| Drapeau de la Wallonie | |
Drapeau officiel de la Wallonie tel que défini par le décret du 23 juillet 1998 déterminant le jour de fête et les emblèmes propres à la Région wallonne. | |
| Utilisation | |
|---|---|
| Caractéristiques | |
| Proportions | 2:3 |
| Adoption | 23 juillet1998 |
| Éléments | Jaune aucoq hardi rouge |
| modifier | |
Ledrapeau de la Wallonie est le drapeau officiel de laRégion wallonne (et de laCommunauté française de Belgique) et l'un dessymboles de la Wallonie. Il est composé d'uncoq hardi (dont la patte droite est levée et le bec fermé)rouge sur fondjaune, conformément à l’article 4 et à l’annexe du décret wallon du 23 juillet 1998 déterminant le jour de fête et les emblèmes propres à la Région wallonne[1]. Lecoq hardi symbolise l'adhésion desWallons à laculture française[2] et leurs originesgallo-romaines[3]. Les couleurs jaune et rouge (deLiège) rappellent le rôle important qu’ont joué les Liégeois dans la construction de la conscience wallonne[4]. Sa configuration est inspirée du tableauLe coq hardi peint parPierre Paulus en 1913 qui est conservé auMusée de la Vie wallonne[3]. Il est également utilisé par les militants des organisations liées auMouvement wallon.
L'idée de créer un drapeau de la Wallonie émerge au début du XXe siècle, lorsque leMouvement wallon, qui milite pour le maintien dufrançais comme langue officielle exclusive en Belgique, commence à contester la légitimité dudrapeau belge[5], estimant que le gouvernement belge est trop tolérant à l’égard duMouvement flamand[6].
En effet, en 1905, Charles Comhaire, membre de laLigue wallonne de Liège et fondateur de la société historiqueLe Vieux-Liège, publie une étude intituléeLe drapeau belge est mal construit qui évoque la possibilité d'élaborer un drapeau commun aux provinces francophones de Belgique[2]. Lors d'un congrès organisé à Liège le 2 octobre de la même année,Paul Gahide déclare étudier la« question de savoir s’il n’y aurait pas lieu de déterminer la forme et les couleurs d’un drapeau wallon qui flotterait à côté du drapeau national dans toutes nos fêtes et dans toutes nos manifestations »[7]. Cette idée ne soulève cependant pas beaucoup d'enthousiasme parmi les congressistes qui craignent d’être assimilés à desséparatistes[8].
En 1907, la question refait surface dans l’hebdomadaire liégeois francophileLe Réveil wallon où un témoin y propose que les Wallons adoptent ledrapeau de la France bleu-blanc-rouge, qui serait marqué en son centre par un coq[9]. Cette proposition recueille un certain écho et est relayée par plusieurs revues : laRevue française dirigée par Raymond Colleye arbore un coq sur sa première page ; en 1909, une nouvelle revue liégeoise se baptiseLi Coq wallon ; en 1910, la revue universitaireL'Étudiant libéral affiche un coq aux ailes déployées comme symbole[8].

En 1911, l'inauguration d'un monument commémorant labataille de Jemappes met à nouveau le coq à l'honneur en Wallonie puisque l’édifice est surmonté d’uncoq gaulois chantant, en hommage aux soldats français qui ont combattu pour défendre les idéaux de laRévolution face aux troupes coalisées duSaint-Empire germanique soutenant l'Ancien Régime[10]. Dans son discours prononcé lors de l'inauguration du monument,Jules Destrée déclare :« Chante coq gaulois, coq wallon ! Jette au loin ton cri d’éveil et d’espérance ! Dis ta fanfare allègre au travers des campagnes ! Donne aux trop endormis un sursaut de révolte ! Par l’amitié française et leur propre énergie, les Wallons d’aujourd’hui voudront vivre leur vie ! »[11].
Ce choix témoigne de la francophilie des militants duMouvement wallon et de leur attachement à laRépublique française[8], dont lecoq gaulois estl’un des symboles[12], aux originesgallo-romaines des Wallons[3], à laculture française et aux idéaux de laRévolution etdes Lumières[13].
