Issu d'une famillehassidique, il est déporté en 1944 dans le cadre de lapolitique d’extermination systématique des Juifs àAuschwitz puisBuchenwald. Ayant survécu à laShoah, il est ensuite accueilli en France où il fait des études de littérature et journalisme, produisant une œuvre abondante en languesfrançaise,hébraïque,yiddish etanglaise, où les légendes des mondes juifs disparus et la Shoah occupent une part importante, souvent centrale. Émigré à New York, il y fait souche, continuant à écrire et enseigner, participant à la fondation duMémorial américain de l’Holocauste ainsi qu’à de nombreux débats d’idées sur la conduite de l’humanité, la place des Juifs dans le monde et celle d’Israël dans les nations.
Son livreLa Nuit est resté sur la liste des meilleures ventes duNew York Times,The New York Timesbestseller list, pendant neuf semaines d'affilée, un record inégalé pour un livre denon-fiction.
Sighetu Marmației - La maison natale, aujourd'hui maison commémorative d'Elie Wiesel.
Elie Wiesel a une enfance pauvre, mais heureuse[1],[2] ; il naît et grandit àSighet, dans la région deMaramureș enTransylvanie échue à laRoumanie en 1920 par letraité de Trianon et située juste à la frontièreukrainienne, d'abord épargné par laguerre. Mais en, à 15 ans, comme tous lesJuifs de la zonehongroise deTransylvanie, il estdéporté avec sa famille par lesnazis àAuschwitz-Birkenau, puisBuchenwald[3]. Il y perdra sa mère et la plus jeune de ses trois sœurs, gazées dès leur arrivée, puis son père, avec lequel il avait passé tout son temps en déportation. Le récit de cette captivité se retrouve dans l'ouvrageLa Nuit[4]. Les deux autres sœurs d'Elie Wiesel, Hilda et Bea, déportées elles aussi, ont survécu[5].Libéré par lesAméricains en, pris en charge avec plusieurs centaines d'autres jeunes et enfants par l'OSE (Œuvre de secours aux enfants, une œuvre juive d’assistance et de sauvetage d’enfants juifs), il arrive auPréventorium d'Écouis dans l'Eure pour quelques semaines, où ses sœurs Hilda et Bea arrivent aussi, alors qu'il se croit seul au monde, puis avec quelques dizaines de garçons parmi les plus religieux, il séjourne quelques semaines encore au château d'Ambloy, puis de façon plus stable pendant 2 ans, d'octobre 1945 à septembre 1947, au château de Vaucelles au 13 rue de la Marée àTaverny, puis enfin dans la maison d'enfants de l'OSE « Chez nous » au 63avenue de Paris à Versailles. Soutenu et encouragé par le directeur pédagogique de l'OSE,Bô Cohn et son épouse, qui lui fournissent en 1947 un petit logement àParis[6] il passe une dizaine d'années àParis, durant lesquelles il fait des études dephilosophie à laSorbonne.
À trente ans, il commence à décrire son expérience concentrationnaire, à témoigner pour les victimes de laShoah. Ainsi commence une longue œuvre littéraire. Outre une quinzaine de romans, Elie Wiesel est l'auteur de quatre pièces dethéâtre[8], de nombreuxessais traitant de sujets d'actualité, dejudaïsme (avec notamment la série desCélébrations :hassidique,biblique,talmudique,prophétique), le lien entre tous ces ouvrages se situant dans la défense de la Mémoire. Plus qu'unromancier, undramaturge ou unessayiste, Elie Wiesel se définit avant tout comme unconteur.
Devenu citoyen américain en1963, il obtient une chaire en sciences humaines à l'université de Boston. Il a entre autres soutenu la cause des Juifs d'Union soviétique.
