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| Titre original | Elephant |
|---|---|
| Réalisation | Gus Van Sant |
| Scénario | Gus Van Sant |
| Acteurs principaux | Alex Frost Eric Deulen Alicia Miles John Robinson Elias McConnell (en) Carrie Finklea Nathan Tyson Kristen Hicks |
| Pays de production | |
| Genre | Drame |
| Durée | 81 minutes |
| Sortie | 2003 |
Pour plus de détails, voirFiche technique etDistribution.
Elephant[1] est unfilm américain réalisé parGus Van Sant, sorti en2003. Il a reçu laPalme d'or auFestival de Cannes 2003 ainsi que lePrix de la mise en scène. Le film s'appuie sur le fait divers de lafusillade de l'école secondaire Columbine de1999, au cours de laquelle douze étudiants et un professeur ont été abattus par deux adolescents.
Une journée dans un lycée américain typique. Les élèves vaquent à leurs occupations habituelles. Elias prend des photos dans le parc, près du lycée. John arrive une fois de plus en retard. Michelle finit son entraînement de sport et se rend à la bibliothèque. Alors que les élèves vivent un quotidien banal, se prépare un événement qui va bouleverser leurs vies. Alex, le souffre-douleur de sa classe, et Eric, que le proviseur ne veut pas écouter, préparent une fusillade.
Note : Tous les acteurs sont, à l'époque, des non-professionnels[2], sauf Matt Malloy et Timothy Bottoms. Les quatre premiers ainsi que plusieurs autres ont gardé leurs prénoms pour leurs personnages.
Le titre du film a pour Gus Van Sant une dimension politique par rapport à« l'aspect aliénant du système d'éducation américain » :« Elephant, c'est ce qui se voit comme le nez au milieu de la figure, mais ce que tout le monde souhaiterait bien occulter[3] ».
Le film est inspiré par lafusillade du lycée Columbine et parle court-métrage homonyme du réalisateur anglaisAlan Clarke tourné en 1989 pour laBBC concernant des meurtres en Irlande du Nord[4].Chantal Akerman a eu« une influence plus qu'essentielle »[5] sur la trilogie de Gus Van Sant :Gerry (deux égarés dans un désert),Elephant (la fusillade de Columbine) etLast Days (les derniers jours d'une rock star avant son suicide).
Quatre parties structurent l'œuvre : les trois premières sont dans une même unité de temps et se clôturent par le même son de clic de l'appareil photo d'Elias[4]. Ce sont ainsi troisboucles temporelles qui permettent de revivre la même scène selon des points de vue différents comme dans l'allégorie des aveugles et de l'éléphant[6],[7] qui illustre le pluralisme des points de vue, chacun révélant une information partielle. Le point d'orgue de la dernière partie est le carnage parAlex etEric. Le premier coup de feu fait écho au son du déclencheur de l'appareil photo quandElias "shoote"Alex sans flash dans la bibliothèque.Michelle, qui n'a jamais fait aucune provocation ou brimade contreAlex, tombe la première sous les balles du fusil d’Alex[4]. Avant la marche deNathan dans le parc, elle a levé les yeux au ciel[7]. C'est elle, quand elle court dans le couloir, qui est le témoin du passage de relais de l'appareil photo entreJohn etElias[8].
Le film a été tourné en vingt jours avec de jeunes acteurs de la région dePortland[7].
L'entrée au lycée d'Elias se fait sur durock psychédélique japonais :Absolutely Freak Out (Zap Your Mind!!) (en) du groupeAcid Mothers Temple[4].
La scène« si centrale » du film où Alex joue du piano, vient à Gus Van Sant en entendant par hasard l'acteur Alex Frost interpréterla Lettre à Élise[9].
C'est l'acteur qui le persuade aussi d'utiliser dans le film laSonate au clair de lune[9] (Sonata quasi una fantasia) trop difficile pour Alex.
La musique deLudwig van Beethoven est ainsi associée àAlex par boucle temporelle jusque dans le générique final.
Mais le spectateur ne le sait pas encore quand le1er mouvement de cette sonate, l'adagio en ut dièse mineur comme une marche funèbre, une lettre d'amour impossible, plane au-dessus du campus suivant enplan-séquence Nathan, croisant Brittany, Jordan et Nicole, pour rejoindre sa petite amie Carrie. Auxportes de la perception (Türen der Wahrnehmung), la musique électroacoustique deHildegard Westerkamp interfère avec cette sonateno 14 opus 27no 2. Reste le silence assourdissant[10].
Elephant a été très bien accueilli par les critiques. Il a été élu2e meilleur film de la décennie 2000-2009 par lesCahiers du cinéma[11].
PourLe Monde "[...] il importe de dire l'étonnante beauté du film, sa puissance de suggestion avec les plus minimes outils narratifs et figuratifs, son sens du mouvement, du rythme, de la distance dans l'espace et dans le temps."[12]
Le film a fait 642 583 entrées en France, 187 331 en Italie, 95 725 en Angleterre et 87 843 en Espagne pour un total de 1,2 million en Europe et 208 520 aux États-Unis[13].
HBO, la chaîne qui a produit le film, ne lui a permis qu'une« sortie fantomatique » aux États-Unis. Elle ne l'avait pas encore diffusé sur petit écran en2005 et Gus van Sant déclarait alors ne pas penser qu'elle le diffuse un jour[14].
Elephant est une fiction dans le microcosme adolescent où les villes deColumbine etLittleton ne sont jamais évoquées contrairement àBowling for Columbine deMichael Moore qui est un documentaire militant avec des interviews des rescapés ou témoins de plusieurs tragédies dont celle de Columbine. Le film de Gus Van Sant se déroule dans unenarration non linéaire, s'attachant à montrer les personnages notamment grâce à l'utilisation de la technique du plan-séquence et de la boucle temporelle jusqu'à lacatharsis finale. Le film présente les racines qui ont conduit deux adolescents à des actes aussi macabres : l'absence des parents, l'homosexualité supposée[15],[16],[17], l'adolescence, la facilité environnante de la vente libre des armes, lesjeux vidéo de tir à la première personne[18], les brimades des copains, etHitler[6], points de vue qui invitent le spectateur à s'interroger[19].
N'ayant pas obtenu les droits pour utiliser le jeu vidéoDoom, le réalisateur a fait développer pour le film unjeu de tir à la première personne qui rend hommage à son précédent filmGerry où deux hommes errent dans un désert[18] :Eric s'entraîne à tirer dans le dos depersonnages non-joueurs évoluant sur un fond dépouillé et uniformément blanc.
« But even as a disclaimer, we had them say in the shower "I've never even kissed anybody," we're trying to explain it, it's so over-thought that scene.
[…] but even with the explanation, critics like Todd McCarthy ofVariety identify these guys(Alex etEric) as gay, not me. »
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