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| Efraín Ríos Montt | |
Portrait officiel en 1982. | |
| Fonctions | |
|---|---|
| Président de la république du Guatemala | |
| – (1 an, 4 mois et 16 jours) | |
| Prédécesseur | Fernando Romeo Lucas García |
| Successeur | Oscar Mejía Víctores |
| Biographie | |
| Nom de naissance | José Efraín Ríos Montt |
| Date de naissance | |
| Lieu de naissance | Huehuetenango (Guatemala) |
| Date de décès | (à 91 ans) |
| Lieu de décès | Guatemala (Guatemala) |
| Nationalité | Guatémaltèque |
| Parti politique | FRG |
| Conjoint | María Teresa Sosa Ávila (1930-2018) |
| Enfants | Zury Ríos |
| Présidents de la république de Guatemala | |
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Efraín Ríos Montt, né le àHuehuetenango et mort le àGuatemala, est un militaire ethomme d'Étatguatémaltèque[1].
Il mène uncoup d'État en 1982, dirigeant le pays d'une main de fer (état d'urgence) jusqu'à son renversement en 1983. Cette brève période est l'une des plus meurtrières de laguerre civile guatémaltèque, qui fit entre 150 000 et 200 000 morts.
Il est condamné en 2013 à 80 ans de prison pourgénocide et crimes contre l’humanité, mais le jugement est suspendu par la Cour constitutionnelle pour un vice de procédure.

Ríos Montt commence sa carrière militaire comme cadet en 1946, diplômé de l'École des Amériques situé dans la zone du canal àPanama en 1950.
En 1954, alors jeune officier, il joue un rôle mineur dans l'opérationPBSUCCESS, coup d’État organisé par laCIA, qui entraîne la chute du président guatémaltèqueJacobo Arbenz Guzmán. Il est promu général en 1972 puis chef de l'état-major.
En 1973, il démissionne de son poste à l'ambassade du Guatemala àWashington, pour participer à l’élection présidentielle guatémaltèque de mars 1974 comme candidat d'une coalition dirigée par le Partido de la Democracia Cristiana. Battu par son rival de l'aile droite, le généralKjell Eugenio Laugerud García, par une différence de 70 000 voix, Ríos Montt dénonce une fraude électorale massive.
Il est accusé d'avoir perçu pour plusieurs centaines de milliers de dollars américains de pot-de-vin au cours de son séjour àMadrid où il occupe un poste d'attaché militaire à l'ambassade du Guatemala jusqu'en 1977.
En 1978, Ríos Montt abjure lecatholicisme et devientpasteur de l'Iglesia Cristiana Verbo, une égliseévangélique fondée par des membres américains duGospel Outreach (en)[2],[3],[4]. Dès lors, lestélévangélistes américainsJerry Falwell etPat Robertson deviennent ses amis personnels. Il reproche aux prêtres catholiques de s'interroger sur le sort des communautés mayas catholiques et accuse ces mêmes prêtres d'être des agents gauchistes.
Fervent religieux, il affirme après sa prise de pouvoir avoir été choisi par Dieu pour gouverner le Guatemala. Il ordonne aux soldats de posséder un exemplaire du nouveau testament[5].
Son frère,Mgr Mario Ríos Montt, est évêque catholique du Guatemala.
Le, le généralÁngel Aníbal Guevara (en), candidat officiel du Frente Democratico Popular (FDP), successeur désigné deRomeo Lucas Garcia, gagne l’élection présidentielle, cependant largement dénoncée comme ayant été entachée de fraude, par ses opposants de droite comme de gauche. Le, avec le soutien de leurs compagnons d'armes, le généralHoracio Egberto Maldonado Schaad, le colonelFrancisco Luis Gordillo Martínez et Ríos Montt prennent le pouvoir à la suite d'uncoup d'État, discrètement appuyés par laCIA, déposant le généralRomeo Lucas García.
Ils installent unejunte militaire, avec Ríos Montt à sa tête, qui, déclarant l'état de siège, suspend immédiatement laConstitution, établit destribunaux secrets, et entame une campagne contre l'opposition civile, utilisant l'enlèvement, latorture et les assassinats extra-judiciaires. Ce coup d’État, œuvre d'Oficiales jovenes (jeunes officiers militaires), est alors destiné à empêcher l'investiture de Guevara au poste de président le1er juillet.Elliott Abrams, membre éminent de l'administration Reagan, félicite Efraín Ríos Montt pour avoir « apporté des progrès considérables sur la question des droits fondamentaux »[6].
