Eddy Merckx est né le àMeensel-Kiezegem au 29 de la Tieltsestraat. Il est le fils de Jules Merckx, Belge néerlandophone,menuisier puisépicier àWoluwe-Saint-Pierre, une commune de la région bruxelloise, et de Jenny Pittomvils, Belge francophone (décédée en 2009). Il est l'aîné de la famille, sa sœur Micheline et son frère Michel,jumeaux, sont nés le[5].
Il est marié depuis le à Claudine Acou (à Bruxelles) et père de deux enfants : Sabrina (née le) etAxel (né le), ce dernier cycliste professionnel de 1993 à 2007. Sabrina s'est mariée au joueur de tennis argentinEduardo Masso, et leur filsLuca Masso, qui a la double nationalité, a intégré l'équipe nationale argentine de hockey sur gazon, avec laquelle il est devenuchampion olympique en 2016 en battant l’équipe de Belgique en finale.
De la découverte du cyclisme au titre de champion du monde amateur
Eddy Merckx reçoit à 4 ans son premiervélo (à grospneus)[6]. S'il gagne tôt dans son enfance le surnom « Tour de France »[7], il obtient son premier vélo de course à huit ans[7]. Il admire le coureur cyclisteStan Ockers[8], mais il joue d'abord autennis, aubasket-ball et aufootball, enminimes auWhite Star AC[9],[8]. À 12 ans il dispute sa première course cycliste non officielle, durant laquelle il est dépassé plusieurs fois[10]. En il dispute sa première course officielle, àLaeken. Il en dispute d'autres durant cet été-là, et obtient sa première victoire àPetit-Enghien[8]. Après avoir disputé 14 courses en 1961, dès l'année suivante il a l'ambition de faire carrière. Il s'entraîne avec des coureurs professionnels commeÉmile Daems etWilly Vannitsen, qui peinent parfois à le suivre. Ses résultats scolaires à l'Athénée d'Etterbeek, qui n'étaient déjà pas bons, déclinent. Au printemps 1962 il convainc ses parents de le laisser quitter l'école pour se consacrer au cyclisme[11]. Conseillé parFélicien Vervaecke, l'ancien meilleur grimpeur des Tours de France 1935 et 1937, Eddy Merckx progresse rapidement[12]. En il remporte le titre de champion de Belgique des débutants àLibramont et écarte tous les doutes quant à sa capacité à faire carrière[13].
Jean Van Buggenhout décroche un premier contrat professionnel pour Eddy Merckx avecSolo-Superia, une équipe formée autour du championRik Van Looy[14]. Il dispute sa première course professionnelle à l'occasion de laFlèche wallonne, le. Parti trop tôt en tête de course, il abandonne[15]. Deux semaines plus tard, il obtient le premier des 525 succès de sa carrière professionnelle àVilvorde, où il devance son camarade d'entraînementÉmile Daems[15]. L'entente est mauvaise au sein de l'équipe entre « l'Empereur » Van Looy, qui entend rester le meilleur coureur de classique qu'il est à l'époque, et Merckx, considéré alors comme un « nouveau Van Looy »[16]. En août, au championnat de Belgique à Vilvorde, Van Looy abandonne et laisse Merckx se débrouiller seul face aux coureurs de l'équipe rivaleGroene Leeuw,Arthur Decabooter, etWalter Godefroot. Également considéré comme un grand espoir du cyclisme belge, celui-ci s'impose devant Eddy Merckx[15]. En septembre, Merckx dispute son premierchampionnat du monde professionnel àLasarte-Oria, en Espagne, et en prend la29e place[17]. Il termine la saison avec neuf victoires. Victime des quolibets des équipiers de Van Looy, qui l'affublent du sobriquet « Jack Palance », Merckx demande à Van Buggenhout de lui trouver une autre équipe pour l'année suivante[18].Raphaël Géminiani tente de le recruter au sein de Ford, afin qu'il coure aux côtés deJacques Anquetil[17]. C'est finalement avec l'équipe françaisePeugeot qu'il signe à l'automne 1965[19].
En mars 1966, Eddy Merckx disputeParis-Nice, sa première course par étapes majeure. Il occupe la première place du classement général pendant une journée, avant de la céder à Jacques Anquetil et de terminer quatrième. Cinq jours plus tard, il s'impose une première fois sur la classiqueMilan-San Remo en battant onze coureurs au sprint[19]. Au Tour des Flandres, il chute en pêchant par« excès de zèle », montrant, comme en d'autres occasions à ce stade de sa carrière, ce qu'il« considérait lui-même comme son « inexpérience » et son « ignorance » du métier »[20]. Paris-Roubaix est aussi un échec, à cause d'une crevaison. Encore sujet à des crampes lors des fins de longues courses, il est écarté de la victoire auchampionnat du monde pour cette raison. Après qu'il a rendu publique cette douleur récurrente devant les caméras de la télévision, un spectateur lui conseille une pommade qui le guérit définitivement de ses crampes[21]. En fin de saison, il est battu de trois minutes par Anquetil auGrand Prix des Nations, ainsi que parFelice Gimondi, mais devance son coéquipierRoger Pingeon etRaymond Poulidor[22]. Il frôle la victoire auTour de Lombardie, battu seulement par Felice Gimondi après avoir été gêné parVittorio Adorni sur le vélodrome Sinigaglia. Il termine l'année avec vingt victoires[20].
En début d'année 1967, auTour de Sardaigne, Merckx gagne deux étapes, mais se montre vulnérable en descente, où il chute[22]. Il remporte peu après son deuxièmeMilan-San Remo, puis la semi-classique belgeGand-Wevelgem fin-mars[23]. Battu auTour des Flandres, dont il prend la troisième place, il gagne sa premièreFlèche wallonne fin avril après une attaque en solo[24] mais rate de peu une première victoire sur laDoyenne, battu sur la piste en cendrée de Rocourt parWalter Godefroot. À la fin de ce printemps, il dispute son premierTour d'Italie. Alors qu'il n'a encore jamais disputé de compétition en haute montagne, il s'impose lors de la douzième étape à l'issue de l'ascension duBlockhaus. Il récidive deux jours plus tard, àLido degli Estensi(it), cette fois à l'issue d'une arrivée groupée. À la lutte pour les premières places du classement général, il lâche prise au passo del Tonale, lors de la21e étape[25], victime d'un coup de froid[26], et termine neuvième de ceGiro. Durant l'été, Merckx est endeuillé par la mort de son coéquipier et mentorTom Simpson, qui s'effondre sur les pentes dumont Ventoux durant le Tour de France. Eddy Merckx est le seul coureur du continent à se déplacer en Angleterre pour ses funérailles[27]. Au début du mois de septembre, il empoche son premier titre dechampion du monde àHeerlen aux Pays-Bas, devançant au sprint le NéerlandaisJan Janssen et l'EspagnolRamón Sáez[28].
