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| Conjoint | Rita Deanin Abbey(en) |
| A travaillé pour | Université de l'Arizona(à partir de) |
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Edward Abbey, né le àIndiana dans l'État dePennsylvanie et mort le àTucson dans l'Arizona, est unécrivain etessayisteaméricain, doublé d'unmilitant écologiste radical. Ses œuvres les plus connues sont le romanLe Gang de la clef à molette, qui inspira la création de l'organisation environnementaleEarth First!, et son essaiDésert solitaire. L'écrivain américainLarry McMurtry le considère comme « leThoreau de l'Ouest américain »[1].
Né dans la ville d'Indiana, enPennsylvanie, Edward Abbey grandit àHome (en), un village proche. Pendant cette enfance dans lesAppalaches, il regarde de nombreux films, deswesterns en particulier, qui façonnent son imaginaire de l'Ouest américain :« J'ai toujours été très attiré par les paysages de l'Ouest, principalement du fait des films ».
Entre ses troisième et quatrième années au lycée d'Indiana, pendant l'été 1944, il entreprend une expédition vers l'ouest, enauto-stop et par le train, qui le conduit de la Pennsylvanie jusqu'àSeattle :« Je suis devenu un homme de l'Ouest à l'âge de 17 ans, pendant l'été 1944, en faisant de l'auto-stop à travers les États-Unis. J'ai eu le coup de foudre, une passion qui ne m'a jamais quitté ».
De 1945 à 1947, il accomplit son service militaire enItalie, àNaples. De retour aux États-Unis, après avoir fréquenté l'université de Pennsylvanie à Indiana et travaillé quelque temps, il suit à l'université du Nouveau-Mexique des études de lettres qui l'amènent à effectuer un séjour d'un an à celled'Édimbourg, en Écosse[2]. Il obtient sonmaster au Nouveau-Mexique en 1956[2], avec pour sujet de mémoireL'Anarchisme et la Moralité de la violence. Il entame un nouveau cycle àYale mais l'abandonne au bout de deux semaines, par aversion pour les structures de l'Ivy League, et passe finalement l'année 1957 àStanford[2].

Pendant une quinzaine d'années et jusqu'à plus de quarante ans, il travaille commegarde saisonnier dans plusieurs parcs naturels, dont deux saisons à l'Arch National Monument (devenu par la suite leparc national des Arches), dans le sud de l'Utah, qui lui sont sources d'inspiration pour son essaiDésert solitaire. Ce type d'activité lui fournit longtemps l'essentiel de ses moyens de subsistance, car il ne commence à vivre de ses textes qu'après la publication en 1975 de son romanLe Gang de la clé à molette[3].
Il se marie et divorce quatre fois avant son dernier mariage, en 1982.
En 1987, l'Académie américaine des arts et des lettres lui décerne un prix qu'il décline, ayant prévu de descendre une rivière dans l'Idaho la semaine même de la cérémonie[3].
Il meurt en 1989 à son domicile près deTucson, enArizona, de complications survenues après une opération chirurgicale. Selon ses dernières volontés, il est enterré illégalement dans le désert (probablement celui deCabeza Prieta (en), dans le sud de l'Arizona), en un lieu tenu secret, avec pourépitaphe :« No comment »[3]. Ses derniers jours et son enterrement sont racontés parDoug Peacock dans son livreMarcher vers l'horizon.
Dans le recueil de textesUn fou ordinaire, Edward Abbey se définit comme« un vrai « conservateur sauvage et utopiste, aux yeux écarquillés, au cœur sanglant » [...] qui a désormais compris qu'un système social radicalement industriel, totalement urbanisé et élégamment informatisé n'est pas apte à accueillir dignement la vie humaine[4]. » Il dénonce la démesure industrielle pour ses effets destructeurs sur un territoire qu'il entend préserver, à l'instar des héros de son romanLe Gang de la clé à molette, dont le mot d'ordre est :« Garder ça comme c'était »[5].
Il pourfend notamment l'acte de« vandalisme politico-industriel » que constitue à ses yeux la construction dubarrage de Glen Canyon, dans leColorado. Parmi les justifications des défenseurs de l'ouvrage, il s'en prend tout particulièrement au développement des activités de loisir — motonautisme, pêche en élevage — rendu possible par l'amélioration de l'accessibilité des sites, où il ne voit qu'un argument fait pour plaire« à la mentalité de chaise à roulettes des riches rustauds de la classe moyenne américaine »[6].
En contrepoint, il consacre de fréquentes descriptions à la nature sous ses différents aspects — faune, flore, relief ou climat — ou au mode de vie desAnasazis, anciens occupants desgorges duColorado. Avec son attirance pour les grands espaces, qu'il partage avec les écrivains de l'école du Montana, ces thèmes ont souvent conduit à le rattacher au genre dunature writing[7]. Le spectacle des éléments naturels et de la vie, en opposition à la médiocrité des« Costumes »[8], constitue pour lui un appel à la simplicité, à l'humilité et à la solitude, pour une exploration qui est en même temps une introspection, où« un homme ne peut trouver ou demander meilleure compagnie que la sienne »[9].
Activiste, Edward Abbey récuse néanmoins laviolence contre les personnes, à propos de laquelle il a conclu dès son mémoire de master qu'aucun penseur anarchiste n'avait jamais pu en justifier l'usage[10]. En revanche, il approuve et pratique les opérations desabotage qui s'en prennent aux objets, comme les repères de géomètre arrachés ou les réservoirs d'engins de chantier remplis de substances défavorables au fonctionnement des moteurs[7]. Ce partisan de l'action directe est devenu le parrain de l'organisationEarth First!, fondée par un ancienlobbyiste écologiste qui avait luDésert solitaire etLe Gang de la clé à molette. Il participe régulièrement aux rassemblements et au journal de ce mouvement, ainsi qu'aux combats antimilitaristes et antinucléaires[11].
Certaines de ses prises de position ont plus particulièrement prêté à controverses. Il en est allé ainsi à propos de l'immigration illégale mexicaine, qu'il considère comme un afflux massif et incontrolé de population ; de son rapport aux femmes, jugé peu clair ; du pacage du bétail privé sur les terres publiques, auquel il s'oppose ; ou du port des armes à feu, dont il est un partisan, membre déclaré de laNRA[11].
DansOne Life at a Time, Please (non traduit en français), il tient des propos violemment anti-immigrationnistes : "Dans ce cas, il pourrait être sage que nous autres, citoyens américains, exigions que l’afflux massif de millions de nouvelles personnes affamées, ignorantes, incompétentes et appauvries d’un point de vue moral comme d’un point de vue culturel soit suspendu. [...] Par conséquent, inspirons-nous de toutes les autres nations de la Terre, fermons nos frontières nationales et n’acceptons plus d’immigration de masse, qu’elle soit légale ou illégale"[12].
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