale et,« de façon massive », auSénat, de limiter lecumul des mandats, de mettre en place des incitations financières pour l'introduction des personnes non encartées sur les listes électorales, d'instaurer des formations pour aider les citoyens à accéder aux fonctions d'élus et pour aider les responsables politiques à revenir à la vie « normale », d'obliger le président de la République à rendre des comptes chaque année de son mandat devant une commission de citoyenstirés au sort et de« subordonner l'accès à la vie élective à un casier judiciaire vierge »[691],[692].
Enjeux sociétaux
« La fête à Macron », manifestation organisée par lagauche radicale contre la politique d'Emmanuel Macron (Paris, mai 2018).
Immigration
En 2015, Emmanuel Macron se dit confiant sur la capacité de la France à accueillir davantage d'immigrés[693]. En janvier 2017, contrairement à plusieurs socialistes, il apporte son soutien à lapolitique d'accueil des migrants conduite parAngela Merkel en Allemagne[694],[q],[695].
Si lapolitique migratoire d'Emmanuel Macron est jugée ferme par quelques médias[701],[702] et parAmnesty International[703], laloi asile et immigration de septembre 2018 est qualifiée de« laxiste » par la droite et l'extrême droite[704]. Une enquête Elabe réalisée en juin 2018 indique également que 61 % des Français jugent sa politique migratoire« trop laxiste »[705]. Selon laCimade, cette loi a eu« très peu d'effet en termes d'expulsions » alors que des associations craignaient leur augmentation[706].
Laïcité et religions
En juillet 2016, il annonce être contrel'interdiction du voile à l'université[707]. Réagissant à des propos tenus parManuel Valls etJean-Pierre Chevènement sur la pratique de l'islam, il« dénonce les considérations qui demandent à des citoyens d'être « discrets », parce que les précédents historiques où l'on a demandé la discrétion en matière de religion ne sont pas à l'honneur de la République »[708]. En avril 2018, il déclare devant laConférence des évêques de France auCollège des Bernardins :« Nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l'Église et l'État s'est abîmé, et qu'il nous importe à vous comme à moi de le réparer. » En octobre 2019, il déclare que« le port duvoile islamique dans l'espace public n'est pas [s]on affaire »[709].
Dans la perspective de laconférence de Paris de 2015 sur le climat, il appelle à« accélérer latransition écologique » et prône un« équilibre entre impératif écologique et exigence économique ». Durant l'été 2016, il prend la défense dudiesel, auquel il estime qu'il ne faut« pas faire la chasse » car il« reste au cœur de la politique industrielle française ». Cette prise de position pour ce carburant s'inscrit dans les suites de l'affaire Volkswagen et lui vaut les foudres de son camp politique[711],[712]. Macron s'exprime également en faveur de la filière nucléaire qui est, selon lui,« un choix français et un choix d'avenir »[713].
Concernant le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, il estime d'abord qu'il« relève d'un modèle qui n'a plus cours aujourd'hui » mais« qu'il faut lancer la construction parce que laconsultation a eu lieu »[714]. Il indique ensuite qu'il se donnerait six mois, s'il était élu président, pour statuer sur ce projet après un examen comparatif avec l'alternative d'un aménagement de l'aéroport de Nantes-Atlantique, sous l'autorité d'un« médiateur indépendant »[715]. Il dit également refuser toute« évacuation de laZAD par la violence »[715].
Début 2019, il renonce à sa promesse d'interdire leglyphosate en 2021[716].
Au cours de l'année 2019,Les Décodeurs duMonde jugent le bilan de la politique écologique et environnementale de sa présidence comme peu positif[717],[718]. La Commission européenne considère que la France n'atteindra pas ses objectifs en matière d'énergies renouvelables et qu'il n'y a pas d'accélération de la rénovation des logements anciens. Des subventions élevées aux énergies fossiles subsistent. Il y a encore trop de dérogations pour l'utilisation de pesticides défavorables aux pollinisateurs et des avantages aux agrocarburants sont maintenus malgré leur impact sur la déforestation. En parallèle, de nombreuses mesures favorables aux chasseurs ont été prises. L'État investit peu dans les transports en commun ou la mobilité vélo. Néanmoins, Emmanuel Macron est perçu à l'international comme un« héraut de la lutte pour le climat » pour avoir organisé leOne Planet Summit en décembre 2017, et avoir remporté le prix « Champion of the Earth » de l'ONU en septembre 2018. Il échoue cependant à convaincre les États-Unis de respecter lesaccords de Paris sur le climat[719]. Consécutivement auOne Planet Summit, il participe au lancement duFashion Pact en 2019[réf. souhaitée].