Alors qu'approche la fin de saison 1967, le directeur de PeugeotGaston Plaud ne semble pas vouloir conserver Eddy Merckx, croyant davantage enRoger Pingeon, récent vainqueur du Tour de France[29]. Merckx s'engage avec la nouvelle équipe italienneFaema pour trois ans, et400 000 francs par an[30]. Il avait rencontréVincenzo Giacotto(it), alors chargé de monter cette équipe, dès le mois d', àCervinia. Il avait alors ébloui Giacotto etNino Defilippis par la facilité avec laquelle il avait effectué l'ascension alors que c'était la première fois qu'il roulait à une telle altitude[31]. Au sein de Faema, Merckx dispose désormais d'une « garde rouge » imposante, à l'image de celle de Van Looy par le passé[32]. Parmi ses nouveaux coéquipiers,Vittorio Adorni est recruté à la fois pour être un « domestique de luxe » et le guider dans les descentes[32], mais également pour être son mentor, ainsi qu'un « indicateur », en tant qu'ancien équipier de Gimondi[33]. Mis en échec par Van Looy et Godefroot au Tour des Flandres[34], Eddy Merckx remporte en avril son premierParis-Roubaix en battantHerman Van Springel au sprint. Il s'illustre dans les courses par étapes. Au Tour de Sardaigne, en début de saison, il s'assure la victoire dès la première étape, qu'il gagne avec six minutes d'avance. Il remporte aussi le Tour de Romandie en avril[32]. AuTour d'Italie, lors de la première étape, il part seul à deux kilomètres de l'arrivée et gagne avec six secondes d'avance[35]. Il s'empare du maillot rose, qu'il cède deux jours plus tard àMichele Dancelli, suivant le conseil d'Adorni selon lequel il est nécessaire de préserver les forces de l'équipe. Après avoir gagné la huitième étape à Brescia[36], Merckx reprend le maillot rose à l'issue de la douzième étape, auxTre Cime di Lavaredo. Dans l'ascension finale, il obtient d'Adorni le signal l'autorisant à attaquer. Il part seul, rattrape tous les échappés présents en tête de course. Tous ses adversaires sont surclassés. Gimondi perd plus de six minutes lors de cette étape. Au classement général, Adorni suit Merckx de quatre minutes, les suivants de cinq minutes. La presse salue de superlatifs son exploit[37]. Il contrôle la fin de la course et remporte son premier Tour d'Italie, devançant son coéquipier Adorni de cinq minutes, et Gimondi de neuf minutes. Malgré les sollicitations des organisateurs et de sponsors, Eddy Merckx ne dispute pas le Tour de France après ce succès auGiro[38]. En septembre, lechampionnat du monde sur route, disputé àImola, est emporté par Adorni, dont c'est la région natale. Merckx, qui n'a pas pris part à la poursuite derrière son coéquipier, est huitième[39]. Il termine la saison avec 32 victoires, en 129 courses disputées[40].
Leroi Baudouin etson épouse accueillent Eddy Merckx, son épouse ainsi que son équipe, après la première victoire au Tour de France (1969).
L'hiver voit notamment Vittorio Adorni quitter Faema, tandis que celle-ci recrute le directeur sportifGuillaume Driessens[40]. En mars 1969, Eddy Merckx gagne leTour du Levant, ainsi que trois des sept étapes de cette course, et surtoutle premier de ses troisParis-Nice. Lors ducontre-la-montre ducol d'Èze, il rejoint puis dépasseJacques Anquetil, parti une minute et demie avant lui. Il remporte ensuite en solitaire son troisièmeMilan-San Remo, grâce à une attaque dans la descente duPoggio[40]. Dans leTour des Flandres couru sous la pluie, il s'échappe à 70 km de l'arrivée alors qu'il reste tous les monts à gravir. Alors que son directeur sportif Driessens lui crie que cette attaque intervient trop tôt et lui demande d'arrêter, Merckx poursuit son effort. Il franchit la ligne d'arrivée avec plus de 5 minutes d'avance surFelice Gimondi et 8 surMarino Basso[41]. Blessé au genou lors deParis-Roubaix, il y est battu parWalter Godefroot. Lors de la Flèche wallonne, c'est une« brigade anti-Merckx » qui le met en échec[42]. Enfin, àLiège-Bastogne-Liège, il franchit en vainqueur la ligne d'arrivée avec son coéquipierVictor Van Schil, au vélodrome deRocourt. Leurs poursuivants, résignés, arrivent huit minutes plus tard[43]. En mai, alors qu'il porte le maillot rose duTour d'Italie en ayant gagné quatre étapes, il est déclaré positif au contrôle antidopage. Il est exclu de la course àSavone. Il s'estime victime d'une injustice et reçoit le soutien de plusieurs coureurs. Gimondi, qui hérite du maillot rose, refuse ainsi de porter celui-ci[44]. Le, l'Union cycliste internationale, dont le président Rodoni avait manifesté publiquement son soutien à Merckx, lève sa suspension« au bénéfice du doute », lui permettant de participer au Tour[45]. Merckx reprend l'entraînement le. Il dispute plusieurs critériums, le championnat de Belgique, en vue du départ du Tour de France, à Roubaix, le. Il prend la deuxième place du prologue, derrièreRudi Altig. Le lendemain, la course passe parWoluwe-Saint-Pierre, où il a grandi. Faema gagne le contre-la-montre par équipes, permettant à Merckx de récupérer le maillot jaune. Il devient ainsi pour la toute première fois maillot jaune en franchissant la ligne d’arrivée située à hauteur de l’actuelno 28 avenue des mille mètres à Woluwé St Pierre. Ce dernier passe ensuite sur les épaules d'un équipier de Merckx,Julien Stevens, vainqueur de la deuxième étape[46]. Les concurrents témoignent de la vitesse élevée imposée par Faema en ce début de Tour[46]. À Nancy, Merckx