Il apparait trois fois dansItaliques en 1972 et 1973[13]. Il fonde en1980 le conseil de l'Holocauste américain, et dénonce cinq ans plus tard lavisite de Reagan au cimetière militaire allemand de Bitburg. Peu après avoir reçu le prix Nobel de la Paix de 1986 pour son combat pour la connaissance de « l'Holocauste » et contre l'« indifférence »[14], il fonde avec son épouse la Fondation Elie-Wiesel pour l'humanité[3],[15]. Durant plus de deux décennies, cette Fondation lutte pour la mémoire de l'Holocauste et contre l'indifférence, l'intolérance et l'injustice, en particulier en organisant des actions de dialogue international et de sensibilisation de la jeunesse[15]. Mais en, la Fondation annonce que la quasi-totalité de ses fonds propres (équivalant à 15,2 millions de dollars[16]) se sont évaporés dans l'escroquerie montée parBernard Madoff[17]. Il a alors des propos particulièrement durs à l'égard de Madoff, expliquant que« Psychopathe est un mot trop gentil pour le qualifier » et justifiant même une forme de torture psychologique à son égard« Il devrait être placé à l'isolement pendant au moins cinq ans avec un écran sur lequel seraient diffusées des photos de ses victimes […] Il faudrait inventer n'importe quoi pour le faire souffrir[18] ».
Il préside, à partir de sa création en1993, l'Académie universelle des Cultures. Il a reçu, en2005, lePrix Lumière de la vérité pour son action en faveur des Droits de l'Homme et du peuple tibétain.
Ses œuvres ont également reçu plusieurs prix littéraires.
Le, il écrit dans leSan Francisco Chronicle[20] :« Bien que je sois opposé à la guerre, je suis favorable à une intervention quand aucune autre option n'est possible, et telle est la situation présente, en raison des louvoiements deSaddam Hussein et de sa constanteprocrastination ». Elie Wiesel affirme croireColin Powell —« un grand soldat est un homme qui n'aime pas la guerre » — quand il affirme que l'armée irakienne possède des armes de destruction massives. Il a ensuite regretté cette prise de position[21].
En2010, il publieRashi, ébauche d'un portrait[23] (enmars) et son quinzième roman,Otage (enaoût)[24]. En, il donne un concert à New York,Memories and Melodies of my Childhood, enregistré sur DVD[25].
En2011, il subit une opération à cœur ouvert, et raconte son cheminement après cette opération dansCœur ouvert[26].
La même année, il prend la tête du conseil d'administration d'Elad, un groupe de colons israéliens d'extrême droite gérant un parc archéologique situé en plein cœur du quartier palestinien deSilwan à Jérusalem. Le journalisteBenjamin Barthe indique :« Si le ralliement d'Elie Wiesel à cette entreprise n'est pas une surprise, compte tenu de son opposition farouche à tout partage de Jérusalem, son geste a néanmoins semé la consternation dans les cercles pacifistes israéliens, persuadés que la judaïsation de Jérusalem-Est constitue une bombe à retardement. » Elie Wiesel se défend en affirmant :« Je ne me mêle jamais de la politique intérieure d'Israël. Seules les fouilles archéologiques m'intéressent[27]. »
Les funérailles d’Elie Wiesel prennent place dans sa synagogue, laFifth Avenue Synagogue, synagogue orthodoxe, dans l'Upper East Side de Manhattan, le dimanche, en présence d'environ 150 personnes, incluant sa famille, des amis, des membres de sa fondation et des dirigeants de la communauté juive[41],[42],[43],[44],[45].
LePremier ministre canadien,Justin Trudeau, déclare :« Elie Wiesel a passé sa vie au service de l'humanité, gardant vivante la mémoire de l'horreur de l'holocauste. Il nous incombe de continuer à porter cette torche[60]. »
EnFrance, leprésident de la République,François Hollande, rend hommage à un« grand humaniste, inlassable défenseur de la paix ». Pour François Hollande :« De cette expérience au bout de l’horreur qui l’a laissé orphelin, il a aidé à ouvrir les yeux du monde sur l’indicible blessure de l’extermination des juifs d’Europe[61]. » D'autres personnalités et organisations françaises expriment également leur émotion[62],[63].
Sa mémoire est honorée, à Washington, par la classe politique, en décembre 2016[65].
Leservice postal des États-Unis (USPS) annonce le 21 août 2025 l'émission d'untimbre postal en l'honneur d'Elie Wiesel, perpétuant ainsi sa tradition de reconnaissance des Américains distingués. L'émission du timbre est prévue le 17 septembre 2025[66].
Dans son autobiographie intituléeMoi, Asimov (Gallimard / collection Folio Science Fiction), l'auteur de science-fictionIsaac Asimov, narre une discussion qu'il avait entretenu avec Elie Wiesel, et insiste sur son désaccord concernant son analyse de l'antisémitisme et de la Shoah[67],[68].
