Il était le cinquième d’une famille de douze enfants et son père était un instituteur de village peu fortuné. Comme il était doué, diverses bourses lui permirent de passer l’Abitur, puis, comme il n’aurait pas eu assez d’argent pour payer de longues études, il choisit d’être médecin militaire et, en 1874, il entra à laKaiser-Wilhelm-Akademie für das militärärztliche Wesen deBerlin où, entre 1874 et 1878, il étudia lamédecine. Il est principalement médecin militaire et professeur d'hygiène à la Faculté de médecine de l'université de Marbourg, un poste qu'il garde toute sa vie. Appelé parRobert Koch, il fut nommé à l’Institut des maladies infectieuses de Berlin en 1890.
Le mécanisme de la défense de l'homme contre lesmicro-organismes se partageait alors entre deux théories : une théorie « cellulaire » où des cellules tueuses permettaient de se débarrasser ainsi desmicrobes et une théorie « humorale » où l'arme principale contre ces derniers était constituée de facteurs contenus dans le sang. Behring contribue au débat avec en particulier trois publications importantes concernant deux maladies graves à l'époque : ladiphtérie, surtout pour les enfants, et letétanos, cause majeure de décès en temps de guerre, car s'attaquant aux blessés :
la première, parue en 1890, démontre l'existence d'un facteur humoral chez des animaux immunisés contre latoxine du tétanos ou de la diphtérie ;
la seconde, publiée en 1892, démontre que ce mêmesérum pouvait transférer une immunité ;
la troisième utilise ce principe pour le traitement de la diphtérie (Hoechst 1894).
En 1901, Behring est lauréat du premierprix Nobel de physiologie ou médecine« pour son travail sur la thérapie par lesérum, particulièrement son application contre ladiphtérie, grâce à laquelle il a ouvert une nouvelle voie dans le domaine de la science médicale et par conséquent placé dans les mains du médecin une arme victorieuse contre la maladie et la mort[1] ».
Behring mena avecKitasato Shibasaburō ses recherches sur l'antitoxine de ladiphtérie et celle dutétanos et ils annoncèrent ensemble cette découverte en 1890. Tous deux furent nommés pour le prix Nobel 1901 mais seul von Behring fut lauréat.
En 1913, Behring propose un vaccin contre la diphtérie : efficace en laboratoire, il s'avère inefficace sur le terrain[2].
L'entreprise Behringwerke a été créé en 1904 àMarbach et s'est développée ensuite àMarbourg. L'Institut Behring était le pendant de l'Institut Pasteur qui en France produisait des sérums et vaccins à Paris et à Lille. Mais à la différence de l'institution française, Berhingwerke AG a adopté un statut d'entreprise industrielle très rapidement.
En 1952, Berhingwerke est devenu une filiale à 100 % du conglomérat chimique deFrancfort-sur-le-Main,Hoechst. Progressivement, l'activité sérums et vaccins de Beringwerke a été consolidée dans l'activité pharmaceutique de Hoechst. En 1999, les activités pharmaceutiques de Hoechst et deRhône-Poulenc ont été fusionnées pour constituerAventis, créant en Europe continentale une entreprise susceptible de concurrencer les géants américains du secteur.
Les activités de Berhingwerke trouvaient difficilement leur place dans le nouveau groupe qui comportait déjà Rhône-Poulenc et l'entreprisePasteur-Mérieux-Connaught qui avait une envergure mondiale. Les activités Berhingwerke ont donc été démantelées. La partie vaccin a été rachetée parCiba-Geigy, aujourd'huiNovartis.
En 2014, Novartis vend son activité vaccin à la firme australienneCSL. En novembre 2015, CSL décide de changer de marque. L'entreprise prend le nom de Seqirus au USA, toutefois en Europe et en Australie le nom de Behring CLS est conservé. L'activité orientée vers lelaboratoire d'analyses médicales a été cédée à unebanque du sang américaine initialement installée en Floride àDade, qui a repris le nom du grand médecin allemand dans sa raison sociale, Dade-Behring.
Werner E. Gerabek:Emil Adolf von Behring. In:Horst Kant und andere:Harenberg Lexikon der Nobelpreisträger. Alle Preisträger seit 1901. Ihre Leistungen, ihr Leben, ihre Wirkung. Hrsg. vom Harenberg Lexikon Verlag. Harenberg, Dortmund 1998, S. 20 f.
Paul De Kruif:Roux und Behring. Gegen die Diphtherie! In: Paul de Kruif:Mikrobenjäger. (Originalausgabe:Microbe Hunters. Harcourt, Brace & Co., New York 1926) Orell Füssli Verlag, Zürich/Leipzig 1927; 8. Auflage ebenda 1940, S. 175–197.
Derek S. Linton:Emil von Behring. Infectious Disease, Immunology, Serum Therapy. American Philosophical Society, Philadelphia 2005,(ISBN0-87169-255-4) (engl.).
(en)Biographie sur le site de lafondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — leNobel Lecture — qui détaille ses apports)