Le 7 juillet 1912, des figures marquantes duMouvement wallon se réunissent pour créer l'Assemblée wallonne[14]. Ils envisagent d'établir une séparation administrative par laquelle serait constituée un entité juridique autonome, la Wallonie, à l'intérieur de l'État belge, et qui serait dotée d'un pouvoir décisionnel propre auxprovinces francophones du pays[15]. Les travaux débutent dans cette optique àCharleroi en octobre 1912[16], notamment afin d'étudier les questions du drapeau, de la fête et de l'hymne de la Wallonie. Les études sur ce sujet ont lieu en Commission de l'Intérieur qui est présidée par l'homme politiquesocialiste et avocatcarolorégien Paul Pastur[17]. Un rapport est rédigé par l'écrivainRichard Dupierreux, le 16 octobre 1913[18].
Avant d’adopter un drapeau, il fallait choisir un symbole officiel. Trois propositions ont été évoquées successivement. La première était de constituer un drapeau reprenant les blasons des quatre provinces wallonnes de l'époque, auquel serait ajoutés ceux des villes deNivelles et deTournai[8]. Cependant,Jules Destrée insista pour que le drapeau officiel fut simple et facilement reconnaissable afin de devenir populaire[6]. La première idée fut donc écartée.
La deuxième possibilité était de reprendre un emblème historique déjà existant. Deux symboles furent envisagés mais n'ont pas été retenus. Il s'agissait duPerron de Liège, symbole de l'ancienneprincipauté de Liège, et dulion, animal figurant déjà sur le drapeau duMouvement flamand et lesarmoiries du royaume de Belgique[8]. Ces deux options ont été écartées car elles ne permettaient pas à l'ensemble des Wallons de s'y identifier puisque le Perron parlait surtout auxLiégeois et le lion rappelait excessivement laFlandre et lamonarchie belge[6].
La troisième possibilité, retenue cette fois, était la création d'un nouveau symbole choisi par les membres de l’assemblée. Plusieurs animaux furent évoqués[19], dont lesanglier (symboleardennais), l'écureuil (symbole traduisant la sympathie supposée des Wallons), letaureau (symbole liégeois surnomméLi Tore), l'alouette (symbole chrétien) et l'étalon (suggéré par un agriculteur d'Ath). L'étoile a également été mentionnée, mais elle rappelait trop l'État indépendant du Congo[8].
Face à l'indécision des débatteurs, lecoq fut à nouveau évoqué. Outre son symbolisme français apprécié par les militants wallons[3], ses vertus en font un être valorisé dans la culturechrétienne eteuropéenne puisque lesGrecs et lesRomains l'associaient àApollon (Phœbus) et àAthéna (Minerve), lesCeltesGaulois au dieuLug et, dans lechristianisme, il est considéré comme un animal positif révélateur, témoin dureniement de saint Pierre dans leNouveau Testament qui, en outre, permettrait de chasser les démons et disposerait d'un pouvoir de guérison[6]. Le coq figure aussi souvent au sommet des clochers des églises situées dans l'ancienneGaule, et donc en Wallonie, depuis le papeLéon IV, au neuvième siècle[20].
Par ailleurs, l'association entre les mots « gaulois » et « coq » (« gallus » enlatin traduit à la fois ces deux termes)[21] séduit les congressistes, soucieux de raccrocher l'identité wallonne à lacivilisation française[3] et de mettre en exergue leurs originesgallo-romaines. Le coq gaulois est depuis plusieurs siècles, en particulier depuis laRévolution et lamonarchie de Juillet puis laRépublique, unsymbole de la France, figurant sur legrand sceau de France[22], sur la plupart des monuments aux morts français de laPremière Guerre mondiale, sur les anciennes pièces de monnaie françaises et sur les maillots des équipes sportives nationales[12].
Richard Dupierreux fait remarquer dans son rapport de 1913 que« le coq français est chantant, la tête droite et le bec ouvert ; adoptons le coq hardi dont la dextre est levée ; le dessin héraldique en est aussi nerveux et la nuance pourra satisfaire tout le monde »[6].
Lecoq hardi, dont la patte droite est levée et le bec est fermé, permet donc à la fois de rappeler l'adhésion de la Wallonie à la culture française et de souligner sa particularité[6].

Le choix des couleurs du drapeau wallon fit lui aussi l'objet de débats. La majorité des membres de la Commission de l'Intérieur proposèrent d'arborer les couleurs jaune et rouge (celles dupays de Liège[23]) utilisées par lesrévolutionnaires liégeois en 1830[8]. Le président de la Commission déclina cette idée et proposa d’y ajouter la couleur blanche. DansLa Lutte wallonne a également été évoquée la possibilité de créer un drapeau bleu et rouge, marqué en son centre par le Perron liégeois surmonté d'un coq remplaçant la croix initiale[8]. Cependant, aucune proposition ne parvint à réunir une majorité de soutiens.Jules Destrée décida dès lors de reporter le vote au 20 avril 1913.
