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Emir Kusturica

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Pour les articles homonymes, voirKusturica.

Emir Kusturica
Description de cette image, également commentée ci-après
Emir Kusturica en2009.
Données clés
Naissance(71 ans)
Sarajevo (Yougoslavie, actuellementBosnie-Herzégovine)
NationalitéYougoslave(avant 2003)
Serbe
Française(depuis le 22 décembre 1995)
ProfessionRéalisateur,scénariste,acteur,musicien
Films notablesPapa est en voyage d'affaires
Le Temps des Gitans
Arizona Dream
Underground
Chat noir, chat blanc
La vie est un miracle
On the Milky Road

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Emir Kusturica (API :/ˈku.stu.ri.tsa/ ; enserbe cyrillique :Емир Кустурица) est uncinéaste,acteur etmusicienfranco-serbe, né le àSarajevo[a].

Il a notamment été deux fois récompensé par laPalme d'or auFestival de Cannes, pourPapa est en voyage d'affaires etUnderground.

Biographie

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Identité et religion

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Emir Kusturica naît le àSarajevo, enrépublique populaire de Bosnie-Herzégovine, qui faisait partie de larépublique populaire fédérative de Yougoslavie.

LeNew York Times l'interroge au début de laguerre en Bosnie-Herzégovine sur son identité et il répond :« Je suis un exemple vivant du mélange et de la conversion desSerbes enBosnie. Mes grands-parents vivaient dans l'Est de l'Herzégovine. Ils étaient très pauvres.Les Turcs sont venus et ont apporté l'islam. Il y avait trois frères au sein de la famille. L'un étaitchrétien orthodoxe. Les deux autres se sontconvertis à l'islam pour survivre. »[1].

La famille du cinéaste est représentative de la pluralité ethnique de laYougoslavie, dont l'effritement la marginalise plus tard : les ancêtres d'Emir-Nemanja Kusturica sont desSerbes orthodoxes de Bosnie-Herzégovine[2]. Environ la moitié deshabitants de Bosnie-Herzégovine sontadeptes de l'islam depuis laconquête ottomane desBalkans[2], alors qu'environ un tiers de la population est de confession orthodoxe et 15 % deconfession catholique. Néanmoins, le réalisateur n'est pas intégré, dans son enfance, aux coutumes religieuses du pays[2]. Il est par ailleurs tenu à l'écart de tout culte religieux, son père étantnon-croyant etcommuniste[2]. Ce dernier est également un ancienrésistant à l'Allemagne nazie, intégré aux troupes armées, civiles et partisanestitistes.

Ces éléments sont à nuancer sérieusement : dans sa relativement longue« profession de foi »[3] publiée à peu près au même moment, Kusturica se définit commeyougoslave et« enfant de la Bosnie primitive ». Il précise même que« desnationalistes serbes » l'ont« menacé d'une nouvellecirconcision » après le succès de son filmPapa est en voyage d'affaires, ce qui accrédite l'idée qu'il futcirconcis selon la coutume musulmane et comme le montre ce film dont le couple parental principal est musulman et fait circoncire leurs fils. Dans le même livre (chapitre « Nostalghia »), il indique que sa grand-mère paternelle était« fortement liée aux rites musulmans » et que sa famille« les a d'ailleurs conservés ».

En fait, Kusturica s'est toujours senti profondément yougoslave et c'est ce dernier terme qui définit sans doute le mieux son identité au moins jusqu'au début desannées 2000.

Le jour deĐurđevdan (la Saint-Georges) en 2005, Emir Kusturica estbaptisé à l'Église orthodoxe serbe sous le nom de Nemanja Kusturica (Немања Кустурица) dans lemonastère de Savina, près deHerceg Novi, auMonténégro[4]. Ses détracteurs analysent ce geste comme une trahison de son passé musulman et une négation de ses racines, ce à quoi il répond :« Mon père étaitathée tout en se définissant commeserbe. D'accord, nous avons peut-être été musulmans pendant250 ans, mais nous étions orthodoxes avant cela, tout en restant serbes. »[5].