déclare que ce départ en fanfare avait en réalité pour but de cacher un manque de forme[47]. Au Ballon d'Alsace, Merckx retrouve le maillot jaune en s'imposant avec 4 minutes d'avance sur ses adversaires[47]. Battu parRoger Pingeon àChamonix, il se montre plus discret dans le Galibier le lendemain. Lors de la dernière étape alpestre en revanche, il est offensif, et bat Gimondi au sprint à Digne. Le lendemain, il suit une attaque du « modeste » coureur Jacques De Boever, et est devancé par Gimondi, qui les a accompagnés. À la sortie des Alpes, Eddy Merckx compte 7 minutes d'avance sur Pingeon au classement général[48]. Il accroît cette avance en gagnant le contre-la-montre deRevel[49]. Lors de l'étape Luchon-Mourenx, Eddy Merckx franchit le premier lecol du Tourmalet, en passant devant son coéquipierMartin Van Den Bossche qui avait assuré le rythme du groupe durant l'ascension. Constatant au bas de la descente qu'il a creusé un écart sur ses adversaires, il poursuit son effort seul. Il accroit son avance de six minutes dans l'ascension d'Aubisque et gagne l'étape[50]. La presse salue sa performance le lendemain, et le compare àFausto Coppi.Jacques Goddet, dansL'Équipe, intitule son article « Merckxissimo »[51]. Il accroit encore son avance aupuy de Dôme, puis lors du contre-la-montre final, qu'il gagne avec près d'une minute d'avance. Il remporte ainsi son premier Tour de France, avec 18 minutes d'avance sur le deuxième au classement général[51]. Il est accueilli en triomphe en Belgique, dont aucun coureur n'avait gagné le Tour depuis trente ans, et reçu par le roiBaudouin[52]. Durant la suite de la saison, il remporte notammentParis-Luxembourg. Lors d'une course derrièrederny au vélodrome de Blois le, il est impliqué dans une chute collective. Son entraîneurFernand Wambst y laisse la vie[53]. Inconscient, Eddy Merckx est transporté à l'hôpital, dont il sort quatre jours plus tard[54]. Toute la suite de sa carrière, il aura des douleurs dorsales à la suite de cette chute. Il revient néanmoins vite en course et gagne un critérium à Schaerbeek le[55]. Son dernier « grand test » de la saison est leTrophée Baracchi, contre-la-montre en duo qu'il a gagné en 1966 et 1967 avecFerdinand Bracke. Associé àDavide Boifava, il part trop vite et doit laisser son coéquipier du jour faire l'essentiel du travail en fin de course. Ils terminent troisièmes[56]. Merckx termine cette saison avec 43 victoires en 129 courses disputées[57].
Erik De Vlaeminck et Eddy Merckx lors de l'Amstel Gold Race 1970.
En début d'année 1970 Eddy Merckx remporte le classement général et trois étapes deParis-Nice, dont le contre-la-montre de La Turbie, malgré une douleur à la selle. Cette douleur le pousse, lors deMilan-San Remo, à se mettre au service de son coéquipier Zilioli, qui finit quatrième[57]. Le printemps de classiques s'annonce comme un duel entre Merckx etRoger De Vlaeminck. Ayant refusé de faire ses débuts dans l'« armada » de Merckx en 1969, celui-ci a obtenu quelques victoires, faisant de lui un successeur de Van Looy dans le cœur du public flamand[58]. Eddy Merckx gagne Gand-Wevelgem, puis est battu par Leman auTour des Flandres[59]. Il remporteParis-Roubaix avec plus de cinq minutes d'avance sur De Vlaeminck, retardé par une crevaison[60]. Lors deLiège-Bastogne-Liège, De Vlaeminck bat Merckx et tient sa revanche. Il défie Merckx à la Flèche wallonne, remportée par ce dernier en solitaire[61]. Lors duTour d'Italie, Merckx gagne trois des neuf premières étapes. Mis en difficulté entre Zingonia et Malcesine (sixième étape) par son ex-coéquipier Martin Van Den Bossche, parti chez Molteni, il se rattrape le lendemain avec une victoire en solitaire àBrentonico. Il s'empare à cette occasion du maillot rose, porté depuis le début de la course parFranco Bitossi[62], et le garde jusqu'à l'arrivée àBolzano. Il gagne son deuxièmeGiro avec plus de trois minutes d'avance sur Felice Gimondi. En juin, Eddy Merckx ajoute à son palmarès son seul titre de champion de Belgique sur route. Ce premier semestre de 1970 voit l'émergence deLuis Ocaña, deuxième de Paris-Nice et vainqueur duTour d'Espagne et du Critérium du Dauphiné libéré, et considéré comme le principal adversaire de Merckx au Tour de France[63]. Merckx remporte le prologue àLimoges. Son équipier Zilioli récupère le maillot jaune le lendemain, ce qui déplait à Merckx qui craint qu'il n'y laisse des forces. Merckx retrouve le maillot jaune à l'issue de la sixième étape, àValenciennes, après une crevaison de Zilioli. Le lendemain, il attaque avecLucien Van Impe et gagne à Forest. Après le contre-la-montre de l'après-midi, il compte deux minutes d'avance au classement général[64]. Lors de la dixième étape, il participe à une échappée de quatorze coureurs, partis à 170 km de l'arrivée. Il gagne l'étape devant les deux autres derniers coureurs du groupe. Il s'impose encore « magistralement » en contre-la-montre à Divonne et à Grenoble[65]. À l'arrivée à Gap, il apprend la mort deVincenzo Giacotto(it), directeur de l'équipe Faema. Malgré le chagrin, il s'impose à nouveau le lendemain, aumont Ventoux. Sa victoire finale sur ce Tour semble désormais acquise, puisqu'il compte dix minutes d'avance sur le Néerlandais Joop Zoetemelk, deuxième[66]. Il gagne encore deux étapes, en contre-la-montre à Bordeaux, et à la Cipale le dernier jour, et remporte son deuxième Tour de France[67].