Selon l'écrivainMichaël de Saint-Cheron, Élie Wiesel est critiqué par des« personnes inqualifiables qui cherchent non pas à salir mais à démolir la statue morale » qu'il incarne, et dont certaines remettent en cause certains de ses témoignages voire la réalité de sa déportation. De fait, un survivant juif de laShoah, Miklos Grüner ; un historien engagé contre le négationnisme,Pierre Vidal-Naquet et un ancien résistant,Claude Lanzmann, ont remis en cause les propos d'Élie Wiesel :
Miklos Grüner, rescapé juif d'Auschwitz, accuse Élie Wiesel d'avoir« usurpé le numéromatricule A-7713 d'un certain Lazar Wiesel et [de s'être] approprié le récit de ce dernier sur son passage à Auschwitz[69] ». Cette thèse se trouve soutenue par desnégationnistes et par l'éditeur et journalisteJean Robin, qui se dit« anti-antisémite » et qui a reçu des archives duMusée national Auschwitz-Birkenau un courriel selon lequel le déporté immatriculé A-7713 était nommé Lazar Wiesel et avait pour année de naissance 1913 (alors qu'Elie Wiesel est né en 1928). Michaël de Saint-Cheron met en question la fiabilité de ces archives, affirme que Wiesel a progressivement changé l'orthographe de son prénom (Lazar étant le diminutifyiddish d’Eliezer), et signale avoir vu par lui-même son tatouage[70].
En avril1987,Pierre Vidal-Naquet, historien engagé contre lenégationnisme, a contesté la véracité historique de certaines descriptions deLa Nuit d'Élie Wiesel :« Élie Wiesel raconte n’importe quoi […] Il suffit de lire certaines descriptions deLa Nuit pour savoir que certaines de ses descriptions ne sont pas exactes[71]. » Le même historien écrit toutefois dans un ouvrage édité en 1995, mais où il fait référence à sa jeunesse :« Le premier livre qui m'ait vraiment appris ce qu'était le camp d'Auschwitz futLa Nuit, d'Elie Wiesel, livre publié en 1958 aux Éditions de Minuit. J'avais déjà vingt-huit ans. Il se trouve que je déteste l’œuvre d'Elie Wiesel, à la seule exception de ce livre. C'était pour moi une raison supplémentaire de le mentionner[72]. »
Le,Claude Lanzmann a déclaré àFrance Inter, en se référant erronément[73],[74] au livreÊtre sans destin d'Imre Kertész dans lequel l'auteur parle de son expérience et non de celle d'Elie Wiesel, qu'Elie Wiesel (contrairement à ce qu'il dit dansLa Nuit) n'a été que quatre jours à Auschwitz. En outre, Claude Lanzmann fait grief à Wiesel de ne pas l'avoir encouragé quand il lui annonça son projet de réaliser son filmShoah et de ne pas avoir accordé d'éloges à ce film après l'accueil « triomphal » (dixit Lanzmann) qu'il avait reçu[75]. Ces propos valent à Lanzmann, de la part deJean-Paul Gavard-Perret dans le magazine en ligneAlliance, le reproche de s'être« livré à un exercice d’ignominie, d’exécution et de petitesse consternante[76] ».
Début août 2018, la police roumaine annonce ouvrir une enquête après la découverte de graffitis orduriers et antisémites sur la façade de la maison natale d'Elie Wiesel, à Sighetu Marmației, le traitant de « nazi juif » ou de « pédophile »[77].
Un di Velt Hot Geshvign (littéralement :Et le monde se taisait), témoignage enyiddish vernaculaire, traduit/condensé en français sous le titreLa Nuit - 1956.
Wiesel a écrit de nombreux articles dans des journaux en yiddish, non publiés en volumes. Certains ont été traduits (en français ou anglais) et présentés dans des essais sur son œuvre.