Prague

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Le jeune Emir se passionne pour le cinéma : pour gagner de l'argent de poche, il travaille pour le cinéma de son quartier à Sarajevo où il assiste aux projections. Un ami de son père l'invite également sur le plateau des films officiels. Mais dans la banlieue de Sarajevo, le jeune homme joue au football, sort beaucoup et fréquente d'autres enfants que ses parents ne voient pas d'un bon œil. Inquiets pour son avenir, son père et sa mère, d'une famille respectable, décident de l'envoyer étudier à l'étranger. Il est envoyé chez sa tante àPrague et entre à l'académie du cinéma de la capitale tchécoslovaque : laFAMU. Élève brillant et appliqué, il y réalise deux courts métrages :Une partie de la vérité etAutomne. Ses professeurs voient en lui un talent très prometteur, et plus tard, dans ses interviews, il rend hommage de nombreuses fois à son professeur de mise en scène : le TchèqueOtakar Vavra. Pendant ses années praguoises, Kusturica absorbe tous les grands classiques du cinéma, qu'ils soient russes, tchèques, français, italiens ou américains. Ces films marquent profondément son style à venir.

En 1978, Emir Kusturica réalise son court métrage de fin d'étudesGuernica, un film douloureux et faussement naïf sur l'antisémitisme vu par un petit garçon. Ce film obtient le Premier Prix du cinéma étudiant duFestival international du film de Karlovy Vary.

Sarajevo

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Avec ce premier trophée, il rentre alors àSarajevo et y obtient un contrat à la télévision. Artiste anticonformiste, éloigné de la ligne du pouvoir central sur le cinéma, il réalise en1979 le moyen métrageLes jeunes mariées arrivent (de), tiré d'un scénario d'Ivica Matić qui traite de l'inceste. Fortement influencé par l'œuvre d'Andreï Tarkovski, le film dérange par sa forme et son contenu audacieux. Il est interdit de diffusion. Kusturica conserve néanmoins son poste à la télévision et tourne l'année suivante son second film :Café Titanic, tiré d'une nouvelle duprix Nobel de littérature yougoslaveIvo Andrić. Avec ce film, il remporte le premier prix du Festival de la télévision yougoslave.

Il réalise son premier long métrageTe souviens-tu de Dolly Bell ?, la même année, sur la base d'un scénario coécrit avec le poète bosniaqueAbdulah Sidran. Le film est semi-autobiographique, et raconte la difficulté pour un groupe d'enfants dans leSarajevo desannées 1960 de se confronter au rêve occidental sous le régime deTito. Le cinéaste y révèle déjà ses talents de conteur, de portraitiste et de satiriste par son sens du détail poétique et son observation aiguisée des mœurs yougoslaves traditionnelles[6]. Le monde découvre ainsi le cinéma singulier du jeune Yougoslave grâce à l'obtention duLion d'or de la Première Œuvre à laMostra de Venise et du Prix de la critique au Festival du film international deSão Paulo[6].

Kusturica travaille sur son deuxième film,Papa est en voyage d'affaires, avec le même scénariste dans l'optique de réaliser une trilogie sur sa ville natale. Le troisième volet ne verra pas le jour, mais ce deuxième film, qui témoigne de la douleur des familles séparées par l'arbitraire politique du régime deTito, remporte à la surprise générale laPalme d'or auFestival de Cannes 1985 et Kusturica rate la remise de prix, parce qu'il avait "un parquet à poser chez un ami". La récompense propulse cependant au niveau des plus grands ce jeune réalisateur de 31 ans. Pour évacuer la pression, Kusturica intègre pendant un an le groupe de musique de ses amis deZabranjeno pušenje en tant que bassiste. Il fréquente en conséquence la scène musicale yougoslave et se lie d'amitié avec le plus grand auteur-compositeur et guitariste de rock national,Goran Bregović, devenu une star nationale dans toute l'ex-Yougoslavie avec le groupeBijelo Dugme (Bouton blanc).