Lors de sa courte présence au pouvoir, Efraín Ríos Montt met en place lesPatrullas de Autodefensa Civil (PAC, ou Patrouilles d'autodéfense civiles), miliciens recrutés de force par l'armée et ayant comme objectif d'éradiquer laguérilla, tandis que l'unité decontre-insurrection, lesKaibiles, fait preuve d'une cruauté extrême. Ainsi, 440 villages sont complètement rasés (massacre de Dos Erres de décembre 1982, etc.), près de 10 000 Indiens massacrés ou jetés par hélicoptère dans l'océan Pacifique. LaCommission pour l'éclaircissement historique recensera, en 1999, que l'ultra-majorité des crimes commis (93 %) lors de la guerre civile ont été commis par l'État (paramilitaires inclus) et qu'une très grande partie de ceux-ci ont été commis sous la dictature de Ríos Montt.
Un documentdéclassifié des États-Unis indique la présence d'officiers duMossad (du moins, de services de renseignements israéliens) parmi l'unité présidentielle de renseignements, l'AFSAEM ; ce sont ces six conseillers qui ont planifié la libération de Jorge Marios Ríos Muñoz, le neveu du président, le[7]. Le document fait également état de rumeurs signalant la présence de conseillerssud-africains[7]. Dans un entretien au quotidien espagnolABC, Ríos Montt estime que« notre succès est dû au fait que nos soldats ont été entraînés par les Israéliens »[8].
Ríos Montt est à son tour renversé par un coup d'État en août 1983, organisé par son ministre de la Défense, le généralOscar Mejía Víctores. Son appartenance à une secte fondamentaliste, dont l'influence était croissante au sein du régime, et son mépris pour les dirigeants de l’Église catholique pourraient expliquer son renversement[9].
Revenu à la vie civile, il est décoré en 1985 par lePentagone, le secrétaire de l'ArméeJohn Marsh lui offrant uneCommendation Medal[10].
En 1989, Ríos Montt fonde le Frente Republicano Guatemalteco (FRG,Front républicain guatémaltèque) et tente de se présenter à l’élection présidentielle de 1990, mais en est empêché par une décision de la Cour constitutionnelle, s'appuyant sur un article de la constitution du pays qui empêche les participants à un coup d’État de devenir président.
Député FRG de 1990 à 2004, il est élu, en 1994, président duCongrès, leParlement (unicaméral) du Guatemala et exerce son mandat de 1995 à 1996.
Sa tentative de participer à l'élection présidentielle de 1994 étant également empêchée, il soutient son collègue et ami du FRG,Alfonso Portillo, comme candidat. Il échoue de peu en 1995 mais l'emporte en 1999.
En août 1999, Portillo admet que le gouvernement guatémaltèque a attenté aux droits de l'homme durant les 20 années précédentes, notamment pour les deuxmassacres ayant eu lieu au cours de la présidence de Ríos Montt : le premier àPlan de Sánchez, auBaja Verapaz, ayant causé la mort de 268 personnes, le second àDos Erres auPetén, où plus de 200 personnes furent assassinées.
En 2000, Ríos Montt redevient président du Congrès.
Ríos Montt est désigné par le FRG en pour l'élection présidentielle de novembre, mais sa candidature est, une fois de plus, rejetée par le Bureau électoral et deux juridictions inférieures. En, la Cour suprême, plus haute juridiction guatémaltèque, qui comprend à l'époque plusieurs magistrats nommés par le FRG, approuve sa candidature au poste de président, ignorant ostensiblement l'interdiction constitutionnelle qui interdit aux anciens dictateurs de briguer le poste de président, qui l'avait empêché de participer à la précédente élection présidentielle, et dont il déclara qu'elle avait spécialement été écrite afin de lui interdire de participer.
Plus tard, la Cour suprême suspend sa campagne présidentielle en jugeant recevable une plainte, émanant de deux partis de centre-droit, visant à interdire, constitutionnellement, au général de prétendre à la fonction présidentielle. Ríos Montt dénonce cet arrêt comme étant une manipulation judiciaire et appelle ses partisans à manifester. Le, jour désormais appeléjueves negro (en) (jeudi noir), des milliers de sympathisants du FRG masqués et armés de machettes, de bâtons et de fusils, envahissent les rues deGuatemala. Transportés en bus de toutes les régions du pays par le FRG, certains participants ont déclaré que les personnes travaillant dans des municipalités contrôlées par le FRG avaient été menacées de licenciement au cas où elles refuseraient de participer à la protestation. Les manifestants bloquent la circulation, entonnent des slogans menaçants et brandissent leurs machettes.