En 2021, un an et un mois après l'arrêt du second réacteur de lacentrale nucléaire de Fessenheim, il renouvelle son soutien à l'énergie nucléaire contre le réchauffement climatique :« La France a une chance, quand on parle d'émission de gaz à effet de serre, c'est le nucléaire ». En février 2022, dans sondiscours de Belfort, Emmanuel Macron annonce son plan pour l'avenir énergétique de la France à l'horizon 2050 : relance du nucléaire (avec la préservation des réacteurs existant ainsi que la construction de six à quatorze réacteurs de typeEPR2), développement desénergies renouvelables (avec un objectif de 100 GW desolaire et 40 GW d'éolien maritime installés) et baisse de 40 % de la consommation énergétique[720],[721],[722].
Proche de laFédération nationale des chasseurs (FNC) et de son dirigeantWilly Schraen, il accède durant son quinquennat à la plupart de leurs revendications : division par deux du prix dupermis de chasse, pas d'interdiction de lachasse à courre, dérogations pour la chasse de certaines espèces protégées, possibilité pour les préfets d'organiser des chasses entre collaborateurs des forces de l'ordre, autorisation donnée aux chasseurs d'employer des dispositifs silencieux sur leurs armes à feu, restriction de la possibilité pour les ONG de déposer des recours, etc. Il choisit également de prendre part à deschasses présidentielles[723]. Au cours de son quinquennat, les subventions annuelles allouées à la FNC sont passées de 27 000 à 6,3 millions d'euros[724].
En 2017, il se prononce pour un service national universel et obligatoire d'un mois[726]. Il reproche au chef d'État-Major des armées,Pierre de Villiers, d'avoir fait part de son inquiétude quant aux850 millions d'euros de coupes budgétaires annoncées dans le budget de la Défense. Après avoir déclaré être le « chef », il contraint Pierre de Villiers à la démission[727]. Le président français se voit alors reprocher une attitude autoritaire et humiliante[728].
En déplacement au Proche-Orient début 2017, il se définit dans une position médiane« à mi-chemin de la politique d'ostracisation durégime Assad et de soutien exclusif à la rébellion » suivie par la France depuis 2011[729],[730]. Toutefois en avril 2017, Emmanuel Macron a proposé une intervention militaire contre le régime d'Assad[731].
Il défend une plus forte intégration des armées des pays de l'Union européenne, souhaitant en 2024 ouvrir le débat sur la mutualisation de capacités de défense comme l'arme nucléaire[732] et « créer entre les armées européennes une véritable intimité stratégique »[733].
Il déclare reconnaître l'État de Palestine au nom de la République française et dupeuple français àl'ONU lors de l'assemblée générale présidée par laFrance et l'Arabie Saoudite le 22 septembre 2025[742].
Il défend en 2024 l'émergence de listes transnationales lors des élections européennes, le passage à lamajorité qualifiée pour les votes du Conseil de l'Union européenne en matière de politique étrangère et de fiscalité ainsi que l'intégration de l'Ukraine, de laMoldavie et desBalkans occidentaux au sein de l'UE[733].
Stratégies de communication
L'universitaire Arnaud Benedetti écrit :« Emmanuel Macron est, de loin, le président qui maîtrise le mieux sa stratégie d'intervention médiatique. Contrairement àFrançois Hollande, qui laissait les médias faire l'opinion, ou àNicolas Sarkozy, qui saturait l'espace médiatique, il a une vision très managériale. Il fonctionne comme un chef d'entreprise. Il veut tout contrôler. Il joue de la rareté de sa parole, mais il suit de très près les réseaux sociaux, sur lesquels il intervient très fréquemment »[743].
Ainsi, le président Macron intervient avec desyoutubeurs et très régulièrement surTwitter (où il compte quelque sept millions d'abonnés en 2021),Instagram ouTikTok, notamment pour rallier les jeunes ou d'autres cibles identifiées à ses projets politiques[744],[745],[746].
