Elio Di Rupo naît le, àMorlanwelz-Mariemont, de parents d'origineitalienne, arrivés enBelgique en1947[3]. Sa famille est originaire de la petite commune deSan Valentino in Abruzzo Citeriore, dans lesAbruzzes[4]. Son père meurt d'un accident de la route en juillet 1952. Sa mère s'occupe seule de la famille de sept enfants. De condition très modeste,il comprend très tôt que c'est par l'éducation qu'il parviendra à se construire un avenir[réf. souhaitée]. Son parcours lui permet de mener à bien un doctorat en chimie, à l'université de l'État à Mons, université au sein de laquelle il exerce par la suite un mandat comme conseiller d'administration.
Durant ses études, le jeune Elio Di Rupo commence à se construire une conscience politique. Il milite ensuite au sein duParti socialiste, dans lequel il dit avoir trouvé un écho à ses idéaux humanistes de justice sociale et de liberté individuelle.
En1996, dans le contexte de l'affaire Dutroux, Elio Di Rupo, qui est alors Vice-Premier ministre et Ministre de l'Économie et des Télécommunications[N 1], est accusé depédophilie ; cette accusation, relayée « par une certaine presse », s'avère finalement sans fondement, et semble s'être apparentée à une manœuvre de déstabilisation[8],[9]. En 2001, le politicien évoque ouvertement sonhomosexualité[10]. EnBelgique, il reste l'un des premiers hommes politiques belges de haut rang à l'avoir fait[11].
En2011, Elio Di Rupo devient le deuxièmechef de gouvernement au monde à s'être ouvertement déclaré homosexuel (après la Première ministre islandaise,Jóhanna Sigurðardóttir, en 2009) et le premier chef du gouvernement belge dans ce cas[12].
Ministre-président du gouvernement wallon et président du PS
En, il est élu à la présidence duPS, au suffrage universel des membres. Il remporte 71 % des 40 000 voix face à trois autres candidats. Il quitte la présidence régionale le pour se concentrer sur la transformation et la modernisation du parti, et retrouve à cette occasion le siège de député fédéral pour lequel il s'était fait élire en1999 (et qu'il abandonne le).
Lors du1er mai2002, Di Rupo lança un appel en faveur de la création d'un « pôle des gauches ». Cet appel se concrétisera le par l'établissement des « convergences à gauche » avecEcolo.
En, il publieLe Progrès partagé, un livre de réflexion qui synthétise le travail effectué durant 500 jours au sein desAteliers du Progrès par les militants duPS et par les très nombreux progressistes venus les rejoindre pour repenser le message socialiste. Rajeuni, féminisé, ouvert à l’ensemble des sensibilités de gauche, lePS s’est ainsi doté d’un tout nouveau projet.
Son premier échevin, Nicolas Martin, désigné tête de liste PS pour les communales 2018 a annoncé le 26 mars 2018 qu'Elio Di Rupo ne serait pas candidat bourgmestre à l'occasion de ce scrutin[14].
Le, auxlégislatives fédérales, lePS effectue un bond en avant considérable, tant àBruxelles qu’enWallonie, et conforte sa position de premier parti francophone. C’est la première fois qu’une telle progression est enregistrée par un parti au pouvoir.
Élu député fédéral désormais pour la circonscription duHainaut, Elio Di Rupo est nommé informateur par leRoi, le. Il consulte l’ensemble de la société civile et remet au chef de l’État un rapport, intitulé « Pour une Belgique créative et solidaire ». Ce texte servira de base lors des négociations qui déboucheront sur la formation de la nouvellecoalition « violette » entre socialistes et libéraux, en, toujours sous la direction deGuy Verhofstadt.
En, il est l’un des principaux initiateurs d’un « Plan Marshall » pour laRégion wallonne, qui vise à démultiplier les efforts entrepris afin que la Région renoue avec la prospérité.
Lors desélections communales du, la listePS qu'il emmène àMons perd près de 10 points et trois sièges, mais conserve la majorité absolue en voix et en nombre d'élus. Lui-même perd un tiers de ses suffrages de préférence. Conservant ses fonctions de ministre-président dugouvernement wallon et de président duParti socialiste, Elio Di Rupo demeurebourgmestre empêché de la ville etCatherine Houdart devient la bourgmestre faisant fonction de la commune[16].
Le, à la suite du recul socialiste à l'occasion desélections législatives de la veille (avec toutefois la réélection de Di Rupo comme député fédéral pour leHainaut), il annonce la mise sous tutelle de l'Union socialiste communale deCharleroi et de la Fédération socialiste de cette commune, encrise depuis plusieurs mois. Il demande par ailleurs la démission dubourgmestreLéon Casaert et de tous les échevinssocialistes deCharleroi, ce qui est fait le12 (avec l'échevincdHJean-Jacques Viseur). Le même jour, la majoritéPS-cdH à laRégion wallonne change en urgence, avec le soutien de l'opposition, une disposition du décret Courard régissant la loi électorale communale pour dénouer la situation àCharleroi : l'obligation d'appartenance du bourgmestre à la liste qui a fait le plus de voix est supprimée.
