Le nom Dubrovnik pour la ville est d'abord attesté dans lacharte de Kulin(en) en 1189[5]. Il proviendrait soit dedubron, un nomcelte pour l'eau (qui peut être comparé avec legauloisdubron, l'irlandaisdobar, lebretondour, legalloisdŵr, dwfr, lecorniquedofer), semblable auxtoponymesDouvres,Dover, etTauber[6] ; soit d'un motproto-slave,dǫbъ, signifiant « chêne ». Le termedubrovnik signifie « chêne », à comparer avec les autres langues slaves où les motsdub,dàb,doubrava etdąbrowa désignent le chêne.
Le nom historiqueRagusa, d'où provient la forme francophone Raguse, est attesté sous la forme grecqueῬαούσιν (Rhaousin, latiniséRagusium) auXe siècle. Il est ensuite rencontré sous diverses formes à l'époque médiévale :Rausia,Lavusa,Labusa,Raugia,Rachusa. Diverses tentatives ont été faites pour en déterminer l'étymologie. Les suggestions incluent la dérivation du grecῥάξ, ῥαγός (« raisin ») ; du grecῥώξ, ῥωγός (« passage étroit ») ; du grecῥωγάς (« déchiqueté »), en référence au relief rocheux ; ou encore du grecῥαγή, ῥαγάς (« fissure »). Mais il pourrait aussi s'agir d'un dérivé du nom de la tribuépirote des Rhogoï, provenant d'un substratillyrien non identifié. Un lien avec le nom de laRaguse sicilienne a également été proposé. Putanec, en 1993, passe en revue les suggestions étymologiques et favorise comme explication celle d'un nom pré-grec,pélasgien, d'une racine apparentée au grecῥαγή (« fissure »), avec le suffixe-ousa également trouvé dans le nom grec deBrač, Elaphousa[7].
LaPlaca (ouStradun) est une large avenue dallée tracée au milieu de la ville, sur l'ancien marécage qui séparait laRaguse latine du rocher deDubrava sur le continent. Lorsque la ville s'agrandit au cours duMoyen Âge, elle assèche ce marais et en fait une artère.
Le climat de la ville est marqué par des étés chauds et humides ainsi que par des hivers froids, mais tempérés par la proximité maritime. Ses caractéristiques sont semblables à celles de laplaine du Pô en Italie, au nord de la côteadriatique opposée.
Normales et records pour la période 1971-2000 à Dubrovnik
Raguse est fondée durant la première moitié duVIIe siècle. Dès sa fondation, la ville est placée sous la protection deByzance. À partir de980, la ville a le statut d'évêché. À l'instar deVenise dont elle devient concurrente, Raguse sait tirer parti de sa position côtière pour développer un commerce maritime lucratif.
Elle est gouvernée par un recteur,élu chaque mois[réf. nécessaire]. Celui-ci est logé au palais du recteur, où il ne reçoit plus ni amis, ni famille, se consacrant entièrement à sa tâche. Larépublique de Raguse comprend uniquement les ports de Raguse et de Ragusavecchia (Cavtat) jusqu'en1120, date à laquelle elle s'étend à son arrière-pays.
En1184, l'armée des trois frères (Miroslav etStracimir rejoignantNemanja dans cette campagne) est devant les murs de la riche cité de Raguse. La ville est chrétienne etpeuplée de Serbes, Croates ainsi que d'Illyriens et de Romains[réf. nécessaire], venant de l'ancienne province de la Dalmatie comme toute la région ; mais très fière de son indépendance Raguse résiste une première fois à l'armée de Nemanja.
En1185, Nemanja revient devant les murs de la cité et subit un nouvel échec militaire.
En1186, Nemanja décide alors de libérer les autres villes de la région qui étaient sous la domination byzantine deMichel III Vojislav, roi de Dioclée. L'armée serbe prend les villes deDanj,Sard(hu),Skadar,Svač(hr) etUlcinj avec une surprenante rapidité, puis un peu plus tardBar[10].
Entre1233 et1242, Raguse étend à nouveau ses possessions dans l'arrière-pays.
L'importance de son trafic commercial la conduit à établir la première quarantaine et créer unlazaret en1377, pour se protéger de lapeste noire.
En1358 (traité de paix de Zadar), larépublique de Raguse reconnaît la suzeraineté du roi deHongrie, à qui elle verse un tribut jusqu'en 1526, après labataille de Mohács. L'autorité hongroise ne porte cependant que sur les impôts et la flotte et on fait donc traditionnellement débuter l'indépendance de la république de Raguse à1358.
La République reçoit l'île de Meleda (Mljet) puis les alentours deSlano en1399.