Il met en place une communication publicitaire en créant lalettre d'informationCocorico pour mettre en avant les initiatives de Français[747],[748]. Il ouvre également le palais de l'Élysée à une exposition,Le Fabriqué en France, dont la première édition se tient en juillet 2020[749].
Affaires et controverses
Polémiques
Le parcours politique d'Emmanuel Macron est jalonné de déclarations qui déclenchent des polémiques et se voient parfois baptisées du nom générique de« macronade » dans les médias[750]. Ceux-ci se demandent dans quelle mesure ces propos peuvent être spontanés ou, au contraire, participer d'une stratégie de communication[751],[752]. Le terme plus péjoratif de« macronerie » (mot-valise avec « Macron » et « connerie ») est également utilisé[753].
En tant que ministre de l'Économie
Emmanuel Macron crée la polémique le en déclarant au sujet des employées deGad qu'elles sont« pour beaucoupillettrées », avant de regretter ses propos[754],[755].
Alors ministre de l'Économie, il se rend àLunel et s'emporte face à des grévistes en lançant :« Vous n'allez pas me faire peur avec votretee-shirt. La meilleure façon de se payer uncostard, c'est de travailler »[756].
La députée socialiste desHautes-AlpesKarine Berger, soutien deBenoît Hamon[757], rapporte que lors du débat sur la loi de séparation desbanques de dépôt etd'investissement, Emmanuel Macron, alors secrétaire général adjoint de l'Élysée, l'a appelée à plusieurs reprises« pour lui demander de retirer deux amendements non favorables à ses amis banquiers »[758].
En tant que candidat à l'élection présidentielle de 2017
Le, en déplacement àNœux-les-Mines (Pas-de-Calais), l'ancien ministre de l'Économie est accusé par certains élus de tout bord politique de« mépriser » les habitants du bassin pour avoir affirmé que l'alcoolisme et letabagisme se sont peu à peu installés dans lebassin minier[759].
Lors de l'« affaire » Mohamed Saou, Macron apporte son soutien à ce dernier surBeur FM alors qu'il se pense hors antenne :« Il a fait un ou deux trucs un peu plus radicaux, c'est ça qui est compliqué. Mais à côté de ça, c'est un type qui est très bien Mohamed en plus ». Il est alors accusé de complaisance à l'égard de l'islamisme[762],[763].
Dépénalisation du cannabis
Dans son livreRévolution, publié en novembre 2016, il« plaide pour une dépénalisation de la détention en petite quantité ducannabis afin de désengorger les tribunaux ». Toutefois, dans un entretien accordé auFigaro en février 2017, il réfute totalement l'idée en déclarant qu'il« ne croit pas à la dépénalisation des petites doses ni aux peines symboliques, cela ne règle rien »[764]. La semaine suivante, son soutienGérard Collomb explique que Macron préfère sanctionner par une amende directe de100 euros un délit lié au cannabis au lieu de convocations au tribunal pour des rappels à la loi et des peines symboliques. Il précise donc tenir une position de dépénalisation mais pas de légalisation[765].
Condamnation de la colonisation de l'Algérie par la France
Il est critiqué pour évoquer« des éléments de civilisation » dans lacolonisation de l'Algérie :« Oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l'émergence d'un État, de richesses, de classes moyennes, c'est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie[766]. » En février 2017, précise à la chaîne algérienneEchorouk News qu'« il est inadmissible de faire la glorification de la colonisation » et qu'il l'a« toujours condamnée ». Il ajoute également :« La colonisation fait partie de l'histoire française. C'est uncrime contre l'humanité[767]. » Cette sortie est abondamment commentée dans la presse[768],[769]. Pour l'historienneSylvie Thénault, « le contexte suggère que ses déclarations visent à chercher des voix dans un électorat qui serait sensible à une condamnation de la colonisation »[770].
En tant que président de la République
Emmanuel Macron est critiqué après une plaisanterie lancée le en marge d'un déplacement en Bretagne :« lekwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c'est différent ». Celle-ci suscite de vives réactions dans le monde politique et au sein de la communautécomorienne[771]. Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron s'entretient avec le président comorienAzali Assoumani, avec lequel il affirme vouloir« travailler dans un esprit d'apaisement et de confiance mutuelle »[772].