Lors de cette nouvelle réunion, deux options furent identifiées: soit un coq rouge sur fond or en écho aux couleurs de Liège[23], soit un drapeau blanc, jaune et rouge, reléguant le coq à un symbole figurant sur un blason distinct[8]. Certains évoquèrent la possibilité d'adopter un drapeau blanc frappé d'un coq rouge, mais cette hypothèse fut rejetée car elle évoquait excessivement ledrapeau du Japon[2]. Lors des votes, le drapeau or marqué d'un coq hardi rouge l'emporta[2].
En conséquence, Jules Destrée fit publier dansLa Défense wallonne un décret indiquant notamment que la« Wallonie adopte pour drapeau le coq rouge sur fond jaune, cravaté aux couleurs nationales belges » et que les« armes seront le coq hardi de gueules sur or, avec le cri : Liberté et la devise : Wallon toujours »[24].
Paul Pastur fut ensuite chargé de créer une illustration officielle de ce nouveau coq rouge sur fond jaune et demanda au peintrePierre Paulus d’en dessiner un selon la décision de l'Assemblée wallonne[4]. Le 3 juillet 1913, une commission d'artistes se réunit à l'initiative de l'Assemblée et adopta officiellement pour symbole le coq hardi rouge sur fond jaune, selon le tableauLe Coq hardi peint par Pierre Paulus pour l'Assemblée[25].
Bien que cette œuvre fut dépourvue de valeur juridique pour symboliser la Wallonie, les militants des organisations liées auMouvement wallon firent usage, à partir de 1913, de drapeaux jaunes contenant différentes versions simplifiées du coq hardi rouge de Pierre Paulus, mais sans jamais aboutir à un seul et même dessin commun du coq[26],[27],[28],[29]. Il fallut attendre l’adoption du décret régional du 23 juillet 1998 déterminant le jour de fête et les emblèmes propres à la Région wallonne[1] pour fixer officiellement le modèle de drapeau à utiliser, en ce compris le dessin, la configuration et les proportions du coq hardi qui sont précisées dans les annexes du décret.
Le drapeau de la Wallonie est défini par le décret wallon du 23 juillet 1998 déterminant le jour de fête et les emblèmes propres à la Région wallonne, adopté par le Parlement wallon à l’unanimité de ses membres, dont l’article 4 prévoit que le drapeau de la Wallonie est jaune au coq hardi rouge, conformément au modèle figurant en annexe 3 du même décret[1].

Le même décret dispose que le drapeau« a les proportions deux : trois. Le coq hardi est inscrit dans un cercle non apparent dont le centre coïncide avec celui du tablier, dont le diamètre est égal au guindant et dont la circonférence passe par les extrémités des pennes supérieures et inférieures de la queue et par l'extrémité de la patte levée. L'horizontalité du coq est déterminée par une droite non apparente joignant le sommet de sa crête à l'extrémité de la penne supérieure de la queue »[1]. L’article 2 du décret prévoit que le coq hardi rouge du drapeau officiel peut être isolément utilisé pour représenter la Wallonie.
Il est également précisé que le drapeau wallon est arboré aux bâtiments officiels situés sur le territoire de la Wallonie le troisième dimanche de septembre. Le Gouvernement wallon peut ordonner le pavoisement, à d'autres dates, des édifices publics et bâtiments officiels situés en Wallonie.
Les variantes des couleurs jaune et rouge du drapeau sont précisées par une charte graphique adoptée par le Gouvernement wallon pour renforcer l'identité visuelle de la Wallonie et de l'administration et des services associés à la Région wallonne[28],[30]. Il convient toutefois de souligner que cette charte graphique ne détermine pas la configuration du drapeau qui est fixée par le décret du 23 juillet 1998[31].
| Couleur | ● Jaune | ● Rouge |
|---|---|---|
| HTML | #FFD100 | #E4002B |
| RVB | 255, 209, 0 | 228, 0, 43 |
Par ailleurs, le décret de laCommunauté française du 3 juillet 1991 déterminant le jour de fête et les emblèmes propres à la Communauté française de Belgique dispose que le« drapeau de la Communauté française est jaune au coq hardi rouge »[32]. Le drapeau de la Communauté, fixé en annexe du même décret, est identique au drapeau wallon tel que défini par le décret régional du 23 juillet 1998 précité.
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