Les États-Unis

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La Palme d'or lui ouvre toutes les portes, notamment celles des producteurs internationaux. LaColumbia s'intéresse à lui et lui propose un contrat mirobolant. Il hésite entre plusieurs scénarios dont un sur lesDoukhobors. Finalement, un fait divers sur lesgitans retient son attention et le pousse à travailler avec le journalisteGordan Mihic afin d'élaborer l'histoire douloureuse et en partie authentique de Perhan dansLe Temps des Gitans. Mais l'œuvre, qui se veut plus une fable onirique qu'un portrait documentaire, trahit des accointances avec leréalisme magique, juxtaposant une description précise du mode de vie des Gitans à des éléments mythologiques, irrationnels et surnaturels (dons devoyance, detélékinésie, accouchement en lévitation...). Tous sont inhérents à la pensée superstitieuse etmystique des communautés tziganes. Cette pensée alimente par ailleurs fortement l'imaginaire du cinéaste pour ce film-là comme pour ses futures réalisations. Une fois monté,Le Temps des Gitans est présenté àCannes où il obtient lePrix de la mise en scène en1989. À l'issue du tournage, Kusturica est appelé àNew York par le réalisateur américano-tchèqueMiloš Forman, ancien collègue de la FAMU et président du jury cannois qui lui attribua la Palme à l'unanimité en1985. Forman souhaite qu'il le remplace à son poste d'enseignant à l'université Columbia.

Aux États-Unis, un des élèves de Kusturica,David Atkins, lui propose un scénario qui devientArizona Dream. Le cinéaste arrête l'enseignement et se consacre entièrement à la fabrication de cette œuvre, consacrée au rêve américain et à sa dure confrontation au réel. La conception douloureuse du film est rendue encore plus difficile par le début du conflit en Yougoslavie auquel le cinéaste assiste, impuissant, à des milliers de kilomètres. Le tournage est arrêté à de nombreuses reprises pour le laisser faire des allers-retours en Europe centrale et aider ses parents à faire face au conflit. Après le pillage de la maison familiale de Sarajevo et le vol de ses premiers trophées, Kusturica fait déménager ses parents auMonténégro[7].

Arizona Dream, interprété parJohnny Depp dont il reste très proche par la suite[8] mais aussiJerry Lewis,Faye Dunaway etVincent Gallo est tout de même achevé et obtient l'Ours d'argent auFestival de Berlin 1993.

Belgrade

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Emir Kusturica àBruxelles en2005.

Extrêmement choqué par les événements enBosnie et par la manière dont ils sont présentés par les médias internationaux, Kusturica constate son impuissance à agir depuis lesÉtats-Unis et décide alors de revenir avec son épouse sur sa terre natale et de montrer au reste du monde sa propre vision du conflit qui déchire sa nation. Produit entre laFrance, l'Allemagne, laHongrie, laBulgarie et laSerbie,Underground aborde le difficile thème de laguerre en ex-Yougoslavie et couvre 50 ans d'histoire, des bombardements de l'Allemagne nazie surBelgrade en1941 aux conflits ethniques desannées 1990, en passant par l'èreTito. Cette vaste fresque au souffle épique mêlefarcebouffonne,symbolisme,onirisme, opéraburlesque et esthétiquecarnavalesque[9]. Sous son exubérance, le film traduit une conception tragique et désespérée de l'histoire[9].Underground est à la fois le long métrage le plus douloureux, le plus visionnaire et le plus inventif de la carrière du metteur en scène, nourri par une force poétique et visuelle inégalée dans son œuvre[9]. Il est en partie tourné dans les studios dePrague pour les séquences en intérieur et en partie àBelgrade, en pleine guerre, pour les scènes d'extérieur. Au lendemain dumassacre de Tuzla, le film vaut au réalisateur une secondePalme d'or cannoise en1995, en dépit de la forte controverse qu'il essuie lors de sa présentation enFrance.Alain Finkielkraut publie au lendemain de la proclamation du palmarès une violente tribune dansLe Monde, intituléeL'imposture Kusturica[10],[11]. L'auteur y accuse le cinéaste de capitaliser sur la souffrance desmartyrs de Sarajevo et de se livrer à une propagande pro-serbe sous couvert d'exprimer sa nostalgie de l'ancienne Yougoslavie[9]. En parallèle,Bernard-Henri Lévy renchérit dansLe Point, reprochant au réalisateur d'avoir« choisi le camp des bourreaux » et de faire d'Underground une arme idéologique au service desnationalistes serbes[9]. Kusturica répond, le, par un article intituléMon imposture[12]. Il récuse les accusations proférées à son encontre et affirme que ni Finkielkraut ni Lévy n'ont vu le film, ce que les intéressés confirment tout en maintenant leurs déclarations[13],[14]. Entre-temps, le metteur en scène reçoit le soutien de personnalités du monde culturel parmi lesquelles le réalisateur grecTheo Angelopoulos[15].