Le, il suscite une polémique en affirmant, à l'occasion de l'inauguration de laStation F, qu'« une gare, c'est un lieu où on croisedes gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien ». Ces propos sont condamnés par de nombreuses personnalités politiques et par une partie de l'opinion publique[773].
Le, en marge dusommet du G20, il suscite une autre polémique auprès de journalistes deL'Humanité etLibération en affirmant :« Le défi de l'Afrique, il estcivilisationnel. Quand des pays ont encore aujourd'hui sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d'y dépenser des milliards d'euros, vous ne stabiliserez rien »[774].
Le, lors d'une visite enCorrèze pour l'inauguration d'un campus àÉgletons, il prononce en aparté[775], au sujet des salariés de l'usine GM&S venus s'inviter pour manifester leur mécontentement à la suite de la suppression de150 emplois :« Il y en a certains, au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d'aller regarder s'ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas, parce qu'il y en a qui ont les qualifications pour le faire »[776], ce qui est considéré comme une forme d'arrogance par ses opposants[777]. Plusieurs personnes, dontUgo Bernalicis, député deLa France insoumise, retournent même les propos du président de la République contre lui en disant que« l'expression pourrait très bien être réutilisée contre son auteur »[778]. En réaction à la polémique, Emmanuel Macron déclare aux journalistes :« C'est vous qui le mettez [le bordel] »[779],[780].
Le, la conseillère de presse de l'Élysée publie une vidéo sur son compteTwitter montrant Emmanuel Macron en train de critiquer le « pognon de dingue » dépensé dans lesaides sociales sans efficacité. La vidéo est critiquée par des personnalités politiques de gauche, commeJean-Luc Mélenchon (« Ce qui coûte un pognon de dingue, c'est vous et vos cadeaux aux ultra-riches »), et de droite, commeBruno Retailleau (« On est dans la continuité dusans-dents de François Hollande avec la théâtralisation en plus »)[781].
Le, dans un entretien accordé auParisien dans le cadre du débat sur lepasse vaccinal, il fait part d'une stratégie de communication par laquelle il assume vouloir« emmerder les non-vaccinés » et déclare à ce propos qu'« un irresponsable n'est plus un citoyen », ce qui déclenche une vive polémique[784],[785],[786].
En 2024, pendant la campagne deslégislatives et lors d'un déplacement commémorantl'appel du 18 juin Emmanuel Macron déclare que le programme duNouveau Front populaire est« totalement immigrationniste » faisant ainsi sien le vocable de l'extrême droite[787],[788].
Conflit d'intérêts lors du rachat du journalLe Monde
En 2010, en butte à des difficultés financières, le journalLe Monde cherche de nouveaux investisseurs[103]. Emmanuel Macron, alors banquier chezRothschild, se propose de conseiller à titre gracieux la Société des rédacteurs du Monde, actionnaire majoritaire du journal avec les autres salariés du groupe et les lecteurs[789]. Le, alors que les journalistes duMonde rencontrent les conseillers dePierre Bergé, l'un des futurs repreneurs de l'entreprise[790],[791], Adrien de Tricornot, spécialiste pourLe Monde des questions économiques et financières et vice-président de la Société des rédacteurs duMonde, rencontre Emmanuel Macron dans le sillage d'Alain Minc[103],[789],[790]. Ce dernier a ses bureaux dans le même immeuble et conseille le groupePrisa, qui fait une offre de rachat duMonde concurrente à celle de Pierre Bergé[103],[790]. En 2015, Adrien de Tricornot obtient une autre preuve du« double jeu » d'Emmanuel Macron lors de la publication du livreL'ambigu Monsieur Macron : un courrier proposé par Emmanuel Macron et rédigé à l'origine par la société d'Alain Minc[103],[792].
Emmanuel Macron échappe à unredressement fiscal au moyen d'une déclaration rectificative conforme à l'évaluation que le fisc a retenue,« après un an et demi de discussions », et doit payer l'ISF, y compris pour les années 2013 et 2014[794]. Invoquant son état de ministre, il nie toutefois publiquement que cette évaluation reflète la réalité, déclarant le : « Si j'avais été un citoyen normal, j'aurais discuté. Mais il n'était pas sain que, ministre à Bercy, je m'engage dans une discussion, même si je n'ai pas l'administration fiscale sous mon autorité. »[795].