La première étape duTour de France 1971 est un contre-la-montre par équipes, remporté par Molteni, permettant à Merckx d'occuper la tête du classement général. Cependant, à l'issue des trois étapes du jour, c'estRini Wagtmans qui revêt le maillot jaune, car il a fini l'étape devant Merckx, tout en étant dans le même temps. Le lendemain, Wagtmans se laisse distancer pour permettre à son leader de reprendre le maillot jaune. Molteni contrôle la course, jusqu'à la huitième étape. Lors de cette dernière, Eddy Merckx est distancé par Ocaña, puis Zoetemelk et Agostinho sur les pentes dupuy de Dôme. Il concède 15 secondes à Ocaña sur la ligne d'arrivée[72]. Deux jours plus tard, au col de Porte, Ocaña attaque, suivi par trois coureurs. Ceux-ci prennent une minute et demie d'avance sur Eddy Merckx etBernard Thévenet gagne l'étape. Pour la première fois, Merckx cède le maillot jaune à un adversaire,Joop Zoetemelk. Le lendemain, Ocaña réalise un exploit« à la Merckx ». En début d'étape, dans la côte de Laffrey, Agostinho attaque, suivi par Ocaña, puis Zoetemelk et Van Impe, mais pas par Merckx, qui perd ainsi deux minutes dans cette ascension. Le groupe de quatre conforte son avance dans la plaine. Dans l'ascension qui suit, le col du Noyer, Ocaña attaque et part seul. Il remporte cette étape avec 8 minutes et 42 secondes d'avance sur Merckx, qui a mené seul le peloton à sa poursuite. Luis Ocaña s'empare du maillot jaune ; Merckx est cinquième au classement général, à près de dix minutes[73]. Après une journée de repos, l'équipe Molteni se lance à la reconquête du maillot jaune. Dès le départ de l'étape, alors qu'Ocaña termine à peine de répondre à des journalistes, Rini Wagtmans démarre en trombe, emmenant Eddy Merckx, deux autres Molteni, et une dizaine d'autres coureurs. L'étape de 240 km se résume à une course poursuite serrée entre le groupe Merckx, et le peloton. Merckx reprend ainsi deux minutes sur Ocaña[74]. Avec sept minutes de retard, Merckx ne s'avoue pas vaincu et compte mener la vie dure à Ocaña entre Revel et Luchon. Il attaque dans lecol de Portet-d'Aspet, puis lecol de Menté. Ocaña n'est pas pris en défaut, mais ne semble pas aussi en forme que les jours précédents. Dans la descente, Eddy Merckx et Luis Ocaña tombent à une seconde d'intervalle. Alors que Merckx repart, Ocaña à peine relevé est percuté par un autre coureur. Il est emmené à l'hôpital et quitte le Tour. Deuxième de l'étape, Merckx reprend la tête du classement général, avec deux minutes d'avance sur Zoetemelk[75]. Il refuse de revêtir le maillot jaune à l'issue de cette étape. Blessé lui aussi, il court prudemment lors des deux dernières étapes pyrénéennes. Il s'impose lors du contre-la-montre final et gagne le Tour de France avec deux minutes d'avance[76]. Entretemps, dans les Landes, Merckx s'échappe et gagne à Bordeaux, ce qui lui permet de remporter également le maillot vert[77].
En début de saison 1972, à Paris-Nice, Eddy Merckx se blesse à la hanche. Malgré les avis de médecins, il poursuit la course. Il se montre supérieur à Ocana, qui tente de l'attaquer, mais s'incline face à Poulidor. Il obtient sa cinquième victoire surMilan-San Remo en attaquant dans la descente du Poggio. Les douleurs dues à sa chute lors de Paris-Nice le handicapent pendant les classiques. Il termine septième du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix, où De Vlaeminck obtient sa première victoire. Merckx s'impose ensuite surLiège-Bastogne-Liège et la Flèche wallonne, que De Vlaeminck ne dispute pas[80]. AuTour d'Italie,José Manuel Fuente, vainqueur de laVuelta, est le principal adversaire de Merckx. Il prétend pouvoir mettre ce dernier hors-délai sur le Stelvio[81]. Il s'impose lors de la quatrième étape, au Blockhaus, sur un parcours comprenant une seule montée, en fin d'étape, ce qu'il apprécie. Arrivant avec deux minutes et demie d'avance sur Merckx, il prend le maillot rose. Lors de l'étape de Catanzaro, trois jours plus tard, Merckx« donne leçon de plat et descente », prend quatre minutes à Fuente et revêt le maillot rose[82]. Lors de la quatorzième étape, se terminant au mont Jafferau, Fuente attaque trop tôt, dans l'avant-dernière ascension, et est impuissant lorsque Merckx le rattrape à un kilomètre de l'arrivée. Au Stelvio, la victoire de Fuente n'empêche pas Merckx de remporter ceGiro avec cinq minutes et demie d'avance. Luis Ocaña, vainqueur du Critérium du Dauphiné libéré, semble capable de l'emporter sur Merckx lors duTour de France, au parcours particulièrement montagneux. Les sept premières étapes de ce Tour sont animées par le duel Merckx-Guimard pour le maillot jaune. Lors de la première étape pyrénéenne, Merckx s'impose et revêt le maillot jaune. Ocaña est surclassé. Lors de la huitième étape, celui-ci subit une crevaison aucol du Soulor, puis chute. Il abandonne après une nouvelle chute dans les Alpes. Merckx s'impose sur les deux grands cols de ce Tour, le Galibier et l'Izoard, et au classement général. Gimondi, deuxième, est relégué à onze minutes[83]. Auchampionnat du monde àGap, sur un parcours plat, les« gueguerres intestines de l'équipe belge » provoquent son échec. Durant les cinq semaines suivantes, sur 33 courses disputées, Merckx en gagne 22, dont leTour de Lombardie, à nouveau grâce à une échappée solitaire. Deux semaines après la Lombardie, il part pour Mexico afin d'y battre lerecord de l'heure. Le vélodrome Agustin Melgar, sur lequel il doit effectuer sa tentative, se situe à 2 285 mètres d'altitude[84]. Afin de s'y préparer, il s'est entraîné chez lui, à Crainhem, avec un masque reproduisant le manque d'oxygène en altitude[85].Ernesto Colnago lui fabrique pour l'occasion un vélo de 5,75 kg, réputé le plus cher du monde. Le matin du, il se lance sur la piste. Il parcourt 49,431 95 km dans l'heure, battant de près de 800 mètres le précédent record d'Ole Ritter, qui avait, lui aussi, réalisé cette performance à Mexico[86].
Merckx lors d'une victoire en poursuite à Amsterdam en août 1973.
