Elephant Man (The Elephant Man), ouL'Homme éléphant au Québec, est unfilm américain réalisé parDavid Lynch et sorti en1980.
Ce film tourné ennoir et blanc est uneadaptation romancée desmémoires deFrederick Treves, le médecin qui prit en chargeJoseph Merrick, surnommé« Elephant Man » (« l'homme-éléphant ») du fait de ses nombreuses difformités. Dans le film, le personnage porte le prénom de « John » Merrick, d'après la dénomination erronée dans les mémoires de Treves.
En1884, àLondres,John Merrick, dit « l'homme-éléphant » (John Hurt), est un phénomène de foire — comme nombre d'êtres humains affectés de difformités ou d'anomalies physiques congénitales graves — « appartenant » à un nommé Bytes (Freddie Jones). Intrigué par la terrible apparence visuelle de l'homme-éléphant, leDrFrederick Treves (Anthony Hopkins), grand chirurgien de Londres, demande à Bytes de pouvoir l'examiner. Le praticien découvre alors un être âgé de 21 ans ne semblant pas pouvoir s'exprimer oralement, horriblement déformé, présentant d'atroces difformités monstrueuses que lui, médecin réputé, n'a, de sa vie, encore jamais vues de ses propres yeux.
Progressivement mis en confiance, Merrick se met à communiquer avec Treves, récitant un passage entier d'unpsaume de laBible lors de la première visite du directeur, et s'exprimant dans un anglais parfait, malgré les défauts de prononciation dus à ses lèvres et sa bouche, terriblement déformées, et révélant une grande sensibilité doublée d'une intelligence hors norme.
Cependant, le gardien de nuit de l'hôpital, un homme sans scrupules, utilise à nouveau Merrick comme phénomène de foire, afin d'organiser clandestinement des visites nocturnes, contre de la monnaie. Par hasard, Bytes rencontre le gardien de nuit au bar où celui-ci délivre ses invitations quotidiennes aux prostituées et aux alcooliques du quartier, tandis qu'untémoin signale ces agissements au Dr Treves, qui licencie aussitôt le gardien. Ce dernier résiste, mais Mrs. Mothershed, l'infirmière en chef, réussit à l'assommer. Malheureusement, Bytes parvient finalement à s'emparer de John et à l'emmener de force sur le continent, afin de l'exhiber à nouveau dans des foires, en Belgique, dans la région d'Ostende. Bytes multiplie les mauvais traitements et terrorise John, allant jusqu'à l'enfermer une nuit dans une cage à barreaux mitoyenne de celle de babouins agressifs. Avec l'aide des autres « phénomènes » du cirque, John parvient à s'enfuir de nuit, pendant que Bytes dort. Rejoignant Ostende, il prend un paquebot pour retourner à Londres.
À son arrivée, il est poursuivi par la population, comme on chasse un monstre ou un animal dangereux. Acculé dans des toilettes publiques de la gare de Londres, il hurle, dans sa détresse, qu'il est « un être humain ». Alertés, des agents de police lui viennent en aide et le ramènent à l'hôpital où il retrouve aussitôt leDr Treves et la sécurité de sa chambre.
Après avoir assisté à un spectacle dans un grand théâtre, sur invitation de la grande comédienneMadge Kendal(en) qui l'a pris en amitié, John meurt en décidant de s'endormir « sur le dos », pour la seule et unique fois de sa vie, comme un « homme normal ». Cette position lui sera fatale, celle-ci l'empêchant de respirer. Sa dernière pensée est pour sa mère, lui disant « rien ne meurt jamais ».
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Scénario :Christopher De Vore,Eric Bergen et David Lynch, d'après les livres de SirFrederick TrevesThe Elephant Man and Other Reminiscences (témoignage de Frederick Treves traduit et disponible chez Stalker Éditeur - Paris) et d'Ashley MontaguThe Elephant Man, a Study in Human Dignity
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Il s'agit du premier film produit par la société de production deMel Brooks : laBrooksfilms. Le film est doté d'un budget de 5 millions, dont 4 sont collectés auprès deFred Silverman deNBC[5]. Le reste provient d'EMI Films[6].