Par ailleurs, leCanard enchaîné révèle également que Macron n'a réévalué son appartement du15e arrondissement de Paris que de 5 % entre 2007 et 2013, alors que l'indice des prix dans cet arrondissement a augmenté de 33 % sur la même période. L'intéressé déclare à ce sujet :« J'ai acheté cher »[796].
Indépendamment de ce premier épisode, le journalLa Croix publie le un entretien avec Emmanuel Macron durant lequel il est questionné sur le décalage apparent entre ses très hauts revenus chezRothschild et une déclaration de« patrimoine financier limité à 200 000 euros »[798]. Au vu des réponses données, l'associationAnticor, engagée depuis 2002 dans la défense de l'éthique en politique, saisit le la HATVP, lui demandant de vérifier le caractère « exhaustif, exact et sincère » de la déclaration du candidat à la présidentielle. Elle s'interroge, en effet, sur un « manque de cohérence entre les revenus et le patrimoine déclarés » d'Emmanuel Macron[799]. Les données, reprises largement dans la presse, sont qu'Emmanuel Macron a déclaré 3,3 millions d'euros de revenus entre 2009 et 2014, dont 2,8 millions d'euros perçus entre 2009 et 2012 comme banquier d'affaires à la banque Rothschild, et un patrimoine net (patrimoine brut réduit des dettes) de seulement 200 000 euros dans sa déclaration officielle de patrimoine en novembre 2014[800],[801].
Sa déclaration de situation patrimoniale au[802] ne fait apparaître aucun bien immobilier que ce soient des biens propres, des biens de la communauté (son régime matrimonial étant la communauté légale) ou des biens indivis. Ne possédant aucun bien immobilier depuis qu'il a revendu son appartement parisien, Emmanuel Macron déclare avoir encore à rembourser près de 246 000 € au titre d'un emprunt pour financer des travaux dans la résidence secondaire de son épouse Brigitte auTouquet[803]. Le, la HATVP répond à Anticor, après investigations, que cette déclaration de patrimoine paraît exhaustive et sincère[804]. Anticor n'envisage alors pas de recours[réf. nécessaire]. En 2022, la question du décalage entre les revenus supposés d'Emmanuel Macron chez Rothschild liés notamment au rachat par Nestlé de la filiale de lait infantile de Pfizer et sa déclaration d'intérêts à la HATVP est à nouveau évoquée par la presse[805],[806].
Enquête sur les soupçons de favoritisme de Business France
Cependant, pour le ministre de l'Économie et des FinancesMichel Sapin, Emmanuel Macron, son cabinet et le ministère de l'Économie« sont totalement hors de cause »[808].« C'est un dysfonctionnement de Business France. Il lui appartenait, si elle considérait que les délais étaient trop courts, de dire qu'elle ne pouvait pas organiser l'événement selon les règles, ce qui n'a pas été fait », ajoute-t-il, précisant avoir« naturellement missionné l'IGF » lorsqu'il est« informé de ces dysfonctionnements ».« Si l'inspection concluait à l'existence d'un non-respect des règles, elle devrait saisir la justice, mais cette saisine ne concerne en aucun cas Emmanuel Macron, son cabinet ou le ministère », insiste-t-il.
En,Muriel Pénicaud, administratrice de Business France au moment des faits etministre du Travail sous la présidence Macron, admet « une erreur de procédure »[809].
En,Alexandre Benalla, coordinateur de différents services lors des déplacements d'Emmanuel Macron, est accusé d'avoir usurpé la fonction de policier, et d'avoir interpellé et violenté des manifestants le. L'opposition et les médias mettent en doute la réalité des sanctions infligées par l'Élysée à Benalla et soulignent la communication controversée de l'exécutif. L'affaire met en lumière plusieurs dysfonctionnements au sein de la présidence de la République. Une enquête préliminaire est ouverte par la justice, tandis que le Parlement constitue une commission d'enquête. En novembre 2021, Alexandre Benalla est condamné à trois ans de prison, dont un ferme, et fait appel[810]. Les répercussions médiatiques de l'affaire ont pendant longtemps posé problème à Emmanuel Macron[811].