En 1973, Eddy Merckx réalise sa meilleure saison de classiques jusqu'alors. S'il déclare forfait lors de Milan-San Remo car malade, et pas encore au mieux de sa forme au Tour des Flandres, il rafle tout ensuite : Gand-Wevelgem, Paris-Roubaix, Amstel Gold Race, Liège-Bastogne-Liège. Quatre jours après cette dernière, il est au départ de laVuelta, pour son unique participation à cette course. Il bat Ocaña de 4 minutes. Après quatre jours de pause, il dispute le Tour d'Italie. Il y porte le maillot rose de bout en bout. Il gagne trois étapes lors des cinq premiers jours de course. Le contre-la-montre lors duquel il est battu par Gimondi pour la première fois depuis cinq ans constitue la seule surprise. Il gagne ceGiro avec7 min 42 s d'avance[87]. En septembre, le championnat du monde sur route, disputé àMontjuïc, près deBarcelone en Espagne, est l'occasion d'une nouvelle rencontre entre Merckx et Gimondi, mais surtout d'une controverse au sein de l'équipe de Belgique[88]. Celle-ci part désunie, Freddy Maertens, révélation du printemps, dispute son premier championnat du monde et veut briller. Roger De Vlaeminck renâcle à courir au service de Merckx. À deux tours de l'arrivée, Maertens revient avec Gimondi et Ocaña sur Merckx, qui vient d'attaquer[88]. Les deux Belges sont réputés meilleurs au sprint que leurs deux adversaires. Toutefois, dans la dernière ligne droite,« les jambes de Merckx se [transforment] en plomb », il ne peut plus suivre à 500 mètres de l'arrivée. Gimondi profite de l'occasion pour prendre la roue de Maertens qui a accepté de lancer le sprint pour son leader. Après que Maertens s'écarte, croyant voir Merckx débouler derrière lui, Gimondi pourtant moins rapide, le surprend et s'impose nettement comme le montre le film de la télévision[89]. Après cet échec, une longue brouille s'installe entre Merckx et Maertens, le premier reprochant au second d'avoir ramené ses adversaires sur lui, et Maertens reprochant à Merckx de ne pas lui avoir laissé de tenter sa chance au sprint alors que ses jambes étaient défaillantes et d'avoir permis à Gimondi de s'imposer[90] alors que la pointe de vitesse du jeune Belge est clairement supérieure. En fin de saison, Merckx gagneParis-Bruxelles, classique qui n'avait plus été disputée depuis 1966, ainsi que le Grand Prix des Nations, devant Ocaña. Il est également le premier à passer la ligne d'arrivée auTour de Lombardie mais est disqualifié pour un contrôle antidopage positif à la noréphédrine[91].
Eddy Merckx au championnat du monde sur route de 1974.
En 1974, Eddy Merckx connaît un printemps « désastreux ». Une pneumonie virale le prive deMilan-San Remo. De retour sur les classiques, il est quatrième duTour des Flandres, deuxième deGand-Wevelgem, et est battu par De Vlaeminck surParis-Roubaix. Il doit ensuite prendre deux semaines de repos pour soigner ses poumons, et manque ainsi Liège-Bastogne-Liège et la Flèche wallonne. C'est sa première saison de classiques sans victoire depuis 1965[92]. AuTour d'Italie, Fuente prend le maillot rose en gagnant àSorrente la première étape de montagne (la3e). Il gagne deux autres étapes et compte deux minutes d'avance sur Merckx au classement général à mi-course. Il s'épuise cependant à vouloir« rouler comme Merckx »[92]. Celui-ci, deux jours après une victoire contre-la-montre, retrouve le maillot rose à San Remo l'issue de la quatorzième étape. Fuente gagne auMonte Generoso le jour où Merckx apprend la mort de Van Buggenhout. Tenté d'abandonner, il poursuit la course malgré sa tristesse. Lors de l'antépénultième étape, il est distancé parGianbattista Baronchelli et José Manuel Fuente dans lesTre Cime di Lavaredo. Grâce à un« dernier kilomètre de bravoure », il parvient à conserver la première place. Merckx gagne ceGiro avec douze secondes d'avance sur Baronchelli, soit la deuxième avance la plus faible d'un vainqueur de cette course sur son dauphin[93]. Durant les trois semaines qui séparent le Tour d'Italie du Tour de France, Merckx remporte le Tour de Suisse, puis est opéré à l'aine afin d'ôter un kyste[94]. LeTour de France est disputé en l'absence de Gimondi, Fuente, Zoetemelk et Ocaña. Eddy Merckx gagne le prologue puis défend son maillot jaune en allant jusqu'à disputer les sprints intermédiaires. Le seul adversaire à sa mesure est Poulidor, qui lui prend deux minutes en s'imposant au Pla d'Adet lors de la seizième étape. L'issue de la course ne fait cependant alors plus de doute, Poulidor terminant le Tour à la deuxième place avec huit minutes de retard. Vainqueur de huit étapes, Merckx gagne un cinquième Tour de France, égalant le record deJacques Anquetil[95]. Fin août, il remporte un troisièmechampionnat du monde, àMontréal en battantRaymond Poulidor dans un sprint à deux[94]. Il devient le troisième coureur trois fois champion du monde sur route aprèsAlfredo Binda etRik Van Steenbergen. Pendant cette année 1974, il réalise ainsi letripléTour d'Italie-Tour de France-championnat du monde. Seul l'IrlandaisStephen Roche et le SlovèneTadej Pogačar ont réussi réussi cet exploit en 1987 pour le premier nommé et en 2024 pour le second.
Merckx franchissant la ligne d'arrivée pour remporter l'Amstel Gold Race en1975.
En 1975, Merckx réalise l'une des meilleures saisons de classiques de l'histoire. Bien aidé par unJoseph Bruyère en grande forme, il gagneMilan-San Remo en réglant un petit groupe au sprint, puis l'Amstel Gold Race en solitaire. Il gagne ensuite laSemaine catalane, mais perd son équipier Bruyère à cause d'une jambe cassée. Deux jours après la Semaine catalane, Merckx participe auTour des Flandres. Il lance une attaque à quatre-vingts kilomètres de l'arrivée et seulFrans Verbeeck parvient à le suivre. Verbeeck est lâché à cinq kilomètres de l'arrivée, permettant à Merckx de remporter son troisième Tour des Flandres. Lors deParis-Roubaix, il subit une crevaison à environ quatre-vingts kilomètres de l'arrivée alors qu'il fait partie d'un groupe de tête de quatre coureurs. Après une poursuite sur trois kilomètres, il rattrape les trois autres coureurs et le groupe court ensemble jusqu'à l'arrivée.Roger De Vlaeminck s'impose au sprint devant Merckx. Lors deLiège-Bastogne-Liège, il rejoint puis bat au sprintBernard Thévenet auteur d'une longue échappée[96]. Avec cinq bouquets, il devient le recordman de victoires de la course.
L'attitude de Merckx en course change : ses adversaires s'attendent à ce qu'il poursuive toutes les attaques, ce qui le met en colère. Notamment, lors duTour de Romandie où il se retrouve dans un groupe avec le leaderJoop Zoetemelk lorsqu'une attaque est lancée. Merckx refuse de faire l'effort pour poursuivre l'échappée, les deux hommes perdent alors quatorze minutes. Il contracte un rhume, puis uneamygdalite, lors d'une course au printemps. Cela l'a mis en mauvaise forme, le forçant à ne pas participer auTour d'Italie.