En tête de cortège, on trouve des militants FRG bien connus, y compris d'éminents membres du congrès, qui furent photographiés par la presse alors qu'ils coordonnaient les actions en compagnie du secrétaire personnel deZury Ríos Montt (en), la fille du général. Les manifestants marchent en direction des tribunaux, des sièges des partis d'opposition et des journaux, incendiant des bâtiments, tirant en direction des fenêtres et brûlant voitures et pneus dans les rues. Unjournaliste de télévision,Héctor Fernando Ramírez (en), décède d'une crise cardiaque en fuyant la foule. Après deux jours de destruction à Guatemala, les émeutiers se dispersent à l'appel de Ríos Montt. La situation est si chaotique durant le week-end que les locaux de l'ONU et ceux de l'ambassade des États-Unis sont fermés.
À la suite des émeutes, la Cour constitutionnelle, où figurent de nombreux alliés de Ríos Montt et de Portillo, inverse la décision de la Cour suprême. Le raisonnement légal sous-tendant la décision finale n'a pas immédiatement été rendu public, mais Ríos Montt a expliqué que l'interdiction faite aux auteurs de coups d'État de se présenter, formalisée dans laConstitution de 1985 (es), ne pouvait s'appliquer rétroactivement. De nombreux Guatémaltèques exprimèrent leur rage face à la décision de la cour.
Finalement autorisé à concourir, il est battu lors du premier tour, le 9 novembre 2003.
La prix Nobel de la paixRigoberta Menchú, ainsi que d'autres militants, ont porté plainte auprès de la justice espagnole en 1999 contre Ríos Montt et d'autres personnalités. Cette demande a motivé le juge Santiago Pedraz à demander l'extradition de Ríos Montt pourgénocide, terrorisme et torture. Un mandat d'arrêt international est délivré le 7 juillet 2006. La demande d'extradition a été rejetée par la Cour constitutionnelle du Guatemala en 2007[11].
Presque trente ans après les faits, Ríos Montt, âgé de 85 ans, apparaît en audience préliminaire le 26 janvier 2012 devant une cour de justice, à Guatemala, pour répondre des accusations de génocide et de violations des droits de l'homme[12],[13]. Ces poursuites sont rendues possibles par la perte de son immunité parlementaire le 14 janvier 2012[14]. Ríos Montt nie les accusations, affirmant qu'il n'a pas ordonné les massacres, son avocat affirmant qu'il n'était pas « sur le champ de bataille », ce à quoi l'accusation répond en affirmant qu'il existait une chaîne de commandement remontant jusqu'au président auto-proclamé.

Pendant l'audience préliminaire, Ríos Montt est assigné à résidence. Ses avocats multiplient les incidents de procédure, puis demandent l'application de la loi de réconciliation nationale en faveur de leur client, à la suite de quoi la cour d'appel ordonne fin juin la suspension du procès[15].
Le 29 janvier 2013, le juge Miguel Ángel Gálvez décide d'ouvrir le procès pourgénocide et de crimes contre l'humanité contre Ríos Montt et l'ex-directeur du service de renseignement G-2,José Mauricio Rodríguez Sánchez, en considérant qu'il existe suffisamment d'éléments concernant les massacres commis à l'encontre du peuple desIxils dans le département de Quiché[16],[17]. Le procès s'ouvre le 19 mars 2013[18].
Le 10 mai 2013, il est condamné par la juge Jazmín Barrios à 50 années de prison ferme pour génocide et 30 ans ferme pour crimes contre l'humanité[19], tandis que l'ancien chef des services secrets, José Mauricio Rodríguez, est acquitté[20]. Ríos Montt dénonce un « show international ». Il est immédiatement transféré en prison, où il ne restera qu'une nuit, avant d'être transféré dans un hôpital militaire.
Le 20 mai 2013, à la suite d'un recours de la défense (ocurso de queja), la Cour constitutionnelle casse le jugement, pour vice de procédure[21] . Le 10 janvier 2014, l'annulation du procès est confirmée en appel[22].
Il meurt le à son domicile de la capitale guatémaltèque[23], alors qu’un nouveau procès pour génocide, à huis clos, était toujours en cours.
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