Cette polémique, et plus encore un reportage paru dansLe Monde sur le sentiment de « trahison » ressenti par ses amis d'enfance et ses compagnons de cinéma dans le Sarajevo assiégé et bombardé par l'armée des serbes de Bosnie, décident le cinéaste meurtri à « lier son destin au régime deSlobodan Milošević »[16] et à arrêter le cinéma. Il se ravise pourtant après avoir visionné le filmLe Jour et la Nuit,« en voyant les dommages queBernard-Henri Lévy peut causer au monde du cinéma. »[17]. Il tourneChat noir, chat blanc en1998, un film aux antipodes du précédent, plus calme mais non moins pittoresque, plein de couleurs, de musique, de cocasserie et d'humour. Il permet au cinéaste d’être gratifié d’unLion d'argent à laMostra de Venise en1998.

Comme toujours, pour décompresser, il revient à la musique et enchaîne une tournée mondiale avec son groupe de musique rebaptisé leNo Smoking Orchestra. De cette tournée, il réalise le documentaireSuper 8 Stories en2001.

Küstendorf

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L’ethno-village deKüstendorf

Après plusieurs projets non concrétisés, Kusturica décide de revenir une nouvelle fois sur la guerre et l'aborde à travers une histoire dont il a l'idée depuis longtemps : une transposition deRoméo et Juliette dans lesBalkans. L'idée donne naissance au filmLa vie est un miracle qui sort en2004. Pour le tournage, il s'arrête avec son équipe dans les montagnes de la Mokra Gora et y construit pour l'occasion unevoie ferrée et un village traditionnel en bois. Ce village, baptiséKüstendorf et dont il s'autoproclame maire, est érigé en place forte de l'altermondialisme, dutourisme écologique et de l'enseignement du cinéma comme il l'explique alors lors de nombreuses interviews.

Le village est ouvert au public depuis. Un séminaire de cinéma pour jeunes étudiants y a eu lieu au cours de l'été 2005. La commune de Küstendorf gagne enoctobre 2005 lePrix européen d'architecture Philippe-Rotthier[18]. Entre-temps le cinéaste, grand lecteur deGabriel García Márquez dont l'univers a largement influencéLe Temps des Gitans etUnderground, nourrit le projet d'adapterL'Automne du patriarche et rencontre l'écrivain colombien àLa Havane afin de discuter de la mise à l'écran de son livre[19]. Kusturica souhaite également porter à l'écran d'autres œuvres duprix Nobel de littérature 1982 parmi lesquellesCent ans de solitude, son chef-d’œuvre[19]. Néanmoins, aucune des adaptations souhaitées ne voit le jour[19].

Toujours dans les environs deKüstendorf, après avoir passé une année à travailler sur un documentaire consacré au joueur defootballDiego Maradona, Kusturica débute en 2006 le tournage dePromets-moi. Le premier film, qui met plus de temps à se faire que prévu, sort sur les écrans français à la fin du mois demai 2008 alors que le second, réalisé après et sélectionné auFestival de Cannes 2007, est distribué en France enjanvier 2008.