Le, l'ancien président duPSGuy Spitaels réagit à la défaite électorale socialiste et demande à Elio Di Rupo de ne plus cumuler les différents mandats qu'il occupe et de choisir entre ses mandats de bourgmestre deMons, président du parti et ministre-président du gouvernement wallon. Le14, Elio Di Rupo décide de l'anticipation de l'élection à la présidence duPS, qui a lieu enjuillet plutôt qu'enoctobre. Il annonce sa candidature et son renoncement à la charge de ministre-président s'il est réélu. Le, face à l'anciendéputé permanenthennuyer Jean-Pierre De Clercq, il est réélu par 89,5 % des voix exprimées par les militants socialistes[17]. Le19 juillet, il abandonne le poste de ministre-président au profit deRudy Demotte et redevient le jour même député fédéral de plein exercice puisbourgmestre à part entière deMons le23.
Durant six mois, après lesélections fédérales du, des tentatives ont lieu pour former une majorité libérale-chrétienne qui doit s’appeler l'« Orange bleue ».
La Belgique est plongée dans une crise institutionnelle grave et la question de l’éclatement du pays est au premier plan des préoccupations. LePS est alors rappelé augouvernement fédéral le dans le cadre d'une coalition dite « arménienne » ou « lilas » (sans les socialistes flamands) et contribue à une sortie de crise. À partir du, le nouveaugouvernement fédéral deHerman Van Rompuy (CD&V) de se centrer sur les problèmes économiques et sociaux.
LePS est alors confronté à des « affaires » locales qui vont brouiller son image et entacher l’action de l’ensemble de ses élus. De nombreuses exclusions sont prononcées et un code de déontologie est adopté.
Lesélections fédérales anticipées du faisant duPS le premier parti francophone et du camp socialiste (avec 13,71 % des suffrages et 26 sièges sur 150 à laChambre des représentants, 13,62 % et 7 élus directs sur 40 et 13 sièges en tout sur 71 auSénat), la première famille politique du pays (22,95 % et 39 députés, 23,1 % et 20 sénateurs sur 71), Elio Di Rupo est très souvent cité comme futurPremier ministre. Il quitte son siège auParlement wallon pour un à laChambre des représentants, élu dans la circonscription duHainaut.
Le, leroi le charge d'unemission de préformation dugouvernement, faisant suite à la mission d'information deBart De Wever. Il doit alors trouver des points d'accords entre les partis politiques belges au sujet de trois grands problèmes : l’assainissement des finances publiques, le tissu socio-économique et la réforme institutionnelle[18].
Le29 août suivant, Elio Di Rupo présente sa démission àAlbert II, qui la refuse et demande au président duPS de trouver un compromis au niveau communautaire, notamment en ce qui concerneBHV et le financement deBruxelles[19]. À 18 heures se réunissent alors les négociateurs pour tenter de trouver finalement une solution. Quelques heures plus tard, Di Rupo propose la scission deBHV, un refinancement de 300 millions par an pourBruxelles, et 15 milliards de transferts de compétences auxrégions. Malgré l’accord des partis flamands de gaucheSP.a etGroen!, la proposition est rejetée, jugée insuffisante par laN-VA et leCD&V[20]. Devant cette impasse, leroi décharge Elio Di Rupo de sa mission le et nomme les présidents des deux chambres duParlement fédéral,André Flahaut (PS) etDanny Pieters (N-VA)[21].
Le,AlbertII le nommeformateur avec pour mission de négocier la sixième réforme de l’État et ensuite de constituer le prochaingouvernement fédéral belge. Quinze jours plus tard, il se rend chez leroi pour faire un compte rendu intermédiaire des négociations, avant de subir une opération des cordes vocales le lendemain qui le laisse sans voix pendant une semaine[22]. Di Rupo a terminé sa série de rencontres bilatérales avec les présidents des neuf partis participant aux négociations (N-VA,PS,MR,CD&V,Open Vld,Sp.a,cdH,Ecolo etGroen!)[22].
Le 28 mai 2011, l'« homme aunœud papillon[23] » est à nouveau élu président duPS avec 96,7 % des voix, après un résultat en1999 de 71 % et en2007 de 89,5 %.
Le, Elio Di Rupo remet àAlbert II sa note de base, prévue comme point de départ pour la formation du gouvernement fédéral[24]. Les points abordés par la note sont alors[25] :
l'assainissement budgétaire de 22 millions pour2015, grâce à 37 % de réduction des dépenses et 27 % d’augmentation des recettes ;
Trois jours plus tard,Bart De Wever annonce que laN-VA rejette la note Di Rupo[26]. Toutefois, le14 septembre suivant, les huit autres partis participant aux négociations se sont finalement entendus sur un projet d'accord basé sur la note Di Rupo, avec surtout une scission de l'arrondissement électoral et judiciaire deBHV, tout en maintenant le système desfacilités dans les six communes de la périphérie bruxelloise[27],[28]. Puis, le8 octobre, les mêmes partis ont annoncé un accord pour un nouveau réaménagement des institutions fédérales, ramenant la durée de la législature nationale de 4 à 5 ans. Dans la périphérie flamande deBruxelles (en dehors des communes àfacilités), les droits linguistiques et administratifs spéciaux des habitants francophones devraient être supprimés pour la plus grande part. Des vitesses maximales différentes pourront être fixées sur les routes. La sécurité civile (pompiers et protection civile) par contre ne sera pas divisée[29].