Début, le siteMediapart affirme que le secrétaire général de l'Élysée,Alexis Kohler,« bras droit d'Emmanuel Macron » selonL'Express[812] et« numéro 2 » de sa campagne présidentielle de 2017[813], a des liens familiaux avec l'armateur italo-suisse MSC[812],[813]. D'après les documents révélés par Mediapart, Alexis Kohler est intervenu entre 2010 et 2012 sur des contrats entre une filiale de MSC et leGrand port maritime du Havre (GPMH), alors qu'il était sous-directeur de l'Agence des participations de l'État (APE) et siégeait au conseil de surveillance de GPMH[814]. L'association Anticor dépose une plainte fin mai 2018 auprès du Parquet national financier pour« prise illégale d'intérêts »,« trafic d'influence » et« corruption passive »[815],[814]. Selon l'Élysée, cette plainte repose sur« des soupçons totalement infondés jetés sur lui à l'évidence en raison de ses fonctions »[812]. Alexis Kohler n'a aucune fonction chez MSC[812],[816], et selon l'Élysée, Alexis Kohler a toujours déclaré ses liens familiaux avec MSC, évitant de participer aux décisions concernant cette société, et sa hiérarchie a veillé à un éventuel conflit d'intérêts dans« toutes les fonctions qu'il a occupées à l'Agence des participations de l'État, à Bercy et à l'Élysée »[817].
Par ailleurs, lesMacronLeaks montrent qu'une dizaine de membres de McKinsey a travaillé à l'élaboration du programme politique d'Emmanuel Macron pour sacampagne à l'élection présidentielle de 2017. Le parti politique d'Emmanuel Macron,LREM, affirme ne faire appel à aucun cabinet de conseil et le journalLe Monde a vérifié qu'aucune facture de la campagne pour la présidentielle ne concerne McKinsey. Interrogé parLe Monde début 2021, McKinsey préfère ne pas préciser si ses membres se sont engagés dans cette campagne« à titre personnel, bénévolement et sur leur temps libre »[819],[818]. En 2022,Les Décodeurs affirment que les consultants de McKinsey se sont investis sur leur temps libre[820].Le Journal du dimanche signale que Karim Tadjeddine apparaît dans les MacronLeaks avec son adresse mail de McKinsey et que, interrogé par le Sénat à ce sujet, il a plaidé une erreur[821].
En, leParquet national financier ouvre deux nouvelles enquêtes sur les « conditions d'intervention [de McKinsey] dans lescampagnes de 2017 et2022 » d'Emmanuel Macron, la première sur les chefs de« tenue non conforme de comptes de campagne » et« minoration d'éléments comptables dans un compte de campagne » ; et la seconde sur des chefs de« favoritisme » et« recel de favoritisme »[822],[823]. Le siège français de McKinsey est perquisitionné le dans le cadre de cette enquête[824]. En de la même année, des perquisitions sont menées par les gendarmes au siège du partiRenaissance et dans les locaux parisiens du cabinet de conseil dans le cadre des enquêtes judiciaires visant le recours au cabinet de conseil pendant lacampagne présidentielle d'Emmanuel Macron en 2017[825],[826].
Lien avec le cabinet de conseil Capgemini
En février 2022, à la suite de l'affaire McKinsey, la sénatriceÉliane Assassi analyse les activités de chaque cabinet sur des missions précises.Étienne Grass, ancien camarade à l'ENA d'Emmanuel Macron[827] et responsable de la market unit secteur publique chez Capgemini, accompagné de son collègue Mathieu Dougados, PDG de Capgemini Invent, ont défendu le rôle de Capgemini. Cependant, leurs réponses vagues et leur incapacité à révéler les détails financiers du contrat ont nourri les soupçons. Étienne Grass avait également été chef de cabinet deNajat Vallaud-Belkacem[827].
Éliane Assassi cite notamment le cas d'un ancien salarié du groupe Capgemini, Cédric Bonamigo, nommé à la tête du service de la correspondance de l'Élysée, service qui a fait appel au même cabinet pour réorganiser ses outils numériques. Il s'agissait de mettre sur pied un système d'automatisation de la lecture du courrier pour en produire des rapports.« Ce n'est pas gênant, de votre point de vue, que ce soit un ancien salarié de Capgemini qui soit chargé de revisiter le service des correspondances de l'Élysée », demande la sénatrice.« Ce n'est pas à nous d'avoir un avis sur qui, au sein de l'organisation cliente, déclenche ce type de prestation », répond Mathieu Dougados, directeur exécutif, invitant la commission à demander à l'Élysée.
