Pour les articles homonymes, voirEdgar Quinet (métro de Paris),Edgar,Quinet etClasse Edgar Quinet.
| Nom de naissance | Edgar Quinet |
|---|---|
| Naissance | Bourg-en-Bresse (France) |
| Décès | (à 72 ans) Versailles (France) |
| Activité principale | |
| Conjoint | Minna More (1834-1851) ;Hermione Quinet (1852-1875) |
| Langue d’écriture | Français |
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Œuvres principales
Compléments
Edgar Jean LouisQuinet, né le àBourg-en-Bresse (Ain) et mort le àVersailles (Seine-et-Oise, actuellesYvelines), est unhistorien,poète,philosophe ethomme politiquefrançais,républicain etanticlérical.

Jean Louis Edgar Quinet naît le àBourg-en-Bresse, dans ledépartement de l'Ain. Son père, Jérôme Quinet, de tendancerépublicaine, est commissaire de l'armée. Profondément écœuré par l'épopée napoléonienne, il démissionne et se dévoue à l'avancement des sciences et des mathématiques. Sa mère, Eugénie Rozat Lagis, exerce une grande influence sur lui. Bien quecalviniste, elle le laisse baptiser dans lecatholicisme.« Edgar Quinet attribue à sa mère ce qu'il avait en lui de meilleur »[1]. Sa véritable éducation se fait avant le collège, auprès de sa mère. Son père, d'un caractère vif et impatient, met Edgar en pension de bonne heure. Les mœurs rudes de la pension de Charolles effacent les traces de fine culture de l'enfant de Certines ;« il en résulte ce qu'il a appelé, depuis, son époque de barbarie »[1].
À la chute de l'Empire, il est envoyé au collège de Bourg (1815-1817), puis àLyon. Son père veut qu'il quitte rapidement l'école pour s'engager dans l'armée ou se lancer dans les affaires. Cependant, le jeune Quinet, qui est plutôt attiré par la littérature, finit par avoir gain de cause et peut prolonger ses études.
Fasciné par l’Allemagne savante et romantique, il s’établit àHeidelberg. Il y fréquenteGeorg Friedrich Creuzer, dont il admireLa Symbolique. Il épouse en 1834 l'Allemande Minna Moré, fille de pasteur et originaire deGrünstadt. La cérémonie a lieu àBöhl près deGrünstadt dans lePalatinat rhénan. Son épouse décède en et Quinet se marie en secondes noces le à Bruxelles avecHermione Ghikère Asaky (1821-1900). Hermione, fille du poète moldaveGheorghe Asachi (1788-1869), qui était son auditrice auCollège de France, avait divorcé en 1849 du prince Mourousi, petit-fils du prince régnant de Valachie et de Moldavie.

Le caractère du réformateur anime tous ses livres, dont le but est invariablement« la régénération, la grandeur de la Patrie »[2]. Edgar Quinet ouvre sa carrière littéraire par des textes qui s'opposent à l'Ancien Régime et soutient le retour d'institutions républicaines.
Sa première publication, lesTablettes du juif errant, paraît en 1823. Frappé par laPhilosophie der Geschichte deHerder, il entreprend de la traduire et commence par apprendre l'allemand. Il publie sa traduction en 1827 et obtient une reconnaissance rapide. Parallèlement, il est présenté àVictor Cousin et àJules Michelet. Il avait visité l'Allemagne et l'Angleterre avant la publication de son œuvre. Cousin lui obtint un poste pour participer en 1829 à la mission d'exploration scientifique enGrèce, qui accompagnait l’expédition de Morée, durant laquelle Quinet se lie avecJean-Baptiste Vietty. À son retour, il publieLa Grèce moderne.
Ses espoirs de poste permanent après larévolution de 1830 sont balayés par sa réputation de républicain. Quinet est aussifranc-maçon, membre duGrand Orient de France[3]. Mais il rejoint laRevue des deux Mondes, produisant notammentLes Épopées françaises duXIIe siècle etChansons de geste. Son premier ouvrage important, un poème en prose intituléAhasverus, est publié en 1833. Quinet est le titulaire de la chaire de Langues et littératures de l’Europe méridionale auCollège de France à partir de l'an 1841.
En 1843, il donne une série de cours au Collège de France, au même moment que son collègue et amiJules Michelet, sur les jésuites. En particulier, il cherche à démontrer que la posture intellectuelle de ces derniers est contraire à l'esprit français, et que ceux-ci ont joué un rôle dans la persécution des protestants[4].
Ces cours, qui génèrent une certaine critique auprès des milieux intellectuels français, sont publiés la même année, en collaboration avec ceux de Michelet. À la suite du coup d'État du 2 décembre 1851 et de la censure qui s'établit, Quinet est révoqué de sa chaire d'enseignement parLouis-Napoléon Bonaparte[5] en avril 1852, en même temps que son ami Michelet. Il est rétabli dans son enseignement au Collège de France entre 1870 et 1875[6].