Pour préparer leTour de France, il dispute leCritérium du Dauphiné libéré et leTour de Suisse. Lors du Dauphiné libéré, après six victoires d'étapes deFreddy Maertens, Merckx perd onze minutes sur Bernard Thévenet dans le massif de la Chartreuse. Au Tour de Suisse, il est en meilleure forme, mais est battu par De Vlaeminck[97]. Pour la première fois depuis 1969, le prologue duTour de France n'est pas remporté par Eddy Merckx, battu de peu parFrancesco Moser. Le lendemain, les deux demi-étapes de la journée coûtent une minute à Thévenet, Gimondi et Zoetemelk[97]. Merckx gagne le premier contre-la-montre et prend le maillot jaune. Il s'impose à nouveau au deuxième contre-la-montre, avec cette fois une faible avance de 9 secondes sur Thévenet. Après une première étape pyrénéenne sans encombre, gagnée par Felice Gimondi, Merckx se retrouve le lendemain sans coéquipier dans l'ascension finale vers lePla d'Adet, et concède près d'une minute à Thévenet et Zoetemelk. Lors de la treizième étape, gagnée par Pollentier àSuper Lioran, Merckx est à nouveau sans équipier. Au puy de Dôme, Thévenet et Van Impe s'échappent. Ce dernier s'impose avec 15 secondes d'avance sur Thévenet. Alors qu'il en termine avec cette ascension, Nello Breton un habitant deCusset, lui envoie un coup de poing dans le foie. Merckx plié en deux par la douleur sprinte et parvient à sauver son maillot jaune pour 58 secondes[98],[99]. À la demande d'Eddy Merckx, l'homme sera identifié, poursuivi et condamné[100].
La passation de pouvoir entre Merckx et Thévenet s'effectue lors de l'étape Nice-Pra Loup. Dans lecol des Champs, Thévenet attaque plusieurs fois, en vain. Peu avant lecol d'Allos, Merckx attaque à son tour. Victime d'une fringale, Thévenet ne peut le suivre. Peu à l'aise dans la descente, il aborde l'ascension finale avec plus d'une minute de retard. Gimondi rattrape Merckx le premier. Thévenet revient à son tour, et dépasse Merckx, puis Gimondi. Il gagne l'étape et prend le maillot jaune avec 58 secondes d'avance[101]. Le lendemain, Merckx attaque dans la descente ducol de Vars. Il prend ainsi une minute d'avance, mais est rattrapé. Dans l'Izoard, Thévenet attaque à son tour. Il gagne l'étape à Serre-Chevalier et accroît son avance de deux minutes. Alors que le médecin du Tour conseille à Merckx d'abandonner à la suite d'une chute (une fracture de la mâchoire lui sera diagnostiquée après le Tour), celui-ci persévère. Il essaie encore plusieurs fois d'attaquer, mais est repris à chaque fois. Il s'incline, avec 2 minutes et demie de retard sur Thévenet[102].
Merckx commence sa saison 1976 en Italie pour préparer les classiques. Il y termine second deTirreno-Adriatico derrière Roger De Vlaeminck, et obtient une victoire d'étape dans les Abruzzes. Il remporte ensuite un septième succès àMilan-San Remo. Il bat ainsi le record de l'ItalienCostante Girardengo, vainqueur six fois de 1918 à 1928. Il gagne une seconde fois laSemaine catalane une semaine après[103]. Une période difficile s'ouvre ensuite pour lui. Revenant plus tard sur celle-ci, il déclare :« je me rends compte une fois de plus combien j'ai exigé de mon corps depuis tant d'années. Ces succès sont de moins en moins fréquents, les échecs de plus en plus réguliers[104]. » Au Tour des Flandres, stoppé net après une chute dans la montée duKoppenberg, il grimpe à pied le restant de la montée[105]. Après un podium au Tour de Romandie, il dispute son dernierGiro, dominé par son vieux rivalFelice Gimondi. Diminué par un furoncle à la selle, il termine à la huitième place du classement général[106]. Cette blessure le contraint à déclarer forfait pour leTour de France 1976[107]. La fin de saison est marquée par des douleurs au dos. Il songe alors à arrêter sa carrière, puis se ravise et poursuit en 1977[104].
Un succès auTour méditerranéen en ne fait que retarder l'inévitable déclin. Son dernierTour l'été suivant, où il finit sixième, après avoir perdu 13 minutes dans la montée del'Alpe d'Huez surHennie Kuiper, est le crépuscule d'une formidable carrière.Bernard Hinault domine désormais le cyclisme mondial dans les classiques et les courses par étapes. Eddy Merckx remporte sa dernière course à la kermesse deKluisbergen le. C'est sous les couleurs de l'équipeC&A qu'il dit adieu au monde cycliste le au circuit dupays de Waes, confirmé le lendemain devant la presse au centre international de Bruxelles : « Je ne peux plus me préparer pour le Tour de France, que je voulais disputer pour la dernière fois comme une apothéose… Après avoir consulté mes médecins, j'ai décidé d'arrêter la haute compétition. »
Eddy Merckx en 2009.L'un des modèles de sa marque de vélosEddy Merckx Cycles.
En, Eddy Merckx crée sa marque de vélos, « Eddy Merckx Cycles ». Il dirige l'entreprise pendant 30 ans, et la revend en 2008 au fonds d'investissement Sobradis. Il demeure actionnaire minoritaire et actif en tant qu'« ambassadeur » de la marque[108].
Eddy Merckx a été sélectionneur des équipes de Belgique masculines élites sur route et en cyclo-cross de 1986 à 1997, année au début de laquelle il démissionne[109],[110].
Il a été élu administrateur duComité olympique et interfédéral belge (COIB) en 1989[111]. Il en devient vice-président en 1996[112],[113]. Non reconduit à ce poste en 2001, mais demeurant administrateur, il en démissionne en 2001 en s'affirmant en désaccord avec la politique du COIB[114]. En 2005, il réintègre le Comité après l'élection à la présidence dePierre-Olivier Beckers, qu'il a soutenu. Merckx devient membre du comité de gestion et président du Comité de développement du sport belge (CDSB), qui rassemble les partenaires commerciaux du COIB[115],[116]. En 2013, Merckx devient le premier lauréat de l'Ordre du mérite du COIB[117].
Il a également été consultant pour laRTBF lors des diffusions de courses cyclistes. Jusqu'en 2004, il organise aussi le « Grand Prix Eddy Merckx », une coursecontre-la-montre autour deBruxelles qui réunissait quelques-uns des meilleurs spécialistes de la discipline.
À la fin de 2007, Eddy Merckx a visité un projet d'Action Damien àKinshasa. Il est le parrain de cetteONG belge (qui lutte contre lalèpre et latuberculose) pour 2008 et 2009.