« En principe, nos salariés n'ont pas vocation à être recrutés », rebondit Étienne Grass, directeur des activités secteur public à Capgemini. Et pour cause, « quand ça se passe, cela nous met dans une situation complexe », reconnaît-il. Le cabinet fait toutefois une exception vis-à-vis de l'État, en n'appliquant pas certaines clauses contractuelles qui empêchent un salarié de rejoindre un client, « à la condition qu'il y ait un cadre déontologique qui soit fixé », souligne le directeur[828].
En,Le Monde publie une enquête concernant les significatifs projets lucratifs menés par Capgemini pour le secteur public français (« Cabinets de conseil : Capgemini, le coûteux prestataire dont l'État ne sait plus se passer »). Le nom d'Étienne Grass, chef de la market unit « secteur public » de Capgemini Invent depuis 2017, est mentionné parmi les responsables de la dynamique[829].
Autres engagements
Il est membre de la promotion 2012 des « Young Leaders » de laFrench-American Foundation[830]. Il est membre de la promotion 2013 des « Young Leaders » de la France China Foundation[831].
Emmanuel Macron exultant dans les tribunes dustade Loujniki de Moscou, le, après un but français lors dela finale de laCoupe du monde de football de 2018.Emmanuel Macron représenté comme un roi lors de la manifestation « La fête à Macron », le.
Emmanuel Macron est le protagoniste du roman deMarc WelinskiDossier Wasselot (paru en avril 2018). Il y apparaît sous les aspects d'un président-philosophe citant duMarcel Proust et duMarc Aurèle.
Les vidéos de l'humoristeAnne-Sophie Bajon, dite La Bajon, critique d'Emmanuel Macron, totalisent plusieurs millions de vues sur les réseaux sociaux, notamment durant lemouvement des Gilets jaunes[842],[843],[844]. En 2019,Damien Saez sort, à l'occasion de l'anniversaire du début du mouvement des Gilets jaunes, la chansonManu dans l'cul, où il incarne un Gilet jaune s'adressant au président et fait référence au tag« Macron on veut ton cul », inscrit sur l'arc de triomphe de l'Étoile le[845].
Le personnage d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'économie, apparaît brièvement dans le filmAdults in the Room deCosta-Gavras sorti en 2019. L'intrigue se déroule en 2015, lors de lacrise de la dette grecque. Lors d'une scène, il s'entretient avec son homologue grecYánis Varoufákis, venu àBercy pour obtenir le soutien de laFrance dans ses négociations avec l'Eurogroupe.
Le groupepunkLes Sales Majestés a une chanson intituléeMacron dans son albumOverdose (2017).HK fait allusion à Emmanuel Macron dans sa chansonDanser encore, sortie en 2020, lorsqu'il évoque « Monsieur le Bon Roi ».
Il est lauréat 2022 de l'Académie de la Carpette anglaise et déroge à la règle selon laquelle le jury ne décerne jamais son prix à un président en exercice. SelonPhilippe de Saint Robert,« Emmanuel Macron a tellement fait étalage de son anglophilie que nous n'avons pas eu le choix »[846],[847],[848].
Prix « Champion de la Terre » (Champion of the Earth) de l'année 2018, décerné pour sonleadership international sur la question du changement climatique. En France, la remise de ce prix est contestée par certains experts, qui affirment que la France est en retard sur ses objectifs malgré un positionnement reconnu d'Emmanuel Macron à l'international[882].
Prix international de la Paix de Westphalie en 2024, décerné pour l'engagement à la réconciliation et à la paix en Europe et dans le monde[883].
Yves Lichtenberger, Emmanuel Macron et Marc-Olivier Padis, « La réhabilitation inattendue de l'université au sein de l'enseignement supérieur »,Esprit,vol. 12,(lire en ligne, consulté le).
Henri Guillaume et Emmanuel Macron, « Enseignement supérieur, recherche, innovation. Quels acteurs ? »,Esprit,vol. 12,(lire en ligne, consulté le).
Emmanuel Macron, « Les labyrinthes du politique. Que peut-on attendre pour 2012 et après ? »,Esprit,,p. 106-115(lire en ligne, consulté le).