Edgar Quinet, républicain convaincu, s'inscrit dans le processus démocratique dès 1848. En, il participe à lacampagne des banquets aux côtés d'autres universitaires de renom, commeMichelet. Avec l'avènement de laIIe République, il se fait éliredéputé de l'Ain à la Constituante de 1848, puis réélire en1849.
Bien qu'hostile aux insurrections desjournées de juin 1848, qu'il estime dangereuses pour la démocratie[7], il reste néanmoins opposé aux monarchistes et aux bonapartistes qui réclament l'ordre.
Lecoup d'État du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte est un véritable deuil privé pour Edgar Quinet. Celui-ci pense alors pouvoir lutter, mais lorsque son collègueBaudin, lui aussi député de l'Ain, est tué sur les barricades le, il comprend alors que toute lutte est vaine[7]. Cette déconvenue le détache durablement de ses élans romantiques[8]. Avec d'autres écrivains engagés, commeVictor Hugo, il doit s'exiler. Il séjourne à Bruxelles de 1851 à 1858[9].

Malgré l'amnistie accordée parNapoléon III en 1859, il refuse de rentrer en France. Sa vie est bouleversée.« Au moment où je posais le pied de l'autre côté de la frontière et où je dis à la patrie un adieu peut-être éternel, je me retournai et la terre manqua sous mes pas. Depuis cette heure, mon esprit se sentit déraciné comme la feuille que le vent a détaché de l'arbre… Je n'étais plus l'hôte de personne. Sitôt que j'avais trouvé un foyer quelque part, la menace arrivait ; il fallait songer à partir »[10]. En effet, la Belgique, sa terre d'accueil se méfie de lui et le surveille : elle a peur des « rouges ». Néanmoins,Genève lui offre une chaire de philosophie morale, en 1868. La ville suisse le reconnaît alors en tant que champion de la liberté.
Grâce à ses publications, en particulierLa Révolution, dont l'édition française est écoulée en six jours en 1865, Quinet devient alors « la conscience du parti républicain », en influençant toute une génération de jeunes républicains des années 1860. Il lutte pour faire sortir les républicains de la mystification, de la mythologie de la révolution. Il est lu passionnément parJean Jaurès ou encoreJules Ferry, malgré la censure. Il publie ainsi dès 1850L'enseignement du Peuple, qui, plus tard, influence fortement la politique d'éducation de Ferry. Il entretient aussi des relations avec les républicains. En 1857, alors que Napoléon III impose des candidatures officielles, et que ses préfets font pression sur les candidats, certains républicains arrachent quelques mandats. Il les exhorte alors à ne pas prêter serment, ce qui serait blanchir la« masse des crimes de décembre »[11]. Les dernières années de son exil, il les passe avec sa femme àVeytaux, puis à Territet[12].