Andrićgrad

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De la même façon qu'il a fait bâtir Küstendorf, ou « Drvengrad » (Village en bois), le réalisateur fonde une nouvelleville en hommage au livre d'Ivo Andrić,Le Pont sur la Drina. Le réalisateur serbe Emir Kusturica avec le soutien du président de l'entité administrative bosnienne de larépublique serbe de Bosnie,Milorad Dodik, compte adapter au cinémaLe Pont sur la Drina et pour cela il souhaite reconstruire en dur à l'identique une partie de la ville décrite par Andrić dans son livre[20].Andrićgrad (en), ou « Kamengrad » (Village en pierre), est construit près de l'actuelle ville deVišegrad et inauguré le, date commémorant le centenaire de l'assassinat de l'archiducFrançois-Ferdinand d'Autriche àSarajevo.

Il est également reproché au projet de serbiser un pan de la ville, plutôt musulman.

Style

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Omniprésence de la musique

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La musique est omniprésente dans les films de Kusturica. Après une collaboration avecZoran Simjanović pour ses premiers films, ce sont surtout les trois films qu'il fait avecGoran Bregović qui marquent les esprits :Le Temps des Gitans (1990),Arizona Dream (1993) etUnderground (1995). Il travaille également avec le trompettiste serbeBoban Marković et sa fanfare de onze musiciens, de nos jours considérée comme l'une des meilleures fanfares d'Europe centrale. Depuis 1998, c'est son propre groupe leNo Smoking Orchestra qui assure la musique de ses films. Il y joue de la guitare et du banjo et compose une partie des morceaux.

Les Gitans

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LesGitans sont le thème central de deux des films de Kusturica :Le Temps des Gitans etChat noir, chat blanc, même si des joueurs de musique tziganes apparaissent dans quasiment tous ses autres films. Emir Kusturica n'a pas de racines familiales gitanes maisil les a fréquentés depuis sa plus tendre enfance et, pour lui, ce peuple symbolise la notion même de liberté[réf. nécessaire].

Kusturica met en scène un opéra punk,Le Temps des Gitans, dont la première représentation est donnée le à l'Opéra Bastille à Paris. L'opéra est fondé sur son film de 1989,Le Temps des Gitans, le livret est écrit parNenad Jankovic et la musique composée par leNo Smoking Orchestra. L'œuvre, très différente de la programmation habituelle de l'Opéra Bastille (chants amplifiés au micro, voies sur scène, décors rocambolesques, etc.) remporte un vif succès critique et public et reçoit des applaudissements fournis lors des représentations.

Influences et références

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Son impressionnante connaissance des classiques du cinéma, Emir Kusturica la distille par petites touches dans ses films sous forme de plans hommages directs ou indirects, aux plus grands films. Ainsi:

Propos politiques

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Kusturica est souvent très engagé dans les propos qu'il tient lors d'interviews (même si, selon le pays ou la date où est effectuée l'interview, les propos peuvent varier énormément[réf. nécessaire]). Cet engagement politique se reflète dans ses films, qui présentent souvent les différents côtés d'un conflit sous un éclairage original. DansPapa est en voyage d'affaires, le personnage principal, bien que puni trop sévèrement pour un crime politique imaginaire, est en fait un père de famille plutôt négligent.Chat noir, chat blanc, film apparemment apolitique, a été tourné sur les rives du Danube quelques mois avant qu'elles ne soient pilonnées par l'OTAN en 1999. DansLa vie est un miracle, le conflit serbo-bosniaque est montré du point de vue d'un Serbe de Bosnie, chassé de ses terres par lesBosniaques. Ses œuvres tournent souvent en ridicule les mœurs serbes comme bosniaques[9]. Dans ses films et ses déclarations publiques, le cinéaste refuse de considérer la Serbie comme la seule responsable des guerres de l'ancienne Yougoslavie et rejette la vision des médias étrangers sur son pays qu'il juge simpliste et arrogante[9]. Il s'oppose également à l'ingérence occidentale et l'impérialisme des grandes puissances[8].Underground représente laFORPRONU comme une force corrompue : des scènes coupées de la version projetée à Cannes, en 1995, la montrent fortement active dans des trafics de drogue et d'argent[9].