Emmanuel Macron, « La France a toutes ses chances, pour peu qu'elle reprenne confiance »,Les Echos,(lire en ligne).
Emmanuel Macron, « Croire aux chances de la France »,Les Echos,(lire en ligne).
↑« C'est pourquoi le Seigneur, lui, vous donnera un signe, Voici, la jeune femme concevra et enfantera un fils et l'appellera Emmanuel. » (Livre d'Isaïe, 7:14).
↑De façon générale, Les Décodeurs estiment que tirer des conclusions complètes sur l'efficacité des réformes est prématuré.
↑DevantLouis-Napoléon Bonaparte, élu à40 ans en 1848. Il est aussi le plus jeune chef d'État français depuis la désignation en 1799 deNapoléon Bonaparte comme Premier consul à30 ans.
↑Il explique que Donald Trump a commis« une faute pour l'avenir de notre planète » et qu'il« n'y a pas de plan B car il n'y a pas de planète B », et réaffirme « l'implication totale » de la France et de beaucoup d'autres pays pour pleinement respecter cet accord.
↑Il affirme que Michel Rocard« est celui qui [l]'a fait venir à l'action politique », tout en s'en distinguant par ailleurs
↑Le doctorant Josselin Dravigny met en avant la continuité de ses propositions« concernant les négociations européennes autour des questions migratoires, qui s'inscrivent dans ce qui a été décidé depuis plusieurs années ». Il précise :« En effet, sa volonté d'aboutir à un « Schengen renforcé » en augmentant le nombre de garde-côtes de Frontex, d'accentuer la lutte contre les passeurs, d'externaliser les contrôles aux frontières au sein des pays voisins non membres de l'UE, de multiplier les accords de réadmission signés entre l'Union européenne et les pays tiers (de transit ou d'origine des flux migratoires) et de conditionner l'aide au développement débloquée par Bruxelles à l'adoption de mesures de lutte contre l'immigration irrégulière par les pays tiers sont autant d'éléments qui figurent sur la feuille de route européenne. ».
Références
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↑Mémoire :L'Intérêt général : lecture et principes de la philosophie du droit de Hegel.
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« « J'ai voté pour Chevènement en 2002, pour vous en 2007, pour Hollande en 2012 », confie un jour Emmanuel Macron à François Bayrou, son allié centriste. »
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↑« Résultats des législatives 2022 : la coalition présidentielle, en tête, ne remporte qu'une majorité relative à l'Assemblée nationale »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
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↑« Emmanuel Macron suggère de bloquer les réseaux sociaux pendant les émeutes, une pratique très controversée »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
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↑« Guerre Israël-Hamas : après l'appel d'Emmanuel Macron « à arrêter » les bombardements israéliens à Gaza, Benyamin Nétanyahou affirme que « la responsabilité de tout tort fait aux civils incombe au Hamas » »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
↑ab etc« Loi « immigration » : « une déflagration », le récit d'une soirée de vote houleuse à l'Assemblée nationale »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
↑« Projet de loi « immigration » : les tractations se poursuivent avant la commission mixte paritaire »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
↑« Loi « immigration » adoptée au Parlement, crise dans le camp présidentiel… Retrouvez les réponses à vos questions »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
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↑« Elisabeth Borne démissionne, Emmanuel Macron salue son travail « exemplaire » au « service de la nation » »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le)
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↑ab etcSophieLécluse, « Emmanuel Macron - Matthieu Pigasse : guerre froide entre les banquiers roses : La rivalité de ces deux brillants énarques n'a jamais cessé. Ils se sont affrontés lors de la vente du «Monde», dans la banque d'affaires et maintenant sur le terrain idéologique. »,Capital,(lire en ligne).
↑« Deux enquêtes sur les « conditions d'intervention des cabinets de conseil dans les campagnes de 2017 et 2022 » ouvertes par le Parquet national financier »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
↑« Affaire McKinsey : les raisons qui ont poussé le Parquet national financier à ouvrir une enquête préliminaire »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
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Sandrine Foulon etGuillaume Duval, « La réforme des retraites illustre une fois de plus la reprise en main de la protection sociale par l'Etat : Le coup de force d'Emmanuel Macron »,Alternatives Economiques,no 397,,p. 8-11