Avant queJohn Hurt n'obtienne le rôle-titre,Mel Brooks envisageait de le confier àDustin Hoffman qui venait d'être récompensé d'un Oscar pour son rôle dansKramer contre Kramer et qui était intéressé par le projet. Mais pour le producteurJonathan Sanger(en), il fallait que l'acteur ne soit pas trop connu, afin que les spectateurs ne cherchent pas à l'identifier[7]. David Lynch, quant à lui, avait pensé en premier à son acteur d'Eraserhead,Jack Nance, mais les prestations de John Hurt, dansL'Homme que je suis où il incarneQuentin Crisp,Moi Claude empereur dans le rôle deCaligula, et de Max dansMidnight Express achevèrent de convaincre les producteurs et le réalisateur qu'il était le seul choix pour le rôle de John Merrick[8]. Pour le rôle du docteur Treves,Anthony Hopkins était le premier choix de la production pour l'incarner, mais son agent n'était pas convaincu par le film. Alors que Lynch pensait confier le rôle àAlan Bates, le scénariste Christopher De Vore envoya le script directement à Hopkins, sans passer par son agent, qui exprima sa volonté de jouer dans le film[9].
À l'origine du projet, David Lynch avait entrepris de concevoir lui-même le maquillage de l'homme éléphant, mais le matériau utilisé, de la mousse depolyuréthane, s'avère impropre pour la réalisation des prothèses[10]. En catastrophe, Lynch décide de faire appel au maquilleur anglaisChristopher Tucker(en), réputé pour ses maquillages pour des séries historiques de la BBC commeMoi Claude empereur[11]. Christopher Tucker conçoit ses prothèses à partir de mousses delatex posées en deux couches pour les parties osseuses et les parties molles[10].
Le maquillage deJohn Hurt est directement élaboré par le maquilleur à partir du moulage post-mortem de la tête deJoseph Merrick. Afin de prévenir d'éventuels imprévus à Christopher Tucker, la production décide de l'assurer à hauteur de deux millions de livres[10]. Comme les séances d'application des prothèses, réalisées par Walter "Wally" Schneiderman assisté de sa fille Beryl Lerman, duraient à elles seules près de 7 heures — et qu'il en fallait presque 3 pour les retirer —, John Hurt ne s'alimente alors qu'à l'aide d'une paille. Il se repose assis exactement comme son personnage, durant des journées de travail de plus de 12 heures, ce qu'il endure malgré tout avec grand professionnalisme[10],[12].Le tollé provoqué par l'absence de récompense auxOscars 1981 pour la prouesse que représentait le travail de maquillage surElephant Man conduisit à la création d'unOscar spécifique dontRick Baker sera le premier récipiendaire l'année suivante pour son travail surLe Loup-garou de Londres deJohn Landis[13].
La musique du film est composée parJohn Morris et interprétée par leNational Philharmonic Orchestra. David Lynch utilise par ailleurs l'Adagio pour cordes deSamuel Barber pour une scène clef du film. John Morris s'est opposé à l'utilisation de la musique, déclarant :« Cette pièce va être utilisée encore et encore dans le futur... Et chaque fois qu'elle est utilisée dans un film, cela va diminuer l'effet de la scène[15]. »
En 1980, 20th Century Fox Records publie la bande originale sous forme enLP et decassette aux États-Unis. Sa couverture présente un John Merrick masqué sur fond de fumée, comme on le voit sur l'affiche du film. En 1994,Milan Records publie la première édition de la B.O. enDisque compact[16]
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Le film obtient de nombreux prix et nominations. Il est ainsi nommé huit fois auxOscars 1981 (record de la cérémonie avecRaging Bull) mais ne reçoit aucune statuette. Après ce tollé, l'Oscar du meilleur maquillage sera créé pour récompenser une profession oubliée mais qui a fait le succès du film[13].
La peur est un thème important du film. Cependant, contrairement aux habitudes, la peur n'est pas éprouvée par le public, mais par le monstre John Merrick, terrorisé par les gensnormaux[19]. Craignant que les gens le voient, Merrick a une peur constante de la réaction des autres. Une scène-clef est celle où l'infirmière lui apporte de la nourriture et hurle de peur face à un homme-éléphant terrifié par cette réaction[20].
↑Le distributeur a accompagné la ressortie du film avec le livretTous des monstres, signé Alexandre Prouvèze, qui revient en une cinquantaine de pages sur la genèse du film.