Symboles

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Un certain nombre de thèmes et symboles reviennent dans ses films comme desleitmotive : la vision du monde par les enfants, les amours sombres et passionnées, le conflit ethnique, le déchirement fratricide, leréalisme magique, les animaux, la nature, les mariages, le football, le suicide par pendaison, l'envol, le tragique de l'histoire, le kitsch politique (l'utopie communiste et le rêve américain) et artistique. Généralement, Kusturica fait cohabiter divers registres, genres ou styles dans ses mises en scène : naturalisme, grotesque, burlesque, élégie, satire, parodie, lyrisme, mélodrame, ironie, symbolisme, onirisme, merveilleux, etc.

La famille

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L'importance de la famille est souvent au cœur de l'intrigue des films de Kusturica (au travers d'histoires de passage à l'âge adulte, de séparations, de trahisons ou de mariages). Dans sa vie personnelle également, la famille joue un grand rôle puisque sa femme Maja Kusturica (Orthodoxe Serbe) l'assiste dans la production de ses films, et son filsStribor Kusturica joue de la batterie dans son groupe leNo Smoking Orchestra, et fait occasionnellement l'acteur dans ses films. Sa fille, Dunja Kusturica, a été son assistante sur le tournage deMaradona et sélectionne annuellement une quinzaine de films de fin d'études parmi les meilleures écoles et universités de cinéma internationales, projetés auFestival de Küstendorf[22]. Cet événement est l'occasion pour le cinéaste d'afficher une ligne politiquealtermondialiste etécologiste en s'opposant à tout ce qui symboliseHollywood : chaque année, une cérémonie d'enterrement de copies deblockbusters américains est organisée[22]. Plusieurs personnalités du cinéma se sont rendues au festival parmi lesquellesJohnny Depp,Benicio del Toro,Bérénice Bejo,Guillermo Arriaga, Srdjan Koljevic,Isabelle Huppert, lesfrères Dardenne,Nuri Bilge Ceylan,Abel Ferrara,Asghar Farhadi,Paolo Sorrentino,Leila Hatami,Marjane Satrapi,Janusz Kaminski,Nikita Mikhalkov,Kim Ki-duk ou encoreThierry Frémaux[22],[8],[23],[24],[25]. Kusturica vit avec sa famille entre la Normandie, Paris, Belgrade et Küstendorf[26],[27]. Il détient les nationalités serbe et française (il fut naturalisé français en 1995[28])[29],[4].

Prises de position polémiques

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Emir Kusturica lors d'un concert avec le No Smoking Orchestra

Socialiste etantinationaliste[30], Emir Kusturica est régulièrement attaqué dans la presse pour ses prises de position jugées opaques parmi lesquelles le fait d'avoir rejeté la nationalité bosnienne sous prétexte de s'opposer aux particularismes ethniques, son refus de condamnerSlobodan Milošević et les crimes serbes, sa défiance envers l'engagement humanitaire aux Balkans ou encore son idéalisation de l'ex-Yougoslavie qui dissimulerait une fascination pour laGrande Serbie[9],[11]. Il lui est également reproché de ne pas reconnaître le droit international et de récuser l'ordre mondial fondé sur la domination occidentale[11]. Le cinéaste et son groupe, leNo Smoking Orchestra, ont écrit une chanson au sujet deRadovan Karadžić, surnommé « Le boucher des Balkans » :Wanted Man[11]. Il qualifie cependant ce dernier de « criminel »[31].Télérama écrit que Kusturica, « né au sein d’une famille bosnienne musulmane de Sarajevo en 1954, ne s’est jamais remis de la disparition de la Yougoslavie multiconfessionnelle de sa jeunesse[32]. »

En compagnie dePatrick Modiano,Paul Nizon,Bulle Ogier,Luc Bondy etElfriede Jelinek, Kusturica apporte, en2006, son soutien à l'écrivain autrichienPeter Handke face à la censure dont il fait l'objet de la part de laComédie-Française après s'être rendu aux obsèques deMilošević[33]. En2008, il participe à une manifestationserbe contre l'indépendance duKosovo, au cours de laquelle plusieurs personnalités affirment que la Serbie n'acceptera jamais cet état de fait[34].