De retour d'exil en 1870, il vit une véritable ferveur patriotique et démocratique. Il se présente aux élections du dans le département de l'Ain, mais il n'est pas élu. En revanche, il termine cinquième à Paris derrièreLouis Blanc,Victor Hugo,Giuseppe Garibaldi (qui n'était même pas candidat) etLéon Gambetta.
À l'Assemblée de Bordeaux, il s'oppose régulièrement, par des discours et des écrits, à la politique d'Adolphe Thiers, et en particulier à l'abandon del'Alsace et de laLorraine. Vivant douloureusement la défaite subie face aux Prussiens et le retour des forces conservatrices menées par Thiers, Quinet s'isole. Il rejette violemment ce qu'il appelle« la République sans républicains »[8].

Il meurt le 27 mars 1875[13], juste avant que le régime ne s'ancre durablement dans la république grâce auxlois constitutionnelles de 1875. Son décès est déclaré à la mairie parÉdouard Millaud, député du Rhône etJean-Baptiste Ferrouillat, député du Var. Il repose aucimetière du Montparnasse (11e division) ; son épouse et compagne de travailHermione sera inhumée à ses côtés en 1900.

Edgar Quinet est connu de nombreux écoliers pour une dictée, celle de son texteAucune machine ne vous exemptera d'être homme (La Révolution religieuse auXIXe siècle) où il met en garde contre la croyance naïve en un progrès des transports mécaniques et des communications que nous n'aurions plus qu'à attendre pour voir arriver le paradis sur Terre. L'auteur avertit que« plus ce progrès se développe, et avec eux les pouvoirs, plus les hommes devront être vigilants à ce que ces pouvoirs ne soient pas tournés contre eux par des personnes inciviques ou malveillantes ». Il cite l'exemple deCaligula et des magnifiquesvoies romaines qui couvraient tout l'Empire et ne servaient plus qu'à« acheminer à ses quatre coins les ordres d'un dément ».
Les idées qu'il exprime à travers son œuvre en font un précurseur dans bien des domaines :


ie, Paris, 1845.Plusieurslycées, dontun à Bourg-en-Bresse (sa ville natale) et un autre àParis, portent son nom. Des collèges portent son nom àSaintes et àMarseille.
Un amphithéâtre de laSorbonne porte également son nom.
Un boulevard ainsi qu'une station demétro de la ligne 6 portent son nom dans le14e arrondissement de Paris.
Des rues et/ou impasses portent son nom àAlès,Feurs,Saint-Maur-des-Fossés,Thiais,Saint-Max,La Courneuve,Limoges,Grenoble,Nantes,Lorient,Tarbes ou encoreColombes avec unboulevard et unsquare à son nom.
ÀLyon, une place située dans le6e arrondissement porte son nom.
Lemonument à Edgar Quinet àBourg-en-Bresse, réalisé en bronze parAimé Millet, est inauguré le 14 avril 1883 promenade des Quinconces. Il est retiré en 1925 et installé au centre de la place Quinet. En1942, sous lerégime de Vichy, dans le cadre de lamobilisation des métaux non ferreux, la sculpture est déboulonnée et envoyée à la fonte. Le piédestal est resté vide. Il est retiré et réinstallé dans la cour du lycée Edgar-Quinet. Unmonument à Edgar Quinet de remplacement, réalisé parMarcel Mayer est inauguré en novembre 1970 dans le square des Quinconces.
Un médaillon en bronze représente le triple profil de « Adam Mickiewicz . Jules Michelet. Edgar Quinet professeurs au Collège de France” sculpté parMaurice Borrel, fondu par Thiébaut[15].
Une rue du centre deBucarest porte le nom :strada Edgar Quinet.
Un village d’Algérie, anciennement appelé Claudi, fut nommé Edgar Quinet de 1913 à 1962 avant de devenir aujourd’huiKaïs.
La dernière classe de croiseurs cuirassés français dans la marine française fut laclasse Edgar Quinet.
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