En1409 et en1417,Venise lui conteste le monopole du commerce dans la ville deDrijeva, qui est alors possession du royaume de Bosnie. Elle échoue par deux fois, et Raguse reste maîtresse du commerce du sel (salines deSton) qui passait par cette ville.
L'avancée turque dans lesBalkans et notamment la conquête de laSerbie nuit gravement au commerce de la République. Elle signe en1442 un traité avec lesOttomans ; ce traité autorise les marchands de Raguse à commercer dans lesBalkans, moyennant le paiement d'une taxe.
Farouchement catholique, la République réserve les postes de la magistrature aux membres de cette religion et oblige parfois les orthodoxes à se convertir. En1492, elle accueille toutefois un groupe de Juifs expulsés d'Espagne.
Vieux port de Dubrovnik et le fort Saint-Jean.Vue de Dubrovnik.
À la fin duXVe siècle, des conflits opposentVenise aux Hongrois, puisVenise auxOttomans pour le contrôle du marché deDrijeva, nuisant ainsi gravement au commerce des marchands de Raguse, qui en avaient le monopole. Il faut attendre1503 pour qu'un traité de paix soit signé.
Après1526, elle paie un tribut aux Ottomans, et ce jusqu'en1718. Le tribut s'élevait alors à 12 500 ducats par année. La république ne se relève jamais complètement de la crise du commerce maritime en Méditerranée et dutremblement de terre de 1667 (plus de 5 000 morts).
En1699, elle cède deux portions de terre à l'Empire ottoman. De cette manière,Venise ne peut plus l'attaquer que par la voie maritime, et non plus par voie terrestre. Ceci est à l'origine de l'unique accès à la mer de laBosnie dans la région deNeum.
En1806, Raguse est assiégée durant un long mois par les flottes russes et monténégrines qui envoient plus de 3 000 boulets sur la cité. La République est alors contrainte de capituler face auxforces armées de l'Empire français qui met un terme au siège et sauve Raguse. Menée parNapoléon, l'armée française entre dans Raguse en1806.
A compter du 25 juin 1991, elle fait partie de la nouvelleRépublique de Croatie indépendante de la Yougoslavie.
Plan des destructions de la vieille ville durant le siège de 1991-1992.
Le, l'Armée populaire yougoslave attaque et encercle Dubrovnik pendant laguerre d'indépendance croate. Lesiège de Dubrovnik dure jusqu'à mai1992. La plus grosse attaque d'artillerie a lieu le, tuant 19 personnes et en blessant 60. Le nombre total de victimes dans cette région est de 114 civils tués, selon laCroix-Rouge, dont le poète Milan Milišić.
De1992 à août1995, la ville est régulièrement la cible de tirs d'artillerie de l'armée serbo-monténégrine postée sur les hauteurs deZarkovica, au nord-est et ainsi 68 % des bâtiments de la vieille ville auraient été touchés directement ou indirectement par les tirs d'obus.
La reconstruction s'est déroulée, autant que possible, dans le respect des techniques traditionnelles, tout en appliquant des normesanti-sismiques nouvelles, dans cette région géologiquement instable. La restauration des toitures fut particulièrement problématique, les matériaux traditionnels n'étant plus disponibles en quantité suffisante. Les anciennes tuiles furent ainsi progressivement remplacées par de nouvelles, bâtiment par bâtiment. Ces nouvelles tuiles proviennent d'une fabrique située à côté deToulouse, en France[12].
La construction dupont de Pelješac, inauguré en juillet 2022 permet de rompre l'isolement de Dubrovnik qui, jusqu'alors, était coupée du reste de la Croatie par la bande côtière deNeum, qui appartient à laBosnie-Herzégovine.
Depuis le milieu desannées 2010, une partie de la population manifestait sa désapprobation face au tourisme de masse[16]. En 2023, le maire de Dubrovnik a également fermé la terrasse d'un bar du Stradun pour les nuisances que cela créait au voisinage.
L'ancienneRaguse, qui fut auXVe siècle une République rivale deVenise, renommée Dubrovnik en 1918 à la chute de l'empire austro-hongrois, est aujourd'hui une ville-musée, inscrite aupatrimoine mondial de l'Unesco dès 1979. Entre 1991 et 1993, les deux tiers de ses bâtiments ont été détruits ou endommagés, mais ils ont été restaurés avec soin entre autres grâce à des fonds étrangers. Les visiteurs ne s'y trompent pas. Les mois d'été, sur le Stradun, l'artère principale de la ville, la foule est importante.
La ville est aussi connue pour être un des décors principaux de la sérieGame of Thrones. Depuis la deuxième saison, les scènes se déroulant à Port-Réal y sont tournées.