En2014, après avoir défenduAlexandre Loukachenko, accusé par l'Occident de bafouer lesdroits de l'homme auBélarus, il déclare que « laRussie doit défendre les Russes qui vivent enUkraine », ajoutant que « malheureusement, l'Ukraine se dirige actuellement sur la même voie que la Yougoslavie, il y a des années »[30].

Le, il s'affiche auprès deVladimir Poutine qu'il admire en tant que président de la Russie combattant l'Ukraine. Kusturica s'avère aussi être un proche deMilorad Dodik, chef politique des Serbes de Bosnie[32]. Confirmant sa proximité avec le régime Russe, il est présent sur laPlace rouge à Moscou le 9 mai 2025 pour le défilé militaire du quatre vingtième anniversaire duJour de la Victoire.

Filmographie

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Réalisateur

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Courts et moyens métrages

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Téléfilms

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Longs métrages

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Clip vidéos

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Publicités

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Emir Kusturica a tourné de nombreuses publicités pour la télévision française dans les années 1990 (Le Sucre,Banque populaire, parfum XS dePaco Rabanne,Renault Occasion), mais aussi pour d'autres pays (Suisse : cigarettesParisienne People, Allemagne : campagne pour la lutte contre leSIDA, Italie : IOL, Serbie : jus de fruit Next, Russie : Baltimor Ketchup, etc.)

Acteur

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Distinctions

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Récompenses

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Au festival de Cannes en 2005

Nominations

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Décorations

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Éponymie

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Jurys de festivals

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Divers

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Notes et références

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Notes

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  1. À l'époque enrépublique populaire de Bosnie-Herzégovine, l'une des six entités de larépublique populaire fédérative de Yougoslavie.

Références

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  32. a etbSamuel Douhaire, « Kusturica félicite Poutine concernant l'Ukraine… Mais où est passé son esprit "Underground" ? »Accès libre,Télérama,(consulté le)
  33. RenéSolis, « Jelinek soutient Peter Handke »,Libération,‎(lire en ligne)
  34. Consensus serbe autour du Kosovo, un article del'Humanité
  35. Palme d'or à Emir Kusturica pourPapa est en voyage d'affaires sur ina.fr
  36. Palme d'or à Emir Kusturica pour "Underground" sur ina.fr
  37. (en) « (642097) Kusturica =2005 GA16 »,WGSBN Bulletin,vol. 5,no 9,‎,p. 21(lire en ligne).

Voir aussi

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Bibliographie

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De l'auteur
Sur Emir Kusturica
  • Peggy Saule,Le baroquisme d'Emir Kusturica, un cinéma de la métamorphose, éditions EUE, Berlin, 2010,(ISBN 978-613-1-54608-2)
  • Jean-Max Méjean,Emir Kusturica, éditions Gremese, 2007(ISBN 978-88-7301-625-0)
  • Matthieu Dhennin,Le Lexique subjectif d'Emir Kusturica, éditions L'Âge d'homme, 2006(ISBN 2-8251-3658-1)
  • Jean-Marc Bouineau,Le Petit Livre d'Emir Kusturica, éditions Spartorange, 1993(ISBN 2-9506112-2-2)
  • Laurent Le Boëtté,Emir Kusturica, l'éternel gitan des Balkans, mémoire de fin d'études de Sciences-Po Grenoble, Université Pierre Mendès France-Grenoble II, dir. Claude Boyard & Eric Chaudron, 2001, 108 p.
  • Ksenia Smolovié, sous la direction de Bruno Péquignot,Le cinéma d'Emir Kusturica et ses représentations de la Yougoslavie, mémoire de master 1 en médiation culturelle, Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, 2014, 96 p.

Articles connexes

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Liens externes

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