Le 9 décembre 2024, lors d'une sortie à vélo, sa roue arrière dérape sur les rails d'un passage à niveau àHombeek, près deMalines et il chute lourdement[118]. Victime d'une fracture de la hanche droite (col du fémur), il est opéré le lendemain àHerentals où une hanche artificielle lui a été implantée[119].
Eddy Merckx est le cycliste le plus titré et est à ce titre considéré comme l'un des plus grands, voire le plus grand cycliste de l'histoire de ce sport[120],[121],[122],[123],[124]. Son palmarès compte 525 victoires sur route, dont 80 en tant qu'amateur et 445 chez les professionnels (333 hors critériums et 112 critériums)[125]. À ces succès sur route s'ajoutent 98 victoires sur piste et deux en cyclo-cross[126]. Il s'est imposé lors de 28 % des courses professionnelles qu'il a disputées[125]. Son appétit de victoires lui a valu le surnom de « Cannibale », trouvé par le coureur françaisChristian Raymond[127],[120],[128],[129]. Il a également été surnommé l'« ogre de Tervueren », le « roi Eddy », l'« extra-terrestre », l'« homme-bicyclette »[120]. Son surnom « L'Ogre de Tervueren » provient du nom de la rue où il a vécu : l'avenue de Tervueren[2].
Coureur complet, il a dominé le cyclisme tant lors des courses à étapes que lors des classiques.Louis Caput résume ainsi sa supériorité :« Je tenais à ce jourRik Van Looy comme le plus grand coureur de classiques parmi ceux qu'il m'ait été permis de juger. Je considère par ailleursFausto Coppi comme le numéro un des routiers par étapes. Merckx, c'est Van Looy plus Coppi[130]. »Jacques Augendre illustre l'ampleur du palmarès de Merckx en ne citant que les rares courses importantes qui n'y figurent pas :Bordeaux-Paris, qu'il n'a jamais disputée,Paris-Tours, et leTour d'Allemagne[120].
SeulFausto Coppi semble pouvoir contester à Merckx sa place de « numéro un »[121]. PourJacques Goddet, directeur du Tour de France en 1937 puis de 1947 à 1988 et fondateur du journalL'Équipe :
« Le numéro un dans les résultats, c'est Eddy Merckx. Il y a pour moi quelqu'un qui est au-dessus de ce numéro un, c'est Fausto Coppi, parce qu'il s'est manifesté dans des conditions qui atteignaient le divin, le surhomme, par sa morphologie, par sa nature physique[131]. »
Merckx a reçu divers titres reconnaissant sa place dans le sport cycliste. Ainsi, à l'occasion de son centenaire en 2000, l'Union cycliste internationale lui a remis le prix de coureur du siècle[132]. La même année, il est élu « sportif belge du siècle » par leComité olympique et interfédéral belge et par l'Association professionnelle belge des journalistes sportifs[133].
Les journalistes et personnalités du cyclisme soulignent son humilité, sa discrétion, sa pudeur[136],[137]. SelonJacques Augendre, son caractère réservé et sa volonté de préserver son intimité ont rendu difficile sa communication avec les journalistes[120].
Eddy Merckx devient coureur professionnel au moment où apparait une lutte contre ledopage dans le cyclisme : les premiers contrôles antidopage durant le Tour de France sont effectués en 1966. Ils sont systématiques aux arrivées de chaque étape, sur des coureurs tirés au sort, à partir de 1968.
Merckx fait l'objet de trois contrôles positifs durant sa carrière, en 1969, 1973 et 1977.
Lors duTour d'Italie 1969, il est contrôlé positif au Réactivan, uneamphétamine, lors de l'étape Parme-Savone, et est exclu de la course. Merckx et l'équipe Faema « crient à la machination », affirmant n'avoir aucun intérêt à se doper lors de cette étape, sans enjeu. Initialement suspendu un mois, il est finalement blanchi au bénéfice du doute.
En, Merckx souffrant d'une bronchite se voit prescrire par le médecin de son équipe du Mucantil. À l'issue duTour de Lombardie, qu'il remporte, il est contrôlé positif à lanoréphédrine et déclassé au profit deFelice Gimondi. PourJean-Pierre de Mondenard, ancien médecin du Tour de France et auteur de plusieurs ouvrages sur le dopage,« les circonstances de ces deux premiers contrôles justifient que l'on accorde à Eddy Merckx le bénéfice de la bonne foi ».
Ce n'est pas le cas selon lui du troisième contrôle positif dont Merckx fait l'objet. Lors de laFlèche wallonne 1977, il est positif au Stimul, produit de la famille de la pémoline, une amphétamine. Le toxicologue belge Michel Debacker, du laboratoire de Gand, vient alors de mettre au point le test de dépistage de cette substance et cinq autres coureurs sont également positifs à la même époque, dontFreddy Maertens,Michel Pollentier etWalter Planckaert. Protestant de son innocence, Merckx accuse les contrôles et déclare ne pas connaître le Stimul. Michel Debacker lui répond :« Je ne peux pas croire que Merckx ignore l'existence du Stimul, pour la bonne raison que son frère, Michel Merckx, avait soutenu en 1973 sa thèse de pharmacie sur les méthodes de détection du Stimul. » Selon Freddy Maertens,« 90 % des coureurs prennent du Stimul ». Mis hors course, Merckx reçoit une suspension d'un mois avec sursis, comme en 1973[138].
En, les organisateurs des championnats du monde deStuttgart, « désireux de promouvoir un cyclisme propre », le déclarent « indésirable » sur leur épreuve[142].
En, après la décision de l'Union cycliste internationale de retirer ses sept succès au Tour de France àLance Armstrong pour dopage, Eddy Merckx déclare à la presse : « J'en suis malade, pour mon sport exclusivement. J’ai rencontré Lance à de nombreuses reprises, jamais il ne m’a parlé de dopage, de médecins ou d’autres choses. Il n’avait pas de comptes à me rendre non plus, c’était son problème mais je suis tombé dans le panneau[143] ». Merckx, qui affirme comme beaucoup de coureurs que« le dopage n'a jamais transformé un âne en cheval de course », lui conserve cependant son soutien indéfectible en reprochant aux ex-coéquipiers du Texan leurs dénonciations tardives :« Si la réalité est bien telle qu'ils la décrivent, alors ils auraient dû en parler avant et pas après »[144].