Le, Elio Di Rupo présente au roiAlbert II une proposition decoalition gouvernementale entre six partis issus de trois familles politiques belges : lessocialistes duPS francophone de Di Rupo et laSp.a flamande deCaroline Gennez, leslibéraux duMR francophone deCharles Michel et de l'Open VLD néerlandophone d'Alexander De Croo, et lesdémocrates chrétiens duCD&V flamands deWouter Beke et duCDH francophone deBenoît Lutgen. Il s'agit alors d'une coalition dite « tripartite traditionnelle ». Elio Di Rupo a dû renoncer d'inclure dans cette alliance les écologistes francophones d'Ecolo et néerlandophones deGroen!, en raison du refus de l'Open VLD de participer à un gouvernement où ces derniers seraient présents, tandis que leCD&V avait fait savoir qu'il ne s'associerait pas à une majorité qui ne comprendrait pas les libéraux flamands[30].
Le, constatant un nouvel échec des négociations sur le budget fédéral, Elio Di Rupo demande au roi des Belges d'être déchargé de sa tâche de former un gouvernement mais le 23, ce dernier le charge de poursuivre sa mission. Le, un accord avec les représentants des six partis qui participent aux négociations gouvernementales est trouvé[31] et le roi charge Di Rupo de former un gouvernement le plus rapidement possible[32].
Nommé Premier ministre le6 décembre, il devient le premier socialiste francophone à diriger le gouvernement belge depuisEdmond Leburton. Il nomme, le lendemain, ungouvernement de douze ministres, dont six vice-Premiers ministres.
Après avoir prêté serment le 6 décembre 2011 devant le roiAlbert II, il prononce, le lendemain, un discours de politique générale devant leParlement fédéral et obtient la confiance de celui-ci le 10 décembre.
Son gouvernement entreprend de transférer aux régions certaines fonctions de la Sécurité sociale (allocations familiales, soins de santé, etc), ce qui sera accentué par le gouvernement de droite de Charles Michel[33].
À la suite desélections fédérales du 25 mai 2014, il remet le lendemain la démission de son gouvernement au roiPhilippe, qui le charge alors d'expédier les affaires courantes jusqu'à l'installation d'un nouveau gouvernement. Il est remplacé parCharles Michel au poste de Premier ministre, le 11 octobre 2014.
Quelques heures plus tard, il remet sa démission de la tête du Parti socialiste, dans le but de redemander leur confiance aux militants. Il se porte donc candidat à sa succession[34]. Il retrouve officiellement, le mois suivant, la présidence du Parti socialiste. Il y est réélu avec 93,6 % des voix[35].
Aux électionsfédérales etrégionales du, il est tête de liste dans le Hainaut pour le fédéral[36]. Malgré des résultats en baisse, son parti reste la première force politique francophone et garde la main pour la formation des gouvernements bruxellois et wallon[37]. Elio Di Rupo réalise un score personnel de 125 009 voix[38]. Il mène les négociations pour un former un gouvernement wallon, qui aboutissent à un accord de majorité entre le PS, leMouvement réformateur etEcolo. Di Rupo prend la tête du gouvernement wallon pour la troisième fois[39]. Il prête serment devant le roi Philippe, le[40].
Le 15 juillet 2024, il est remplacé dans cette fonction parAdrien Dolimont[41].
Elio Di Rupo est tête de liste aux élections européennes de juin 2024. Il est élu au Parlement européen avec 181 797 voix et siège au sein du groupe de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D).
↑Marie-Thérèse Coenen, Serge Govaert et Jean Heinen,L’État de la Belgique : 1989-2004 : quinze années à la charnière du siècle, éd. De Boeck, 2004,p. 151
Chantal Samson & Livio Serafini,Elio Di Rupo : de la chrysalide au papillon, ÉditionsLuc Pire, Bruxelles, 1997(OCLC53233672)
Claude Demelenne,Pour un socialisme rebelle : suivi d'un entretien avec Elio Di Rupo, Vista, Bruxelles, 2002(OCLC77346027)
Elio Di Rupo,Le progrès partagé, Éditions Luc Pire, Bruxelles, 2003(ISBN978-2-87415-313-6)
Robert Falony & Xavier Mabille,Le Parti socialiste : un demi-siècle de bouleversements - DeMax Buset à Elio Di Rupo, Éditions Luc Pire, Bruxelles, 2006(OCLC66373709)