Le Serment de Kolvillàg, roman, éditions du Seuil - 1973
Ani Maamin : Un chant perdu et retrouvé (cantate, édition bilingue Random House - 1973), repris dansUn juif aujourd'hui (Voir la CantateAni Maamin sur une musique deDarius Milhaud pour chœur, orchestre, 4 comédiens : le récitant,Abraham,Isaac etJacob. éd. Eschig)
Célébration biblique, portraits et légendes, éditions du Seuil - 1975
Un Juif aujourd'hui, récits, essais, dialogues, éditions duSeuil - 1977
Le procès de Shamgorod tel qu'il se déroula le 25 février 1649, théâtre, éditions du Seuil - 1979
Le Chant qui habite le chant, commentaires desSonges, énigmes et paraboles de RabbiNahman de Bratslav, essai, éditions Daniel Radford - Bibliophane - 2002
Le Temps des déracinés, roman, éditions du Seuil - 2003
Et où vas-tu ?, textes, essais, dialogues, éditions du Seuil - 2004
Un désir fou de danser, roman, éditions du Seuil - 2006
A Journey of Faith (dialogues avec le Cardinal C. O'Connor - 1990)
Conversations with Elie Wiesel (dialogues avec H.J. Cargas - 1976 et 1992)
Conversations with Elie Wiesel (dialogues avec Richard D. Heffner - 2001)
After the Darkness (essais - 2002)
Confronting Anti-semitism (essai, corédigé avecKofi Annan - 2006)
Avec plus ou moins d'équivalent en français :
Legends of Our Time (essais - 1968)
One Generation After (essais - 1971)
Souls on Fire (essais - 1972)
Ani Maamin (cantate - 1973)
Messengers of God: Biblical Portraits & Legends (essais - 1976)
Four Hasidic Masters (essais - 1978)
Images from the Bible (essais - 1980)
Five Biblical Portraits (essais - 1981)
Somewhere a Master (essais - 1982)
Against Silence: The Voice & Vision of Elie Wiesel (essais - 1985). Contient la pièceA Black Canopy, A Black Sky (rédigée en 1968, inédite en français)
The Six Days of Destruction (essais - 1988)
From the Kingdom of Memory (essais - 1990)
Sages and Dreamers: Portraits & Legends (essais - 1991)
Evil and exile with Michaël de Saint-Cheron (conversations - 2000)
Wise Men and Their Tales (essais - 2003)
De plus, comme pour les œuvres publiées en français, il y a des essais sur Elie Wiesel contenant des textes de lui ou des entretiens inédits :
Telling the Tale: A Tribute to Elie Wiesel (sous la direction de Harry James Cargas - 1993)
↑On connaît les deux piècesLe procès de Shamgorod etZalmen ou la folie de Dieu, il en existe une troisième,Il était une fois, publiée dans le recueilEntre deux soleils, jouée pour la première fois en France àAvignon en 2008 :hebreu.net ; il faut ajouter la pièce inéditeLe Choix, qui a été créée à Paris en.
La Paix pour destin (Daniel Morgaine, éditions Denoël - 1995).
Une parole pour l'avenir (sous la direction deMichaël de Saint-Cheron, éditions Odile Jacob - 1996).
Au nom du père, de Dieu et d’Auschwitz ; regards littéraires sur des questions contemporaines au travers de l'œuvre d'Elie Wiesel (Vincent Engel, éditions Peter Lang - 1997).
Elie Wiesel en hommage (mélanges réunis par Ariane Kalfa etMichaël de Saint-Cheron, éditions Cerf - 1998).
Choisir le français pour exprimer l’indicible. Elie Wiesel (Olivier Rota), in Mythe et mondialisation. L’exil dans les littératures francophones, Actes du colloque organisé dans le cadre du projet bilatéral franco-roumain « Mythes et stratégies de la francophonie en Europe, en Roumanie et dans les Balkans », programme Brâcuși des 8-9 septembre 2005, Editura Universității Suceava, Suceava, 2006, rééd. inSens, décembre 2007.
Entretiens avec Elie Wiesel, suivi deWiesel, ce méconnu (Michaël de Saint-Cheron, éditions Parole Silence - 2008).
Elie Wiesel ou le refus du désespoir (Léonard Rosmarin - Éditions du Grand-Pré, 2011). Le livre n'est en réalité jamais sorti, en raison de la faillite de son éditeur acadien — Voir l'articleLéonard Rosmarin.
(en)Biographie sur le site de lafondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — leNobel Lecture — qui détaille ses apports)