Certains médias continuent à faire croire que Merckx a dominé le cyclisme« à une époque où les seules méthodes de dopage disponibles étaient soit peu sophistiquées, soit inefficaces ». En réalité, dès les années 1970, la prise destéroïdes anabolisants était fréquente, de même que la pratique destransfusions sanguines chez les leaders qui avaient les moyens d'en bénéficier, mais il reste impossible de savoir si Merckx utilisait un produit auquel les autres n'avaient pas accès[145].
Merckx est mentionné dans la chansonParis-New York, New York-Paris sur l'albumBBH 75 deJacques Higelin :« Eddy Merckx a bouffé son vélo /Panne de lumière à Santiago… »
Dans le filmLes Aventures de Rabbi Jacob, Merckx est désigné parLouis de Funès comme l'auteur de la célèbre citation duChe :« La révolution est comme une bicyclette : quand elle n'avance pas, elle tombe. »
La même année, dans le filmLes Triplettes de Belleville, il apparaît (de façon caricaturée, et sans que son nom soit explicitement mentionné) à l'arrivée d'une étape duTour de France.
Il apparaît dans la bande dessinéeSan-Antonio fait un tour publiée au Fleuve Noir en 1973.
Merckx est cité dans la musique de rapMonde sale de Mysa : « ... tout est faux, demande à Eddy Merckx ».
Il apparaît dans l'épisode 26 de la deuxième saison desZinzins de l'espace, où son personnage fournit aunoyau de la Terre son énergie, en pédalant sur un vélo fixe.
En 2019, Eddy Merckx fait l'objet d'une fiction autobiographique écrite par Christophe Van Staen, intituléeEddy Merckx, prix Nobel ? (Lamiroy, 2019).
À Woluwé Saint-Pierre, commune en région de Bruxelles, un établissement scolaire secondaire « Centre scolaire Eddy-Merckx » existe depuis 1986.
Eddy Merckx, un champion hors norme resté un téléspectateur assidu et sans nostalgie des grands rendez-vous du calendrier cycliste, comme le dernierCritérium du Dauphiné[149]. Il a assuré à l’AFP :« Bien sûr que j’aurais aimé rouler dans le peloton actuel, notamment face àTadej Pogačar. Qui ne rêverait pas de rouler dans le peloton actuel ? »[150].
Avant de se montrer préoccupé par la sécurité des coureurs au regard de la répétition des chutes qui émaillent les courses, qui font régner la peur :« Cela roule vite. Ils prennent de gros risques dans les descentes. […] Je constate que les coureurs roulent de moins en moins en compétition pour privilégier les longs stages de préparation. Ils perdent leurs repères quand ils reviennent en course et se comportent moins bien en peloton. »
Et le Belge d’assurer qu’il n’est pas opposé à la limitation des braquets (solution à l’étude à l’Union cycliste internationale) :« Les plus forts resteront les plus forts. En F1, il existe des règles pour limiter les performances des voitures. Pourquoi ne pas faire de même en cyclisme ? »[151].
En1975, il termine dans les 10 premiers de toutes lesclassiques auxquelles il participe.
Sur les 11 saisons de 1966 à 1976, seule l'année 1974 se termine sans qu'il ne remporte aucune classique. Néanmoins, il réalise cette année-là le triplé Giro-Tour de France-Championnat du Monde. Il est le premier à réaliser cette performance, qui ne sera réitérée que deux fois, par Stephen Roche en 1987 et Tadej Pogačar en 2024.
1968 :Vainqueur du classement général, du classement par points, du classement de la montagne et des1re,2e,8e et12e étapes, maillot rose pendant 13 jours.
1973 :Vainqueur du classement général, du classement par points, du classement du combiné, du prologue (avecRoger Swerts) et des1re,4e,8e,10e et18e étapes, maillot rose pendant 20 jours.
Le tableau ci-dessous présente les classements d'Eddy Merckx sur les principales courses à étapes de son époque hormis lesGrands Tours repris ci-dessus.
Ensuite, entre 1965 et 1977, il a participé consécutivement aux treize courses en ligne deschampionnats du monde de cyclisme sur route chez les professionnels. Il en a remporté trois (Heerlen en 1967,Mendrisio en 1971 etMontréal en 1974), à réalisé huit top 10 et en a terminé douze.
Plus grand nombre de victoires en une saison : 54.
Plus grand nombre de victoires d'étapes en un Tour de France : 8 en 1970 et en 1974 (record partagé avecCharles Pélissier en 1930 etFreddy Maertens en 1976).
Plus grand nombre de jours avec le maillot jaune du Tour de France sur ses épaules : 96 (111 en comptant les demi-étapes).
Il est le seul coureur à avoir remporté le maillot jaune, lemaillot vert et le classement de la montagne lors du mêmeTour de France en 1969 (le maillot distinctif blanc à pois rouge du meilleur grimpeur ne fut créé qu'en1975).
Il est le seul coureur à avoir gagné quatre grands tours d'affilée : Giro 1972, Tour 1972, Vuelta 1973 et Giro 1973.
Dans le filmLe Vélo de Ghislain Lambert (2001, cité supra), Benoît Poelvoorde regarde lors d'une scène la véritable retransmission télévisée en noir et blanc dans son pays d'Eddy Merckx en train de battre lerecord de l'heure cycliste, en octobre 1972. Il décide de s'entraîner à cette fin.
↑Merckx n'a participé qu'à une seule édition desJeux olympiques, car à l'époque, il fallait être amateur pour participer.
↑« Il était fréquent quand l'un d'entre nous ne pouvait pas uriner qu'un autre le fasse à sa place. De Vlaeminck et moi on s'est dépanné souvent »[141]
↑Gianni Motta initialement vainqueur est déclassé pour dopage.
MERCKX 69, Exploits et drames sur une année exceptionnelle ; de Tonny Strouken et Jan Maes. Avril 2014
Coup de foudre dans l'Aubisque - Eddy Merckx dans la légende ; de Bertrand Lucq, Éditions Atlantica. Juillet 2015
EDDY : Ma saison des classiques en version 1973 ; de François Paoletti. Juillet 2015
Eddy Merckx la biographie ; de Johny Vansevenant. Octobre 2015
Eddy Merckx, c'est beaucoup plus qu'Eddy Merckx, biographie théâtrale écrite à l'occasion des 70 ans d'Eddy Merckx, texte de Christophe Penot, Éditions Cristel, 2015, 48 p., Édition d'art numérotée
Merckx, légende vivante, portfolio tiré à 190 exemplaires rassemblant une estampe originale de Jean-Michel Linfort et un texte deJean-Marie Leblanc numérotés et signés à la main par l’artiste et l'auteur, troisième titre de la collectionLes Magnifiques, Cristel Éditeur d'Art, 2015